"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (fb) The art life feat. helga 2979874845 (fb) The art life feat. helga 1973890357
-28%
Le deal à ne pas rater :
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
389 € 539 €
Voir le deal


(fb) The art life feat. helga

 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
Kenzo A. Armanskij
Kenzo A. Armanskij
MEMBRE
(fb) The art life feat. helga Tumblr_n38mql2I3n1qfisvuo3_250
» Date d'inscription : 27/05/2014
» Messages : 1875
» Pseudo : .KENZO (Louise)
» Avatar : kaya scodelario
» Âge : vingt-sept ans depuis le sept novembre.
» Schizophrénie : max (t. oman) , solal (m. mcmillan), bodevan (g. hedlund) & nyx (b. hadid)
» Absence : 15.03
() message posté Mer 29 Mar 2017 - 20:53 par Kenzo A. Armanskij
The art life
Helga & Kenzo

Flashback, Octobre 2016 ✻✻✻ Mes doigts parcouraient nerveusement la toile. Ils étaient tremblants, impulsifs. Peu à peu, le visage de Zola apparaissait. Il était sombre, les traits en étaient presque imperceptible. C'était ainsi que je le voyais désormais. Il ne semblait être que l'incarnation d'un souvenir. Il n'était plus, l'homme que j'avais quitté par trop d'amour. Désormais, il était la feignasse sur le canapé. Il y encrait la forme de son arrière-train et l'appuyait un peu plus chaque jour en vidant les bouteilles de bières et les paquets de Chips. Il ne prenait aucune responsabilité. Il me laissait faire, attendait que je l'apprenne. Nous avions trouvé un appartement, mais l'absence de fiche de paye de mon amant nous avait écarté de la liste des futurs locataires. J'étais fatiguée. J'étais fatiguée de devoir toujours tout lui dire. Il ne voulait pas travailler. Il me voulait juste moi, et Louis. Son bonheur, c'était nous. Mais je voulais le voir adulte, je voulais le voir agir, et malgré tout l'amour qu'il nous portait, il restait un adolescent plein d'amour et bercé d'illusions. Je soupirais et m'essuyais le front du revers de la main. Et je sentis un liquide froid s'y étaler. Je soupirais et regardais le dos de ma main. Il était lui aussi plein de peinture. Alors je me levais et me dirigeais jusqu'au lavabo, dans la seconde pièce de mon local de peinture. Je me rinçais les mains tout en fredonnant la musique qui tournait actuellement sur mon téléphone. The poet act de Philip Glass faisait partie des chansons qui m'inspiraient, qui libéraient mon imagination. J'avais donc créé une playlist que je mettais toujours pour peindre. Bien décidée à finir ma toile, je retournais donc dans la pièce principale et me figeais. Une femme venait d'entrer. Elle observait avec attention autour d'elle. Je fronçais les sourcils et croisais les bras. Je me sentais violée. C'était mon intimité, non un musée. Je m'avançais vers elle, et me grattais la gorge. Mais lorsqu'elle se retourna, je restai pétrifiée. Je crus d'abord reconnaître celle qui m'avait tout apprit avant de m'abandonner. Mais son regard était différent. Elle ne semblait ni surprise, ni heureuse, ni honteuse de me revoir. A vrai dire, elle ne semblait même pas me connaître. Troublée, je m'avançais et lançais, peu assurée : « Je ne crois pas vous avoir invité à entrer. » Soudainement irritée par cette intrusion, j'arrêtais la musique et me dirigeais vers ma toile. Je la ramassais et la tournais de façon à ce qu'elle ne la voit pas. Je regardais autour de moi. Des dizaines de toiles se trouvaient là, affichées ou entassées les unes sur les autres contre les murs de la pièce. Je soupirais et piétinais sur place. Elle continuait d'observer, lentement, tranquillement. Et elle ne partait pas. Je me grattais à nouveau la gorge mais elle m'adressa un sourire qui me fit raidir. Je restai là, le souffle coupée. C'était une violation de domicile. Mais soudainement, je m'en foutais. Elle jugeait attentivement mes toiles, mon travail. Mon jardin secret. Quelque part je voulais la chasser et lui faire oublier ce qu'elle avait déjà entrevu, mais d'un autre côté, je voulais entendre ses avis. Elle semblait s'y connaître. Mais ma timidité, mon incertitude reprenait le dessus et je me grattais une nouvelle fois la gorge. C'était ma vie qu'elle contemplait. C'était mes sentiments qu'elle jugeait. C'était moi, qu'elle voyait. Sur ces toiles. Le puzzle géant d'une femme aux trop frêles épaules.
✻✻✻
CODES © LITTLE WOLF.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Jeu 6 Avr 2017 - 22:24 par Invité
Je ne sais pas ce qu'il m'a prit. Ce n'est pourtant pas mon genre de pénétrer dans l'intimité des gens. Moi-même je déteste ça ; je n'aime pas quand on me pose des questions trop personnelles, quand on arrive à l'improviste chez moi alors que ce n'était pas prévu. Et comme disait ma sainte mère autrefois « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse ». Oui mais seulement voilà ; l'odeur de peinture dans la cage d'escalier a attiré mon attention. Ce n'était pas la première fois que je sentais ce doux parfum, l'un de mes préférés. Au début j'ai cru que ce n'était que le fruit de rénovation chez un de mes voisins. Mais l'odeur était persistante. A chaque fois que je descendais les escaliers, elle était là, comme une invitation, comme pour me narguer. Au fil des jours, mon odorat s'est affuté, et j'ai reconnu l'odeur de la peinture fraîche sur une toile plutôt que celle qu'on utilise sur les murs. Ce parfum m’obsédait, je voulais voir, je voulais savoir. J'en ai été jusqu'à essayer de repérer l'appartement d'où cela provenait. Je suis loin de connaître toutes les autres personnes qui vivent dans le même immeuble que moi, mais de ceux dont j'avais pu voir le visage, et les mains, c'était surtout les mains l'indicateur, aucun d'entre eux n'est peintre.

