AYM ♦ Qui pardonne au crime en devient complice.

Cher journal,
Je ne pensais jamais écrire ça un jour. L’idée d’avoir un journal ne m’avait jamais traversé l’esprit. C’est mes parents qui ont décidé de m’offrir ce carnet pour mon douzième anniversaire. Ce n’était pas sur ma liste de cadeaux, mais pourquoi pas. Même si mes parents pensent que je ne comprends pas, je suis conscient que financièrement ce n’est pas toujours facile pour eux. Il y a eu un monsieur qui est venu à la maison la dernière fois. Il se disait « huissier ». Je ne sais pas exactement ce que ça veut dire, mais je sais que le Monsieur est parti avec notre télévision sinon il faisait couper l’électricité. Je ne l’aime pas. J’espère ne plus jamais le revoir. Jack aussi espère ne plus le revoir. Jack, c’est mon petit frère. Il a une année de moins que moi, mais il semble mieux comprendre ce qui se passe. Bref.
Aujourd’hui, c’était mon anniversaire. C’était sympathique même si ma maman n’a pas pu me faire un gâteau et que mon papa a refusé que j’invite des amis à la maison. Nous avons fêté en famille. C’est-à-dire : Papa, Maman, Jack et moi. On s’est bien amusé. On a joué au Monopoly et j’ai même gagné. Jack m’a beaucoup aidé sans que les parents le voient. C’était drôle.
Journal, tu es mon seul cadeau pour mon anniversaire, mais je suis quand même content. Écrire c’est amusant, mais c’est long. Je ne te promets pas de t’écrire à tous les jours, mais je vais faire de mon mieux.
 

Aujourd’hui, je me suis disputé avec Jack. Je n’aime pas me disputer avec lui, car c'est mon meilleur ami. Mais c’est des choses qui arrivent n’est-ce pas ? Je ne me souviens pas du sujet de notre dispute, mais ça n’a pas plu à mes parents. Ils disent que c’est de ma faute et que je devrais apprendre à me tenir tranquille. C’est toujours de ma faute de toute façon. Jack est le chouchou de la famille. Bref, j’ai préféré passer la soirée dans ma chambre, je n’aime pas les disputes.
 

Je ne comprends pas mes parents. Depuis quelques jours, ils sont toujours en colère contre moi. Ils me demandent d’arrêter de parler et de rester tranquille dans ma chambre. Ce n’est pas juste. Pourquoi moi ? Pourquoi Jack, il a le droit d’aller jouer dans la salle de jeux et pas moi ? Maintenant, je passe toutes mes soirées seul et je n’aime pas ça. Ça me manque de m’amuser avec Jack. Même si on se dispute parfois, on s’aime beaucoup.
Maman est venue me voir ce soir. Elle a beaucoup pleuré et je n’ai pas trop compris pourquoi. Elle m’a serré fort contre elle en me promettant que j’allais aller mieux. Mais pourquoi aurais-je besoin d’aller mieux ? Je ne comprends pas.
 

Aujourd’hui, mes parents ont fait venir un médecin à la maison pour mon cas. Est-ce pour cela qu’ils sont en colère contre moi ? Car je suis malade et que les soins médiaux coûtent chers ? Ma famille n’a jamais eu beaucoup d’argent et ils font attention à toutes les dépenses. Ils détestent les imprévus. Être malade est un imprévu. J’ai essayé de convaincre Maman que j’allais bien et que je n’étais pas malade. Je me sens bien, mais Maman et Papa ne sont pas d’accord avec ça. Le médecin est venu à la maison et il a utilisé des mots bizarres que je n’ai pas compris. Ils ont parlé de Jack aussi. Est-ce que Jack est malade ? Mon frère m’a assuré que non. Qu’il allait très bien.
 

Il s’est passé un truc vraiment étrange aujourd’hui. Alors que Jack et moi, on se préparait pour aller à l’école comme à tous les matins. Papa m’a dit de retourner dans ma chambre que je n’allais pas en cours aujourd’hui. J’ai fait ce qu’il m’a demandé sans chercher plus loin. Mais plus tard dans la journée, il s’est passé quelque chose d’encore plus bizarre. Maman m’a crié dessus qu’elle ne voulait plus m’entendre parler de Jack. Elle n’avait jamais été autant en colère contre moi. Lorsque je lui ai demandé pourquoi je n’avais plus le droit de parler de Jack, elle s’est mise encore plus en colère et elle a quitté ma chambre en claquant la porte.
Jack est rentré plus tard dans la journée. Lorsque je lui ai parlé de cette histoire, il m’a dit qu’il ne comprenait pas et que c’était peut-être seulement une mauvaise période. Je l’espère, car ça commence à m’embêter.
 

