(✰) message posté Sam 26 Juil 2014 - 13:38 par Invité
...TAMISE...TAKE ME... PV Julian
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(✰) message posté Dim 27 Juil 2014 - 2:44 par Invité
TAMISE DON'T TAKE HIM PV Aidan
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“But she wasn’t around, and that’s the thing when your parents die, you feel like instead of going in to every fight with backup, you are going into every fight alone.” ― Mitch Albom, For One More Day
Hammersmith Bridge, London, 23h13
Je sentais le sol se dérober peu à peu sous mes pieds. Chaque pas me semblait être un nouveau défi, une nouvelle divagation dans une éternité d’injures et d’injustices. Chaque pas me rapprochait d’une enfance qu’on m’avait arraché de force. Le vent froid qui giflait mon visage placide était porteur de souvenirs que je m’étais évertué à balayer de ma mémoire. J’avais mis toute mon énergie et tout mon cœur à accomplir cette unique tâche; ma seule salvation. Mais j’avais failli à mon devoir. J’avais failli oublier. Je clignai des yeux pendant une fraction de secondes. Les vapeurs de nicotine et de cannabis mélangées, me revenaient en pleine face, faisant écran sur le monde réel qui m’entourait, et aspergeant mon âme éplorée de courage. Je n’étais qu’à moitié l’homme suffisant et ambitieux que j’espérais. Je n’étais qu’une moitié d’homme. Ma main tremblante frôla ma cuisse douloureuse. Je grinçai des dents en sentant mon genou claquer sous la pression de mes mouvements. Cette douleur était une sonnette d’alarme. Un énième rappel. Que je n’étais que l’enfant battu. L’enfant qui avait perdu sa mère un soir d’été, au croisement du pont d’Hammersmith. Mon cœur se serra. Mon obsession passionnée s’étouffait quelque part entre les murmures de mes démons, et les enchainements saugrenus de mon esprit. Et il y avait ce deuil que je n’avais jamais pu accomplir. Il y avait cette culpabilité cuisante qui avait su me ronger jusqu’à la moelle. Je déglutis en me blottissant dans ma veste mouillée. La pluie tombait drue sur l’étendue des plaines que j’avais imaginé, et j’étais là, immobile, tandis que les eaux passaient sous le pont, emportant ce qui restait des cendres de ma mère.
Je m’approchai lentement de la rampe, tentant un rapprochement dérisoire vers une femme qui n’était plus de ce monde. Ma cigarette mal roulée se consumait entre mes doigts crispés, mais je ne sentais rien. Je me laissais aller à un chagrin si lointain, que parfois, il me semblait irréel. La voix maternelle qui résonnait dans ma tête était surfaite, elle me susurrait des incantations magiques qui n’avaient plus aucun effet sur moi. Mes yeux perdus dans le vague étaient traversés par les épisodes d’une vie que je n’avais pas vécue. Je me balançai nonchalament dans l’obscurité. Ce soir, je n’avais pas eu la force d’aller me recueillir sur sa tombe. Je ne pouvais tout simplement plus pleurer une épitaphe mal entretenue parce c’était ridicule après tout ce temps. Je lâchai prise, la tête en arrière. La pluie venait à la rencontre de mes tourments. C’était presque grisant, de ne plus me sentir seul. Le gout salé qui filtrait à travers ma bouche entrouverte, me rappelait à l’ordre. Mon corps se ployait, oscillait, puis se mourrait dans un soupir.
Trois.
Deux.
Le compte à rebours avait subitement commencé. Il avait suavement raisonné dans mes oreilles, sans que je n’aie eu le temps de me préparer émotionnellement. Je retins mon souffle en faisant volteface. La silhouette ténébreuse qui se dressait à quelques mètres de moi se fendait parfaitement dans mon décor malsain. Mes lèvres se pincèrent, exprimant la direction que prenaient mes pensées les plus sombres. Je glissai le long du pont, les mains tendues, le visage figé. Mon effroi était à l’afflux d’une compagne de malheur.
« Un » Déclarai-je-en plaquant ma main contre son poignet.
