casias ❝ let it go ❞

Face à mon ordinateur, je soupire. Il est deux heures du matin et je n'arrive pas à écrire une seule parole à ma nouvelle composition. Les harmonies sont là, j'adore le son, j'ai le thème mais rien ne sort. C'est Cameron qui est doué pour ça mais je ne l'ai pas vu depuis quelques jours, depuis que je lui ai dis que ma mère était à l'hôpital et qu'il a cru bon de me dire que c'était le moment de renouer des liens avec elle. Foutaise. Je l'ai sauvé parce que c'était la chose à faire mais ça s'arrête là. Je ferme mon ordinateur portable, attrape mon téléphone et me dirige vers la porte. Je vais aller faire un tour, peut être que quelque chose m'inspirera. J'en doute mais bon, on ne sait jamais. Je prends une rue puis deux puis trois et il est presque trois heures du matin quand j'arrive dans le quartier de Camden Town. J'adore les bâtisses, la façon dont elles sont décorées et je me demande carrément si elles sont habitées. Je veux dire, il y a le magasin au rez-de-chaussée mais peut être qu'au dessus, il y a une famille qui y vit. Ça doit être cool de vivre là. En tout cas, à l'heure là, le quartier est mort, même pour un samedi soir. Il est trop tard et dans quelques heures, le marché va ouvrir ses portes. Je continue mon chemin et vois un couple – ou ce qui semble être un couple – au loin qui se dispute. Madame a trop bu, Monsieur a envie d'aller plus loin qu'un baiser échangé. Tous les samedis se ressemblent quand on y pense mais quand je m'approche d'eux, j'entends la jeune femme répéter au jeune homme qu'elle ne veut pas qu'il vienne et qu'il doit partir. Il doit être sourd ou avoir bu plus qu'il n'aurait du parce qu'il ne bouge pas et la force presque à l'embrasser. C'est bien mon jour de chance. Je n'ai aucune envie d'ouvrir le journal demain et de voir qu'une jeune femme de Camden Town a trouvé la mort et que son corps a été retrouvé dans la tamise. Je me gare rapidement et me dirige vers les deux jeunes gens. « Elle vous a demandé de la lâcher je crois, non ? » Le jeune homme s'arrête et me regarde. Woaw. Il a plus que bu lui et ses yeux le montrent bien. Si seulement les flics étaient dans le coin ! Et c'est moi qui dit ça. J'aurais peut être du boire plus que deux bières ce soir parce que là, j'ai l'alcool rabajoie et moralisateur. « Allez dégage ! » Lançais-je en l'attrapant par l'épaule. Il grogne et quand il s'approche de moi, je ne me gène pas pour lui donner un coup dans l'estomac. Je pose ma main sur l'épaule de la demoiselle et lui souris. Elle me dit quelque chose. Son visage m'est familier. Du moins ses traits. Je n'ai pas le temps de dire ouf qu'elle se penche et vomit à deux doigts de mes chaussures. Mon dieu. Pourquoi est-ce que ça tombe sur moi ? J'ai envie de pleurer, d'hurler mais je me retiens. « Je vais vous ramener chez vous » Elle sourit et se met à rire. Ouai, elle elle est complètement morte. On marche dans la rue et je vois d'où je la connais. Camden Town, brunette, traits aussi doux ; il ne peut s'agir que de la jumelle de Lyla que j'ai rencontré il y a quelques temps et quand elle s'arrête devant un immeuble et que je vois le nom d'Elias – et Lyla – sur la sonnette, je souris. Je suis vraiment trop fort. Je pourrais la laisser se débrouiller mais tant qu'elle monte jusque chez elle, il y en a pour deux heures. Et elle pourrait se casser quelque chose. Je la prends dans mes bras et la porte comme une mariée. Ça ira plus vite. Je la laisse me guider et la repousse dès qu'elle tente