you are a perpetual feeling / rachel

in a world full of temporary things you are a perpetual feeling. ✻✻✻ La déprime de la Saint Valentin quand on n’a personne avec qui la partager. Diana a toujours trouvé ça ridicule, et assez sexiste, puisque le cliché concerne surtout les femmes. Comme si n’avoir personne dans sa vie était forcément signe de déprime et de malheur. L’existence d’une femme ne se réduit pas à ça, et le penser ramène à des siècles en arrière. Heureusement que les choses ont évoluées depuis. Diana n’aurait pas tenu longtemps dans une société moyenâgeuse, ou même dans les années 50. Aujourd’hui, même si elle est parfois jugée, elle peut dire ce qu’elle pense haut et fort. Et ce qu’elle pense à propos de la Saint Valentin, c’est qu’il est idiot de penser que, parce qu’on est célibataire, on doit passer la soirée à déprimer.
C’était parti d’une discussion à ce sujet avec une amie. Pourquoi ne pas organiser une soirée ce soir-là. Sans qu’elle soit pour autant anti Saint Valentin. Juste des amis qui profitent d’une soirée ensemble. L’idée avait rapidement séduit Diana qui avait proposé d’organiser ça chez elle. Après tout, celle-ci adore accueillir ses proches chez elle, alors rien de mieux que de planifier et de tout préparer pour une soirée entre amis. Les petits fours, les cocktails, la présentation des cubes de légumes, les quiches, les sauces faites maisons. Tout est prêt quelques minutes en avance, comme à l’habitude de Diana, mais voilà qu’elle stresse un peu. Non pas parce qu’elle a peur que la soirée ne soit pas parfaite, mais parce qu’elle y a invité Rachel. Erreur ou pas, elle n’en sait rien. Quand Abi le lui avait suggéré, elle n’avait pas su dire non, surtout parce qu’elle savait que celle-ci guettait sa réaction. Comme elle le disait si bien, Rachel est célibataire, elles sont amies, il n’y a donc aucune raison de ne pas l’inviter ce soir. Alors elle l’avait fait. Elle lui avait envoyé un message, espérant un peu qu’elle refuserait. Mais aussi curieuse de voir si elle accepterait. Les deux anciennes amantes ne savent pas vraiment où elles en sont. Après la soirée qu’elles avaient passée ensemble, coincées dans un supermarché, elles semblaient aller vers une amitié, mais tout reste encore bancal. Peut-être qu’une soirée en compagnie d’amis, communs ou non, pourra aider à normaliser les choses. Peut-être oui. Même si la présence de certains amis peut venir compliquer les choses. Heureusement, Gemma n’est pas là ce soir, occupée par une soirée avec son petit ami.
Diana dépose un dernier plat sur la table basse pour son apéro dinatoire quand on sonne à la porte. Elle époussette sa jupe déjà propre, avant de marcher jusqu’à l’entrée. Elle jette un œil discret par le judas, soulagée que ça ne soit pas encore Rachel. Se retrouver seule avec elle en attendant les autres aurait pu être étrange. Heureusement qu’elle n’est pas arrivée en avance. Les choses risquent d’être assez bizarres comme ça. Diana accueille le premier invité, le seul homme à avoir répondu présent ce soir. Celui-ci l’aide gentiment à terminer de tout installer, et les invités suivants commencent à arriver, chacun leur tour. Tout le monde s’installe peu à peu dans le salon, et Diana se détend à mesure que la conversation part en plaisanteries, et en critiques envers les anciens compagnons et compagnes de tout le monde. Elle se lève une nouvelle fois quand elle entend la sonnette retentir, et ouvre la porte sans regarder avant. Rachel. Elle ne perd pas son sourire mais celui-ci se fait un peu plus crispé. « Bonsoir Rachel. Entre, entre. » Lui souhaiter une bonne Saint Valentin comme elle l’a fait à ses autres invités semblerait déplacé. Et, face à elle, Diana se demande si c’était une bonne idée.

