"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici song for someone + (gloria) 2979874845 song for someone + (gloria) 1973890357
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() message posté Sam 5 Mar 2016 - 20:57 par Invité

gloria & caecilia — The free soul is rare, but you know it when you see it – basically because you feel good, very good, when you are near or with them. ✻ ✻ ✻ Sept minutes de marche très exactement séparaient le Great Ormond Street Hospital de l’appartement de Caecilia. Sept minutes de marche qu’elle devait parcourir trois fois par semaine, aller-retour, et ce pour une durée qui lui était malheureusement indéterminée. Sept minutes de marche, c’était l’équivalent de la chanson Hey Jude des Beatles, la même chanson qui résonnait dans son casque à chaque fois qu’elle faisait ce trajet. Elle le connaissait par cœur, si bien qu’elle n’avait plus à se concentrer sur le chemin qu’elle prenait, ses pieds faisant tout le boulot, la laissant ainsi se perdre dans ses propres pensées. Pendant sept longues et interminables minutes. Chaque fois que les dernières notes de la chanson résonnaient, Caecilia savait alors qu’il ne lui restait plus qu’une vingtaine de secondes avant d’arriver à l’accueil de l’hôpital. Ou bien, une vingtaine de secondes avant d’arriver à son propre appartement. Elle ne savait pas vraiment à quel instant précis sa vie était devenue si routinière, mais il était évident que si on lui avait laissé le choix, elle n’aurait pas emménagé dans cet appartement, elle ne serait pas revenue à Londres, et elle n’aurait sans doute pas pris tous ces rendez-vous à l’hôpital aussi sérieusement.  
Mais aujourd’hui était un jour spécial : mardi.
C’était le seul jour qui échappait à la règle des sept minutes précises car les mardis, Caecilia croisait toujours sur son chemin la même chanteuse de rue. Paul McCartney entamait le premier refrain quand elle l’aperçut finalement. Un sourire se dessina sur son visage, et sa main droite fit glisser son casque autour de son cou afin de dégager ses oreilles.
Pas une seule fois, Caecilia avait passé son chemin. Elle s’arrêtait systématiquement pour l’écouter, peu importe le temps que cela lui prenait, elle avait été fascinée par cette chanteuse dès la seconde où elle avait posé les yeux sur elle. Elle se mit alors à écouter la chanson qu’elle chantait, ne pouvant s’empêcher de constater à quel point cette jeune femme contrastait singulièrement avec les trottoirs gris et monotones de Londres. Elle apportait comme une touche d’éclat dans cette atmosphère sans joie, sans sourires. D’une certaine façon, la chanteuse rappelait à Caecilia les rues colorées de sa Nouvelle-Orléans natale.
La chanteuse rayonnait.
Caecilia était restée debout à l’écouter chanter un long moment, mais il lui aurait été incapable de savoir combien de temps exactement. Les personnes autour d’elle allaient et venaient, applaudissant distraitement avant de jeter quelques pièces dans le chapeau posé devant la jeune femme. D’autres restaient simplement le temps de lui voler une photo, ou une courte vidéo qui attirerait sans doute sur snapchat ou instagram. Caecilia était la seule à être restée du début à la fin, les bras croisés autour de sa poitrine et le regard perdu en direction de la chanteuse. Son sourire étirait toujours ses lèvres, et ce ne fut que lorsque la jeune femme salua son public que Caecilia comprit alors que le spectacle était sans doute fini et applaudit alors en chœur avec les dernières personnes qui n’avaient assisté qu’à la fin de la représentation.
Elle se mit alors à fouiller dans son sac et en tira de la poche intérieure qui s’y trouvait deux billets de vingt livres qu’elle avait placés là volontairement en sachant d’avance qu’elle compterait les donner à cette chanteuse. Elle ne savait pas vraiment pourquoi. Sans doute le faisait-elle pour l’encourager car Caecilia pouvait voir à quel point la jeune femme était douée. Sans doute le faisait-elle car la voix de cette chanteuse, ou bien sa personnalité des plus atypiques, réussissaient à la toucher d’une certaine façon. Ou à la fasciner. Parfois, il lui arrivait de se demander si elle avait une famille, un toit, ou à quoi pouvait bien ressembler sa vie en dehors de ses performances de rue.