de m'embrasser. Je viens de la voir vomir, elle est folle ou quoi ? Devant la porte, je la repose sur le sol parce qu'elle doit ouvrir la porte mais surtout trouvé les clés dans son sac à main. Je devrais peut être la laisser là mais quand je vois le vacarme qu'elle fait pour ouvrir la porte, elle va réveiller tout l'appartement et si elle réveille le fils de son frère, elle est morte ! « Arrête de glousser comme une dinde » La réprimendais-je alors qu'elle rit à chaque fois qu'elle fonce dans un mur. Je ne connais pas l'appartement et je ne préfère pas allumer de lumière. La poser dans son lit, lui passer un pyjama et partir en quatrième vitesse. Alors qu'elle ôte ses chaussures. J'ouvre son placard et cherche le haut le plus grand et le plus large possible. Elle, elle fait tomber sa lampe dans un boucan pas possible. Pas de cri de bébé. Le petite ne doit pas être là et son père non plus. Hallelujah ! Je lui tends un haut mais elle grimace et me montre son dos. Bien entendu, une robe à fermeture éclair. Je me pose sur le lit et lui ouvre sa robe quand je vois la lumière du salon s'allumer et une voix appeler Thalia. Voilà comment elle s'appelle ! Je n'ai pas le temps de dire 'ouf' qu'Elias est dans la chambre et que je suis entrain d'enlever la robe de sa sœur.

Pour une fois, je n'ai pas refusé la proposition de Lyla de s'occuper de Noam. Je suis à deux doigts d'exploser et je pense que ma sœur est assez maligne pour le remarquer. Ma vie au complet tombe comme un château de cartes. Je n'ai déjà pas grand monde sur qui compter ici à Londres, ajoutez à cela que je me prends la tête ou me complique la vie avec le peu d'amis que j'ai et bienvenue dans ma vie formidable. Je ne vais pas bien loin, Camden est de toute façon la partie de la vie que je préfère pour sortir et m'installer au premier pub que je croise. Rapidement, trois gars à l'allure de camionneurs me proposent de jouer au poker et faute de mieux, j'accepte volontiers. Ils sont plutôt sympas. Pas très intelligents, pas vraiment polis ou même un minimum éduqués mais je passe une bonne soirée en enfilant les pintes et les parties. Ils parlent de cul une phrase sur deux - me rappelant au passage à quel point je n'ai eut personne depuis longtemps - et mater le peu de filles intéressantes qui passent sous nos yeux me redonne un peu de virilité. Juste une pincée. Je n'aime pas vraiment la manière dont ils en parlent, comme des bout de viande, mais me retient bien de ruiner la soirée pour si peu. George m’envoie une petite rousse pour "terminer ta soirée petit" alors qu'ils rentrent retrouver femmes et enfants. Salops. J'enfile encore quelques téquila avec elle alors qu'on se lance sur un " je n'ai jamais " pour faire connaissance. Elle est marrante, mignonne et loin d'être prise de tête et je vois en elle une possible nouvelle pote. L'attirance, on l'a ou on ne l'a pas et ce n'est pas le cas avec elle, fort heureusement je pense qu'elle pense exactement pareil. Je fini par la raccompagner et aie malgré tout droit à un baiser chaste de sa part sur le part de sa porte, suivi d'un rire ivre qui me fait moi-même sourire. Elle s'excuse et s’éclipse alors que je peine à marcher droit pour rentrer chez moi, longeant les murs pour éviter de dévier et me retrouver au milieu de la rue. Quand j'atteints enfin mon lit avec le moins de bruit possible - je l'espère -  je m'y allonge comme une étoile de mer en m'accrochant au drap. Je ferme les paupières fortement à plusieurs reprises mais rien