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My heart only ever had one thought, one want. One need. Despite all, in spite of all... All my heart has ever wanted is you. ✻✻✻ Est-ce que c’est vraiment sage de me rendre chez Diana pour la Saint-Valentin ? D’accord ce n’est en rien une soirée romantique, et nous ne serons pas seule, mais quand même. J’ai d’abord voulu refuser, pour des raisons évidentes. La date, le fait de nous revoir encore une fois, ma grossesse, mais au final je n’avais pas de vraies raisons de dire non. Et pour une fois que c’est elle qui fait un effort, je ne peux pas me permettre de refuser. De toute façon je n’avais rien de prévu pour ce soir, absolument rien. Alors, j’ai fini par accepter, mais maintenant que je suis en chemin je me demande si c’était une si bonne idée. Certes notre relation semble s’améliorer, la preuve nous ne nous évitons plus, mais je sais que je ne pourrais jamais essayer de l’oublier si je dois me retrouver à la voir tout le temps. Je n’en ai pas vraiment envie, mais je ne sais toujours pas si je pourrais me contenter d’être son amie. Je sais que c’est mieux que de ne plus la voir, et d’avoir quelques nouvelles par des amis communs, mais que se passera t-il si jamais elle sort avec quelqu’un ? Je sais déjà que je ne pourrais pas le supporter, pas si je suis au courant. Je ne devrais pourtant pas penser à cela, j’ai bien d’autres préoccupation, à commencer par ma grossesse. Ce bébé qui grandit chaque jour un peu plus, et qui se porte comme un charme d’après le médecin. Je n’ai pas voulu savoir si c’était un garçon ou une fille, préférant avoir la surprise. Au final, tout ce qui compte c’est qu’il soit en bonne santé, et moi aussi, le reste n’a aucune importance. Je passe une main sur mon ventre qui ne passe plus inaperçu, même s’il est encore petit, pour me rassurer. Mes pieds me font légèrement mal, mais rien d’inhabituel, je n’ai pas voulu me changer en rentrant, voulant encore profiter de pouvoir porter des petits talons tant que je peux. Ma robe me sert un peu, mais pas au point de devoir absolument renouveler toute ma garde-robe. Bientôt, surement. Je n’ai rien pris, ne sachant pas si je le devais. Mais ne voulant pas rendre la situation bizarre, j’ai préféré venir les mains vides, même si cela me déplaît. Seulement, il s’agit de Diana, et la moindre petite chose peut être totalement différente avec elle. Hors je n’ai pas envie de commettre d’impaire, pas maintenant que nous commençons à devenir amies. Ou du moins à essayer de devenir amies.
Une fois devant sa porte, je sonne sans me laissant le temps de changer d’avis, ou de réfléchir. Si je commence à penser, je suis capable de faire demi-tour et d’inventer une excuse pour ne pas être venue. Cela sera dommage après être arrivée jusqu’ici. La porte s’ouvre pour laisser voire Diana toute souriante. Et comme d’habitude je ne peux contrôler les battements de mon cœur. Un sourire vient se placer sur mon visage, heureuse de la voir. « Bonsoir Rachel. Entre, entre. » Je trouve la situation étrange, mais peut-être parce que je ne suis pas encore habituée. Si la soirée est trop étrange, je pourrais toujours changer d’avis, et ne plus vouloir faire d’efforts. Non, je sais que si cela ne vient pas de Diana, j’en serais incapable. Quitte à souffrir de la situation, mais cela ne serait jamais aussi terrible que de ne plus la voir du tout. Je ne sais pas comment elle fait pour toujours me plaire autant malgré tout. « Bonsoir. » Je suis un peu tendue, et je ne peux même pas boire pour tenter d’apaiser mes nerfs. Non, je me retrouve livrée à moi-même. Au moins, il y a d’autres personnes, et peut-être même des personnes que je connais, ce qui pourra sans aucun doute aider. « Comment tu vas ? » Question complètement banale, mais les amies ne sont-ils pas censés prendre des nouvelles les uns des autres ? J’ai l’impression de ne pas savoir quoi lui dire, alors qu’il y a un millions de sujet qui pourrait convenir, comme la remercier de m’avoir invité. Mais je pense qu’il est préférable de ne pas commencer avec cela. Elle m’a peut-être invitée avec l’espoir que je dise non, ou bien seulement pour se montrer polie, et non parce qu’elle voulait vraiment m’avoir ici ce soir. Mais peu importe, je suis heureuse qu’elle l’ai fait, même si ce n’est pas pour les bonnes raisons. Je me sens plus nerveuse ici, face à elle que lorsque je me trouve à devoir plaider pour une affaire difficile. Oui, Diana a le don de me faire prendre mes moyens, par sa simple présence. Elle est bien la seule personne qui peut se vanter d’avoir cet effet sur moi, même si elle ne doit probablement pas s’en rendre compte.

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in a world full of temporary things you are a perpetual feeling. ✻✻✻ Qu’était-elle allée s’imaginer ? Bien sûr que ça allait être étrange. Même si elles ont décidé d’être amies. Même si elles ne sont pas seules. La date n’aide pas, par ce qu’elle représente. Rachel et elle ont partagé deux Saint Valentin ensemble, en tant que couple. Aujourd’hui, c’est la troisième, mais plus rien n’est pareil. C’est en tant que deux femmes célibataires qu’elles sont là ce soir. Diana s’était laissée convaincre, mais peut-être n’aurait-elle pas dû. Pourtant, ça semblait être une bonne idée, ça semblait être la bonne chose à faire. Du moins, c’est ce qu’elle pensait avant que la porte ne s’ouvre sur Rachel.
Diana n’est jamais amie avec ses ex, peu importe les circonstances de la rupture – même si elles sont souvent dramatiques, il faut l’avouer – peu importe leur sexe, peu importe leurs amis en commun. Elle ne saurait dire d’où lui vient ce principe mais elle s’y est toujours tenue. Depuis sa première relation amoureuse, quand elle était au lycée, jusqu’à Rachel. Et en passant par son ex-mari à qui elle n’a jamais parlé depuis le divorce. Elle a toujours fonctionné ainsi, et elle n’est pas encore bien sûr que ça soit une bonne idée de changer maintenant. Et encore moins pour Rachel. Ou bien est-ce parce qu’il s’agit de Rachel qu’elle accepte de faire un écart à ses habitudes ? Elle n’en a aucune idée. La rousse a tendance à tout chambouler dans ses pensées, si bien qu’elle ne sait plus ce qu’elle devrait faire.
