as the world falls apart around us (locke)

Le premier souvenir précis de Locke Stjerners remonte à ses sept ans. Il se souvient de la voix de son père qui l’appelait, le tirant d’un sommeil sans rêve. Pas réveillé, il se souvient qu’il s’était rendormi pendant le trajet entre leur maison et l’aéroport. Il ne comprenait pas vraiment qu’il quittait définitivement la Norvège. Enfin, pas forcément définitivement, mais pour de longues, longues années. Il n’arrivait pas vraiment à l’accepter, malgré tout ce qu’on lui avait dit. Dans sa tête de petit garçon, ce n’étaient que des vacances un peu longues, mais qui ne dureraient pas. Après tout, il ne connaissait que ça, la Norvège. Il n’avait encore jamais pris l’avion. C’était un peu avant juillet, et le temps était parfait pour son baptême de l’air. Le trajet s’était passé relativement rapidement, et Locke avait cette fois été incapable de s’endormir. Il avait passé tout son temps à regarder par la fenêtre, les yeux écarquillés pendant plus de la moitié du voyage. Voilà où commençaient les premiers vrais souvenirs du garçon, qui ne se rappelle donc plus vraiment ce qui s’est passé lors de son enfance en Norvège. De toute façon, il s’en fiche un peu.

Arrivé à Londres, dans une ville totalement nouvelle et qui comptait plusieurs millions d’habitants de plus qu’Oslo. C’était un changement plutôt radical dans la vie du gamin, qui, n’étant pas le plus populaire et sociale des enfants du quartier, a mis quelques mois à s’habituer à tout ça. Il en avait voulu à ses parents pendant tout ce temps, alors qu’ils se serraient un peu plus la ceinture que d’habitude. Ses deux parents avaient beau avoir trouvé du travail plutôt rapidement, ils n’étaient pas non plus très riches.

Locke commença d’ailleurs à voler à ses douze ans. Il n’avait pas énormément d’amis, beaucoup de connaissances. Il arpentait les marchés, regardait qui faisait le moins attention à son sac, à ses poches, qui étaient plus intéressés par les étals que par sa propre veste. Le garçon devint très observateur, un peu trop même. Il était capable de feindre parfaitement l’indifférence, de s’approcher discrètement et de s’éloigner sans démontrer la moindre anxiété, le moindre stress. Sa bouille d’ange, son sourire angélique et ses grands yeux marron jouaient en sa faveur, et il n’avait aucun mal à jouer les innocents. Bien sûr, il y avait quelques fois où il s’était fait prendre la main dans le sac, mais il parvenait toujours à s’enfuir en se faufilant dans les rues de la capitale.  

A la fin de ses études générales, son père perdit son emploi. Sa mère faisait vivre seule leur petite famille, et il était impossible pour elle de payer en plus les études de son fils, même si elle l’aurait voulu plus que tout. Ne voulant pas mettre sa famille dans l’embarras, Locke s’arrêta là pour le moment et commença à enchaîner les petits boulots pour aider à la maison. Il avait également décidé de garder de l’argent pour ses études, mais ils ne demanderaient pas d’aide financière chez lui.

Au bout de quelques années, qui lui parurent durer beaucoup trop longtemps, il réussit finalement à gagner assez d’argent pour se payer un petit appartement en colocation tout en continuant ses études. Locke est actuellement un étudiant de deuxième année en histoire, dans le but d’être archéologue, bien que les études soient très longues.