Ethan G. Ainsworth ♦ And you let her go.

21 octobre 2007

Ce jour-là, Ethan n’avait guère envie de sortir. Mais il avait promis à sa meilleure amie de l’accompagner à cette exposition au Metropolitan Museum of Art exposition dont elle lui rabâchait les oreilles depuis des jours et des jours. Malgré son manque d’engouement à l’idée de mettre le nez dehors, il savait qu’il ne pouvait pas lui faire faux bond, car elle lui en aurait voulu à mort. Il le savait de par les menaces qu’elle lui avait faîtes en évoquant la possibilité qu’il ne vienne finalement pas. Il fallait dire que depuis quelques temps, ils passaient moins de temps ensemble. Ethan s’en voulait, mais d’un autre côté en ce moment il n’avait pas envie de grand chose. A vrai dire, il broyait du noir. Il se sentait lassé, épuisé, et rêvait de s’enfermer dans un cocon protecteur dans lequel il pourrait se ressourcer. Mais la Terre ne s’arrête pas de tourner lorsque l’on n’est pas au meilleur de sa forme, et il le savait. Il s’était engagé auprès de sa meilleure amie, et devait tenir parole. Malgré tout, il n’arrivait pas à se décoller de son canapé. Sur la table basse, son portable vibra. Sms de sa meilleure amie, ou plutôt rappel à l’ordre : “J’espère que tu es prêt à partir! Je sors de chez moi.” De mauvaise grâce et avec un soupir, Ethan prit son blouson en cuir, son écharpe, et sortit de chez lui.

Pour ne rien arranger, il y avait énormément de monde à l’exposition. Ethan détestait ça, et cela le mit de fort méchante humeur. Néanmoins, pour faire plaisir à sa meilleure amie il se força à se contenir. Alors qu’il pestait en silence et qu’elle, de son côté, babillait à propos d’une des oeuvres exposés, son regard se posa sur une femme. Non, pas une femme, un ange. Elle était de dos, mais il sentait qu’elle était bien plus qu’humaine. Elle dégageait quelque chose de divin. Que ce soit au niveau de ses cheveux blond vénitien bouclés qui cascadaient jusqu’en bas de ses omoplates ou de sa taille fine parfaitement mise en valeur par la robe en laine qu’elle portait. Le temps semblait s’être arrêté. C’est alors que quelqu’un le secoua : “Tu regardes quoi, là?! Allez, viens, on a encore plein de choses à voir!” lui dit sa meilleure amie d’une voix enjouée. Ethan se détourna à regret de cette sublime apparition, et suivit son amie.

Plus tard, alors que le musée commençait à se vider et qu’il était plongé dans une discussion passionnée avec sa meilleure amie, une voix douce et mélodieuse s’éleva : “Excusez-moi?” Il se retourna, et fit face à ce même ange qui l’avait hypnotisé un peu plus tôt. Elle avait un visage d’une douceur exquise, et ses yeux étaient d’un bleu qui les rendait semblables à deux saphirs. Il se sentit soudain terriblement nerveux, et bredouilla un “Que puis-je faire pour vous?” d’une voix mal assurée. “Vous êtes de New York?” demanda t-elle avec un sourire charmant qui acheva de le faire fondre. “Oui…” répondit-il, plongé dans la contemplation de ce visage hors du commun. “Désolée de vous demander ça, mais je viens de Paris et je suis un peu perdue. J’ai peur de ne pas savoir comment aller à mon hôtel… Vous pourriez m’aider?” Ethan, ravi, accepta. C’était son jour de chance.

21 juin 2009

“C’est une fille!”

Ethan bondit sur ses pieds, fou de joie, et fonça retrouver sa femme. Il avait beau être quelqu’un de raisonnable par nature, depuis qu’il avait laissé Elsa entre les mains des sage-femmes il ne pouvait s’empêcher d’imaginer que les choses se passent mal. Il avait à présent le sentiment de n’avoir jamais été aussi heureux. Lorsqu’il entra dans la chambre et vit cette toute petite créature blottie dans les bras de sa bien-aimée, il resta un moment complètement désarmé. Sa femme leva les yeux vers lui, et lui lança un sourire fatigué mais radieux. Ethan s’approcha des deux femmes de sa vie, et déposa un baiser tendre sur le front de chacune d’elles. Était-il possible d’être aussi heureux? D’avoir autant de chance? Quant au nom de ce petit ange, ils n’avaient eu aucune hésitation : elle s’appellerait Hope.