Aussitôt qu’elle l’accueille dans son appartement, le regard de Diana se pose sur le ventre arrondi de Rachel. Ce n’est pas encore tant visible que ça, mais ça commence. Elle en est encore au point où le doute est permis, si on ignore l’information. « Bonsoir. » Même si un sourire est toujours présent sur les lèvres de Diana, elle n’est absolument pas à l’aise. Elle aurait mieux fait de ne pas l’inviter, elle n’aurait pas passé la soirée à stresser et à s’interroger sur tout et n’importe quoi. Mais elle avait voulu être mature, autant continuer. « Comment tu vas ? » Rachel aussi semble gênée, comme à chaque fois que leurs chemins se croisent. Au moins, cette fois, aucun hasard dans cette rencontre. « Bien, bien. » Dit-elle en refermant la porte derrière elle. « Et toi ? Tout va bien ? » Forcément, la question concerne le bébé qu’elle porte, mais aussi elle-même. C’est toujours étrange de se dire qu’elle attend un enfant. Pourtant, ça devient de plus en plus réel. « Tu peux accrocher ton manteau au porte-manteau. » Dit-elle en désignant le mur derrière elle. Elle n’avait pas pensé que ça puisse être étrange d’accueillir Rachel ici. Avant de s’installer ici, elles habitaient ensemble. Et chez elle était chez elles deux. Mais maintenant, chacune vit seule de son côté.
Suivie de Rachel, elle s’avance vers le salon. « Tu connais Abi, et Matt. Et je te présente Jane, Adam et Giorgia. » Dit-elle en désignant tour à tour les invités déjà installés sur les fauteuils et le canapé. « Tout le monde, Rachel. » Elle ne peut que remarquer le regard que lui lancent certaines personnes. Ils sont tous – ou presque – au courant de la situation. Au moins, en présence de témoins, peut-être que ça pourrait mieux se passer. Que ça pourrait être plus simple. « Eulalie doit peut-être passer, si elle a le temps. » A part ça, tout le monde est arrivé. Diana s’assied, volontairement sur un siège avec une seule place, et sourit à ses hôtes, sans que son regard s’attarde trop longtemps sur Rachel. « J’ai fait un cocktail sans alcool, avec seulement des fruits bio, il y a de la pomme, de l’orange, de la mangue et une pêche. Ça te va ? » Demande-t-elle à Rachel, alors qu’elle soulève la carafe concernée. Elle avait préparé ce cocktail principalement pour elle, puisque tous les autres convives boivent de l’alcool. Y compris elle, parce que c’est loin d’être un cocktail sans alcool dans son verre. Mais elle en a bien besoin ce soir. Sans ça, elle ne sait pas comment elle pourrait tenir.

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My heart only ever had one thought, one want. One need. Despite all, in spite of all... All my heart has ever wanted is you. ✻✻✻ Mais pourquoi est-ce qu’il a fallu que j’accepte son invitation ? Je sais très bien pourquoi j’ai accepté. Tout d’abord pour la voir, mais aussi dire non serait revenue à dire que nous ne pouvons pas être amies, que c’est trop compliqué. C’est un peu le cas, surtout que je doute réussir à me faire à cette idée sur le long terme. Mais puisque Diana fait aussi des efforts, ce qui n’est pas dans ses habitudes, je n’ai pas le droit de tout gâcher. Et puis, après tout, peut-être que la soirée se passera bien, et que cela n’aura pas trop l’air bizarre. J’en doute un peu, mais j’essaie de m’en convaincre. Dans le pire des cas, je pourrais toujours prétexter ne pas me sentir bien à cause de me grossesse et rentrer chez moi. J’ai du chocolat qui m’attend, ce qui serait réconfortant. Mais en attendant, me voilà chez Diana, pour la Saint-Valentin, avec d’autres personnes dont j’entends les voix dans la pièce d’à côté. J’essaie de faire la conversation, mais je ne sais pas vraiment quoi lui dire, ce qui ne me laisse pas d’autre choix que de lui demander comment elle va. « Bien, bien. » La réponse la plus banale du monde, apparemment je ne suis pas la seule à être un peu gênée, ou nerveuse. « Et toi ? Tout va bien ? » Je me porte presque comme un charme, si on oublie le mal de dos régulier, et l’envie d’aller aux toilettes constante. Rien d’anormal pour une femme enceinte. « Tout va bien. Et le bébé aussi. » Je n’ai pas voulu savoir si c’était une fille ou garçon, préférant me concentrer sur sa santé. Pour le reste, je préfère garder la surprise au moment de l’accouchement. « Tu peux accrocher ton manteau au porte-manteau. » Je me rends compte qu’effectivement je porte encore on manteau, bien trop occupée à essayer de faire la conversation. Je l’enlève pour l’accrocher, avant de suivre Diana chez elle. C’est la première fois que je viens, et je me demande si elle habite ici depuis notre rupture ou si cela est plus récent. Dans le fond cela ne change rien, le fait est que nous ne vivons plus ensemble. Après notre séparation, c’est moi qui ai hérité de notre appartement. Appartement dans lequel je vis toujours. D’abord par flemme de chercher un autre endroit, et puis finalement pourquoi chercher ailleurs puisque celui-ci me convenait tout à fait. Ce n’est pas la même chose sans elle, mais désormais j’ai vécu dedans plus longtemps seule, que nous deux ensemble.