« J’aime beaucoup cette chanson, » commenta une voix qui ressemblait étrangement à celle de Caecilia. L’espace d’un instant, son cerveau fit comme un blocage en se rendant compte que c’était bien de sa voix qu’il s’agissait; elle ne se souvenait pourtant pas lui avoir donné l’autorisation de s’exprimer.
Jusqu’alors, Caecilia n’avait jamais réellement osé parler à cette jeune femme ; elle s’était contentée de s’arrêter plusieurs minutes à chaque fois qu’elle la croisait pour l’écouter chanter, sans oublier de lui glisser quelques billets par la même occasion. On aurait pu facilement la prendre pour une sorte de stalkeuse aux airs assez creepy mais c’était une chose qui importait peu à Caecilia. Elle ne voyait pas où était le mal à se laisser captiver par une voix aussi envoûtante, ou à admirer une manifestation de talent sous sa forme la plus fascinante.


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() message posté Lun 7 Mar 2016 - 19:44 par Invité
CAECILIA & GLORIA —hey treat me like a machine, a contraption free from emotion, but, god, all i ever do is feel. i am the pain in my mind and the despair in my heart ✻ ✻ ✻ Ils pensaient qu’elle ne les voyait pas. Ils pensaient qu’elle était dans son monde, à danser ainsi au milieu du trottoir, à chanter à plein poumons et a capella, simplement accompagnée d’un tambourin qu’elle agitait entre ses mains. Ils pensaient qu’elle n’entrapercevait pas leurs regards, qu’elle ne reconnaissait pas leurs visages, qu’elle savait pas qu’ils s’agissaient toujours des mêmes qui étaient profondément agacés par sa présence dans les rues londoniennes. Mais ils se trompaient. Ils se trompaient tous, autant qu’ils étaient.
Ce n’était pas parce qu’elle ignorait leurs manières d’accélérer le pas dès qu’ils passaient devant elle que cela signifiait forcément qu’elle ne les voyait pas. Non. Au contraire, elle leur montrait à quel point cela lui importait peu, à quel point elle se fichait qu’ils se dépêchent, à quel point elle n’en avait rien à faire d’être traitée comme un parasite qui vivait sur le dos des autres. Après tout, Gloria était peut-être là pour récolter un peu d’argent mais, au fond, c’était la passion qui l’amenait jusqu’à ce coin de rue à chaque fois. Gloria avait peut-être besoin de quelques livres supplémentaires pour arrondir ses fins de mois mais elle chantait parce qu’elle avait besoin de chanter, parce qu’elle adorait le faire et non pas parce qu’elle avait désespérément besoin d’argent. C’était principalement ce que les autres avaient du mal à admettre ; être chanteuse de rue ne voulait pas forcément dire faire la manche en chanson. Non. Pour Gloria, être chanteuse de rue signifiait d’avoir l’opportunité de chanter au rythme des autres, en fonction des ondes lumineuses qu’ils lui envoyaient grâce à leur simple présence. Elle ne comprenait pas à quel point certains pouvaient la mépriser alors qu’elle ne faisait rien de mal, en soi—elle refusait de songer ne serait-ce qu’un seul instant que la musique puisse être un crime.
Puis, elle voyait également ceux qui venaient pour l’écouter.
Il y avait les touristes, ces touristes qui la filmaient pour l’envoyer sur Snapchat et la prenaient en photo pour leurs comptes Instagram. Il fallait dire qu’elle incarnait l’originalité de la capitale britannique ; elle avait un poncho à franges sur les épaules, une multitude de colliers autour du cou, un chapeau de soleil noir vissé sur la tête, mille-et-un accessoires qui la rendait à la fois si bohème et si décalée. Ses cheveux blonds tombaient en longues mèches dans son dos et s’agitaient au rythme de ses mouvements et danses improvisées. Il y avait également les curieux ; ceux qui flânaient en ville et qui étaient bien heureux de croiser un peu d’animation de rue. Puis, finalement, il y avait les habitués ; ceux qui s’arrêtaient à chaque fois pour l’observer, ceux qui étaient au rendez-vous parce qu’ils avaient compris que Gloria n’était pas une simple mendiante, qu’elle était bien plus céleste, bien plus perdue dans les étoiles.
