lenoah ∞ what have you done ?

Stupide ? Je l'étais ou tout du moins je me sentais tout comme. Fatiguée, voire même complètement exténuée, mes nerfs étaient à mis à rude épreuve, encore plus lorsque je me devais de supporter des clients un peu trop collants et un peu trop lourds. Pourtant, j'étais habituée. Ce n'était pas la première fois que j'avais le droit à des avances un peu trop poussées de la part d'un homme ayant un ou deux verres de trop dans le nez. Seulement, ce soir je n'étais pas d'humeur à tel point qu'une simple main aux fesses m'avait fait sortir de mes gongs. Résultat, un nez cassé pour l'homme qui m'avait touché, une lèvre fendue également et un aller direct pour le poste de police me concernant – parce qu'en plus d'être un goujat c'était un abruti ayant porté plainte. Assise en cellule, les bras croisés contre ma poitrine, mon pied tapait nerveusement sur le sol, agaçant les femmes qui me tenaient compagnie. « Mademoiselle Mills, vous pouvez sortir. » Aussitôt dit, je me levai d'un bond et rejoignis la porte que je passais après qu'elle me fut ouverte. Un petit sourire ironique adressé au policier, je passai devant ce dernier et gagnai l’accueil où je pu récupérer mes affaires. Les papiers nécessaires signés, je sortis rapidement du commissariat et trouvai la seule personne que j'étais parvenue à joindre pour me sortir de là. « Je suis vraiment désolée de te déranger et je promets de te rembourser dans les jours qui viennent. » Dis-je à l'adresse de Noah que je rejoignis en lui lançant un regard désolé. Étant donné le décalage horaire, mes parents avaient été injoignables et ce n'était pas sur ma grand-mère que je pouvais compter pour sortir de là car même si elle avait eu toute sa tête, me laisser passé la nuit derrière les barreaux aurait bien été son genre. Au final, je n'avais eu que Noah en tête, cependant ce n'était pas ce qui m'empêchait de m'en vouloir de l'avoir dérangé en pleine nuit. Me faire arrêter était bien une première, c'était le genre de chose que j'évitais au maximum, d'autant plus avec mon titre, mais ce n'était pas ce qui expliquait mon air de chien battu. Si je m'en voulais ce soir c'était bien parce que je l'avais obligé à voler à mon secours – chose que je n'appréciais pas de base venant de qui que ce soit – et qu'en plus de ça il avait dû payer pour me sortir de là … tous les ingrédients pour que je me sente coupable.

Le téléphone sonne et je mets un long moment à comprendre qu'il s'agit d'un appel et non de mon réveil. Je râle et envisage de ne pas répondre en voyant l'heure et le numéro inconnu. Je sais que j'ai tendance à être en boite à cette heure ci - pour le boulot comme pour mon propre plaisir - mais tout de même. Grognant j'attrape quand même l'iphone et décroche dans le cas ou il s'agirait d'une urgences, sait-on jamais. Bingo. Mon cœur s'affole quand la voix de ma meilleure amie me signale qu'elle est actuellement sous les barreaux en attente d'une âme charitable pour payer sa caution. Lennon, en prison. Quand l'appel se coupe net - une minute, pas plus -, je dois  me pincer pour être certain que je n'ai pas rêvé. J'enfile rapidement un pantalon de training et un t-shirt et attrape les clés de la voiture, la tête encore à moitié dans les vapes. Un passage par le distributeur et je me retrouvais au commissariat à payer la caution de Lennon avec l'envie de rire tant la situation me semblait improbable. L'inverse m'aurait bien moins étonné, bien que je ne sois pas du genre à chercher les ennuies. Le commissaire me signalait gentillement de l'attendre à l'extérieur, connard, et je m'exécutais sans broncher. Vu ma mauvaise humeur, mieux vaut ne pas l'ouvrir au risque de la faire sortir en échange de mon entrée. Je m'appuie contre la voiture et soupire de soulagement en la voyant arriver. Elle n' pas l'air blessée. « Je suis vraiment désolée de te déranger et je promets de te rembourser dans les jours qui viennent. » Je roule des yeux et ouvre les bras pour la serrer contre moi. J'imagine qu'un peu de réconfort avant une attaque de questions ne lui fera pas de tord, surtout après ce qu'elle vient de vivre.  