(✰) message posté Sam 28 Juin 2014 - 20:56 par Invité
Ca fait trois heures que je suis allongé dans mon canapé à regarder la télé. Envie de rien faire aujourd’hui, c’est ma journée de repos. Ma mère m’a appelé tout à l’heure mais je n’ai pas pris la peine de lui répondre. Elle m’appelle bien trop souvent ces derniers jours. Il faudrait que j’aille faire un tour chez elle un peu plus tard si j’ai la motivation de sortir de mon canapé. Juste pour vérifier si elle manque de rien. Je sais qu’elle sait très bien s’occuper d’elle toute seule, mais aller faire des courses avec elle et lui prendre les trucs qui sont lourds à porter, ça lui filerait un bon coup de main.
Mon film se termine, je regarde ma montre, 17h, j’ai vraiment rien fait de ma journée. C’était prévu, mais j’ai quand même l’impression d’avoir gâché une journée. Je me rattraperai demain, et ce soir. Je me lève pour aller me prendre à boire dans la cuisine et je jette un coup d’oeil par la fenêtre. Je ne vois pas la voisine d’en face, je regarde l’heure qui est noté sur le micro onde et je réfléchis un instant. C’est assez rare que je ne la vois pas chez elle à cette heure ci. Je me prends un soda et je retourne dans mon canapé, cogitant toujours un peu sur ma voisine d’en face. Je ne la connais pas vraiment, enfin, du moins, je ne connais d’elle que ce que je peux voir par la fenêtre. Je sais qu’elle est en fauteuil roulant, donc ça doit pas être drôle tous les jours. Elle est souvent de sorti les matinées, mais c’est pas le cas les après midis. Il est vrai qu’elle a peut être tout simplement quelque chose de prévu aujourd’hui, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est étrange. Je zappe un peu la télé, installé dans mon canapé, mais je n’ai plus la tête à ça. Je me lève de nouveau pour aller dans la cuisine afin de regarder de nouveau chez elle, si je l’aperçois. Je décide de passer dans ma chambre pour peut être voir un peu plus de cet angle là, mais non, toujours rien, aucune voisine en vue.
Je m’inquiète sûrement pour rien mais je décide d’aller voir quand même. Je me change, pour me mettre quelque chose de plus présentable que le vieux caleçon que je portais. Un jeans et un tshirt, ça fera l’affaire. Je prends mes clés et mon portable, puis je sors de l’appart’. Je descends de l’immeuble et je traverse la rue pour atteindre le sien. Je ne sais pas son nom, alors je décide d’attendre un peu que quelqu’un entre ou sort de l’immeuble. Je n’ai pas longtemps à attendre, j’entre et je monte jusqu’à son étage, et là je réfléchis à quel appartement cela peut être, en fonction de la disposition des fenêtres sur l’immeuble, je compte les portes qui sont dans ce couloir et je tente ma chance en sonnant à une première porte. Une ville dame ouvre la porte mais je sais déjà que ce n’est pas le bon appartement.
« Désolé, je me suis trompé d’appartement. Bonne journée madame. »
Poli, toujours. Je vais à la porte d’à côté, ça ne peut être que celle là maintenant. Je sonne à la porte, puis je toc aussi en même temps. Je mets mon oreille sur la porte pour voir si j’entends du bruit. On sait jamais si elle est tombée de son fauteuil, elle ne pourra sûrement pas venir m’ouvrir la porte, mais moi de mon côté je pourrais appeler les secours.
« Y’a quelqu’un ? Tout va bien ? »
Je parle un peu fort, car cette fois, je suis sûr que c’est le bon appartement, et pour une raison que je ne connais pas, j’ai un mauvais pressentiment. Je sonne encore une fois, je suis assez insistant. J’espère avoir une réponse, ou un signe de vie. Je m’emballe sûrement pour rien. En tout cas, je l’espère.
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(✰) message posté Dim 29 Juin 2014 - 22:42 par Invité
are you going to age with grace? are you going to leave a path to joins? but oblivion is calling out your name. you always take it further than i ever can. ✻✻✻ Je poussai un soupir en observant le plafond de ma chambre, détaillant la peinture qui s’écaillait doucement. J’aurais aimé être capable de montrer sur un tabouret pour la refaire. Ou bien pour changer de couleur l’intégralité de la pièce. Ou encore pour coller, aux endroits abimés par le temps, ces étoiles qui brillaient dans le noir. Mais cela n’était pas possible. Je retins un second soupir et me contentai de mordiller l’intérieur de ma joue avec anxiété. Il y avait tellement de choses que j’aurais aimé faire. Tellement de choses auxquelles je me devais de ne plus penser. Je finis par passer sur mes yeux mon masque de sommeil, avant de fermer mes paupières, cherchant un certain réconfort dans la quiétude de ma chambre. Il ne devait qu’être deux heures de l’après-midi, mais cela ne m’empêchait pas d’être littéralement épuisée. Il ne devait qu’être deux heures de l’après-midi, mais j’avais rejoint mes couvertures avec beaucoup plus de précipitation que nécessaire. J’avais beau m’acharner à tenter de vider mon esprit, des images de ma séance d’entrainement de tennis fauteuil du matin même venaient me frapper. Les douleurs dans les muscles de mes avants bras me rappelaient tous les efforts – vains – que j’avais bien pu fournir. Les exclamations de mon entraineur me chatouillaient de nouveau les oreilles. Il me trouvait bien trop découragée. Il me trouvait bien trop pessimiste. Il s’acharnait à me répéter qu’avec mon défaitisme, je m’empêchais toute seule d’accomplir de grandes choses. Il avait osé me dire que je refusais d’être heureuse. Que je refusais de réussir. Que je refusais de me battre. Mais qui était-il pour me dire ça ? Qui de nous deux était encore sur ses deux jambes ? Lui. Il ne pouvait pas se permettre de prétendre pouvoir se mettre à ma place. Il ne pouvait pas se permettre de faire semblant de comprendre ma situation. Je finis par m’assoupir, tombant dans un sommeil agité de bribes d’images de mes plus profonds souvenirs. Le temps passa sans doute bien trop vite ; après avoir retiré mon masque de nuit, j’ouvris les paupières sur mon réveil, qui affichait en lettre rouges sang seize heures quarante-six. J’avais sans doute trop dormi. Mais peu importe. Je faisais partie de ces personnes avec un sommeil de