"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici V&A Wilde × Retour Forcé 2979874845 V&A Wilde × Retour Forcé 1973890357
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V&A Wilde × Retour Forcé

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() message posté Sam 4 Oct 2014 - 0:12 par Invité
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Retour Forcé



Je détestai la pluie. Il est vrai que sur quelques points de ma personnalité, j'étais pire qu'une fille. Eh oui, mes cheveux n'aiment pas la pluie. J'éclatai de rire, en regardant le visage amusé de Clark. J'étais enroulé dans un sweat-shirt beaucoup trop large, mon jean déchiré était aussi étanche qu'une passoire, et mon corps était épuisé par deux nuits blanches consécutives. A y réfléchir, cela faisait cinq jours maintenant que je squattais chez mon meilleur ami. Il avait un tout petit appartement mais heureusement un bon gros cœur, et une passion pour enfumer son minuscule salon de bonnes odeurs de marijuana. En croisant mon reflet dans l'écran noir de mon Iphone, je vis mes yeux mi-clos, et mon sourire béat. Je n'avais franchement pas un sex-appeal à casser des briques, j'étais simplement un jeune homme défoncé et posé dans son monde.

C'est parti ! me lança Clark en quittant le porche à vive allure.

Je le suivis, mes jambes flageolantes supportant à peine mon poids. J'étais comme on le dit si bien complètement mort. Après une dizaine de mètres sur les trottoirs trempés à poursuivre mon collègue dealer, je perdis l'équilibre et tombai en avant. Étouffant un cri, j'eus tout de même le réflexe de protéger mon visage avec mes bras. J’atterris violemment sur les restes d'une bouteille de vin, et je sentis les morceaux de verre tranchants se planter dans ma peau.

Outch …

Mon ami se retourna, et éclata à nouveau d'un rire gras. Il s'amusait énormément de la situation, surtout qu'il n'était pas dans son état naturel. La drogue faisait qu'il trouvait le contexte très amusant, mais personnellement l'euphorie s'était dissipée et je sentais maintenant une douleur désagréable et ma tête tournait. Je regardais à gauche, ou à droite, mais tout tanguait. La pluie battait, et les quelques londoniens les plus matinaux – il était sept heures du matin tout de même, ne s'arrêtaient sûrement pas face à un drogué qui se ramassait la tronche par terre. Je me relevai enfin, non sans difficultés, et je contemplait les dégâts. J'étais détrempé, mes avants bras saignaient et risquaient de s'infecter, tandis que mon genou qui dépassait de mon jean déchiré était gravé par la marque du goudron. Je n'avais pas d'affaires de rechange, c'est ainsi que sans réfléchir j'ai fais un vague signe à mon pote et je m'en suis allé. Il fallait que je retourne à la maison.


Mon sourire s'était évaporé après m'être rétamé sur le béton, mais franchir la porte de la maison transforma mon visage défait en véritable grimace de dégoût. Je passais à la maison que quelques jours par semaine, et encore je me contentai en général de dormir ou de prendre à manger, des affaires de rechange et quand je pouvais de l'argent. J'entrais dans le couloir avec un fracas que je n'essayais même pas de dissimuler. Je renversai au passage les parapluies – peut-être que j'aurais dû en prendre un !, puis j'allumai lumières sur lumières afin de chercher la trousse à pharmacie. Je passais prendre des bandages, une pince à épiler et du désinfectant, dont l'odeur piquait au nez, puis je m'installai par terre dans le couloir pour enlever mes chaussures et ma veste trempés et puant le chien mouillé, avant de m'appliquer le désinfectant. Je jurai. Ça pique cette merde ! Je ne tentai même plus de m'enlever les bouts de verre pour l’instant, je n'en avais plus le courage à cette heure.
Sans aucune force, je me contentai de me laisser choir contre le mur et soupirai, tentant de temps en temps de renverser quelques gouttes de produit sur mes bras endoloris.

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() message posté Sam 4 Oct 2014 - 3:20 par Invité
Y’a personne à la maison. Comme toujours de toute façon. Ta mère est encore partie sans même te prévenir. Elle a même pas dormi là. Elle doit encore être chez à mec à se faire tringler comme une salope. Tu la détestes de toute façon. Tu la détestes. Encore plus depuis l’accident. Elle est là, à t’utiliser pour mieux baiser. Ses petits numéros devant tes médecins et autres personnes susceptibles de t’aider te dégoutent.

T’es réveillé depuis des heures. T’es même pas sur d’avoir vraiment dormi à vrai dire. Juste somnolé un peu. T’arrives plus à dormir de toute façon. T’as peur. Trop peur de revivre encore et encore la douleur de ses coups contre ton corps. Ca te terrorise. Lysandre te terrorise. Alors tu restes éveillé. Pour ne pas rêver. Pour essayer d’oublier. Tu restes là. Les yeux grands ouverts sur la noirceur qui t’entoure.