Je fini par m'éloigner et lui ouvrir la porte de la voiture, faisant moi le tour pour aller m'installer derrière le volant. « Tu ne me déranges pas Lenny. Enfin, un peu quand même... » Je lui fais un clin d'oeil tout en attachant ma ceinture. Oui, elle m'a sorti des bras de Morphée, ce n'est pas rien, et j'aime l'ennuyer. « Mais t'as pas à hésiter quand tu as un soucis. » Un faible sourire à son égard et je démarre le moteur, elle doit sans doute avoir besoin de sommeil autant que moi après cet épisode, inutile de s'attarder ici. Je ne sais même pas pourquoi elle s'excuse alors qu'elle sait parfaitement qu'elle peut compter sur moi à toute heure. Je ne réponds pas présent pour un grand nombre de personnes mais elle fait clairement partie de cette liste. En numéro un même. « J'ai le droit de savoir pourquoi ma meilleure amie se retrouve sous les barreaux ou pas? » La situation a beau être catastrophique, elle m'amuse un peu. Quoi que ce soit, elle n'a pas été blessée... Je pourrai me servir de cette scène à vie pour l'embêter.

Je me sens stupide, dans le genre vraiment stupide. J'aurais dû garder mon calme et faire en sorte que la lourdeur de l'autre abruti me passe par-dessus la tête, mais j'en fus incapable et ce qui était fait ne pouvait pas être défait – malheureusement. Je me moque de savoir si ce petit problème va remonter jusqu'aux oreilles de mes parents, c'est le cadet de mes soucis, d'autant qu'ils savent pertinemment que la vie à laquelle je dois me plier est loin d'être celle que je veux. Je n'ai pas demandé à naître duchesse et héritière, pour cette raison je ne compte pas rentrer dans le moule auquel je devrais appartenir, même si bien des membres de ma famille le souhaitent. Je veux simplement être moi, vivre comme bon me semble quitte à aller en prison pour avoir cassé le nez d'un pauvre crétin. Alors, que cet incident leur soit rapporté ou fasse la Une des journaux, ce n'est pas grave. La seule chose qui me met mal à l'aise est que j'ai dû faire voler Noah à ma rescousse. Je sais qu'une fois l'histoire déballée il va s'en servir contre moi jusqu'à ma mort par simple besoin de me taquiner. Je ne déteste pas ça, je suis la première à faire la même chose avec lui mais, très franchement, je me serais passée de lui donner une occasion pareille. Cependant, une fois sortie du commissariat je suis tout de même soulagée de le voir et mon petit sourire parle pour moi. C'est toujours agréable d'avoir une personne importante auprès de soi dans des moments pareils. A bien y réfléchir, je n'aurais probablement pas appelé quelqu'un d'autre. Après mes parents, il est la personne qui compte le plus pour moi, celle qui a fait que je me suis vite sentie à l'aise à Londres – mais ça, plutôt mourir que de lui avouer. A quelques mètres de lui je commence donc par  m'excuser de l'avoir fait venir ici tout en promettant de le rembourser au plus vite après quoi je me glisse dans ses bras. Ça non plus je ne lui avouerais jamais, mais j'adore m'y trouver. La sensation de sécurité qu'il me procure est si agréable que j'aimerais n'avoir jamais à m'en séparer. Seulement l'étreinte se termine et je gagne le côté passager de sa voiture après qu'il m'ait ouvert. Assise à l'intérieur du véhicule, j'attache ma ceinture par automatisme tandis qu'il entre à son tour. « Tu ne me déranges pas Lenny. Enfin, un peu quand même... » Je lève les yeux au ciel, faussement agacée par sa réponse. Comme si j'allais le croire après la première partie de cette dernière. « Mais t'as pas à hésiter quand tu as un soucis. J'ai le droit de savoir pourquoi