Quoi qu'il en soit, ce jour-là, j'ai passé une mauvaise journée, une très mauvaise journée. Sur le chemin du retour, je n'ai qu'une seule hâte : m'enfouir sous la couette bien moelleuse de mon lit. J'arrive devant l'immeuble où j'habite. Rapidement, j'en viens à enjamber les marches des escaliers. Je sens de nouveau cette odeur de peinture. Elle n'a jamais été aussi forte, aussi prenante. Elle m'enivre, je me laisse guider par elle. La petite porte de l'appartement d'où elle semble provenir est entre-ouverte. La tentation est trop forte. Je veux l'ouvrir ; je dois voir de mes propres yeux ce qu'il s'y cache. Je pousse la porte, elle grince légèrement. Je me mord la lèvre, une peur de me faire prendre la main dans le sac comme un enfant de quatre ans s'empare de mes tripes. Mais j'avance quand même. Personne n'est dans ce qui s'apprête à être la pièce principale. C'est lumineux et épuré. Je marche doucement, prudemment. Je tombe enfin sur l'objet de mes convoitises ; plutôt même, les objets. Des toiles, il y en a plein ici. Elles sont toutes magnifiques, je ne sais plus où poser les yeux. J'en tremble presque, j'ai l'impression d'avoir découvert le secret du siècle. Alors que pourtant, ce n'est rien de plus qu'un local de peinture. Je reste figée devant la toile posée sur le chevalet ; c'est celle-là qui m'obsède à présent. Je ressens tant de douleur et de noirceur en la contemplant. J'ai presque envie de la toucher, comme pour essayer d'en enlever la tristesse. Elle me fait penser à la façon dont je me perçois ; l'ombre de moi-même, terne et détestable. Des coups de pinceaux ont été jeté avec rage sur cette toile, ça se voit. Si j'avais dû faire une toile me représentant, je l'aurais fais de la même façon. Mais j'aime les émotions qu'elle transmet. Je m'y attarde plus que de raison. En vérité, je suis tellement absorbée par ce qui se trouve devant moi que je n'entend même pas les bruits de pas, vieux parquet craquelant sous le poids. Une voix féminine qui m'interpelle quelques instants plus tard dans un raclement de gorge, me faisant presque sursauter.Je me tourne dans sa direction, et je découvre une belle jeune femme, avec de longs cheveux bruns, et de grands yeux bleus. Elle me regarde interdite. « Je ne crois pas vous avoir invité à entrer. » me dit-elle d'un ton à la fois troublé et irrité. Je l'observe un instant, les sourcils froncés, les bras croisés ; je lui trouve des faux airs avec moi lorsque j'étais bien plus jeune. J'ignore sa remarque, bien trop intriguée par tout ce que je viens de découvrir ; une jeune femme aussi talentueuse que belle, juste en dessous de chez moi. Mon interlocutrice se dépêche de retourner la toile posée sur le chevalet, celle que j'ai déjà observé un moment. Je hausse légèrement les épaules, j'ai bien compris qu'elle ne voulait pas que je regarde ses œuvres. Mais je ne pouvais pas partir, pas maintenant. Je dirige mon regarde vers d'autres toiles. Celles-ci sont plus colorées, mais tout aussi travaillées. Je commence à m'approcher de l'une d'entre elles, je voudrais la voire de plus près ; toucher ses reliefs, pouvoir imaginer chaque coup de pinceau qu'elle a pu donner sur cette toile. Mais j'entends la jeune femme réitérer son raclement de gorge. Je l'irrite, je le sens. Je me tourne une nouvelle fois vers elle, et cette fois, je lui adresse un sourire courtois. Le genre qui veut dire « Je vous ai entendu, mais je sais que j'ai l'avantage sur la situation alors j'en profite. » Je vois bien qu'elle est impressionnée, en plus d'avoir l'air agacée. Alors je continue d'observer.

Je fais quelques pas en arrière, je regarde une autre toile. Un détail me titille sur celle-là, mais d'aussi près je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Alors en m'éloignant, peut-être que j'arriverais à capturer ce qui me dérange. Je sens que j'y suis presque. Mais j'entends la jeune femme se racler la gorge une troisième fois. Je détache mes yeux de la peinture et plante mon regard de marbre dans celui de mon interlocutrice. Plusieurs mètres nous séparent, je m'adresse à elle d'une voix affirmée et calme. « J'habite dans cet immeuble, et ça faisait plusieurs jours que je sentais l'odeur de peinture. Ça m'intriguait, et puis aujourd'hui vous avez laissé votre porte ouverte alors je suis rentrée pour voir. » Je finis par me rapprocher quelque peu d'elle, et lui adresse un autre sourire. « Je m'excuse pour mon incivilité mademoiselle. Je m'appelle Helga Lindholm. A qui ai-je l'honneur ? » Mon accent nordique raisonne dans la pièce. Je me dirige vers un calepin abandonné dans un coin du local, et récupère un crayon de papier trainant par terre. Une fois les deux objets récupérés, je tourne les talons vers la peintre et lui adresse une nouvelle fois la parole. « Puis-je vous emprunter ceci ? Je voudrais vous montrer quelque chose. » finis-je par demander d'un ton assuré, les yeux emplit de charisme et d'assurance, tout en ayant l'air sûre de pouvoir apprendre quelque chose d'essentiel à la jeune femme.




Revenir en haut Aller en bas
Kenzo A. Armanskij
Kenzo A. Armanskij
MEMBRE
(fb) The art life feat. helga Tumblr_n38mql2I3n1qfisvuo3_250
» Date d'inscription : 27/05/2014
» Messages : 1875
» Pseudo : .KENZO (Louise)
» Avatar : kaya scodelario
» Âge : vingt-sept ans depuis le sept novembre.
» Schizophrénie : max (t. oman) , solal (m. mcmillan), bodevan (g. hedlund) & nyx (b. hadid)
» Absence : 15.03
() message posté Mar 11 Avr 2017 - 20:27 par Kenzo A. Armanskij
The art life
Helga & Kenzo

Flashback, Octobre 2016 ✻✻✻ Je purgeais mes douleurs grâce à la peinture. Sur ces toiles, c'était ma vie. Mes ressentis. Mes souffrances. Je les gardais enfermées à double tour car j'avais trop peur qu'on me ternisse, qu'on tente de modifier ces choses peintes avec le coeur et du bout des doigts. J'avais conscience de mes faiblesses et je tentais de les corriger. Mais c'était autre chose le regard des autres. Il m'était insupportable de voir ma rage, de voir ma violence et mon côté destructif dans mes oeuvres. Je ne voulais pas que d'autres, voient cela. Que d'autres me voient telle que je suis. Cette femme s'était invitée dans mon intimité sans aucune permission. Je m'étais préparée à ce que cette situation arrive un jour, pourtant, désormais que j'assistais au regard critique de cette femme, j'en étais chamboulée. Elle ressemblait à Suzon. Et quelque part, j'avais l'espoir et la crainte qu'il s'agisse d'elle. J'avais beau manifester mon mécontentement, elle ne partait pas. Il fallu une troisième raclement de gorge pour qu'enfin, elle daigne ouvrir la bouche. Impénétrable sa voix calme à l'accent nordique s'empara de l'espace. Tu n'es donc pas ma soeur. Soulagée, je poussais un soupir et fronçais les sourcils. Je devais régler ces problèmes d'odeurs rapidement, avant de ne recevoir des plaintes ou d'autres visites incongrues. Elle se présenta et m'invita à faire de même. Je gardais les bras croisés et répondais, médusée : « Kenzo Armanskij. » Je la regardais s'éloigner et attraper un calepin et un crayon à papier. Elle me demanda ma permission, et je hochais la tête. Je balayais lentement la pièce des yeux. Une boule se forma dans mon estomac. J'en avais la boule au ventre. Seuls Lexie, Julian et Zola avaient vu mes toiles. Ils étaient les seuls à me connaître assez pour que j'accepte enfin de leur ouvrir cette partie de moi. Mais jamais personne d'inconnu n'était entré ici. C'était la première fois. Et je craignais qu'on juge mon travail, qu'on me juge. J'avais toujours vu la peinture comme mon exhutoire, mais je n'avais jamais souhaité considérer cet art comme commerce. Je ne voulais pas qu'on m'ôte cette innocence. Je voulais continuer de peintre par besoin pulsionnel. Helga semblait vouloir m'apprendre quelque chose. J'avais vu son regard, j'avais perçu ses expressions face à la découverte de mes toiles. Elle était amatrice d'art, s'en était certain. Je la voyais gribouiller nerveusement dans le calepin et fronçais les sourcils en demandant : « Vous êtes artiste-peintre? » Si c'était le cas, alors Helga était un ange tombé du ciel. Un signe d'espoir. Un souffle d'encouragement. Je levais les yeux vers elle. Sa beauté dévastatrice m'intimidait. J'aurai voulu me montrer impolie et la foutre à la porte, mais j'éprouvais un respect pour elle qui m'en empêchait. Je voulais entendre ce qu'elle avait à me dire.
✻✻✻
CODES © LITTLE WOLF.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Mar 9 Mai 2017 - 14:23 par Invité
La jeune femme en face de moi semble vraiment perturbée par ma présence, et qui ne l'aurait pas été ? J'ai pénétré son intimité sans aucun scrupule, et lui ai servi une excuse plus que discutable. On ne rentre pas chez les gens parce qu'on sent une odeur de peinture à l'huile, et j'en suis parfaitement consciente. Peut-être est-ce les anti-dépresseurs qui me font délirer ? Non, Ethan m'a prescrit des médicaments naturels qui n'ont aucun effet secondaires. Il s'agit juste là, de ma curiosité à l'apogée de sa puissance ; elle m'a poussé à passer le seuil de la porte entre-ouverte pour voir ce qui se cache entre ces murs. Je ne suis pas déçue ; les toiles sont aussi belles les une que les autres. Et je reste un moment à les observer.

