L'or n'est pas le seul à briller

Xander Maël. Ce sont les deux prénoms qui lui ont été donnés à la naissance. C'était en Novembre 1986, dans une petite maison pavillonnaire en banlieue de Metz, en France. Issu d'une famille tout ce qu'il y a de plus ordinaire, ses deux parents avaient eu du mal à se décider pour le prénom. Son père, Anglais pur souche, avait choisi Xander. Quant à sa mère, Française, avait opté pour Maël. Ce sera donc les deux. Pourquoi décevoir qui que ce soit.

Ils ne le savaient pas à l'époque, mais ce serait le seul enfant qu'ils auraient. Ce qui n'était pas un problème finalement, beaucoup de couple n'ont déjà pas la chance d'en avoir un seul. Quoi qu'il en soit, si Xander a vu le jour en France, il fit la plupart de ses études en Angleterre, à Londres, après que son père eu été muté à l'aube de ses 7 ans. Par chance, ses parents avaient eu l'intelligence de lui apprendre les deux langues dès qu'il fût en mesure de parler. Le plus dur pour lui, c'était surtout de quitter tous ses copains. Mais aucun chagrin qu'un gamin de 7 ans ne puisse rapidement oublier une fois sur place. D'autant plus que sa mère avait fait en sorte de ne pas avoir à retravailler tout de suite pour rester le plus possible à ses côtés le temps de la transition. Elle savait son fils un peu distant avec les autres. En France déjà, ça avait été le cas. Mais là encore, ce n'était rien qu'un enfant ne puisse pas surmonter avec l'âge.

Globalement, l'enfance de Xander a été on ne peut plus classique. Une famille unie, des amis, tout ce qu'il faut pour qu'il ai pu s'épanouir. Sans parler du fait qu'il était loin d'être mauvais à l'école. Bon, il est vrai qu'il n'avait rien d'un génie, mais il était curieux, et ça, ça compte.

Comme beaucoup d'adolescents, il connus ses premiers flirts à la fin du collège et eue sa première véritable petite amie au lycée. Il n'était pas un garçon populaire mais il n'appartenait pas non plus aux parias. Il était de ceux que l'on ne voit que si ils se montrent. Et il se montrait Xander. En sport surtout. Ce qui déplaisait parfois aux grands gaillards populaires. Il lui est arrivé de se battre. Il lui est arrivé de gagner. Il lui est arrivé de perdre. De tomber. De se relever. De se faire ses propres expériences. Il a tout simplement grandit. Grandit jusqu'à obtenir son diplôme, lui ouvrant les portes de l'enseignement supérieur.

Il fit une année en sport, avant de se réorienté vers le commerce, puis vers le management. Comme beaucoup, il a mis un moment à trouver sa voie, mais jamais il n'a été réellement perdu. Par chance, ses parents l'encourageait dans tout ce qu'il entreprenait. Il était déterminé Xander, mais quand il sentait que ce n'était pas pour lui, il n'hésitait pas à faire volte face.

C'est au cours de ses études qu'il fit la connaissance d'Amber. Étudiant dans la même université que lui, à Londres, elle venait d'une famille de riches commerciaux de la région. Ils ne pouvaient pas se voir. C'était une drôle d'histoire n'est-ce pas? Elle le trouvait arrogant et cynique, il la trouvait superficielle et bruyante. 2 ans après, ils se mariaient. C'est drôle la vie hein?

Xander et Amber avaient tous les deux décroché leur diplôme de fin d'études. Elle obtint un poste de responsable au sein de l'entreprise familiale, lui refusa l'offre faite par son beau père, par fierté, et décrocha un poste dans une autre société qui appréciait tout particulièrement sa capacité à parler le Français. La vie de Xander prenait un tournant: il s'installait. Il n'avait jamais trop pensé à ce qu'il voulait pour son avenir, mais ce qui se profilait lui semblait plus que raisonnable.

