Les gens sans bruits sont dangereux. × Aleks

Mieux vaux s'excuser que de demander la permission...

Quand Aleksandra sortit enfin de son lit, l'après midi était déjà bien entamée. Il faut dire qu'hier soir la boite était bondée et elle avait du danser plus que de raison. Maintenant ses muscles étaient endoloris, courbatures qui s'étaient réveillées en même temps qu'elle. Elle s'assit sur le bord de son lit tandis qu'Hansel relevait la tête, bougeant frénétiquement la queue, ravie de la voir enfin émergée.

- T'as faim mon gros ?

La jolie blonde sauta sur ses pieds et étira son mètre 65, laissant échapper un piètre gémissement semblable au cris d'une bête. Super glam' Aleks...

Elle se dirigea ensuite, les cheveux dans tous les sens et même pas démaquillée de la veille, vers son réfrigérateur. Elle portait encore le vieux T-shirt des Sum41 et le short gris dans lesquels elle dormait. Elle resta un moment dubitative devant les restes éparpillés sur les différents étages, soupira, puis attrapa les restes de la soupe aux potirons de la veille quelle versa dans une tasse. Piètre repas ...

Hansel s'impatientait et sautait partout dans l'appartement, glapissant d’excitation. Aleksandra ouvrit donc le placard du bas et en sortit une énorme boite de pâté pour chien qu'elle vida dans la gamelle de son compagnon.

- On déjeune en musique ?

Hansel ne répondit pas, bien entendu, il avait le museau dans sa pâté qu'il finira en quelques bouchées à peine. Aleks, elle, alluma sa vieille radio et se mit en quête d'une station potable. Lorsqu'elle entendit l'air d'Avicii "You make me". La jeune femme monta le son presque au maximum, hochant la tête au rythme de la musique, les yeux fermés. Au fil de la musique, elle se mis même à chanter et, attrapant sa brosse à cheveux posée sur la table basse, se pris pour une star, debout sur cette dernière, secouant ses cheveux et sautant dans tous les sens. Hansel l'observait, dubitatif, puis aboya en courant autour de sa maitresse comme pour l'accompagner dans son moment de joie.

C'est lorsqu'elle entendit des coups sur le mur qu'Aleksandra se rappela qu'elle avait des voisins. Un voisin plus particulièrement d'ailleurs, Caesius, qui vivait juste à coté. Elle stoppa sa danse folle et descendit de son perchoir avec un sourire. Il faut dire que le pauvre ne devait plus en pouvoir tant Aleks prenait un malin plaisir à le chercher. Il était peut être en plein travail et souhaitait avoir la paix. Pauvre chou... mais beau garçon, vraiment.

Elle réfléchit un moment puis eut un rire pour elle même avant d'enfiler un peignoir. Une idée lui était venue pour pouvoir profiter de la compagnie du jeune homme. Elle alla ouvrir de nouveau son frigo et attrapa les restes de tarte à la framboise pour laquelle elle avait craqué la veille. Son dessert préféré. En espérant qu'il aime ça...

- Sois sage Hansel, je reviens !

Elle sortit presque en courant de son appartement, referma la porte derrière elle puis se dirigea sur la gauche. En passant elle stoppa net son élan en passant devant le grand miroir du couloir. Mon dieu mais qu'elle tête elle avait. Elle jura puis entreprit de plaquer ses mèches rebelles convenablement sur le haut de son crâne, essuya les coulures de mascara comme elle put ainsi que le reste de soupe à la commissure de ses lèvres puis se campa devant la porte de son voisin. Elle prit une petite inspiration puis frappa.