plombs ; rien ni personne ne pouvait me tirer de mes songes lorsque je m’étais enfoncé trop loin dans ma fatigue. Je passai une main sur mes yeux avant de finalement attraper la poignée de potence au-dessus de mon lit, cherchant des yeux mon fauteuil roulant. Mon cœur s’affola lorsque je me rendis compte qu’il n’était pas là où je l’avais laissé, et je balayai du regard ma chambre en constatant qu’il avait bel et bien disparu. Mon sang ne fit qu’un tour. Un seul. « THEO ! » hurlai-je dans tout mon appartement sans obtenir ne serait-ce qu’une seule réponse. « THEODORE LANCASTER VIENS ICI TOUT DE SUITE ! » Redressée sur mon lit, je tentai d’observer le couloir à l’extérieur de ma chambre. Aucun son ne me parvint ; l’appartement était vide. Une fois n’était pas coutume, mon demi-frère avait sans doute trouvé bon de m’emprunter mon fauteuil roulant pour s’amuser avec, avant de le délaisser dans un coin en oubliant de me le rendre et de repartir. Je me mis à trembler de rage ; mes doigts se crispèrent autour de la poignée qui me maintenait redressée, et je finis par la lâcher et basculer en arrière, m’enfonçant dans mon oreiller. Bien entendu, ma sœur n’était pas à la maison. Bien entendu, mon téléphone portable se trouvait encore sur la table du salon. Bien entendu, j’avais laissé mon ordinateur portable sur mon bureau. Je poussai un soupir rageur, tapant mon matelas du bras. Mon cœur battait si vite. Mes pensées défilaient sans cesse dans mon esprit. Qu’avais-je comme solution, à part attendre ? Je pouvais toujours tenter de ramper jusqu’au salon en priant pour que mon fauteuil se trouvait là ; cependant, je m’étais surprise à le faire une fois, et jamais plus je ne voulais recommencer. Le pire dans tout cela était que j’avais envie d’aller aux toilettes et que, peu à peu, je sentais ma vessie gonfler jusqu’à n’en plus pouvoir. Les minutes défilèrent si lentement que je me demandais à plusieurs reprises si le temps ne s’était pas tout simplement arrêter. Je tentai de trouver un intérêt dans chaque objet pouvant bien se trouver dans ma chambre, sans grand succès – je me surpris plusieurs fois à perdre patience et à me mordre l’intérieur de la joue jusqu’au sang. J’avais décidé de tuer mon demi-frère la prochaine fois que j’aurais à le croiser. Ou bien à lui couper les jambes pour qu’il ait enfin une raison pour me voler mon fauteuil roulant. Perdue dans mes délires de vengeance, je sursautai lorsque j’entendis la sonnette de chez moi retentir. Je fronçai les sourcils. D’ordinaire, je faisais souvent semblant de ne pas être là ; cependant, dans cette situation, j’avais une bonne excuse pour ne pas venir ouvrir la porte. « Y’a quelqu’un ? Tout va bien ? » demanda une voix. Je me figeai, comprenant qu’à moitié. Etait-ce un quelconque dieu qui m’envoyait du renfort pour m’aider à atteindre les toilettes ? Ou bien était-ce une sorte de messager destiné à venir me prêter une main forte ? Je n’en avais aucune idée. Cependant, j’étais bel et bien résolue à ne pas laisser cette chance me filer entre les doigts. « Il y a une clef sous le paillasson ! » lançai-je, espérant que j’avais parlé suffisamment fort pour que la personne parvienne à m’entendre. « Un coup de main ne serait vraiment pas de refus. » Je ne savais pas de qui il s’agissait. Mais cela m’importait peu : j’aurais été bien incapable de patienter plus longtemps ainsi coincée dans mon propre lit, la vessie pleine, et toute forme d’aide était la bienvenue. Tant pis pour mon ego. Pour ma fierté personnelle. Ils s’étaient volatilisés à l’instant même où mon frère avait emporté mon fauteuil dans son sillage.
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(✰) message posté Sam 5 Juil 2014 - 21:01 par Invité
Quand j’entends sa voix de l’autre côté de la porte, mon coeur bat encore plus vite. J’avais raison. Quelque chose n’était pas normal, elle a besoin d’aide. Je me sens soulagé d’avoir céder à ce mauvais pressentiment. Et si je n’étais pas venu au final ? Je préfère ne pas y penser, je ne sais toujours pas ce que je vais avoir sous les yeux une fois le pas de la porte franchi. Elle dit qu’elle a besoin d’aide, je m’imagine tout un tas de scénario dans ma tête, dans quel état je vais la retrouver, par terre sûrement, mais dans la douche ? Sur le sol de la cuisine ? Dans sa chambre ? Est-ce que je dois m’attendre à voir du sang ? Non, sûrement pas, elle a l’air d’aller bien, enfin, elle parlait très clairement de ce que j’ai entendu, je pense qu’elle va bien. J’espère.
Je prends la clé qui est sous le paillasson comme elle me l’a indiqué et j’entre dans l’appartement. J’appréhende un peu, mais j’y vais.
« Vous êtes où ? »
Je m’arrête dans l’entrée, fermant la porte derrière moi, attendant d’entendre sa voix de nouveau pour me diriger vers la bonne pièce. J’arrive dans sa chambre et je la vois dans son lit. J’hausse les sourcils, je ne m’attendais pas à la voir « bloqué » comme ça.
« Hem… Bonjour… »
Je suis soulagé tout en étant perplexe. Je la regarde, je ne l’avais jamais vu de près comme ça. Elle est vraiment jeune et très jolie. Je suis gay mais je n’ai aucune difficulté à reconnaître si une femme est jolie ou non, du moins, selon mes goûts. Ca me fait penser que j’ai pensé à me changer pour ne pas venir en caleçon, mais je n’ai pas pris le temps de me coiffer. Ma coiffure doit être horrible. C’est assez rare que je sorte de chez moi sans même me regarder dans le miroir avant. Aujourd’hui dirons nous, c’était un cas d’urgence. Oui, disons ça comme ça. Je ne compte pas sortir après de toute façon. Je rentrerai directement chez moi.
« Je m’attendais pas à te trouver dans ton lit… »
Je vais lui faire grâce tous les scénario qui me sont passés par la tête. Je n’ai pas envie de passer pour un pitre. On ne se connait pas et je ne sais pas trop si ce serait bien vu de faire des remarques de la sorte. Je n’ai pas envie qu’elle pense que je suis venu « juste pour ça ». Je ne veux pas qu’elle pense que la position dans laquelle elle se trouve ne valait pas que je vienne. Car oui, elle est contente que je sois là, je la sauve de son lit. Pas encore, mais je vais le faire.