Je fermai les yeux, enivré par les senteurs que dégageait ce corps inconnu. L'odeur particulière de ma mère envahissait mes sens, brouillant ma perception de la réalité, et me plongeant dans une douce léthargie. Le monde féerique de Dorian Grey s’ouvrait à moi. Il y avait cette autre personne qui était abusé par le temps et la mort. Il y avait cette personne qui me permettait de savourer mon immortalité, loin des faiblesses de l’humanité. Ma langue avide de sang, claqua contre mon palais, aspergent mes muqueuses de mon propre venin. ça c'était du joint !
L’eau ruisselait de plus en plus fort sous nos pieds, animant la tamise et ravivant sa colère. Je connaissais ce sentiment. J’adorais la rage et ses excès de pouvoir. Mes veines se comprimaient aléatoirement, jubilant à la perspective d’une montée d’adrénaline. Il était trop tard pour le réconfort. J’étais un être perfide et arrogant, piégé dans une dimension entre le passé et le présent. J’étais le roi d’un monde où j’étais seul habitant. Il était plus facile de régir un royaume ou seuls les démons étaient autorisés. Je souris en serrant ma prise sur mon compagnon de labeur.
Les poisons que j’avais inhalé par millions continuaient à troubler ma raison. Je sentais le parfum boisé et humide de ma mère m’attirer vers le fond. Je reconnaissais l’odeur de la mort entre milles. Je déglutis en frissonnant.
« Ne pars pas encore. » Soufflai-je dans ma barbe.
Je me sentais dériver dans les abimes de mon âme. Mon cœur était assombri par les actes de mon corps; perverse carcasse qui vendait ses charmes pour un semblant de gloire professionnel, qui de toute évidence ne suffisait plus à calmer les crises de mon égo. Ma descente aux enfers ne prenait jamais fin, comme si le fond n’avait aucune limite. Un point noir finissait toujours par se détacher d’un autre point noir. Et j'étais coincé! Il faisait si froid. Le temps avait fini par geler, nous piégeant dans cet instant précis. Mes vertiges se faisaient de plus en plus forts. Je refusais de le laisser partir. Je pouvais nous sauver. Je pouvais la sauver. Le pâle reflet de la lune éclaira le pont et son regard océan. Je plissai les yeux avec difficulté. Ce n’était pas le visage de ma mère. C’était le visage fatigué d’un être à l’agonie. Je dégageais les doigts avec lenteur.
Mon cœur s’était subitement mis en marche, bravant les tortures de l’obscurité. J’invoquais un élan de compassion que j’avais cru à jamais avoir perdu.
“But she wasn’t around, and that’s the thing when your parents die, you feel like instead of going in to every fight with backup, you are going into every fight alone.” ― Mitch Albom, For One More Day
Hammersmith Bridge, London, 23h13
L’obscurité voilait mon visage fatigué tandis que je restai planté là, incapable de grands gestes héroïques, ou de mouvements téméraires. Mon corps engourdi répondait à peine aux agitations de mon esprit. Je suppose que les poisons que j’avais inhalés étaient plus forts que ma volonté. Bouger était un luxe que je ne pouvais pas me permettre pour le moment. Je soupirai en lâchant la prise du sombre inconnu. Qui étais-je pour dicter la conduite des Hommes ? Qui étais-je pour sauver les vies ? Ma jambe douloureuse se ployait au contact du vent glacial. Je tentai un pas en avant mais mon genou refusait de suivre ma requête. L’air un tantinet trop froid, irritait ma gorge et mes voies respiratoires. Je déglutis en tâtonnant la poche de mon pantalon. Ma main crispée cherchait désespérément la consolation d’une cigarette à la menthe. En vain.
J’étais un monstre d’égoïsme et d’arrogance. J’étais l’homme qui s’était hissé au niveau des ténèbres pour mieux gouverner les cris de son cœur. Je survivais au gré des intonations des cours d’eau et de goudrons. Je survivais sans valeurs ni éthiques. Qu’il avait-il de mal à vouloir se venger du monde qui m’avait rejeté ? Qu’il y avait-il de mal à quitter le commun de mortel, dédaigneux êtres, vivants dans l’unique but de se meurtrir et de se jeter la pierre ? Ma salive avait le gout de mes déceptions passées. Je plissai les yeux en reportant mon attention sur le visage du démon. Ses cheveux mouillés gouttaient sur ses joues creuses avant de glisser tout le long de ses mâchoires serrées. Je souris. La pluie lui donnant les faux airs d’un martyre des temps modernes. La pluie lui donnait la forme d’un Dieu qui n’appartenait à aucune religion, aucune ethnie.
