Nyx K. Steele - To each his own.

''Maman ! Papa !''

Ce fut les seuls mots. Les deux derniers mots que j'avais prononcé avant de sombrer dans un lourd et sombre mutisme.

C'était il y a dix ans. Je me rappelle comme si c'était hier. Nous préparions Noël, le sapin était décoré, le dîner rituel, déjà posé sur la table. C'était une magnifique journée John, tu vois ? Il neigeait aussi, il neigeait beaucoup et à ce moment-là nous étions toujours à Manhattan. Les rues étaient blanches, d'un blanc pur et doux. Je jouais encore avec mes amis dehors, il faisait froid, mais que c'était bon de faire un bonhomme de neige tous ensemble, c'était magnifique et tellement joviale [rire] que jusqu'à présent je réussi à sourire à cette magnifique pensée. Je regardais papa et maman, devant le pallier qui me regardaient avec tant d'amour, tant d'émotions à la fois que c'était magique, un petit instant magique. Nous étions une petite famille au grand coeur. Je suis la seule enfant de la famille, donc j'étais sacrément gâtée, je ne manquais de rien, tu comprends ? Ce soir-là nous avions mangé un grand rôti de dinde, un de mes plats préférés, et nous étions autour de cette jolie table en bois blanc, lisse et légèrement brillante, à rire aux éclats à chaque blagues que papa faisait, et aux chaque réflexions bourrés de sous-entendu que maman chantait. C'était chaleureux. Mais comme on dit, le bonheur ne dure jamais trop longtemps.

Papa travaillait dans une compagnie de voyage. Je me rappelle qu'il était très stressé car le marché n'allait pas trop bien à ces heures périlleuses mais c'était très rare quand mes parents évoquaient ce sujet devant moi, certainement pour ne pas m'inquiéter et que je prenne peur ou .. Je ne sais pas.. Cette nuit-là, quelqu'un avait toqué à la porte, puis sonné et encore sonné. Papa s'était levé d'un coup de sa chaise, l'air grave et désemparé alors que maman s'approchait de moi pour me lever de ma chaise et me ramener dans le salon. " - Kayla, mon bébé, reste dans le salon, papa et maman n'en n'ont pas pour longtemps, d'accord ?" dit-elle de sa voix mielleuse. Cette voix qui m’apaisait totalement lorsque je l'entendais. Mon visage acquiesçait à ces paroles alors qu'elle s'en allait à son tour rejoindre mon père. J'arrivais à entendre deux voix rauque, deux hommes parlaient avec un ton des plus effrayants que je n'ai jamais entendu, je ne comprenais que quelques mots, et c'est ces quelques mots qui m'avaient fait comprendre que ces personnes étaient là par rapport au travail de papa. Puis doucement ces voix commençaient à monter en crescendo jusqu'à presque hurler de rage, de colère et de haine.

Je crois que c'était par peur, mais je m'étais automatiquement levée de mon siège pour rejoindre mes parents et lorsque ma mère me vit, elle m'avait ordonné par une voix ferme de monter dans ma chambre. Je voyais enfin le visage des deux hommes, un au crâne rasé et tatoué et l'autre grand avec des pansements sur le nez et le front. Rien qu'en me rappelant de ça, j'en ai encore la chair de poule tellement ils étaient terrifiants digne d'un cauchemar pour enfant. Mon père esquissait un petit sourire pour me rassurer malgré que ses yeux bleu azur étaient bourrés de peur.. C'était la dernière fois que je voyais ces grands yeux azur. Et c'était la dernière fois on ma mère me parlait de sa voix la plus mielleuse. Alors que j'étais montée, tout c'était fait rapidement. J'entendais des cris, encore et encore avant d'entre deux coups de pétards, enfin c'est ce que je pensais que c'était, mais en réalité c'était deux coups de pistolet de calibre 5.5 millimètres, une balle au coeur pour mon père, et une au ventre pour ma mère. C'était un spectacle horrible qui s'étalait devant mes yeux, et seuls deux petits mots sortirent de ma bouche sous un cri sortit du plus profond de ma gorge.


Puis le noir, le néant. Plus rien ne pouvait sortir de ma bouche pendant près de 6 ans, pendant cette période j'étais à l’hôpital, puis dans une famille d'accueil. Je le supportait très mal de vivre dans une autre famille, je faisais des cauchemars à répétition, donc j'étais repartit une nouvelle fois à l’hôpital où l'on m'avait gardé. Pendant ces 6 ans je découvrais ma passion pour la photo, puis doucement pour l'écriture. C'est certainement l'écriture qui me fit sortir de ce long et épouvantable mutisme. C'est arrivé tout seul, et au bout d'un moment j'ai bien compris que mes parents ne reviendraient plus jamais. J'étais seule désormais, et il m'était impossible de retourner à Manhattan. Je préférai encore partir à Londres, dans la petite maison que papa avait lorsque l'on venait au Royaume-Uni. A ma majorité, je m'en allais vers Londres, j'avais des cours à l’hôpital ainsi qu'en dehors, et il était impératif que je continue à Londres dans une faculté spécialisé dans le journalisme ainsi que dans la photographie. Et c'est ainsi que ma vie continuait son rythme, je vis aussi grâce à l'argent que mes parents avaient laissé de côté, ainsi que l'argent pour leur mort. Quant aux deux hommes, je crois avoir entendu qu'ils ont été arrêtés, je n'ai pas voulu suivre la procédure ni plaider, je voulais laisser cette histoire derrière moi, mes parents n'étaient pas les seuls victimes - à ce que j'ai entendu - de cette bande. D'autres plaideront.

Pour le moment, je ne veux plus en entendre parler, je veux simplement passer au dessus comme j'ai si bien fait. Et malgré tout, Londres est une ville de rêve, bien mieux que Manhattan. Voilà John, tu connais toute l'histoire, maintenant sors de ma tête. J'ai besoin de travailler.