Je réfléchis un peu et je me rends compte qu’il n’y a pas son fauteuil roulant dans les parages, c’est sûrement ce qui a dû la bloquer dans son lit. Je la tutoie naturellement, c’est un peu comme si je la connaissais depuis le temps que je la vois évoluer dans son appartement depuis le mien. C’est un peu du voyeurisme mais n’empêche que si je n’avais pas été là aujourd’hui, personne ne sait combien de temps elle aurait pu rester coincé dans son lit.
Je sais pertinemment qu’elle peut vivre toute seule de manière indépendante quand elle a son fauteuil. Je l’ai vu faire assez souvent. Il suffit que je lui rende son bien et elle sera libéré de son lit. Je n’attends pas qu’elle me parle de son fauteuil, je prends les devants.
« Je vais chercher le fauteuil. »
Enfin, je suppose qu’il est dans le coin, quelque part dans l’une des pièces de cet appartement.
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(✰) message posté Ven 11 Juil 2014 - 0:07 par Invité
are you going to age with grace? are you going to leave a path to joins? but oblivion is calling out your name. you always take it further than i ever can. ✻✻✻ Ce genre de situations ne faisait que me rappeler que je n’étais pas complètement indépendante. Ce genre de situations ne faisait que me rappeler que je ne pouvais pas me débrouiller toute seule. Je me sentais bouillonner de rage en pensant à mon demi-frère ; cela n’était pas la première fois qu’il venait me dérober mon fauteuil roulant dans mon sommeil, cependant, d’ordinaire, il y avait toujours quelqu’un à l’appartement pour venir me le rendre. Ou pour simplement me porter jusqu’au canapé en attendant qu’il revienne de sa balade dans les rues de Londres. J’aurais pu pleurer, aussi ; pleurer de panique, pleurer de colère, pleurer d’exaspération. Cependant, mes yeux demeuraient inlassablement secs, et je me surprenais à tenter de trouver une occupation dans toutes les choses qui pouvaient bien se trouver à ma portée. Il y avait mes feuilles de cours, là, qui attendaient patiemment que je les feuillette bien qu’il soit déjà trop tard pour que je réussisse mon année. Il y avait mes CD, mes DVD, toutes ces choses que j’avais bien pu ramener de chez ma mère lorsque j’avais été envoyée là-bas pour me remettre doucement de mon accident. Puis, aussi, il y avait les dossiers que j’avais bien pu faire sur des personnes de mon passé, des dossiers avec toutes les recherches que j’avais bien pu faire. Les voisins d’en face de chez ma mère. Les têtes de classe au lycée. Les sœurs des filles populaires en classe. Cela ne me servait plus, mais j’attachais bien trop d’importance à mes anciennes ambitions de devenir détective pour la police. Aujourd’hui, cela n’était simplement plus possible, et les diverses feuilles que j’avais bien pu récolter au cours de ma scolarité ne faisait que prendre la poussette. J’étais contrainte d’observer cela depuis mon lit, coincée dans mes propres draps. Je ne m’étais pas attendu à ce que quelqu’un arrive. Je ne m’étais pas attendue à entendre quelqu’un frapper. Dans mon esprit, seule une poignée de personnes devait se souvenir de mon existence ; si je venais à disparaître, je ne manquerais qu’à quelques âmes parmi des milliards d’autres. Alors, forcément, mon rythme cardiaque s’accéléra tandis que je répondais à l’inconnu qui attendait derrière ma porte d’entrée. Son ton inquiet me sous-entendait qu’il avait peur qu’il se soit passé un drame entre les murs de mon appartement. Tout du moins, je le pensais. Je l’interprétais de cette manière. Au fond, cela aurait quand même pu être un cambrioleur, une personne malveillante, mais je m’en fichais ; ma solitude me faisait si peur que j’étais bien incapable de demeurer silencieuse et d’attendre quelqu’un que je pouvais bien connaître. Je patientai quelques instants, le temps que la personne finisse par mettre la main sur la clef dont je venais de lui parler. Je l’entendis dans la serrure, puis la porte d’entrée s’ouvrit. Je poussai un soupir, à demi-soulagée. « Vous êtes où ? » me demanda la voix masculine. Je n’entendis aucun réel accent dans ses paroles, et cela me confirma que je ne connaissais pas l’homme qui me parlait. « Dans la chambre, deuxième porte sur la gauche. » répondis-je. J’aurais sans doute l’air ridicule, à moitié redressée sur mon lit, coincée à cause de mes jambes qui refusaient de bouger. Je déglutis avec difficulté, sentant ma respiration s’emballer. C’était trop tard, après tout. J’avais rangé ma fierté dans un coin de mon être. Et si c’était un cambrioleur, il pourrait nous voler sans que je puisse y faire quoi que ce soit. « Hem… Bonjour… » L’homme finit par arriver dans ma chambre, et j’eus un sourire en coin en le reconnaissant. « Je m’attendais pas à te trouver dans ton lit… » Je ne pus m’empêcher de rire nerveusement. Si je ne l’avais jamais réellement rencontré, j’avais quand même l’impression de le connaître depuis toujours. Après tout, j’avais l’occasion de l’observer tous les jours à travers ma fenêtre. Mon sourire s’agrandit, et je passai une main sur ma bouche pour masquer mon amusement du mieux que je le pouvais. Savait-il seulement que je l’avais déjà vu nu ? Ou que je connaissais sans doute une grande partie de sa vie sexuelle ? Il n’avait strictement rien à craindre de moi – j’étais simplement une demoiselle en fauteuil roulant qui s’amusait à l’observer par sa fenêtre, après tout. Du pur et simple voyeurisme. Cependant, j’étais satisfaite de constater qu’il était encore plus séduisant de près que de loin. « Je vais chercher le fauteuil. » finit-il par me dire, et je revins sur Terre. J’hochai la tête. « Merci beaucoup. » lui répondis-je. J’attrapai la poignée de potence au-dessus de mon lit pour me redresser et l’observer. Je finis par me demander comment il avait bien pu se rendre compte qu’il y avait un problème. Je fronçai légèrement les sourcils, avant de me racler la gorge. « Regarde du côté du salon, c’est là que mon demi-frère le laisse… Par contre il est fort probable qu’il soit sorti avec pour se faire passer pour un handicapé. » lui annonçai-je en secouant la tête. « Si c’est le cas je risque d’avoir encore besoin de ton aide. » Je lui adressai un petit sourire désolé. Cela m’intriguait. Je l’avais toujours observé depuis ma fenêtre, mais j’avais toujours été persuadée qu’il ne connaissait pas mon existence. Que cela avait toujours été dans un sens. Mais, après tout, cela ne serait pas la première fois que je me trompe après tout. « Merci, en tout cas. Je ne sais pas si tu as un sixième sens pour avoir détecté qu’un truc allait de travers, mais je pense que j’aurais attendu encore longtemps si tu n’étais pas venu. » Il n’avait pas encore remis la main sur mon fauteuil, mais peu importe ; il m’avait déjà sauvé de la solitude, et c’était déjà un immense pas en avant, après tout.
