"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici all the other kids with the pumped up kicks (slovake) 2979874845 all the other kids with the pumped up kicks (slovake) 1973890357
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Jake O. Cavendish
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() message posté Jeu 16 Avr 2015 - 9:38 par Jake O. Cavendish
Do you ever wonder whether people would like you more or less if they could see inside you? … but I always wonder about that. If people could see me the way I see myself - if they could live in my memories - would anyone, anyone, love me? ✻✻✻ Aussi loin qu’il s’en souvienne, Jake avait toujours été attiré par les sports. Déjà tout petit, il shootait dans un ballon, faisait la course avec ses amis et adorait se déplacer en vélo. Une façon d’évacuer son trop plein d’énergie. Compétitif également, il faisait toujours tout pour gagner, quitte à parfois ne pas respecter les règles quand il était gamin. Il n’a jamais été mauvais perdant. Plutôt du genre à vouloir rejouer directement après pour essayer à nouveau de gagner. Il a pratiqué tous les sports ou presque au cours de sa vie encore courte. Certains en club quand il était enfant, certains juste pour son plaisir, avec ses amis ou sa famille.
Malgré une nette préférence pour les sports nécessitant de courir, il s’était pourtant arrêté sur la boxe à l’adolescence. Ça lui permettait de canaliser sa colère après le divorce de ses parents. Parce qu’après avoir jeté tout ce que son père lui avait un jour offert, après avoir crié contre lui pour avoir osé être infidèle, après qu’il soit parti, il n’avait plus rien à faire. Et pourtant, toujours autant de colère. Cette colère a fini par s’évacuer. Rétrécir, jusqu’à disparaitre. Mais il n’a jamais arrêté la boxe, rejoignant diverses salles de sport au cours des années. Il aimait ce sport qui lui permettait de décompresser, de se laisser aller et d’évacuer ce qui n’allait pas dans sa vie. Il avait cogné des heures durant contre un punching-ball lorsqu’il avait appris l’enlèvement de Chase. Il venait à chaque fois que son père essayait de le contacter. A chaque fois qu’il avait un problème à oublier, une frustration à évacuer, c’était l’endroit où il allait. Il s’est très rarement battu avec une autre personne, préférant frapper dans des sacs ou dans des murs. Enfin plutôt les sacs, les murs s’avérant douloureux. Il n’a jamais rêvé de faire carrière dans la boxe ou dans le sport en particulier. Son rêve était bien fixé et le sport était pour lui un loisir. Loisir indispensable malgré tout. Il lui arrive parfois de ne pas pouvoir faire de sport pendant une journée entière, à cause d’événements trop importants au travail. Lorsque c’est le cas, ça lui manque et il compense le lendemain en augmentant la dose. Mieux vaut ça qu’une autre drogue.
Aujourd’hui, il n’a pas de raison particulière d’aller à la boxe. Il y va tout simplement parce que c’est comme ça tous les mercredis. Il a beau avoir changé de salle de sport depuis, il retourne une fois par semaine dans son ancienne. Il n’y retourne pas pour la boxe, qu’il peut aussi pratiquer dans sa nouvelle salle mais surtout pour voir Solveig. C’est leur rituel. Sauf autres obligations, ils se retrouvent chaque semaine dans le centre de Londres tous les deux pour s’entraîner et pour discuter. Ils pourraient sans doute se retrouver autre part mais ils n’ont jamais évoqué l’idée. Tous deux passionnés de boxe, ça semblait logique de continuer ainsi. Alors c’est par habitude que Jake avait quitté son travail un peu plus tôt, avait récupéré son sac de sport caché sous son bureau et avait parcouru à pied les quelques rues qui le séparaient de la salle de sport.
