and yet, you kept going. (safc).

For what it’s worth, it’s never too late to be whoever you want to be. I hope you live a life you’re proud of, and if you find that you’re not, I hope you have the strength to start over. ✻✻✻ « Oui je te regarde ! » Mia monte sur le toboggan avec fierté, comme si c'était la première fois qu'elle allait en faire, ce qui n'est absolument pas le cas. Elle ne cesse de regarder sa maman et de la saluer, de peur qu'elle loupe son passage. Cela ne risque pourtant pas, Sloan est bien trop fière de sa fille pour ne pas la regarder. Elle la regarde, tout en se demandant ce que fait Jude en ce moment, avec leur fils, Jackson. Elles ont laissé les deux garçons ensemble, pour s’octroyer un après-midi entre filles, pour le plus grand bonheur de Mia, qui a encore du mal à partager ses parents avec son petit frère. Un dernier "coucou" et voilà que Mia descend le toboggan tout en rigolant. Sloan ne peut s'empêcher de rigoler aussi, en voyant sa fille si enthousiaste. ✻✻✻ Encore un souvenir, qui revient. Encore une fois, je suis prise au dépourvue, dépassée par les événements. Ces derniers mois, c’est une sensation qui ne me quitte pas. Je suis totalement perdue et désemparée, face à ma propre vie. Du moins ce qu’il en reste. Je ne sais plus ce qui est vrai, ou faux. Ce que j’ai fait ou non. Malgré les photos, vidéos et autres témoignages, je ne parviens pas à réaliser que c’est bien moi qui suis en train de faire les différentes choses. Je ne me souviens même pas de mon propre fils, ce qui en dit long. Il m’arrive parfois d’avoir des souvenirs qui reviennent d’un coup, comme maintenant, me laissant le souffle coupé. Je revois la scène, mais je ne me souviens de rien d’autres. Quand est-ce que c’était ? Où ? Je ne sais pas, et je doute que ma fille s’en souvienne. Non, dans cette histoire je suis seule. Personne ne peut réellement m’aider. Bien sûr, ils essaient tous. Ils sont tous remplis de bonnes intentions et ne veulent que m’aider à retrouver la mémoire, mais à force c’est juste épuisant et usant. Les médecins nous l’on pourtant dit, cela ne reviendra pas par magie. Avec le temps sûrement, mais rien n’est sûr. Certaines personnes ne retrouvent jamais la mémoire, pour d’autres c’est l’affaire de quelques mois. Tous les cas sont différents, et en attendant j’ai encore  un trou de quatre ans. Parfois certains blancs se remplissent, mais ce ne sont que des brides. Quelques souvenirs non précis, qui ne font que rajouter à ma peine. Je préférais encore ne plus me souvenir de rien, que d’avoir quelques fragments.

✻✻✻ « Donc tu passes les récupérer demain soir, c’est bien ça ? » Un hochement de tête pour confirmer, un dernier bisou aux enfants et me voilà toute seule avec eux. C’est étrange de ne pas reconnaître ses propres enfants. Je commence tout juste à retenir ce qu’ils aiment ou non, le nom de leurs amis et toutes ses choses que je devrais connaître par cœur. C’est bien là le souci, je devrais, mais je ne peux pas. Ma foutue mémoire ne veut pas me revenir, et je ne connais pas mes propres enfants. Je commence, malheureusement, à me faire une raison. La seule chose que je peux faire, c’est les connaître maintenant et tenter de faire de mon mieux. J’ai pourtant l’impression que ce n’est jamais assez, surtout avec eux. J’ai aussi l’impression que Jude m’en veut, comme si c’était de ma faute. Le pire, c’est que dans les derniers souvenirs que j’ai, nous étions heureux. Heureux et amoureux. Aujourd’hui, il me regarde d’une façon que je ne connais pas. Je ne devrais pas lui en vouloir, pas après ce qu’il m’a raconté, ce que l’on m’a raconté, mais je n’arrive pas à y croire. Je n’ai pas pu le tromper, ce n’est pas moi. D‘autant plus avec Danny. Je veux bien reconnaître que ce soit une belle femme, très attirante, mais de là à actuellement tromper Jude avec elle, c’est trop. Il semblerait pourtant que ce soit bien le cas. Même si ce n’était pas moi. Enfin, l’autre moi, pas la moi actuelle. J’aurais besoin de souffler un peu, mais je ne peux, parce que je suis seule avec mes enfants et que je suis toujours sur mes gardes quand cela arrive. Je peux les voir et les avoir chez moi désormais, ce qui est une bonne chose, mais cela ne change rien. Je ne suis toujours pas totalement à l’aise. « Qui veut faire un jeu ? » Il faut bien que j’essaie de mon mieux.

