a little less conversation, a little more action please

Bien élevé et poli, on le disait charmant et facile à vivre. Bon à l'école, il a suivi une scolarité sans accroc, presque brillante. On aimait bien Abel oui. Un type agréable, avec qui la conversation était facile, et bon sang, il avait tellement l'air de vous comprendre. De savoir qui vous étiez vraiment au premier regard. Et puis, il avait un charme fou. Peut-être sans le savoir. C'est ça qui était si attendrissant. Si terrifiant. ☩ Ce qu'il aimait, gamin, c'était choper les renards morts qui traînaient dans la rue, quand ils avaient eu le malheur de se faire shooter par une bagnole. Un passe temps comme un autre, d'observer des cadavres d'animaux. Jamais il n'a lui même mis fin à la vie d'un être vivant. C'était juste... pour voir de ses yeux vu un corps sans vie, en se demandant ou était passé ce qui faisait de lui un être mouvant et doué de pensée -dans la mesure de ses capacités. Et malgré son amour pour elles, aucune science n'a jamais su le satisfaire à ce sujet. Il faisait partie de ces gens qui se demandent parfois distraitement, et où on va quand on meurt? ☩ Abel et la science. La science, et Abel. Il était de ces gamins un peu en retrait qui s'amusaient sans limite avec un simple kit de petit chimiste ☩ Abel ne touche pas aux drogues. Ses seules drogues sont le travail et le tabac. Il a déjà synthétisé une drogue artificielle, juste avec ses talents et quelques recherches. Substance qui s'est révélée presque mortelle pour le pauvre ignare qui a osé l'essayer. ☩ Les femmes, les filles, ces sorcières, ces traitresses au regard de braise: il entretient avec elles une relation toute particulière. A vrai dire il n'a jamais su les comprendre. Avec elles il ne parle pas de sentiment. Avec personne pour tout dire. Abel les embobine, les charme et les détruit à petit feu, pour le simple plaisir de les regarder brûler de leur amour pour lui. ☩ Sa vie sociale est un champ de ruines déguisé en champ de coquelicot. Il est sans doute le seul à s'en rendre compte, à réaliser à quel point ses attaches avec le monde sont superficielles. Des amis, il en a oui. Il sort, partage leurs passions mais franchement, il s'en contre fiche de tous ces hobbies ridicules, de ces idiots béats. Il ne vit que pour lui Abel, peut-être un peu aussi pour sa soeur. ☩ Sa soeur, Mona. Elle est sa propriété. Sa chose. Il en deviendrait presque obsessionnel tant il la surveille sans arrêt. A guetter le moindre de ses fais et gestes. Sans aucune tendresse pour elle. Et pourtant il l'aime Mona. ☩ Il bosse dans un labo de chimie en plein centre de Londres, pour les besoins de la médecine. Vous savez, c'est lui qui fait les tests sur les animaux dans les arrières cuisines sordides des labos de renommée. Il n'a pas une once de pitié pour ces petites bêtes en cage. ☩ Il écoute de tout, avec une petite préférence pour le classique, au risque de passer pour vieux-jeu (ce que ça peut lui faire de toute façon). Il s'adapte aux gouts musicaux de ses amis et connaissances, prétend aimer à chaque fois. ☩ Abel fume. Des roulées uniquement, de l'American Spirit pour être exact. Et rien d'autre. ☩ Les enfants et lui, ça n'est jamais passé. Sans doute est-ce leur honnêteté à toute épreuve qui le met si mal à l'aise. Qui le met face à la vérité crue et parfois désagréable. Parfois, il se sent mis à nus devant leurs yeux innocents. Ou face à un miroir. Ces petits monstres savent bien mener leur monde par le bout du nez, eux aussi. ☩ Le métro londonien ne lui fait pas peur. Il en a tellement l'habitude, même le rush hour ne l'impressionne plus.