"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici we're holding on and letting go. (p/n) 2979874845 we're holding on and letting go. (p/n) 1973890357
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 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
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() message posté Sam 3 Jan 2015 - 16:06 par Invité

All around me are familiar faces worn out places, worn out faces, bright and early for their daily races going nowhere, going nowhere. Their tears are filling up their glasses, no expression, no expression. Hide my head I want to drown my sorrow, no tomorrow, no tomorrow. And I find it kinda funny I find it kinda sad, the dreams in which I'm dying are the best I've ever had, I find it hard to tell you, I find it hard to take when people run in circles. It's a very, very mad world, mad world. Fitz/Valentine.

C'est plus simple de réparer un coeur en bonne santé qu'un coeur déjà abimé. Il ne peut s'empêcher de se répéter cette phrase face à son patient qui ne pourra jamais réparer son coeur mit en miette par sa maladie. Lui de Naël, le sien de coeur, il a été mit en pièces par ce qu'on appelle la vie. Il a été piétiné vulgairement par le temps, sans sparadrap pour le sauver, pour le soigner. Un peu. Il aimerait reprendre des petites graines de son sablier et faire en sorte que le temps remonte, qu'il remonte assez pour ne plus avoir ce vide qu'il ressent constamment. Comme si quelqu'un s'amusait à lui taper sur la poitrine pour qu'il n'oublie jamais, qu'il ne l'oublie jamais. Mais quand bien même, il essaierait, il en serait incapable. Si Naël avait réellement le pouvoir de remonter le temps, il referait la même bêtise, celle de s'être mit au travers de son chemin. Celle d'avoir été son ami et d'avoir voulu plus. Parce que c'est Naël. Il veut le beurre et l'argent du beurre. Indéniablement, il n'aurait pas pu se passer d'elle. C'est comme si on lui demandait d'effacer sa rencontre avec Rhys ou encore Remy, c'est impossible. Il aurait l'impression qu'on lui vole des pièces de son propre puzzle, qu'on lui demande d'être incomplet et d'essayer d'être heureux. Malgré tout, malgré ça. « Naël je crois que t'as un ticket avec la vieille de la 405. Elle a grave des vues sur toi, elle veut que ce soit toi qui s'occupe d'elle. Évidemment, je lui ai dit que c'était impossible, que pour ça il faudrait que son coeur s'arrête, qu'elle claps quoi. Et tu sais ce qu'elle a dit ? Naël ? Tu m'écoutes, mec ? » Les yeux toujours rivés sur le patient, le blond n'entend rien de ce que son collègue infirmier lui raconte. Des conneries, comme toujours. « Quoi ? » lâche t-il, sans chercher à comprendre quoi que ce soit.  « Elle espère que ce sera toi qui l'aidera à passer de l'autre côté, elle est dinguuuue, tu trouves pas ? » Il lui lance un sourire. Il se dit que c'est le bon moment pour faire un beau sourire remplit de compréhension auditive. Ces derniers temps, Naël essaie de faire bonne figure. Il tente de garder sa bonne humeur, de cacher ses remords derrière sa tête d'imbécile heureux. On lui a toujours dit d'agir ainsi en cas de conflit. Les apparences. Elles sont importantes. Il n'aime pas étaler ses maux, bien qu'il adore se plaindre, obtenir des conseils. Lorsqu'il souffre vraiment, il met ses sentiments en mode off, il reste assit bien haut sur son arc-en-ciel et tout se passe pour le mieux.