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(✰) message posté Dim 20 Juil 2014 - 11:50 par Invité
Elle est dans la chambre, elle m’indique où exactement, je me dépêche et je la trouve dans son lit. Je suis surpris, lui dis d’ailleurs. Elle rit un peu, un rire qui est plutôt jaune je dirai. Il est vrai que je dois avoir une tête plus qu’étonné de la voir comme ça. Je fais deux plus deux dans ma tête et je dis que je vais chercher le fauteuil, elle me remercie avant que je tourne le dos pour sortir de la chambre. Je regarde un peu au hasard dans l’appartement que je ne connais pas du tout. C’est un peu bizarre de chercher quelque chose dans un endroit qui nous est inconnu. Un fauteuil roulant ça ne passe pas inaperçu en général, toujours est-il que je ne le vois pas. Elle me dit d’aller voir vers le salon, je retourne dans cette pièce que j’ai aperçu rapidement un peu plus tôt. Non, pas de fauteuil roulant. Je fronce le nez à la suite de sa phrase.
« J’ai bien peur qu’il l’ait pris. Je vois pas de fauteuil… »
Je parle un peu fort pour qu’elle puisse m’entendre de la chambre. Je continue de faire mon tour des pièces de l’appartement, on sait jamais. Salle de bain, toilettes aussi, cuisine, une chambre de plus, je fais toutes les pièces mais rien. Je retourne dans sa chambre pour la voir car elle a dit qu’elle a besoin de mon aide. J’ai pris un iphone qui traînait sur une table dans le salon, supposant qu’il s’agit de celui de ma voisine.
« J’ai trouvé ça qui peut t’être utile. Avec un peu de chance ton frère n’est pas trop loin. »
Je lui pose sur le lit. J’imagine combien ça doit être stressant de se retrouver coincé dans son propre lit. Prisonnier de soit même. Ca ne doit pas être drôle tous les jours sa condition. Je reste debout à côté du lit, je me sens bien trop grand par rapport à elle qui est dans son lit. Je pense à m’asseoir sur le matelas, mais je n’ai pas envie qu’elle pense que je prends mes aises. Elle me remercie encore une fois d’être venu. Je ris un peu quand elle annonce que j’ai peut être un sixième sens.
« Ouais je sais pas trop comment j’ai remarqué ça, mais j’avais l’impression que quelque chose était pas normal. J’ai hésité à venir, quitte à passer pour un idiot, mais finalement j’ai bien fait. »
Je lui fais un sourire en la regardant, ça fait bizarre de la voir de si près. Elle est vraiment jeune, on doit avoir dix ans de différence, au moins. Je me prends un petit coup de vieux au passage. Je n’ai pas envie de laisser un silence gênant s’installer alors j’ajoute.
« Moi c’est Damian au fait. »
Je vais enfin savoir comment ma mystérieuse voisine en fauteuil s’appelle. Je pourrais mettre un nom sur son visage. Je n’ose pas m’approcher trop d’elle, je ne sais pas pourquoi, c’est bête, je sais, mais déjà que je me trouve immense à côté d’elle, si je suis proche ça va se remarquer encore plus.
« Ca fait bizarre de te voir autrement que par la fenêtre. »
Je ris un peu, j’essaie de changer de sujet. Peut être qu’à présent tout ce qu’elle a à faire c’est attendre le retour de son frère avec son fauteuil. Je vais essayer de lui faire passer le temps en attendant, ou pas. Je verrai comment elle répond à mes tentatives de conversations. Puis je me souviens qu’elle a dit qu’elle allait avoir besoin de mon aide.
« Tu disais que t’avais besoin de mon aide ? Profite, je suis là pour ça. »
Autant que je serve à quelque chose maintenant que je suis là. Elle a peut être besoin d’autre chose qui se trouve dans l’appartement. Elle est peut être en train de mourir de faim. Tellement de possibilité. Je l’aiderai avec tout ce dont elle a besoin, je suis tellement soulagé de ne pas l’avoir trouvé morte par terre, ou inconsciente.
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(✰) message posté Mer 23 Juil 2014 - 13:51 par Invité
are you going to age with grace? are you going to leave a path to joins? but oblivion is calling out your name. you always take it further than i ever can. ✻✻✻ Je me sentais à la fois mal à l’aise et soulagée. Honteuse et reconnaissante. Je ne savais pas comment il avait fait pour se rendre compte que j’avais besoin d’aide ; cependant, j’étais si contente qu’il se soit présenté derrière ma porte que j’évitais de me poser trop de questions. De m’interroger à propos d’une centaine de choses différentes. Je l’observai en sentant mes joues rosir au fil de mes paroles ; il s’en alla chercher mon fauteuil roulant dans l’appartement comme si nous nous connaissions depuis des années. Quelque part, j’avais l’impression que c’était le cas. Je connaissais sans doute mieux sa vie que celle des personnes que j’avais l’habitude de côtoyer au quotidien. Je savais à quelle heure il avait l’habitude de se lever et ce qu’il pouvait bien prendre au petit-déjeuner. Je savais qu’il préférait les hommes aux femmes et qu’il avait la sale habitude de sortir de sa salle de bain en n’étant vêtu que d’une serviette. En mon fort intérieur, j’esquissai un léger sourire, gardant tout ce que je pouvais bien connaître sur lui au fond de mon être. Il n’était pas obligé de savoir que je l’observai régulièrement ; il n’était pas obligé de savoir que je savais toutes ces choses. J’avais toujours été d’une curiosité maladive. Avant mon accident, il n’avait pas été rare que je m’introduise dans les bureaux administratifs pour lire des dossiers ; désormais, je n’avais plus l’occasion de le faire, et je compensais comme je le pouvais. Je continuai de pirater certains sites mais, parfois, j’observai simplement le monde de ma fenêtre, notant dans un coin de ma tête tout ce que je pouvais bien constater. Cela ne me servait pas, non. Cela ne me servirait jamais puisque tous mes rêves s’étaient brisés à l’instant même où j’avais appris que je ne pourrais plus marcher. Pourtant, je m’y accrochais, pâle reflet de tout ce que j’avais bien pu faire lorsque j’avais été jeune et inconsciente. Je n’avais que ça, après tout. Que ça et ma chaise roulante, aux abonnés absents depuis mon réveil. « J’ai bien peur qu’il l’ait pris. Je vois pas de fauteuil… » me lança mon voisin à travers les murs de mon appartement. Je roulai des yeux avant de me laisser retomber contre mon oreiller. Mon matelas était légèrement redressé, de