« Tu connais Abi, et Matt. Et je te présente Jane, Adam et Giorgia. » Je souris à tout le monde, mal à l’aise. Je suis cependant heureuse de retrouver des personnes que je connais, au moins je ne risque peut-être pas de passer la soirée seule de mon côté. « Tout le monde, Rachel. » Je vois bien aux regards des deux que je ne connais pas, qu’ils ont entendus parler de moi, ce qui ne fait que renforcer mon sentiment de malaise. Pourquoi est-ce que tout doit devenir si compliqué quand je me retrouve en présence de Diana. C’est comme si il nous était impossible de passer inaperçue. Nous ne sommes tout de même pas les deux seules ex à se croiser au monde. « Eulalie doit peut-être passer, si elle a le temps. » Je ne serais pas contre l’idée de la voir, cela fait un moment. Finalement, peut-être la soirée ne serait pas aussi étrange que cela. Il suffit d’oublier que je suis chez Diana, que nous sommes la Saint-Valentin, et que je suis toujours mal à l’aise en sa présence. Pourquoi les choses devraient donc telles mal se passer. Je m’installe, en faisant, attention près d’Abi et Matt que je connais, choisissant la facilité plutôt que de faire connaissance avec les deux personnes que je ne connais pas. « J’ai fait un cocktail sans alcool, avec seulement des fruits bio, il y a de la pomme, de l’orange, de la mangue et une pêche. Ça te va ? » Je suis touchée qu’elle ait pensé à moi, même si c’est quelque-chose d’assez banale. « C’est parfait, merci. » Ce soir, plus que n’importe quel soir, je déteste ne pas pouvoir boire d’alcool. Cela m’aurait été bien utile pour pouvoir supporter la soirée, et la présence de Diana. Malheureusement je vais devoir gérer toute seule, ceux à quoi je n’avais pas encore pensé. L’avantage c’est que peut-être cette fois-ci ça m’évitera d’embrasser Diana, et de me retrouver seule quelques minutes plus tard, même si ce soir elle ne peut pas réellement s’enfuir. « J'ai appris pour ta grossesse, félicitations ! » Je regarde Abi, me demandant par qui elle avait bien pu l’apprendre, non que cela soit important, ou un secret. J’ai l’impression de toujours entendre la même chose ces derniers temps. « Merci. » Je suis néanmoins heureuse d’avoir eu l’occasion d’en parler seule à seule à Diana la dernière fois. « Et toi alors, qu’est-ce que tu deviens ? » Je l’admets je m’en moque un peu, mais j’ai l’impression de devoir lui demander de ses nouvelles, et puis je ne peux pas passer ma soirée à discuter seulement avec Diana.

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in a world full of temporary things you are a perpetual feeling. ✻✻✻ C’était sans doute une erreur. Elle s’était posé la question dès l’instant où elle avait invité Rachel, puis quand celle-ci avait accepté. Et maintenant qu’elle est face à elle, elle en est presque certaine. Peu importe qu’elles ne soient pas seules, peu importe qu’elles disent vouloir être amies, ça restera toujours étrange. Diana ignore comment être amie avec quelqu’un qu’elle a aimé, et ça paraît vraiment compliqué. Et elle n’est pas bien certaine de savoir pourquoi elle fait l’effort. Sans doute parce que Rachel lui a manqué, mais elle sait que ça restera étrange. Alors l’inviter le soir de la Saint Valentin était clairement une erreur. Mais une erreur qu’elle n’a plus d’autre choix que d’assumer maintenant qu’elle est arrivée.
« Tout va bien. Et le bébé aussi. » Savoir qu’elle est enceinte lui paraît toujours aussi étrange, pourtant elle aurait dû se faire à l’idée depuis la dernière fois qu’elles se sont vues. Mais sans doute que ça ne lui semblait pas réel. Là, alors qu’elle est face à elle et que son ventre commence à montrer sa grossesse, elle ne peut que réaliser que c’est bien vrai. Que Rachel va avoir un bébé. Elle sait qu’elle devrait être contente pour elle, parce que c’est quelque chose qu’elle voulait depuis longtemps, mais elle n’y parvient pas. Pas entièrement. Enfin ça ne l’empêche pas de faire semblant, et de ne rien montrer de ce qu’elle peut ressentir. Surtout qu’elle ne sait pas ce qu’elle ressent, et préfère ne pas le savoir à vrai dire.