Après sa journée passée à l'hôpital, Naël décide de rejoindre l'appartement de Rhys. Il doit récupérer des affaires qu'il a oublié ces douze derniers mois et pour la nouvelle année, il préfère recommencer la même manœuvre sans l'encombrer avec des trucs qui datent de 2014. Il est comme ça Naël, c'est un bon samaritain. Il pense toujours à son prochain et surtout à Rhys. En plus, depuis qu'ils sont devenus officiellement "voisins", il lui rend visite au minimum une fois et demi par jour. Autant dire que si l'on multiplie cela avec toutes les conneries qu'il lui ramène parfois du travail ou encore lorsqu'il fait les courses, Rhys n'aura plus d'appartement en 2016. Il a le coeur qui se noue parce qu'il sait qu'à tout moment Pepper peut débarquer. Dès qu'il se met à penser à elle comme il l'a fait aujourd'hui, son cerveau s'éteint. Il a l'impression que de penser à elle, ça lui coupe le souffle au point de devenir transparent. En général, il ne reste pas longtemps dans les parages, mais depuis quelques semaines maintenant cela devient difficile d'éviter de trainer aux alentours de l'appartement de Rhys. Et même si, ça le rend malade,  il prend son temps. Ce temps qui le bouffe, qui le ronge. Il en a marre de toujours fuir. D'étouffer. Le médecin fait quelques aller-retour entre l'appartement de son ami et le sien. Jusqu'à ce qu'il voit son portable posé sur sa table basse. Ce portable qu'il n'a pas touché depuis des mois. Remy le tanne pour qu'il en rachète un autre, afin de pouvoir lui envoyer des conneries sur Twitter. Naël s'assoie sur le fauteuil qui fait face à la table basse. Il fixe la cause de tous ses problèmes, il lui rejette la faute. Constamment. Il n'assume pas, n'assume rien. Il s'enfonce dans son fauteuil, pose ses mains sur son visage et s'enivre du bruit de la pendule qui brise le silence chaque seconde qui passe. Tout d'un coup, la porte s'ouvre et quelqu'un franchit le seuil. Naël enlève doucement les mains de son visage et retient sa respiration. Il le savait. Il s'en doutait qu'elle viendrait. Dans le fond, il n'attendait que ça. Le médecin l'observe, ne fait pas part de sa présence. Il veut juste la contempler, un peu. Il a l'impression d'être un psychopathe. Elle est belle, comme toujours, elle est parfaite.  « Pepper, je suis là. » lâche t-il en plein silence, reprenant son souffle, laissant tombé sa transparence. « S'il te plait, s'il te plait, ne pars pas. » On entend dans le son de sa voix qu'il l'implore, qu'il est un brin désespéré.  « Reste. » Elle lui manque. Tout le temps. Et il sait qu'il n'a pas le droit de lui demander ça, mais il le fait quand même.
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() message posté Lun 5 Jan 2015 - 21:45 par Invité
Lorsqu'elle lâche la main de Patrick pour monter dans la voiture, il y a un sourire qui glisse sur ses lèvres. La simple pensée qu'elle va passer son après-midi chez Rhys la rend folle. Ça lui manque de ne plus avoir la possibilité de se déplacer rapidement et avec facilité. Bien sûr, depuis qu'elle a Bilbo, elle peut sortir plus souvent, mais ce n'est pas la même chose. Pepper, elle a envie de retrouver son autonomie. Être dépendante des autres, ça l'étouffe. Elle n'a jamais aimé demandé de l'aide, encore moins depuis qu'elle a perdu la vue. Le moteur démarre et Pepper s'efforce de se concentrer sur ce bruit presque sourd. Depuis l'accident, elle refuse toute distraction dans la voiture. Musique, portable ou conversation sont proscris. Sauf si c'est son père qui l'accompagne. Elle se laisse conduire jusqu'à l'immeuble de Rhys et sourit, soulagée, lorsque la voiture s'arrête face à celui-ci. Du moins, elle suppose quand Patrick annonce être arrivé à destination. Il prend sa main, l'aide à descendre de la voiture et l'emmène jusqu'à l'appartement de son meilleur ami. Elle ressent alors la désagréable sensation d'être une enfant que l'on conduit jusqu'aux grilles