damiack ❝ you and i ❞

« Aless' m'attend pas ce soir, je sors » La jeune espagnole me regarde et m'adresse un léger sourire. Je sais que tout cela ne lui plait pas. Je sais qu'elle déteste me voir replonger suite à la réapparition de Nolan. Je le sais mais c'est plus fort que moi. J'ai besoin d'alcool. J'ai besoin de me mettre la race de ma vie. Je ne bosse pas cette semaine et j'en profite pour sortir entre amis, pour faire la fête mais aussi pour boire. Je lui adresse un léger clin d'oeil et sors de l'appartement, short en tissu blanc sur les fesses. Je passe une main dans mes cheveux et tente de les remodeler pendant que je marche vers les escaliers. À deux doigts de sortir, je repasse un coup de rouge à lèvres devant l'énorme glace qu'il y a dans notre entrée. Je n'ai qu'un très léger t-shirt noir, coincé dans mon short, et une petite veste par dessus. On pourrait croire que je suis une traînée mais ce n'est pas le cas, loin de là. Je quitte les locaux de notre appartement sur Camden Town et me dirige vers les métro pour rejoindre Notting Hill et plus précisément Portobello Road et son fameux bar, le Portobello Star. Enfonçant mes écouteurs, je commence à réfléchir à tout ce qu'il se passe depuis quelques temps. Ma sœur vient de débarquer avec ma mère, son futur mari et mes trois futurs demi frères et sœurs. Mon estomac se retourne à cette pensée. Je n'ai aucune envie qu'elle épouse Lioan. Ils sont heureux, certes, je peux le comprendre mais l'aîné du jeune homme n'est personne d'autre que Nolan, mon Nolan, celui qui m'a brisé le cœur il y a deux ans. Celui qui m'a quitté pour surveiller la nouvelle relation amoureuse de son père. Je le déteste. Liloo me ressemble comme deux gouttes d'eau, il savait très bien qui était sa future famille mais il a préféré me le cacher. Je plonge la main dans mon sac à main et en sors une petite fiole de vodka que je bois cul sec avant de la jeter dans une poubelle publique. J'ai l'impression de venir d'avaler une pierre froide. Je déglutis et grimace dès que le liquide commence à me brûler l'œsophage. Je n'ai pas manger ce soir, ni ce midi. L'estomac vide, je ne vais pas faire long feu et je le sais bien. Cependant, cela ne me gêne pas. Bourrée, je ne réfléchis plus à rien et ce n'est pas plus mal.

Il est tard, vraiment tard et je ris à gorge déployée. On dirait une folle. J'apperçoie mon reflet dans une vitre derrière le comptoir et je ris encore plus. Je ne suis plus fraîche du tout et je ne sais pas encore comment je vais rentrer mais ça, franchement, c'est bien le dernier de mes soucis ! Assise à côté de Damian, je lève mon shooter de vodka et le fait tinter avec le sien. Je ris légèrement. « A nos vies de merde mon Dam ! » Dès que je bois un peu trop, j'ai pour habitude de m'approprier tout le monde et de draguer tout ce qui bouge. Bien entendu, Damian ne passe pas à la trappe loin de là. Son physique est loin d'être désagréable et j'aurais bien besoin d'un peu d'affection, juste un peu. Je lui fais mon plus beau sourire avant de boire mon verre d'un coup d'un seul. J'ai l'air pitoyable mais lui aussi est dans un sal état. Son regard est éteint. Je l'ai vu plus souriant. Là, il semble avaler les verres comme un prisonnier boit un verre de poison pour faire stopper son cœur une fois assis sur la chaise électrice. « Damdam, qu'est-ce qu'il y a ? » lui lançais-je, battant des cils comme un agneau. Je pose ma main sur la sienne et fais une petite moue, de quoi le faire craquer. Enfin, normalement. Le jeune propriétaire ne bouge pas et je fronce les sourcils. Aussi peu d'effet sur un homme, c'est bien la première fois que cela m'arrive et j'avoue que cela ne me plait guère, voire pas du tout. Je tente de retrouver mes esprits mais c'est difficile. Je pense à des tas de choses et finit par faire glisser mes doigts le long de son bras. « Ca va pas ? » continuais-je tout en lui faisant mon plus beau regard. Rien de mieux qu'un contact physique pour remonter le moral d'un homme, un vrai. Et puis, rien de mieux pour me soulager, me faire du bien aussi, en même temps. D'une pierre deux coups. Ou zéro.