Il pleut dehors. T’entends la pluie s’abattre sur les vitres. T’aimes bien la pluie. Tu sais pas bien pourquoi. Avant, t’aimais bien prendre des photos les jours de pluie. Voir les gens se hâter sous un parapluie. C’était joli. Et puis t’as toujours aimé ce petit bruit. Ce clap clap incessant. Quand t’étais petit et que l’orage grondait. Là dehors. Vous construisiez un abri géant dans le salon pour y dormir tous les trois. Et t’aimais ça. Te blottir contre tes frères pour écouter la pluie. Pour écouter l’orage.

Le silence de l’appartement te prend le cœur. Ce silence qui te rappelle à quel point tu es seul ici. Pas de père pour prendre soin de toi. Une mère trop occupée pour y penser. Et puis les deux autres. Les deux frères à la con. L’un qui s’est barré sans jamais se retourner et l’autre qui daigne jamais se pointer. Tu les détestes. Tous autant qu’ils sont. Tu les détestes d’être si égoïste. T’aimerais ne pas avoir besoin d’eux. Mais quelque part, c’est là. Ce manque. Ce besoin de te sentir entouré. Et aimé. Mais y’a personne. Jamais personne.
Un soupire s’échappe de tes lèvres. Le silence te bouffe. Alors tu décides de sortir. D’aller sur le balcon pour écouter la pluie. Pour sentir l’eau couler sur ta peau. T’attrapes ton paquet de cigarettes que tu laisses désormais toujours au même endroit pour être sur de le retrouver puis t’abandonnes ton appareil pour ouvrir la baie-vitré du salon. Tu souris un instant en sentant la fraicheur de l’aube puis tu portes ta cigarette à tes lèvres afin de l’allumer. La nicotine vient envahir tes poumons, te procurant un sentiment de bien-être. Puis tu viens t’asseoir parterre, laissant la pluie dégouliner sur ton corps d’adolescent.

Il fait froid. T’es trempé jusqu’aux os et pourtant tu restes là. Comme un idiot. Tu t’en fou de toute façon. Ta tête est posée contre la barrière du balcon. Et sans même le réaliser, le sommeil commence à te gagner.
Tu t’réveilles en sursaut en entendant un fracas épouvantable à l’intérieur. T’es glacé. Il te faut de longues secondes pour te souvenir de ce qui s’est passé. Alors tu te relèves pour te glisser à l’intérieur, tremblant malgré toi. Tu sais même plus vraiment si c’est le froid ou la peur qui te prend le cœur.« C’est qui ?!! » Ne rien voir est effrayant. Parce que tu sais jamais à quoi t’attendre. Alors t’avances lentement vers la source du bruit. Lentement. Très lentement. Puis finalement, t’entends sa voix « Ça pique cette merde ! » La voix d’Arthur. Un léger soupire de soulagement s’échappent de tes lèvres bleuies par le froid. « … Qu’est ce que tu fous ? »

Ca fait des jours que tu l’as pas vu. Enfin vu … C’est beaucoup dire. Ca fait des jours que vous n’avez pas été dans la même pièce. Peut être même des semaines. Tu sais même plus. De toute façon, vous parlez plus. Vous partagez plus rien. Jamais. Il est juste un fantôme qui vient hanter parfois l’appartement. De temps en temps. « Ca sent le désinfectant. Qu’est que t’as foutu encore … ? »
Et c’est toi qui dit ça.
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() message posté Sam 4 Oct 2014 - 12:09 par Invité
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… Qu'est-ce que tu fous ?

Je relevai rapidement la tête, pris de court par cette arrivée discrète. Mon esprit embué mit quelques secondes à récupérer de mon brusque mouvement, et je me retrouvai face à Victor. Il était debout, près du mur – sûrement pour s'aider à marcher, et son visage était ingénieusement tourné dans ma direction. Dans la pâle lumière du couloir, le regard vide fixant un point au dessus de ma tête, mon petit frère paraissait aussi mystique qu'un esprit antique. Cela faisait quelques mois qu'il était aveugle, mais l'incident avait été très dur à vivre pour moi – égoïste que j'étais. Je ne l'avouerais évidemment jamais, mais je détestais Victor maintenant qu'il était aveugle. Entre son incident qui attirait la pitié des gens à dix kilomètres à la ronde ; et Clyde qui s'était fait la malle, je m'étais retrouvé plus seul que jamais au sein de ma famille. Liens de sang, tu parles !


Avant, nous étions très proches. Nos âges étant proches, nous avions grandis et appris la vie comme un seul homme. Cependant, nos vies s'étaient séparées à l'adolescence. Alors que sa naïveté juvénile le gardait dans le droit chemin, j'avais préféré jouer avec le feu et profiter de chaque instants de ma vie. Mais nous étions resté tout de même assez complice, il fallait bien que nous nous soutenions dans une vie sans modèle paternel, avec un frère fuyard et une mère nymphomane. Comme des frères normaux, nous nous disputions souvent, mais sans gravité. Puis il y a eu l'accident. Depuis je le considérais – et à juste titre j'en étais persuadé, comme une victime. Maman s'était plus ou moins rapprochée de lui par nécessité de l'assister, me délaissant encore plus si tant est que se fusse possible.