de l'école. Il s'éloigne, elle râle parce qu'il l'agace. Seule face à la porte, elle tape, une, deux fois et l'ouvre sans attendre. Pas verrouillée, signe évident que le journaliste est présent. Soulagée qu'il soit là, Pepper pénètre dans le petit appartement, sourire aux lèvres et sa canne devant elle. « Toc toc toc, devine qui est là ? » Aucune réponse. « Pas besoin de te cacher hein. » Il pourrait se manifester mais faut croire que jouer le muet l'amuse. Elle pose sa canne contre un meuble, le temps de retirer sa veste. « Pepper, je suis là. » Elle sursaute. Par réflexe, son visage se tourne vers l'origine de la voix. Elle a beau ne pas le voir, elle devine facilement qui lui fait face. Naël Valentine. Naël, dernière personne avec qui elle souhaite parler ou passer du temps. Quelques semaines plus tôt, elle aurait été euphorique à l'idée de tomber sur lui. Mais lui qui était à une époque son plus proche ami n'est désormais qu'un étranger. Pendant une seconde, elle espère entendre la voix de Rhys pour annoncer que lui aussi, il est là. Mais rapidement Pepper comprend qu'il n'est pas là. Il l'a abandonné avec le voisin. Alors, naturellement, elle fait un pas en arrière vers la sortie. « S'il te plait, s'il te plait, ne pars pas. » Elle demeure muette, plantée là à côté de la porte. Elle aurait aimé avoir plus de répit, qu'on lui laisse encore du temps avant cette confrontation. Quelques semaines, ça lui semble si peu, mais c'est égoïste de sa part de réclamer plus. « Reste. » Son attention est concentrée sur chaque bruit, inquiète à la simple idée qu'il puisse s'approcher d'elle. Elle relève sa canne contre sa poitrine, comme si ce maudit guide avait le pouvoir de la rendre invisible. « Non. » Elle laisse son agacement transparaitre. Mais la vérité, c'est qu'elle ne se sent pas la force de retourner dehors. Ni de demander l'aide de Naël pour appeler un taxi. Et à moins qu'un miracle fasse venir Rhys dans les prochaines minutes, Pepper réalise qu'elle se retrouve coincée avec Naël. « J'me suis trompée d'appartement c'est ça ? Bon, bah, salut. » Elle fait volte-face, prête à s'enfuir, mais cogne dans la porte laissée ouverte. Dernière chose qu'elle voulait, s'offrir en spectacle devant son ancien ami. « Évidemment, il y a une porte qui traine. » s'agace-t-elle. Lâchant un soupir, sa main passe sur son front pour faire passer la douleur. C'est la première fois qu'elle se sent comme une intrus dans l'appartement de Rhys. Elle n'a pas sa place ici en présence de Naël. Et même l'endroit le lui fait comprendre. Pour faire disparaître sa faiblesse, sa main s'agrippe à la porte et elle prend la pose contre celle-ci. « Je vais rester attendre Rhys finalement. » Aucune envie de se battre contre les meubles. Avec difficulté, elle s'accroupit et tâtonne du bout des doigts le sol, à la recherche de sa canne qu'elle a perdu pendant la bataille. « Il revient quand ? Tu sais ? »
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() message posté Sam 17 Jan 2015 - 15:55 par Invité
Even the best fall down sometimes
Even the stars refuse to shine
Out of the back you fall in time
I somehow find
You and I collide

« Toc toc toc, devine qui est là ? » Il ne répond pas. « Pas besoin de te cacher hein. » Quand il voit Pepper entrer dans l'appartement de Rhys, il marque un temps d'arrêt. Son coeur loupe un battement, ses yeux restent figés sur sa silhouette et c'est l'ensemble de ses membres qui ne fonctionnent plus correctement. Ces derniers temps à chaque fois qu'il a la chance de croiser la brune, c'est tout son monde qui reste en suspend. La terre s'arrête de tourner, le vent cesse de souffler, les secondes ne rythment plus le temps. C'est comme une chanson sans paroles qui se déclenche dans sa tête, ils sont comme des étoiles éteintes qui brillent secrètement dans l'obscurité. Lorsqu'il l'observe, plus rien autour de lui n'a de sens. Il a l'impression de