n'y fait. Pitié. Quand est-ce que le monde va cesser de tanguer? Je ne suis pas un gros buveur. Il fut un temps ou nous sortions pas mal avec Charlie et ou j'enfilais les verres assez facilement mais j'ai perdu l'habitude, j'avais oublié la sensation après plusieurs verres. Je parviens à enlever ma chemise et mon jeans pour enfiler un pantalon de training, suppliant mon lit d'arrêter ce manège et fini par fermer définitivement les yeux au risque de vomir si je vois le plafond tournoyer une fois de plus. La bouche pâteuse et l'estomac noyé dans la bière et la tequila, j'arrive malgré moi à plonger dans un semi sommeil. Je me réveille le cœur battant la chamade et la bouche tellement sèche que je me demande si je n'ai pas traversé le désert dans mon rêve. En tournant la tête vers le réveil, je grimace. Je suis rentré y'a à peine une heure et faut que Thalia choisisse ce moment pour ré-installer les meubles de sa chambre? La chambre tangue toujours légèrement mais à cesser de tournoyer fort heureusement. Je m'enfile rapidement une petite bouteille d'eau qui se trouve sur ma table de nuit avant de me rendre, vaseux, dans la chambre de ma sœur pour voir ce qu'elle y fou. La porte entre-ouverte ne m'arrête pas et je les fixe béat quand je trouve Casey dans sa chambre. Casey. Ça pourrait être n'importe qui d'autre, même Lyla a pris le temps de passer la porte pour aller nous trouver son espèce de barbie qui nous sert de voisin. Mais Thalia, non. Après Caleb, Casey. Romeo prochain en liste? Je sens mes pulsations frappés violemment dans mes tempes, d'autant plus quand elle se retourne vers moi en gloussant pour s'excuser de m'avoir réveillé. « Putin... juste retire tes mains de ma soeur. » J'aimerais que mon ton sonne un peu plus menaçant mais il est juste désespéré. Casey se bouge et je m'occupe de la fermeture éclair de ma soeur, indiquant la sortie d'un signe du menton à Casey. Il attend quoi, d'assister au spectacle?  « C'est bon je m'occupe d'elle! » Je grogne pour insister sur le fait qu'il n'a plus rien à foutre là. Je file l'un de ses pyjamas à Thalia et prend soin d'en choisir un avec Hello Kitty histoire de lui faire perdre toute crédibilité aux yeux de Casey. Tu apprendras à boire la prochaine fois ma grande. « T'as bu Elias. »  Elle me regarde et éclate une nouvelle fois de rire alors que je lève les yeux au ciel. Certes, je n'ai pas de leçon à lui donner ce soir mais je suis parvenu à trouver le chemin seul. « ça tourne. » Elle grimace avec son air de chien battu et je traverse l'appartement pour lui ramener un sceau, au cas ou. Rien que de le voir et d'imaginer son utilité, je dois me retenir de vomir. Elle me remercie et ferme les yeux en grommelant des mots incompréhensible.   J'en reviens au séjour et me serre un nouveau vers d'eau pétillante en remarquant que Casey n'a pas bronché. Je le vois trouble et me met à rire à la simple idée qu'il puisse être deux. Pitié, je ne parviens déjà pas à me débarrasser du premier. « J'vais faire comme si t'avais juste voulu la ramener et la mettre à l'aise parce que clairement, j'ai pas la force de démonter là. » Trop d’honnêteté en moi, l'alcool me fait perdre mon filtre à parole, je ne trie plus mes pensées et les balance telles qu'elle me vienne. Je ris nerveusement en m'appuyant contre le meuble qui me sert de pilier. Si ça devait arriver, j'aime autant que ça ne soit pas dans mon appartement, je tiens à mes meubles. Puis on ne frappe pas sur plus petit que soit, même si j'en rêve.

