"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici You can't resist making me feel eternally missed _ Moira&James - Page 3 2979874845 You can't resist making me feel eternally missed _ Moira&James - Page 3 1973890357
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You can't resist making me feel eternally missed _ Moira&James

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James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
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() message posté Dim 28 Mai 2017 - 21:13 par James M. Wilde



« I just don't care if it's real
That won't change how it feels
No it doesn't change
And you can't resist
Making me feel eternally missed
And you can't resist
Making me feel »

Moira
& James




C’est comme avoir goûté un instant l’ambroisie volée aux dieux que l’on rejette, mordu la connaissance d’un absolu pour la dénigrer avec la froideur d’une trivialité indigne. Combien de femmes prises ainsi dans les entrailles du Viper, alors que la lumière faisait reluire les détails d’une carnation anonyme, perlée de sueur, un corps innommable car depuis longtemps oublié dans une identité désoeuvrée, au rythme insatiable des basses. Deux temps. Prendre. Abandonner. Prendre encore. Ne rien donner. C’est ce rythme qu’il essaye de recouvrer dans les méandres de souvenirs tous identiques, les mêmes gémissements étouffés par les amplis, les mêmes gestes dessinés par les lueurs rougeâtres qui venaient lécher sa peau à chaque coup de reins. Les mêmes murmures, les gestes calculés pour arracher le plaisir à une femme renvoyée au rang de courtisane, et dans son plaisir noyer les dangers qui habitent le sien. Mécaniquement rejoindre l’infirmité d’une essence à jamais dévoyée. Et sur la langue l’amertume… Le goût divin qui demeure en écho de ces enfers qu’il continue de craindre, rendu à un entre-deux si éreintant que son souffle se brise sur les lignes acérées du désaveu. Ses dents se serrent, la frustration se distille dans tous ses muscles qui ne répondent plus qu’à la maîtrise étranglée sur ses sens. Rien. Rien à goûter que ce qu’il ne connaît déjà, rien à boire que ce qu’il continue à consommer. Rien. Rien. Les gestes se désincarnent alors que les firmaments trompeurs commencent à se peindre sur ses regards qui ne s’ouvrent plus que sur un monde enrubanné de grisaille. L’étreinte trop savamment orchestrée pour être exquise, jamais assez brutale pour devenir totalement dangereuse. La tension de Moira ne parvient pas à lui rappeler tous les devoirs qu’il trahit. Tant de promesses qu’il réinvente pour transiger avec la honte qu’il lui appose et ainsi puiser une jouissance plus immédiate de leurs deux corps entrelacés et pour autant jamais entièrement mêlés. Et James se perd, il se perd dans ce contrôle qu’il inflige, encore et encore, à oublier même que ses doigts rencontrent sa chair pour mieux la déshumaniser dans ses caresses distanciées. Rien. Rien qui ne puisse retracer les passions si longtemps oubliées, rien qui ne sache venir embrasser l’avidité de sa déraison, maintenue à l’écart, rejetée et donnée en pâture à une bête insatisfaite qui hurle dans un silence devenu accablant. Où es-tu ? Où es-tu ? Les yeux fermés, il ne se laisse que porter par la superficialité de son être qui s’alanguit dans un plaisir trop simple pour savoir le rassasier. Ses pensées se bousculent mais aucune ne parvient à déchirer le pragmatisme glacial qui s’est porté en parure de ses folies pour toutes les museler. Il oublie Moira, il oublie qui il est, il oublie son âme qui continue de crever de ne jamais se délivrer. Rien de plus. Rien de moins. Tu n’auras rien de moi. Rien. Alors pourquoi as-tu promis ? Pourquoi… Pourquoi avoir souhaité de toutes tes entrailles la rejoindre pour la manquer ainsi ? Sa respiration se contrarie, la torpeur impossible, incompatible placidité, vient le gifler dans une dureté sans nom lorsque sa petite mécanique parfaitement encadrée se voit contredite par la main de Moira qui glisse sur la sienne. Violemment projeté dans un instant qu’il persistait à renier, son coeur tambourine son malêtre à ne plus savoir quel rythme adopter à présent que l’étrangère vient graver jusqu’à lui une autre partition. Où… Où…