Je suis finalement satisfaite de pouvoir mettre un nom sur les œuvres que je contemple. Kenzo Armanskij. Ça sonne bien comme un nom d'artiste dans ma tête. Ma bouche émet un petit « Hmm.  » d'intéressement, même si mon esprit est d'avantage concentré sur la toile que j'ai observé quelques instants auparavant. Alors je me dirige finalement vers le fond de la pièce pour prendre un calepin et un crayon à papier jonchant tous les deux le sol. Je passe ma main sur le carnet recouvert par une fine couche de poussière. Kenzo me donne l'autorisation de lui emprunter son matériel d'un hochement de tête et je lui souris en retour. « Merci.  » lui ai-je répondu d'un ton courtois. J'ouvre donc le calepin et m'arrête sur la première feuille blanche que je vois. Je me replace vers la toile, toujours la même, celle dont un élément me dérange. Entre temps, j'ai découvert de quoi il s'agit, et je veux que la jeune femme à mes côtés s'en rende compte aussi. Peut-être qu'elle-même l'a déjà remarqué ; ou peut-être qu'elle sait que quelque chose cloche sans pouvoir mettre le doigt dessus. Il est parfois difficile de critiquer ses propres œuvres parce que c'est quelque chose qui vient directement de nous, de notre esprit. Pas facile d'être objectif et de demander à notre cerveau de déceler les erreurs de notre propre travail ; c'est un peu la même chose lorsqu'on écrit quelque chose. On peut relire dix fois notre texte, on arrive pas toujours à en extraire les fautes d'orthographes.

Je commence donc à gribouiller sur la feuille blanche. Mes sourcils se froncent alors que je m'adonne à la tâche avec le plus grand des sérieux. Je jette parfois des petits regards furtifs vers Kenzo, qui semble tout aussi curieuse que troublée. Elle se demande sûrement ce que je fais, et c'est bien évidemment légitime. Plusieurs minutes s'écoulent, et je continue de dessiner sur le carnet. On entend le crissement du crayon de papier sur la feuille rêche que je tiens entre mes doigts. Et puis, du silence, finit par raisonner une question. « Vous êtes artiste-peintre?  » J'aurais aimé pouvoir affirmer que oui, mais ça aurait été mentir. Entre les bras de Morphée, dans mes rêves les plus doux, je l'ai été. Aussi étrangement que cela puisse paraître, cette question me blesse au plus profond de mon âme. Cette ambition perdue, qui a vacillé pour laisser place à la dure réalité. Le rêve d'une gamine laissé aux oubliettes sous la contrainte. Je lui réponds, sans pour autant m’arrêter de dessiner. En fait, je ne lui adresse même pas un regard, je suis bien trop concentrée sur ma tâche. « Non. J'aurais aimé l'être, mais la vie ne m'a pas fait ce cadeau.  » Je marque une pause, jetant un long regard sur la toile. Puis mes yeux se baissent à nouveau sur le bout de papier. « Mais je suis conservatrice au British Museum, alors la peinture ça me connait.  » Chaque tableaux qui ornent les murs du musée, je les connais par cœur ; j'ai pu en observer les moindres détails, j'ai pu imaginer tous les coups de pinceaux qu'ont donné leur propriétaires. Je connais leur odeur à tous, la sensation qu'ils laissent sous les doigts ; leur défauts, même les plus indétectables. J'aime mon métier plus que tout au monde, et je suis une passionnée. Mais au fond de moi, les remords d'avoir abandonné mon rêve, celui de ne me consacrer qu'à mes œuvres -et pas celles des autres- rongent mon être. J'aurais aimé être cette femme courageuse qui prend des risques, qui croit en son talent. Mais j'ai préféré l'assurance d'une vie modeste à la place. Et je pense que c'est tout à fait compréhensible n'est-ce pas ? « Et vous, vous l'êtes ?  » sous-entendu, artiste-peintre. Kenzo est jeune, mais elle pourrait très bien s'être abandonné à sa vocation de peintre contrairement à moi. Je donne finalement mon dernier coup de crayon, et place le calepin devant les yeux de la jeune femme, tout en jetant un œil vers la toile. J'ai reproduit les grandes lignes de son tableau -il s'agit d'une peinture d'un paysage- ce qui fait qu'on comprend de suite duquel j'ai voulu représenter sur la feuille blanche. « Quand j'ai regardé votre toile, je me suis de suite dis qu'il y avait quelque chose qui clochait, mais j'ai eu du mal à comprendre quoi. En fait, il y a juste un soucis de perspective.  » Sur le calepin, il y a la version corrigée de sa toile, avec les bonnes proportions et une perspective parfaitement respectée. Je lui adresse un air confiant tout en posant une main sur son épaule. « Ne vous méprenez pas surtout, en vérité il y a un nombre incalculable d'oeuvres qui ont ce genre de défauts, mais je ne peux pas m'empêcher de les exposer au grand jour à chaque fois.  » Finalement, je hausse légèrement les épaules et émet un petit rire malicieux, osant ensuite un sourire plus attendrissant.



Revenir en haut Aller en bas
Kenzo A. Armanskij
Kenzo A. Armanskij
MEMBRE
(fb) The art life feat. helga Tumblr_n38mql2I3n1qfisvuo3_250
» Date d'inscription : 27/05/2014
» Messages : 1875
» Pseudo : .KENZO (Louise)
» Avatar : kaya scodelario
» Âge : vingt-sept ans depuis le sept novembre.
» Schizophrénie : max (t. oman) , solal (m. mcmillan), bodevan (g. hedlund) & nyx (b. hadid)
» Absence : 15.03
() message posté Dim 14 Mai 2017 - 18:01 par Kenzo A. Armanskij
The art life
Helga & Kenzo