Le temps restait figé. L’étau de ma prison se resserrait doucement sur mes cotes déformées. J’émis un gémissement de douleur avant de me redresser avec dignité. Le phénix renaissait de ses cendres de la même manière que je me relevais après chaque coup. Toujours. Je connaissais tous les types de douleurs. J’avais ressentis chaque brûlure, chaque marque, et chaque fêlure dans chacun mes os. Alors j’avais la nette impression que plus rien ne pouvait me faire peur. Le jeune homme tanguait du côté du vide avant de revenir vers moi. Je ne connaissais pas ses intentions mais son désir de côtoyer la mort me semblait dérisoire. Je préférais ma sombre immortalité à la froideur du pont. Je préférais vivre mes souffrances plutôt que de me laisser évanouir dans l’oubli. Il retomba à mes pieds, suffoquant, et crachant son désespoir par millions. Le sang coulait le long de sa bouche gercée. Ses yeux ombrés se posèrent sur moi et je pu enfin apercevoir les traces du mal contourner ses cernes. Ma langue se courba, passionnée par les senteurs ferreuses qu’il dégageait.
« Il me semble tout de même que je suis en meilleur état. » Soufflai-je.« J’ai le mérite de dépérir en position debout au moins. »
Ma voix fluette tremblait au gré de mes paroles. Je me penchai lentement. Ma main frôla son épaule pendant une fraction de secondes, avant de retomber ballante sur le bord de la rambarde. Je me refusais de compatir à sa douleur d’une quelconque manière, mais l’appel de ma conscience était détonnant. Je devenais fou en sa proximité. Je devenais fou en le laissant derrière moi. Le visage de ma mère s’évanouit dans un songe avant de m’abandonner à mon triste sort.
« Je compte te faire mourir une autre fois. » déclarai-je avec désinvolture. « Ce soir, je suis venu fumer. Tu peux te joindre à moi. Avec un peu de chance, tu pourras planer avant de toucher le fond de la tamise. »
Je ne comptais pas le stopper. Je ne comptais pas le suivre dans le vide. Trois mois à vivre ce n’était pas beaucoup, quelle différence un soir de plus pouvait-il bien faire pour un homme pathétique ? Je sortis un morceau d’herbe enveloppé dans un mouchoir en tissu.
« Tu sais rouler ? » M’enquis-je tout à coup en effritant le cannabis au creux de ma paume. « Si ce n’est pas le cas, tu devrais au moins apprendre avant d’aller de l’autre côté. » Couinai-je en étirant ma bouche. Un éclair malsain brilla au coin de mes yeux meurtris. Je sentais mon cœur étourdi battre dans mes tempes, dérouté par les enchainements de ma raison.
« Il parait qu’il y’en de la bonne en enfer. » Raillai-je d’un air mauvais.
Je pris appui sur le pont afin de m’appliquer dans ma tâche. Le grande cloche BigBen se dressait en face de la tamise, épiant le moindre de mes gestes, guettant une erreur de ma part. Je souris en entendant les douzes coups de minuits raisonner entre le pont et l'Abbaye de Westminster. Ma langue lapa le bout du papier afin de maintenir le dernier tour de mon joint. Je me voûtai afin d’allumer le feu. Les effluves spéciales du cannabis emplissaient mes poumons d’exaltation. J’inhalais mon semblant de liberté comme si ma vie en dépendait.
« Pourquoi la tamise ? Personnellement je n’aime pas beaucoup l’eau, surtout quand l'hygiène de cette dernière est douteuse. » Demandai-je en lui passant le secret du bonheur.