ma meilleure amie se retrouve sous les barreaux ou pas? » Une légère moue prend place sur mon visage. Je me laisse un temps de réflexion à cette question en fixant la route devant nous. Quelques secondes plus tard, je tourne la tête vers lui en grimaçant quelque peu. « Uniquement parce que tu as payé ma caution. » Dis-je pour commencer. « J'ai cassé le nez d'un pauvre type un peu trop avenant avec moi à la sortie du boulot. Je suppose que son ego en a pris un trop grand coup, il a porté plainte et j'ai fini ici. » Après réflexion, j'aurais peut-être dû lui casser autre chose en plus de son nez, enfin si j'avais su par avance que grâce à lui j'allais me retrouver derrière les barreaux. « Allez vas-y, marre toi. Je sais que tu en meurs d'envie. » Ce n'est pas comme si je ne le connaissais pas par cœur ou comme si, à sa place, je n'aurais pas été prise d'une crise de rire … et puis autant qu'il en profite tant que je suis d'humeur.

Malgré le nombre incalculables de conneries que j'ai pu enchaîner au cours de ma courte vie, je ne me suis jamais retrouvé au commissariat. Il s'agit surtout de chance et de savoir partir à temps, de ne pas se trouver au mauvais moment au mauvais endroit. Je dois bien avouer que je n'ai pas spécialement hâte de découvrir ce que cela fait, j'ai eut bien assez de disputes avec mes parents, ils m’assassineraient sur place si je finissais sous les barreaux. Je pense d'ailleurs à Lennon et son éducation stricte... je n'aimerais sincèrement pas être à sa place quand elle va se faire passer un savon. Avec un peu de chance, personne n'aura vent de l'affaire mais il y a toujours bien un imbécile pour le balancer. Genre un inspecteur fâché d'avoir vu sa caution payée si rapidement. Je pense un instant ne pas obtenir de réponse quand à la raison de sa détention - vu son silence - mais elle fini par l'admettre. « J'ai cassé le nez d'un pauvre type un peu trop avenant avec moi à la sortie du boulot. Je suppose que son ego en a pris un trop grand coup, il a porté plainte et j'ai fini ici. » Je me tourne vers elle et sourit fièrement. L'idée qu'un gars aie pu essayé de la toucher contre sa volonté me retourne l'estomac mais j'essaye de me concentrer sur la fierté qu'elle l'ai démonté. « Allez vas-y, marre toi. Je sais que tu en meurs d'envie. » Je roule des yeux et lui donne un mini coup de poing dans l'avant bras pour l'ennuyer. « Je ne savais pas que t'avais l'âme d'une guerrière, je me méfierai la prochaine fois que j'te fais chier. » Mon sourire amusé reste plaqué à mes lèvres quelques secondes avant de reprendre mon sérieux. Pour me concentrer tant sur la route que su le fond du problème. « Crois-le ou non, ça ne me fait pas marrer de savoir qu'un pauvre type essaye d'abuser de toi. J'espère que tu l'as bien amoché ce connard. » Je lui adresse une petite moue compatissante et presse son genou rapidement en signe de soutient avant de replacer ma main sur la boite à vitesse. Je ne suis pas du genre bagarreur - quoi que - mais je n'hésiterais pas une seconde à foncer dans le tas pour elle. Lennon est une des personnes les plus importantes de ma vie et je suis bien heureux qu'elle ne se soit pas laissée faire. Parfois, je me demande carrément pourquoi elle en vient à prendre des risques alors que sa famille sa suffisamment d'argent pour qu'elle évite ça. Sauf qu'elle est exactement comme moi à ce niveau, avec un besoin d'indépendance et de dire merde à notre classe sociale.  Prenant une bonne inspiration, je fini par me tourner vers elle à nouveau sans perdre de vue la route. « Je te re-dépose chez toi ou tu veux dormir à l'appart'? » Je n'ai honnêtement aucune envie de la laisser seule après cet épisode - et ne dis franchement pas non à l'avoir dans mes bras pour le reste de la nuit - mais le choix lui revient. Qui sait si elle ne rêve justement pas de solitude après ça?