Je ne suis pas le genre de garçon qui ramène une fille chez elle, la met en pyjama et repars sans ciller. Loin de là même. Mais avec Thalia, je suis prêt à le faire. Pourquoi ? Tout simplement parce que c'est la frangine de ce grand con d'Elias et que je veux éviter de m'attirer ses foudres. Je n'ai pas peur de lui, loin de là, mais je n'ai pas envie qu'il aille dire à Roméo que j'ai tenté de me faire sa sœur. Je veux dire, elle est bien mignonne et serait totalement à mon goût si elle ne venait pas de vomir mais ça ne change rien. Elias est complètement barjo et je connais assez Davenport pour être persuadé qu'il le choisirait lui plutôt que moi. Allons avec l'hétéro frustré plutôt qu'avec l'homme avec qui on s'entend parfaitement sexuellement. Il n'y a qu'à voir combien de temps ils sont sortis l'autre fois au bar pour voir ses préférences. Alors je préfère apaiser les tensions plutôt que de perdre un ami parce que Roméo est un ami avant tout. Mes mains glissent sur son dos et ça me tente. C'est moi de profiter mais non, je ne peux pas. Et il faut dire que l'arrivée du grand méchant loup m'aide à enlever toute pensée perverse de mon esprit. Aujourd'hui aura vraiment été une journée merdique, il n'y a pas à dire. « Putin... juste retire tes mains de ma soeur. » Je souris et lève les mains comme s'il me pointait avec un flingue. Je n'ai pas peur de lui mais je sais qu'un mec énervé a trois fois plus de force qu'un mec calme. L'adrénaline quoi. « C'est bon je m'occupe d'elle! » Je le regarde et acquiesce. « La bouscule pas trop, elle a déjà gerbé en pleine rue » Je voyais les Ioannis-Hanwell comme une famille de coincée du postérieur mais il semblerait que ce ne soit pas le cas pour l'un comme pour l'autre parce qu'Elias est fin mort et je le vois bien. Alors qu'il lui enfile un pyjama Hello Kitty, je sors de la chambre et me dirige vers le salon. Je ne sais pas ce que je dois faire : rester là et lui expliquer pourquoi je suis là ou le laisser seul sans aucune explication. Sa sœur est chez elle, en un seul morceau et c'est le plus important. Mais quand je le vois faire un aller-retour, j'ai envie de rire. Je suis au théâtre et on m'offre un spectacle ! J'aime trop cela et je me demande bien ce qu'il pourrait me reprocher sur ce coup. Des tas de choses parce que je suis le méchant quelque soit ma version des faits. La voix du brun me sort de mes pensées et je me retiens d'éclater de rire. D'éclater de rire ouai mais je suis obligée de rire. Dans l'état dans lequel il est, je pense que même son fils pourrait lui mettre la pâtée ! « Là tu ferais même pas de mal à une mouche. Épargne moi ton air de mauvais garçon s'il te plait » Un mauvais garçon n'aurait pas un gosse à vingt trois et ne vivrait sûrement pas avec ses deux petites sœurs. « Ta frangine a un peu trop picollé et sans mon intervention, elle serait sûrement entrain de se faire sauter dans le recoin d'une ruelle sombre » Qu'il redescende sur terre : sa sœur est loin d'être un ange. Il n'y a qu'à voir comment elle est habillée pour sortir. « J'aurai largement pu profiter d'elle mais dans ce cas, je l'aurais ramené chez moi tu crois pas ? Plutôt être tranquille que risquer de tomber sur toi dans la tenue d'Adam » Ou carrément emboité dans sa frangine ! Mon dieu la scène ! J'en rirais presque mais c'est la tête déconfite d'Elias qui me fait bidonner. « Désolé. Aujourd'hui tu ne peux pas trop me détester » Pas trop mais un peu quand même parce que si j'avais largué Thalia comme ça, il serait quand même venu. Oui, j'ai vraiment tenté de passer un moment légèrement agréable. Après une brossage de dents.