Je suis content ! J’ai entendu Papa et Maman parler dans la cuisine. Mamie va passer à la maison demain ! J’aime beaucoup quand ma grand-maman passe à la maison, car elle fait de la bonne nourriture et elle prend soin de moi. C’est la seule qui me préfère à Jack. Je suis son chouchou !
 

Je ne comprends pas… Je n’ai pas pu voir Mamie aujourd’hui. Maman et Papa n’ont pas voulu. Ils m’ont dit d’aller dans le sous-sol et de ne pas y sortir… J’ai essayé d’ouvrir la porte, mais elle était verrouillée. J’ai entendu Maman pleurer à travers la porte… Mamie aussi. Je n’ai pas compris pourquoi. Je n’aime pas quand les gens pleurent moi ! Et je n’aime encore moins ne pas comprendre pourquoi.

Depuis des jours, il y a beaucoup de gens qui passent à la maison. Des oncles, des tantes, mes cousins, des amis, mais je ne peux pas les voir. J’aimerais savoir pourquoi, mais mes parents ne veulent rien me dire. D’ailleurs, je suis toujours dans le sous-sol. Heureusement que la salle de jeux s’y trouve.
Maman m’apporte mes repas préférés le soir, mais je n’ai plus le droit de manger avec eux. Je dois rester en bas. En tout temps. Je ne vais même plus dormir dans ma chambre. Mon lit me manque ainsi que ma veilleuse. Je n’aime pas dormir dans le noir, mais il n’y a pas de lampe dans le sous-sol.
Parfois, Jack vient me voir. Ça me fait plaisir de passer du temps avec lui, mais ça ne dure  jamais longtemps. D’ailleurs, je ne comprends pas comment il fait pour venir dans le sous-sol à sa guise. Moi, je n’arrive pas à ouvrir la porte.

Aujourd’hui, j’ai eu le courage de demander à Jack ce qui se passe et pourquoi je suis enfermé ici. Il a hésité longtemps à me le dire, mais il a fini par me confier que les parents n’avaient pas les moyens de me faire soigner. Ils préfèrent m’enfermer ici afin que je me soigne par moi-même sans risquer de faire du mal autour de moi. Quand j’ai demandé de quoi exactement je devais me soigner, Jack n’a pas su me répondre. Il m’a seulement dit que mes parents avaient annoncé à tout le monde que j’étais mort et que je devrais passer tout mon temps ici. Ça m’a rendu très triste d’apprendre cela. Surtout que lorsque j’en ai parlé à maman, elle n’a pas démenti. Elle a seulement dit qu’elle faisait ça pour mon bien et pour celui des gens autour de moi.

Le temps est vraiment long dans le sous-sol. Par chance qu’il y a Jack qui vient me voir, car Papa et Maman viennent de moins en moins souvent. Parfois, je peux passer plus d’une journée sans manger. J’ai très, très faim. Ça me fait mal au ventre. Jack aimerait pouvoir m’aider, mais il ne veut pas se mettre les parents à dos. Je peux comprendre.
Aujourd’hui, c’est Noël. Je n’entends aucun bruit dans la maison. Maman, Papa et Jack ont dû aller chez Mamie rejoindre toute la famille pour le réveillon. Je suis jaloux ! J’aime jouer avec mes cousins, chanter avec mon Grand-papa et ouvrir mes cadeaux. C’est vraiment nul d’être mort !

Cher Journal,
Ça fait extrêmement longtemps que je ne t’ai pas écrit. J’en avais même oublié ton existence depuis toutes ces années. Oh, je te rassure tout de suite, tu n’as rien raté. Il ne s’est rien passé dans ma vie depuis la dernière fois que je t’ai écrit. Je suis toujours seul dans ce sous-sol à me faire passer pour mort aux yeux de tous. Je ne suis pas sorti d’ici depuis 4 ans. Je n’ai même pas vu la lumière soleil depuis. Mes parents ont trouvé judicieux de bloquer toutes les fenêtres pour que personne ne me voie. Même si au début, je comprenais leur décision, aujourd’hui, j’ai beaucoup plus de difficulté à l’accepter. Jack m’a dit que Papa avait trouvé un nouveau travail et qu’il gagnait beaucoup plus d’argent qu’avant. Pourquoi ne pas profiter de cet argent pour me faire soigner plutôt que de continuer de m’enfermer aussi et de me nourrir aux pâtes et à l’eau ? Je n’en peux plus. En plus, je ne sais toujours pas de quoi je dois me soigner !! Je n’arrête pas de demander et c’est à peine si on m’adresse la parole. Jack, lui, affirme que je ne suis pas malade et que les parents ont seulement perdu la tête. Ils sont complètement barges alors ! Je veux sortir d’ici !!  

