(✰) message posté Sam 31 Mai 2014 - 18:04 par Invité
Cela fait approximativement deux heures que je tourne autour de ce fichu dossier. Deux heures à remettre ma vie en question, deux heures à me torturer l’esprit. Je suis à deux doigts de tout envoyer en l’air et pour me calmer je n’ai rien trouvé de mieux que de m’envoyer un demi-litre de vodka dans le nez. Heureusement pour moi (ou malheureusement, je ne sais pas) je suis toujours apte à réfléchir. Faut-il vraiment que je l’ouvre ? Ma vie sera-t-elle différente ? Je ne sais pas et j’ignore si je veux le savoir. Ma famille m’a suffi pendant plus de vingt-trois ans, pourquoi donc remuer le passer, pourquoi donc faut-il que je remette tout en question ? J’aurais très bien pu continuer ma vie sans me poser la moindre question. Mes parents biologiques ne m’ont, après tout, jamais véritablement intéressé. Mes parents sont avant tout les gens qui m’ont élevé, qui m’ont aimé… « Aller, fais pas ta fillette Romeo ! » Prenant mon courage à deux mains – merci le demi-litre de vodka – je me décide finalement à m’asseoir en face du dossier. Soufflant un grand coup, j’attrape les quelques feuilles qui se promènent à l’intérieur. « Nom de la mère : Vanessa Davis. Age : seize ans… » Sur le coup, je dois bien avouer que je suis rassuré. L’idée d’être abandonné par une mère bien trop jeune pour m’élever à quelque chose de rassurant. Au moins, elle n’avait rien d’une junkie. « Statut : Décédée. » Voilà qui va être difficile pour renouer contact. « Nom du père : inconnu » Hourra ! Voilà qui va être encore plus simple. Bonjour, moi c’est Roméo Davenport et je suis presque sûr d’être le fils d’une adolescente américaine du type marie-couche-toi-là. Oh joie, oh désespoir. Oui, l’alcool finit par faire son effet et c’est tant mieux. Sobre je n’aurais surement pas réussi à accuser le coup. Deux mois que je cherche à mettre la main sur ce dossier... quel gaspillage. Et puis je m’attendais à quoi au juste ? Retrouver ma mère et lui tomber dans les bras ? Faut que tu te réveilles Romeo, on n’est pas dans un putain de conte de fée ! Par pure curiosité, je continue de lire : « Les deux enfants ont été placés… » Il me faut quelques secondes pour comprendre. Pour être sûr, je relis encore et encore. Deux, on était deux. Ma mère ne m’a jamais parlé de ça ! Elle m’a pourtant tout raconté. L’hôpital, l’adoption… tout. Je continue de lire tout en prenant soin de lire le plus assidument possible. Pas facile quand on est dyslexique et dysorthographique. Sur la deuxième page j’apprends que mon adoption a été retardée à cause de ma méningite. Que mon frère jumeau, qu’ils appellent ici Jumeau A a été adopté bien avant moi par une famille américaine, les Jenkins. Sur le coup, j’ai envie d’hurler « Leeeeeeroy Jenkins ! », merci mes jeunes années passées sur World Of Warcraft. Instinctivement, je passe les passages qui concernent mon adoption et m’attarde sur celle de celui qu’ils appellent maintenant Austin Jenkins. Il n’y a aucune photo, aucune information à son sujet. Que cela ne tienne, je connais un outil tout aussi efficace en termes d’information à savoir mon ami Google.
Cela m’a pris plusieurs semaines pour rassembler toutes les informations concernant Austin Jenkins. Heureusement pour moi, cela n’a pas été très difficile. Austin, contrairement à moi, est du genre fanfaron et aime se donner en spectacle. « On inspire… on expire » Face à la porte de mon frère – j’ai toujours beaucoup de mal à m’y faire – j’hésite. Est-il au courant pour moi ? Sait-il qu’il a été adopté ? Tant de questions qui me font douter. Je me décide finalement à passer le cap et cogne violemment sur la porte. On inspire, on expire… et on sourit. Non, pas de sourire. Les sourires ça fait con, ça ne fait pas sérieux. La porte finit par s’ouvrir et là, c’est le choc. Dire qu’on se ressemble serait un euphémisme. Pour dire vrai, on est identiques. « Euh bonjour… » Oui… vaut mieux commencer en douceur et puis de toute façon, je ne suis pas sûr de pouvoir dire quoi que ce soit d’autre… Sérieusement, c'est flippant. C'est comme se regarder dans un miroir... Si seulement ma mère pouvait voir ça. La pauvre ferait une syncope. Oui, parce que j'ai préféré garder cette information pour moi. Elias et ses sœurs sont les seuls à être au courant, c'est largement suffisant.