Un petit instant s'écoula puis la porte s'ouvrit sur Caesius... en serviette de bain, à moitié nu. Elle n'en demandait pas tant. Sans le savoir elle était bouche bée et bugait littéralement sur le torse du jeune homme. Dans sa tête tout se passait au ralentit, le beau garçon passa une main dans ses cheveux encore mouillés. C'était comme dans un film. Elle n'entendit même pas ce qu'il lui dit à ce moment là. Elle finit par reprendre ses esprit et sa contenance avant de s'engouffrer rapidement par l'espace que Cae avait sans le vouloir laissé entre lui et son entrée. Au moins il ne la verrait pas rougir jusqu'aux oreilles. Oh allez crotte Aleks t'es une dure à cuir quoi !
Arrivée derrière lui, elle lui fit finalement face en lui tendant le paquet contenant la pâtisserie.

- Je me disais que t'avais peut-être un petit creux... Tu as aimé la performance ? Demanda t-elle, faisant allusion à la petite scène de tout à l'heure chez elle, pour le taquiner.

Elle s'avança ensuite dans le salon et s'approcha du divan sans lui laisser le temps de répondre. L'appartement était propre quoi qu'un peu en désordre. Elle posa le paquet sur la table basse et attrapa un sweat qui trainait du bout des doigts.

- Mais quel maniaque dis moi ... enfin visiblement porter des vêtements pour toi c'est... secondaire à ce que je vois.

Dis-t-elle, malicieuse, en désignant le jeune homme où quelques gouttelettes d'eau glissaient délicieusement sur ses bras musclés.

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Mieux vaux s'excuser que de demander la permission...

"Un peu trop forte à mon goût peut être" Lui répondit-il.

Mais Aleks n'écoutait que d'une oreille et haussa les épaules. Ce n'est pas aujourd'hui qu'elle allait changer ses habitudes musicales. Même pour lui. Elle n'aimait pas le silence, ça lui faisait peur. Comme si le son, n'importe lequel, la protégeait de... De quoi d'ailleurs ? Et bien de la solitude tout simplement. Il y avait Hansel bien sûr, mais malgré tout le mal qu'il avait pu lui faire dans son passé, le genre humain lui manquait souvent, seule dans son studio minable. En se laissant tomber négligemment sur le canapé de son voisin, comme si elle était chez elle, Aleksandra se demanda s'il accepterait de l'aider à quelques travaux. Toutes les pièces avaient besoin d'un bon coup de peinture, presque toutes les ampoules étaient mortes et le système électrique laissait à désirer. Elle risquait sa vie tous les jours dans cette cage à lapin. Mais c'était la seule chose qu'elle pouvait s'offrir avec son maigre salaire.Elle observa à nouveau la déco tandis que Caesius répondait à la pique qu'elle lui avait lancé sur le port des vêtements. C'était ni drôle ni très malin comme remarque Aleks, si tu veux qu'il te remarque plus que cela il va  falloir être gentille, sage et disciplinée. Sauf que ce n'était pas du tout elle ça. Elle lui esquissa un sourire mi-ange, mi-démon, dévoilant toute sa petite dentition avant de lui tirer la langue dans le dos lorsqu'il s'éloigna, sans doute pour se mettre quelque chose sur le dos. Elle aurait mieux fait de se taire ... Il revint dans une tenue décontractée et se servit une part de son gâteau tout en la remerciant. Aleksandra replia ses jambes sous ses fesses, posa son coude sur le dossier du canapé et laissa sa tête retomber dans sa main tandis qu'elle observait le garçon manger. Elle fixa sa mâchoire puissante, la bouche entrouverte, mais heureusement, se ressaisit rapidement.

"Heu... De rien... " Baragouina-t-elle.

Il la regarda et Aleks finit par reprendre son air détaché et rebelle, image forte qu'elle donnait d'elle-même à la majorité des êtres vivants sur cette terre. Ses sentiments, elle les gardait pour elle.

"Tu m'as apporté cette offrande pour t'excuser d'être une voisine bruyante ?"

Aleksandra pouffa de rire, le poussa doucement puis se leva du canapé. Tandis qu'il pianotait sur son ordinateur, elle répliqua :

"Dans tes rêves. Seuls les faibles donnent des excuses. Je ne fais que partager avec toi mon amour pour la musique voilà tout."