Mon expression blasée contrastait avec l’étirement énergétique de ma bouche. A croire que ma démence était plus forte que la lassitude qui avait pris possession de moi. A croire que ce jeune homme était bien plus intéressant qu’il n’y paraissait. Le hasard n’existe pas. Et je me plaisais à croire que nous partagions ce joint pour une raison.
(✰) message posté Mar 29 Juil 2014 - 3:23 par Invité
TAMISE DON'T TAKE HIM PV Aidan
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“But she wasn’t around, and that’s the thing when your parents die, you feel like instead of going in to every fight with backup, you are going into every fight alone.” ― Mitch Albom, For One More Day
Hammersmith Bridge, London, minuit et plus
Je sombrais de manière volontaire. Je me cachais dans les abimes du passé afin de mieux côtoyer l’antre du démon suprême. La vie était une chienne. La mort n’était pas mieux. Je sentais le vent filer entre mes doigts. Je me crispai en tenant ma cuisse. Ce n’était pas un temps pour trainer mes cicatrices. Mon ligament était tiraillé entre l’humidité grisante et l’inflammation rougeoyante. Je laissai échapper un gémissement en tendant la jambe. C’était le dernier souffle d’une âme muette. J’étais sans espoir. J’avais souvent honte d’aimer. J’avais souvent peur de me laisser atteindre par l’humanité et les autres poisons du cœur. Les étoiles blanches clignotaient dans le ciel sombre comme une douzaine de diamants mal polis. J’étais sur le pont des oubliés à la recherche de l’affection là où il n’y avait pas. J’étais au bord de la tamise goudronneuse, faisant face à l’homme revenu d’entre les morts.En cette triste nuit, la lune se faisait petite. Je ne pouvais pas dormir. Je ne pouvais plus fermer les yeux sur le souvenir d’une âme à l’agonie. J’étais si fatigué d’être la pâle imitation d’un journaliste ambitieux. Mes bras tendus dans le vide s’écartèrent afin d’embraser les cendres portés par le vent. J’avais longtemps regardé le ressac malmener les canots de voiles et les chaloupes artisanales. Je l'avais souvent regarder les broyer sous la pression des vagues avant de les jeter à terre. J’avais longtemps entendu la mousson murmurer des sorts maléfiques sur les étendues d’arbustes et de fleurs avant de les embraser à tout jamais. Chaque pas en avait était une nouvelle injustice. Une seconde de plus à perdre dans un monde de cruauté. Je retins mon souffle jusqu’au vertige.
Le jeune homme en face de moi restait silencieux, plongé dans des songes encore plus obscurs que les miens. Qu’attendait-il pour sauter à nouveau ? Qu’attendait-il pour rejoindre le peuple des oubliés ? Ses tentatives suicidaires n’étaient que le cri d’une âme esseulée. Je pouvais sentir ma conviction chatouiller mes tripes au sang. J’avais reconnu mon frère de labeur à la seconde ou j’avais aperçu ses yeux océans. Son sang coagulait sur son visage, laissant ses marques ocres sur sa peau translucide. Je le regardais tâter les structures de l’hémoglobine du bout des doigts. Je plissai les yeux. Quel genre de mal pouvait bien le ronger ?
« Un cou n’est pas plus fragile que le reste du corps. » Souris-je amusé par la pertinence de ses sous-entendus. « Une bourrasque assez puissante pourrait faucher bien plus que les têtes. Il n’est pas question de hauteur.»
J’haussai les épaules avec désinvolture, l’air de ne pas y toucher. La pluie continuait à martelait ma poitrine. Je souris, démoniaque à souhaits. Si mon jeune compagnon me prenait pour une sorte de bon samaritain, il se trompait sur toute la ligne. J’étais ici au même titre que lui. J’étais ici pour tanguer à l’infini avant d’échouer.
« Il n’y a aucun mérite à dépérir, mais je suis fier de tout ce que je fais. Une sorte de seconde nature.» Admis-je d’un ton solennel. « Les maux physiques appellent la perte psychologique. C’est une fatalité. Au final on est tous pareils. Abusé au corps ou pas.»
