Elisabelle Connor - dessine-moi un mouton

"Je ne suis pas très douée dans le fait de raconter les événements de mon passé. A la vérité, j'aurais bien moins de mal à les peintre sur une splendide toile blanche accrochée dans ma minuscule chambre étudiante... mais soit.

Je suis née dans la capitale de la France, Paris, le cinq mars de l'an 2000. Grâce à mes parents, j'ai vite su parler le français et l'anglais, jonglant avec facilité entre ces deux langues. J'ai grandi comme n'importe quel autre enfant jusqu'à l'âge de mes dix ans où une violente dispute a éclaté à la maison. Assise derrière la porte de ma chambre à noircir des feuilles de différentes formes, mon père a abattu sa demande de divorce sur la table du salon. Ce n'est qu'un peu plus tard que j'ai appris que ma mère l'avait trompé - et pas qu'une fois. Le juge a accordé ma garde à mon père qui nous a aussitôt fait envoler pour la belle ville de Londres, ici, en Angleterre.
Je ne peux pas réellement dire que j'ai mal vécu cette séparation. En fait, je crois que je n'ai pas tout de suite réalisé que je ne verrais plus aussi souvent ma mère. J'ai quand même eu un peu de mal à trouver ma place dans cette ville, dans une nouvelle école, avec de nouveaux camarades et une nouvelle langue - même si je savais la parler et la comprendre. En tout cas, mon père a vite retrouvé une compagne et j'ai fait la connaissance de mon demi-frère de quatre ans mon aîné. Toute jeune adolescente un peu perdue, je n'ai pas remarqué le vice dans son regard quand il me fixait avec attention. Quoiqu'il en soit, durant cette période, j'ai commencé à dessiner de plus en plus, déposant sans doute mon mal-être sur ces différentes feuilles de brouillon.
C'est un peu après mes quatorze ans que mon demi-frère, Nates, s'en est prit à moi. Nous étions dans le canapé, nos parents absents car toujours au travail, et tandis que je ramassais une feuille tombée non loin de lui, il m'a saisi par le poignée et forcée à m'allonger. Je n'aime toujours pas en parler, je ne le raconte pas souvent. Heureusement, mon père est rentré plus tôt du travail et il a pu me défendre face à Nates. Suite à cet événement, j'ai beaucoup pris sur moi, évitant soigneusement de m'approcher davantage de lui - par chance, il est parti faire ses études quelques mois plus tard à l'étranger.
De mon côté, la vie a ainsi repris son cours jusqu'à aujourd'hui où je suis entrée en première année de licence de sociologie. J'ai dans l'espoir de pouvoir comprendre les différents états de l'être humain et les expliquer à mon tour. D'apparence, je sais que je peux paraître sûre de moi, un peu trop franche parfois, mais c'est de cette manière que j'ai réussi à me forger pour éviter de voir le mal partout. Tous les hommes, et même les femmes, ne sont pas si vicieux. J'ai fini par vivre avec en décidant que cela serait une force pour moi.

C'est aussi grâce à la peinture que je pratique depuis environ deux ans maintenant que j'arrive à reprendre peu à peu confiance en moi, et envers les autres."