Ophelia + Like a flower made of iron

Je venais de rentrer de ma journée de travail et je prenais tout de suite la direction de la salle de bain. Après avoir passé toute la journée sur un site archéologique, j’étais poussiéreuse de partout. Sous la douche à chanter une musique passant à la radio, je n’avais pas entendu le bruit qui indiquait que je venais de recevoir un mail. Malgré ma fuite, j’avais gardé la même adresse mail, plus pratique pour le travail. Wyatt m’avait bombardé de messages, mais je les ai tous ignoré. Je ne voulais plus avoir affaire à ce qui me rappelait mon ancienne vie, à ce qui me rappelait Ethan. Sa mort aurait pu nous rapprocher mais elle nous a séparés. Je ne pouvais plus supporter son comportement, comme si tout allait bien alors que tout s’effondrait. J’en ai eu marre et je suis partie sans prévenir personne.  Le travail m’avait proposé de partir en Israël sur un site archéologique, j’ai répondu par l’affirmative et je suis partie directement sans le prévenir. J’ai juste envoyé un mail à papa et maman leur demandant de ne rien dire à Wyatt. En quelque sorte, je voulais le punir de son comportement, de cette promesse qu’il m’avait fait et qu’il n’a pas réussi à tenir. J’étais aussi en colère contre lui, il m’avait promis de pouvoir faire quelque chose pour notre enfant, de le sauver, mais il n’a pas su le faire. Ce n’est pas un surhomme, jamais il n’aurait pu trouver le remède miracle mais j’y croyais tellement que rien d’autre n’avait d’importance.

Après avoir passé plus d’une heure dans mon bain, je me suis enfin décidée à y sortir et me bichonner. Cela faisait une éternité que je n’avais pas touchée à un gommage ou autre soins pour la peau. Travaillant dans un milieu sale, cela ne servait à rien. Une demi-heure plus tard, me voilà sortie de la salle de bain, je vais pouvoir retaper au clair mes notes de la journée et les envoyer au musée. Comme toujours, je faisais un tour dans mes mails pour voir si mes parents m’avaient donné des nouvelles. Et cela n’a pas manqué, ils m’ont envoyé le faire-part de naissance de ma nièce. Ma sœur avait accouché de sa petite fille il y a quelques jours. Elle n’avait pas osé me le dire à cause d’Ethan. J’ai eu du mal à l’accepter que ma sœur soit enceinte et que son enfant soit en bonne santé. J’étais en colère contre elle, enfaite contre le monde entier.  J’ai rédigé un message rapide et simple, je ne veux pas qu’elle rentre dans les détails comme quoi c’est magnifique la maternité. Puis, je vois un message  qui attire mon attention. Cela faisait un moment que Wyatt ne m’avait rien envoyé. D’habitude quand je vois son nom, je supprime directement le mail. Mais le titre de l’objet m’a interpellé. « Divorce » Jamais il n’avait utilisé ce genre de mot, pourquoi le ferait-il maintenant ? Juste pour attirer mon attention et espérer que je lui réponde ? Ou avait-il réellement l’intention de demander le divorce ? Est-ce que je dois ouvrir ce mail et prendre le risque de lui montrer que je l’ai vu ? J’ai préféré fermer mon ordinateur et regarder un film qui passe à la télévision.

Je suis sortie avec des amis ce soir-là, pour me changer les idées et parce que c’était prévu depuis un moment. Nous étions un groupe issu du site archéologique, tous réunis par l’amour de l’Histoire et de l’art. Notre QG était un bar en centre ville, lieu où tous les jeunes se réunissaient le soir pour décompresser d’une dure journée à la fac ou de travail.  « A tes 30 ans Ophé ! Et à la murge que tu vas prendre ce soir ! » Et en chœur, mes amis levèrent le bras, trinquèrent et burent la moitié de leur verre. « Merci » dis-je timidement et je les imitais en vidant mon verre de moitié. La soirée passèrent et je buvais de plus en plus, j’avais rejoint la piste de danse et je me déhanchais comme jamais. La meilleure soirée que j’ai passée depuis des années. Je n’avais pas rigolé comme ça depuis l’annonce de la maladie d’Ethan. Je suis rentrée à l’appartement vers 6h en titubant, j’avais l’impression que le sol bougeait et que la serrure s’était rétrécie, vive les joies de l’alcool. Par instinct, je me suis dirigée vers mon ordinateur et j’ai vérifié mes mails. J’ai ouvert celui de Wyatt, certainement sous l’effet de l’alcool. Immédiatement, j’ai décuvé. Ce n’était pas une blague, il veut vraiment divorcer. En partant, je n’ai jamais pensé à ça, le divorce ne m’a pas effleuré l’esprit. Je ne savais pas à quoi je pensais surtout. J’allais revenir au pays, mais pas tout de suite, certainement dans quelques années. Ce mail a foutu mes plans en l’air. Je pourrais tout aussi bien ignorer le mail et faire comme si de rien n’était, agir comme lui. Mais cela m’était impossible. Je ne pouvais pas ignorer son message, il veut divorcer. A cet instant, j’hésite sur ce que je dois faire. Rentrer à Londres ? Je pourrais lui parler, on pourrait repartir du bon pied ou divorcer comme il le souhaite. Rester ici ? Je n’arrangerais pas les choses et je l’empêcherais de passer à autre chose. Le choix paraît clair, mais pour moi il ne l’est pas. Je vais d’abord dormir quelques heures et prendre le temps de réfléchir.

J’ai pris une décision. Je rentre à Londres pour discuter de ce mail, de ce divorce qu’il me propose. Je reviens avec la boule au ventre, peur d’y découvrir ce que j’ai laissé derrière moi. Personne n’est au courant de mon retour à part Wyatt, je n’ai rien dit à part que je revenais pour parler. Avant de retourner à la maison, je suis passée chez mes parents. « Ophelia ? Tu es rentrée ?! T…. Tu nous prends par surprise là… Mais ça tombe bien, Olivia est là avec sa petite fille ! Tu pourras faire connaissance avec ta nièce ! » Enjouée, elle m’entraîna dans le salon où tout le monde s’était réuni. « Ophé ? Mais tu n’es pas censée être en Israël ? » « J’ai décidé de revenir plus tôt que prévu » Je tentais un léger sourire pour ne pas montrer mon embarras. Après quelques courtoisies, elle me présenta sa petite fille et voulu me la mettre dans mes bras. Je n’ai pas su l’en empêcher et me voilà donc avec un nourrisson. Je regardais ce bébé en parfaite santé, qui semblait si paisible. Petit à petit, les larmes montèrent, les souvenirs de ce bébé mort-né que l’on a mis dans mes bras revenaient, c’était trop douloureux. « Je suis désolée.. » J’ai redonné l’enfant à ma sœur et je suis partie. Ce trop plein de bonheur qui me sautait dessus, je ne le supportais pas. Je devais affronter Wyatt, nos problèmes et enfin trouver une solution pour que l’on puisse repartir sur un bon pied.