I Believe I can fly

« Je n’aurais jamais imaginée avoir besoin d’un psy vous savez ? » « Vous n’en avez pas forcément besoin. Ça fait du bien quelques fois de pouvoir se confier à quelqu’un. » « J’aurais plutôt pensée que ce serait avec des amis. » « Vous pouvez aussi le faire, je ne vous oblige à rien. » « Je sais, mais je suis venue… »


J’ai toujours voulue avoir une sœur ou un frère. Mais jamais je n’ai eu ce plaisir, jusqu’à ce que j’apprenne que ma mère écrivait à quelqu’un, une femme du nom d'Elliana, qui n’était autre que ma demi-sœur. Elle ne m’avait jamais parlée d’elle. Je ne sais pas, j’ai toujours voulu ne plus être fille unique et elle le savait. Et pourtant, elle faisait comme si elle n’avait jamais eu cette enfant avant moi. Puis, quand je dis qu’elle lui écrivait, ce n’était pas vraiment ça. Les lettres étaient là, les timbres les enveloppes, mais elles n’avaient jamais étés envoyées. Quand j’ai découvert ça, c’était comme si je découvrais quelque chose d’impossible. Oui, c’était impossible, comment avait-elle pu ne rien me dire ? Sur le coup, je me suis demandée si mon père était au courant, j’ai appris plus tard que non, et ça a fait polémique dans la famille. Un dîner familial de noël gâché par les cachoteries de ma mère, un gros coup de gueule de la part de mon père et de la mienne. Je me suis sentie vraiment conne, comment on avait pu ne jamais s’en rendre compte ? Mon père a vite pardonné à ma mère, moi, ça a été un peu plus difficile. Puis je suis partie à Londres, car si cette Elliana était encore dans sa ville de naissance, c’était là que je pourrais la retrouver. Bien sur, avant, j’avais fait des recherches, ma mère m’avait donnée des informations, autant sur le père que sur cette sœur inconnue, dont je ne connais que le prénom, et ça fais trois ans que je cherche.


« Et ça vous fait quoi d’avoir une sœur ? » « Je ne sais pas, je ne la connais pas, je ne l’ai jamais vue, j’n’ai toujours pas l’impression que c’est vrai. Je ne peux même pas dire que c’est un rêve, parce que savoir que ma mère l’a abandonnée puis m’a eu quelques années après sans m’abandonner en retour… ce n’est pas joyeux. Un rêve c’est censé être heureux, non ? » « Ça dépens du point de vue dans le rêve. »


Je n’arrive pas à imaginer cette sœur, je ne fais qu’imaginer une personne sans visage, aux cheveux blonds. Je ne vois que des cheveux blonds, pour moi, c’est impossible qu’elle n’ai pas les cheveux de notre mère. Puis, conter sur ma mère pour me décrire son visage, ce serait trop facile. Elle l’a laissée alors qu’elle n’avait que quelques mois… ça change en 25 ans, un bébé de trois mois.


« Que s’est-il passé quand vous êtes arrivée à Londres ? » « Rien. » « Vous avez raconté à quelqu’un cette histoire de demi-sœur ? » « Oui, mon meilleur ami. » « Vous le connaissez depuis Londres ? » « Non, bien avant en fait, il était mon professeur de Littérature à la FAC. » « Vous le voyez toujours ? » « Oui bien sur, il m’a suivi à Londres, il est mon colocataire ! » « Vous voulez dire qu’il a quitté son travail à votre ancienne FAC pour vous suivre ? » « Non, c’est bien plus compliqué que ça...»



En fait, Ron -il s’appelle Aaron mais pour moi ce sera Ron- s’est fait virer pour relation avec une élève de sa classe. Bien sur ce n’est pas moi, et il en avait l’habitude, c’est juste que cette fois là, ça a pris des proportions qu’il n’aurait jamais imaginé. Il avait l’habitude de rompre avec ses élèves une fois que ça devenais trop sérieux, la dernière n’a pas supportée la rupture, et elle a commencée à en parler partout autour d’elle. La police à été mise au courant, les parents aussi, puis les anciennes petites amies ont étés interrogées par la police… Ron a été viré, c’était un bon professeur, et toutes les élèves étaient majeures, il n’avait rien fait de mal, et même si pour les parents c’était grave, les juges n’ont rien pris en conte. Ron en a profité pour me rejoindre à Londres une fois la fin de son procès annoncé. Ça aura quand même pris six mois pour que cette affaire soit réglée.


« Votre relation avec lui ne se résume qu’à une simple amitié ? » « Je… je ne sais pas. Peut-être que c’est plus, moi je ne vois que de l’amitié… » « Il vous a aidé à chercher votre sœur ? » « Non, enfin oui et non, il cherche lui aussi, de son coté mais avec son travail il a moins de temps. » « Mais vous aussi vous avez un travail. » « Oui… mais moi quand les enfants dorment, je peux toujours continuer de chercher, ou quand je n’ai pas à m’occuper de l’uns d’eux dans la journée. » « Votre vie se résume à rechercher votre sœur ? » « Non… J’ai mon petit job pour l’instant, et j’en cherche un nouveau maintenant pour enseigner dans une école primaire. » « Mais votre vie personnelle ? » « Ma vie personnelle ? Je n’y pense pas. Je vois mes amis tous les Week-End, puis j’ai Ron. » « Il ne s’est jamais vraiment rien passé avec Ron ? »


Si en fait… Lors d’une soirée, il y a quelques semaines, j’ai embrassée Ron, mais c’était involontaire, puis j’avais un peu bu, et lui aussi. Bien sur, depuis, il y a une petite tension entre nous deux, j’ai plus de mal le matin à ne venir dans le salon qu’en pyjama, je ne préfère rien tenter. Puis, lui aussi, on continus de parler un peu, mais il est distant. Je pense qu’il ne veut pas que nous deux ça évolue, et moi non plus. Je ne crois pas le vouloir. Puis, mes amies me disent que je parle beaucoup de lui. Je me dis que c’est juste parce qu’il est très important dans ma vie, c’est vrai, il a toujours été là, il a été mon professeur pendant deux ans, puis maintenant on vit ensembles. En fait, c’est le Week-End que tous bascule, surtout depuis la soirée. On s’engueule pas mal le Dimanche soir par exemple. Je me sens obligée de partir, on va dire qu’il est très occupé avec ses amies, une nouvelle chaque samedi. C’est comme si au lieu d’enseigner il cherchait dans ses collègues ou dans les transports en commun de nouvelles amies. Je me dis qu’il ne devrait pas, et je lui dis. Il pourrait toujours recommencer à fréquenter ses élèves, sauf que là, l’administration l’a à l’œil. Ils surveillent presque tous ses faits et gestes, il me dit que tous les mois un inspecteur viens dans sa classe pour voir comment ça se passe, sauf que cet inspecteur interroge toujours les demoiselles présentes aux cours de Ron. D’ailleurs, je ne serais pas étonnée de savoir que celles-ci ne diraient pas non à fréquenter le « blond sexy » -On va dire que quand je vais chercher Ron dans sa classe quelques fois, j’entends quelques échos… -. Ron en rigole quand je lui en parle, et ça me met toujours hors de moi. C’est de là que viennent nos engueulades le plus souvent. Nos amis disent qu’on dirait un vieux couple.


« Donc entre vous c’est ça toutes les semaines ? »« Environ oui, des fois heureusement non, et tout se passe bien… » « Bien, je crois que la séance est terminée. Vous reprendrez… » « Je ne reprendrais pas de séance. » « Bien. Au revoir dans ce cas. » « Bonne journée. »