C’était trop de philosophie pour mon cerveau en compote. Trop de paroles pour ma bouche sèche. Trop de malheur pour une seule personne. Je fermai les yeux pendant une fraction de secondes, me laissant allant à la lassitude. Mon corps engourdi dansait au gré des appels de la tamise. A croire que j’étais facilement malléable pour le destin. Chiottes, tout n’est que désillusion ! Je me rappelais d’une époque lointaine où je n’étais encore qu’un enfant. Je me rappelais de quelques bribes de bonheurs, et d’éclats de rires éparpillées dans les décombres que j’avais créés. Ma maison était l’endroit où mon cœur se réfugiait pour saigner. Ma maison était située bien bas sous les couches de la sphère. Je baissai la tête.
« Je suis défoncé. Je n’aime pas le terme barré. » Minaudai-je faussement touché par sa remarque.
Mes illusions et mes erreurs prenaient le dessus. La légère taffe que j’avais absorbé n’avait eu aucun effet sur moi. Les chemins qui menaient à l’Eldorado étaient semés d’embuches et de mauvais virages. Je peinais à trouver un sens à ma quête de l’oubli. Aven était un abîme. Le gouffre qui gobait les âmes perdues. Si on croit assez fort, même les désirs inavoués peuvent devenir réalité. A condition, bien sur, qu’ils soient aussi noirs que les jais, et aussi vicieux que ce bon vieux roi des démons. Certains disent que ce puits est un sortilège inachevé. Chaque pierre est le cœur d’un homme qui s’est damné afin de trouver une fin descente à cette magie. Le seau qui pendouillait au centre ne puisait pas l’eau mais les maux par millier. Et il y’en avait tellement. Aven était le troque du destin, mon âme contre la sienne. Je me redressai afin de soulager mon dos.
« Tu parles que mon cannabis est meilleur.» Affirmai-je les yeux injectés de sang. « Mais tu n'en auras pas plus que nécessaire. La drogue ne te sera pas bien utile une fois mort. Ne serais-ce que pour fumer tu devrais te raviser.»
Il savourait les vrais plaisir de la débauche à quelques mètres de moi. Je sentis mon cœur flétrir tout à coup. Malgré ses traits fatigués, le jeune homme dégageait un charme fou. Une aura captivante qui me prenait par la gorge. Je le regardai au coin. Il y avait un mauvais karma qui enveloppait son cou. Une mauvais karma qui me poussait inlassablement vers lui.
« La tamise c’est sale. Il y a d’autres moyens d’embrasser les ténèbres sans tomber dans le glauque. Tranchai-je. « Tu aurais pu sauter du haut de l’empire state building. Il me semble que tu as un accent américain. Tu habites quelque part là-bas ? »
Ses lèvres gercées frôlaient le bout de mon filtre, y encrant toute sa douleur. Je souris en le voyant s’affoler pour si peu. Je tendis la main afin de reprendre l’objet de ma convoitise. Ce n’était pas une très bonne idée de laper le sang d’un inconnu dès le premier soir. Je lui adressai un clin d’œil en sortant une nouvelle feuille à rouler. J’en coupai une fine bande afin de recouvrir les traces ocre et marrons qui parsemaient le joint.
« Voilà.» Soufflai-je en me laissant aller aux plaisirs de l’interdit. « Tu as quoi au juste ? » M’enquis-je avec douceur. « Etant donné que ta vie n’est plus que de courte durée, je suppose que cela ne te dérange pas de tout me déballer .»
Mon esprit s’abandonnait aux souvenirs du passé. Je ne l’entendais qu’à moitié, laissant mes inhalations apaiser mes angoisses. Mes poumons se comprimaient contre mes cotes fêlées avant de reprendre leur forme initiale. Maintenant, j'étais barré!