J’ai complètement perdu la notion du temps… Hier, c’était mon seizième anniversaire. Tout le monde semble l’avoir oublié. Même Jack ne me l’a pas souhaité. Bref. Ce n’était pas comme si c’était important après tout. Je ne suis plus personne.

2 ans ! Il me reste deux ans ! Mes parents viennent de m’offrir le meilleur cadeau d’anniversaire possible. Dans deux ans, ils me laissent sortir d’ici, car je vais avoir atteint ma majorité et que je ne serai plus à leur charge. Encore 2 ans et je vais retrouver ma vie. J’ai tellement hâte de quitter cette prison. Certes, ça m’effraie un petit peu, car je vais me retrouver complètement seul, mais je vais réussir à me débrouiller. Enfin, j’espère. Ça ne doit pas être bien compliqué n’est-ce pas ?

Demain le grand jour. Je l’ai tellement attendu et pourtant, j’ai tellement peur. Je peux presque dire que le monde extérieur m’est complètement inconnu. Où vais-je dormir ? Mes parents ne voudront pas que je quitte la maison le jour et que je revienne la nuit. J’ai bien compris qu’ils voulaient que je quitte leur vie. Ils ne veulent plus avoir affaire à moi. Comme si j’étais le pire fardeau du monde. Pourtant, je n’ai jamais eu l’impression d’être un cas à problèmes. Je suis assez tranquille, j’avais des bonnes notes à l’école, je mangeais correctement… Est-ce parce que je me prenais la tête avec Jack ? Pourtant, il n’est pas rare de se disputer entre frères. Est-ce que ça fait de moi un fardeau ?

Ça fait 8 jours que la porte est ouverte. 8 jours que je peux sortir et que je n’ose pas le faire. Plusieurs fois, j’ai monté les escaliers, mais j’ai complètement figé lorsqu’il est venu le temps de traverser la porte. J’ai rêvé de ce moment pendant des années et maintenant que le moment est venu, je n’ose pas. Jack essaye de me pousser, mais il n’arrive pas à me convaincre. Maman aussi essaye de me convaincre que ça va aller, mais je vois dans ses yeux qu’elle est rassurée que je reste. Elle aime me savoir près d’elle même si elle a préféré faire croire à tout le monde que j’étais mort. Je ne la comprends pas.

Cher Journal,
Je t’écris aujourd’hui d’un parc. C’est… magnifique… L’extérieur est tellement beau, ça m’avait manqué. Lorsque je suis sortie, le soleil m’a vraiment fait mal aux yeux, mais je me suis rapidement habitué. J’ai marché pendant des heures jusqu’à trouver ce petit parc. Il y a des familles partout, des chiens, des enfants. C’est agréable. Le soleil chauffe ma peau, je me sens bien. Je ne me suis pas senti aussi bien depuis tellement longtemps. Maman m’avait préparé un sac de voyage avec des vêtements propres ainsi qu’une certaine somme d’argent qu’elle avait mis de côté pour moi. Malgré tout, je ne peux rien lui reprocher. Même si elle m’a fait passer pour mort, elle a profité de ces années pour mettre de l’argent de côté pour moi. Du coup, je soupçonne mon Père d’être celui qui a eu la « brillante » idée de m’enfermer. Je lui en veux lui, mais je pense pouvoir pardonner à ma Maman.

La vraie vie n’est pas facile. J’ai essayé de me trouver un appartement, mais personne ne veut m’accepter, car je n’ai pas de travail. Du coup, j’essaye de me trouver un travail, mais personne ne veut de moi, car je n’ai pas d’expérience. Je ne sais pas comment je vais faire. Pour le moment, je vis dans un petit motel miteux, mais l’argent mis de côté par ma mère disparaît à vue d’œil. Je vais bien trouver une solution, j’ai encore quelques semaines pour voir à tout ça…

Une gentille dame a accepté de me donner ma chance dans un petit restaurant. Elle a bien vu que j’étais sérieux et que j’avais besoin d’un travail. Je suis très content. J’ai hâte de commencer. Je vais être dans la cuisine. Je n’ai jamais cuisiné de ma vie, mais elle m’a promis de tout m’apprendre. Je lui fais confiance, elle m’a fait une très bonne impression cette dame.
Jack est venu me rendre visite aujourd’hui, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu, ça m’a fait plaisir. D’ailleurs, j’ai oublié de lui demander comment il avait fait pour me retrouver. Je vais lui demander la prochaine fois. Il semblait aller très bien, je suis vraiment content pour lui.