Il ne manque plus qu'Olivier passe la porte pour me ramener Lyla déchirée elle aussi et c'est le pompom. Enfin, fort heureusement, c'est totalement improbable - du moins ce soir - puisqu'elle s'est proposée à garder Noam. Je ne pense pas avoir déjà vu Thalia dans cet état et ça me fait sincèrement de la peine. Je ne dis pas que les Ioannis-Hanwell sont des anges, on peut boire et s'amuser comme tout le monde mais pour le coup, elle est dans un état lamentable. Autant ça a tendance à passer pour un mec d'abuser, autant sur une file ça fait juste traînée et pitoyable. Je m'en veux un peu de penser ça mais il suffit de la regarder. Je lui garde ma leçon de morale pour demain, voir pour toujours parce que je ne suis pas son père - mais qu'est ce que je reverrais de voir mon père la trouver dans cet état. Ce serait sa fête comme jamais. Je la laisse donc tranquille pour me rendre au salon et posé un regard accusateur sur Casey qui s'apprêtait à faire je-ne-sais-quoi d'elle avant que j’apparaisse. Bien sur, profiter d'une fille incapable de réagir, pourquoi pas? Ca ne devrait même pas m'étonner. Je ne le connais pas des masses mais j'ai eut récemment un bon aperçu du personnage qu'il est, soit le mec qui cherche juste à sauter et se faire sauter et ce peu importe par qui. Si ce n'est pas le cas, c'est en tout cas l'image qu'il renvoi et il ne se cache pas de le faire. Pourquoi pas, on a pas tous la même vision des choses et heureusement. Je le rejoins au salon désespéré qu'il n'aie pas trouvé aussi rapidement la sortie que l'entrée. « Et si je n'apparaissais pas, elle se serait fait sauté ici. Quelle différence à part que t'aurais été l'heureux chanceux? » Sur le coup, je me retiens de lui préciser que son cher boss est déjà passé par là. Je ris nerveusement rien qu'à y penser, ce mec est vraiment relié à toutes les personnes qui comptent un tant soit peu pour moi. Il blablate, beaucoup trop pour mon pauvre petit cerveau noyé dans l tequila, et je soupire, lassé. Il attend quoi une médaille? Que je me prosterne à ses pieds? Le mec qui n'a jamais fait une bonne action de sa vie et qui veut que le monde entier s'en rende compte le jour ou par miracle ça arrive. « C'est bien t'as fait ta BA du jour. Merci Casey, mais n'attends pas d'applaudissements. » Je l'observe et attends qu'il passe la porte de lui même. merci, au revoir. Je ne vais pas me prosterner à ses genoux parce qu'il a juger bon de se montrer mature pour une fois dans sa vie. Surtout que je ne sais pas ou il en serait si Thalia n'avait pas eut lé délicatesse de me réveiller. Je l'observe et la seule chose qui me vient à l'esprit est qu'il a pu toucher Romeo. Le toucher, le retourner, en faire ce qu'il voulait. J'ai sincèrement pitié d'être jaloux d'un mec pareil et franchement, je peux faire l'effort, juste aujourd'hui, de me montrer sympa. Ce n'est pas comme s'il m'avait volé quoi que ce soit, puisqu'il n'y a absolument rien de défini entre mon collègue et moi. C'était pas le cas quand ils couchaient ensembles et ça ne l'est pas aujourd'hui. Je commence à me dire que ça ne changera jamais - ce qui en soit n'est pas plus mal, car obviously, je ne suis pas gay. « Tu veux boire quelque chose? Visiblement, t'es le seul qui n'en a pas profiter ce soir. » J'ouvre le frigo y plongeant la tête, j'attends sa réponse en savourant la fraîcheur sur mon visage. Pitié, dit non et barre toi. Mon lit crie désespérément après moi, la tête et l'estomac me tournent, je suis à bout de force. Le simple fait de tenir debout me semble être l'effort du siècle et me demande de puiser dans le peu d'énergie qu'il me reste. au point que je suis à moitié pendu à la clenche du frigo. Ce n'est pas comme si on allait s’installer autour d'un scrabble, un verre à a main en discutant de toute façon, alors s'il pouvait abréger mes souffrances au plus vite, je le en serais éternellement reconnaissant.

