asling + (rêve plus fort)

open your eyes
look up to the skies and see

Dingue.
Tu devais avouer que ce n'était pas le meilleur mot qui pouvait décrire ta vie. Bien au contraire. Tout autour de toi, tout avait été toujours sombre (et ce n'était pas un mauvais jeu de mot), avec beaucoup trop de secrets, beaucoup trop de détresse et beaucoup trop de plaies. Et même si cette douleur qui n'était pas la tienne, tu en étais tout de même gravement affecté. Parce que maman ne t'aimais pas. Maman ne te regardait même jamais. Elle n'y arrivait pas, tu avais vite compris. Dès qu'elle posait les yeux sur toi, ils se mettaient à briller et elle était soudainement obligée de partir. Et papa. Eh bien, c'était tout simple, tu n'en avais pas. Maman ne t'avais jamais parlé de lui, elle n'avait même jamais insinué qu'il pouvait y avoir un tel homme dans sa vie. Alors tu avais déduis que l'histoire était trop compliquée, et même si tu mourrais d'envie d'en connaître les détails, tu savais qu'elle ne te dirait rien. Elle ne parlait presque pas, tu l'entendais parfois murmurer dans sa chambre, et tu te demandais dans ces moments-là si elle était vraiment seule. Parfois, tu voulais t'échapper de ça, sortir, prendre l'air, sentir le poids de tout ses secrets s'évanouir, mais tu n'avais jamais le droit. L'extérieur était un endroit qui t'étais interdit. Alors, enfant, tu passais ta vie devant les fenêtres de ta maison, observant les alentours dans les moindres détails, si bien qu'en fermant les yeux, tu étais capable de tout redessiner. Seul. Tu étais toujours seul. Et même si il y avait beaucoup de monde qui t'entourait, tu n'arrivais pas à te mêler à eux, comme s'ils faisaient parti d'un autre monde. Un autre monde où tu n'avais pas le droit de mettre les pieds.

Alors tu t'étais renfermé sur toi. Les gens te montraient du doigt en parlant ' de ce type bizarre ' qui ne parlait jamais, et qui les regardait à peine. Ce type étrange qu'on prenait pour un premier de la classe tant il paraissait plongé dans ses études alors qu'il peinait pour arriver à obtenir une note qui finissait toujours par être en dessous de la moyenne. Tu ne faisais pourtant rien pour attirer leur attention, mais c'était peut être ça qui te faisait sortir de la nuit. Tu n'étais pas comme eux, et tu n'essayais même pas de l'être. Le soir quand tu rentrais chez toi, tout était silencieux, comme si personne ne vivait avec toi dans cette maison bien trop grande pour deux personnes. Et plus tu grandissais, moins tu supportais cette ambiance pesante, alors, tu t'enfermais dans ta chambre, ton univers, pour passer des heures sur ton petit bijou, ton petit trésor : ton ordinateur. Toutes tes soirées, toutes tes nuits tu les passais sur ton engin, n'en dormant plus, n'en mangeant plus. Parce que là dessus tu avais tant d'opportunité ! Tu parlais tout les jours à des personnes vivant à l'autre bout du pays ou de la terre, tu vivais des amitiés, des disputes et des déchirures qui te faisait croire à une vie passionnante ! Et quand tu revenais à la réalité, tes yeux tombant sur les murs blancs salis par le temps et l'humidité, tu finissais par t'allonger sur ton lit pour sangloter sans larmes.


you look at me
and girl you take me to another place

Et elle apparu. Comme ça, sortie de rien, une rencontre somme toute si banale que tu doutas d'en être arrivé là. Sur un forum tu avais commencé à discuter avec cette personne. Tu lui confiais des choses, tu parlais de la pluie et du beau temps, tu parlais des secrets, des siens, des tiens, comme si vous étiez les meilleurs amis du monde alors que cela ne faisait que quelques secondes que vous aviez réellement commencé à vous parler. Vous rigoliez, créez des projets comme si vous étiez certains de les réaliser, sans jamais savoir à quoi ressembler l'autre, sans jamais savoir si vous vous adressiez à une fille ou à un garçon. Puis un jour, au détour d'une conversation, tu as découvert qu'elle vivait dans la même ville que toi. Tu n'osas pas lui dire, pensant que c'était une erreur de ta part. Mais en fait, non. Elle était bien là, juste à côté, et tu n'étais pas prêt à avoir une amitié en réalité.