sorte à ce que je ne sois pas complètement allongée. Une vague de colère envers mon demi-frère inonda mes veines, mais pester après lui se révèlerait vain ; après tout, cela ne m’étonnait même plus. Il était le premier à me dérober mon fauteuil. Le premier à aimer se faire passer pour une personne handicapée. Quelque part, j’aurais aimé être à sa place. J’aurais aimé pouvoir prétendre que je ne pouvais pas me servir de mes jambes. Mais, contrairement à lui, cela n’était que ma propre vérité. Mon voisin finit par revenir dans ma chambre, après avoir fait le tour de l’appartement. Doucement, il me posa mon téléphone portable à mes côtés et je l’attrapai entre mes doigts, un sourire reconnaissant aux lèvres. Déjà, j’avais l’impression de me sentir moins démunie. « J’ai trouvé ça qui peut t’être utile. Avec un peu de chance ton frère n’est pas trop loin. » J’hochai la tête, guère convaincue. J’allais dans mon répertoire pour l’appeler ; à travers les murs, j’entendis sa sonnerie résonner et je me mis à rire. « Il a laissé son téléphone ici. » marmonnai-je, expliquant d’une certaine manière pourquoi le thème de Star Wars résonnait dans tout l’appartement. Je reposai mon portable sur mon matelas, attrapant de nouveau la poignée de potence au-dessus de ma tête pour me relever. Mon voisin était grand. Je ne m’étais jamais rendue compte de cela depuis ma fenêtre. Mais, après tout, pour moi, tout le monde était grand. Sans doute trop. Je le remerciai de nouveau d’être venue, soulignant un sixième sens qu’il semblait possédé pour arriver pile au moment où j’avais besoin de lui ; il se mit à rire, et je ne pus m’empêcher de sourire. « Ouais je sais pas trop comment j’ai remarqué ça, mais j’avais l’impression que quelque chose était pas normal. J’ai hésité à venir, quitte à passer pour un idiot, mais finalement j’ai bien fait. » me lança-t-il et j’approuvai ses paroles. « Moi c’est Damian au fait. » Je finis enfin par connaître son prénom. J’avais passé les derniers mois à l’appeler, dans ma tête, mon adonis de voisin d’en face blond et entendre son prénom pour la première fois m’emplit d’une certaine satisfaction. « Eugenia. Contente de te rencontrer, voisin d’en face. » répondis-je. Devais-je lui dire que je l’avais imaginé avec une centaine de prénoms différents ? Il s’était appelé, successivement, Thomas, Johan, Eric et Uriah dans mon esprit, mais Damian était véritablement le prénom qui lui allait le mieux. « Ca fait bizarre de te voir autrement que par la fenêtre. » me lança-t-il. Je sentis mes joues se teinter de rose ; j’eus l’impression d’être démasquée, quelque part. « A qui le dis-tu. T’es dix fois plus grand que je le pensais. » lui répliquai-je. Un petit sourire satisfait s’afficha sur mes lèvres. Au fond, peu importe. Je ne devais pas connaître de honte. Je ne savais pas s’il était au courant que j’avais tendance à l’observer un peu trop souvent ; cependant, s’il l’était, il ne semblait pas plus dérangé que cela. Au contraire, il semblait même amusé par la situation. Après tout, c’était drôle, quelque part. La fille en fauteuil qui stalke régulièrement l’adonis blond qui vit en face. Cela pouvait même devenir un film. Je me perdis dans mes pensées durant l’espace de quelques secondes ; avoir de la compagnie me changeait de toutes ces fois où je m’étais retrouvée toute seule. Doucement, Damian me tira de mes divagations personnelles. « Tu disais que t’avais besoin de mon aide ? Profite, je suis là pour ça. » me lança-t-il. Je lançai un bref regard vers le couloir. Ma gorge se serra ; je dus m’y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à parler correctement. « Hm, oui. Comment dire… » dis-je, avant de marquer une pause pour organiser mes idées. « Pour être tout à fait honnête avec toi j’ai ma vessie qui est à deux doigts d’exploser. » C’était pathétique. Ou plutôt, j’étais pathétique. J’avais l’impression de me sentir dégradée ; j’étais incapable de soulager mes propres besoins toute seule. J’étais un parasité de la société. Pire encore, je demandais cela à un inconnu. Un homme, qui plus est. « Je suis vraiment, vraiment désolée de te demander ça. J’ai déjà tenté une fois d’y aller en rampant mais je ne suis vraiment pas prête de recommencer. Promis, je suis un poids plume et il suffit juste de me déposer à destination et me ramener, je sais me débrouiller pour le reste. » J’adressai un petit sourire. C’était probablement la chose la plus embarrassante que j’avais pu demander au cours de toute ma vie. Et, pourtant, j’en avais déjà beaucoup demandé, des choses embarrassantes.
Je vois bien qu'elle est contrarié quand je reviens seulement avec son téléphone au lieu de son fauteuil. Je serai frustré aussi si j'étais à sa place. Malgré ma présence je ne peux pas l'aider de manière efficace car toutes ses armes lui ont été enlevé. Enfin, si on peut appeler ça comme ça. Son fauteuil c'est ses jambes, sans ça tu dois te sentir plus que vulnérable. La malchance s'abat de nouveau sur ma voisine quand elle essaie d'appeler son frère et qu'elle se rend compte en même temps que moi que ledit téléphone se trouve entre des murs de l'appartement.
On fini par reprendre un semblant de conversation et on se présente. Elle s'appelle Eugenia. Je ne connais personne portant ce prénom. Ça lui va bien, elle a un visage à s'appeler Eugenia. Je ne sais pas quoi faire de plus pour l'aider mais je me dis que continuer de faire la conversation est une assez bonne idée. Elle me fait sourire quand elle avoue que je suis bien plus grand que ce qu'elle imaginait.
« Je suis particulièrement grand c'est vrai. »
Je ne peux pas le nier. Partout ou je vais je suis toujours le plus grand. En même temps, faire presque deux mètres ce n'est pas donné à tout le monde. Je lui propose mon aide car elle me l'avait demandé un peu plus tôt. Je la vois galèrer à former ses paroles. Elle m'intrigue de plus en plus au fur et à mesure que les secondes défilent. Ce qu'elle me dit me surprend. Je ne m'attendais pas à ça. Je ne sais pas à quoi je m'attendais en fait. Mais une chose est sûr, ce n'était pas à ça. Je suis rassuré quand elle me dit qu'elle a juste besoin d'être amené à destination et qu'elle peut se débrouiller pour le reste.