Elles ne s’attardent pas dans l’entrée et rejoignent le salon, où elles ne sont plus seules. Sans doute naïvement, Diana se dit que ça ira mieux à partir de maintenant. Après tout, elles ne sont plus seules, les choses ne peuvent pas déraper. Et elles ne sont même pas obligées de trop se parler. A commencer par ne pas s’installer l’une à côté de l’autre autour de la table basse. Diana tend le verre de cocktail sans alcool à Rachel avec un sourire poli. C’est la seule à ne pas boire d’alcool ce soir et, si, d’habitude, Diana aurait été du genre à soutenir une amie, la possibilité ne lui vient même pas à l’esprit ce soir. Elle en a besoin, ne serait-ce qu’un peu. Pour rendre tout ça plus supportable. Heureusement, le silence ne s’éternise pas, et ça l’arrange que d’autres personnes connaissent Rachel et discutent avec elle. Elle écoute d’une oreille distraite Abi la féliciter pour sa grossesse, alors qu’elle sirote son cocktail en silence. Et rapidement, elle perd le fil, parce qu’Adam lui parle de son travail, et qu’elle s’occupe de gérer la nourriture.
Encore un verre vide. Elle a arrêté de compter, ou bien elle n’a jamais commencé. Elle s’est laissée entraîner par la conversation, par les plaisanteries, et, l’alcool aidant, elle est beaucoup plus détendue maintenant. Et le pichet est vide lui aussi, si bien qu’elle s’excuse auprès de ses voisins et rejoint la cuisine, pour en sortir un autre du frigo. Elle avait tout prévu, forcément. Elle sort au passage quelques petits fours, qu’elle place méticuleusement sur un plateau rond. Un sur deux selon les couleurs. Et celui qui n’est pas assez parfait pour aller avec les autres, elle le mange sans trop hésiter. Alors qu’elle se lèche les doigts avant de prendre le plateau pour retourner de l’autre côté, elle sursaute en voyant quelqu’un entrer dans son champ de vision. « Rachel ! » Elle essuie ses doigts contre un chiffon accroché au plan de travail, avant de se tourner vers elle, gênée de se retrouver seule avec elle. Avec les autres, ça allait, elle pouvait oublier l’étrangeté de la situation mais pas là. Pas quand elles sont seules dans sa cuisine. Peu importe le nombre de verres qu’elle a bu pour se détendre. « Qu’est-ce que… Tu as besoin de quelque chose ? »

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My heart only ever had one thought, one want. One need. Despite all, in spite of all... All my heart has ever wanted is you. ✻✻✻ Pour une fois nous ne nous croisons pas par hasard, ce qui change de ces derniers temps. Cependant cela n’enlève rien à l’étrangeté de la chose, bien au contraire. C’est étrange d’être ici pour la Saint-Valentin. C’est étrange d’essayer d’être amie avec elle, alors que je sais que ce n’est pas son genre. C’est étrange de passer autant de temps ensemble, alors que nous ne sommes plus un couple. C’est étrange d’être ici alors que je suis enceinte. Tout est étrange, et malgré le temps qui passe, je n’arrive pas vraiment à me faire à la situation. De toute façon je suppose que cela restera étrange, parce qu’il s’agit de Diana. Malgré ma joie de la revoir, je n’aurais pas dû accepter de venir. Cela ne sert à rien d’encore espérer que quelque-chose puisse de nouveau se passer, surtout si nous essayons d’être amies. Le problème étant que je n’arrive pas à me décider de si j’ai envie d‘être son amie ou non. Par moment je me dis que oui, c’est le mieux à faire pour ne pas la perdre une seconde fois. Et puis dans les moments plus égoïstes, je me dis que ce n’est pas son amie que j’ai envie d’être. Mais le problème c’est que désormais je ne suis plus seule, et que je ne peux pas de nouveau prendre le risque de me retrouver avec le cœur brisé. Pas une seconde fois. Il faudrait peut-être que l’on arrête de se voir pendant quelques temps, que je puisse essayer de me faire à l’idée d’être réellement son amie, et rien d’autre. Pourquoi faut-il que tout soit aussi compliqué avec elle ? J’essaie pourtant de paraître naturelle, me concentrant sur le petit être en moi, qui m’aide à me concentrer sur le plus important. Seulement, en présence de Diana, je suis sûre que même lui a dû comprendre qu’il ne s’agit pas de n‘importe qui. Après la minuscule conversation de politesse, je suis Diana, jusque dans son salon, où je retrouve d’autres personnes que je connais. Je suis soulagée, je ne passerais pas la soirée toute seule dans mon coin. Installée loin de Diana, j’ai l’impression que c’est encore plus étrange, mais c’est peut-être mieux ainsi. Je regrette seulement de ne pas pouvoir boire d’alcool pour m’aider à supporter la soirée. J’ai déjà prévu de pouvoir m’éclipser tôt, prétextant être fatiguée, ou jouant la carte de la femme enceinte. Il faut bien que cela me serve à quelque-chose.