Il se change rapidement dans les vestiaires, encore peu remplis. Un des avantages de venir avant que tout le monde finisse le travail et envahisse les lieux. Il sort des vestiaires, ses gants sous le bras et chercher Solveig du regard. Pas de signe de la blonde mais, si elle ne pouvait pas venir, elle l’aurait prévenu par un sms. Il ne se fait pas de soucis, elle viendra. Il enfile alors ses gants pour commencer à taper dans un sac de frappe. Un coup. Deux coups. Et rapidement, il ne compte plus, laisse simplement ses muscles agir et se détend progressivement. Ce n’est que quand il s’arrête pour boire un peu d’eau qu’il remarque la silhouette qu’il attendait. Comme lui, elle a déjà commencé à s’entraîner, sans le voir. Peut-être même qu’elle était là avant lui mais qu’il ne l’a pas vue. Il s’approche d’elle sans bruit et lorsqu’il arrive juste dans son dos, il pose ses mains devant ses yeux. L’une couverte d’un gant, l’autre sans rien. « Devine qui c’est. » Il n’y a pas beaucoup de suspense mais ça l’amuse quand même. Elle sait qu’ils se retrouvent ici chaque semaine, elle sait très bien que c’est lui derrière elle. « Tu te cachais ? » Après tout, il ne l’avait pas vue non plus. Le principal étant qu’ils se retrouvent au final. Ils peuvent rester aussi longtemps qu’ils le veulent – jusqu’à la fermeture du moins. Ça leur est déjà arrivé d’être les derniers sportifs encore présents et de voir un entraîneur leur dire qu’il était temps de partir. Quand ils sont là, ils ne se rendent pas compte du temps qui passe. Ils sont dans leur propre bulle et refusent d’en sortir. « Alors ? Quoi de nouveau chez les féministes ? » Simple formalité. En tant que journaliste, il se doit de se tenir au courant de tout mais il peut toujours avoir raté une information que Solveig aurait vue.

✻✻✻
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() message posté Jeu 23 Avr 2015 - 14:47 par Invité
Je frappai encore une fois dans le sac. Et encore une fois. Et encore une fois. J’étais essoufflée, mais j’ignorais si ma fatigue provenait de mes efforts ou était sous-jacente à l’existence que je menais en ce moment. J’avais tourné les talons face à mon frigidaire au lieu d’attraper la bouteille et de boire. J’avais tourné les talons, et maintenant je me sentais presque adulte, à prendre les bonnes décisions. Dit-elle alors qu’elle avait allumé sa cigarette dès qu’elle était sortie de son immeuble. Je me privais de certaines choses pour me voiler la face lorsque j’en faisais d’autres. Je m’arrêtai deux secondes pour secouer la tête et me vider l’esprit. Mais non, impossible. Sur le sac se reflétaient les traits de cinquante visages différents et chacun méritait ma colère, chacun méritait mes coups. J’avais peut-être peur d’aller les voir en face alors je me défoulais ici. Possible. Probable, même. Je n’avais pas les tripes de tuer quelqu’un. Pas volontairement, pas en plongeant mes yeux dans les siens et le regardant pousser son dernier soupir. Mais, au fond de moi, je voulais les voir morts. Une petite voix qui me soufflait que j’allais me sentir mieux s’ils ne se réveillaient plus. Mais ils se réveilleraient toujours. Et si non, d’autres les remplaceraient. C’était une sorte de balance un peu moqueuse, celle du bien et du mal, une vieille histoire que l’on raconte à tout le monde, que tout le monde connait mais que tout le monde oublie. Jusqu’à ce qu’elle nous lasse et qu’on la comprenne enfin : tuez le mal et il reviendra toujours. On ne se débarrassera jamais des mauvaises herbes du jardin car elles poussent sans qu’on leur demande. Et puis rien n’était simplement blanc ou simplement noir. Tout était gris. Moi, ma violence refoulée, mes envies de meurtres et ma peur constante qui me prenait à la gorge, j’étais grise. J’étais capable d’aimer et de haïr. De pardonner et de maudire. De réfléchir ou de foncer tête baissée dans le danger. Et je n’avais jamais rencontré de gens simplement bons ou simplement mauvais. C’était presque trop difficile de l’être. Trop difficile d’être si simple.