Les paupières de James se rouvrent brusquement et toutes les sensations dont il se défendait avec acharnement l’assaillent. Leurs clameurs est assourdissante, le corps désavoué se love contre le sien, soudain si dur qu’il semble sculpté dans la pierre. Les mouvements jusqu’alors parfaitement dessinés se perdent dans une puissance plus prégnante, presque animale, surtout lorsqu’elle ose venir jouer dans ses cheveux et frôler son visage. Où es-tu ? Où es-tu ? En elle… En elle. Sa main enchassée entre son intimité et la fermeté de sa paume, son corps fiché dans le sien à chercher la promesse de ces éternités proscrites. En elle. En elle. Son souffle près du sien, à goûter la peur qui enserre ses poumons. Sa bouche. Ses gémissements. Sa peau… La respiration de James s’accélère, la main de Moira le trahit, vient l’arracher à ses enfermements pour le confronter à la cruauté de ses sensations toutes plus blessantes à présent qu’il se voit forcé de s’y précipiter. Il ne peut pas. Il ne peut pas. Pourquoi ? La fureur broie son ventre et ses instincts se libèrent dans une violence ignoble. Son bras vient l’enchaîner à lui, passé contre elle tel le fer qu’elle a cru devoir briser, ses doigts s’enfoncent dans son épaule pour la garder oppressée à son corps à présent qu’elle a choisi de venir le traquer. Pourquoi ? Pourquoi Moira ? Son souffle devenu rauque siffle une menace à son oreille, et ses assauts n’ont plus rien de cadencés, il y a dans son corps le feu délivré de sa hargne, les sursauts de sa haine. L’envie de broyer les limites qu’elle vient de refuser, pour la brûler dans ce qu’elle dissimule de plus intime jusqu’à le lui dérober. Tout ce qu’elle lui a promis à chaque regard, tout ce qu’elle lui a laissé entrevoir dans les faux-semblants de ses mots. Elle est à toi. Elle t’appartient. Toujours. À jamais. Broie-la, broie-la, tu le peux, tu le dois. Non… Non. Pourquoi ? Son râle devient empoisonné, il s’asphyxie à la respirer, son nez suit la ligne de sa joue, prédateur aux aguets, sa bouche la condamne en s’apposant durement près de sa mâchoire. Ne me laisse pas… Ne me laisse pas être ainsi. « Pourquoi ? » échappe-t-il, alors que ses coups de reins cherchent la violence d’un plaisir profane, devenu viscéral, plus que jamais rendu à elle et à ce présent qui l’accable. Échappé à la facilité de ses anonymats, le masque glisse, James se déchaîne, ses ongles griffent, son bras l’empêche fermement d’échapper à la joute passionnée dans laquelle il cherche à la ployer. Comment a-t-elle osé ? Fais-lui payer ce qu’elle te doit. Ce qu’elle te doit depuis si longtemps. C’est elle. C’est elle. Tu me fais mal, James. Arrête… James… Je t’en prie, arrête. Et ses doigts s’enfoncent plus encore, car il ne veut pas la lâcher, non. Non. Plus jamais. Il ne la laissera pas s’enfuir, pas cette fois-ci. Broie-la. Appuie son si parfait visage sur la surface glacée de sa cuisine impeccable, et mate son corps jusqu’à briser son âme ! James geint. « Pourquoi ? … » répète-t-il comme un mantra, ses noirceurs peignent sa voix dans une déformation devenue douloureuse. Non… Non je ne veux pas. Je ne veux pas qu’elle ait mal. Non. Jamais. Il cherche à fuir, à fuir son corps, mais son bras affermit son étau, à fuir son esprit qu’il rencontre en le pervertissant, mais sa bouche cherche la sienne, pour silencer le monstre. Sauve-moi. Fais-le taire, fais-le taire. Il la force à tordre son cou pour ravager ses lèvres. Pourquoi… Pourquoi as-tu fait cela ? La bête excite la brutalité d’être ainsi déjouée par la douceur de sa bouche, le plaisir de la posséder dans cette trivialité consommée s’étend dans tous ses nerfs. Le baiser le rend à ses incertitudes, langue étrangère et indomptée, traduction de ses doutes, saveur de perdition. Les injonctions se taisent, s’étanchent dans les soubresauts de leurs respirations où filtre l’animalité. Il cherche ses yeux, abandonne la partie pour se perdre une seconde dans ses prunelles, et appeler leur jugement. Tu ne me veux pas. Non. Tu ne dois pas me vouloir. Jamais. Ses doigts cessent leurs meurtrissures, il se maquille dans l’apparente distance de ses iris qui brillent sous la tourmente de leurs corps qui luttent encore. Qui luttent toujours. Pourquoi ? Il ne sait pas, il ne sait plus. Bientôt, plus de mesure si ce n’est celle de cette prison qu’il referme sur le monstre alors que ses paupières interdisent l’ultime fusion de leurs regards. Il abandonne sa bouche, sa main chasse la sienne pour ne plus savourer que l’intime de leurs corps reliés dans les derniers sursauts de sa jouissance. Il étouffe son cri sur sa peau, étouffe la communion qui l’embrase pourtant mais ne le dérobe pas à un présent qui dévale sur sa peau hérissée par le trouble. Sa main près de la sienne sur le rebord, l’autre se détache de son épaule. Son souffle brûlant la caresse, mais son esprit s’interdit dans l’effroi alors que son immonde nature murmure l’écho des pensées qui faillirent déborder de ses dents serrées pour venir verser l'acide sur la peau embrassée. Il s’abîme dans le silence pour oublier. Pour oublier qu’il ne pourra jamais changer. Un silence qu'il prolonge, infamie supplémentaire en guise de châtiment. Un silence qui l'étreint pour le laisser moins solitaire, dans la passion déchue qui alourdit son corps contre celle qui l'enivra au point de le rendre aux ténèbres.
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() message posté Jeu 1 Juin 2017 - 17:12 par Invité





Leur prison n’a jamais semblé si palpable. Ses murs se dressent autour d’eux. Ils y restent enfermés, leur espace étranglé par les barreaux qu’ils dessinent à chaque caresse. Les liens les entravent. Ils en embrassent les chaînes qu’ils ne pourront plus briser. Plus d’issue. Plus de mensonge. Ils ont cessé de prétendre, prétendre avoir trouvé leur équilibre, prétendre ne rien désirer de plus, avoir comblé le vide, trouvé ailleurs de quoi apaiser leurs âmes amputées. La douleur fantôme de cette partie d’elle arrachée depuis plus de dix ans, pour la première fois, Moira ne la sent plus. Elle ne la sent plus contre lui. Ses instincts demandent plus, que la douleur ne revienne pas, qu’elle l’oublie encore, que James la fasse disparaître. Les rôles se brouillent alors qu’il l’emprisonne entre son corps et l’îlot. Prise en étau, Moira se fait geôlière à son tour, impose ses propres fers pour le capturer et l’empêcher de s’enfuir. Le souffle de James s’emballe. Sa réaction la transporte. Les doigts de Moira s’arriment à l’arrière de sa nuque, combattent l’intensité grandissante des mouvements du musicien pour conserver leur équilibre. Elle ne libère ses sensations qu’en le sachant avec elle, entièrement donné à son étreinte, aussi perdu qu’il doit l’être tant qu’elle reste son ancrage. Ses yeux se referment pour le sentir plus encore. Le plaisir l’envahit et se joue de ses sens, elle ne lui résiste plus et sa prégnance l’empêche de voir les frontières que James frôle de plus en plus à trop provoquer des pulsions dont elle n’a même pas conscience. L’oppression de son bras en travers de son corps affole sa respiration. Sa main se crispe sur la sienne alors qu’elle s’abandonne à la brutalité de son rythme. Jamais elle ne s’est sentie si désirée. L’excitation embrase son ventre à chaque souffle que James écrase contre sa peau. Elle le sent effleurer les contours de son visage comme un prédateur. Sa bouche s’imprime contre sa mâchoire. Le feu la dévore, elle n’attend que sa brûlure, mais c'est un murmure qui vient soudain mordre sa peau.