Les yeux clos, elle tint une note pendant plusieurs dizaines de secondes avant de s’arrêter brutalement et rouvrir les yeux pour entamer le couplet final. Elle rappa comme elle le faisait depuis des années ; son flow n’égalait pas celui des plus grands mais son attitude se calqua à ce style de rue.
girl, you are a phoenix,
they tried to kill you with flame and smoke,
but you rose from the ashes with grace and beauty.
girl, you are a queen,
they tried to take your crown,
but you took their heads with a single swing of your sword.
girl, you are a goddess,
they tried to make you bleed with bullets and daggers,
but your heart is made of steel and your skin of dragon scales.
you are more than divine–you are infinite.
and infinite souls cannot die.*
Et, finalement, elle s’arrêta, saluant les quelques personnes qui étaient restées jusqu’à la fin. Elle entendit le tintement satisfaisant de pièces déposées dans le chapeau qu’elle avait placé en face d’elle et elle se baissa pour le récupérer. Personne ne vint lui demander de photo, cet après-midi là ; cependant, lorsqu’elle releva la tête, elle se retrouva nez à nez avec une jeune femme qu’elle avait déjà vu à plusieurs reprises. « J’aime beaucoup cette chanson, » lui dit-elle et, instinctivement, elle sourit. C’était une composition qui lui était très chère et qui lui arrivait très souvent de chanter, ces temps-ci ; River et elle avaient passé des heures à combiner un nombre incalculable de style de musique différents. « Merci. Mon frère m’a aidé à la composer, je lui passerais le mot. Ça lui fera très plaisir, »  répondit-elle d’une voix douce. Lorsqu’elle se mettait à parler, sa voix était subitement plus fluette, plus calme. Elle surprenait souvent, comme s’il existait deux Gloria ; celle qui chantait et l’autre. « Il dit qu’elle parle de moi mais je n’aime pas réduire des paroles à une seule et même personne. Peut-être parle-t-elle de personnes qui m’écoutaient. Ou de vous. »  Elle l’observa avec attention. Elle savait. Elle savait qu’elle venait tout le temps l’écouter chanter. Gloria n’avait pas pu s’empêcher de remarquer qu’elle venait de l’hôpital à chaque fois. [colorrosybrown] « Peut-être parle-t-elle de vous, oui. » [/color] Un sourire apparut sur ses lèvres. Son regard se posa sur les billets que la femme en face d’elle avait entre les doigts et elle releva les yeux. « Je ne peux pas accepter vos quarante livres encore une fois, »  dit-elle. Ce n’était pas la première fois qu’elle lui donnait une telle somme—et, à chaque fois, Gloria s’en voulait de ne pas avoir le temps de la rattraper pour lui rendre.

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() message posté Mar 8 Mar 2016 - 16:42 par Invité

gloria & caecilia — The free soul is rare, but you know it when you see it – basically because you feel good, very good, when you are near or with them. ✻ ✻ ✻ Elle avait été incapable de retenir les mots qui s’étaient échappé de la cage qu’étaient ses lèvres, comme si soudainement, la partie d’elle restée silencieuse jusqu’à présent était parvenue à enfin s’exprimer. Caecilia regrettait presque de ne pas être partie plus tôt, encore surprise d’avoir osé engager la conversation avec cette inconnue. Mais elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle n’aurait jamais dû le faire, convaincue que la chanteuse avait sans doute bien mieux à faire que de perdre son temps avec une Caecilia perdue, brisée, sans but et sans ambition. Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait avoué aimer la chanson, et elle ne comprenait pas pourquoi elle n’avait pas fait comme toutes ces autres fois: admirer sa performance, laisser de l’argent, et s’en aller en laissant son esprit imaginer toutes sortes de scénarios sur l’identité de cette jeune femme. C’était comme si, soudainement, son imagination n’était plus suffisante. C’était comme si, soudainement, elle avait eu envie de connaitre la vérité; lui adresser la parole était comme sa façon à elle de s’assurer que cette chanteuse existait vraiment, était bien réelle. S’imaginer le contraire était sans doute absurde, mais aux yeux de Caecilia la jeune femme avait tout d’un ange, d’une apparition divine ou céleste, si bien qu’il lui était difficile d’admettre qu’elle appartenait au même monde terne et morose que le sien.