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(✰) message posté Mar 29 Juil 2014 - 23:22 par Invité
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(✰) message posté Mer 30 Juil 2014 - 1:30 par Invité
TAMISE DON'T TAKE HIM PV Aidan
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“But she wasn’t around, and that’s the thing when your parents die, you feel like instead of going in to every fight with backup, you are going into every fight alone.” ― Mitch Albom, For One More Day
Hammersmith Bridge, London, minuit et plus
Mon regard se perdait dans le brouillard. Sous l’ombre de la nuit, je traversais mes douleurs, dérivant sans foi ni repères, tanguant vers des contrées incertaines où ma bêtise semblait plus légitime. Malgré toute la puissance qui pulsait dans mon corps, je me sentais incapable de fouler les horreurs de la vie. J’étais invalide et intitule. J’étais faible et impuissant. Mon rythme sinusal oscillait par moment. Je suppose que c’était mon appréhension qui me jouait des tours à nouveau. Ma peau était rugueuse, endurcie par les plaies béantes de mon passé. Je pouvais guérir mais je ne pouvais pas être lavé du mal qui me rongeait. Je m’étais brisé les os sans broncher. Mon père avait confondu l’affection et la violence, deux notions pompeuses qui avaient fini par se chevaucher dans son esprit tordu. Chaque coup était une révélation. Chaque goutte de sang était une ovation. Mon âme se ployait à l’intérieur, elle se brisait en mille morceaux, mais finissait par s’agenouiller devant son autorité. Mutilée mais jamais usée, tel était le destin de l’enfant rejeté. Je soupirai en crispant mes doigts autour de mon joint. Le cannabis avait un effet surprenant sur moi. Ce n’était jamais identique. Jamais le même enchainement. Je levai mes yeux au ciel. Les nuages se déplaçaient en amas. Un million de poussières cotonneuses pour un million d'espoirs brisés.
« Ce n’est pas très court.» Remarquai-je amusé.
Il se perdait dans ses explications. Tout me semblait tenir la route. Mais rien ne me semblait digne de réflexion. Je le laissai sombrer sans lui tendre la main. Après tout, les tourments poussaient l’esprit vers les limites du ridicule. Il faisait trop froid pour moi. Il faisait triste et las. Je tirai sur les manches de ma veste humide. Que savait-il de mon corps ? Que pouvait-il percevoir de mes démons ? J’haussais les épaules en le regardant de haut. Au-delà des apparences, j’étais bien plus pourri qu’ils ne pouvaient tous l’imaginer. Mon corps gisait inerte sur le sol gelé, mes bras et jambes écartés, attendaient la sentence d’un karma charmeur. Abus après abus je me relevais pour mieux gouverner les basfonds des ténèbres. Je m’étais proclamé roi d’une contrée obscure et aride. Je m’étais hissé au niveau de la suprématie et de la trahison. Ma langue claqua contre mon palais sec. Le gout de mon propre venin était une délectation. Je sentis le courant traverser mes synapses avant de vibrer dans mes articulations endolories.
« J’ai perdu mon âme avant mon corps ? Quelle différence l’ordre peut-il bien faire ?» Soufflai-je dédaigneux.
Je m’enivrais à découvrir ses sourires sournois. Je plissai les yeux, m’appliquant dans mon petit sondage. J’avais du mal à saisir la subtilité de ses paroles. Etait-il l’homme que j’avais sauvé, ou le démon venu pour me corrompre ? Quel était ce jeu de rôle douteux ? Je signais mon arrêt de mort à chaque seconde que je passais à ses côtés. Je déglutis en prenant une autre taffe. L’inconnu se redressa à quelques centimètres de moi. La distance de bonne conduite se réduisait à vue d’œil mais je n’avais pas peur. L’intrigue de ses mots me tenait en haleine, brouillant tous mes instincts bestiaux.
« Un endroit sec ?» M’enquis-je amusé. « Il n’y a que les bars et mon studio d’ouverts à cette heure tardive. Je t’aurais proposé l’un ou l’autre, si toute fois du te sens de me suivre.»
Je le scrutai du regard. Il était évident que j’avais le dessus sur lui. Tout du moins physiquement. Son corps chétif dépérissait lentement. Je n’avais rien à craindre de son vomi et de ses crachats. Il les avait assuré non contagieux. Et aussi bête que cela puisse paraitre je le croyais.
