lyla c. ioannis-hanwell ❝ you can't forgive what you can't forget ❞

« Lyla qu'est-ce qu'il se passe ? » Je viens de rentrer de chez le médecin et j'ai envie de vomir pour diverses raisons. Je pose mon sac à main sur la table, laisse glisser l'enveloppe que j'avais en mains et fonds en larmes dans les bras de ma mère. C'est pas possible. Non, ce n'est pas possible. Je déglutis difficilement et pleure de plus en plus. Rapidement, mon père est ameuté par mes sanglots et s'ajoute à ce câlin de groupe qui m'a tellement manqué. Quand je suis dans les bras de mes parents, j'ai l'impression que rien ni personne ne peut me faire de mal. J'ai l'impression que je suis protégée mais c'est loin d'être le cas. Heureusement qu'il n'y a pas Thalia à la maison sinon j'aurais eu droit à un interrogatoire. Mes parents sont plus diplomates qu'elle et ils vont me laisser le temps de tout leur expliquer. J'ai peur et ce n'est rien de le dire. Enceinte à dix-neuf ans, vous y croyez vous ? Moi, pas vraiment... On a toujours fait attention et j'ai eu un sacré accident quand même... Mais il semblerait que tout ait pris son temps. Selon le gynécologue, l'ovule n'a été fécondé que post-accident. Ils ont pris leur temps pour faire le chemin et tout ce qui va avec. Mais je ne comprends pas comment. Je sers fort mes parents dans mes bras et je me demande encore comment cela a pu arriver. On s'est protégé tout le temps. Je ne voulais pas tomber enceinte ! Et encore moins chopper une saloperie parce qu'Oliver couchait un peu avec tout Londres. Et il doit faire la même chose à New York. Je déglutis et étouffe un sanglot contre l'épaule humide de ma mère. J'ai trempé sa belle robe rouge. Elle ne m'en voudra pas mais moi, je m'en veux. Je m'écarte légèrement d'elle et elle prend mon visage entre ses mains. Elle doit croire qu'Oliver m'a définitivement jeté ou qu'il est arrivé quelque chose à notre famille américaine. Je me tourne légèrement et étouffe un léger « Papa » avant de recommencer à pleurer de plus belle en m'effondrant dans ses bras. Mon père, mon héros. J'ai toujours été très proche de lui. Complexe d'Oedipe ou pas, je me confie plus facilement à mon père qu'à ma mère, allez savoir pourquoi parce qu'elle est géniale ma mère. C'est de famille. Tous les Ioannis sont comme ça. Du moins ceux que je connais. « C'est les pompiers ? » Me demande mon père, à voix basse. Oh ! Qu'est-ce que j'aimerais que ce soit la caserne qui m'ait appelé pour me dire que je ne pourrais jamais revenir. À vrai dire, vu ce qui va arriver dans les mois à venir, je crois que je peux tirer un trait au marqueur indélébile sur ce rêve. « Non... Je... Je... » Je déglutis et me retire légèrement de l'étreinte de mon père. Je frotte mes yeux et étale le mascara que j'avais sur les yeux. Je dois ressembler à un panda mais je m'en fiche pas mal à ce moment précis. Je m'appuie contre la table du salon et regarde mes parents. « Je suis enceinte de quatre mois... Je sais pas comment c'est arrivé. J'ai eu aucun symptôme, on a toujours fait attention ! » Mon père n'a jamais rien eu contre Oliver mais c'est bien différent pour ma mère. Il faut dire qu'il avait le côté musicien pour amadouer mon père mais ma mère se méfiait de lui tout comme Elias le faisait. Il va me tuer quand il va l'apprendre... Mes parents sont estomachés, choqués mais ne me disputent pas. En même temps, chez nous ça ne se passe pas comme ça. On ne s'hurle pas dessus pour si peu de choses. On aime bien se titiller mais ça s'arrête là, on est soudé et je sais qu'ils vont me soutenir. De toute façon, ce n'est pas comme si je pouvais avorter maintenant. « Je... Je comprends pas. On s'est toujours protégé je le jure ! J'aurais jamais été aussi inconsciente avec lui... Jamais. Puis il y a eu l'accident. Avec la chute que j'ai fais... » Ce bébé défie un peu toutes les lois qui existent. Je me suis fais percuter de plein fouet, j'ai été défigurée jusqu'il y a peu mais non... Il est là. « T'es sûre qu'il est d'Oliver ? » Je dévisage ma mère. Oui, elle a le droit de douter mais coucher à droite à gauche c'est pas mon trip... Plus celui de ma sœur mais je ne dis rien parce qu'elle cache bien son jeu et qu'elle n'a pas demandé à être mêlée à mes problèmes. « Théo s'il te plait... Nos filles ne sont pas des Marie-couche-toi-là » Oui, on est plutôt la Vierge Marie avec un balai dans le cul. Non, peut être pas. « J'ai rien fais avec personne sauf avec lui. Et il va vivre sa vie à New York, tranquillement » Ils savent très bien que j'ai quitté New York dans les quarante huit heures lorsque je l'ai croisé en boite de nuit parce que je ne pouvais pas vivre trop près de lui. Je tiens bien trop à lui pour le voir se pavaner avec tout New York. Et aujourd'hui, je porte son enfant. Je sens mon estomac se retourner à cette idée. Être mère célibataire à mon âge. J'avais pensé à tout sauf à ça... Mes parents ne savent plus quoi dire et moi je pense à tout ce qui va m'arriver : prise de poids, crise de nerfs, un appartement et un vrai métier à trouver, annoncer la nouvelle à mon frère, mes sœurs... Je balise déjà. Sans compter que je porte encore des pyjamas Hello Kitty et que là... Oh mon dieu ! Je porte ma main à ma bouche et cours aux toilettes... Joyeux Noël et bonne année !