Quelque part, cette vérité ne lui convenait pas.
Caecilia se sentit d’autant plus en admiration quand la chanteuse lui avoua que c’était son frère qui avait écrit cette chanson. Elle avait donc un frère. Cette information vint se ranger sagement dans un coin de sa mémoire tandis que Caecilia continuait d’écouter cette inconnue. Elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce que cela pouvait faire d’avoir un frère capable d’énoncer de si belles paroles à son égard, elle qui n’avait eu que le malheur de recevoir des insultes, et des mots tous aussi blessants les uns que les autres de la part de son propre frère. L’amour fraternel existait donc réellement. C’était beau, pensa-t-elle. Beaucoup trop beau. Et elle comprit pourquoi elle n’y avait jamais eu droit. C’était beau, beaucoup trop beau pour elle.
Puis, elle lui confia que ses paroles n’étaient pas forcément destinées qu’à elle. Elle lui confia que ses paroles pouvaient même être destinées à Caecilia.
Mais les paroles de la chanson résonnaient encore dans l’esprit de Caecilia. Et non, elle ne s’y reconnaissait pas; non, cette chanson ne parlait pas d’elle. Caecilia n’était pas un phénix, elle ne savait pas se relever quand elle était à terre et la grâce et la beauté étaient deux choses qu’on lui avait toujours dit qu’elle ne possédait pas. Caecilia n’était pas une reine, elle n’avait pas de couronne à protéger. Caecilia n’était pas une déesse, une simple balle avait suffi pour détruire sa vie à jamais. Quand elle saignait, elle souffrait. Et son âme, il y avait bien longtemps qu’elle avait été irréparablement brisée.
Elle ne se reconnaissait pas dans les paroles de la chanson de cette jeune femme, mais elle aurait profondément souhaité en être capable.
Caecilia ne répondit pas, alors, quand la chanteuse suggéra cela, convaincue par l’idée qu’il y avait sans doute des milliers de personnes qui pouvaient se reconnaitre dans ses paroles. Tout comme il y avait sans doute des milliers de chansons dans lesquelles elle pouvait se reconnaitre. Celle-ci n’était tout simplement pas la sienne. Caecilia répondit alors au sourire de la jeune femme, se gardant d’en dire trop. Mais quand son regard glissa sur les billets qu’elle tenait dans sa main, la Marshall se sentit soudainement gênée en constatant qu’elle avait peut-être énormément manqué de tact. Il était vrai que sa notion de l’argent était sans doute à des années lumières de celle de la plupart des gens, mais à aucun moment elle n’avait souhaité faire le moindre geste déplacé. Elle avait simplement cru que cela pourrait l’aider, et persistait à croire que la jeune femme les méritait amplement.
