(✰) message posté Sam 18 Juil 2015 - 11:52 par Invité
Just forget for a time the sadness in my heart and my soul
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Andrew poussa un profond soupir et leva les yeux vers le ciel. Bleu. Avec un soleil étincelant qui l’obligeait à plisser les paupières pour ne pas être totalement aveuglé. Un magnifique temps, en somme. Un temps d’été, chaud et agréable… Un temps qui ne faisait que le déprimer un peu plus, à cet instant. Il aurait préféré qu’il pleuve, ça aurait au moins correspondu parfaitement avec son état émotionnel. Il retint un nouveau soupir – quelque chose comme le centième depuis le début de la journée – et il rabaissa les yeux, se levant dans le même temps de la table de café à laquelle il était installé jusque-là. Il laissa derrière lui l’argent de sa consommation et se laissa engloutir par la foule qui se pressait dans les rues. Forcément il fait beau, tout le monde sort pour en profiter avant que ça ne disparaisse. Songea-t-il en toute mauvaise foi. Il était là depuis suffisamment de mois maintenant pour savoir que les rumeurs insinuant qu’il ne faisait jamais beau en Angleterre étaient loin d’être fondées. Ses pas le menèrent sans réel but à travers la foule et il se contenta de se laisser porter, incapable de se distraire de ses pensées moroses, de son cœur qui n’avait pas cessé un seul instant d’être douloureux depuis son départ, de sa peine. Il lui manquait, et passer du temps à l’appartement alors qu’il n’était plus là – plus là du tout – ne le tentait absolument pas. Il avait bien conscience qu’il fuyait sa fiancée, mais envers elle il ne ressentait plus rien si ce n’est une vrai amitié, et il n’avait simplement pas le courage de lui faire face. Pas le courage de lire les signes de plus en plus évident dans son comportement. Pas le courage d’affronter une nouvelle désillusion alors qu’il n’arrivait pas à se remettre de la première. Il lui manquait. Et il commençait lentement à l’accepter, il commençait lentement à accepter ce que cela signifiait, ce qu’il aurait déjà dû comprendre simplement à cause de la peur panique qu’il avait ressenti pour lui après l’attaque de la banque. Et comprendre cela ne faisait pas moins mal, bien au contraire. Alors qu’il marchait toujours au hasard, son regard se posa sur la devanture d’un cinéma, discret, avec visiblement peu de salles. Il accrocha directement une affiche placardée et plissa légèrement les yeux, hésitant. De vieux films étaient à l’honneur, le genre de films que le jeune cinéphile aimait tout particulièrement voir et revoir sans vraiment se lasser. Typiquement le genre de chose qui pourrait le distraire efficacement de ses pensées plus que déprimantes. Il hésita une dernière fois puis fini par hausser les épaules, quittant enfin le flot de la rue pour entrer à l’intérieur du bâtiment, au frais. La caissière sembla se réveiller brusquement, se redressant de sa position avachie, et lui adressa un sourire hésitant, pas vraiment sûr qu’il entrait réellement pour prendre un ticket. Il s’empressa de la détromper avec un sourire légèrement amusé, empochant le billet avant de se diriger vers la salle indiquée après un petit détour par les sucreries, histoire de satisfaire sa trop grande gourmandise. Comme il s’y attendait, la salle était vide – ce genre de vieux films n’attiraient pas grand monde, ce qui était plutôt triste à ses yeux – et il s’installa vers l’avant de la salle, profitant d’avoir le choix pour prendre l’une des meilleures places. Au moins, pour l’heure à venir, son esprit allait être trop occupé pour se concentrer sur ce qui le déprimait, c’était toujours ça de pris…