THE STEPPENWOLF, les confessions d’Alistair.
Extraits d’un journal intime.
IT’S HARD LETTING GO. La sombre rue au croisement de Hyde Park et de l’avenue principale de Westminster avait toujours été mon endroit préféré du Grand London. Je n’avais jamais eu la chance de patrouiller dans ces lieux classés rouge par le Metroplitan Police Service durant mes débuts. Mais je trouvais plaisir à marcher toute la nuit sous les averses et tempêtes à travers les murs hostiles et mal fréquentés. Il y ‘avait quelque chose dans ces cloisons sales et ces odeurs pourries qui me ramenaient vers mon enfance à Belfast. Je ne gardais pas de souvenirs spécifiques de ces temps-là. Mon passé était si lointain qu’il me semblait parfois utopique ou complètement dérisoire. J’ai grandis dans le changement constant. Néanmoins, J’avoue que parfois je repense à ma mère. Je ne l’ai jamais réellement connu, mais j’ai toujours admiré sa bravoure. Il fallait bien du courage pour abandonner un nouveau-né dans le froid grisant d’Octobre. Il fallait bien de la volonté pour préférer l’argent et le sex, aux plaisirs éphémères de la maternité. Je pense qu’elle serait fière de moi aujourd’hui. Et de ces choses sordides que j’ai accompli.
Il est très difficile de lâcher prise quand on est une personne acharnée et bornée comme je le suis. Mais je me suis fait à l’idée que grandir signifiait faire un tas de concessions. Et même si ce n’est pas plaisant à tous les coups, il y a toujours à gagner à abandonner les ratures du passé. J’avais changé d’identité et de prénoms un millier de fois durant mes transitions sociales, mais l’étiquette d’orphelin ou de sale gosse, elle, restait toujours inchangée. Quel que soit mon âge ou le foyer. Quel que soit la saison ou l’environnement. On nous traitait, nous les enfants égarés, comme du bétail. Ceux qui étaient bons à prendre ou jolis à regarder partaient en premier. Tandis que les autres restaient prisonniers du système à tout jamais. Je me suis souvent rebellé durant mes premières années à l'orphelinat, avant de comprendre qu’il serait plus judicieux de ployer.
Ce sont des souvenirs qu’il m’arrive volontairement d’oublier. C’est plus facile d’avancer sans conscience de soi, sans réelle attache à la vie.
THERE’S NOTHING I CAN HEAR.Le soir de la décente restera à jamais encré en moi, comme l’accomplissement de ma bravoure, de mon courage et de ma volonté. Ces mêmes entités que j’avais toujours admiré chez ma mère. Nous étions rongés par le mal. Nous étions abandonnés dans les longs sentiers de l’obscure. Il n’y avait pas de démon plus fort que l’âme souillée par désespoir. Et ce lien entre ma génétrice et moi était indéniable. J’espérais au plus profond de mon être qu’elle gouterait aux supplices de la mort dans l’une de ces ruelles froides et étroites de Belfast qu’elle affectionnait tant. Tout comme j’espérais que je mourrais en héros au croisement de Hyde Park et de l’avenue principale de Westminster.
J’avais vu la fumée grise s’élever dans les cieux. Mes pas effrénés m’avaient brusquement jeté dans la gueule du loup. Je crois que je n’étais pas réellement prêt à accomplir ma destinée. J’avais peur de sombrer, mais c’était un enchantement de sentir enfin mon cœur battre à toute rampe. L’adrénaline avait son effet sur mon corps, tout comme les autres poisons de la vie. Mes chaussures balayaient le sol en silence, à l’afflux des deux criminelles. Je brandis mon arme avec arrogance, convaincu de ma puissance surhumaine. Le vent se leva, m’intimant le silence. Je m’afférais à ma tâche avec passion. Je rêvais d’être policier depuis l’âge de 11 ans, depuis que j’avais fugué loin de l’Irlande du Nord pour rejoindre la capitale anglaise. Mes yeux se fermèrent pendant un instant. Un moment d’inattention. Un souffle de trop. Mon coup de feu parti en premier. Je retins mon souffle en sortant de l’ombre. Il y’avait deux corps sur le sol. Celui de mon coéquipier et d’une enfant. L’air me manquait tandis que je regardais la réalité en face. Je n’étais pas un meurtrier. Je n’étais pas mauvais. J’avais choisi de me ranger du bon côté. Tous mes efforts n’étaient donc que désolation. Je fis un pas en arrière, tétanisé.
Les pensées et suggestions grouillaient dans ma tête à une vitesse vertigineuse. Je m’accoudais au mur afin de ne pas perdre l’équilibre. Je n’étais pas perdu. J’étais exactement au bon endroit. Toutes mes justifications ne pardonneraient jamais une erreur de cette envergure. Mes oreilles bourdonnaient. Je plaquais mes mains tremblantes de part et d’autres ma tête.
Il n’y avait qu’une seule solution. Je devais taire tous les bruits et les ragots. Il n’y avait que le silence pour me sauver.
DARKNESS BECOMES ME.Les deux idiots que je coursais étaient quelques parts dans l’impasse. Je déglutis en épiant les murs et les coins. Je brandis mon arme une nouvelle fois. Je ne pouvais plus les laisser filer à présent. Je ne pouvais plus rien pour le monde et ses injustices. Je fis volte-face dans la pénombre avant d’apercevoir le premier malfaiteur. Je souris d’un air mauvais avant de viser la poitrine. Ce n’était pas très fairplay, mais j’avais eu le mérite d’effrayer son complice. Il sorti les bras tendus vers le ciel, braillant d’une petite voix qu’il se rendait. Mais je n’étais pas un enfant de cœur. J’avais vécu quelques temps dans la rue, et j’avais appris à mes dépends que je ne pouvais compter que sur une seule loyauté. La mienne. Je fermai les yeux pour achever ma dernière victime.
Les sons continuaient à raisonner partout autour de moi. J’accouru vers le cadavre inanimé de mon camarade. Les larmes perlèrent au coin de mes yeux gris. Comment avais-je pu être aussi stupide? Je venais de me noyer dans les ténèbres. Je nettoyais la détente de mon calibre 12 avec énergie. J’étais assidu pour effacer toutes mes empreintes. Je mis le flingue dans les mains du premier bandit. Un malencontreux échange était facilement justifiable lors de ma déposition. Je saisis son pistolet à rainures, un modèle ancien, avec un bout de tissu. Le canon encore chaud toucha ma tête.
Je n’avais qu’une seule solution. Je devais taire tous les bruits et les ragots. Je n’avais que le silence pour me sauver. Le mien y compris. Je pris une grand inspiration avant de tirer sur mon oreille gauche.
«
Ils sont tous morts et je n’ai rien pu faire. » Voilà ma seule version.
BUT I’M ALREADY DEAD.J’avais une oreille en moins et un cœur de pierre. J’avais une carrière prometteuse et un rêve à vivre. Mais peu importait. Je m’étais donné au diable. Après cet incident, les pots de vins étaient devenu si facile à prendre. Je pouvais régir le monde d'un mot. Je détenais le secret ultime, le talent de la manipulation et du chantage. Mais il arrivait parfois, pendant la nuit, ou lors d'une tempête, que je revois le visage de mon ancien coéquipier. Il arrivait que cette petit fille me fixe du regard.