fonctionner à l'envers, d'être de travers. Il a tant de choses à exprimer, ils ont tant de choses à rattraper. Pour lui, c'est du gâchis. Ce gosse égoïste qui sommeil au fond de lui, pense qu'ils se gâchent. Qu'elle ne doit pas mettre autant de distance entre eux, qu'elle doit lui revenir. Sans réfléchir, sans même penser que ça puisse être déplacé, il lui fait part de sa présence et lui demande de rester. Pour lui, pour eux. Pour tout ce qu'elle veut, tant qu'elle ne fuit pas, ne plus fuit plus. Évidemment sa réaction fût prévisible, quelques pas hésitants vers la sortie, des traits sur son visage expriment son mécontentement. « Non. » Cette négation le refroidit complètement. Ce non, le ramène à la raison, le confronte de nouveau à la réalité. Il n'a pas le droit d'attendre quelque chose. Elle fait mine de s'être trompée d'appartement, de faire comme si, elle ne l'avait pas reconnu. Pepper se retourne tellement vite qu'elle se cogne contre la porte. Il y a quelques mois, cette scène aurait été mythique, elle aurait surement fait l'objet d'un vine et il l'aurait mise en boucle, il l'aurait montré à Rhys et elle les aurait détestés pendant quelques minutes avant de rire d'elle-même avec eux. « Évidemment, il y a une porte qui traine. »  A ce moment précis, il ne rit pas. Il ne bouge pas. Il est vide. Il ne sait plus comment se comporter, comment réagir. Naël se contente de la dévisager, il réfléchit à ce qu'il pourrait dire, ce qu'il pourrait faire. Elle décide de prendre appuie contre la porte et d'attendre Rhys. « Il revient quand ? Tu sais ? » Tout d'un coup, Naël se relève de son fauteuil. Il pense à la jolie bosse qu'elle va avoir sur son front. Ce qui serait dommage dans cette histoire, c'est que son visage soit abimé. Même si elle est aveugle, ce n'est pas une raison pour qu'il laisse un bleu se former. Naël fait très attention à son physique, sans pour autant en faire des montagnes. Il s'approche de l'évier, saisi un torchon propre et prend des glaçons dans le frigo qu'il glisse à l'intérieur du tissu. Il rejoint Pepper, qui est maintenant assise sur le sol, et s'accroupit afin d'être face à elle. Pendant quelques secondes, il l'a regarde et mémorise de nouveau chacun de ses traits.  « Ne me frappe pas, j'ai la peau qui marque. » dit-il en collant le torchon contenant les glaçons contre sa peau. « Maintient le bien contre ton front, sinon Rhys va croire que je te maltraite et balancer un article sur ma pomme. » Le médecin qui sommeil en Naël ne peut pas s'empêcher de ressortir même dans cette situation peut confortable. Il s'éloigne d'elle et s'assoie également par terre, adossé contre un meuble qui "traine". « Je ne sais pas quand est-ce qu'il rentre, je suis venu à l'improviste récupérer des trucs. » Alors c'est ça être des étrangers. Faire comme si, il n'y avait pas eu de "nous", parler brièvement dans l'appartement d'un ami en commun sans laisser paraître la moindre émotion. Laisser des blancs, les silences s'installer, ne pas argumenter davantage. Être différents de ce qu'on pouvait être avant. Naël déteste ça, il ne se déteste pas particulièrement, parce qu'il fait partit de ces idiots qui répèteraient constamment les mêmes erreurs, mais il déteste le changement. « Tu sais, j'ai conscience que j'ai tout gâché entre nous. Je ne parle pas de l'accident, mais de ce qui s'est passé avant.  » Mettre le mot accident et avant dans la même phrase, c'est risqué. Il se lance sur un terrain dangereux, il devrait se taire, fermer sa boucher à double tours et balancer la clé par la fenêtre. Il devrait, mais Naël sait que c'est sans doute sa dernière chance de se retrouver en tête-à-tête avec elle. « T'as pas le droit de m'en vouloir pour ça. Je refuse que l'on soit de simple étrangers.  » En fait, le blond ne comprend plus le pourquoi du comment, tellement c'est devenu un bordel sans nom. Il est lié contre sa volonté à son accident, il fait partit des facteurs. C'est certain qu'il s'en veut pour cela, qu'il est traumatisé à l'idée que ça ait pu la blesser autant physiquement, mais il ne peut pas s'en vouloir d'avoir éprouvé des sentiments pour elle. « Quand je regarde mon portable, je me sens vide, je me sens mal, j'ai envie de tout balancer et je ne comprends pas pourquoi. Ce message tu aurais pu l'envoyer à n'importe qui, c'était un simple rendez-vous... Et pour une raison qui m'est inconnue, tu me détestes. Tu me détestes parce que c'est moi que tu devais rejoindre ce jour-là. » Ce sms. Cet accident. Elle. Lui. Eux. Cette équation qui ne mène à rien, ne rime à rien.  « Quand je relis ton message, j'aimerais ne jamais avoir existé, mais parfois avec du recul, je me dis que je ne suis qu'une excuse. Ton excuse. » Il ne prend pas le soin de bien tourner ses phrases au préalable. Naël a conscience qu'il n'a plus rien à perdre, il lâche des tornades, il est prêt à affronter n'importe quelle tempête, n'importe quel châtiment qu'elle serait en mesure de lui infliger avec seulement quelques mots. Il est passé par-là, il aurait pu avoir autant de malchance qu'elle, mais il est resté debout quand les autres autour de lui sont tombés. Il aurait pu tomber lui aussi, il aurait aimé parfois avoir été de ceux qui n'ont pas eu à survivre. Il a envie de se battre, de rester debout une nouvelle fois et de sauver leur amitié, leur arc-en-ciel quitte à se briser de nouveau. « Tu sais, j'aimerais nous sauver, même si nous sommes deux étoiles condamnées à vivre dans l'obscurité. »
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() message posté Ven 30 Jan 2015 - 14:16 par Invité
Jamais elle n'aurait dû venir. Elle était là, le front douloureux, assise sur le sol, ses mains tâtonnant le sol à la recherche de sa canne. Elle sentit Naël bouger dans l'appartement et elle marqua un geste de recule lorsque sa main la toucha. Elle avait bêtement pensé qu'elle finirait par l'oublier ou que le retrouver ne serait pas si difficile. Parce que leur amitié était terminée depuis des mois, parce que chaque parcelle de sa peau le haïssait et qu'ils n'étaient désormais plus rien l'un pour l'autre. Elle s'autorisa un sourire lorsqu'il évoqua Rhys, sa main prenant le tissus gelé. « Tu crois que je vais te défendre ? Si Rhys écrit un article sur toi, je serais la première à l'aider. » Sur la défense depuis que Naël s'était rapproché, ses épaules se relâchèrent dans un soupir. Elle s'appuya contre le mur dans son dos alors qu'une grimace traversa son visage. Déçue d'entendre que Rhys ne reviendrait sûrement pas avant un moment. Elle n'avait pas le courage de faire semblant, alors Pepper se terra dans un silence pesant. Inconsciemment elle priait pour que Naël en fasse autant. Qu'il respecte son désir de solitude et qu'il s'éloigne. Mais le connaissant, il parlerait sûrement, insisterait pour lui tenir compagnie et évoquerait des sujets malheureux. La brune étouffait déjà d'être réunie dans la même pièce que son ancien ami. « Tu sais, j'ai conscience que j'ai tout gâché entre nous. Je ne parle pas de l'accident, mais de ce qui s'est passé avant. » La voix de Naël brisa à nouveau sa bulle. Il ne savait faire que ça après tout. Elle l'imaginait assis devant elle, les cheveux en bataille, sans son habituel sourire tordu qu'elle avait chéri pendant des années. Elle baissa son visage vers son sac, malgré l'inutilité du geste. Le terrible sujet arrivait trop rapidement. Leur ancienne amitié. Son accident. Pepper sentit son estomac se contracter et son visage était à l'image de son regard. Il ne bougeait plus. Elle ne voulait pas parler de ça, elle n'en ressentait ni l'envie, ni le besoin. Pourtant, elle l'écoutait sans rien dire. Sans même chercher à l'interrompre. Elle ne se sentait pas la force de se bagarrer avec lui. Naël avait toujours été trop bavard alors qu'à l'inverse, Pepper détestait dire plus de trois