Ouf ouf ouf… Je peux souffler enfin. Première journée de travail aujourd’hui. Ce ne fut pas facile, mais j’ai adoré ! J’ai appris plein de choses, j’ai été occupé toute la journée, mais je me suis senti vraiment utile. De plus, j’adore vraiment faire à manger. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, mais je ne suis pas déçu. Certes, j’ai encore beaucoup à apprendre, mais je ne demande que ça.

Bonjour Journal !
Ça fait longtemps n’est-ce pas ? Je m’excuse, j’étais très occupé, mais tout va pour le mieux pour moi. Je travaille toujours au restaurant de la gentille dame. Je travaille énormément, mais ça me permet de gagner suffisamment de sous. J’ai pu louer mon premier studio. Ce n’est pas très grand, mais c’est mieux que la chambre de motel. J’ai enfin mon chez moi !!
Aujourd’hui, j’ai fait une nouvelle rencontre au restaurant. C’est une cliente qui vient depuis plusieurs jours, mais j’ai enfin où le courage de l’aborder. Elle s’appelle Lydia. Elle est très jolie et elle est très gentille. Je l’ai invité à aller marcher ensemble dans la soirée ! Elle a accepté. Elle est nouvelle en Grèce et elle a bien envie de découvrir la place. Ça va me permettre à moi aussi de découvrir mon pays.

J’ai présenté Lydia à Jack ! Il l’aime bien, je suis content. Lyly est une fille vraiment gentille, nous nous sommes beaucoup rapprochés dans les dernières semaines. Je suis content qu’elle soit mon amie. C’est ma première amie depuis ma sortie, c’est agréable d’avoir quelqu’un avec qui parler. Elle m’a présenté son copain, il s’appelle Rodrigo. Il est espagnol et il vit en Grèce depuis plusieurs années. Il est très gentil lui aussi. Nous avons joué tous les quatre au Monopoly ce soir. Ça m’a rappelé les soirées avec mes parents, c’était cool ! Je suis heureux. J’ai enfin l’impression d’avoir une vie normale.

Cher Journal,
Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti le besoin de t’écrire. Tout allait pour le mieux dans ma vie. Mais hier, je ne sais pas ce qui s’est passé…Lydia et Jack se sont disputés. C’était la première fois qu’ils se disputaient aussi forts. Rodrigo a dû intervenir et ça s’est terminé aux poings. Jack a fait très mal à Rodrigo, Lyly a pleuré toute la nuit… Et depuis, plus personne ne se parle. Je n’aime pas cette situation. J’essaye d’apaiser les choses, mais ça ne fonctionne pas. Personne ne m’écoute. On verra demain, mais j’avais besoin d’en parler à quelqu’un qui m’écoute. J’ai tout de suite pensé à toi. J’espère vraiment que cette dispute ne sera pas la fin de notre amitié. Nous sommes amis depuis près de 10 ans. Ils sont mes seuls amis, je ne veux pas avoir à choisir entre mon frère et mes meilleurs amis.

La situation ne s’améliore pas. Rodrigo et Jack ne se parlent plus, lorsqu’ils le font c’est pour se hurler dessus. Ça me donne mal à la tête tout cela. Je veux que ça arrête et que tout redevienne comme avant. Ils ont saccagés mon studio avec leurs bêtises. Ils se disputent même dans la rue devant tout le monde, ça devient insupportable. Des vrais gamins.

Aujourd’hui, Rodrigo est parti. Il a pris ses affaires et il est partie. Lydia est partie avec lui. Je suis  tellement triste. Ils m’ont dit qu’ils allaient revenir, mais que pour le moment, ils avaient besoin de quelques jours loin de Jack. Je peux comprendre, mais ça me fait trop étrange. Depuis 10 ans, je ne passe pas une journée sans eux. Demain, ça va faire vide dans l’appartement.