« Je ne fixe pas la tamise.» Souris-je tristement. « Je salut un être cher qu’elle m’a pris. Je suis désolé de décevoir ta perverse imagination, mais mes amantes ont plus de courbes et d’attraits physiques. »
Ma voix restait imperturbable. Je refusais de m’étaler dans mon psychodrame familial. Si mon compagnon devait mourir jeune, ce n’était pas mon cas, et je ne voulais pas trainer la faiblesse d’un aveu avec moi. Je déglutis en tâtonnant la poche de mon pantalon à la recherche de mon briquet. La pluie s’était peut-être calmée mais le vent continuait de malmener la flamme de mon cannabis. Le jeune inconnu se releva, prenant son sac sur son épaule. Mais c’est qu’il me prenait de court cet idiot. Je ne voulais pas bouger avant d’avoir fini de fumer !
« Mais ...» Commençai-je avant de lâcher prise. Je lui suivais en titubant, guidé par les chants de guerre de mes démons. Je n’étais pas très doué pour les relations sociales. Les premiers échanges, et les dialogues imbibés de bonne manière n’étaient pas faits pour moi. Mais ce soir, j’avais besoin d’attention. J’étais toujours un homme après tout.
« Si tu sautes au petit matin je doute que tu tombes sur une poussette. Dans le meilleur des cas ce sera le bitume, et dans le pire le cadis d’un clochard.» Répliquai-je en arquant un sourcil. Cette image était assez glauque mais pas tout à fait traumatisante. Il en fallait peut-être plus pour me toucher. Ou peut-être étais-je trop égoïste pour compatir aux douleurs de bébés hypothétiques. Je le regardais au coin. Il frémissait en silence. Le temps n’était pas idéal pour un mourant. J’avais moi-même du mal à contenir la douleur de mon genou. Ma première opération du ligament croisé avait été une réussite, mais à chaque fois le manque de rééducation et de moyens me faisaient récidiver. Alors je m’étais résigné à trainer cette tare pour la vie. En souvenir du bon vieux temps, et des violences de mon père. La silhouette ténébreuse que j’avais aperçu sur la tamise se fendait dans l’obscurité à nouveau. Elle s’avançait nonchalamment, trompant l’œil inexpérimentée par sa prestance et sa grandeur utopique. Il s'enquit tout à coup de mon prénom. Nous faisions enfin connaissance de manière officielle.
« Philip ! » Crachai-je en sentant la présence de ma défunte mère à nouveau. J’étais pathétique. « Je veux dire Julian. Je suis Julian Fitzgerald. » Je lui tendis la main presque machinalement.
« Puis-je t’appeler autre chose que le sombre inconnu ? » Souris-je simplement.
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(✰) message posté Mer 30 Juil 2014 - 15:15 par Invité
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(✰) message posté Jeu 31 Juil 2014 - 18:47 par Invité
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Hammersmith Bridge, London, notion de temps perdue
Je mordais la poussière à nouveau. Pourquoi ne pouvais-je pas aller au-delà de limites de l’entendement ? Pourquoi ne pouvais-je pas avancer plus de deux pas ? Je me tenais debout au milieu des ruines de mon passé. Je ne pouvais pas vaincre mes peurs. Je ne pouvais plus me battre sans armes. Le vent me glaçait les sens, mais il ne pouvait plus me briser. Ma peau endurcie avait enduré les tortures du corps, alors plus rien ne pouvais me détruire. Mais il y’ avait cette tâche sombre dans mon cœur. Il y avait cette âme qui criait à l’agonie. La mienne. Je me redressai nonchalamment. Mes yeux se perdaient dans l’obscurité infinie, incapables de détailler les formes ou de définir les objets qui m’entouraient. Il était là, noyé dans une tout autre forme de mal, mais il était là. J’arquai un sourcil dans un effort vain de me concentrer, mais mes vertiges bloquaient chacune de mes tentatives. Je n’étais que l’homme qui se cachait derrière son arrogance. Je sentais ma haine grouiller à l’intérieur de moi comme un feu embrasant. Il y avait les démons qui murmuraient des divinations maléfiques. Et il y avait ce mal qui faisait partie de moi. J’assumais chacune de mes facettes. A dire vrai, je me plaisais dans mon enfer.
Il s’approcha de moi avant de s’éloigner à nouveau. Son rire m’extirpa de mon univers nébuleux. Je visualisais parfaitement le cadi explosé en plein milieu de New York, the city that never sleeps. Le clochard dans mon imaginaire avait bien meilleure allure que mon camarade. Je plissai les yeux.