Elle rouvre brusquement les yeux, ses doigts raidis contre sa nuque. La poigne de James se raffermit sur son épaule. Sa domination l’enivre quand elle cherche de nouveaux des prises pour s'empêcher de sombrer car quelque chose lui échappe dans la fièvre qui les irradie. L’incompréhension pénètre ses chairs comme un liquide froid qui brave la chaleur de ses muscles. Ses impressions se déchirent alors que James la garde prisonnière. Le rythme s’accélère encore. Elle ploie sous la violence de ses reins. L’impuissance lui arrache un gémissement rauque quand son corps se fait plus lourd sur le bras de James qui refuse fermement de la lâcher. La même supplique encore, comme une litanie à son oreille. Moira se tend davantage à combattre les sensations qui la commandent, cherche à retrouver ses esprits pour déchiffrer ce que James lui livre, mais son corps ne suit plus aucun dictat autre que celui qui le ravage de l’intérieur. Sa main sur son poignet le serre à s’en briser les os. Elle s’apprête à tout arrêter quand James s’empare de ses lèvres. L’appel de sa bouche avorte tous ses élans. Elle se perd dans la profondeur de son baiser, y déverse la confusion fébrile qui s’est glissée dans tout son corps. Les émotions l’assaillent, elle ne peut que les boire : le désir qui continue de lui tordre les entrailles, la certitude de ne pouvoir le laisser loin d’elle, et la méfiance insidieuse qui macule ses noirceurs dont elle ignore encore tout. Elle rouvre les yeux quand il s’éloigne, laisse toutes ces nuances s’emparer de son regard quand elle plonge à corps perdu dans le sien. Ce qu’elle y voit l’alarme quand l’origine du mal continue de lui échapper. Sa main s’adoucit contre sa nuque. Elle ne sait plus ce qu’elle apaise ni ce qu’il combat, ne distingue qu’une souffrance qu’elle ne parvient pas à nommer. La fureur des gestes se tarit, James s’arrache à elle, s’arrache aux dernières vagues du plaisir qui les assaille. Sa main repousse celle de Moira qui se plaque contre le meuble quand la tyrannie de ses nerfs achève sa dernière offense. Ses doigts empoignent les cheveux de James à l’arrière de sa tête quand elle peine à retenir le râle qui filtre entre ses dents. Son dos s’appuie contre son torse pour l’empêcher de chanceler et tout son corps se contracte une dernière fois avant d’abandonner la lutte, rompu. Moira exhale une dernière expiration quand ses doigts relâchent difficilement leur prise. Ils finissent par glisser faiblement le long de son cou. Elle laisse aller sa tête vers l’avant, le silence les enserre. Mais l’accalmie déjà se pare d’un terrible goût de cendres.

Moira met de trop longues secondes à calmer sa respiration, garde son dos toujours collé à James, comme terrorisée à l’idée de perdre le contact alors même qu’il demeure en elle. Le calme autour d’eux ne se répercute pas dans son cœur. L’air est devenu trop lourd depuis cette interrogation soufflée à son oreille, depuis ce tremblement qu’elle a senti sous ses mains et trouvé dans son regard, cette partie de lui qu’elle a vue se refermer quand ils s’étaient promis de ne plus se travestir. L’inquiétude lui serre la gorge, elle reste trop longtemps immobile, incapable de savoir ce qu’elle peut encore oser quand elle a déjà violé toutes les frontières. Sa déglutition est laborieuse. Elle rouvre péniblement les yeux mais ne les lève pas vers lui, ne souhaite plus rien lui imposer alors que c'est elle qui a ôté les derniers pans de son armure. La distance pourtant est plus infâme encore que la possibilité de son rejet. Son regard se pose sur ses doigts échoués sur son ventre. Sa main se meut avec une lenteur trop prudente, vient se glisser entre ses phalanges, sans jamais appuyer pour lui laisser tout le pouvoir de se retirer. Moira se redresse légèrement, garde son autre main près de la sienne sur le meuble, et sa voix échappe un souffle si faible qu'il semble encore tiré de leurs songes :
- James, où tu vas ?
Sa tête s’infléchit à peine, juste assez pour deviner les contours de son visage. Elle caresse sa main du bout des doigts. Sa voix s’élève à peine un peu plus, tremble trop pour cacher les tiraillements qu’elle étrangle.
- Tu n’es plus là… Où est-ce que tu vas ?
Elle inspire un souffle irrégulier, son corps encore tendu quand il n’appelle pourtant que le repos. La peur revient s’immiscer dans ses veines, triste maîtresse qui refuse de se faire si aisément tromper et qui gronde à son oreille la menace que Moira ne parvient pas à silencer : celle de perdre encore James quand elle n’a jamais été si proche de le trouver.  


©️ ACIDBRAIN
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() message posté Ven 2 Juin 2017 - 17:12 par James M. Wilde
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Moira
& James




L'explosion dans sa tête n'a rien de délicat, et tous les choeurs de sa personnalité fragmentée rugissent ensemble, laissant son cri étouffé presque aphone face à l'intensité de toutes les sensations qu'il rencontre. Plus rien de doux ne se peint en ses esprits ravagés par la violence de son plaisir, la virulence de sa convoitise, les sursauts de sa brutalité. Elle ploie, elle exhale ce qu'il cherche à arracher et il s'en nourrit avec l'avidité de ceux qui lèchent de nouveau la plus addictive des drogues. Il vient de trouver dans son corps tout ce qu'il a cherché à enfouir dans le sien, et le goût des souvenirs est aussi délectable que dévastateur, sa mémoire l'enferme sans commune mesure, et c'est le front lourd et enfiévré qu'il s'abandonne contre elle sans même plus réaliser qu'il la tient entre ses bras. Sa main retombe, abandonnée à l'orée de son nombril, arrimée à sa peau pour ne pas continuer de se désintégrer dans les assauts de son passé, jetant pourtant les moindres avenirs dans la négation de ses sens qu'il interdit dans un détachement trop prégnant. Enfermé en lui, enfermé loin d'elle, les mots s'entrechoquent dans sa tête, l'obligeant à regarder leur portée néfaste, la putréfaction excavée de ses actes gravée au creux de sa paume qui tremble contre l'îlot. La limite frôlée, il ne reste plus que l'envie de la transgresser plus encore, l'envie inique et toutefois adorée, l'envie si longtemps renvoyée au mutisme pour réapprendre à la hurler. James frissonne, le divin se dissout pour ne laisser que la laideur de ce qu'il porte au fond de lui, perlée sur la peau toujours blême, arrachée au cercueil pour se donner sans fard. La honte le blesse, ses doigts tressautent presque quand elle invite les siens pour rejouer la langueur d'une danse apaisée, qui ne lui donne que l'impression de s'être laissé consumer par l'instinct, mordu par le doute, dévoré par les ombres. Un tremblement puis plus rien. Main inerte sous la sienne, le fossé se creuse, le rire macabre retentit, la bile lui emplit l'estomac. Comment a-t-il pu croire une seconde seulement que ce qui est suffirait à combler tout le vide incombé au néant ? Comment a-t-il pu croire qu'il se satisferait du quotidien qu'il vient de pervertir en inversant tous les rôles, pour mieux s'en déjouer ? Comment a-t-il pu croire valoir seulement cette rédemption aux atours rendus factices par ses serments ignobles maintenant qu'il les a tous violés ? Le rire s'intensifie, le monstre rappelle des images, rappelle ses forfaits, et James ne parvient pas à les repousser. Le souffle de son éternelle amante le caresse, il retrouve chaque contour de son corps, chaque douceur trompeuse de son allure brisée. Son prénom sur ses lèvres serrées, l'image est si prégnante. Respiration étranglée par les griffes de sa culpabilité. Est-ce elle qui l'appelle, qui l'appelle enfin ? Il suit l'inflexion de la question qui perce ses songes portés au comble de la folie, son souffle se saccade sur son épaule délicate, ses doigts jouent avec ceux qui viennent si sensuellement le garder de la morsure de ses crimes. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Avec toi. Laisse-moi disparaître avec toi.