Flashback, Octobre 2016 ✻✻✻ Je peignais depuis toujours. Petite déjà, je m'enfermais dans ma chambre pour gribouiller sur des feuilles blanches. Suzon, ma grande soeur, avait été la seule à comprendre mon intérêt pour le dessin et pour l'art, et m'avait de nombreuses fois acheté des cahiers de mandalas ou de dessins à colorier pour m'habituer aux mélanges de couleurs. Et puis lorsqu'elle avait quitté la maison, je m'étais mise à travailler encore plus. J'avais l'espoir que cela la fasse revenir. En vain. Elle avait une autre vie. Mes parents n'avaient jamais cherché à comprendre le sens de mes dessins, trop aveuglé par leur ego. Pour eux, je n'étais qu'une enfant bizarre. Un fardeau. Une gamine presque muette qui gribouillait sur des feuilles blanches. Sans trop y réfléchir, j'avais fais des études d'art, parce que ça avait été une évidence. Mais ils n'avaient toujous pas compris. Ils n'avaient pas cherché à comprendre, en vérité. Jamais. C'était Zola et Alexandra qui m'ont poussé à continuer. Quand bien même je ne parvenais plus à rien. Même lorsque je ne parvenais plus à peindre, ils me soufflaient de reprendre. De m'accrocher. Parce que j'étais douée en cela, et qu'ils avaient compris. Que c'était mon âme sur ces toiles. La peinture était devenu mon jardin secret. Ce que je ne dévoilais jamais. Et pourtant, j'envisageais toujours d'en faire ma vie. Mais je craignais que la vente n'enlève toute la magie. Tout le plaisir. Helga détaillait mes oeuvres, et c'était comme si, au fond, elle m'ouvrait le coeur pour en déceler chaque secret. Je me sentais bafouée. Mais j'étais curieuse. Curieuse de me confronter à un avis critique, extérieur. Connaisseur. Je l'observais, un long moment, dessiner dans mon calepin. Je sentis mon estomac se tordre, inquiète de connaître les défauts de mon travail. A mon tour, j'observais la toile qu'elle tentait de reproduire. Quelque chose clochait, comme dans toutes mes toiles de paysage. Je ne parvenais jamais à retranscrire clairement ce que je m'imaginais, ce qui donnait lui à une représentation déformée, ou fantasmée. Je finis par lui poser la question qui me brûlait aux lèvres. Etait-elle ce que je souhaitais devenir? Elle finit par me répondre qu'elle ne l'était pas, et je sentis de la dureté dans sa voix. Elle ne m'avait pas accordé un regard, trop occupée à dessiner. En silence, je me remis à observer ma toile en plongeant mes mains dans les poches arrières de mon jean. Mais elle me coupa dans mon analyse, en me retournant la question. « Non... Je... Je suis secrétaire pour un journaliste au Times. J'ai un diplôme d'art mais... J'aimerai le devenir, c'est juste que... » J'ai peur. Je haussais les épaules, comme pour terminer ma phrase laissée en suspend. J'avais devant moi une connaisseuse d'art et sans que je ne l'ai planifié, elle allait finir, peut-être, par me donner l'avis qui me déciderait à sauter le pas, ou à abandonner. Mon estomac se tordit encore plus à cette pensée. Je soufflais, angoissée. Quelques instants plus tard, elle avait terminé de dessiner. Tout en l'écoutant attentivement, je fis des allers retours entre son dessin, et le mien, pour en voir les différences. Elle avait raison. C'était un de mes soucis. J'avais toujours eut du mal à évaluer les distances et les différentes profondeurs d'un paysage. Grâce à ses schémas, je comprenais plus mes erreurs. J'attrapais le calepin à deux mains et l'observais plus attentivement. Puis je m'approchais de ma toile et traçais une ligne invisible dessus. Je me grattais la gorge et me tournais vers Helga : « Merci, j'ai toujours du mal avec la perspective. C'est un de mes plus gros problème. Quand je regarde votre dessin ça me paraît évident et je saurai refaire le tableau corrigé. Mais lorsque j'en commence un nouveau, c'est toujours le même soucis qui s'impose : je n'arrive pas à visualiser la différence et les échelles de plans et à les reproduire... » Je soupirais et mon regard se promena sur les toiles visibles du local. C'était le même soucis un peu partout, mais fort heureusement, j'étais particulièrement douée lorsqu'il s'agissait de peindre ceux que je connaissais. Parce que je connaissais leur visage par coeur. Hésitante, je regardais la dernière toile terminée de Louis. J'aurai aimé lui demander ce qui clochait dans celle-ci, mais je n'osais pas. Quelque chose m'en empêcha. J'avais peur de ne pas savoir reproduire à la perfection le visage de mon enfant.
✻✻✻
CODES © LITTLE WOLF.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Ven 2 Juin 2017 - 18:51 par Invité
À mesure que les minutes passent, mon intéressement pour mon interlocutrice est grandissant. La première fois que j'ai posé les yeux sur elle, seulement quelque instant auparavant donc, j'ai eu cette impression de me voir à travers un miroir avec quelques années de moins. Je ne passe pas mes journées à m'inspecter le visage, mais j'ai bien remarqué que certains de nos traits sont communs. À commencer par nos yeux bleus, nos cheveux bruns par exemple. Mais ce qui est d'autant plus étrange, en dehors du fait de ces similitudes physiques, et que nous aimions bien peindre toutes les deux, c'est la phrase que Kenzo prononce juste après. Elle n'est pas non plus peintre, une simple amatrice me confesse-t-elle. Elle a un diplôme d'art, tout comme moi, mais travaille comme journaliste. La fin de sa phrase, je l'ai murmuré dans ma tête, comme un écho à mes propres pensées d'autrefois. « J'ai peur, je n'ose pas franchir le pas ». Une fois de plus, nous nous ressemblons bien plus qu'il est permis de le penser. Et cela me trouble, je ne peux le nier. Un autre « Hmm. » s'échappe de ma bouche, tandis que je termine mon dessin. J'avoue que sur le moment, au délà du fait que je suis bien trop concentrée pour réfléchir à tête posée, je ne sais pas vraiment quoi lui dire. Après tout, quel était le pourcentage de chance de rencontrer une jeune femme qui me ressemble autant ? J'ai vraiment l'impression d'avoir à faire au miroir de mon passé, là juste devant moi. Et j'aurais pu simplement n'en avoir rien à faire. Parce que le passé, c'est le passé. Et Kenzo n'a pas grand chose à faire là dedans en vérité, n'est-ce pas ?

Pourtant, une once de fierté dans la voix, je me permets de la corriger en lui montrant mon dessin, désignant sa toile. Et une pensée coincée entre mes méninges me force à le faire ; non pas par égocentrisme, et pas non plus dans le but de la rabaisser. Mes actes sont bien plus nobles à vrai dire. Je veux juste l'aider. Et je me demande bien ce qu'il me prend ; ce n'est pas dans mes habitudes de secourir une graine d'artiste en détresse. J'aurais très bien pu lui faire la réflexion, lui dire simplement « Il y a un problème de perspectives sur votre toile, sachez-le » et m'en aller un air arrogant plaqué sur le visage. Parce que c'est comme ça que j'ai l'habitude d'être après tout. Je n'ai pas toujours été comme ça non ; fut un temps où tout allait bien dans ma vie, où j'étais heureuse et comblée. Mais la mort et la douleur sont passés par là, laissant leur trace imperceptible pour le commun des mortels. Je ne m'ennuie plus d'avoir l'air sympathique avec la plupart des gens, et ces mêmes personnes me trouvent alors souvent froide et ennuyante. Mais ils ne savent pas ce que j'ai pu endurer.

Quoi qu'il en soit, je lui fais part de mes corrections concernant sa peinture, et je me permets même de la rassurer. Comme si j'avais été soudainement touché par une sorte d'empathie divine. Oui après tout, même les plus grandes toiles ont leur soucis de perspectives, ce n'est pas la fin du monde loin de là. Et ça n'enlève pas à Kenzo ni son talent, ni la beauté de ses peintures. La preuve en est, la jeune femme à mes côtés finit par me remercier. Je me sens épris d'un certain soulagement en écoutant ses paroles. J'aurais été embêté qu'elle prenne mal mes remarques alors que ce n'est que dans le but de l'aider bien au contraire. Je lui souris d'une façon bienveillante, comprenant exactement où elle veut en venir le long de sa tirade. Ma main jusque là sur son épaule, glisse sur son bras et retrouve sa place initial sur ma hanche. « Comme je vous l'ai dis, vous n'avez pas de quoi vous sentir incompétente en la matière. » J'aurais pu simplement lui dire que ce qu'elle fait est beau, mais les mots ne sortent pas. C'est un peu comme si j'avais peur qu'après ça, la jeune femme se mette à se reposer sur ses lauriers. Il est clair que ce qu'elle a du talent, mais je reste totalement neutre sur mes paroles. Un peu comme un professeur traiterait son élève : de manière strict mais bienveillante. Je crois qu'en quelque sorte je me suis sentie ainsi à ce moment-là. Et c'est sûrement pour cela que je me sentie la liberté d'ajoute un instant plus tard, me déplaçant dans la pièce à la recherche d'autres œuvres à contempler « Vous souffrez simplement d'un manque d'entraînement si vous voulez mon avis, rien de dramatique en soit. » J'observe les autres toiles, me rendant compte que lorsqu'il s'agit de portrait, tout est parfait. Autant les ombres que les lumières, les couleurs que les proportions. Je n'ai jamais vu les personnes dont les toiles ont été inspiré, mais je mettrais ma main à couper qu'elles sont toutes très ressemblantes avec leur modèles. Je finis par poser mes yeux sur Kenzo, abordant une mine plus fermée et froide. Comme si j'adressais ce message à mon ancien moi, mon moi du passé. « En tout cas, c'est bien dommage que vous ne vous consacriez pas à la peinture. Je veux dire, d'après ce que j'ai devant moi, vous n'avez rien à faire derrière un bureau au Times. »