Je sais d'avance que la conversation avec Elias ne mènera à rien. Il a bu – trop bu d'ailleurs – et je suis sobre. Je n'aime pas ça. D'habitude, c'est moi qui suis dans son état et lui dans le mien. C'est plus drôle d'habitude. Quoi que, pour le coup, je suis sure que je peux m'amuser un peu. Mais pas trop parce que, même s'il ne ferait pas de mal à une mouche, l'alcool qui coule dans ses veines risque de le rendre violent ou de lui donner assez de force pour se blesser. Et oui, je peux l'esquiver mais le mur ou les meubles autour de nous n'ont pas cette faculté à bouger pour l'éviter. « Et si je n'apparaissais pas, elle se serait fait sauté ici. Quelle différence à part que t'aurais été l'heureux chanceux? » Je le regarde et lève les yeux au ciel. C'est là que je me rends compte qu'il ne me connaît absolument pas. Profiter d'une jeune femme dans un tel état, pourquoi pas. Mais une fois qu'elle a vomit, elle est – comment dire – rayée de ma potentielle liste de conquêtes. Je trouve cela tellement répugnant que ça me suffit à me vacciner à vie. Et je dois le dire, les Ioannis-Hanwell ne m'attirent pas vraiment. Enfin, physiquement si, bien entendu, mais moralement, beaucoup moins. Il n'y a qu'à voir la façon dont ce grand crétin a réagi l'autre soir au bar et comment sa sœur a agi. Une vraie gamine qui rêvait de voir Roméo et son frère s'embrasser. Il faut avoir des rêves réalisables pour ne pas être déçu. Bien que ce soit l'innaccessible qui soit le plus kiffant. « Je ne couche jamais chez une fille pour plusieurs raisons et surtout, elle a gerbé. Tu crois vraiment que je vais me tapper une minette qui ne tient pas l'alcool ? » Quand elles sont à la limite d'être trop bourrée, c'est kiffant parce qu'elle ne dise non à rien mais quand cette limite est passée, merci au revoir. Je lève les yeux au ciel suite à la remarque du jeune homme. Je n'attends pas des applaudissements, le mouvement de ses mains frapants l'une dans l'autre pourrait lui faire mal. Petit chou. Mais un minimum de reconnaissance serait pas mal. C'est sure que c'est pas lui qui aurait pu l'aider sa frangine dans l'état dans lequel il est. Quand je dis qu'être gentil ne sert à rien. Autant être con et méchant. Et puis, c'est plus facile. Pas besoin de réfléchir et encore moins d'écouter sa conscience. On ne retient jamais les gens gentils en plus, juste ceux qui font du mal. « Tu veux boire quelque chose? Visiblement, t'es le seul qui n'en a pas profiter ce soir. » Je me suis tellement perdu dans mes rêveries que je n'ai même pas vu que l'anglo-américain a la tête dans le frigo et que sa voix montre bien l'état dans lequel il est. Coco, on ne boit pas quand on ne sait pas tenir. Quoi qu'il tient, il n'a pas la gueule dans les chiottes et c'est déjà pas mal. « Je veux bien un coca si t'as » Je sais très bien que je devrais décamper et le laisser tranquille pour montrer que je ne suis pas si con que ça mais ça me démange. Le voir dans cet état, ça fait délirer et ça me fait kiffer. Après tout, c'est souvent quand on a bu et que notre cerveau est incapable de réfléchir trop vite qu'on fait des conneries. Je me place derrière lui et attend qu'il fasse un pas en arrière tappant dans mon genou. Je grimace mais je m'enfou. Ça pourrait être sympa de se faire Elias quand même. « Je me permets » Lançais-je en glissant la main dans le frigo et en sortant une cannette de diet coke. Mon visage est juste à côté du sien et j'ai sa nuque à millimètre de mes lèvres. Tout va bien. Je souris légèrement. Mon dieu s'il craquait. Ce serait tellement... génial. Mais je pourrais presque m'en vouloir vis-à-vis de Roméo parce qu'il lui plait, ça crève les yeux. Mais là, tout de suite, je m'en foue un peu. Chacun sa merde. Et je sais très bien qu'Elias ne dirait jamais rien à Roméo. Et moi non plus. Ca pourrait être notre petit secret.

