Que ne ferait-on pas pour le parfum des fleurs ?

Après une journée de shooting photo intensive, alors que je pensais pouvoir rentrer tranquillement chez moi, voilà qu'en zyeutant mon agenda, je m'aperçois qu'une soirée de gala au profit de l'écologie m'attends. Je soupire, d'habitude je raffole de ce genre de soirée, des habits de luxes, un buffet divin, des serveurs mignons à draguer toute la soirée et s'amuser à jouer des mécaniques et jouer les mannequin écervelé. Mais avec la journée que je viens d'avoir, le cœur n'y est pas vraiment.

Du coup, en rentrant chez moi, je passe sous la douche, puis en sortant, un coup de rasoir, un bon coup de peigne et de laque, et arrive le moment de choisir la tenue. Je vais dans ma chambre où Pepito mon chat se prélasse. Si je l'y laisse il va me mettre des poils partout. Du coup je le prends, lui fait un petit bisou, il ronronne et je le pose sur la chaise, là il paraît tout de suite moins ravi, mais je n'ai pas le temps. J'ouvre mon armoire et sort divers costumes les un après les autres. Au final, j'opte pour une chemise blanche et pantalon noir classique, avec un nœud papillon et un blazer pourpre, finalement ça me plait bien.

Je file à la soirée, donne ma voiture au voiturier et entre. Une coupe de champagne à la volée, les gens parlent dans tous les coins, des costards et des robes haute couture. J'observe tout ce beau monde, et finalement la fatigue s'en va. Reste savoir ce que je vais faire ici, après quelques photos, offrir un petit chèque à l'association, qu'est ce qui me reste à faire? Envie de parler oui, mais pas avec n'importe qui. Je reconnais plusieurs visages mais aucun ne me semble assez amical. Alors je voix un homme, des yeux azures, un air élégant et raffiné, je ne l'ai jamais vu et je compte bien rattraper ça. Je m'approche doucement.

-Bonsoir, vous passez une bonne soirée? C'est fou que pour une soirée pour sauver la planète il y ai autant de lumières allumées...

Je ne suis pas le meilleur pour les phrases d'accroche et je sais que mon humour laisse à désiré, manquerait plus que ça soit l'organisateur et j'aurais mis les pieds dans le plat...

Je jaugeais mon interlocuteur, il avait un charisme et un charme indéniable, une prestance envoûtante et beaucoup d'élégance. Je ne pouvais que me laisser happer par cet être luxueux et qui pourtant semblait d'une simplicité forte. Je souris en entendant sa réponse, heureusement qu'il ne semblait pas être un de ces anciens aristocrates écologistes du dimanche qui auraient été outrés de ma remarque. Puis il se présente à moi, Harry Williams, je trouve que ça colle plutôt bien avec le personnage aux airs British. Je luis attrape la main et la serre en me présentant à mon tour, "Alessandro Mayer, enchanté". J'ai toujours eu du mal avec ce genre de phrase toute faite, même si je les maîtrise très bien et les manie avec rigueur. J'aime la spontanéité de la rencontre, lorsqu'on se trouve face à un inconnu dantesque que représente l'individu. Je siffle une gorgée de champagne, sans quitter des yeux mon interlocuteur qui me demande si je suis coutumier de ce genre de soirée. Quelle carte jouer, le petit bourgeois moderne philanthropique ou le mannequin international de luxe? Je m'hasarde à une réponse "Et bien quand on est mannequin, il est courant de vendre son image donc autant le faire pour la bonne cause dans des soirées comme celle-ci." Je suppose que ma réponse est assez clair, bien que plus subtile qu'un simple oui. Puis je le questionne à mon tour. "Et et vous? Coutumier aux strass, paillettes et champagne des soirées mondaines?". Je continue de lui sourire, en même temps avec mon métier, le sourire est devenu comme une seconde peau, je suis même convaincu que je pourrais afficher le plus sincère des sourires de façade à un enterrement et cela passerait. Je m'avance en direction des parcs, il fait nuit, il fait plutôt froid, mais l'atmosphère intérieur me pèse et j'aimerai discuter avec ce gentleman loin des regards indiscrets, dans l'espoir de laisser ces simagrées sociales et découvrir vraiment ce bel inconnu qu'est Harry Williams. "Cela vous dérange-t-il si nous marchions dans le parc? Je crains que la chaleur et le champagne ne me fasse tourner la tête." Certes on trouve mieux comme excuses, mais c'est tout ce qui me venait et comme j'étais d'humeur joueuse, je compléta "Et je compte bien me trouver une autre cause à ce manège crânien." Puis termina par un clin d’œil. Était-il seulement intéressé par les hommes ou par moi, je l'ignorais, mais ma réputation n'étant plus à faire, je ne risquais pas grand chose si ce n'est que le rejet et n'est-ce pas le propre de toute rencontre?