22 septembre 2013

Rien n’allait comme il l’envisageait. Il avait perdu tout contrôle sur les événements, et tout en lui n’était que panique. Il aurait voulu que cette journée n’ait jamais commencé. Pouvoir revenir en arrière, et changer les choses. Au volant de la voiture de police, il roulait plus vite que jamais. La sirène hurlait, le gyrophare projetait sa lumière bleue aveuglante. Ethan avait beau appuyer sur la pédale, il lui semblait n’aller toujours pas assez vite. Cet appel qu’il avait reçu il y a 20 minutes lui faisait l’effet d’un électrochoc. Quelques mots, jetés par une voix emplie de folie : “J’ai ta femme et ta gosse. Rends-moi ma came et relâche mon pote, sinon tu peux leur dire adieu. Kingston Avenue, et magne-toi.” En arrière-plan, une voix qu’il ne connaissait que trop bien hurlait. C’était un cauchemar. Ce genre de choses n’arrivait donc pas que dans les films?! A ses côtés, son coéquipier était tout aussi tendu. N’allaient-ils jamais arriver à cette foutue rue?

Edgar Hooven les y attendait. La rue était déserte, plongée dans l’ombre. Il tenait un couteau au niveau de la gorge d’Elsa. Hope, en pleurs, se tenait quelques pas derrière lui. Edgar pointait sur elle son flingue. Il cracha à Ethan : “T’as ramené ce que je t’ai demandé?!” Non, il ne l’avait pas. La drogue était à l’abri dieu sait où. Quant à son pote, hors de question qu’il le relâche, c’était un fou dangereux. Le coeur d’Ethan battait la chamade : on lui avait promis que des renforts arriveraient le plus rapidement possible, qu’il devait juste tacher de calmer le jeu avec le criminel. “Ecoutez, ne faîtes pas de bêtises, on va trouver un arrangement…” bredouilla t-il, incapable de trouver quoi que ce soit d’autre à dire. A côté, son coéquiper avait dégainé son pistolet, prêt à tirer au cas où. “MA CAME!” hurla Edgar, enlevant le cran de sûreté de son pistolet et resserrant la lame contre la peau d’Elsa. Les autres agents débarquèrent alors. Tout se passa alors très vite. Fou de rage de s’être fait avoir, Edgar tira. Hope resta immobile quelques instants, les yeux grands ouverts et muette, puis s’écroula. “NON!” hurla Ethan. Aussitôt, les canons se braquèrent sur le criminel, le criblant de balles. Au moment même où les balles le transperçaient, il exécuta un mouvement sec du poignet, et trancha la gorge d’Elsa. Ethan poussa un hurlement, et courut pour rejoindre sa femme et sa fille. Elsa était agitée de spasme. Du sang, tellement de sang… Ethan se jeta à son chevet, essayant vainement de stopper l’hémorragie. A quelques mètres, Hope était immobile. “UNE AMBULANCE, VITE!” hurla t-il.

18 août 2014

Ni Elsa ni Hope ne purent être sauvées. L’enterrement eut lieu le 27 septembre. De nombreuses personnes vinrent. Tout le monde aimait Elsa. Tout le monde adorait Hope. Les seuls mots qu’Ethan fut capable de prononcer lorsqu’il les vit, inertes et blanches dans leurs cercueils, furent “Pardonnez-moi…” Dès lors, la vie ne fut plus qu’errance pour Ethan. Il lui semblait que jamais la douleur ne s’atténuerait. Les jours passaient, et il se murait de plus en plus dans le silence et la douleur. Il cessa de voir ses amis, sa famille. Plus rien n’importait, et à ses yeux tout était de sa faute. Il était convaincu que jamais il ne pourrait se pardonner ce qui s’était passé. La seule personne dont il tolérait sa présence était sa meilleure amie. C’est avec celle-ci qu’il en vint à la conclusion qu’il lui était impossible de continuer sa vie ici. Il fallait qu’il recommence tout à zéro, il voulait s’éloigner du lieu du drame. Ethan décida ainsi de partir pour Londres et de s’y installer, emportant pour principaux bagages ses remords et sa douleur intarissables.