"Fermeture" de London Calling
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Nathanael E. Keynes
Nathanael E. Keynes
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() message posté Mar 30 Sep 2014 - 19:02 par Nathanael E. Keynes
Dimanche 28 septembre

Je hais ces obligations. Et la plupart du temps, j'arrive à me faire porter pâle. A prétexter mon boulot - même quand c'est pas le cas. A mettre en avant un besoin de repos certains après des périodes de bouclage. N'importe quoi pour éviter d'être... ici. Au milieu d'un tas de pingouins endimanchés, obligé de porter un de ces costumes qui me donnent l'air ridicule - parce que j'ai encore plus l'air d'avoir dix-sept ans et de porter les fringues de mon père pour faire genre que d'ordinaire - et de sourire à de parfaits inconnus - et de parfaits hypocrites, aussi. Je déteste ce monde, je l'ai jamais aimé, et de voir que mon paternel y est comme un poisson dans l'eau n'aide sans doute pas. Sérieusement, mais qu'est-ce que je fous là ?

Maman fait genre, mais je vois bien les si nombreux regards qu'elle jette en ma direction. Elle a jamais complètement fait partie de ce monde non plus, elle suit mon père pour sauver les apparences. Un jour, il faudrait que j'arrive à obtenir quelques réponses, mais à chaque fois que je tente de lui demander ce qu'elle aurait fait, si elle n'avait pas connu mon père, ce qu'elle rêvait d'être quand elle était petite, elle élude. Comme si j'étais encore un enfant pour qui on doit sauvegarder les apparences de famille parfaite. Pourtant elle sait très bien qu'elle peut garder ça pour les autres, que moi, j'en ai absolument rien à carrer, de l'image qu'on devrait donner. Moi, je voudrais juste qu'elle soit heureuse, parce que c'est sans doute celle qui m'a toujours le plus aimé dans cette foutue famille, et qui a au maximum tenté de me soutenir, même quand je lui facilite pas la tâche. Je voudrais qu'elle soit heureuse en retour, mais je suis presque certain que c'est pas le cas, quoi qu'elle en dise, et depuis bien longtemps. Mais "mon père subvient aux besoins de la famille", et je n'ai pas le droit de cracher sur ça. Si ça n'était pour elle, pourtant, il y a bien longtemps que je n'aurais plus aucun lien avec lui, et surtout pas de dépendance financière.

J'ai levé mon verre en sa direction, un des nombreux que j'ai eus en main ce soir, et pour cause. La seule chose que je trouve de positive à ce genre de réception, c'est la qualité des petits fours et alcools proposés. Je prendrais bien la place des mecs derrière le bar, mais je me ferais lyncher dans la seconde. Pourtant c'est pas l'envie qui manque parce qu'il y en a un qui débute et que les autres laissent complètement à l'abandon, sous les remontrances des hauts dignitaires guindés qui vont râler dans leur coin. Résultat... C'est de son côté du bar que je me tiens, appuyé à un mur, en attendant que le temps passe et que je puisse prendre congé sans heurt. Et de temps en temps, je lui souffle quelque conseil. Les deux ou trois premières fois, il a pas trop osé suivre ce qu'un des invités pouvaient dire, mais à force de remarques de certaines ladies aigries, il a fini par jeter un regard implorant dans ma direction, et j'ai repris mon rôle de souffleur. Le plus discrètement possible, histoire de pas lui attirer d'ennui à lui, et qu'un certain M. Keynes me tombe pas dessuis dans trois minutes non plus. N'empêche, je me demande à quoi ça lui sert que je sois là, à part faire genre il a une parfaite famille - ce qui est complètement faux. Il a jamais été fier de sa progéniture en réalité, pourtant devant ses collègues, je sais bien qu'il ne cesse de vanter les mérites de son futur journaliste de fils. Et si je le devenais jamais vraiment, tu ferais quoi, hein ? Si ton futur journaliste émérite de fils se pointait derrière le bar et commençait à jouer avec les bouteilles, là, tu ferais quoi ? C'est bien parce que je ne doute pas une seconde que Maman tenterait de prendre ma défense et que je refuse qu'elle soit mêlée à ça et prise à partie que je ferme ma gueule et reste tranquillement dans mon coin. Et quand on demande un cosmo au petit gars à un petit mètre de moi qui se rapproche de moi, je souris légèrement et le guide l'air de rien, en sirotant ma coupe de champagne comme si je lui faisais simplement un brin de conversation. Seul intérêt notoire de cette soirée donc. Ca s'annonce assez long...
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() message posté Jeu 9 Oct 2014 - 19:15 par Invité