mots. « T'as pas le droit de m'en vouloir pour ça. Je refuse que l'on soit de simple étrangers. » Il voulait toujours plus. Et elle n'avait jamais réussi à l'aimer comme lui avait pu. Aujourd'hui ne changerait rien à ça. « Que veux-tu alors ? » Ses mots se fixèrent dans ses pensées, elle imprimait chaque phrase mais continuait de rester immobile, les lèvres serrées alors que ses doigts s'amusaient avec son sac. Son cœur s'emballait et elle voulut l'insulter pour avoir du silence. Elle ne voulait pas l'entendre dire ça, ni se confronter à lui. Il cherchait sûrement à la faire réagir mais il ne l'aurait pas de cette façon. Son ancien ami, qui avait tout gâché, s'autorisait à lui balancer des reproches affreux au visage. Elle aurait tout donné pour que Rhys apparaisse soudainement à ses côtés. Mais elle préféra se cacher dans son mutisme habituel. « Quand je relis ton message, j'aimerais ne jamais avoir existé, mais parfois avec du recul, je me dis que je ne suis qu'une excuse. Ton excuse. » Elle redonna soudainement vie à son visage à l'instant où ses sourcils se froncèrent et qu'elle releva la tête. Elle se sentait condamnée. Prisonnière dans le rôle de la fille aveugle qui vient se réfugier chez son meilleur ami. Fatiguée de l'écouter, elle passa sa main mouillée sur son front. Depuis des semaines, elle s'était habituée à cette sensation qui lui nouait le ventre lorsqu'elle cherchait désespérément quelqu'un du regard. Elle savait la chose impossible, mais Pepper essayait souvent. Pour la première fois depuis son accident, elle regretta de ne pas voir le visage de Naël. Elle en avait besoin, pour imprimer l'image qu'il devait afficher. Pour le voir une dernière fois. « Tu sais, j'aimerais nous sauver, même si nous sommes deux étoiles condamnées à vivre dans l'obscurité. » Elle sentit quelque chose se briser en elle à l'instant même où il prononça ces mots. C'était injuste. Ridicule aussi. Elle voulait se cacher dans les bras de Rhys et pleurnicher comme une fille aurait fait après une rupture. Sauf qu'elle ne pleurait pas une histoire d'amour. C'est toute une amitié qu'elle avait perdu. Naël cherchait désespérément à les sauver alors que Pepper semblait avoir abandonné depuis longtemps. Oui, c'était sa faute. Mais elle avait toujours été incapable de le reconnaître. Comme si rejeter la faute sur Naël était plus facile. Il lui retirait la seule chose qui lui permettait de tenir, qui l'empêchait de se détester. Elle souffla quelques mots, puisa dans le peu d'énergie qu'elle avait. « T'as fini ? » Il parlait trop. Définitivement. Elle ne savait même pas si il l'écoutait, s'il était proche ou avait décidé de s'éloigner. Ses pensées se dirigèrent à nouveau vers Rhys, souhaitant l'entendre débarquer à la porte de son appartement. Elle le maudissait d'être absent aujourd'hui. « Tout est ma faute. » Elle laissa le silence se réinstaller une seconde, ses doigts jouant toujours avec la fermeture de son sac. « C'est ma faute si maintenant je suis aveugle et qu'on est plus amis. C'est ça que tu veux entendre ? Tu culpabilises moins ? » Elle s'efforça de rester calme, malgré son envie de fondre en larme et de s'énerver. Pepper paraissait toujours indifférente, au-dessus de tout ça, à des années lumières de cet accident. Elle croyait s'être habituée à sa situation, à ce vide constant qui lui servait d'horizon. Mais la vérité, c'est qu'elle n'avait jamais connu plus horrible que ça. Peut-être que ça la terrorisait aussi. « T'as pas changé en tout cas. Tu veux toujours ce que tu ne peux pas avoir. » Sa voix était faible, presque douce. Elle s'obstinait à afficher une indifférente totale, pas décidée à offrir à Naël ce spectacle où elle verserait ses larmes. Il ne les méritait pas, ni ses aveux. Il voulait retrouver une amitié qui avait disparu depuis des années. Et Pepper n'avait plus la force de la lui offrir.
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