Un coup de fil, avec un putain de coup de fil il a décidé qu'on ne se verrait plus. Il habite de l'autre côté de l'atlantique, c'est pas comme si on se voyait tous les jours déjà. C'est plutôt une fois tous les six mois, et c'est toujours moi qui doit me bouger pour aller à New York. Je n'ai jamais rien dit parce que je sais qu'il est occupé avec son groupe de musique qui marche vraiment bien depuis quelques années, mais j'aurai bien aimé qu'il fasse le trajet plus souvent que ça pour venir me voir. J'ai déménagé à Londres pour lui. J'ai fait plein de choses pour lui. On était pas un vrai couple. On était pas exclusif, mais ouais, j'étais et je suis toujours amoureux de lui. Je ne lui ai jamais dit, mais je suis sûr qu'il le sait. Il y a des regards, des gestes, des mots qui ne trompent pas. J'étais, et je suis toujours, très attaché à lui malgré la distance. Lui vient de tourner la page. Le pire de tout c'est qu'il me l'a dit parce qu'il vient de décider qu'il serait exclusif avec cette fille. Oui, une fille. Ca me tue de savoir qu'il s'est casé avec une fille. Il est gay à 200%, il ne fait que se voiler la face. Ca fai mieux d'être hétéro quand on est sous le regard du public. Il commence à se faire suivre par des paparazzi et il n'a jamais été complètement ouvert sur sa sexualité. On ne s'est jamais affiché en public et ça c'est quelque chose que j'appréciais. Je n'ai pas peur du regard des autres, mais ma vie privée c'est privée. Je n'aime pas m'afficher aux yeux de tous et ça l'arrangeait bien à lui aussi. Très peu de personne dans mon entourage est au courant de cette relation de 8 longues années que j'ai eu avec lui. Tout le monde me croit célibataire, et que je ne m'amuse qu'avec des aventures d'un soir. Ce n'est pas faux, mais ce n'était pas juste ça. J'avais Mike de l'autre côté de l'atlantique. Maintenant, c'est de l'histoire ancienne.

Ca fait quelques jours qu'il m'a passé ce coup de fil et je n'ai pas encore vraiment réalisé que nous deux c'est fini. Ce soir j'ai remplacé le barman au Portobello Star. Je suis gérant depuis une petite semaine mais j'aime toujours autant être derrière le bar. Un des bons côtés d'être le gérant c'est que tu fais ce que tu veux. L'administration tout ça c'est bien un moment, mais je retourne derrière le bar dès que j'en ai l'occasion. J'ai laissé partir le barman plus tôt et j'ai terminé la soirée avec Jack à boire beaucoup trop, mais elle a l'air d'en avoir besoin, et moi aussi. Je n'ai pas l'alcool joyeux ce soir. On est tous les deux assis au comptoir, une bouteille de whisky devant nous, on se rempli régulièrement nos verres. Je trinque avec elle quand elle annonce « A nos vies de merdes ». Ouais là je ne peux pas la contredire. J'ai le regard un peu dans le vague, l'alcool a bien pris possession de mon organisme. Elle me demande qu'est ce que j'ai, je continue de fixer mon verre alors que je sens sa main sur mon bras. Elle insiste demandant si ça va.

« A nos vies de merde... T'as raison. »

Je prends le verre qui est devant moi et je l'avale cul sec. Je ne réagis pas à ses petites caresses sur mon bras mais je dois avouer que j'aime bien la sensation.

« Tu crois au grand amour ? A l'âme sœur ? »

Voilà que je commence à parler sans réfléchir. Je ne sais pas pourquoi je lance ce sujet, je pense trop à Mike pour mon propre bien.

« Tu crois qu'on le sait quand on a trouvé la bonne personne ? Et si on est pas la bonne personne pour notre bonne personne ? Tu crois que c'est possible ça ? »

Je parle bien trop, mais quand je suis rempli d'alcool je ne filtre plus du tout mes pensées. Tout sort tel que ça me vient dans ma tête. Ca peut mener à des conversations un peu trop poussées. Je ne suis pas doué pour le tact dans ces cas là. Qui l'est en même temps ? Personne. L'alcool change une personne.

« Je pensais que boire me changerait les idées mais on dirait bien que je n'arrive pas à me focaliser sur autre chose. »

Jack n'est pas au courant que j'avais quelqu'un dans ma vie, ou du moins en quelque sorte. Ca risque de lui faire un petit choc de le savoir si jamais je lâche l'info, et il y a des chances que ça arrive. J'ai clairement besoin de discuter, j'aurai du en parler à Juliett au lieu de faire mon fier. Comme si cette rupture ne m'avait pas affecté. Tu parles...