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis arrivée, mais je sais qu’il faut que je bouge. Pour commencer, j’ai besoin d’aller aux toilettes, sans parler de mon irrésistible envie de fumer, que je ne peux bien évidemment pas assouvir. J’ai aussi besoin de bouger, commençant à avoir des fourmis dans ma jambe, sans parler du fait que je ne suis pas réellement le mieux installé. Je commence à vraiment me dire que j’aurais dû refuser l’invitation, surtout pour passer aussi peu de temps avec Diana. Sans être totalement paranoïaque, j’ai bien l’impression qu’elle a fait ce qu’elle pouvait pour passer le moins de temps possible à me parler. Je ne lui en veux pas, je peux comprendre. Je me lève, demandant à Abi de m’indiquer la direction, mais elle est rapidement coupée et au final je décide que je finirais bien par me débrouiller toute seule. Je ne connais pas l’appartement, mais j’ai cru comprendre que s’était quelque part par-là. Je n’ai pourtant pas le temps de chercher bien loin, que j’aperçois Diana, dans la cuisine. Ce n’est visiblement pas encore le bon endroit. « Rachel ! » Elle ne s’attendait sûrement pas à me trouver là, et je ne pensais pas tomber nez à nez avec elle non plus. Je suis un peu gênée, j’ai l’impression d’être partie à la découverte de son appartement, faussant compagnie aux autres. « Qu’est-ce que… Tu as besoin de quelque chose ? » J’hésite un instant à faire durer la conversation entre nous, mais je crains que ce ne soit pas vraiment le bon moment. « Je cherchais les toilettes. » Et possiblement un moyen de rentrer chez moi. Une soirée de Saint-Valentin, chez Diana dans mon état, vraiment ce n’était pas une bonne idée. « Tu as besoin d’aide ? » Je ne sais pas pourquoi je me suis proposée, surtout après avoir décidé de rentrer rapidement. C’est mon problème, je suis incapable de simplement passer mon chemin quand Diana est dans le coin. Comme si j’avais besoin de rendre les choses encore plus étranges, en passant plus de temps avec elle que nécessaire. Seulement je suis totalement incapable de ne pas le faire. Une partie de moi espère que oui, histoire de pouvoir quand même passer cinq minutes avec elle, mais il serait peut-être préférable de ne pas le faire, pour m’éviter encore une fois de trop y accorder d‘importance.

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in a world full of temporary things you are a perpetual feeling. ✻✻✻ Sera-t-il possible pour elle d’être un jour parfaitement à l’aise avec Rachel ? Ce soir, elle aurait tendance à ne pas trop y croire. Certes, elle n’est pas gênée de sa présence, mais c’est principalement parce qu’elles ne se sont presque pas parlées. C’était l’avantage à avoir invité plusieurs personnes, y compris certaines qui connaissent aussi Rachel. Et l’alcool peut aider aussi. Mais ça ne veut pas dire que tout est facile entre elles. Faire le choix d’avoir des ‘tampons’ entre elles deux, c’était sans doute une sorte de triche. Pour pouvoir essayer d’être amies, sans être gênées par les silences parfois trop longs, ou les souvenirs du passé. Mais peut-on vraiment dire qu’elles passent la soirée ensemble, entre amies, ce soir ? Sûrement pas.
Etant l’hôtesse ce soir, Diana n’a pas d’autre choix que de s’éclipser par moments, pour remettre à manger et à boire sur la table. Elle a tout prévu et son frigo est rempli de petits fours et de pichets de cocktail. Lorsqu’elle accueille, Diana ne fait jamais les choses à moitié et veut que ses invités soient heureux de leur soirée. Pour plus tard, elle a prévu quelques jeux, mais préfère toujours commencer par le dîner, même s’il ne s’agit que d’un apéritif dinatoire. Alors qu’elle finit de disposer les petits fours dans un plat, elle est surprise par l’arrivée de Rachel dans le couloir. Elle préférait la savoir dans le salon, avec les autres invités. Pas dans un endroit où elles sont seules, toutes les deux. Mais n’est-ce pas de la lâcheté que d’éviter de passer du temps seule avec elle ? Sans doute. Et si c’est pour l’éviter, à quoi bon prétendre essayer d’être amies. C’est ridicule. Mais c’est un effort à faire, et pas forcément facile. Après tout, c’est elle qui a invité Rachel ce soir. C’est elle qui a  fait le choix d’essayer d’être amie avec Rachel, même si elle n’est toujours pas certaine que ça soit la bonne décision. Seul le temps le dira. « Je cherchais les toilettes. » En effet, Rachel ne connaît pas cet appartement, ça n’a rien de surprenant. « Tu as besoin d’aide ? » A nouveau, elle est surprise par Rachel. Propose-t-elle par simple politesse ? Diana pourrait très bien lui dire qu’elle s’occupe de tout et lui indiquer la direction vers les toilettes. Mais cela ne serait-il pas faire preuve, encore une fois, de lâcheté ? Si elles sont là toutes les deux, pourquoi ne pas essayer de se parler ? Un petit peu au moins. « Je veux bien que tu remplisses le bol de cacahuètes pendant que je m’occupe des petits fours, si tu veux bien. » Peut-être est-ce l’alcool qu’elle a dans les veines qui décide à sa place. Peut-être que ce n’est pas une bonne idée, mais tant pis. Elle place un tabouret devant le plan de travail pour Rachel, alors qu’elle continue de s’occuper de la présentation de ses petits fours. Un brin de persil sur chacun d’entre eux, pour que ça soit plus joli. « Je t’ai entendue parler travail avec Abi, tout va bien ? » Demande-t-elle, un peu curieuse. Dans le milieu dans lequel travaille Rachel, une grossesse peut être mal vue, malheureusement pour les femmes qui doivent toujours davantage faire leurs preuves que les hommes. Si c’est ça le problème, Diana est prête à lancer une campagne de protestation contre les patrons de son ex. Ou bien ça serait un peu trop ? Sans doute, mais l’injustice ne doit pas rester impunie. Si ça se trouve, il n’y a rien de tout ça, et Diana s’imagine simplement une grande cause à défendre. Parce qu’elle a toujours été ainsi. Diana n’existe que dans la confrontation, dans la lutte contre toutes les inégalités possibles et imaginables.

