(✰) message posté Lun 23 Juin 2014 - 9:55 par Invité
Axel Dashwood Louise A. Deschenes
" Not being heard is no reason for silence"
Je crois qu'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours détesté les chanteurs, que ce soit d'opéra, lyriques, ou bien de soul. N'importe qui qui savait utiliser ses cordes vocales pour autre chose que commander un MacDo. Et je crois qu'aujourd'hui, je les déteste encore plus. Dans le fond, je sais bien que ce n'est que de la jalousie, parce qu'en vérité, je les admire. Que ferais-je aujourd'hui, pour être à leur place. Certains pensent que mon état de mutisme est un choix, que si j'ouvrais la bouche et décidais de parler, j'y arriverai. Mais allez vous faire mettre. Qui peut croire que c'est amusant d'être dans un silence constant? Il faut bien ne pas réfléchir, pour croire que la vie est facile sans dire un mot. Je ne me plains pas non plus, je crois que la surdité, ou être aveugle aurait été pire, car aujourd'hui j'arrive à me débrouiller, et certaines choses n'ont pas besoin de parole pour être exprimées.
Faute de ne pouvoir parler, je vais donc assez souvent écouter les autres le faire. Enfin, chanter, plus précisément. J'arrivai au Prince Edward Theatre sans faire la queue, étant danseuse dans le ballet du théâtre, j'avais droit à quelques privilèges. Ce soir, c'était une comédie musicale qui se jouait, qui faisait actuellement le tour du monde : Les misérables. En tant que bonne française, je ne pouvais rater cette adaptation d'un des plus grands auteurs de mon tendre pays, ce cher Victor Hugo. Je ne sais d'ailleurs toujours pas ce qui me plaît dans cette histoire, peut être simplement le titre. Peut être que moi aussi, dans le fond, j'avais une part de Cosette ou de Jean Valjean. Sans doute que chacun de nous est un peu un misérable, au fond de lui.
Ainsi, à l'heure d'ouverture, quand sonna l'heure de gloire pour les comédiens qui attendaient sans doute impatients dans les coulisses, je montais les marches de l'escalier central. Le bonheur d'être une des chouchouttes du corps de ballet était que l'on me plaçait toujours au premier balcon, face scène. En soit, la meilleure place qu'il était possible d'avoir. La scène est entièrement visible, pas comme quand on se retrouve à l'extrême côté jardin au troisième balcon, et qu'on a plus l'occasion d'admirer le plafond -toujours très beaux- plus que la représentation elle même. Un truc d'aristo, encore, auquel j'avais déjà le droit en France grâce au doux argent de mon père. Ma foi, pourquoi m'en plaindre. Je m'installai donc confortablement, et commençai à apprécier. Je dis bien ''commençait''. Car, au bout d'une petite demi-heure, il y eut un certain vacarme derrière moi -j'entends par là quelques ronchonnements de petit vieux, mais, dans un théâtre, ça fait toujours un boucan monstre- qui s'approchait bien vite de moi.
Invité
Invité
(✰) message posté Mar 24 Juin 2014 - 20:04 par Invité
Un long soupire s'échappe de mes lèvres. Je manque de jurer. Non, je n'irais pas à l'opéra. C'est inutile d'insister, mère. Mon ton froid laisse supposer que rien ne me fera changer d'avis. Ni son influence, ni ses arguments, ni son statut suprême de mère. Y'a que mon joint au bout de mes lèvres qui me délecte. Y'a que ça qui m'fais vivre.
Depuis des mois je ne suis plus que l'ombre d'Axel Dashwood. Le fameux Axel, l'enfant sauvage, le petit bourgeois arrogant. Ma vie se résume à : baise, alcool, pétard, cocaïne, fête, et sommeil. C'est la faute à Paris. Et à mes conneries. Ma capitale idyllique qui cache plus des secrets qu'on pourrait le croire. On pourrait m'croire brisé, mais c'est pas le cas. J'suis trop fort pour qu'une simple ville me brise, que de simples personnes m'atteigne, j'suis juste en pause. J'attends le moment propice pour attaquer. Mais y'a personne qui mérite que j'me réveille. Ni mon père et sa folle idée de me donner l'entreprise. Ni ma mère et sa folle idée de me marier à une bourgeoise. Ni ma soeur que j'arrive même pas à reconnaître. Mes quatre ans d'absence nous ont visiblement tous changés. Moi, le premier. Alors, pourquoi je vais faire l'effort de venir à cette soirée qui va m'endormir ?
Après milles menaces et supplices, je fini par céder. Parce que j'ai promis d'honorer ma famille et qu'il est grand temps de faire mon grand retour officiel. Et j'veux marquer les putains esprits de ses coincer de bourgeois.
Je fini par me lever de mon lit, visiblement peu motivé. Je prends la douche la plus longue de ma vie. P'tain, que j'ai pas envie. J'fini par enfiler un costume fait sur mesure et mes Doucal's . Je passe une main lasse dans mes cheveux qui m'arrive à la nuque avant de les plaquer à l'arrière. J'crois qu'aucune mauvaise langue ne pourra dire que j'me suis négligé. Je prends mes clés, et je file vers l'opéra.
Je déteste l'opéra. C'est la punition ultime. J'suis pas masochiste à ce point pour supporter pendant deux heures des danseuses fatiguées de la vie qui font des pirouettes. C'est gracieux à ce qu'il paraît, ouais, mais j'vois pas où elle est la grâce. Pourtant j'y suis. Je prends place à côté des mes parents. J'embrasse la joue de ma mère, puis celle de ma soeur avant de donner une poignet de main à mon père. Le spectacle commence, je baille déjà. J'aperçois le regard désapprobateur de ma mère, puis le coup de coude dans mes côtes de ma soeur avant de voir un sourire amusé sur ses lèvres qu'elle tente de cacher.
Deux minutes de plus et je me casse. C'est ce que je me dis depuis quinze minutes, sauf que j'suis trop lâche pour défier mes parents en ce moment qui me menace de me couper les vivres. Soudain, j'aperçois une jeune femme que je connais. Tiens, tiens… l'inconnue. Un sourire narquois se dessine sur mes lèvres, et sans aucun honte je me déplace jusqu'à elle en faisant le bordel. J'entends des personnes qui ronchonnent, mais je m'en fous, car j'suis Axel Dashwood et que j'emmerde tout le monde. Sans avoir demander la permission, je me mets à ses côtés. Je lui adresse un vague regard. Salut, beauté. Puis je reporte mon attention sur la scène. J'espère que ça l'emmerde que je m'incruste, car je compte bien me venger.