La voix est étrangère, les syllabes ne rejoignent pas les accents de la mémoire, bientôt ses sourcils se froncent, les images se froissent, le prénom disparaît. Les yeux fermés, il a rouvert ses esprits pour les noyer dans la naphte d'un instant qu'il persiste à fuir. Sa main ne joue plus, elle se crispe contre la peau de Moira qu'il respire malgré lui. Et il comprend. Il comprend qu'il ne pourra jamais se défaire du poison instillé dans ses veines, il comprend qu'il ne pourra jamais se délier de l'envie qui persiste à le pousser à la posséder ainsi. De corps. D'esprit. Il lape l'air... pour mieux dévorer son âme. Comme avant. Comme avant... Son coeur précipite la peur, pourquoi a-t-il fallu qu'elle soit telle qu'il l'a si longtemps espérée. Pourquoi... La question retourne à l'origine de ses passions dévolues à ses instincts, le ton de la tentatrice de ses ténèbres répercute la peine qui alourdit plus encore son corps qui semble refuser de se scinder d'elle. Ses paupières dévoilent le théâtre de leur union incomplète, chaque élément de décor lui paraît étranger. Ça ne suffit pas. Ça ne suffira pas. Les murmures continuent, encore et encore dans sa tête. Ça ne suffira jamais. Et tu le sais. La douleur n'est pas partie, elle est là, plus intense que jamais, à pulser dans ses veines. Ses doigts se contractent une nouvelle fois contre son ventre, son visage se tourne pour échapper à ses regards. Leurs peurs communient dans le silence qui s'éternise, la tension de Moira lui fait mal car il sait qu'il l'a lui-même apposée dans chacun de ses muscles. Son ton lui paraît si désincarné qu'il peine à comprendre qu'il filtre ses angoisses sous couvert de réponse :
_ Je ne suis jamais parti de là-bas. Jamais... Je n'en suis pas parti...
Les murs, partout les murs. Il ne la distingue plus, sa prison semble s'être fortifiée pour mieux la rejeter, la préserver des ténèbres qu'il ne parvient plus à avouer. A quoi bon ? A quoi bon quand il est venu lui livrer ce qu'il porte, et qu'il n'a fait que la prendre pour oublier. La prendre et céder. Il tremble de plus en plus, il aimerait se défaire d'elle, il ne parvient plus à penser. [i]Où es-tu ? Où es-tu ? Là-bas, toujours là-bas. Dans cette maison... Et dans les échos de ma haine, cloisonnés par leurs murs. Toujours incohérents, les mots dévalent ses lèvres exsangues pour s'échouer sur sa peau, avant de murmurer l'ébauche de sa confession avortée :
_ Il n'y a que des chaînes, et moi qui cherche tant à les briser. Tu ne sais pas... Tu aurais dû savoir. Savoir... que je retourne là-bas, parce que c'est ce que je suis. Je m'enferme car je n'ai aucune limite. Aujourd'hui, hier, demain. Si tu savais tout ce qu'il y a dans ma tête, tout ce que je tais, tout ce que j'étrangle chaque minute pour ne pas sombrer.
Sa respiration est laborieuse, alors que malgré lui ses doigts viennent s'entremêler aux siens dans un réflexe qui trahit toute la confusion dans laquelle il se retrouve enclavé. Mais face à elle, jamais il ne parvient à totalement se dérober, et chaque souffle lui rappelle les saveurs interdites qu'elle trace jusqu'à lui, et dont il crève de s'enivrer encore. Malgré la peur, malgré le passé, malgré la honte. Triste sort que celui de la créature inféodée à ses instincts qui pourtant le débectent. Le ton est douloureux, James est perdu, et sa main serre à lui faire mal, pour que la peine lui parvienne plus encore, et qu'elle la goûte. Oui qu'elle la goûte, vu qu'elle en est à l'origine.
_ J'ai peur, Moira. Il y a des envies qui me dévorent, et une partie de moi souhaite être dévorée. Bien plus avec toi... qu'avec personne d'autre. Personne.
Personne sauf avec celle qui fut sa déraison... Elle. Il ne sait plus son prénom. Il l'a oublié. Ce qui est meurt sous le poids du tourment et pourtant il s'y raccroche comme un dément. Il ne veut pas perdre son ancrage, le seul qui continue de lui apparaître salvateur quand lorsqu'il serre ses phalanges à les broyer, il a pourtant l'impression d'exister. Mais il sait... Il sait qu'il n'existe pleinement que par la mort qu'il dessine et la souffrance qui y gît depuis des années. Et de cette existence là, il ne veut pas. Il ne veut plus.​
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() message posté Sam 3 Juin 2017 - 23:51 par Invité





Elle met de longues minutes à réentendre l’orage dehors, assourdie par celui qui gronde dans sa tête quand l’abandon se voit trop vite rattrapé par les chaînes dont ils venaient de se défaire. Le front brûlant de James dans son dos, son souffle saccadé sur son épaule, Moira sent qu’elle le perd dans cette fausse accalmie qui ne fait que dissimuler le déchirement qu’ils subissent à l’intérieur. L’inquiétude revient glisser sa langue râpeuse dans le bas de son dos, lèche toutes ses craintes pour les raviver : la peur de briser ce qu’elle a tant convoité, la peur de détruire ce qu’elle a voulu protéger... Moira ne ferme plus les yeux, soudain effrayée par le noir. Elle les garde posés sur la main qui tremble sur son ventre et que ses doigts frôlent comme le cuir d’une bête sauvage qu’elle ne voudrait pas apeurer. Elle sent tant de douleur dans les tressaillements de James, tant de souffrance dans le silence qu’il laisse peser sur leurs épaules… Les ténèbres les enserrent, étouffent l’étincelle qu’elle a vue dans ses yeux quand il l’a regardée, quand elle l’a su à elle pour la première fois. Les intensités s’éteignent, les douceurs s’affadissent, ne restent que les voix alarmées à l’intérieur de son crâne qui sifflent ce qu’elle peine à rejeter : la culpabilité naissante d’une faute qu’elle sait l’avoir poussé à commettre et dont le revers s’immisce déjà entre eux avec une froideur qui la fait se contracter toute entière. Moira se force à respirer, la pulpe de ses doigts frôlant le dos de la main de James. Ses tremblements deviennent crispations. Elle sent la tension qu’il plaque sur sa peau et appuie davantage ses caresses en réponse, refuse de le laisser se noyer dans des pensées dont elle ne sait rien mais qui hurlent si fort dans son dos qu’elle les entend presque se lamenter à son oreille. Ses mâchoires se serrent à sentir le mal se répandre dans ce corps toujours arrimé au sien, s’incruster sous la peau blanche qu’elle continue d’effleurer, un mal qu’elle nourrit si elle ne l’a pas créé, et qu’elle inflige malgré elle au seul homme qu’elle a toujours voulu garder de tout. Le visage de James se détourne, toujours posé dans son dos. Elle laisse son esprit s’éloigner sans le perdre de vue, sa main toujours sur la sienne, à gommer les sursauts qui agitent ses doigts. Mais son corps se fige quand elle entend son murmure. Ses sourcils se froncent alors que l’ignorance revient lui serrer la gorge, faire taire ses interrogations qui hurlent d’être encore silencées quand Moira sait avoir entendu leurs cris tant de fois déjà, lorsque les folies de James lui faisaient frôler les mêmes excès qu’il semble combattre ce soir. Les souvenirs s’imposent dans sa tête. Elle ne parvient pas à les repousser. Toujours cette même tension dans ses mains de pianiste, ce même tremblement dans sa voix, et ce regard qu’il lui refuse après l’avoir trop porté. La fêlure dans son timbre la fait frissonner. Moira écoute ses divagations sans parvenir à en démêler le sens. Ses lacunes apparaissent comme autant de zones d’ombres sur un tableau inachevé. Elle les ravale difficilement, résiste à l’envie de les combler tant elle le devine incapable de le faire ce soir. Il y a trop de douleur dans sa voix qui défaille, et trop d’indices déjà qu’elle ne sait interpréter. Les mêmes questions depuis des mois. Les mêmes inquiétudes depuis des semaines. Et la seule certitude de ne pas savoir assez pour contrer les forces qui le ravagent sous ses yeux chaque fois qu’il retombe dans les noirceurs qu’il ne lui fait qu’entrevoir.