Oh merde, oh merde, oh merde ! Jack a complètement perdu la tête aujourd’hui ! Il était tellement énervé contre Rodrigo qu’il a fait une grosse connerie. Je ne sais pas comment il va faire pour s’en sortir. Je te jure Journal que j’ai essayé de l’empêcher. Je lui hurlais d’arrêter, de se calmer, mais il ne m’écoutait pas. Il avait besoin de se défouler et il s’est attaqué à cette pauvre famille qui n’avait rien demandé. Jack s’est introduit dans leur maison… Au début, je ne voulais pas y aller, mais quand j’ai entendu le premier cri, j’ai couru à l’intérieur. Il y avait Jack avec un couteau de cuisine plein de sang. Ce con a sauté sur le père de famille et ne lui a laissé aucune chance. J’ai paniqué. J’ai essayé de l’arrêter, mais rien à faire. Il l’a tué !!! Il a commis un meurtre, car il était en colère contre Rodrigo ! C’est horrible… Il y avait tellement de sang. Tout le monde hurlait et ça a encore plus énervé Jack d’entendre les gens crier comme cela… Ça m’a donné mal à la tête… Tellement mal à la tête que j’avais de la difficulté à rester debout. J’avais des étranges vertiges. Je n’ai pas pu l’arrêter… Tout est de ma faute. La scène était tellement horrible que j’ai perdu le contrôle de moi… Je crois même que je me suis évanoui, car je n’ai pas vu Jack s’attaquer à la mère et au fils… Je m’en veux tellement si tu savais… Ses pauvres gens n’avaient rien demandé. Je ne comprends pas pourquoi Jack a fait ça. C’est horrible ! C’est un monstre ! Je suis tellement triste…

Je n’ai pas réussi à dormir de la nuit. Je revois sans arrêt les images des meurtres… Je ne comprends pas comment Jack fait pour dormir comme un bébé dans le salon après tout ce qu’il a fait. Il a du sang sur les mains, mais il s’en fout… C’est comme si le fait de tuer cette famille l’avait calmé. Il n’est plus en colère contre Rodrigo, il l’a même invité à la maison demain pour qu’ils puissent discuter de tout cela. D’un côté, je suis content que ça aille mieux entre eux, mais de l’autre, je ne sais pas quoi penser de ce qui s’est passé…

C’est la meilleure ! Jack veut me faire porter le chapeau pour les meurtres qu’IL a commis ! Je rêve ! Comment peut-il me faire cela après tout ce que j’ai fait pour lui ? … Mais il dit que c’est lui le petit frère et que c’est mon devoir de le protéger. Je ne veux pas aller en prison moi ! Je ne veux pas que Jack aille en prison non plus… Merde ! Comment on va se sortir de se merdier ?

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Salut Journal…
Je n’ai pas pu t’écrire avant… On refusait de me donner un crayon où je suis… Mais aujourd’hui, une gentille infirmière a accepté de me prêter un crayon de plomb à la seule condition qu’elle reste près de moi pour me surveiller. J’en profite donc pour t’écrire…
Je ne sais pas par où commencer… Il s’est passé beaucoup de choses en quelques mois. J’ai appris des choses sur moi et sur Jack… Mais surtout, j’ai enfin appris de quoi je souffrais. Schizophrénie. Ce mot me donne des frissons… Je suis en train d’apprendre à distinguer le vrai du faux… Je crois que la médication aide beaucoup. Je vois Jack de moins en moins. Quand je le vois, j’arrive à le faire partir. Il a toujours été dans ma tête. C’est ce que les médecins m’ont appris. C’est difficile à avaler. J’ai partagé ma vie complète avec Jack pour apprendre qu’il venait de mon imagination… De ma maladie. Ça explique tellement de choses… Comment j’ai pu me faire avoir comme cela ?
J’ai également compris d’autres choses, mais je me retiens d’en parler aux médecins et à ma psychiatre. Il n’y a pas seulement Jack… Parfois dans ma chambre fermée à clé, Lydia et Rodrigo viennent me voir. Mais je refuse de leur parler. Ils n’ont pas le droit d’être là, ils n’ont jamais été là. J’ai toujours été seul… C’est dans ma tête et uniquement dans ma tête.
Même si je n’ai pratiquement aucun souvenir… Je suis responsable des trois horribles crimes que je croyais commis par Jack. Cette nuit-là, il n’y avait que moi… Et c’est pour ça que je suis enfermée aujourd’hui et pour les prochaines années. Ça peut aller jusqu’à 4 ans… Je n’aime pas être enfermé, ça me rappelle mon enfance, mais au moins, ici, on prend soin de moi. Les infirmières sont gentilles, les médecins conciliants et surtout, j’aime beaucoup ma psychiatre. Rosemary. Ce nom sonne si doux à mes oreilles. Je me le répète sans arrêt quand je ne vais pas bien. Même quand elle n’est pas là, elle m’aide à aller mieux… Même si au fond, j’aimerais aller mal pour toujours pour qu’elle s’occupe de moi. Je ne me suis jamais senti autant compris et écouté qu’aux côtés de Rosemary. Elle est tout simplement parfaite. Elle est mon ange-gardien. J’aimerais avoir le courage de lui dire tout cela, mais je n’ose pas… Je ne veux pas lui faire peur.