Elle fit le tour du canapé pour se retrouver derrière lui. Il fit une réflexion à propos de sa mère sembla-t-il, mais elle était trop occupée à regarder sa nuque alors qu'il reprenait un morceau de tarte. Il lui proposa ensuite de boire quelque chose. Aleksandra opta pour la bière. Elle venait de se lever, mais le goût amer du houblon lui fit du bien. Elle prit donc une bonne gorgée. Elle décida ensuite de continuer dans sa lancée et sans y être invitée, s'incrusta dans la cuisine pour fouiner. Il devait bien y avoir un bout de gâteau sec ou deux, non ? Elle opta pour une barre de céréale qu'elle défit lentement de son emballage en se tournant vers le salon où Caesius trifouillait encore ses appareils. Aleksandra se demanda comme il pouvait y comprendre quelque chose. À part faire quelques recherches sur internet de temps en temps à la bibliothèque, elle n'utilisait jamais d'ordinateur. Encore faudrait-il qu'elle ait les moyens de s'en offrir un... Mais qu'est-ce qu'elle en ferait ?

"Tu as laissé Hansel seul ? Étonnant, tu traines ce chien partout d'habitude."

Aleksandra sourit, et répondit tout en se rapprochant de lui.

"Il est à côté. Probablement jaloux en entendant nos voix, il doit surement être en train de se venger sur un de mes coussins... J'espère seulement qu'il n'a pas fait tomber mon matériel. Je n'ai rien auquel je tiens vraiment à part ça. Mon appareil photo, je veux dire. Tu t'y connais un peu en photographie ?"

Tout en posant la question, une idée lui était venue. Elle pourrait lui proposer un shooting. Si elle donnait une excuse du genre : "c'est purement professionnel, c'est juste pour le coter artistique", peut être accepterait-il de poser pour elle ? Ce serait le pied ! Bon rien n'égalait le fait de pouvoir le mater en vrai, mais enfin au moins elle aurait quelques souvenirs. Et même jusqu'ici, elle prenait des paysages en photo, pas des personnes. Elle pourrait innover comme ça.

"Je pensais te demander de poser pour moi en fait. J'ai besoin de m'entraîner pour remplir mon book. C'est... Professionnel, tu vois..."

Elle ne put s'empêcher de se trahir en mordillant sa lèvre inférieure. Elle espérait juste qu'il n'avait rien remarqué. Elle en profita pour se rapprocher un peu plus du garçon. D'ici, elle pouvait sentir son parfum, juste derrière les effluves de savon. Cette odeur lui rappelait d'ailleurs étrangement quelque chose mais sur le moment elle ne voyait pas quoi, elle voyait seulement les yeux de Cae posés sur elle et eut un frisson, heureusement discret tandis qu'elle attendait sa réponse, se tortillant les doigts, nerveuse... Un peu de contenance Aleks punaise... Elle n'était plus elle-même en sa présence. Et ça l'agaçait terriblement.

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Mieux vaux s'excuser que de demander la permission...

La passion d'Aleksandra était née peut après son arrivée à Londres. Elle avait feuilletée un magasine où une superbe photographie avait été mise sur la couverture. Un paysage canadien sans doute. Et en tournant les pages, d'autres photo la subjuguèrent. Plus sublimes les unes que les autres. C'est alors qu'elle eut l'idée, à son tour, de prendre ses propres clichés. Elle photographierait le cœur de Londres, ses rues, ses habitants... Juste comme ça, juste pour elle.

Lorsqu'elle reçut sa première paye, la quasi totalité passa dans l'achat de son premier appareil photo. Pas un des meilleurs, soit, mais largement suffisant pour l'utilité qu'elle en aurait. Les premiers temps, elle eu du mal à gérer ses envies d'absolument tout prendre en photo. Tout et n'importe quoi. Puis, petit à petit, elle choisit soigneusement ses plans, le plus bel instant, la lumière parfaite, la distance, tout. Elle devenait carrément maniaque. Mais si ce n'était pas parfait, elle n'en voulait pas. Elle ne restait jamais au même endroit. Elle passait des heures à parcourir les rues, au hasard pour espérer tomber sur LA photo de la journée. Celle qu'elle regarderait sans se lasser pendant de longues minutes, allongée dans son bain moussant, et qu'elle rangerait délicatement dans l'album de ses plus beaux succès.