Les doigts de James viennent serrer les siens et son appel la fait presque sursauter, la tirant violemment hors de ses pensées. Elle inspire profondément, comme si elle se le permettait enfin, et la tension de ses muscles s’atténue lentement, adoucie par la certitude qu’il ne souhaite pas la repousser. Sa main suit la courbure de la sienne. Elle passe son pouce sur l’ossature saillante de ses articulations, attend qu’il retrouve le contrôle de ses affects qui le laissent encore complètement submergé. Sa souffrance résonne dans sa poitrine, suit le lien viscéral qu’ils n’ont jamais tant éprouvé et qui les garde enlacés dans l’union la plus triviale quand leurs peurs ne demandent qu’à les séparer. Moira sent son cœur cogner contre ses côtes, faire pulser dans ses veines le poison épouvantable de ses craintes qui reviennent toutes ensemble quand James leur redonne leur légitimité. Cette partie de lui qu’elle ne connaît pas, ces élans qu’il ne pourra peut-être pas toujours museler, ces risques qu’elle prend chaque fois qu’elle l’approche et plus que jamais maintenant qu’elle a brisé toutes les frontières… Moira les sent sans pleinement les connaître. Ils lui murmurent ce qu’elle feint d’ignorer depuis ce premier soir où elle les a aperçus, acculée contre le lambris du studio, déjà entièrement à leur merci. James continue de serrer sa main si fort qu’elle voit ses doigts blanchir entre les siens. Elle ne répond qu’en serrant la sienne à son tour, pour l’empêcher de s’enfoncer plus encore dans l’obscurité qui l’étouffe. Mais les derniers mots de James font naître un frisson le long de son échine qui remonte sournoisement jusqu’à sa nuque, la laissant un instant interdite dans ses bras, car pour la première fois, elle comprend qu’il a peur. Chacun de ses tremblements s’inscrit sous sa peau, traverse son dos pour glisser jusqu’à son cœur. Elle ne l’a jamais vu si vulnérable, et ses propres défenses chancellent lorsqu’il évoque cette place dont elle se serait emparée. Bien plus avec toi… qu’avec personne d’autre. Personne. Une boule se forme dans sa gorge. Elle serre les dents pour ne pas la recracher. Un instant seulement, elle repense à cette autre femme qu’elle a choisi d’oublier. Un instant, son prénom s’inscrit dans les égarements de son esprit, noirci dans l’opprobre, enlaidi par un acte aux relents de trahison. Elle ferme les yeux le temps de le faire disparaître, l’enfouit par dégoût, le cache par lâcheté. Elle ne peut pas le laisser s’immiscer entre eux. Pas maintenant. Plus maintenant… Elle vient chercher d’instinct la main de James sur l’îlot, glisse ses doigts sous les siens avant de les enserrer à son tour. Elle se raccroche à lui, respire l’odeur de sa peau pour à nouveau s’enivrer. Il n’y a que lui ce soir. Elle et lui. Personne d’autre. Sa tête se redresse à peine. Elle ne la tourne pas encore pour le regarder. Et sa voix murmure comme une caresse :
- De qui tu as peur ?  
Sa poitrine tremble un instant quand elle sait la question qu’elle veut réellement formuler. Elle respire encore une fois avant de douloureusement la libérer :
- De toi… ou de moi ?


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James M. Wilde
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() message posté Dim 4 Juin 2017 - 14:59 par James M. Wilde
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Moira
& James




