The moment of truth has come [PV Athé]

L’ambulance venait de s’arrêter devant chez moi et je n’avais qu’une seule hâte, c’était de retrouver mon canapé, ma télé et mon frigo rempli de bières. Ah oui j’oubliais presque que je n’avais pas le droit de boire d’alcool pendant un moment avec cette fichue opération. Encore les joies de mon karma qui me jouait des tours. Je me demandais ce que j’avais bien pu faire pour mériter une poisse pareille. La seule chose qui me réjouissait était que maintenant j’avais enfin une vraie relation avec mon frère. La seule personne qui sans doute était prête à tout pour moi sans rien en retour. Bien sur nous n’étions pas encore inséparables, mais c’était un bon début. Chaque fois que je repensais au fait qu’il avait été là pour moi, qu’il m’avait donné un organe, j’avais presque les larmes qui me montaient aux yeux tant je trouvais ce geste généreux et désintéressé. Chose dont je n’étais pas capable moi-même. Chaque fois que je faisais quelque chose, un intérêt pour moi ne se trouvait jamais loin, et j’en avais marre d’être cette personne. Aujourd’hui je savais qu’en rentrant à la maison je ne serais pas seul, Athénaïs vivait avec moi depuis déjà un moment et malgré mon absence je lui avais dit qu’elle pouvait continuer de crécher chez moi. Bien sûr qu’elle pouvait. C’était sans doute encore une fois mon égoïsme qui ressortait car je voulais être sûr de la retrouver en revenant. Pourquoi ? Parce que je la trouvais simplement géniale et que je voulais enfin lui dire qu’elle me plaisait vraiment. Bien plus qu’une amie, elle était maintenant devenue pour moi indispensable. Toutes ces fois où je me réveillais pour qu’elle me sorte une vacherie ou qu’elle me surprenne avec un petit déjeuner digne d’un roi, je me disais que j’avais de la chance d’avoir cette fille à la maison. Mais cela n’avait rien à voir avec la chance en réalité, il s’agissait certainement d’autre chose, une chose que je n’avais pas encore pu élucider.

Lorsque je sortis enfin de la voiture, je fis signe à l’ambulancier que tout allait bien, que je pouvais marcher et qu’il n y avait pas besoin de m’amener jusqu’à mon lit. Je me sentais soudain beaucoup mieux, plus besoin de me faire laver, ou qu’on m’apporte à manger. Evidemment je devais suivre un régime strict pendant quelques temps mais bon ce n’était rien à côté de la douleur que j’avais pu ressentir auparavant. Cherchant mes clés dans la poche de ma veste, je fis une légère grimace, passant ma main sur mon flanc je sentis immédiatement la fameuse cicatrice qui serait sans doute là pour longtemps. Je suis là dis-je à tout hasard tandis que je retirais avec peine ma veste en cuir pour l’accrocher au porte-manteau. Je ne savais même pas si la jeune femme avait décidé de déménager ou si elle était restée ici pendant ma convalescence à l’hôpital. A vrai dire je n’avais pas vraiment pris de nouvelles de qui que ce soit pendant mon séjour. Je voulais seulement profiter de ces instants avec mon frère, ayant enfin réalisé que je ne pouvais pas nier son existence tant il avait un vrai impact sur ma vie, encore plus maintenant. Seulement ce n’était pas suffisant, j’avais envie de plus et je savais qui pouvait me l’apporter. Un sourire sur les lèvres je me dirigeais vers la cuisine qui était calme et parfaitement propre. Je pris une bouteille d’eau dans le frigo avant d’en boire une gorgée. Une fois les esprits plus clairs, j’entendis enfin du bruit venant de la salle de bain. Si tu veux jouer à cache-cache avec moi, tu as tort, je suis vraiment très doué à ce jeu. Dis-je en riant. Peut-être m’avait-elle préparé une surprise qui sait ?

D’un trait de la main, elle replaça une mèche rebelle derrière son oreille. Ses yeux bleus scrutaient sa silhouette dans le miroir à la recherche d’un quelconque défaut, elle se voulait éblouissante dans sa robe rose pâle de mousseline soyeuse. Austin rentrait après son opération, et même si son absence avait été de courte durée, elle était soulagée de le revoir. Ils vivaient ensemble depuis plusieurs semaines et étaient devenus proches, même complices. Ses taquineries lui manquaient, ses sourires lui manquaient, son imbécillité lui manquait mais il valait sans doute mieux ne pas l’évoquer en sa présence, elle voyait déjà son sourire triomphant la narguer. Une autre chose qu’elle tairait, les innombrables coups de fils qu’elle avait passés à l’hôpital pour s’assurer qu’il allait bien. Elle ne lui avait pas rendu visite pour d’obscures raisons, le manque qu’elle avait ressenti à son départ avait fait resurgir des questions qu’elle avait tout simplement refusé de répondre. Il était de plus en plus difficile de le considérer comme un ami, leur cohabitation la rendait confuse. Elle ne saurait plus compter les fois où il l’avait effleurée sans qu’elle frissonne, où son regard avait du mal à se détacher de son corps lorsqu’il était torse nu et où les battements de son coeur s’accéléraient anormalement lorsqu’il venait à être trop près d’elle. Ces situations embarrassantes créaient des malaises qu’elle parvenait plus ou moins à dissimuler mais puisqu’elle n’expliquait pas ses comportements, elle était déterminée à lui en parler. Elle n’avait pas pour habitude de lui cacher des choses, elle avait décidé depuis le début que ce serait ainsi. Il était vrai que dans ses anciennes relations, elle parlait peu de ses sentiments, de ses désirs mais depuis le soir où Austin était venu à son secours, c’était comme s’il n’y avait plus eu de barrière. Comment en aurait-il autrement ? Sa peine d’avoir perdu Julian avait été si grande que même sans dire un mot, il avait pu le ressentir.