Bientôt, l'heureux couple s'offrit une propriété dans un quartier plutôt aisé de Londres, ils ne faisait pas partis des riches, mais étaient bien assez aisés pour se le permettre. A l'époque, Xander ne se posait pas la question. Il avait 25 ans.

Et puis, comme pour beaucoup de gens, un jour, son téléphone à sonné. En déplacement à Paris pour affaire, on lui annonça, une nuit, qu'Amber avait trouvée la mort dans l'incendie de leur maison. Ils sont combien à tomber de leur piédestal ainsi? par un simple coup de fil? Un accident de voiture, une maladie, un incendie, un meurtre, une bête chute...Des centaine par jours. Mais rien comparé à la population terrestre. Ce jour là, la loterie était tombée sur lui. C'est le jeu.  

Tout s'était enchainé très vite. Il était rentré, bien sûr. Et puis il avait géré la situation. Parce qu'il était le seul à pouvoir le faire. Sa femme, sa maison, sa vie. C'était tout cela qui était parti en fumée en l'espace d'une nuit. Finalement, il n'est pas certain de se souvenir de tous les détails. Il a pleuré quand il a su. Hurlé quand il a vu. Mais les faits étaient là; Ni sa voiture flambant neuve, ni son boulot bien rémunéré, ni ses beau-parents fortunés ne pourraient la lui rendre. Sa vie. Elle était tout simplement partie.

Et Xander, cet homme ordinairement si droit, si digne, s'était écroulé. Et rien ni personne n'avait pu y faire quoi que ce soit. Plongé dans une détresse sans nom, il avait quitté son emploi, ignoré ses amis, tourné le dos à tout. Échauffés par le terrible incendie et ses circonstances un peu floue, les esprits n'étaient plus très clairs. Ses beaux-parents lui reprochaient de ne pas avoir été là, ses parents voulaient à tout pris prendre sa vie en main, ses amis le harcelaient de message et Xander...Xander n'a tout simplement pas supporté.

Avec l'argent des assurance, il pu acheter un petit appartement, refusant la proposition que sa mère lui faisait de rentrer à la maison. Il venait de perdre sa femme, à 29 ans, il n'avait très clairement aucune envie de retourner vivre chez ses parents. Durant un an, il dilapida le reste du versement des assurances en alcool et autres futilités. Il passait ses journées dans le noir, sans ouvrir les volets. Le simple fait de regarder le soleil lui faisait mal au crâne. Son regard était sans vie, et ses amis ne le reconnaissait plus. Il sombrait.

Lui qui était autrefois si digne avait lâché prise. Rien ne comptait. Et quand l'argent vint à manquer, il emprunta à ses parents. S'étant détourné de ses beau-parents, il ne pouvait pas compter sur eux. Un an. C'est long un an. Et pourtant, maintenant, quand il y repense, ça lui a semblé être une mauvaise journée. Rien qu'une.

Et puis il y a de cela quelques mois, il a fini par trouver la force de se rendre sur les lieux de l'incendie. Entre temps, il avait eu le rapport de police l'informant que le sinistre s'était produit à cause d'une bougie dans le salon, trop près d'un rideau. C'est bête la vie hein? Une bougie. Il ne les supporte plus désormais, les bougies.

La squelette de la bâtisse est toujours là, au bout de ce tout petit chemin d'accès, en bordure de la ville. Une masure roussie, et fantomatique. Une âme brisée. Xander s'y rend souvent désormais. Bien plus qu'au cimetière. S'il lui a fallu un peu de temps, il est bien plus en paix avec ça désormais et tant à marcher dans la bonne direction. Encore un peu sujet à la boisson de temps à autre, il n'a pas repris de travail à temps plein pour le moment. Mais il enchaine les petits boulots, à droite et à gauche. Il se l'est promis, il remboursera sa dette, et c'est désormais la tête haute, qu'il affrontera la vie.