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My heart only ever had one thought, one want. One need. Despite all, in spite of all... All my heart has ever wanted is you. ✻✻✻ Comme à chaque fois avec Diana, toutes mes résolutions foutent le camp. J’avais décidé de prétendre être fatiguée et jouer la carte de la grossesse pour pouvoir rentrer, et me voilà à lui proposer mon aide dans sa cuisine. Je pourrais blâmer la grossesse, et prétendre que s’est à cause d’elle que je change d’avis aussi rapidement, mais je sais très bien que ce n’est pas le cas. Non, c’est de la faute de Diana. Ou plutôt de mes sentiments envers elle. J’ai beau essayer, j’ai beau tout faire pour la considérer comme une simple amie, ça ne marche pas. Je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas l’expliquer, c’est comme cela tout simplement. Et ça me tue. Parce que nous avons décidé d’essayer d’être amies. Parce qu’elle m’a invité ce soir pour montrer qu’elle fait des efforts. Parce que nous deux c’est terminé. Parce qu’elle c’est elle qui est partie. Parce qu’il y a aucun signe qui montre que nous deux c’est encore possible. Et malgré tout cela, malgré tous ces faits, il semblerait que je sois incapable de tirer un trait sur Diana. Alors, j’essaie, vraiment, d’être son amie. Mais ce n’est pas assez, ça ne le sera jamais. Mais je préfère encore cela, souffrir en silence, que de le voir de nouveau disparaître de ma vie. Ça semble être la seule option possible de toute façon. C’est peut-être mieux que rien, mais je ne sais pas si je pourrais tenir sur le long terme. Ce n’est pas juste de m’infliger autant de douleur toute seule. Surtout, que je ne suis pas seule désormais, et que je dois aussi apprendre à le protéger. Ce qui semble être ridicule, puisque je suis incapable de le faire pour moi-même. « Je veux bien que tu remplisses le bol de cacahuètes pendant que je m’occupe des petits fours, si tu veux bien. » Il n’en faut pas plus pour que j’ose m’aventurer dans sa cuisine. « Avec plaisir. » Je ne sais si c’est la formule la mieux adaptée, mais je n’ai rien trouvé d’autre à répondre sur le moment. Je note la délicatesse de placer un tabouret pour moi, et je m’installe sans hésiter. Je suis bien mieux assise que debout, alors inutile de faire semblant. Je prends son sachet de cacahuète sur le plan de travail, faisant attention de ne pas la gêner, ou de ne pas la toucher. Cela ne sert à rien d’en rajouter, même pour le plaisir.
Je l’observe un instant, concentrée dans ce qu’elle fait, ce qui me fait sourire. Elle a toujours été comme cela, un trait de caractère que nous avons en commun. « Je t’ai entendue parler travail avec Abi, tout va bien ? » Je suis surprise qu’elle ait entendu cela. Je ne pensais pas qu’elle faisait attention à notre discutions, même si cela n’avait rien de secret. J’ouvre le sachet, que je déverse lentement dans le bol, avant de répondre. « Ce n’est pas tous les jours évident. Mais je ne suis pas à plaindre. » D’accord, c’est peut-être un peu plus difficile, parce que ma condition physique n’est pas la même. Ou même parce que certains collègues ont l’impression qu’être enceinte revient à ne plus savoir rien faire. Mais dans l’ensemble, rien n’a changé. Si ce n’est que parfois, certains cas me tiennent plus à cœur. Notamment quand il s’agit de famille, ou bien s’il a des enfants impliqués, mais je suppose que cela est lié à ma condition. Cependant, je commence à me demander s’il n’y a pas quelque-chose à creuser de ce côté-là. J’ai l’impression de réellement faire mon métier avec ce genre d’affaire. « Dans l’ensemble, la nouvelle a été plutôt bien prise. » Je pose une main sur mon ventre, comme pour me rassurer moi-même. Ça n’a pas été forcément le cas de tout le monde, mais je m’y étais préparé. « Ma mère a été surprise en revanche. À l’entendre, cela sortait de nulle part… » Ce qui n’était pas le cas. Mais je suppose que la notion de faire un enfant seule, peut-être un peu dérangeant, surtout quand il s’agit de sa propre fille. Moi-même ça me fou une trouille d’enfer, et si jamais je me mets à penser à tout ce qui pourrait mal se passer, je ne sortirais plus jamais de chez moi. Heureusement, il suffit de regarder mon ventre, ou de le sentir bouger pour que cela passe aussitôt. « Le point positif, c’est que tout le monde fait attention à moi. » Je lui adresse un léger sourire, avant de reposer le sachet à moitié vide sur son plan de travail. J’aurais peut-être dû faire durer mon travail dans sa cuisine.