J'imagine déjà très bien la tête de mes parents s'ils finissent par avoir vent de mon petit détour par la case prison. C'est assez risible dans mon esprit mais je sais très bien que si ça a lieu, je ne vais pas rire. Mes parents ont beau être assez laxistes sur certains points, ils n'en restent pas moins mes parents et savoir que leur fille a été en prison risque de ne pas leur plaire. J'aurais beau plaider la légitime défense et leur répéter à l'infini que ce ne fut que pour quelques heures, ça ne changera pas grand chose au fait que oui, j'ai été derrière les barreaux. Au final, maintenant que j'y pense plus sérieusement, ça n'a rien de drôle, absolument rien ! J'ai besoin de m'éloigner de cet endroit le plus vite possible pour ne plus y penser, pour chasser de mon esprit cette mauvaise aventure, mais aussi le fait que si je n'étais pas à même de me défendre par moi-même je pourrais être non pas au commissariat mais à l'hôpital. Il y a des malades partout, les États-Unis ont juste la malchance d'être bien plus vastes que les autres pays de cette planète, mais les fous restent les mêmes, qu'importe le nationalité. Je passe beaucoup de temps à regarder des émissions qui parfois m'empêchent de dormir correctement la nuit et ça me suffit pour me méfier de tout et de tout le monde. Je dois dès à présent me dire que ceci est derrière moi, tout du moins jusqu'à ce que ça se sache et que je me fasse passer un savon. En attendant je préfère me focaliser sur autre chose, comme la mission sauvetage que Noah vient d'accomplir avec brio. Certes, je sens qu'il ne va pas se gêner pour me ressortir cette histoire afin de me taquiner, mais ça ne me dérange pas tant que ça dans le fond. De toute manière je préfère être avec lui qu'avec n'importe qui d'autre dans cette ville. Sa présence me rassure et je sais que dans quelques minutes ça ira beaucoup mieux. Un léger rire m'échappe tandis que je l'entends me dire que la prochaine que l'envie de me chercher lui prendra il se méfiera à cause de mon côté guerrière. « Et oui monsieur ! Je ne suis pas une pauvre demoiselle sans défense … enfin presque, j'ai quand même besoin d'être sauvée pour certaines choses. » Dis-je en posant mon regard sur lui. Et puis bon, aussi débrouillarde que je puisse être, j'aime le fait d'être sauvée par un charmant jeune homme … j'ai le droit d'être un tant soit peu rêveuse tout de même. « J'espère pour lui qu'il a un bon chirurgien, parce que son nez ne doit plus ressembler à grand chose. » Lâché-je en regardant droit devant moi tout en repensant à la droite que j'avais mis à ce pauvre type. Ma réponse laisse supposer que, oui, je l'ai bien amoché, assez pour lui casser le nez et l'obliger à se faire opérer puisque je peux avoir une sacrée poigne lorsqu'on me cherche un peu trop. Néanmoins, je soupire. Je n'aime pas spécialement la violence, être l'auteur de cette dernière ne me plaît pas du tout. « En toute sincérité ? » Débuté-je en tournant de nouveau la tête vers Noah pour répondre à sa question. « Je préfère dormir chez toi. Je vais passer la nuit à imaginer quels auraient pu être les scénarios catastrophes et … je vais avoir peur toute seule. » Je baisse les yeux, un peu honteuse. J'ai été capable d'en coller une à un gars beaucoup trop avenant, mais je vais avoir peur dans mon propre appartement … assez contradictoire mais l'adrénaline peut nous faire faire beaucoup de choses, dont agir sans avoir peur.