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(✰) message posté Ven 29 Aoû 2014 - 1:12 par Invité
Je venais sans doute de passer une des pires journées de ma vie, j’avais pratiquement faillis être viré et en plus j’avais eu droit à une scène de la part d’une de mes exs qui me rappelait bien trop mes vieux démons californiens. Tout a commencé par un simple déjeuner d’affaire, je n’étais pas vraiment là pour draguer la jeune femme mais bon après tout elle était mannequin, j’étais un homme, hétéro, plutôt beau gosse, que pouvait-il se passer d’autre ? Si en plus de servir mes intérêts professionnels, elle me satisfaisait pleinement autrement, je n’allais pas refuser une offre aussi alléchante. Malgré ce dilemme qui me faisait presque oublier de répondre aux questions qu’elle me posait, elle pouvait me rapporter gros, me permettre d’enfin prouver à mon patron et par procuration, à mes parents, que je n’étais pas seulement le petit idiot pourri gâté qui faisait conneries sur conneries. Malheureusement tout cela n’était que provisoire car bientôt, comme sortie de nulle part, Snow avait fichu une pagaille indescriptible en l’espace de quelques instants. Après s’en être pris à la jeune femme qui n’avait sans doute rien vu venir, elle l’avait pratiquement insulté tout en me décrivant comme le pire des salauds. Alors évidemment, la suite n’était pas difficile à deviner, les menaces d’un rapport à mon patron avaient été proférées, et une belle gifle retentissante écourta notre entrevue. Sachant qu’il avait accepté de m’engager uniquement en réponse à une faveur qu’il devait à mon père, non pas parce que j’étais un excellent atout pour sa compagnie, je commençais à flipper. Il était presque certains qu’une erreur pareille ajoutée au reste de mes frasques me vaudrait au moins un avertissement si ce n’est plus. Après une conversation entre Snow et moi, j’étais rentré complètement épuisé à mon appartement, me refusant à faire face à un autre drame aujourd’hui. Je préférais me concentrer sur une bonne bière, des sushis commandés préalablement et un match de basket qui me permettraient d’oublier que j’étais dans une ville où je ne connaissais pratiquement personne. C’était étrange de me sentir aussi bien dans ce grand loft, comme protégé du monde extérieur et de toutes les crasses qu’il me réservait alors que je me sentais surtout affreusement seul. J’avais beaucoup de mal à me faire des amis, à trouver une fille qui pourrait me convenir, c’était une situation totalement inconnue pour moi qui avait toujours été si sociable, je me retrouvais à la place de ces types qui n’avaient pas d’amis au lycée, non pas parce qu’ils ne le voulaient pas mais parce qu’ils ne se sentaient pas à leur place. Je sentais qu’il me manquait quelque chose depuis un bon moment sans jamais découvrir de quoi il s’agissait, comme si je n’avais jamais été complètement capable d’être heureux malgré tous mes efforts.
Lorsque j’entendis la sonnette retentir, une alarme se mit en marche dans un petit coin de ma tête, qu’est ce qui m’attendait encore cette fois-ci ? Je n’avais vraiment pas de bol car même dans le seul endroit que je croyais à l’épreuve des balles que la vie m’envoyait, j’étais poursuivi. Je me levais pour enfiler un jogging, je restais torse nu au cas où il s’agirait de ma fameuse cliente du matin qui venait pour terminer ce que nous avions commencé, oui j’avais espoir de finir cette journée merdique sur une note un peu plus sympathique. Lorsque j’ouvris la porte, je fus comme pétrifié face à la vision que j’avais. C’était comme se regarder dans un miroir, il me fallut au moins une bonne minute pour comprendre ce qui m’arrivait, étais-ce un rêve ? Un cauchemar ? Une hallucination ? Pourtant je n’avais bu qu’une bière je ne pouvais pas déjà être bourré. Qui… attends, c’est une blague j’espère ? et soudain tout commençait à s’éclairer, voilà pourquoi depuis tout ce temps je me sentais seul même au milieu d’une foule de mes potes, c’était simplement ce manque inconscient d’un frère que je n’avais jamais connu. Et qui plus est, un jumeau. Si je m’attendais à ce genre de situation… Euh… vas-y entre je t’en prie, j’ai un peu de mal à comprendre ce qui m’arrive… tu es… enfin nous sommes… mais c’est dingue quand même, j’ai l’impression de m’être dédoublé, on est vraiment pratiquement identiques. Je m’appelle Austin, mais j’imagine que tu le sais déjà… d’ailleurs tu dois en savoir bien plus que moi, je n’arrive pas à croire que mes parents m’ont menti pendant tout ce temps… Je marquais une pause pour reprendre mon souffle, je ne savais même pas comment réagir, que dire, que faire. Je n’arrivais plus à réfléchir, ma tête me faisait affreusement mal, en un instant je sentis mes jambes plier sous mon poids et puis, plus rien. Je m’étais évanoui sous le coup de cette nouvelle, et alors que j’entendais la voix de Roméo au loin, mon inconscient essayait toujours d’ingurgiter cette bombe qui venait d’exploser. Je… excuse-moi si je t’ai fait peur dis-je en m’appuyant sur le fauteuil qui se trouvait non loin de moi pour me relever tant bien que mal. Tu peux m’expliquer ce qui nous arrive ? Pourquoi maintenant ? je l’interrogeais du regard, j’étais prêt à entendre toute l’histoire et j’espérais qu’il n’omettrait aucun détail.