Ça sent le désinfectant, remarqua le Sherlock Holmes non-voyant. Qu’est que t’as foutu encore … ?

Il n'avait plus qu'à jouer les inquiétés tant qu'on y était. Ou simplement il me reprochait de l'avoir réveillé ? Non, il était lui aussi mouillé. Monsieur l'aveugle n'aurait pas trouvé la poignée de la porte d'entrée et serait donc resté trempé dehors une heure ou deux ? Non, c'était de la méchanceté gratuite, et je n'avais pas la force de lui envoyer cette pique à voix haute.

J'ai trébuché, j'ai pas regardé où je marchais. Ah mais je parle de regarder quelque chose, tu ne peux pas comprendre.

C'était simplement plus fort que moi, je n'étais pas lâche comme Clyde à fuir à la moindre contradiction. Moi je rentrai dans le tas, et je réfléchissait après … voire même pas du tout.


Je me relevai péniblement et me dirigeai dans la direction de mon petit frère. Je passai devant lui et me dirigeai vers la cuisine, me tapant la hanche maladroitement contre le plan de travail. Il y eut un bruit sourd et je lâchai un juron. Puis j'appuyais pour me servir un café. Après une hésitation, je me raclai a gorge et lançai :

Tu prends ton café avec un sucre c'est ça ?

Comme si de rien était.
Même si une petite voix dans ma tête me soufflai de mettre du sel à la place du sucre … mais je n'allais tout de même pas le faire.

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() message posté Lun 6 Oct 2014 - 6:58 par Invité
Arthur, il déconne. Et ça fait un moment qu’il déconne. T’avais commencé à suivre son exemple y’a quelques années. A trainer avec Lysandre et Dmitri. Pas vraiment les bonnes personnes à suivre à vrai dire. Puis finalement, ils t’ont remis dans le droit chemin. Pas de place pour les pédés dans leur monde de petits délinquants à la con. Alors t’es redevenu le gamin un peu trop sage que t’as toujours été. Celui qui aurait aimé faire toutes ces choses dingues mais qui n’en était jamais vraiment capable. De toute façon, c’est stupide.

« J'ai trébuché, j'ai pas regardé où je marchais. Ah mais je parle de regarder quelque chose, tu ne peux pas comprendre. » Sa réponse, tu t’la prends en pleine gueule. Parce que cette phrase, c’est pas n’importe quel connard qui te la balance. Nan, c’est Arthur. C’est ton frère. Ta gorge se serre tandis que ton cœur saigne un peu. Connard. Tu sais même pas quoi répondre. Parce que y’a rien à répondre à ça. Tu comprends pas pourquoi il réagit comme ça. Aussi froidement. Tu comprends pas. Vous étiez si proche tous les deux. Tous les trois. C’était y’a si longtemps. Une éternité. Depuis le départ de Clyde, c’est comme si Arthur était parti aussi. Plus jamais là. Alors t’as du grandir tout seul. Comme un grand. T’as dû apprendre à ignorer les violentes insultes de Lysandre et les regards méprisants de Dmitri. T’as dû apprendre à vivre avec. Et à fermer ta gueule. Parce que tu voulais pas demander de l’aide à ce garçon qui était désormais devenu si étranger.
Arthur, c’est à peine s’il est venu te voir à l’hôpital. Et contrairement aux autres, il a jamais cherché à savoir qui avait fait ça. Et pourquoi. Pourquoi quelqu’un t’avait tabassé pratiquement jusqu’à la mort. C’est un peu comme s’il s’en fichait. Comme si ça ne changeait rien pour lui. Que tu sois vivant ou non. Que tu sois voyant ou non. Et puis, tu le voyais déjà pas beaucoup. Maintenant, tu le vois plus du tout. C’est change pas grand chose finalement.

Tu l’entends se lever. Se diriger vers toi. Puis te dépasser. Et toi tu restes là. Immobile. Tu sais plus comment réagir avec lui. « Tu prends ton café avec un sucre c'est ça ? » Ton regard se tourne vers lui. Et au bout d’une longue seconde, tu finis par acquiescer. Tu l’entends s’activer et toi tu restes là. Ailleurs. Tu repenses à sa phrase. A sa voix si froide. Puis après un long silence, tu finis par craquer et demander doucement « … Pourquoi tu me détestes … ? » Parce que c’est ton impression. Qu’il te déteste. Qu’il te hait si fort. Et toi tu comprends pas. Parce que tu l’aimes ton frère. Tu l’as toujours aimé. Et comme pour tous les autres, tu te sens rejeté. Abandonné. Comme d’habitude.

Un frisson de froid parcourt ton corps trempé. Mais tu veux pas partir sans ta réponse. Parce que tu veux savoir. Pour une fois qu’il est là. Pour une fois que la question s’échappe de tes lèvres. T’as besoin de savoir. C’est tout.
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