La peur étend son empire sur l’ensemble de son être, l’étreindre elle, c’est étreindre les ténèbres, et les laisser toutes s’infiltrer, venir lécher les muscles pour qu’ils se sclérosent, enflammer les nerfs pour qu’ils se tordent de douleur. Les voix dans sa tête sont devenues légion, il tremble à chaque syllabe, il se contracte à chaque mot qui parvient à broyer son entendement. Elle cherche à les chasser, une fois encore, une fois de plus. Elle souhaite le garder de ses ombres pour le laisser dans ses incohérences, échoué contre sa peau, encore arrimé à son corps. La souffrance est ignoble, les aveux interdits pèsent dans son ventre, remplaçant la pesanteur chatoyante du désir par le vitriol de ses angoisses. L’emprise sur ses doigts se resserre, se resserre spasmodiquement, les mots glissent, les mots butent, se brisent sur un ton entrecoupé. Il ne parvient pas à dire, révéler ce qui le crucifie dans la honte la plus viscérale pour le donner à une absence de plus en plus abyssale. Pourtant, pas une fois il ne rompt le contact, pas une seule fois il ne parvient à tracer ce sursaut qui mènerait à la rupture. L’instinct de survie dispute les avidités de ses envies qui contraignent leur emprise sur sa main qu’il manque de blesser pour sentir la douleur se distiller jusque dans ses propres nerfs et se rappeler à elle. Se rappeler dans la complétude d’un instant évanoui, devenu une autre fable à bercer dans le creux de sa folie pour mieux l’abrutir et la rendre diaphane. Mais Moira la sent… Moira la devine et se fige comme une proie aux aguets, la folie perce les chairs et hérisse leurs peaux embrassées, l’apaisement devient trahison, le plaisir une nouvelle offense à porter au front de son passé et des avenirs difficilement échafaudés sur des fondations rongées par les remords. Et le silence… le silence en retour sonne comme un jugement qui ploie sa silhouette un peu plus sur la sienne. L’envie de fuir dérobe ses traits, les tremblements combattent le besoin d’elle, il devient un corps étranger dont la corruption le dégoûte, alors que le dessein de l’envahir demeure entier. Paysage déviant, aux traits de feu imprimés sur ses prunelles, il garde ses yeux ouverts pour se sentir brûler dans les évasions maudites de ses songes. Les mots encore, les mots toujours, qui parcourent les silences et les chevauchent pour accoucher de la peur. Une peur qui vibre des incertitudes prêtes à blesser tous leurs serments. La panique se substitue à l’infini de ses angoisses, qu’a-t-il laissé échapper qui ne soit les lueurs de ses failles devenues béantes, ouvertes sur ses secrets les plus informes, ses actes les plus infâmes. Il ne supporte pas l’idée qu’elle puisse les lire, qu’elle puisse le voir, son corps semble hurler de l’intérieur, vaincu par l’impossibilité de la fuir, enferré dans ce combat interminable qui le pousse toutefois à renoncer à elle. À peine l’idée a-t-elle implosé dans son coeur que les frissons de Moira chantent contre l’épiderme trop sensible, leurs phalanges blêmes viennent partager des douleurs amies quand leurs plaisirs comblés les ont laissés immanquablement solitaires. Sa respiration s’élance en quelques sifflements rauques, son visage toujours dérobé à elle, appuyé dans son dos pour ne regarder que l’environnement dans un prisme troublé et déliquescent, quand une heure à peine auparavant il lui apparaissait tel l’écrin de cette familiarité doucereuse, bien trop naturelle pour devenir dangereuse. Ses doigts se contractent sur le rebord de l’îlot mais bientôt la dureté du bois se transfigure, il accueille sa main comme un ancrage vital. Les doigts s’entremêlent dans la violence d’une fatalité qu’il n’a plus la force de renier. Ses yeux s’écarquillent sur le vide ouvert par ses pensées, le décor disparaît, sa bouche délivre les aspérités qui continuent à le faire saigner depuis qu’il l’a rencontrée. Depuis le bureau et leurs jeux bravaches, depuis les étreintes avortées dans le studio, depuis Explorers et ses chants arrogants, depuis le bureau et leurs colères reliées. La peur vrille et le rend sourd. Il n’entend plus que le souffle étranglé de Moira, reconnaît la portée de la douleur qu’ils ne peuvent que partager.

James murmure en retour, confidence brisée par l’impuissance à la redessiner :
_ De toi… et de moi. De ce que nous sommes. De ce que nous pourrions être.
Son visage se meut, son nez caresse la peau de son dos, ses lèvres tracent la ligne de ses mots en relâchant un soupir brûlant de doute tout contre elle. La peur avouée, la tragédie amorcée alors qu’il se tient dans toute la nudité qui les a confiés un peu plus l’un à l’autre quand toute sa raison ne faisait que lui dicter de ne jamais céder, l’éloquence de l’échec resserre son étreinte. Son corps se redresse, il l’emporte contre lui, leurs mains entremêlées contre son ventre, l’autre accompagnée jusqu’à l’épaule qu’il n’a pas meurtrie. Ses doigts caressent, cessent l’étreinte maladive qui confinait à la douleur pour la remplacer par la ferveur de l’absolu qui continue de pulser dans ses veines. Son corps cherche à appuyer plus encore son contact, sa bouche suit l’os saillant de son omoplate avant qu'il ne love son visage dans son cou. Il la respire, s’abreuve à ses parfums dans lesquels il se noie, la peur tremble dans son souffle, mais ses mains continuent de chérir les siennes pour la garder tout contre lui. N’aies pas peur… N’aies pas peur, je t’en prie. Ses pensées reviennent au premier acte de leur tragédie mais il ne sait plus qui il cherche à rassurer. Ses respirations saccadées déposent les mots dans sa nuque quand son corps dépose les armes, calmant peu à peu les soubresauts qui continuaient de l’animer. Sa voix est toujours troublée, abîmée par la peine :
_ Mais il est trop tard. Trop tard. Tu l’as senti aussi, ce que nous étions, ainsi reliés. Tu as senti ce que je renferme et que je ne suis pas parvenu à avouer… Tu ne pourras jamais être cet écho oublié de mon passé, comme je l’ai prétendu la toute première fois.
Il la berce presque à présent, ne parvient pas à l’abandonner. Pourquoi faut-il qu’elle soit celle qu’il convoite, pourquoi faut-il que le poison de ses sens soit le plus délicat qu’il ait goûté ? Son visage s’infléchit contre le sien, la fait ployer doucement pour ménager un meilleur accès à la courbe de son cou qu’il continue de brûler de ses mots et de ses lèvres, des mots précipités, qui trahissent la plus pernicieuse de ses maîtresses, cette douleur qu’il traîne depuis des années :
_ Je sais ce que mes avidités entraînent... Et je n'accepterai pas de te perdre en les déchaînant contre toi. Tu ne peux pas savoir à quel point je me suis senti vide ces derniers jours… Je ne veux pas. Je ne peux pas. Pas une fois de plus.
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() message posté Lun 5 Juin 2017 - 16:12 par Invité





