jezabel ‹ we could be immortals

Mes parents m'ont appelé Jezabel... Ouais, ma mère, la droguée trouvait cela original. Mon père, lui, n'était pas là lorsqu'elle a choisi mon prénom, mais tout ce qu'il a trouvé à faire lorsqu'il a enfin vu ma mère, c'est de lui faire un high five. Ouais, je ne suis pas née dans une famille très bien... nanti. En fait, mon père n'avait que seize ans et ma mère, quinze. Vraiment trop jeune pour faire un môme. Pas assez mature et décidément pas assez intelligent. Ouais, mettre un condom, ça ne les intéressait pas? Mais qui suis-je pour m'en plaindre? Le monde a eu l'honneur de me voir pointer le bout de mon nez! Je suis awesome, que voulez-vous? Mais nous sommes deux à l'être. Eh oui, je ne fus pas la seule ce jour-là à crier jusqu'à faire exploser les oreilles des infirmières. Paxim, mon jumeau pointa son joli minois deux minutes après moi. Si c'est pas la classe, ça! Nous deux, on est comme les deux doigts de la main. Ma mère m'a toujours dit que dans son ventre, on se tenait par le petit doigt. C'est mignon, non? Je sais pas si c'est vrai. Je le saurai jamais. Les jumeaux Mills-Hamilton, pour le meilleur et pour le pire! Les gens ont toujours dit de nous que nous avions une relation bizarre, à la limite de l'inceste! Mais y'as jamais rien eu entre nous. Ils disent ça parce qu'on se tient toujours par la main, que nous sommes très tactiles. Mais alors là, je vous jure! Rien de plus! Ce serait vraiment dégueux, non?


On a grandi comme ça, solidaire l'un envers l'autre. Nos parents n'étaient pas vraiment là pour nous. Nous avons appris à nous débrouiller seuls très jeunes. Les grill cheeses, c'était ma première spécialité. Paxim en raffolait. Je veillais toujours sur mon petit frère. C'est qu'il a toujours été maigrichon mon jumeau! C'était moi qui le défendait toujours. Les raclées, c'était moi qui les donnait à la petite école. J'étais surnommée le "démon" par mes professeurs. Et les autres enfants savaient très bien qu'il ne fallait pas me chercher des poux. Heureusement que j'étais forte, parce que la tragédie a frappé notre famille. Non, personne n'est mort, loin de là. Mais nos parents ont été arrêté pour vol à main armée. Ça a mal tourné, alors ils ont écopé de plusieurs années de prison. J'avais quinze ans. On a été jeté en pâture au système. Les familles d'accueil se sont succédé un moment. On a atterri finalement chez les Spiegelman pendant un temps. Il y avait ce Asher, pas bien plus âgé que nous deux. Il est devenu rapidement ami avec mon frère, puis meilleur ami.  De mon côté, je le trouvais pas mal mignon. Mais nous étions le trio et le trio s'était fait la promesse qu'il n'y aurait rien de plus que de l'amitié pure et dure entre nous. Mais bon, nous étions des ado en pleine puberté. Ce ne fut pas long avant qu'un d'entre nous brise sa promesse. Ce fut Paxim. Ouais, je les ai surpris tous les deux ensembles. Asher était pas mal foutu, ça, je peux vous le garantir. Mais moi aussi j'en voulais un peu!  Mais j'attendis mon tour, comme une grande.


Pendant un temps, notre petit trio a fonctionné comme ça, mais la jalousie prenait souvent le dessus. Lorsqu'on a de nouveau changé de famille d'accueil, c'était pour aller dans le vrai monde. Dix-huit ans qu'on avait. Il nous fallait vivre notre vie. On s'est alors éloigné d'Asher, mais c'était mieux comme cela. Notre relation était trop toxique. J'allais perdre mon jumeau et jamais je ne me le serais pardonnée. Mais alors? Qu'allions nous bien pouvoir faire? J'avais un plan comme toujours. On se dégotta des petits boulots lui et moi. Pax et moi, on déménagea à Oxford quelques temps. Ce fut à ce moment que je rencontrai Jules. Je peux pas dire que c'était le coup de foudre, mais il me plaisait pas mal. Nous avions quelques passions en commun, comme les tattoo et le chant. Son frère, Curtis avait notre âge à Paxim et moi. Ils devinrent d'ailleurs amis ces deux-là. Au final, on a fini par être en colocation. Mais plus le temps avançait, plus j'ai remarqué les problèmes de drogue de Jules. Certes, j'en prenais de temps en temps moi aussi, mais lui était définitivement accro. J'ai essayé de l'aider, mais au final, ça m'énervait trop. Je ne voulais pas le voir se détruire. Je tenais tout de même à lui même si notre relation servait en premier lieu, il fallait bien se l'avouer, à me faire oublier Asher... Après quelques temps, ça en était trop. Pax et moi, on a fait nos valises direction Londres. Il nous fallait changer d'air!


Arrivés dans la grande ville, on m'approcha presque immédiatement pour faire du mannequinat. J'étais maigre, donc parfaite pour le travail. Avec une bonne couche de maquillage et un bon coiffeur, j'arrivais à m'en sortir pas mal. Mon frère, lui, se trouva un job de mécano. Avec nos deux salaires, on a pu même s'offrir un assez gros appartement. À présent, nous avons tous les deux 22 ans, toutes nos dents et nous vivons une belle vie quand même, malgré tout ce que nous avons vécu par le passé. Mais je n'échangerais cette vie-là pour rien au monde. Nous sommes bien Paxim et moi, c'est tout ce qui compte.