what do we do with a drunken sailor

« L’officier Jones-Collins ? Bien sûr que je le connais, il a travaillé par deux fois sur mon porte-avion au début de sa carrière ; un chic type d’après mes souvenirs. Il m’avait fait bonne impression dès le début, avec son CV sans faute et son enthousiasme évident pour son boulot. Un jeune gars baraqué, qui en avait aussi dans le ciboulot, avec une féroce envie d’apprendre le métier et gravir les échelons à son rythme. C’est pas tous les jours qu’on en croise des comme lui. Il a commencé au bas de l’échelle, comme tout le monde, à faire la maintenance en salle des machines, et au bout de deux ans avec nous il a commencé à gagner du galon. Il aimait ça, être en mer, ça se voyait, même si évidemment sa famille et sa petite amie de l’époque lui manquaient pendant les six mois loin des côtes. Ca fait un moment que je ne l’ai pas vu, mais j’ai entendu dire qu’il avait été promu officier il y a quelques mois. » Commandant Baker, du HMS Queen Mary.

« Rory est mon fils. Et bien évidemment, je suis très fière de l’adulte qu’il est devenu, même s’il m’est difficile d’oublier le petit garçon facétieux qu’il a été un jour ! Ah, il était intenable lorsqu’il était tout petit, je m’en souviens encore. C’est l’arrivée sa sœur Jamie dans la famille qui l’a fait mûrir un peu – il était déjà jeune ado, depuis ses onze ans, à l’époque, mais tout de même ! Rory a toujours été très famille, très affectueux avec ses proches, presque un peu étouffant parfois, même si ça s’est arrangé avec l’âge. Je crois surtout qu’il se sentait très seul avant que l’on adopte Jamie. Lorsqu’il a été enfin décidé qu’elle resterait dans notre famille, fiou, quelle fête ça a été ! Il a tout de suite pris son rôle de grand frère très à cœur, même ses résultats scolaires se sont améliorés à partir du moment où il a décidé de donner l’exemple à sa cadette. Il n’a jamais été du genre à cacher ses émotions, en particulier son affection pour les autres. Dieu sait que notre petite Jamie en avait besoin, après une enfance aussi difficile et traumatisante que la sienne. Je crois qu’avoir Jamie dans sa vie l’a réellement poussé à devenir cet adulte responsable et chaleureux qu’il est aujourd’hui. Elle lui a donné sans le savoir cette droiture à laquelle il se tient quoiqu’il arrive. C’est un garçon très intelligent, il a brillamment réussi ses études d’ingénieur, qu’il a effectuées à Londres pour rester près de nous. » Mrs Jones-Collins, mère de Rory.


« Je suis un vieux pote de fac de Rory, on se croise encore régulièrement, puisque moi je suis dans l’armée de terre. Il était très investi dans ses études, mais n’allez pas croire que c’était un rat de bibliothèque qui passait sa journée dans ses bouquins ! Le p’tit rigolo, il a toujours eu des facilités intellectuelles, alors il en profité, pensez-vous. C’était un fêtard, qui profitait bien de la nuit londonienne tout en ramenant des notes reluisantes à ses parents. Et avec sa gueule de petit garçon sage, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, ça passait crème ! Je crois qu’il profitait de ce que ses parents et sa petite sœur ne le voyaient plus 24/24h pour se lâcher un peu, que ce soit avec l’alcool ou les filles, d’ailleurs. Bah, il fallait bien que jeunesse se passe, et j’ai pas fait mieux ! On s’est tous les deux calmés avec l’entrée dans l’âge adulte – moi j’suis marié avec des enfants, lui n’a pas encore eu cette chance, mais je ne doute pas que ça finira par arriver un jour… peut-être. S’il se décide à chercher un peu sérieusement au lieu de se trouver le travail comme excuse ! » Capitaine James Adams, ami.


« Mon fils a toujours aimé les bateaux. C’était déjà sa grande obsession quand il était môme, toujours à regarder des documentaires sur la mer, à collectionner les maquettes… Il a pris son premier cours de voile à douze ans, et il n’a plus décroché depuis ! Je pensais qu’il deviendrait capitaine de navire, mais en grandissant il a commencé à s’intéresser aux sciences, et le métier d’ingénieur lui a semblé plus sérieux que navigateur en solitaire… Donc il a trouvé un moyen de réconcilier les deux. Je ne pense pas qu’il regrette son choix, il adore son métier, mais c’est vrai que j’imagine assez facilement à quoi ressemblerait sa crise de la cinquantaine s’il en faisait une. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’âge de la retraite, il ira vivre près de la mer avec son bateau, ou carrément sur une péniche pour en profiter autant qu’il peut ! » Mr Jones-Collins, père de Rory.
« Rory est mon ex. Et je sais ce que vous allez me dire. En apparence, il a tout du gendre parfait : un beau métier, un garçon adorable, gentil, drôle, calme… Mais sortir avec lui, c’est vraiment pas une sinécure. Pas que ce soit un mauvais gars, remarquez. Je l’ai rencontré lors de la formation de nos chiens pour devenir chiens de thérapie, on a commencé à se fréquenter au bout de quelques jours, à sortir ensemble au bout de deux mois… Mais Rory a la hantise de l’engagement. Ce n’est pas un tombeur, ni un collectionneur, c’est un petit ami formidable, mais… En un an de relation, il ne m’a jamais présentée à sa famille, même pas à ses amis, pas officiellement du moins. Et puis, ne pas le voir pendant trois, quatre mois parce qu’il est en mer, sans recevoir beaucoup de nouvelles alors qu’on pouvait très bien utiliser Skype, il fallait toujours que ce soit moi qui initie le contact. Et je sais de source sûre que je ne suis pas la seule dans cette situation. Je ne suis pas particulièrement insistante, mais au bout d’un moment, il faut se comporter en adulte, et ça, clairement, il en est incapable. Il est sérieux, je sais qu’il m’aimait sincèrement, mais quand on a la trentaine passée, il faut commencer à envisager de passer certaines étapes. Ce qu’il ne fait pas. » Une ex de Rory.