« Oh oui je devrais pas avoir de problème pour te porter. »
Elle a en effet l'air d'être un poids plume. Je soulève des poids bien plus lourd que ça quand je vais à la salle de gym, ou quand je fornique avec un beau jeune homme tout en restant debout. Je divague complètement, mais mes pensées sont allées toutes seule dans cette direction.
Je m'approche de Eugenia tout en lui disant comment je vais la porter, qu'elle sache ce qui arrive. Ce n'est rien d'exceptionnel mais je préfère dire mes faits et gestes. On va être très proche dans quelques secondes et au moins qu'elle visualise ça pour ne pas être trop surprise.
« Je vais passer un bras sous tes jambes et un autre sous tes bras. »
Sur le moment j'ai vu ça comme une bonne idée d'annoncer la couleur mais une fois que la phrase est dite, je trouve ça juste stupide. Dans tous les cas je pense qu'elle n'a pas trop le temps du réfléchir parce qu'elle est déjà dans mes bras. Je la tiens bien fermement. Il ne manquerait plus que je la fasse tomber au passage. Elle est en effet un poids plume, plus que plume même, c’est à peine si je la sens dans mes bras. Elle m’a l’air toute fragile et je la tiens tout délicatement, comme si j’avais peur de la briser par inadvertance.
Je me déplace jusqu’à la salle de bain, je me souviens où elle se trouve, j’ai fait un tour de l’appartement juste avant. Je fais attention à ne pas la cogner à un encadrement de porte ou un mur en marchant. Une fois dans la salle de bain je la regarde. Nos visages sont vraiment proche l'un de l'autre.
« Hmmm… Je te laisse sur les toilettes ? »
Ca a l’air d’être une question bête, mais je ne sais vraiment pas comment elle va se débrouiller toute seule.
« Je vais pas te demander les détails sur comment tu vas faire mais… Du coup je sais pas trop. »
Je me mords la lèvre pour m’éviter de trop sourire. Je me sens bien idiot quand même là et en même temps je trouve la situation assez drôle. Je n’ai pas envie de l’offenser et j’espère qu’elle ne le sera pas. Je laisse échapper un petit rire malgré moi.
« Désolé c’est nerveux je crois. »
Non je ne crois pas, j’en suis même complètement sûr. Je n’aurai jamais cru être dans cette situation de ma vie. C’est hors du commun. En tout cas une chose est sûr, c’est que tout ceci nous aura bien rapproché ma chère voisine et moi. Je pense même lui filer mon numéro de téléphone au cas où elle se retrouve de nouveau bloqué toute seule. Je serai un peu comme son sauveteur particulier. Non je pense qu’elle va sûrement enchaîné son fauteuil avec un cadenas à partir de maintenant. Ca m’étonnerait qu’elle veuille que cette situation se reproduise un jour.
are you going to age with grace? are you going to leave a path to joins? but oblivion is calling out your name. you always take it further than i ever can. ✻✻✻ J’avais toujours refusé catégoriquement l’aide des autres. J’avais voulu prouver au monde entier que j’étais indépendante, que je pouvais m’en sortir, que rien ne changerait. Je m’étais relevée à chaque fois que j’avais bien pu tomber lors de mes séances de rééducation. J’avais voulu faire des choses seule. J’avais été forte, sans doute trop, poussant mes limites au-delà du raisonnable. J’avais accompli toutes ces choses en espérant que cela suffirait à compenser. J’avais eu l’impression de m’en sortir alors que je n’avais fait que m’enfoncer dans ma propre solitude, dans mon propre monde, dans mes propres espoirs. Et, parfois, je revenais à la réalité. Et, parfois, j’ouvrais les yeux sur ma véritable situation. J’aurais pu pleurer de frustration tant je détestais cette sensation de se sentir bonne à rien. Qui étais-je, au fond ? A quoi rimaient tous ces efforts hormis me prouver que les choses avaient bel et bien changées ? L’être humain avait été conçu avec deux jambes valides, cela était forcément pour une raison. Mais l’Homme s’était acharné ; depuis toujours, il tentait d’aller à l’encontre des lois de la nature, et je n’étais devenue qu’une simple prouesse scientifique démontrant que l’Homme avait pris le pas sur la nature humaine. Je déglutis avec difficulté. J’étais un corps déficient. Et les plus faibles étaient ceux qui partaient le plus vite. Je demeurais persuadée qu’au fond je n’aurais jamais dû survivre. Mais j’avais survécu. Et, désormais, j’en subissais les conséquences. Je me sentais ridicule, cette émotion venant se mêler au reste, quelque part entre la colère et la reconnaissance. Damian non plus ne semblait pas bien à l’aise ; cependant, je ne lui en voulais pas. Je n’osais même pas imaginer toutes les choses qui pouvaient bien lui effleurer l’esprit en cet instant ; pire encore, j’en venais même à me demander si je continuerais à l’observer par la fenêtre après cet instant singulier. J’avais honte, oui. Mon corps semblait vouloir ne ressentir que cela. J’étais honteuse d’être piégée dans mon propre lit, honteuse d’avoir un demi-frère qui avait l’habitude de voler régulièrement mon fauteuil, honteuse d’avoir besoin d’aide de cette manière. Honteuse. Honteuse. Honteuse. Et cela ne semblait jamais s’arrêter. « Je suis particulièrement grand c'est vrai. » J’esquissai un sourire. J’étais soulagée de constater que je ne m’étais pas tout à fait trompée. Que ma vision n’était plus si faussée. Après tout, d’en bas, le monde paraissait toujours bien plus grand qu’il ne l’était réellement. J’avais mis du temps à m’y faire. J’avais été grande toute ma vie, du haut de mon mètre soixante-dix-huit, et me retrouver à la taille d’un enfant m’avait désorienté bien plus que nécessaire. Cela n’avait été qu’une chose de plus à se faire. J’avais l’impression d’avoir mis une vie entière à prendre mes nouvelles marques. A m’y faire. Et, aussi facilement que l’on pouvait claquer des doigts, mon demi-frère réduisait en poussière les mois qui s’étaient écoulés. Je me sentais plus basse que terre en demandant à mon voisin de me porter jusqu’à la salle de bain ; j’aurais aimé le faire seule, réellement. J’aurais aimé lui dire que je n’avais pas besoin de son aide et qu’il pouvait rentrer chez lui l’esprit tranquille. Mais cela n’était pas le cas. Et j’avais l’impression de vivre un des moments les plus embarrassants de