Revenir en haut Aller en bas
Kenzo A. Armanskij
Kenzo A. Armanskij
MEMBRE
(fb) The art life feat. helga Tumblr_n38mql2I3n1qfisvuo3_250
» Date d'inscription : 27/05/2014
» Messages : 1875
» Pseudo : .KENZO (Louise)
» Avatar : kaya scodelario
» Âge : vingt-sept ans depuis le sept novembre.
» Schizophrénie : max (t. oman) , solal (m. mcmillan), bodevan (g. hedlund) & nyx (b. hadid)
» Absence : 15.03
() message posté Dim 4 Juin 2017 - 16:19 par Kenzo A. Armanskij
The art life
Helga & Kenzo

Flashback, Octobre 2016 ✻✻✻J'étais troublée. J'avais devant moi une femme, qui au final ne semblait pas être Suzon, mais tout simplement la femme que je pourrai devenir. Elle avait cette même aura sombre et cette fragilité camouflée sous des airs aimables et tirés. J'étais bras balants, à la regarder corriger mon tableau sur le calepin, lorsqu'un sourire s'étira sur mon visage. Si au début, je m'étais sentie méfiante à l'entrée de cette inconnue dans mon jardin secret, désormais, je bénissais cette intrusion. Des cours d'art, j'en avais pris une grande partie de ma vie, et mes professeurs m'avaient toujours guidés et encouragés. Mais Helga s'y connaissait et jamais personne ne s'était interessée à mes toiles de cette manière. Je me sentais touchée qu'on porte un intérêt à mes oeuvres. Lorsqu'elle me tendit le calepin, j'observais attentivement ma toile et son dessin. L'erreur était flagrante. Je grimaçais doucement et soupirais. Elle tenta de me rassurer et je tournais la tête vers elle pour lui sourire. C'était gentil, et étrangement, une confiance silencieusement naissait à son égard. Je manquais d'entraînement, et c'était certain. Je peignais avec le coeur, pas avec l'esprit. Je ne réfléchissais que très rarement à ce genre de détails parce que peindre me permettait de me libérer. Je reposais le calepin et m'éloignais d'Helga pour aller prendre une nouvelle toile. Je l'installais sur le chevelet et sortais les pinceaux et la peintre. Puisqu'elle était là, j'allais profiter de sa présence. Je levais la tête vers elle et demandais : « Vous êtes pressées? J'aimerai abuser de votre gentilesse... » J'affichais un sourire sincère et fermais les yeux quelques instants. Je visualisais le salon dans laquelle j'avais grandit. Mon père, Viktor. Ma mère, Elise. Ma soeur, Suzon. Et moi, petite et invisible. J'adoptais un point extérieur, situé à l'entrée. Les murs beiges, le mobilier en bois. Le parquet grinçant et les lustres allumés. Le point de fuite devait être la jointure des deux murs. Je ne voulais pas que la toile réaliste, mais qu'elle représente mon émotion intérieure. Alors je commençais à tracer des traits, et tentais de retrouver l'image identique à celle qui m'était restée en mémoire. La voix d'Helga me sortit quelques instants de ma réflexion et je souris. Elle avait raison, je n'avais pas grand chose à faire au Times, mais j'avais des obligations. Je posais mes yeux sur elle et lançais d'une voix douce : « Je sais... Mais j'ai un petit garçon de six ans à nourrir... » Je ne pouvais abandonner le salaire stable que je gagnais chaque moi. Zola et moi avions un foyer à construire, et pour l'instant nous ne vivions que de ce que je gagnais. Je la sentis se rapprocher de moi et venir dans mon dos, pour observer ce que je faisais. Hésitante, je tournais la tête vers elle pour m'assurer que je ne me trompas pas déjà. Mais elle n'eut pas besoin de parler, car je me rendis compte avoir oublier de tracer les traits du plafond. Alors, je me repris et m'arrêtais quelques instants pour tourner la tête vers Helga : « Vous peignez toujours? Vous pouvez prendre une toile, et vous installer. Si vous voulez... » Je désignais l'arrière salle dans laquelle se trouvait les autres toiles vierges et les chevalets. Je lui adressais un sourire, mais je la sentis hésitante. Et je compris. Cette femme avait renoncé à ses rêves, à sa passion. Elle avait vécu des choses difficiles, et ne s'en était toujours pas remise. Cette femme, c'était moi dans quelques années. Si je restai au Times, c'était moi si je continuais d'avoir peur. Et je ne voulais pas devenir ainsi. J'en avais déjà beaucoup trop, des regrets.
✻✻✻
CODES © LITTLE WOLF.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Sam 1 Juil 2017 - 0:55 par Invité
Au début, je ne comprends pas vraiment ce que fait la jeune femme dans la même pièce que moi. Elle se met soudainement à gesticuler d'un point à un autre, ramassant des crayons, des pinceaux, de la peinture. Et puis une toile, qu'elle installe sur un chevalet. Je fronce les sourcils, l'air interrogative. Une part de moi pense discrètement « Mais quelle mouche l'a piqué ? ». L'autre part la regarde faire, comme totalement obnubilée, et impuissante. Mes bras se croisent sous ma poitrine, et Kenzo se tourne vers moi. « Vous êtes pressées? J'aimerai abuser de votre gentillesse... » finit-elle par me dire, esquissant un sourire à mon égard. Je lui rend son sourire, à la fois intriguée et les sourcils toujours froncés. Je comprends alors que la jeune femme s’apprête à peindre, et peut-être requiert-elle mon aide pour cette tâche. Je ne me suis jamais improvisée professeur de peinture auparavant, et pourtant l'idée d'endosser ce rôle me paraît bonne sur le moment. Je ne peux nier que cela flatte aussi ma fierté. J’acquiesce donc, tout en haussant les épaules. « Et bien je n'avais rien de prévu en cette fin de journée. Alors faites donc. » Dis-je d'un ton neutre tout en désignant d'une main la toile posée devant Kenzo. Je parcours des yeux la pièce, mes talons raisonnant entre ses quatre murs. Je laisse un moment d'intimité à a jeune femme, juste le temps de trouver l'inspiration. Et puis elle commence à tracer des traits sur la toile blanche ; fins au début, comme si Kenzo était hésitante, puis de plus en plus appuyés. Je mettrais ma jambe à couper qu'elle se sert d'un souvenir. Mes bras toujours croisés sous ma poitrine, je ne regarde plus que sa main, légèrement tremblante ; d'excitation ou d'anxiété, je ne serais l'affirmer. Dans l'atelier, on n'entend plus que le bruit du crayon sur le coton rêche de la toile. Je tente de savoir ce qu'elle dessine avant même qu'elle l'ait posé à plat sur le tableau. Mais ce n'est pas facile ; en fait c'est pratiquement impossible. Bien que la jeune femme me ressemble en de nombreux points, je ne suis pas dans sa tête, je ne sais pas ce qu'il se passe. Alors je reste là, à environ un mètre derrière elle, observant chaque ligne de son œuvre. Ma présence, j'en suis sûre, doit sembler pesante pour Kenzo ; ce n'est jamais facile de créer dans l'instant avec quelqu'un derrière soi qui contemple le moindre de vos faits et gestes.