« Oh, je suis désolée. Je ne voulais pas vous mettre à l’aise avec ça, » dit-elle précipitamment sans pour autant ranger les billets. En soi, elle avait assisté à toute la performance donc la bienséance l’obligeait en quelque sorte à laisser de l’argent. Mais si la principale concernée n’en voulait pas, devait-elle l’en obliger pour autant? Dammit. Caecilia n’avait absolument aucune idée de la façon dont elle devait réagir et son cerveau avait bien évidemment choisi le meilleur moment pour se montrer le moins coopératif possible. Des dizaines de jurons traversèrent son esprit alors qu’elle restait là, bloquée, sans savoir quoi faire. Peut-être devait-elle lui demander si elle était certaine de ne pas les vouloir? Ou bien, peut-être devait-elle lui donner moins d’argent? Mais c’était absurde, Caecilia n’allait pas ranger la moitié pour ne lui donner que l’autre moitié alors qu’elle était partie pour tout lui donner. Et quelque chose lui disait que de toute façon, elle n’avait pas vraiment besoin de ces quarante livres et que la chanteuse en aurait sans doute plus l’utilité qu’elle. Une nouvelle vague de jurons traversa son esprit, et elle n’osa même pas se demander depuis combien de temps elle était restée bloquée comme ça. Stupide idée. Stupide cerveau. Elle aurait mieux fait de partir et de ne jamais engager de conversation avec cette chanteuse qui n’avait sans doute pas de temps à perdre avec elle.
« Je suis désolée, » répéta-t-elle, parvenant finalement à ranger les billets après avoir pesé le pour et le contre dans son esprit pendant une durée absolument ridicule, « mais ça me faisait plaisir. Vous les méritez. Vraiment. Puis d’une certaine façon je pouvais espérer vous revoir chanter comme ça. » Elle fit une pause, avant de remarquer que ses paroles sous-entendaient le contraire de ce qu’elle aurait voulu dire. « Je ne dis pas que vous faites ça juste pour l’argent, » se précipita-t-elle d’ajouter, « juste que… » que quoi? Demanda-t-elle, désespérée, à son cerveau. Elle n’en savait rien. En fait, elle n’avait aucune idée de la direction que prenait cette conversation. Elle avait envie d’être chez elle. Dans son lit. Devant une série. Avec son chaton sur les genoux. « Sinon, j’ai un chat. » S’entendit-elle finalement avouer. Caecilia sentit instantanément ses joues brûler et si elle avait eu un miroir en face d’elle à cet instant, elle aurait pu voir son visage prendre une couleur tomate bien loin d’être flatteuse.
Stupide idée. Stupide cerveau. Elle aurait mieux fait de faire demi-tour aussitôt.




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() message posté Mer 13 Avr 2016 - 10:31 par Invité
CAECILIA & GLORIA —hey treat me like a machine, a contraption free from emotion, but, god, all i ever do is feel. i am the pain in my mind and the despair in my heart ✻ ✻ ✻ Elle la reconnaissait. Elle reconnaissait cette jeune femme qui s’arrêtait toujours pour l’observer chanter, sans jamais trop s’approcher, laissant toujours deux billets de vingt livres derrière elle. Cela faisait quelques semaines qu’elle venait hanter ses paupières, quelques semaines que Gloria voulait lui rendre son argent, quelques semaines que la gamine des rues avait l’impression d’être un imposteur. Si elle était touchée par une telle somme cela ne l’empêchait pas d’avoir l’impression que ce qu’elle faisait ne méritait pas autant.
On lui avait répété sans cesse qu’elle ne valait rien, qu’elle ne serait rien, que la société n’avait pas besoin d’elle et Gloria était d’accord avec eux. La société n’avait pas besoin d’elle mais elle n’avait jamais demandé à ce que cela soit le cas ; elle ne mettait pas de chiffres sur ce qu’elle accomplissait simplement parce qu’elle y mettait tout son coeur, tout son corps, toute son âme. Ce monde capitaliste ne pouvait pas comprendre qu’elle n’avait pas besoin d’argent ou de reconnaissance pour continuer ce qu’elle savait faire de mieux. Ce monde capitaliste ne pouvait pas se rendre compte qu’elle avait simplement envie de partager ce style de vie, ce rythme d’existence, cette passion qu’elle partageait avec toute sa famille et qui noyait son quotidien. Elle étouffait sous cette passion qu’elle nourrissait pour la musique et elle se laissait sombrer avec plaisir.
