Take me to church | G.C.

Ça vous arrive parfois de vous réveiller et vous demandez ce que vous faites encore ici ? Faut dire qu'on a presque tous cette phase où l'on se sent minable et inutile. Est-ce normal ? Oui et non. Nous ne sommes pas parfait et nous avons nos moments de faiblesse, mais au fond, toute cette pression, on se la crée nous-mêmes. Si on ne penserait pas comme ça, tout irait bien. Je ne peux pas me plaindre de ma vie. J'ai des parents merveilleux qui m'ont beaucoup aidé, une fille parfaite et en santé et je suis toujours vivant. Mais bon, on se cherche toujours des raisons...

Je suis né à Manchester en Angleterre en 1978. Ayant des parents fans de musique ainsi que propriétaire de leur magasin de disque, j'ai quand même été baigné dans musique toute ma vie. Par contre, cela n'a pas fait de moi un grand fan. J'aime bien en écouter, mais ce n'est pas une passion. Disons que pour moi, c'est plutôt le cinéma qui m'intéressait. Non, pas le jeu d'acteur, mais les scénarios derrières tout ça. Créer une histoire et la rendre réelle était ce qu'il voulait faire plus tard. Il a découvert cette passion il y a déjà un moment. Alors qu'il avait compris être le seul heureux dans sa classe lorsque l'enseignante demandait une production écrite. Enfin, chacun nos goûts, hein. Sinon, au lycée, on ne m'avait pas classé dans les intellos de la classe à cause de ça, car j'étais un peu loin d'avoir les meilleurs notes de la classe. Je ne faisais pas partie des populaires non plus. À vrai dire, j'étais entre-deux. Honnêtement, je m'en foutais un peu. Ce n'est pas ça qui va changer ma vie. De plus, je ne faisais partie d'aucun club ou équipe sportive de l'école. Je détestais la muscu et je n'avais pas envie de passer mes vendredis soirs à jouer aux échecs ou parler de l'actualité dans le monde. Je pouvais donc passer plus de temps avec ma petite amie du moment. Clara fut ma première petite amie sérieuse. Après deux ans ensemble, elle décida qu'il était préférable qu'on se sépare. Apparemment, je ne l'impliquais pas assez dans mes plans futurs. Quand je parlais de l'université, je ne mentionnais jamais le fait qu'on sera sûrement toujours ensemble. Je n'aime pas vraiment parler du futur et prévoir ma vie comme ça. Sinon, c'est un peu comme si on se fait de l'espoir et l'espoir peut nous retomber dessus.

Deux mois après, j'avais fait mon deuil. Je pouvais me concentrer sur mes études afin de dénicher de meilleures notes pour l'université. Ou jusqu'à ce que je me trouve une nouvelle petite amie. Chose qui ne prit pas trop de temps. Katherina fut ma deuxième petite amie et la dernière du lycée. Étant tout le contraire de Clara, je me disais qu'on n'allait pas avoir le même problème. Elle, au moins, n'avait pas déjà planifié sa vie de A à Z. Par contre, étant moins responsable, j'aurais dû être plus prudent avec elle. Du moins, quand on décidait de s'y mettre. Parce que si ça aurait été mon ancienne petite amie, elle n'aurait pas tombé enceinte. Et oui, vous avez bien compris. J'avais dix-sept ans et j'ai appris que ma petite amie était enceinte. Youpi ? Non... pas vraiment. Première solution qui me vins en tête, avortement, mais elle était contre l'idée. Kat pensait plutôt à mettre pour adoption. À mon tour, j'étais contre l'idée. Savoir que mon enfant se trouvait quelque part dans le monde avec une famille inconnue, non merci. Faut dire que je ne m'étais pas préparé à une nouvelle du genre - en même temps, qui le serait à cet âge. Apprendre la nouvelle à mes parents avaient été dur pour moi. Je n'ai jamais autant stressé de ma vie qu'à ce moment-là. Cependant, je m'attendais à voir des larmes coulées sur les joues de ma mère en me disant que j'avais ruiné ma vie ainsi qu'entendre mon père me gueuler dessus, mais rien de tout cela arriva. Ce qui me perturba un peu à vrai dire. Il m'avait demandé ce qu'on allait faire et je lui expliqua un peu notre impasse. Nos valeurs étaient différentes et cela n'aidait pas beaucoup dans la situation. Mes vieux me proposèrent une idée qui n'était peut-être pas la meilleure vu notre situation, mais c'était le mieux. Vivre dans l'appartement dans le sous-sol de mes parents. Comme ça, nous pourrons continuer nos études ainsi qu'économiser pour un jour, trouver un appartement ou même une maison. Au début, Katherina n'était pas vraiment pour l'idée de vivre dans la même maison que mes parents, mais j'ai finalement réussi à la convaincre.

C'est donc ainsi que nous procédions. J'étais finalement entré à l'université comme je le voulais et je continuais à travailler dans le magasin de mon père. Kat restait à la maison avec le bébé et jouait un peu le rôle de la femme au foyer. Apparemment, ce rôle ne lui plaisait pas. Bien entendu, n'étant jamais à la maison, je n'avais rien remarqué. Faut dire que je ne prêtais pas vraiment attention à elle. Disons que la seule raison pour laquelle nous étions toujours ensemble était le bébé. Honnêtement, je n'avais jamais vraiment vu de futur avec elle, mais l'arrivé de la petite fit en sorte que les plans avaient changés. Un jour, je revenais du boulot et arrivé à la maison, une note était posé sur la table. Il n'y avait pas grand chose d'écrit dessus et je crois que c'est cela qui me frustra le plus dans cette histoire. « Je suis désolé. » C'était tout ce dont j'avais le droit. J'étais assis sur le divan, regard concentré sur le mur. J'essayais de comprendre ce qui venait de se passer. Ce que j'avais pu faire de mal pour la faire fuir comme ça. C'est alors que j'entendis le son de Kim, ma fille, pleuré. Elle avait laissé la petite ? Elle avait osé... Elle était partie sans aucun regret d'avoir laissé son enfant derrière elle. Je m'étais donc dirigé dans la chambre où se trouvait le bébé pour la prendre dans mes bras. J'étais fâché qu'elle m'ait laissé tombé en me donnant la responsabilité de la petite, mais j'étais content de voir qu'elle n'était pas parti avec la petite. Elle était peut-être un imprévu, mais je l'aime.

J'avais quitté l'université, étant donné que j'étais un peu devenu femme au foyer à mon tour. Par contre, je bossais toujours au magasin. J'apportais la petite et elle restait avec moi tout ce temps. C'était la boutique de mon père, je pouvais faire ce que je voulais, non ? Lorsque la petite fit son entrée à l'école primaire, je pris un cours de comptabilité. Une fois terminé, je m'étais déniché un job au gouvernement. Nous vivions toujours dans le sous-sol de mes parents le temps d'avoir assez d'argent pour aller en appartement. Quelques années plus tard, j'avais reprit contact avec un de mes amis du lycée et il me proposa un job à Londres. Il avait sa propre compagnie et cherchait un comptable. Le salaire était bon, l'endroit était parfaite, pourquoi pas ? C'est donc comme ça que j'atterris à Londres avec ma petite et ça depuis maintenant six ans.