toute mon existence. « Oh oui je devrais pas avoir de problème pour te porter. » me dit-il avant de s’approcher de moi. « Je vais passer un bras sous tes jambes et un autre sous tes bras. » J’hochai la tête tandis qu’il suivait ses propres instructions et il me souleva de mon lit comme si je ne pesais que quelques centaines de grammes. J’avais l’habitude qu’on me porte. Je n’aimais pas cela mais j’avais fini par m’y habituer. Je n’avais pas eu le choix après tout. J’avais dû faire avec. Comme avec l’intégralité de ce qu’était devenu ma vie. Il avança avec précaution dans mon appartement, avant de finalement m’amener jusqu’à la salle de bain. Je remarquai l’application qu’il avait à ne pas me faire heurter des choses autour de lui ; j’esquissai un léger sourire en me disant que, finalement, mon voisin d’en face était aussi gentil qu’il en avait l’air, tout en étant monté comme un Dieu. J’avais perdu foi en l’humanité depuis bien longtemps mais, parfois, ce genre de constatation me permettait de me dire que tout n’était pas forcément perdu. Il finit par m’observer, et nos visages furent si proches que je sentis l’air qu’il expirait de ses poumons chatouiller ma peau. « Hmmm… Je te laisse sur les toilettes ? Je vais pas te demander les détails sur comment tu vas faire mais… Du coup je sais pas trop. » Il souriait, avant de finalement laisser échapper un petit rire. Je sentis mes joues rosir. « Désolé c’est nerveux je crois. » Je secouai la tête pour lui faire comprendre que cela n’était rien. Qu’au fond, c’était normal. « L’entraînement, cher voisin, l’entraînement. Au bout de seize mois j’ai fini par m’y faire, quand même. » lançai-je en riant tout doucement. Mes joues étaient roses. Je les sentais chauffer sous ma peau au fur et à mesure que la gêne venait une nouvelle fois m’emparer. A vrai dire, avant d’être handicapée moteur, j’avais moi-même eu énormément de mal à imaginer tout cela. « Ce n’est pas pour rien que je mets que des robes. C’est beaucoup plus facile de se déshabiller quand on a seulement des sous-vêtements à retirer que lorsqu’on a aussi un pantalon. » marmonnai-je avant de secouer la tête. Cela était sans doute des détails qu’il ne souhaitait pas avoir. Je me raclai la gorge avant de prendre une profonde inspiration. « Dépose-moi juste sur les toilettes, je prends le relai pour le reste. Faudra juste que tu viennes me récupérer après. » J’avais l’impression d’être dans un univers parallèle. J’en venais même à me demander si cela était réellement en train de se dérouler ; peut-être étais-je simplement en train de rêver. En train de délirer. Jamais, au grand jamais, je ne m’étais imaginé dire cela à mon voisin beau comme un Dieu, tout en étant dans ses bras. Cela avait bien l’air d’un délire sexuel, sans la partie sexuelle. « Tu peux aller te servir du café dans la cuisine en attendant si tu veux. Je te dois bien ça, au moins. » Je lui adressai un petit sourire. J’espérais réellement ne pas l’avoir effrayé, au fond. J’espérais réellement ne pas l’avoir incité à fuir mon appartement, désormais. Parce qu’au fond, j’avais sans cesse cette impression ; celle de pousser les autres à me fuir.
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(✰) message posté Dim 14 Sep 2014 - 23:39 par Invité
Je me sens bête en me retrouvant devant les toilettes avec elle dans les bras. Je ne sais pas vraiment comment va se passer la suite de l’opération et j’ai peur de deviner. Je lui demande clairement parce que je n’ai pas envie de me poser des questions plus longtemps et puis surtout, elle a très envie de vider sa vessie. Il vaut mieux que je ne perde pas de temps avec des devinettes. Je ris nerveusement après lui avoir demandé et je suis content de voir qu’elle comprend tout à fait la situation. Elle ne se moque pas de moi. Au passage j’apprends que ça fait seize mois qu’elle est dans cette situation. Je suppose que c’est dû à un accident. Je ne vais pas poser plus de question, peut être la prochaine fois qu’on se verra. C’est le genre de truc que je ne peux pas découvrir rien qu’en l’observant depuis chez moi. Ou pas. Peut être qu’avec son nom complet je pourrais trouver quelques trucs sur internet.
Elle m’explique qu’elle met des robes pour justement ne pas avoir de soucis pour aller aux toilettes. Elle a l’air géné de raconter ça alors je ne fais pas de remarque. Je n’ai pas envie de la mettre encore plus dans l’embarras. Elle termine par me dire de la poser sur les toilettes, ce que je fais délicatement. Je me détache d’elle et elle me propose d’aller me faire un café. Je ne vais pas dire non, parce que je suis bien content d’avoir une excuse pour pas rester planter devant la porte de la salle de bain à l’écouter faire ses besoins. Ca fait tellement creepy dit comme ça.
« J’espère que t’as une machine à expresso. Je ne bois que ça. »
Je plaisante bien sûr, je voulais surtout dire quelque chose pour pas laisser de silence. Je ferme la porte derrière moi après lui avoir fait un petit sourire - un peu géné oui avouons le. Ce n’est pas la première fois de ma vie que j’accompagne une fille aux toilettes, mais généralement c’est pour vomir après avoir trop bu. Pas pour vider sa vessie. Il y a une première fois à tout.
Je file dans la cuisine et je trouve le café. Je prépare ça, prenant mon temps. Je garde l’oreille tendu quand même, au cas où elle aurait terminé. J’ouvre quelques placards et je trouve les tasses. Je me sers un petit café seulement. Je n’en ai pas spécialement envie mais je ne pouvais pas dire non. Je ne me vois pas non plus faire semblant d’en boire un. J’ai dit que j’allais en prendre un, alors je m’y tiens. Quand je l’entends qui m’appelle, je finis ma tasse d’un trait et je la pose dans l’évier. J’ouvre la porte, certain qu’elle soit présentable, elle ne m’aurait pas appelé autrement. Je me demande si elle s’est lavé les mains mais au final je m’en fiche un peu. Je la prends de nouveau dans mes bras, de la même manière qu’un peu plus tôt et je retourne dans sa chambre naturellement. Il y a son téléphone là bas, je pense que c’est l’endroit où elle est le mieux, je peux me tromper. Je la pose sur son lit, au même endroit que tout à l’heure.