✻✻✻ Je me réveille en panique, en sueur et désorientée. Heureusement, la lumière est encore allumée. Il me faut quelques minutes pour pleinement prendre conscience que je suis chez moi, en sécurité et que ce n’était qu’un cauchemar. Encore un cauchemar, depuis mon accident, ils sont nombreux. Je ne me souviens pas vraiment de celui-là, je ne me souviens pas de tous, mais cela n’empêche qu’ils sont tous effrayants. Assise dans mon lit, je tends l’oreille pour n’écouter que le silence et occasionnellement une voiture qui passe dehors. Je n’ose pas aller me rendormir tout de suite, et décide de sortir de mon lit. J’enlève une robe de chambre, avant de prendre mon carnet, et un stylo. C’est une habitude que j’ai prise depuis le mois de juin, écrire ce que je vis et comment je le vis. Je ne souhaite pas prendre la mémoire une deuxième fois. J’aurais aimé faire cela avant, je n’aurais pas perdu quatre années de ma vie de cette façon. Je m’installe sur le canapé, allumant la télévision en fond sonore, pour avoir un peu de bruit. Il me faut quelques secondes pour me lancer et commencer d’écrire. J’ai toujours un peu l’impression que c’est stupide, et je crois que je mourrais si quelqu’un venait à lire tout cela, mais j’en ai aussi besoin. Pour moi, pour me rappeler que malgré tout je suis en vie. Perdre la mémoire est une chose horrible, vraiment. Je déteste ne pas me souvenir, ne pas savoir, mais au moins je suis encore là et mes enfants ont peut-être une mère encore à l’essai, mais leur mère est toujours là.

✻✻✻ « Arrête. Tu vas les réveiller. » Malgré les protestations, il ne semble pas vouloir arrêter et continuer de la chatouiller de plus belle. Malgré ses protestations, Sloan ne peut s’empêcher de rigoler, et ceux même s’ils risquent de réveiller leurs enfants. Ils ont mis du temps à les endormir, Jackson ne voulait pas se coucher et ses cris ont empêché sa sœur de s’endormir. Résultat leurs parents ont été au bord de la crise de nerf. Après plus de trois quart d’heures, à tenter l’impossible le petit garçon a finalement réussi à s’endormir, suivit de très près par Mia. Se sont donc épuisés, que Jude et Sloan sont allés, eux aussi, se mettre au lit. Seulement la fatigue semble leur être passée rapidement. « Je te préviens, si un des deux se réveil, c’est à toi d‘y aller. » Il sait qu’elle ne plaisante pas, mais il s’en moque, de toute façon cela ne le dérange pas d’aller s’occuper des enfants. Il se demande comment il peut-être si chanceux dans la vie. Deux magnifiques enfants, une fiancée qu’il aime plus que tout, le bonheur tout simplement. « Tu sais que je t’aime ? » Elle le regarde avec la même façon qu’il a de la regarder, tout aussi amoureuse. Elle ne regrette pas un instant d’être venue vivre à Londres avec lui, malgré leur deux mois de relation. Tout le monde, lui a dit qu’elle était folle, que c’était trop tôt, mais douze ans plus tard, elle a su leur prouver qu’elle avait raison. « Oui, je sais. Et je t’aime aussi. » Elle s’avance pour l’embrasser, avant de se caler contre lui pour s’endormir. Malgré les années, elle n’est jamais autant en sécurité que dans ses bras.

16 novembre 2016. ✻ La journée a été plutôt bonne, malgré tout. Le rendez-vous chez le médecin n’a pas plus été concluant que d’habitude. On ne sait toujours pas quand la mémoire me reviendra, ou si elle me reviendra, mais il paraît qu’il ne faut pas perdre espoir. Enfin, ce n’est pas le plus important de la journée, absolument pas. Non, pour la première fois depuis six mois, j’ai vraiment eu l’impression d’être une vraie maman. L’espace d’un instant, mais quand même. Il a suffi que Mia me serre dans ses bras, pour que je réalise que malgré tout, elle et son frère seront toujours ma priorité. Ce n’est sans doute pas grand-chose, mais j’ai eu comme une révélation. Je ne serais sans doute pas élue mère de l’année, mais au moins je fais de mon mieux. […]
Je songe aussi de plus en plus, à reprendre une activité. Peut-être du bénévolat pour les fêtes de fin d’années, mais au moins faire quelque-chose plutôt que de rester à la maison à tourner en rond. J’ai besoin de faire de nouvelles choses (ou refaire).