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in a world full of temporary things you are a perpetual feeling. ✻✻✻ Se retrouver seule avec Rachel, c’est toujours un peu étrange. Auparavant, elle n’aurait attendu que ça, maintenant elle craint presque ces moments. Quand il y a d’autres personnes autour, c’est sans doute plus simple. Plus simple d’agir normalement, plus simple de contrôler ce qu’elle peut ressentir. Quand Rachel s’installe près d’elle pour l’aider dans la cuisine, Diana peut aussitôt sentir son cœur accélérer dans sa poitrine. Les choses seront-elles jamais simples entre elles ? Pas facile de le savoir. Diana a envie d’essayer, mais elle ne sait pas si elle est très optimiste quant à leurs chances de parvenir à être amies. Avec leur passé, il y a trop de variables, trop de souvenirs. C’est pour cela que Diana n’est jamais restée amie, ou même en contact, avec quelqu’un avec qui elle était sortie. Mais pour une fois, elle voudrait vraiment essayer. Elle voudrait que ça puisse fonctionner. Avec Rachel.
Ne plus rien savoir de sa vie, de son quotidien, c’est sans doute le plus perturbant. Surtout que, même quand elles se voient, elles ne rentrent pas dans les détails. Ça n’a rien à voir. « Ce n’est pas tous les jours évident. Mais je ne suis pas à plaindre. » Diana imagine bien que, dans le milieu dans lequel évolue Rachel, une grossesse n’est pas toujours bien vue. Le droit reste un monde assez macho, malheureusement. De toute façon, dans n’importe quel milieu, une femme est généralement considérée comme plus faible et doit donc faire davantage d’efforts pour y arriver. Diana sait bien que c’est ainsi qu’est la société, mais elle ne perd pas espoir : les choses peuvent et doivent changer. Au moins, ça n’a pas l’air trop compliqué pour Rachel, et c’est tant mieux. Si elle se souvient bien, certains partenaires de son cabinet pouvaient être très sexistes. « Dans l’ensemble, la nouvelle a été plutôt bien prise. » C’est mieux ainsi. Même si c’est loin d’être le principal, c’est toujours mieux d’être soutenue, que ça soit par les personnes qu’on voit au quotidien ou par ses proches. Rachel est déjà courageuse de faire cela seule, il va sûrement lui falloir le soutien de ses proches. Diana sait bien qu’elle n’en fait plus partie, mais ça ne l’empêche pas de souhaiter que d’autres le fassent, pour que tout se passe bien pour Rachel. « Ma mère a été surprise en revanche. À l’entendre, cela sortait de nulle part… » Avoir ce genre de réaction n’est pas si surprenant, quand on prend la décision de faire cela toute seule, mais Diana n’aurait pas pensé que ç’aurait été le genre de la mère de Rachel. Malgré tout, elle est sans doute heureuse à l’idée de devenir grand-mère à nouveau. « Pour ce que ça vaut, moi je te trouve très courageuse. » Dit-elle en regardant Rachel. Ce n’était pas une décision facile à prendre, et elle salue d’autant plus l’initiative de Rachel. Elle ne sait pas si elle en aurait été capable, elle. Mais de toute façon, ses désirs d’enfants sont assez lointains pour l’instant. Pas du tout à l’ordre du jour. « Le point positif, c’est que tout le monde fait attention à moi. » Rachel voit le positif là-dedans, alors que Diana était plus du genre à se demander si les gens l’aidaient par sollicitude, ou parce qu’ils ne la jugeaient pas assez forte pour tout gérer toute seule. Elle a vu tellement de preuves du sexisme qui fait partie prenante sur la société, qu’elle a tendance à en voir partout. Mais elle préfère ça que donner raison à ces personnes-là. « Tant mieux si tout se passe bien alors. » Dit-elle alors qu’elle finit de disposer les petits fours sur son plateau. Elle sort une carafe de cocktail du frigo, et se retourne vers Rachel. « Je devrais pouvoir tout prendre, si tu veux aller aux toilettes avant de retourner au salon. » Elle pose la coupelle remplie de cacahuètes au milieu de son plateau. Plus d’excuses pour rester en cuisine, et elle préfère limiter les moments où elles se retrouvent seules. « C’est à gauche en sortant de la cuisine, la porte verte. Et la salle de bain est juste en face. » Indique-t-elle, alors qu’elle prend tout dans ses mains, pour retourner vers le salon, et retrouver doucement un rythme cardiaque moins excité.

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