« Tu sais quoi je vais te laisser mon numéro de téléphone… Si jamais t’as besoin d’aide de nouveau un jour. »
J’ai bien envie de lui proposer de m’appeler aussi si elle s’ennuie et qu’elle voit que je suis chez moi à rien faire, mais je n’ose pas. C’est peut être trop tôt, on se connait, mais pas encore vraiment. J’ai eu envie de lui dire qu’on pourrait se mater des films ensemble ou quoi, mais ça m’a l’air d’être trop tôt. On verra à l’avenir.
« Ou bien facebook, j’utilise beaucoup les Messages. »
Et au passage j’aurai l’info de son nom complet et j’aurai peut être plus d’information sur sa vie tout ça… Je ne sais pas pourquoi je m’imagine déjà en train de lui envoyer des messages, ou des romans, pour discuter simplement. Des fois j’ai besoin de parler et je n’ai personne à qui j’ai envie de me confier. Parler à quelqu’un qui ne connait personne de mon entourage ça peut être bien.
« Je vais filer. Dis moi si t’as une dernière requête avant que j’y aille. »
Je lui fais un légé sourire, je ne serai pas dérangé si jamais elle me demandait un service supplémentaire.
« Oh et mon numéro. »
Je prends son téléphone et je compose mon numéro dessus. Je laisse ça comme ça et je lui rends. Je n’ai pas vu de stylo dans le coin alors j’ai préféré ne pas commencer à fouiller pour un papier un crayon et aller au plus simple.
« Et sinon sur facebook c’est Damian Thissen. Y’en a peut être plusieurs mais j’ai mis ma photo, donc tu me reconnaîtra. »
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(✰) message posté Dim 12 Oct 2014 - 22:21 par Invité
are you going to age with grace? are you going to leave a path to joins? but oblivion is calling out your name. you always take it further than i ever can. ✻✻✻ J’étais gênée, si bien que ma tension refusa de se calmer jusqu’à ce qu’il finisse par s’en aller pour rejoindre la cuisine, me laissant seule avec mon embarras. Mon cœur battait trop vite, trop fort, et mes pensées se bousculaient dans ma tête si bien que je me sentais dans un état second. Pourtant, cela n’était pas la première fois que je me retrouvais dans une pareille situation. Pire encore ; les infirmières avaient longtemps exigé à être présentes lorsque j’allais aux toilettes, lors de mes premières semaines à l’hôpital. Elles m’avaient observé tandis que j’avais simplement voulu disparaître sous Terre. Elles m’avaient observé sans aucune gêne, sans aucune crainte, comme si cela était la chose la plus naturelle du monde. J’aurais pu m’habituer à cela. J’aurais pu m’habituer à ce que mon intimité soit régulièrement violée. Après tout, j’avais été obligée de me dévêtir face aux médecins bien plus souvent que ces épisodes aux toilettes. Je n’étais qu’un corps parmi tant d’autre sur cette planète. Je déglutis. Je secouai la tête comme pour chasser mes souvenirs. Je me focalisai sur ma tâche, mes gestes devenus automatiques avec le temps. J’entendais encore mon cœur battre dans mes oreilles. Je tremblai comme une feuille, si mal à l’aise que cela en devenait ridicule. Si, un jour, on m’avait raconté que mon voisin d’en face viendrait me porter main forte pour que je puisse atteindre les toilettes en temps voulu, je ne l’aurais probablement pas cru. Pire encore, j’aurais ri au nez à la personne qui aurait eu la mauvaise idée de le faire. Je pris une profonde inspiration, avant de finalement être prête à ce que Damian revienne me chercher. Je m’accordai une dizaine de secondes pour retrouver un sourire enjouée, et je l’appelai. Il ne mit guère de temps avant d’apparaître et me porter comme il avait bien pu le faire à l’aller. Je m’accrochai à lui jusqu’à ce qu’il finisse par doucement me déposer sur mon lit, et je sentais mon visage reprendre des couleurs maintenant que cet épisode était derrière moi. Je ne savais pas si je pourrais l’observer par ma fenêtre comme avant, normalement. Mais peu importe. Il m’avait rendu un grand service et j’avais une dette envers lui. « Tu sais quoi je vais te laisser mon numéro de téléphone… Si jamais t’as besoin d’aide de nouveau un jour. » me dit-il, avant d’enchainer. « Ou bien Facebook, j’utilise beaucoup les Messages. » J’hochai la tête avec un petit sourire aux coins des lèvres. Quelque part, je ne le connaissais pas, mais ce voisin d’en face m’intriguait. J’avais du mal à garder le peu de fierté qu’il me restait en sa présence, mais je savais que par messages apprendre à le connaître serait plus facile. Je secouai la tête. Cela n’était pas pour discuter qu’il se proposait, après tout. Cela était simplement pour m’aider. Peut-être n’avait-il en rien envie d’apprendre à me connaître. Je me raclai la gorge. « Je vais filer. Dis-moi si t’as une dernière requête avant que j’y aille. » me dit-il. Je secouai la tête. « Rien du tout, t’as déjà fait beaucoup, merci encore. » lui répondis-je. Après tout, ma sœur allait sans doute ne pas tarder. J’attendais patiemment que Damian s’en aille pour commencer à la harceler de messages textes pour blâmer notre demi-frère. Cela me démangeait. Cela me démangeait littéralement, mais je me retenais du mieux que je pouvais. Je ne voulais pas donner des raisons de plus à Damian pour croire que je suis complètement cinglée. « Oh et mon numéro. » se rappela-t-il, attrapant mon portable pour l’entrer à l’intérieur. « Et sinon sur Facebook c’est Damian Thissen. Y’en a peut-être plusieurs mais j’ai mis ma photo, donc tu me reconnaîtras. » J’hochai la tête, récupérant mon téléphone. Je le téléphonais, afin qu’il puisse récupérer mon propre numéro, et je l’ajoutais à mon répertoire sous le nom qu’il venait de me donner. Dès que j’aurais accès à mon ordinateur, je l’ajouterais, sans doute. Je savais que j’étais suffisamment timide pour passer l’après-midi à peser le pour et le contre face à mon écran. J’étais une fille, après tout. J’avais tendance à l’oublier mais je me posai des centaines de questions inutiles. « Je t’ai appelé pour que t’ai mon numéro aussi. » lui lançai-je. « Je t’ajouterai sur Facebook ce soir. Je vais pas te retenir plus longtemps, je pense que t’as des choses à faire. Merci encore Damian, et c’était vraiment un plaisir. » Je lui adressai un sourire, avant qu’il ne finisse par prendre congés. J’entendis la porte d’entrée se fermer doucement, et mon rythme cardiaque mit plusieurs minutes avant de se calmer. J’avais songé à cette rencontre plusieurs fois. Mais, jamais, au grand jamais, je n’avais imaginé qu’elle se déroule de cette manière.