Je suis défiguré. Littéralement. Ma lèvre est ouverte, les hématomes se sont incrustés sur ma petite gueule d'ange. Et pourtant, j'ai les couilles de me confronter de nouveau à lui. Encore pire : avec le sourire.
C'était il y a une semaine. J'errais dans les rues, sans but précis. J'étais blasé, lassé, fatigué. Et puis je me suis retrouvé dans un quartier chaud de Londres. Je ne savais réellement pourquoi mon inconscient m'avait porté ici, mais je l'ai vite compris.
J'avais besoin de respirer, de changer, de me brûler. Et, en face de moi se trouver la solution à mon problème : une bagarre. J'en ai rarement vu, et encore moins de si violente. J'veux pas dire, mais, dans mon milieu, on évite d'en venir au poing. On tient trop à notre gueule trop parfaite, à nos images trop lisses. Sauf moi ; j'dois avoir la réputation la plus salie de Londres.
Et je voulais me mesurer à lui. A eux. Mon coeurs battait à un rythme effréné, je ne sais si c'était de la peur, ou l'adrénaline. Mais, putain, j'en avais besoin. J'me sentais revivre face à ses sentiments qui surgissaient. C'est comme si je me prenais une grande claque dans la gueule. Un réveil, assez violent, mais quelque peu nécessaire.
Cette lutte de gladiador n'était pas jolie. Ils étaient tous les deux amochés, et pourtant … c'était fascinant.
A la fin, je suis allé voir le vainqueur. De nom, je le connaissais. Un certain Taylor, connu et reconnu de la police. Ses bagarres étaient quelques peu légendaires.
Et, sans crier gare, je lui ai demandé de m'enseigner en échange de l'argent, parce que je savais que devant ma proposition à un prix indécent, il ne pouvait refuser. Et puis merde, qui refuserait ? Pourtant, je savais que je faisais une énorme connerie. Depuis quand j'avais envie d'apprendre la bagarre de rue ? Jamais. Je suis le plus grand fainéant sur terre, et si j'ai besoin d'aide, je demande à un homme sur-entraîné. Mais… pas cette fois.
Parce que j'ai besoin de renouveau, besoin de plonger encore plus dans mon enfer, et la nécessité de me défouler face à cette vie que je ne contrôle plus.
Mon autodestruction.
Le lendemain, nous nous sommes vus. C'est là qu'il m'a explosé la gueule. Presque tuer. J'en garde des cicatrices indélébiles. Non physiquement, mais mentalement. Il n'y avait personne pour me sauver. Personne pour me tendre la main. Non, j'avais l'impression que toutes les personnes dont j'avais détruit la vie, me rendait la monnaie de la pièce. C'était douloureux, affreux. Mais… j'revivais. Alors, je n'ai pas cherché à le faire tuer, comme j'aurais pu. Je suis parti, simplement.
Et le pire, il m'a balancé mon fric dans la figure.
J'ai eu le droit à des remarques désobligeantes. Mais, qu'importe. Ma mère m'a littéralement tapé un scandale avant de fondre en larme face à ma gueule pitoyable. Mon père voulait un nom. Il n'a rien eut. Ma soeur m'a dit que ça faisait viril, et que ça changeait de la petite merde que j'étais. Sympa. J'me suis mordu la langue très fort, j'gardais encore tout en moi, tandis que mes "potes" me taquinaient sur le fait que je m'étais fait défoncé, moi le grand Axel Dashwood, qui fêtait ses vingt-cinq ans avec la gueule cassée.
Et, aujourd'hui, on se revoit. Il ne sait pas si je viens. J'ai juste un lieu et une heure. J'dois être sadomasochiste pour m'y rendre… Ouais, ça doit être ça.
C'est sans aucune appréhension que je m'y rends. Je suis le premier sur le lieu, et c'est les mains dans les poches de mon buggy que je l'attends déterminé.