De ce que nous pourrions être.
Ses paupières se referment sur les souvenirs qui envahissent sa rétine, images évanescentes tirées de l’obscurité de tant de nuits traversées seule dans la froideur de sa chambre, les yeux gardés ouvert sur son environnement en camaïeu de gris, son esprit hanté chaque fois par les mêmes questionnements, les mêmes peurs, et cette idée folle aux doux relents d’obsession qui refusait de mourir. Ce qu’ils pourraient être… Elle s’est éreintée des heures durant à l’imaginer, nourrie par chaque instinct que James réveillait en franchissant une à une toutes ses frontières, en lui arrachant les uns après les autres tous les masques qui ont jalonné l’interminable comédie de sa vie. Elle s’est abreuvée des espoirs qu’il disséminait derrière lui, s’est surprise à en chérir les promesses, puis s’est écœurée de ne toujours pas y croire, à préférer le confort d’une vie sans danger malgré le vide, à préférer la fuite dans l’illusion de leur camaraderie et les rappels incessants de ces limites qu’elle n’avait pas le courage de braver. Mais elle le sent pourtant juste à cet instant, quand les mains de James cessent de trembler et l’enserrent dans une douceur troublante qu’elle lui abandonne toute entière. Ce qu’ils pourraient être… L’image reste floue, mais Moira sait qu’elle la désire, elle le sait dans tout ce qu’elle ressent à l’appel de ses caresses dans son dos, à chaque frémissement qu’elle lui doit lorsque ses mains arrêtent de malmener sa peau pour en embrasser les blessures. Elle passe ses doigts autour des siens, apaise les derniers soubresauts qui tiraillent les nerfs du musicien alors que son souffle parcourt son dos. Ses lèvres remontent le long de son omoplate. Moira frissonne, mais sans plus une once de frayeur. Elle ne le craint pas, pas maintenant, pas ce soir. Et pourtant elle sait toutes les fois où l’horreur a pris le pas sur tout le reste, maculé leurs dernières bribes d’innocence pour enlaidir la moindre fibre de leur lien. Cette angoisse, elle la sait enfouie encore au creux de son ventre, muselée pour un temps seulement, jusqu’à ce que James retourne la traquer, la tirer de ses remparts et la faire hurler encore dans son crâne pour qu’elle n’entende plus qu’elle. Il reviendra la chercher. Il le sait. Et son aveu est plus déchirant encore qu’elle ne l’aurait cru. Moira sent son souffle trembler dans son cou. Ses yeux demeurent fermés. Elle accueille chacun de ses gestes, et son cœur alourdit ses battements quand sa voix lui revient, concrétise les craintes qui murmuraient déjà à son oreille. Leurs barreaux reviennent les enserrer, à peine émoussés. Ils matérialisent déjà la fin de leur échappée, le goût de la liberté encore prégnant sur leur langue. Le souffle de Moira se fait plus lourd, tremble un instant du poids qui revient peser sur sa poitrine. James refuse toujours de la lâcher. Elle embrasse son poignet abandonné sur son épaule, pose sa joue sur le dos de sa main quand il l’incite à ployer le cou. Ses baisers s’alanguissent, revêtent des atours d’adieu qui fondent sur elle comme la peine qui l’étreint. Elle accentue la prise sur ses mains, se raccroche à lui dans un élan viscéral de peur qu’il ne s’éloigne déjà. Cela ne peut pas se terminer si vite. Pas après l’avoir tant attendu. Pas après les intensités qui ont ravagé son corps  et qu’elle ne parvient toujours pas à taire. Sa gorge se serre, rend sa déglutition si douloureuse qu’elle laisse un soupir s’échapper de ses lèvres. Elle sait le vide qu’il a senti ces derniers jours, elle le sait tant elle le garde elle aussi gravé dans sa chair comme un mal à peine atténué qui n’attend que son heure pour reparaître encore plus vif. Et elle sait qu’il reparaîtra. Elle sait qu’il reviendra dès cette séparation qu’ils ne pourront pas éternellement repousser. Alors sa tête revient vers la sienne, s’appuie délicatement sur le côté de son crâne encore perlé de sueur. Elle murmure :
- Je suis là… Tu ne me perdras pas.  
Elle chercher à noyer ses incertitudes, ne s’accroche qu’à l’instinct qui pulse furieusement dans ses veines, car se perdre elle, c’est le perdre lui.
- Je t’ai promis de ne jamais franchir les portes que tu garderais fermées. Je n’ai pas oublié.
Sa pommette trace une caresse sur son front jusqu’à ses cheveux. Elle pose ses lèvres au sommet de sa tête, le souffle plus tremblant à mesure qu’elle s’achemine vers l’inéluctable qu’ils ne peuvent plus ignorer. Les aveux de James ravivent les inquiétudes oubliées dans ses bras, rappellent ces noirceurs qu’elle a senties dans ses gestes, perçues dans son souffle et dans ses murmures échoués sur sa peau. Elle se souvient des chaînes qu’il a conservées quand ils devaient se libérer de toutes leurs entraves. Elle se souvient de chaque contracture qui a secoué ses muscles. Elle se souvient de tout… Comment pourrait-elle être prête à affronter ses ténèbres si lui-même s’interdit de s’y confronter ? Comment affirmer être capable de les contrer quand elle n’en connaît toujours pas la véritable nature ? L’inévitable se dessine dans une froideur implacable. Elle ne le poussera pas à violer ses frontières. Elle ne peut s’aventurer sur ses terrains sans lui. Elle ne peut lui faire risquer de s’y perdre. Pas une fois de plus. Ses sourcils se froncent légèrement quand elle se répète ses mots, y cherche encore un sens qu’elle n’est pas certaine de savoir déchiffrer seule. Les souvenirs de leurs cris dans son bureau s’imposent avec une facilité effrayante. Elle les balaye en respirant ses cheveux, oublie la haine dans son regard, la fermeté de sa paume sur sa taille, le bruit de son dos heurtant la baie vitrée… Oui, ils se sont perdus une fois. Une seule. Et la déchirure demeure encore. Elle ne leur infligera pas une autre.
- Je ne les forcerai pas, James. Je ne les forcerai pas…
Elle inspire encore et sa voix se casse douloureusement quand son esprit s’épuise encore à combattre ses envies qui hurlent toutes ensemble. Les mots s’échappent presque malgré elle  :
- Alors reste. Seulement ce soir. Ne t’en va pas, James… S’il-te-plaît, ne t’en va pas.
Elle serre encore ses mains, repousse toutes les échéances comme la marche d’un monde qu’ils n’en peuvent plus de suivre quand chaque pas les éloigne un peu plus de l’essence de ce qu’ils sont. L’illusion s’est évanouie, et elle n’en veut plus, pendant quelques heures encore, juste quelques heures, avant de retrouver ses masques. Juste quelques heures…