Je m'éloigne alors un peu, regardant les autres toiles autour de moi. Et je fais cette fameuse allusion à propos de son actuel travail au Times. Non, elle n'a rien à faire là-bas, et oui elle gâche son temps et son talent derrière un bureau. Je continue de marcher lentement à travers la pièce, les mains à présent derrière mon dos, observant la manière si délicate dont les rayons du soleil se couchent sur les tableaux, les chevalets, les palettes de peintures usées et oubliées dans un coin. La jeune femme stoppe son activité un instant pour se tourner vers moi, et me répond de la plus évidente des façons. « Je sais... Mais j'ai un petit garçon de six ans à nourrir... » Et cette fois c'est moi qui m'arrête de bouger ; mon souffle se coupe net, comme si j'avais pris un couteau dans le cœur. Kenzo ne sait évidemment pas le poids des mots qu'elle vient de prononcer. Comment pourrait-elle ? Elle ne me connait que depuis plusieurs dizaines de minutes, une heure tout au plus maintenant. J'aurais aimé pouvoir dire ça moi aussi ; pouvoir dire que j'ai un enfant de six ans à nourrir, que c'est pour ça que je bosse si dur au British Museum. Ça a été le cas un jour, il y a des années de cela, mais mon fils, le mien, n'a jamais eu six ans. Et si je m'accroche à mon travail comme à la dernière parcelle de réalité dans ce monde, c'est juste parce qu'il ne me reste que ce pilier pour supporter le poids de ma souffrance. Je reste totalement immobile et silencieuse pendant plusieurs secondes, et Kenzo, bien trop occupée à esquisser le brouillon de sa toile, ne le remarque pas vraiment. Je sens une vague de tristesse prendre le contrôle de mes émotions. Je sers les poings forts, les bras tendus contre mon corps, jusqu'à ce que les phalanges de mes mains en deviennent blanches. Et je mords violemment la lèvre inférieure de ma bouche, tentant de garder une certaine dignité pour ne pas m'écrouler en larme. Un instant se passe, puis j'expire silencieusement un long et profond soupir. « Il a beaucoup de chance d'avoir une mère comme vous. » Une mère aimante, assez courageuse pour être capable d'abandonner son rêve afin qu'il puisse grandir et réaliser les siens. Ai-je finis par répondre, d'un ton faussement calme, distante et presque froide à son égard. Sa réplique me blesse mais qu'est-ce qu'elle y peut ? Je finis par m'approcher plus près d'elle pour regarder par dessus son épaule où elle en est avec sa toile. Je pense distinguer une pièce, une chambre ou peut-être un salon. J'ouvre la bouche, m’apprêtant à lui faire une première remarque. Mais avant de ne pouvoir dire quoi que ce soit, Kenzo saisit l'opportunité de tracer de nouvelles lignes. Je ferme l'écart entre mes lèvres, et m'éloigne un peu d'elle. « Vous peignez toujours? Vous pouvez prendre une toile, et vous installer. Si vous voulez... » finit-elle par dire, brisant ainsi le silence. Je pose les yeux sur elle, puis regarde derrière moi les toiles vierges et les chevalets entassés qui ne demandent qu'à être utilisé. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas peint. Avant la mort de Walter, mon fils, je ne peignais déjà plus beaucoup par manque de temps ; mais après ça a été bien pire. Je n'ai jamais plus toucher un pinceau dans le but de l'utiliser. Ethan, mon psychologue, m'a plusieurs fois conseillé de m'y remettre ; il m'a dit que cela me permettrait d'évacuer mes émotions. Mais j'ai toujours eu peur. Je ne sais pas bien de quoi. Peut-être de me rendre compte que j'ai tout perdu de mon talent d'antan. Ou simplement de me retrouver face à cette toile blanche comme face à un jugement, et de n'avoir aucune inspiration. Je reste un long moment à hésiter, alors que Kenzo continue de me regarder ; je sens ses yeux couleurs azurs sur moi, et j'ai l'impression d'être jugée. Peut-être a-t-elle partiellement compris en ce moment quel genre de démons me hantent ; sûrement pas les mêmes que les siens. « Merci, mais ça fait bien longtemps que je n'ai eu de pinceaux entre les mains. Et je ne suis pas sûre que ce soit raisonnable que je m'y remette maintenant. » Ai-je expliqué tout en croisant les bras à nouveau. La terrifiante Helga qui a peur de se retrouver face à une toile, voilà une situation bien ironique. Je m'éloigne tout de même un instant pour aller chercher un tabouret dans l'arrière salle et m'installer à côté de Kenzo. Ces dernières minutes ont été éprouvante pour moi et je ressens le besoin de m'assoir quelques minutes. Sûrement la jeune femme n'a-t-elle pas remarqué à quel point mes mains ont pu trembler depuis qu'elle a parlé de son fils. Je continue de regarder ce que Kenzo fait, et je l'observe aussi elle, passionnée et intiment investie dans son œuvre. Un nouveau silence s'installe, et tandis que je rumine dans mon coin, et des mots finissent par s'échapper de ma bouche. « Vous savez, je comprends que votre fils soit votre priorité. Et sachez que je ne remettrais jamais en cause ce choix que vous avez fais. » Après tout fut un temps où j'ai fais exactement le même. « Mais n’abandonnez jamais la peinture pour autant. Je pense que vous commencez à comprendre que sinon, vous risquez de finir comme moi. » J'esquisse un sourire triste tout en posant mes yeux sur sa toile. « Et croyez-moi, ce n'est pas très glorieux. » Durant un court instant, je laisse entrevoir à cette jeune femme que je ne connais que depuis quelques instant, cette portion fragile et nostalgique de moi. Peu de gens ont eu la chance d'assister à ce genre de comportement de ma part. Mais je me ressaisis rapidement, me raclant la gorge et me redressant sur le tabouret, fronçant à nouveau les sourcils. « C'est une chambre que vous avez l'intention de peindre ? » Ai-je finis par demander d'un ton neutre, dans le but de totalement changer de sujet.




Revenir en haut Aller en bas
Kenzo A. Armanskij
Kenzo A. Armanskij
MEMBRE
(fb) The art life feat. helga Tumblr_n38mql2I3n1qfisvuo3_250
» Date d'inscription : 27/05/2014
» Messages : 1875
» Pseudo : .KENZO (Louise)
» Avatar : kaya scodelario
» Âge : vingt-sept ans depuis le sept novembre.
» Schizophrénie : max (t. oman) , solal (m. mcmillan), bodevan (g. hedlund) & nyx (b. hadid)
» Absence : 15.03
() message posté Dim 9 Juil 2017 - 23:09 par Kenzo A. Armanskij
The art life
Helga & Kenzo