Le hasard fait bien les choses
Nathanael & Fergus
Soirée officielle. Détours officieux. Le Premier Ministre devait y participer. Et étant donné que je suis, officiellement du moins, l’assistant de Monsieur, je me trouve dans l’obligation de m’y rendre moi aussi. Non pas que cela me gênait. Je dois admettre adorer observer – « espionner » dirait mon patron – les aristocrates en train de piailler. Comme des poissons dans l’eau qui s’efforcent de ne pas paniquer dès qu’un plus gros poisson nage dans leur direction. Dans mon cas, on parlerait plus de « requin » que de poisson. Sans les mépriser, car je savais me faire discret quant à mes véritables intentions et sentiments, je ne faisais pas partie de leur monde. J’étais guindé, certes, chic à l’allure, un comportement type, même ma voix grave et portante s’ajustait parfaitement au milieu. Sauf qu’intérieurement, je n’étais pas aussi hypocrites ni avares que ces gens-là. Mais allons, il ne s’agit pas de moi ici. Le Premier Ministre avait un discours important à présenter, discours auquel j’avais éminemment contribué, et le temps presse. Pour l’occasion, je n’avais pas mis moins de deux heures à me préparer. Un smoking tout ce qu’il a de plus neutre. Costume noir donc, chaussures noires, cela va de soit, chemise blanche avec pour seul trait de couleur, un nœud papillon couleur mauve. La couleur qui se mariait volontairement aux motifs colorés du veston du Premier Ministre. Quelques gouttes d’un parfum boisé enivrant, ma montre au poignet ainsi qu’une bague dont je ne me séparais jamais, un dernier regard vers mon reflet, et je quittai enfin mon appartement luxueux de Brixton, pour me rendre, au volant de mon Aston Martin noire, à la soirée.

A mon arrivée, pile à celle prévue du Premier Ministre, nous nous serrons la main, et nous forçons à sourire devant la huée de journalistes qui a fait le déplacement pour l’occasion. Leurs flashs m’avait pratiquement rendu aveugle lorsque les portes se sont refermées sur nous, et que je pus enfin, une heure plus tard, laisser le Premier Ministre à ses gens, pour aller chercher un verre au bar. A ce propos, un numéro attirait mon attention depuis une bonne dizaine de minutes. Vous connaissez celle du serveur qui tend l’oreille et manque de tout renverser ? « Bonsoir. Double scotch sans glaçon, je vous prie. » commandai-je au jeune homme élégamment vêtu, appuyé contre le mur. L’aurais-je surpris ? N’était-ce pas lui qui jouait les barmans depuis plus d’une heure ? Un sourire prend peu à peu place sur mes lèvres, signe que je ne faisais qu’un brin d’humour. Evidemment que ce petit n’était pas serveur. Trop …éduqué. J’ai l’œil pour ce genre de choses.
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Ven 10 Oct 2014 - 7:45 par Nathanael E. Keynes
« Bonsoir. Double scotch sans glaçon, je vous prie. »

Une voix grave et posée a attiré mon attention, alors que je jetais encore un coup d'oeil au serveur plus jeune que moi - autant dire qu'il était vraiment très jeune - et sirotait ma coupe et j'ai tourné la tête vers l'origine de ces propos, pourtant habituels pour moi, mais... Pas dans ce cadre, dirons-nous. Celle-là, je l'ai effectivement pas vue venir, et une seconde de surprise passée, ce sont ses yeux rieurs et son sourire qui en font naître un sur mes lèvres. A moins d'être vraiment de très mauvaise humeur - ce qui implique généralement une idée à la con de et/ou une engueulade avec mon paternel, ou un gros souci au niveau du groupe, et on en est pas encore là ce soir - je suis pas vraiment du genre à prendre ce genre de chose de travers, bien au contraire. C'est pas comme si j'avais pas tendance à asticoter un peu les gens de mon côté, le reste du temps, non plus. Je vois bien qu'il fait de l'humour, tout comme je comprends, donc, que cet homme-là est manifestement plus observateur que l'ensemble de l'assistance.

« Ca serait avec plaisir, mais ce n'est pas moi qui suis derrière le bar ce soir, Monsieur... ? »

Oui, oui, je viens bien de sous-entendre que d'autres soirs, c'est bel et bien ma place. Et puis ? C'est la vérité, et s'il n'est pas content, l'autre là-bas, c'est pareil. J'avoue que je guette un peu la réaction de mon interlocuteur, cependant. Un instant seulement, cela dit, et je me tourne vers le petit serveur paumé qui me regarde en se demandant s'il doit répondre à la demande qui m'a été faite ou non, l'encourage d'un signe de tête. Bah quoi, il a juste pas demandé à la bonne personne, mais il va bien prendre un verre, non ? Puis si c'est pas le cas, c'est pas vraiment grave, il sera pas perdu pour tout le monde ce verre. En attendant, j'espérais qu'il se présente, mais la moindre des choses, ce serait sans doute de commencer par le faire moi-même et tout en lui tendant la main, ma coupe étant habilement passée dans ma main gauche, je reprends la parole.

« Nathanael Keynes. Enchanté. »

Keynes, comme le paon là-bas qui se gausse de bosser à l'ambassade en France et revient ici que pour parader, ouais. Mais on passera sur la filiation dont je tire pas vraiment de fierté, hein... Je rajouterais bien que la plupart des gens m'appellent Nate - sauf l'autre là-bas - mais dans ce milieu-ci, c'est pas forcément l'idée du siècle, alors je m'abstiens. Cela étant, je peux pas m'empêcher de me demander quelle est sa position réelle à ce type, parce que son visage me semble trop familier pour que je ne l'aie pas déjà vu un certain nombre de fois. Dans d'autres occasions de ce genre, donc. Et tout comme il était assez proche du Premier Ministre ce soir, c'était bel et bien dans son entourage qu'il se trouvait précédemment - sauf si ma mémoire me fait défaut, mais il faut admettre que c'est assez rare. En tous les cas, je n'oublie jamais un visage, et le sien, donc n'échappe pas vraiment à la règle...
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