AU CHOIX. amitié ... complexe (f)

how does that feel Wilbur a pour habitude de croiser Olive dans la librairie de Camden où il se rend fréquemment, et pour cause, elle y travaille.  Client régulier, il fait partie des têtes connus que la jeune femme réussissait à identifier les premières semaines suivant son embauche. Les gens vers qui elle osait plus facilement aller, faisant la conversation à propos des nouveautés reçues dans la semaine ou sur le magnifique cake au citron qu'elle avait fait le matin même pour le salon de thé accompagnant la librairie. De tous, Wilbur était celui qui semblait le moins enthousiaste en la voyant s'approcher de lui, ,le plus dépensier en ouvrage mais surtout, le moins aimable, puisqu’il ne répondait jamais à ses salutations ou à ses tentatives pour lui faire la conversation, si bien qu'elle arrêta finalement de lui parler..ce qui sembla le satisfaire. Il n'a jamais été très bavard d'après la propriétaire de l'établissement, se contentant de chercher seul les livres qu'il désirait acheter et de hocher la tête en guise de remerciement à la caisse. Il l'intriguait, à être silencieux comme ça.. C'était peut-être un serial killer, ou un muet. Il avait beau être là, on ne remarquait sa présence qu'en le croisant au détour d'une allée (tout en faisant une crise cardiaque) et non par le bruit qu'il pouvait faire, ne serait-ce qu'en déplaçant un livre. C'est une vraie tombe.  C'est en cherchant un livre, qu'il du s'adresser à elle la première fois puisqu'il était incapable de le trouver par lui-même (malheureusement) et donc, qu'il n'avait pas le choix. Savoir qu'il était capable de parler encouragea la curiosité maladive d'Oliver à le comprendre. A savoir pourquoi ce type -qui de tout évidence était doté de la parole- ne lui répondait jamais, ne souriait pas et sursautait dès que quelqu'un s'approchait à moins de deux mètres de lui. Elle reprit ses interrogatoires hebdomadaires sans cette fois abandonné, elle a fini par le faire parler, un, deux, trois fois...Et puis c'est devenu régulier. Il ne disait toujours pas bonjour, mais lui répondait, lorsqu'elle lui parlait du livre qu'elle lisait en ce moment. Elle préfère les romans d’aventures quand lui, préférait les romans sentimentaux qui finissent mal en général.  Plus ça allait et plus il était à l'aise, s'autorisant à boire un café sur ses conseils dans le salon prévu à cet effet, discuter de la météo ou à lui expliquer ce qu'il faisait dans la vie. Un rédacteur technique qui rendait la vie impossible à la population se fournissant en gadget technologique, blogueur accro à son ordinateur portable. Olive et la technologie ça fait douze, mais en explorant son site elle en a plus apprit sur sa vie en quelques clics qu'en plusieurs mois de dialogue de sourd. Elle y a découvert sa vie, sa filleule, leur passion commune pour la photographie ou encore ses pensées, qu'il partage régulièrement avec le monde.. Et puis, Maggie. Il parlait avec peine d'un amour à sens unique avec lequel il vivait depuis des années et dont il tentait de se débarrasser, lasse de le subir tous les jours. Cela expliquait peut-être ses motivations à lire des romans à l'eau de rose, cherchant une issue ou une histoire commune à la sienne dont il pouvait s'aider. Elle l'enviait alors de souffrir d'amour. D'aimer, alors qu'elle disait n'être jamais tombée amoureuse. Frivole, s'attacher n'a jamais été son truc. Elle enchaîne les relations à court terme, les histoire d'un soir, d'une semaine et ne pleure jamais le départ de l'un de ses compagnons, qu'ils soient hommes ou femmes d'ailleurs. C'est là qu'ils se retrouvent totalement opposés l'un à l'autre. D'un coté une femme libre, au style reflétant une personnalité explosive, au cœur léger et en quête d'aventure. De l'autre un homme éprit qui ne voit pas sa vie autrement que dans son petit appartement londonien, noyé dans sa routine. Ils se fascinent mutuellement, intrigés par la situation de l'autre. Olive ne peut s’empêcher de lui poser des questions sur ses sentiments, sur le moment où il a su. Sur ce que ça lui fait, de croiser régulièrement l'homme que Maggie a choisi d'épouser ou de s'occuper de sa fille, tous les jours, avant qu'elle ne vienne lui reprendre. Elle voulait savoir si il est jaloux, si ça lui faisait mal. En échange de ses réponses, elle accepte de répondre à ses propres questions sur sa vie de liberté, sans sentiments. Ils s'envient et se comprennent très bien, partagent des discussions à propos de la photographie. Olive a même rencontré Lyra à plusieurs reprises, se liant d'amitié avec la petite fille qui la fait fondre et s'est même proposée pour la garder, voir, venir la chercher à l'école lorsqu'il en a besoin. Ils se voient en dehors de l'espace de la librarie, allant chez l'un ou chez l'autre discuter de leur situation actuelle loin des oreilles indiscrètes. Oreilles attentives, ça leur évite les séances chez le psy, le tout autour d'un café assis sur le tapis du salon de la jeune femme, son énorme chat sur les genoux du visiteur. Elle l'accompagne parfois lors des soirées où son frère cadet le traîne et il s'occupe de réparer son ordinateur qui lui arrive, très souvent, de faire cramer. Ils ne savent pas comment ils doivent se désigner, butant sur le mot « amis » qui réduirait un peu trop leur entente, alors ils ne disent rien. Deux opposés qui s'attirent, ce ne serait pas la première fois, ni même la dernière...Voilà qui explique peut-être la volonté d'Olive de tomber amoureuse de lui. La jeune femme, désireuse de ne plus se sentir seule -et que par la même occasion, lui aussi-  tente de trouver certains signes dans son propre comportement, dans ses mots, capable de trahir des sentiments à l'égard du binoclard..mais il n'y en a aucun. Elle ne ressent rien, malgré sa volonté, alors que lui s'interdit de ressentir quoi que ce soit pour quiconque, ce qui rate. Il est peut-être un peu trop attaché à elle parfois. Jaloux, lorsqu'on l'approche de trop, alors qu'il a déjà du mal à rester dans la même pièce qu'elle...Ou lorsqu'elle lui parle de sa dernière conquête, même si à l'entendre, c'est amical. Il ne fait que s'inquiéter, c'est tout...