ZOLA ♦ beyond all ideas of right and wrong, there's a field

Ça a toujours été mieux dans les rêves. Rien n'est réel. Tu vas te réveiller à un moment, tout ce que tu as vécu n'était que dans ta tête, et tu as encore une chance de tout recommencer. Mais de quoi est-ce que tu peux te soucier? Quand tu ouvres tes grands yeux bleus, tu as 8 ans. 8 petites années, ensoleillées, enjouées. Tes parents s'entendent très mal mais font semblant. Très tôt, tu as appris à faire semblant, toi aussi. Ces masques qui collent au visage jusqu'à s'incruster totalement dans la peau, tu y es assez habitué, au final. C'est comme si ça n'allait pas dès le début. Mais tu avais décidé d'être heureux, alors tu l'étais. Ta soif t'apprendre s'étendait devant tes yeux, c'était plus fort que toi. Tu voulais découvrir tout ce qui se cachait dans ce monde. Mais c'était impossible, tu n'étais qu'un enfant. Et à cet âge-là, tout ce qui est venu à toi, c'était l'amour. Au début, c'était doux, chaud, agréable. Tu ne t'en lassais pas. Que ça soit son sourire, comme sa main dans le creux de la tienne, sa présence était la source même de ton bonheur. Tu t'es souvent dis que vos coeurs étaient liés, tout comme vos existences. Rapidement, elle est devenu le centre de tes préoccupations. Le temps pouvait s'arrêter, tout les humains pouvaient mourir. Elle était là. Vous n'êtes que deux enfants, et vous ne connaissez pas vraiment bien le mot "détruire". Ce qui importe, c'est se courir après, rire à la tombée de la nuit, s'enlacer en secret et s'embrasser sur la joue quand vos sentiments fleurissent. Tu t'endors, tout contre elle, entendant sa voix chantonner ces quelques mélodies que vous vous êtes appropriées. La réalité s'éloigne peu à peu. Le monde autour de toi se détache, s'évapore, tout comme ta conscience et ton corps. Ah, je vais encore rêver ! Non. Quand tu ouvres les yeux, tu as juste l'impression d'avoir fusionné avec le plus laid des cauchemars. Tu as 25 ans. La fumée te monte encore à la tête, tête vide, vide de pensées. Ton corps, quasiment immobile, est la représentation même de ton état mental. Tes yeux ne reflètent rien. Même pas la trace d'une âme, même pas la silhouette d'une vie. Essaie. Essaie de te souvenir. Depuis quand est-ce que tu es si misérable? Depuis toujours. Et ça te paraît pratiquement fou, à quel point le néant peut tout absorber. Tu ignores la sonnerie incessante de ton téléphone. Des gens veulent prendre de tes nouvelles? Tu n'y crois qu'à peine. Qui pourrait aimer une telle erreur? Tu t'en veux à toi-même, parce que tu n'es pas capable de lui en vouloir à elle. Tes souhaits, tes envies et tes idées brisées, viennent te percuter sans prévenir. Ses mots tournent en rond dans ton crâne, et seul le visage du petit garçon qui est tient apparaît dans ton esprit. Tu ne possèdes rien. Ton désespoir t'es propre, et tout ce que tu as su faire jusqu'à maintenant, c'est perdre l'amour de ta vie pour te noyer lentement dans un poison alcoolisé. Tu n'as pas de nouvelles de tes parents, ta seule famille se résume à tes précieuses cousines, autrement dit, la seule chose qui ne t'as pas encore glissée des mains. Tes yeux rencontrent rapidement le reflet du miroir installé au coin de la pièce. Tu as tellement honte de ce que tu es que tu pourrais en mourir. Vas-y, continue, repose-toi un peu plus sur l'argent de tes parents, continue de te servir des autres pour te rendre moins pitoyable. Continue de te briser un peu plus à chaque fois que tu te dis qu'elle te manque. Tout ce que tu désires reviens à elle. Elle, elle, elle. Tu ne peux même pas la qualifier de lumière, vu qu'elle n'a fait que t'assombrir. Tu es forcément stupide. Pour ne pas réussir à tourner la page, pour t'écorcher aux mêmes endroits inlassablement.
Tu es sûrement stupide.
Ou juste complètement amoureux.