Elle y mettait tout son coeur, tout son corps, toute son âme. Elle s’y mettait toute entière sans arrière pensée, sans chercher à gagner des millions, sans vouloir faire fortune. Alors, si elle avait besoin de billet pour survivre parce qu’elle vivait dans ce monde capitaliste, malgré tout, malgré elle, elle ne voulait pas de cette somme de quarante livres. Dans son esprit, c’était tout simplement trop. Dans son esprit, elle ne voyait pas pourquoi la personne en face d’elle ne viendrait pas à regretter de lui avoir donner une telle somme. « Oh, je suis désolée. Je ne voulais pas vous mettre à l’aise avec ça, » lui répondit sa spectatrice. Cependant, elle garda les billets en main et Gloria put presque voir le débat qui faisait rage dans son esprit. C’était elle, à son tour, qui venait de la mettre mal à l’aise en refusant son argent. Peut-être même était-ce la première fois que la jeune femme en face d’elle essuyait un refus. Mais Gloria demeurait Gloria ; on l’avait élevé en lui apprenant des valeurs différentes et elle avait évolué dans sa propre bulle. Elle ne voyait pas le mal à refuser. Elle ne voyait pas le mal à ce que la personne en face d’elle finisse par remettre les billets dans son porte-monnaie. Elle ne concevait pas que cela puisse mal élevé ou mal vu.
Puis, finalement, elle rangea les billets. « Je suis désolée, mais ça me faisait plaisir. Vous les méritez. Vraiment. Puis d’une certaine façon je pouvais espérer vous revoir chanter comme ça, » reprit-elle avant de finalement se figer. Gloria fronça les sourcils en voyant son visage se décomposer. « Je ne dis pas que vous faites ça juste pour l’argent, juste que… » Ses paroles étaient précipitées alors qu’elle tentait de se rattraper ; de son côté, Gloria n’avait pas été blessée par ses mots. Elle ne s’attendait pas à ce que les gens qui pouvaient la croiser dans la rue sachent pourquoi elle était là. Elle ne s’attendait pas à ce que les personnes qui la voyaient chanter comprenne que l’argent n’était que secondaire dans son existence, même si elle n’avait presque rien, même si certaines fins de mois étaient difficiles. Voir que la jeune femme en face d’elle était si gênée d’avoir pu lui dire des mots blessants lui arracha l’ébauche d’un sourire. « Sinon, j’ai un chat. » Gloria eut un petit rire amusé avant de finalement faire un pas en avant pour passer ses bras autour de la jeune femme.
Comme ça. Comme s’il s’agissait d’une évidence, comme s’il s’agissait de quelque chose de normal. Elle avait vu les plaques rouges qui avaient recouvert son visage et elle avait eu envie de lui faire comprendre que ce n’était pas grave, qu’elle n’avait pas à se sentir aussi gênée par ses paroles maladroites.   « Je comprends ce que vous voulez dire. Ne soyez pas si gênée, »  dit-elle avant de doucement se détacher d’elle. « Comment il s’appelle ? »  enchaîna-t-elle à propos du chat de la personne en face d’elle. La vérité, c’était que Gloria ne répondait pas au même critère que la réalité dans laquelle elle pouvait évoluer ; elle était régi par ses impulsions, par ses manières de faire, par son imprévisibilité. Bien souvent, les gens autour d’elle pensaient qu’elle était mystérieuse volontairement mais ils étaient bien loin de la vérité. Elle ne faisait pas exprès. Elle ne faisait que répondre avec ce que lui dictait son coeur et son corps, son esprit et son âme. Gloria n’avait pas de partition, aucune ligne pour retenir la mélodie de son quotidien. Non. Ses croches et double-croches s’étaient perdu dans l’infinité de la galaxie et elle ne répondait à aucune gravité. « Moi, c’est Gloria, »  reprit-elle pour lui donner confiance. Pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas besoin d’avoir peur ou de se sentir gênée avec elle. Parce que la réalité n’existait pas dans son monde. Parce que le vrai n’était que ce qu’il y avait dans son coeur et dans sa tête.
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