Un claquement de porte retentit. C’était lui. Doucement, elle se cacha derrière la porte de la chambre. Le bruit de ses pas se rapprochait et plus il s’avançait et plus son coeur cognait dans sa poitrine, elle n’était plus sûre de la façon dont elle devait se comporter face à lui. Lorsqu’il s’avança dans la pièce et qu’elle pu le voir, son souffle se coupa pendant un instant. Elle aurait voulu disparaître sous terre, ses émotions la submergeaient et la mettaient dans tous ses états. Mais il s’apprêta à se tourner vers elle, alors sans réfléchir, elle s’approcha et l’entoura de ses bras en déposant délicatement son visage sur son dos. Elle intima son coeur au calme, sans grand succès. Est-ce qu’il la trouverait bizarre si d’aventure elle s’enfuyait maintenant ? Probablement. ”S’il te plaît, ne te retourne pas. Tu vas sûrement me prendre pour une folle, mais je ne sais pas comment t’expliquer ça, et je n’étais pas censée te dire ça maintenant mais...” Elle marqua une pause, mi-désemparée, mi-amusée par son comportement digne d’une adolescente. ”Non, en fait, oublie. Bienvenue à la maison.” s’exclama-t-elle en le laissant se retourner. Le choc fut d’autant plus brutal lorsqu’elle aperçut son sourire. ”Tant pis.” murmura-t-elle avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Elle ne pouvait plus se retenir davantage.

« S’il te plaît, ne te retourne pas. Tu vas sûrement me prendre pour une folle, mais je ne sais pas comment t’expliquer ça, et je n’étais pas censée te dire ça maintenant mais... Non, en fait, oublie. Bienvenue à la maison. » Athénaïs avait son visage collé contre mon dos. Elle avait débarqué de nulle part pour me prendre dans ses bras mais je n’avais pas encore vu l’expression de son visage. Elle avait un ton qui laissait penser qu’elle était soulagée de me revoir, mais depuis la débâcle de notre soirée avec son cher copain Daniel, je pensais que je m’étais fait des idées tout ce temps. C’est vrai elle avait déjà un passé des plus rempli avec lui, elle n’allait sans doute pas s’embarrasser d’une nouvelle histoire alors que l’autre la voulait clairement. Il me faisait d’ailleurs tellement penser à moi-même que j’avais du mal à désapprouver cette potentielle union. Mais maintenant que j’avais faillis mourir sur une table d’opération, ma vision avait changé. Je voulais me battre pour elle, et enfin lui avouer ce que je ressentais vraiment depuis tout ce temps. Sans doute depuis le jour où je l’avais trouvé en pleurs et en sang après ce fameux bal. Je me retournais enfin pour pouvoir la regarder dans les yeux, elle semblait vraiment sincère, je pouvais voir cette lueur, une lueur que je n’avais encore jamais vu chez elle. Calme-toi, je vais bien, je suis désolé de ne pas avoir appelé plus souvent j’avais besoin de me retrouver seul avec mon frère, ça m’a permis de le connaître un peu mieux. Enfin il y a des aspects de lui que j’ai pu voir que j’aurais préféré éviter mais c’est un autre sujet. Dis-je en riant. Oui passer autant de temps dans une chambre d’hôpital avec quelqu’un crée certes des liens, mais également vous oblige à faire des concessions sur votre intimité. Impossible de dire que nous ne nous étions pas vus à moitié à poil un milliard de fois pendant ces trois semaines. Cela me faisait vraiment du bien de voir enfin une fille, d’ailleurs elle était superbe dans cette robe. Je pris un temps pour la regarder de haut en bas, esquissant un sourire satisfait en revenant planter mon regard dans le sien. Quelque chose semblait avoir changé mais je ne pouvais pas mettre le doigt dessus. « Tant pis. » Avant même que je n’ai le temps d’ouvrir la bouche à nouveau, la jeune femme se mit sur la pointe des pieds pour venir déposer un baiser sur mes lèvres. Je fus tellement surpris que je mis au moins 10 secondes avant de réaliser ce qui se passait. Je fermais les yeux à mon tour pour profiter un maximum de ce moment que j’avais attendu impatiemment, celui où enfin elle réaliserait que nous n’étions plus simplement des colocataires ou des amis mais plus que ça. Enfin lorsque nos bouches s’éloignèrent je pris un temps avant de rouvrir les yeux, voulant profiter un maximum de ce qui se passait enfin. Si c’est comme ça que tu vas m’accueillir à chaque fois, j’ai bien envie de passer à deux doigts de crever une ou deux fois de plus. Je fis un léger sourire avant de venir l’embrasser à mon tour, passant mes bras autour d’elle, la rapprochant de moi sensuellement. Bien vite la réalité me rattrapa, bien que je n’aie aucun souci à être prêt à l’emploi, les recommandations du médecin retentirent dans ma tête comme un vieux laïus. Je n’avais le droit à aucune activité sexuelle pendant encore une semaine après ma sortie au risque de voir sauter mes points de suture. Cela dit, je m’étais empressé de demander si vraiment cette précaution était nécessaire, et il m’avait répondu que c’était simplement une opinion et pas une obligation. Tu m’as vraiment manqué pendant tout ce temps… je pensais qu’en revenant ici, je découvrirais tu étais partie sans crier gare. Je suis content de voir que je me suis trompé. Je lui donnais à nouveau un baiser, comme pour confirmer que je n’étais pas une fois de plus en train de rêver cette scène et qu’elle arrivait bel et bien dans la réalité avant de m’attaquer à son cou, oui je ne perdais jamais le nord. Cela dit, je doutais qu’elle ne soit pas au courant de mes fameuses directives de sortie d’hôpital.