Flashback, Octobre 2016 ✻✻✻Le monde semblait si vaste et pourtant nous étions tous liés les uns aux autres. Helga était entrée sans prévenir dans mon local, et plus le temps s'écoulait, plus j'avais l'impression de parler à mon propre reflet. Je reconnaissais en cette femme des automatismes que moi même je prenais face à elle. La froideur, la fierté. Pour donner l'impression que rien ne pouvait nous achever. Il m'arrivait encore d'agir ainsi, lorsqu'on s'imisçait dans mon intimité. Pourtant, aujourd'hui, j'avais accueillit cette inconnue à bras presque ouverts. J'étais curieuse de ce qu'elle pouvait m'apporter, et aussi curieuse de percer le mystère qu'elle semblait être. Alors je l'invitais à rester à mes côtés tandis que je débutais une nouvelle toile pour corriger l'erreur qu'elle avait relevé dans mon travail. Je hochais donc la tête à ses mots en lui adressant un sourire courtois et me replongeais dans mon travail. Concentrée, je tentais de visualiser le salon dans lequel j'avais grandis. Celui dans lequel je n'avais jamais remis les pieds depuis que j'étais partie. Cette époque ne me manquait en rien, mais encore aujourd'hui, j'avais besoin d'en parler. Alors je peignais, mon soulager mon coeur inconsolable. Je la sentais observer le moindre fait et geste, et c'était assez troublant. J'avais constemment peur de faire une erreur alors je réfléchissais deux fois plus avant de tracer chaque trait. On en vint à parler de mon travail de secrétaire et j'évoquais mon statut récent de maman. Elle ne répondit rien. Et d'abord absorbée par ma toile, je ne m'en rendis pas compte tout de suite. Mais son silence était bien trop pesant, et je m'arrêtais de peindre, soudainement. Je me retourne vers elle et la vois regarder le film. Craignant d'avoir dit quelque chose que je n'aurais pas du dire, je déglutis et me reconcentrais sur ma toile. Si elle voulait parler, elle le ferait. Pourtant, je ne parvins pas à me reconcentrer totalement, me demandant ce qui avait bien pu la faire perdre la parole ainsi. Elle finit par répondre que Louis avait de la chance. Je me tournais à nouveau vers elle et lui souris doucement : « C'est normal, c'est mon enfant... » Je l'avais mis au monde, je devais le faire vivre désormais. Le rendre heureux. Qu'il ne manque de rien. Je n'ajoutais rien, craignant une autre maladresse. A la place, je l'invitais à peindre, elle aussi, mais elle refusa. Je me tournais vers elle et la regardais, durement. C'était sûrement mal venu de réagir ainsi étant donné qu'on se connaissait depuis seulement quelques dizaines de minutes, mais je la sentais fuir quelque chose qu'elle me conseillait de ne jamais arrêter. Je claquais de la langue et répondis, d'un ton faussement détaché afin de ne pas la froisser : « Raisonnable? Sans vouloir vous offensez, vous vous défilez. C'est dommage. » Je me tournais une nouvelle fois vers elle et lui souriais, sincèrement. Je comprenais sa peur, elle était évidente. Mais elle m'aidait, alors moi aussi, je pouvais bien l'aider. Je la sentis s'installer à côté de bien, bien décidée à ne pas peindre aujourd'hui. Alors je repris mes tracés, concentrée. Mais elle m'interrompit assez vite pour me dire quelque chose qui me déchira le coeur. Je me retournais vers elle, et la regardais, attristée par ses mots. Je fronçais les sourcils, et lui répondis, tout en plongeant mon regard dans le sien : « Vous n'êtes pas à plaindre, vous avez de la classe. Et il ne tient qu'à vous de reprendre, vous savez... » Je lui souris doucement et repris mes tracés, une nouvelle fois. J'avais peur de la froisser, mais mes paroles se voulaient réconfortantes. Après un long silence, elle me demanda si je cherchais à peindre une chambre et je ris doucement. J'étais mal barré. « Non un salon en vérité. Qu'est-ce qui va indui en erreur? » Demandais-je en m'éloignant de la toile pour observer les perspectives selon un autre point de vue, plus distant. Je scutais avec précision chaque ligne par rapport aux autres, afin de voir laquelle avait troublé Helga. Il se pouvait que j'ai déjà fait une erreur, même s'il m'était possible de rattraper ma faute par la suite en passant à la peinture puis que je visualisais la scène. Je parvenais souvent à cacher les soucis de tracés en peignant, mais les professionnels, eux, ne pouvaient pas louper le cache-misère. Je soupirais, tenant mon menton entre mes doigts. Cherchant l'erreur.
✻✻✻
CODES © LITTLE WOLF.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Dim 21 Jan 2018 - 14:53 par Invité
Il est déconcertant de voir à quel point, de part et d'autres de cette vaste planète, certaines personnes peuvent nous ressembler en tout point. Et quand bien même, on finit par rencontrer ces individus, il est même encore plus déroutant de se rendre compte qu'une de ces personnes habite dans le même immeuble que nous, à quelques paliers de notre propre appartement. Comme si une force externe, une force plus puissante que celle des humains orchestrait cette rencontre, unissant ces deux personnes d'un lien fort seulement après quelques minutes passées l'une avec l'autre. J'ai eu cette envie d'ouvrir la porte du local de Kenzo dès les premières fois où l'odeur de peinture s'en était faite sentir ; cette idée m'obsédait, comme si aux creux de mon oreille la nuit, quelque chose ou quelqu'un me disait qu'il fallait que j'y aille, coûte que coûte. On pourrait parler de destinée, bien que j'ai tendance à ne plus y croire plus depuis de nombreuses années. En temps normal, je reposerais d'avantage la faute sur ma curiosité maladive, et ma passion inaltérée pour la peinture et l'art sous toutes ses formes. Mais le hasard fait bien les choses, on ne peut le nier. Quelle était la probabilité pour qu'une telle rencontre s'opère un jour ? J'avais cette jeune femme en face de moi, longs cheveux bruns et yeux semblables aux miens, silhouette fine et regard affûtée, pointe de malice et ténacité dans la voix ; Pinceau à la main et rêve enfantin en berne pour protéger les siens. Kenzo est bien plus qu'une simple rencontre faite au détour d'un immeuble, j'en suis certaine. J'aurais pu tomber nez à nez avec à peu près n'importe qui ; mais c'est elle qui a finalement croisé ma route. Peut-être n'est-elle pas là pour moi, mais plutôt l'inverse ; peut-être qu'en quelque sorte, je suis arrivée jusqu'ici pour venir en aide à cette jeune femme. Depuis la mort de mon fils, j'ai renié la religion de ma vie, mais parfois, comme durant ces instants surréalistes, j'ai comme une impression que quelqu'un nous observe depuis là-haut. Le hasard oui, une coïncidence. Ou peut-être autre chose. Alors que je la regarde esquisser les premiers remparts de son tableau, une citation de Paul Eluard me revient en mémoire : Il n'y a pas de hasards, il n'y a que des rendez-vous. Et si c'était vrai ? Kenzo et moi semblions avoir beaucoup de chose à nous dire, et à nous apporter l'une à l'autre. Et une chose est certaine, je ne compte pas partir sans avoir la certitude que nous nous reverrions bien assez tôt afin élucider ce mystère déroutant qui plane autour de notre rencontre.

Kenzo me parle de son fils, de cet enfant qu'elle a mis au monde, tout comme un jour moi aussi j'ai donné naissance au mien. La douleur émotionnelle que cela me procure est comparable à celle d'un couteau planté en plein cœur. Mais je ne faiblis pas devant la jeune femme qui continue à tracer des traits sur la toile rêche devant elle. Alors que je lui offre un compliment, en évoquant la chance que son fils a d'avoir une mère aussi aimante et dévouée, cette dernière me rétorque que c'est normal, puisque c'est son enfant dont il s'agit. Et cette réponse tombe sous le sens. L'instinct maternel nous pousse nous, mères, à faire tellement de chose dont nous nous soupçonnions incapable jusqu'à lors. Nous avons le sens du sacrifice, de la détermination. Nous donnerions notre propre vie pour sauver celle de notre progéniture. Ce comportement est observé chez tous les animaux, pas seulement chez les humains. La Nature a donné à la femelle cette force, ce dévouement pour nos petits. N'a-t-on jamais entendu parler de cette femme, qui dans un geste désespéré après avoir vu son enfant se faire renverser par une voiture, soulever la carcasse de métal pour en extraire le corps frêle de celui à qui elle a donné naissance ? La douleur n'existe plus à ce moment-là, il n'y a qu'une seule chose qui compte : la vie. Celle que nous avons offert à ce petit-être, celle que nous avons crée, que nous avons abrité des mois dans notre ventre. Un sourire sans joie se dessine sur mes lèvres, alors que je ne peux que compatir à la dévotion de Kenzo. Cela m'attriste, car je n'aurais probablement plus jamais l'opportunité de dire cette phrase moi aussi. C'est normal, c'est mon enfant. Je l'envie, cette jeune femme. Et pourtant, mon cœur se remplit d'autre chose que de tristesse alors que je continue de l'observer, peut-être de l'espoir, de la mélancolie, de la compassion aussi. J’acquiesce simplement à ses mots, les laissant en suspens comme une douce mélodie que j'aurais autrefois pu jouer moi aussi.