Je n'aime pas Casey, c'est un fait. Il est exactement l'opposé de ce que je suis en de nombreux points, pour ne pas dire sur tous. Je n'ai jamais entendu parler de ce gars et voilà que je e croise deux fois en peu de temps et à deux reprises dans des situations que je préférerais éviter. Après avoir tripoter Romeo et Lyla sous mes yeux, c'est au tour de Thalia, il faut avouer que c'est un peu exagéré. Y'a eut Charlie aussi... Mais qui ne tripote pas Charlie? J'en ai juste rien à faire de sa pomme, même si elle me servait de bouclier et d'occupations. « Je ne couche jamais chez une fille pour plusieurs raisons et surtout, elle a gerbé. Tu crois vraiment que je vais me tapper une minette qui ne tient pas l'alcool ? » « J'sais pas tu te tapes d'ou ce qui bouge. » Je ne réfléchi pas et répond du tac au tac. Je suis certain qu'il n'a pas couché avec Lyla - du moins j'espère ne pas me tromper à ce sujet mais Romeo... Il y est passé et pas qu'une fois. Je chasse cette pensée rapidement, parce qu'il est hors de question que j'imagine ces deux là ensembles et que ça ne me regarde pas. Romeo fait ce qu'il veut de ses fesses, depuis quand ça me tracasse? Je pousse un long soupire et fini la tête dans le frigo. Ouai c'est bien ça pour se remettre les idées aux claires... reprendre mes esprits. « Je veux bien un coca si t'as » Je lève les yeux au ciel et cette réaction me donne le tournis en deux secondes. Ça l'avance à quoi de rester en sachant parfaitement que je ne peux pas l'encadrer? A part tester les limites de ma politesse? C'est peut-être ça... il veut me voir éclater et ça n'arrivera pas... No way. Quand je le sens se placer derrière moi, je me recule automatiquement mais ne vais pas bien loin, titubant entre lui (que je heurte) et le frigo (qui me rattrape) - soit dans les 20 centimètres qu'ils me laissent pour respirer. Je le laisse se servir sans avoir le temps de lui signaler qu'il n'est pas chez lui - il a le temps de faire un tas de trucs avant que je parvienne à formuler une phrase correcte dans mon esprit et la déballe ensuite sans mélanger mes mots. Je sens sa respiration dans ma nuque et j'ai presque envie de rire, il attend quoi pour se bouger? Que je l'empoigne? Car ça ne risque pas d'arriver vu mon état. Je pourrais me blesser comme un con, plutôt que de le dégager. Je ne prendrai pas de risques pour lui, j'ai l'impression d'être un gamin privé de sommeil : je veux juste mon lit, pitié. J'attends quelques secondes mais Casey ne bronche pas, toujours à moitié collé à moi. Je pivote du mieux que je le peux pour l'observer et mes lèvres effleurent les siennes sans que je ne le veuille ou encore que j'y prête vraiment attention. Je ne m'énerve pas, car ça m'est égal. S'il se bougeait, je pourrais bouger et respirer tranquillement. « C'est bon tu as tout ce que tu veux? » Oh une phrase correcte! Je crois... Juste bois et casse toi. Mieux l'avantage des canettes c'est qu'elles sont à emporter! Je l'observe en plantant mon regard dans le sien - même si j'ai bien du mal à fixer un point - et la proximité entre nos deux visages fait que je dois me mordre la joue pour ne pas rire. Je suis chez moi, je ne vais pas me retirer... Puis honnêtement tester ou il veut en venir me fait marrer, même si je risque bien d'avoir envie de lui écraser mon poing dans la gueule dans trente seconde... et que j'en ai pas la force. Ou pas. Parce qu'il a beau être con, je doute qu'il le soit à ce point. Il a remarqué aussi bien que moi que je n'étais pas apte à grand chose ce soir, mais je sais encore dire non, faut pas croire.