Du coup, elle n'avait jamais pris quelqu'un en photo. Pas de portrait tout du moins. Juste des gens qui passaient et meublaient le décor, apportant du réalisme à ses clichés. Mais avec Cae comme modèle, elle pourrait bien découvrir un autre aspect de la photographie. Plutôt que de capturer un moment, là se serait plutôt un sentiment, une expression, une lueur dans les yeux, la lumière et l'ombre sur la peau... Il y avait sûrement de très jolies choses à réaliser ! Et la meilleure des raisons pour rester une éternité dans son bain à regarder une photo. L'imagination est débordante et illimité chez Aleksandra.

« Mais j'ai jamais fait ça. Je sais pas si je te serais d'une grande aide. Et puis, pourquoi vouloir me photographier moi ? »

La jeune Norvégienne ne répondit pas et haussa les épaules, comme à son habitude lorsqu'elle n'avait pas une réponse franchement constructive das l'immédiat. Il faudra bien pourtant qu'elle trouve une excuse autre qu'elle désirait pouvoir voir son visage toute la journée chez elle et l'observer sous tous les angles pendant des heures... mon dieu elle se faisait peur à elle même. D'où lui venait cette foutu obsession pour un garçon ? Ce n'était pas vraiment elle... et pourtant ça lui rappelait étrangement un moment de sa vie. Celui qu'elle ardait secret au fond de son petit cœur, bien gardé. Gaspard... Elle n'avait jamais rien ressentis, même une simple tendresse, pour un autre homme après lui. Mais c''était il y a bien longtemps déjà. Plus de 5 ans maintenant. Et cette odeur, elle ressemblait beaucoup à celle de... bref, oublier. C'était le passé et un moment de sa vie qu'elle serait ravie de pouvoir oublier à jamais !

« Si ça peut t'aider ... Pourquoi pas ... Mais je reste perplexe. Je veux dire, je suis certain que tu pourrais t'offrir les services d'un tas de mannequins, hommes ou femmes, qui veulent percer et se faire connaître ... Tiens, tu me montreras des photos que tu fais ? »

Aleksandra sourit de sa naïveté et secoua la tête.

« Bah... premièrement, tu sais, contrairement à ce que tu crois je ne peux rien m'offrir du tout. Et enfin, c'est parce que tu n'es justement pas un mannequin que je veux que ce soit toi. Les mannequins sont formatés, raides et... vide. Toi tu reste naturel dans tes mouvements, les sentiments dans ton regard. C'est la simplicité de la beauté que je veux capturer chez toi. »

C'est lui, Cae qu'elle voulait capturer dans son appareil, capturé, figé à ses cotés. Est ce que c'était... malsain ? Probablement mais ça passait au dessus d'Aleks à ce moment là.

«  Mais je suis désolée je ne peux pas te montrer mes photos c'est trop... personnel. Et tu n'es que mon voisin agaçant et irritant ! » Le taquina-t-elle. 

Elle le regarda ensuite s'éloigner dans la cuisine après que son téléphone les ait interrompus soudainement. La jolie blonde détacha alors son regard du garçon et fit semblant de s'intéresser de très près à la décoration de son salon. Mais curieuse comme elle était, elle ne put s'empêcher d'écouter la conversation privée d'une oreille.

Lorsqu'il revint et tenta de reprendre le cour de leur précédente conversation, elle ne put s'empêcher une remarque mais elle avait sûrement perdue, encore une fois, une occasion de se taire :

«  T'es devenu dealer à tes heures perdues ? »

Oups...

«  Désolé j'ai pas pu m'empêcher de... d'avoir l'oreille qui traînait... » S'excusa-t-elle.

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