Mais ces sentiments sont rapidement remplacés par un froncement de sourcils. Kenzo n'a pas la langue dans sa poche, et j'aurais dû m'en douter à la première seconde où mes yeux se sont posées sur elle. Et alors que j'évoque la raisonnabilité de ne pas me remettre à peindre, celle-ci me rétorque que je me défile. Et si elle avait raison ? Qu'est-ce qui m'empêche de prendre un pinceau, une toile, et de m'y remettre ? Est-ce que cela m'achèverait ? J'ai déjà vécu tellement de choses traumatisantes, je n'en serais plus à un coup de poignard près. Mais pourtant, alors que l'idée de la rejoindre la jeune femme dans son activité me taraude l'esprit, je me contente de m'assoir aux côtés de la jeune femme, me contentant d'ignorer la remarque de mon interlocutrice. « Vous ne pouvez pas comprendre... » Me suis-je entendue murmurer alors que Kenzo continue d'esquisser à coups de crayon ardents. Elle ne peut pas, non. Tout pourrait être aussi simple que de s'assoir devant une toile vierge après au moins une décennie sans l'avoir fait ; et peindre, tout simplement. « Vous n'êtes pas à plaindre, vous avez de la classe. Et il ne tient qu'à vous de reprendre, vous savez... » Ajoute Kenzo un instant plus tard. Reprendre le cours de sa vie, comme si de rien n'était. Mais la vie n'est jamais aussi primaire. Il y a ces moments où on voudrait sortir la tête de l'eau, lâcher prise. On le veut vraiment, au plus profond de notre être, mais on ne le fait pas. Quelque chose nous retient, un souvenir, une crainte. Et on passe parfois à côté de ces moments importants dans notre existence, mais nos pensées et nos actes ne sont dirigés que par nos émotions. Peindre pour moi, c'est revenir des années en arrière ; La Finlande, Gustav, Walter, ma famille. Les souvenirs sont doux et apaisants. Mais au fond, est-ce une bonne idée de rester cloîtrer dans le passé ? Ne devrais-je pas regarder vers l'avenir plutôt ? J'ai cette idée en tête, que la peinture pour moi, c'est chose ancienne. J'aime toujours l'art, je l'aime même un peu plus chaque jour. Mais tenir un pinceau entre mes doigts, c'est trop d'émotion à la fois ; trop de sentiments que je n'aimerais plus jamais ressentir. Alors plutôt que de remuer le couteau dans la plaie encore fraîche et ouverte, j'ignore, je me défile. Oui, la jeune femme a parfaitement raison. Je me défile. Et c'est déroutant de se rendre compte à quel point mon interlocutrice semble me cerner avec autant de facilité. Elle n'a pas tous les éléments et pourtant ; Pourtant elle a su toucher la corde sensible en un rien de temps. « Peut-être un jour, qui sait. » Ai-je menti en ne détachant plus mes yeux de la toile de mon interlocutrice, d'un air songeur.

Le silence dans la pièce en devint presque pesant. Quelle drôle d'image dois-je renvoyer à cette jeune femme, tout de même. Peut-être celle d'une trentenaire blessée par la vie, fermée à toute forme d'amusement à présent. Mon allure stricte, mes vêtements sombres et mon chignon impeccablement exécuté ne doivent rien arranger à tout ça. En tout cas, si cela la perturbe, elle ne le montre pas, et continue de dessiner. Je lui demande alors s'il s'agit d'une chambre. Je remarque bien que les traits sont ceux d'une pièce, et je tire rapidement la conclusion qu'il s'agit de cette pièce-là en particulier. Mais c'est plus du hasard que de la véritable déduction. Kenzo me répond qu'il s'agit en réalité d'un salon. Je jette un regard en direction de la jeune femme, ancrant mes yeux perçants dans les siens cherchant des réponses à sa question. « Peut-être les proportions que vous avez choisi... Difficile à dire à ce stade à vrai dire. C'était d'avantage une mauvaise intuition plus qu'autre chose, ne vous inquiétez pas. Vous pouvez poursuivre. » Ai-je finis par dire en exécutant un geste en direction de la toile pour l'inviter à continuer.

Les traits s'affirmant de plus en plus sur la large toile finissent par me bercer et me plonge dans une profonde méditation, où rien ne semble plus compter que les coups de crayons sur la fresque encore vierge de couleur. Le soleil décline petit à petit, berçant la pièce d'une lumière réconfortante et d'une chaleur envoutante. Aucune de nous deux ne parlent durant un long laps de temps ; mais ce n'est pas un silence pesant. C'est comme si aucun mot n'avaient véritablement besoin d'être échangé à ce moment là. J'observe attentivement les moindres faits et gestes de Kenzo sur le support en fibre de lin, mais également ses expressions du visage. Par moment, j'oriente la jeune femme vers un angle auquel elle n'a pas pensé, en lui conseillant par exemple de reprendre telle ou telle ligne pour donner plus de profondeur à son esquisse. Le reste du temps, je continue de la regarder faire sans décrocher. Il y a des moments comme ça, où on se déconnecte totalement, se concentrant sur quelque chose de totalement futile à la place, qui nous fascine, qui nous soutient le regard. Et c'est ce que je suis en train de faire. Je commence à ressentir la fatigue de ma journée tandis que la mélodie harmonieuse des coups de crayons de la jeune femme continuent de m'entraîner dans une légère somnolence. Mes yeux clignent plus facilement et plus longuement alors que ma tête repose lourdement sur la paume de ma main droite. Visualisant la scène de l'extérieur, j'ai l'impression d'assister à une scène entre l'élève qui exécute, et le professeur qui regarde. Cette dernière pensée commence doucement à m'obséder. Et si c'était ça mon rôle dans cette histoire ? Et si c'était ça, ce fameux rendez-vous entre Kenzo et moi, comme le disait Paul Éluard ? Une rencontre entre un mentor et son élève.

Je finis par jeter un œil à ma montre doré, me rendant compte qu'il commence à se faire tard. Tout naturellement, alors que Kenzo continue d'esquisser sur la toile, je finis par reprendre la parole en me levant de mon tabouret. « Je crois que je vais devoir vous abandonner pour aujourd'hui. Je commence à fatiguer, et j'ai encore du travail à terminer chez moi avant demain. » Je me place face à elle, me sentant incroyablement grande alors qu'en vérité je suis juste debout et elle, assise. Je tends une poignée de main en sa direction, un sourire polie sur les lèvres. « Mais je serais ravie de revenir vous voir pour vous aiguiller, si vous me le permettez cette fois. » Puis, accompagnant mes paroles à mes gestes, sur le calepin où quelques instants auparavant j'eus moi-même repris un des dessins de Kenzo, et à l'aide d'un crayon à papier, je note mon numéro de téléphone. Je le laisse ensuite entre les mains de la jeune femme. Je finis par tourner les talons ; À l'encadrure de la porte je me stoppe cependant, jetant un dernier regard en direction de mon interlocutrice. Un sourire plus bienveillant, plus humain et confiant quant à mes chances de revoir la jeune femme très rapidement, se dessine sur mes lèvres, alors je conclue cette entrevue par un « Bonne soirée, Mademoiselle Armanskij. », disparaissant rapidement dans les escaliers de l'immeuble par la suite, et laissant derrière moi une dernière traînée de parfum, mélange de roses et de musc persistant dans le local de Kenzo.



Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
() message posté par Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
London Calling. :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
Aller à la page : 1, 2  Suivant
» Welcome to my silly life (feat Cecil)
» the story of my life feat Cole
» The Sport is my Life. - feat Paul M.Benckley
» (archie & helga) can i help you ?
» Emilia ♛ « a life without love and friends, it's not a life. »

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-