« Quelle importance s’il t’exécute. Ton but est de mourir. La chute ou le clochard... » Lançai-je en haussant les épaules avec désinvolture. Je finis néanmoins par lui sourire. Mes lèvres fendues avaient le gout ferreux du sang, étais-ce une plaie rouverte ou une tâche dans mon filtre ? Je déglutis lentement. Mes doigts se crispèrent sur mon menton avant d’effacer le contour de ma bouche.
« Quelle poigne. » Grimaçai-je en secouant la main. « Je proposais de te serrer la main, pas de tenter un bras de fer Aidan. » Je prononçai le prénom du diable avec délicatesse. Je ne voulais pas risquer de m’écorcher la langue à trop jouer avec l’inconnu. Il y avait cette distance de bienveillance pour me protéger, mais mon esprit tanguait sans cesse vers lui. Je ne faisais d'ordinaire jamais confiance, mais tous mes instincts semblaient faussés en sa présence. J’étais troublé par tant de changements. Ce n’était pas normal. Je le scrutais du regard, me mesurant à lui par tous les gestes psychologiques possibles. En vain. « Philip parce que c’est très joli. N’est-ce pas ? » Lançai-je en me retourner vers les eaux goudronneuses de la tamise. Un petit clin d’œil pour la femme qui m’avait appris à chérir cette identité. Lip. Voilà comment elle m’avait appelé pendant les 7 premières années de ma vie. Je soupirai. « Moi je peux boire. » Fis-je remarquer. « J’ai encore quelques bières dans mon studio. Ne compte pas sur ma solidarité sur ce coup là. »
Un sourire terne se traça sur mon visage. Je m’arrêtai net, interpellé par sa logique déroutante. Comment un homme sur le point de commettre un suicide pouvait-il être aussi cruche ? Je veux dire, optimiste ? Le corps ou l’âme étaient deux entités certes complémentaires, mais jamais assez puissantes pour contrer la fatalité, quel que soit son origine ou sa cause. Je passai ma main tremblante dans ma chevelure rebelle avant de claquer des dents.
« Alors j’espère que ton âme te sauveras de tes maux. » Me moquai-je de façon subtile et ordonnée.
Il continuait à s’étendre dans son analyse de ma personne. Je ne pouvais pas lui en vouloir, j’essayais de le sonder du mieux que je pouvais aussi. A la différence près que j’étais incapable de longues tirades, ou d’expressions creusées pour qualifier ce qu’il m’inspirait. J’étais mitigé ; tantôt conquis, tantôt sceptique. C’était un cercle vicieux dans lequel je me laissais volontiers entrainer.
« J’ai déjà accompli tout ce que je désirais. Il ne me reste plus qu’un échelon à gravir vers l’absolution. » Affirmai-je avec une once d’insolence. « Mais vois-tu il y a cette fille qui m’a pourri. Cette fille que je veux parfois entrainer dans ma chute pour me sentir moins seul dans le noir. » Ma langue claqua contre mon palais. Je me redressai en frôlant son bras engourdi. Les traces de sang sur son T-shirt me narguaient. Quelle douleur pouvait-elle bien pousser un homme de sa trompe à tout quitter ? Il n’avait pas l’air complètement fou pourtant.
« Allons au chaud. » Finis-je par trancher. « Je ne jette pas les gens dehors. C’est le seul principe auquel je me tiens toujours. »
J’avais grandi dans la violence et le besoin. J’avais erré en haillons dans les rues pavées d’horreurs et de cruauté aux côtés d’un père qui avait juré de ne plus exister. Sillonnant les villes du monde, cherchant entre les plaines d’Ecosse et les dunes de l’Orient l’espoir là où il n’y en avait plus. Je m’étais égaré un jour ; je m’étais retrouvé à Cardiff et l’ange aux yeux lumineux m’avait ouvert la porte. Eugenia m’avait recueilli entre ses bras. Elle m’avait sauvé de mes démons pour un temps. Ce serait minable de ma part de ne pas tendre la main à mon frère de labeur.