I wanna be drunk when I wake up ♦

J'arrivais dans ce bar, je trinquais à l'écriture avec ce jeune homme là, qui m'avait pris toute mon attention en voulant changer les idées d'un gars un peu désespéré. Nous parlions de nos boulots respectifs, je commentais le sien et lui le mien. Ce n'était pas du tout mon monde, ces bars. J'avais une certaine facilité à aller vers les gens mais je n'avais pas assez la tchatche comme on dit pour mettre l'ambiance derrière un bar. J'étais quand même plutôt réservé bien qu'ouvert pour discuter, rapidement, comme nous le faisions avec ce jeune homme. Lui avais l'air bien différent de moi, je l'imaginais très bien derrière ce comptoir, rien que par le fait qu'il sut me conseiller un verre qui allait bien à mes besoins instantanés. Je descendais les verres un à un. Je tenais très bien l'alcool, en même temps quand on a apprit à boire à Glasgow, ce ne peut pas être autrement. Lui se réservait, en même temps s'il devait travailler le lendemain, il ne fallait pas trop abuser, puis sa carrure n'était pas la même que la mienne, il faut dire que ça joue.

Je reprenais un verre alors que nous parlions de son nouveau job, dans un journal. Je trouvais cela très sympa, surtout que ça avait l'air d'être ce qu'il voulait faire de sa vie, enfin avec une catégorie plus intéressante peut-être mais en tout cas, il était sur le bon chemin. J'étais ravi pour lui, car je sais le bonheur que c'est de faire ce qu'on a envie de faire. Néanmoins, je me refroidis un peu à l'annonce que son boss, avec qu'il n'a pas l'air de bien s'entendre, ait le même nom de famille que moi. Julian. J'étais presque sûr que c'était lui. Londres était vraiment minuscule. Après être devenu ami avec sa petite amie je rencontrais un de ses employés? Je ne savais pas bien ce que Julian faisait de sa vie, car il avait coupé les ponts avec tout le monde et avec moi. Donc qu'il me dise son job ne m'avait pas vraiment aidé. Il fallait qu'il me dise son nom entier. Gagné. Je bus mon verre d'une traite quand il annonça le nom de mon cher cousin pour qui j'étais là. « Oui on peut dire que je le connais, c'est mon cousin. » annonçais-je ensuite. Vu ma descente à cette annonce, il allait deviner que ce n'était pas la folie familiale avec Julian, tout comme ce n'était pas la folie au travail. « On était comme des frères avant, mais il a décidé de prendre un autre chemin. » disais-je pour expliquer un peu mon désarroi face à l'annonce de ce nom, qui fit le contraire que ce qui était prévu au début - ne pas parler de nos tourments qui nous amenaient là.

Il me tendit sa carte que je prenais bien précieusement dans mon porte feuille maintenant. Pour avoir des nouvelles de mon roman, de ce qu'il en pense mais aussi, pourquoi pas, pour le propulser vers d'autres journaux. « Je la garde bien précieusement, peut-être que je peux faire une rencontre qui pourrait te faire avoir un poste plus important... Il n'est pas toujours facile Julian, je suis bien placé pour le savoir. » dis-je en souriant, rangeant mon porte feuille. J'espérais qu'il ne me jugerait pas en sachant qui j'étais par rapport à son boss. Car j'étais tout le contraire de lui en réalité. « Tu bouges pour les fêtes? » demandais-je pour changer de sujet, qui me ramènerait peut-être à l'autre sujet qui m'avait amené ici en fait.

J'ai eu une agréable discussion avec ce jeune homme ce soir. J'étais venu dans ce bar tout à fait par hasard, après un gros blanc sur ma feuille de papier. Je n'arrivais pas à écrire ce que je ressentais, je bloquais instantanément sur Prunille, et sur Julian. Alors, j'avais rencontré là ce jeune homme qui m'avait servi un verre et j'entretenais une discussion agréable. Enfin, il m'apprenait qu'il travaillait sous le patronat de personne d'autre que Julian, mon cousin. Il m'apprenait qu'en effet il avait toujours la tête dure, ce qui ne m'aidait pas dans mon projet de le retrouver. Il m'apprenait qu'ici il était un excellent journaliste, même si toujours un peu têtu et... con. Je lui souriais, un peu moins franchement qu'auparavant, car le sujet sensible revenait sur le tapis, ce sujet qu'on avait voulu éviter.

« Cela vous forgera pour de plus grandes carrières, il faut voir cela comme ça. » dis-je alors très sincèrement alors que je restais troublé dans mon fort intérieur. C'était sûrement la goutte qui faisait déborder le vase, je n'arrivais pas à y croire. Je pense que l'alcool commençait un peu à monter maintenant et que je devais arrêter là. L'annonce que j'étais le cousin de Julian n'avait pas arrangé la chose, il me vouvoyer après m'avoir tutoyer à présent... Je pense qu'il fallait remettre les choses là où elles sont. « Je suis très différent de mon cousin, tu l'apprendras. » lui avouais-je en souriant maintenant plus franchement que je me comparais à lui, aussi pour rassurer mon interlocuteur. Mais rien y faisait, ma tête commençait à aller mal et je sentais qu'il fallait que je rentre, mais je finissais mon verre quand même et clôturais la conversation. « Oui, je pars un jour en Ecosse puis je fais une surprise à une amie, je l'emmène à Paris le 26. Je suis un grand voyageur.» Je lui souris. Je pense en le disant qu'emmener une amie à Paris c'était déjà logique, j'en pinçais pour elle. Il le devinerait sûrement mais je n'étais pas d'humeur à m'analyser. Mais je le remarquais et maintenant que j'avais touché le point sensible de Julian apparaissait Prunille. c'était de trop. Je lui souriais et montrais sa carte. « Je la garde précieusement. Je vais rentrer chez moi, je pense qu'il est temps d'aller se coucher, ça ira mieux demain. » lui informais-je et me dis-je à moi-même aussi. Je me levais et lui serrais la main. « Ravi d'avoir fait ta connaissance, Nate. » lui dis-je alors. Je saluais le barman aussi et sortais de ce bar, après cette conversation et cette rencontre.