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() message posté Lun 5 Juin 2017 - 17:52 par James M. Wilde
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Pourquoi… Pourquoi… Incessante question qui demeure dans sa tête, cacophonie de son malêtre aux orgues malsaines de ses tourments. La répercussion est intense et ne quitte pas sa peau qui se glace après avoir frôlé les abysses de feu dans lesquelles il souhaitait tant se plonger. Et disparaître. Disparaître. Comme il aimerait la faire disparaître à son tour, étreinte ainsi, dans l’étau de ses bras. Appuyer encore, appuyer un peu plus. Briser les os, dissoudre la chair, la garder contre lui pour combler le néant, la garder prisonnière pour que chaque seconde de son éternité de misère, elle se souvienne qu'elle ne peut que lui appartenir. Qu’elle se souvienne… Ses doigts caressent sa peau, ses lèvres la goûtent, il respire son odeur pour la graver dans sa mémoire. Les promesses derrière ses dents déjà serrées se bousculent, toutes fausses, toutes vraies, des chants mutiques pour entériner l’évidence qu’il rejette et renie. Je pourrais te promettre toutes mes heures et tous mes jours. Tous mes heurts et toutes mes nuits. Te promettre la souffrance de mes amours ravagées, et les quelques instants radieux qui les traverseraient. Je pourrais te dire encore que je me tiens dans tes ombres pour ne jamais te quitter. Que je te tiens dans les miennes pour ne jamais te voir partir. Mais… Qu’arrivera-t-il quand les cris reviendront te maudire, qu’arrivera-t-il quand mes mains ne souhaiteront que froisser ta peau pour la bleuir, et ma folie te voir périr ? Qu’arrivera-t-il quand tu hurleras toute l’horreur de ce que tu verras, imprimé sur ma peau, avili sur mon âme. Et dans la tienne… tout ce que j’aurai su verser. Il frémit soudainement alors qu’il la sent se recueillir un peu plus dans le secret de leurs corps enlacés. La même prison, les mêmes chaînes. Me contenter de demeurer à l’orée de ton quotidien sans jamais plus envahir les territoires de l’intime. Il frémit plus encore, incertain de ses choix, trop conscient de ses vices. Les lèvres de Moira se posent, délicates, sur son poignet et il a l’impression quelques secondes seulement que le fer qui l’encercle ne pénètre plus ses chairs pour les navrer. Quelques secondes avant que la douleur ne reparaisse, la morsure de sa résolution est bien pire. Il l’étreint plus encore, de ce réflexe pervers qui contredit les pensées les plus droites pour tordre son univers et le ployer contre elle. Elle répond, pulsation viscérale dans le creux de ses mains, il ne parvient plus à respirer comme il le devrait et les mots vacillent entre eux, incertitudes aux atours solennels. Il sent sa joue contre son front, et sa réponse vouloir alléger toutes les peurs qui n’en sont que plus drues. Tu ne me perdras pas. Il cherche à se persuader, ne parvient qu’à échouer un murmure indistinct au milieu de ses cheveux dénoués. Pourquoi Moira ? Pourquoi… L’envie qui grogne déjà de la contredire, le monstre sait et lèche la pointe effilée de chacun de ses crocs, pour la mordre. La mordre un jour et mieux l’empoisonner. Les souvenirs se voilent, elle appelle les serments d’antan quand il ne lit que les déviances à venir. Il sait le doute, il sait ses interdits. Il connaît toutefois la confiance, tissée durant les mois qui les firent s’apprendre, se lire, se savoir enfin. La confiance est intacte, placée en elle depuis le premier jour, il la lui abandonne.
_ Je sais… Je sais que jamais tu ne me trahiras.

Il se raccroche à la seule certitude qu’il parvient à concevoir dans le trouble de ses pensées engourdies par l’opprobre, la promesse lui rend une once de chaleur qui se glisse sous sa peau, il se laisse bercer à son tour, la ritournelle l’apaise, il cherche à la frôler pour la croire éternelle. La voix de Moira pour seul guide dans le noir alors que ses paupières se sont fermées, il la suit sans renâcler. Tant qu’elle demeure, il ne peut pas dévier. Tant qu’elle repousse ses assiduités, il ne peut pas flancher. Jamais elle ne te forcera. Elle l’a dit. Jamais. Les inquiétudes qui fronçaient ses sourcils s’évadent, il souhaite les oublier quand tout son corps dépérit à s’imaginer la quitter. L’idée d’esquisser un geste pour marquer son départ ne lui a jamais autant pesé. Son esprit tente de peindre ses obligations, palette de cheveux roux sur l’oreiller, le rire d’une enfant dans sa chambrette illuminée par les étoiles réfléchissantes qu’il lui a achetées, les conversations enténébrées par ses attitudes moribondes. Mais rien n’y fait, sous ses paupières closes, l’or de cette coiffure empoignée, et dans sa bouche la saveur de sa peau pour toute balise à ses parcours aliénés. Il ne veut pas partir. Pas maintenant. Pas tout de suite. L’appel de Moira vient rencontrer celui qui hurlait dans son coeur et il embrasse avidement sa peau pour seule réponse. Elle ne te forcera pas, c’est ce qu’elle a dit. Alors encore quelques instants. Quelques instants à ses côtés. Quelques instants pour que la mémoire soit intacte, et que les nuits solitaires s’en habillent pour mieux se départir de l’horreur. Dans le silence, leurs vêtements qui se froissent sous ses pas, il vient de l’enlever du sol, la confronter une fois de plus à lui pour la soulever vers d’autres rivages à leur inconscience. Ses yeux se sont rouverts pour la caresser, et découvrir de nouveau son visage poinçonne douloureusement ses côtes qui se soulèvent d’une respiration délicate. Il la laisse passer ses bras autour de son cou, compte les secondes qui prolongent leur éternité avant de retrouver sans mal le salon et la cheminée qui couve ses braises mourantes. Consumées… Consumées. Il la dépose avec une étrange précaution, la rejoint aussitôt ne souffrant guère la seule seconde qui rend son corps à son individualité glaciale. Il l’accueille de nouveau contre lui, leur nudité d’amants recouverte d’un plaid assez similaire à celui que lui dénicha Holly. Un sourire sibyllin traîne sur les lèvres de James, celui de cette douleur qu’il accueille comme une parfaite inconnue. Il n’a jamais envisagé l’abandon d’une femme avec autant de peine que ce soir, il n’est pas habitué. Sa main se porte jusqu’à la joue de celle qui persiste à le tuer quand elle ne souhaite pourtant que le préserver de ses démons. Quelques mots pour repousser l’affront :
_ Je ne vais nulle part, Moira. Nulle part. Je suis là.
Ses lèvres sur les siennes, il choisit d’y croire. Un baiser tendre dévolu à ces heures envolées au réel qu’il repousse. Ces moments qui n’appartiennent qu’à eux. Ces moments à jamais renvoyés à leurs esprits confondus. Ils sont leurs. Elle n’est qu’à lui. Qu’à lui. Il l’étreint plus encore et si le sommeil le prend, il ne souhaite qu’y glisser pour disparaître. Avec elle.

Dans l’aube muette, il n’a laissé derrière lui que son odeur sur sa peau. Il a volé la sienne sans un mot. Repris son sac, rangé dans la sureté de sa moto son présent. Dans l’aube muette, il l’a regardée. Il l’a regardée une fois de plus. Chaque fois que ses paupières s’abaissent, il se souvient. Dans l’aube muette, sa silhouette abandonnée au sommeil, son odeur sur sa peau, marquée par lui. Dans l’aube muette, l’ultime promesse pour toute compagne. Je ne les forcerai pas, James. Je ne les forcerai pas… Il le sait. Dans l’aube muette, il la croit.

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