Samedi 27 septembre
C'est pas mon quartier, parce que je vis avec ma soeur, mais je crois que si je devais prendre un appartement seul... Oui sans doute que je viendrais m'installer par ici. J'aime l'ambiance, c'est le quartier des artistes, il paraît, et puis c'est franchement pas cher - mais pas forcément en bon état non plus pour la peine - donc abordable pour un peintre sans le sou comme moi. Puis c'est pas comme si je me sentais pas capable de bricoler un taudis pour en refaire quelque chose de correct. A force d'avoir un peu fait n'importe quoi pour gagner trois sous...
Puis ça me permettrait d'être assez proche d'un certain bar aussi, de suivre une certaine histoire d'un peu plus près... Alors évidemment ma moto me permet facilement de me déplacer et c'est souvent ce que je fais d'ailleurs, mais n'empêche que, un de ces quatre, peut-être que Math aura quelqu'un dans sa vie, et plus vraiment de place pour son boulet de jumeau. Et je l'en blâmerais pas, je suppose que si j'avais une copine, je voudrais mon propre espace. Bon, je suis loin d'avoir trouvé la perle rare, et on peut pas vraiment dire que je la recherche activement, d'ailleurs, mais je suis vraiment pas du genre à draguer tout ce qui bouge, et je pense que si les choses doivent se faire... Bah elles finissent par se faire. Je suis peut-être un peu trop idéaliste, mais bon... De toute façon, je vas pas forcer les choses, et je suis pas du genre à flirter juste comme ça. Un jour, je rencontrerai bien une fille qui fera battre mon coeur à nouveau. C'est pas arrivé souvent, mais je suis pas défaitiste, y a pas de raison pour que ça arrive pas à nouveau, j'ai juste pas encore trouvé la bonne personne, c'est tout.
Je me balade tranquillement dans Camden, j'ai laissé ma moto customisée par mes soins en haut d'une rue, pas loin du Barfly en fait, et je me dis que j'y prendrais peut-être un verre un peu plus tard, mais pour l'instant, je me balade. Y a quelques artistes de rue donc j'observe le travail d'un oeil critique, mais je garde mes commentaires pour moi. J'ai pas vu grand chose qui me fasse ressentir la moindre émotion et je trouve ça dommage. Pour moi c'est le principe de l'art, de faire ressentir des choses, et j'ai tendance à les ressentir de façon exacerbée en plus. Mais là... Rien. Du coup j'ai passé mon chemin. Et au hasard de mes pérégrinations sans but, je me suis retrouvé face à une boutique de musique, avec ses vinyles à l'ancienne et je suis resté un moment à observer la devanture, un léger sourire aux lèvres. Je crois pas que Math' ait de tourne-disque, et j'ai pas les moyens de m'offrir un de ces anciens appareils devenus à la fois "hype" et "vintage" mais ça me plairait bien... Alors en attendant, je peux toujours jeter un oeil aux titres proposés sur ses disques noirs... Pour fêter l'expo qui commence le mois prochain, allez...
Je suis entré dans la boutique, les mains dans les poches de mon jean slim anthracite, les boots cloutées à mes pieds claquant un peu trop sur le sol, si bien que j'y vais assez lentement, histoire de pas voir toutes les têtes se tourner vers moi en une fraction de seconde.
- Bonjour...
Un petit sourire à la vendeuse - ou en tout cas, la jeune femme qu'il me semble identifier comme telle - et je vais direct au niveau des vieux disques rocks. Les who, les clash, status quo... Beaucoup de rock britannique, en fait. Et je crois qu'il y a presque des étoiles qui brillent dans mes yeux à chaque fois que j'en tire un de son casier pour l'inspecter de plus près avant de le reposer. Non Rika, tu ne prends pas tout l'étal, c'est légèrement hors budget...
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