Je posai mon poing contre le sac et restai immobile quelques secondes. Je voulais rester concentrée, mais ne pouvais m’empêcher de jeter de rapides coups d’œil autour de moi. J’attendais Jake, il devait débarquer à un moment ou à un autre pour me redonner le sourire. Mais je ne désirai pas non plus me laisser divertir par son absence et fixer la porte d’entrée jusqu’à ce qu’il arrive. Peut-être qu’au fond de moi, il y avait ce besoin étrange de ne pas avouer que je l’attendais. De me dire que c’était lui qui viendrait parce que c’était lui qui m’attendait et non l’inverse. Cela me semblait immature alors je finis par ne plus regarder que le sac et me forcer à ne pas m’en détourner. On n’aurait rien à me dire, dans ce cas-là. Je ne faisais que m’entraîner. Rien de plus. Cette allure étrange me collait à la peau. Je souriais, toujours, mais on pouvait voir que ce n’était pas sincère. Que ce sourire tremblait parce qu’il retenait des larmes. Et j’en avais assez d’essayer de me calmer. Alors je venais ici pour me défouler un peu. Pour frapper sans faire mal. J’avais l’impression de faire du mal aux autres mais je ne savais pas pourquoi. Je ne savais pas comment. Peut-être que ce n’était qu’une illusion et que l’abîme que je voyais n’était pas réel. Mais j’avais vu les traits de mon frère. Ils étaient apparus devant moi aussi nettement que je voyais ce sac et mes gants qui s’acharnaient dessus. J’avais donc pris conscience que non, le feu n’avait pas eu raison de lui. Il l’avait simplement noirci.

« Devine qui c’est. » Je sursautai brusquement lorsque l’on posa sur mes yeux une main et un gain de boxe. J’avais donc bien fini par oublier ce qui m’entourait et cela me ramena soudainement à la réalité. J’aurais pu avoir le réflexe de me retourner et de frapper l’intrus qui venait me perturber, mais j’avais reconnu sa voix. Je secouai la tête, il ne me lâcha pourtant pas. « Le pape ? J’ai un gros doute, là, tu vois. » Je me forçai à ne pas sourire et me dégageai finalement pour me retourner et afficher une mine renfrognée, les sourcils froncés. Je voulais lui dire qu’il était en retard, mais ça lui aurait prouvé que je l’attendais. Et puis, si ça se trouve, c’était moi qui ne l’avais simplement pas vu arriver. « Tu te cachais ? » Je levai les yeux au ciel et essuyai la sueur sur mon front d’un revers de main gantée. Non, je ne me cachais pas. Je savais qu’il plaisantait seulement, et je savais que j’allais lui répondre par une boutade. Mais peut-être que ma tentative de devenir invisible avait marché finalement. « Pas ma faute si t’es aveugle. » lui répondis-je en haussant les épaule d’un air amusé. Solveig, sarcastique et effrontée avec tout le monde, et surtout ses aînés. En vérité, j’étais ravie de le voir enfin et je finis par lui sourire avec sincérité. Jake me manquait depuis qu’il avait changé de salle de sport. Je ne lui avais rien dit, mais j’étais tout de même heureuse de savoir qu’il revenait régulièrement me voir. Je n’étais pas prête à perdre de vue un ami comme lui. Et j’avais pourtant tendance à oublier de prendre des nouvelles des autres. Trop débordée ? Non, vraiment, ça me sortait de la tête, comme toutes ces choses importantes qui nous font vivre. « Alors ? Quoi de nouveau chez les féministes ? » Je soupirai, à la fois amusée et résignée. Toujours le même problème. Il n’y avait rien de nouveau car les mentalités ne changeaient pas. T’as de la chance d’être un homme, Jake, j’espère que tu le sais au fond de toi. « Bah comme d’hab’, on change le monde tous les jours. » Je m’avançai finalement et le dépassai pour me diriger vers le ring. « C’est super que tu sois là, je vais pouvoir te taper dessus. Je m’ennuyais toute seule. » Je lui jetai un regard malicieux. « Enfin sauf si t’as peur que j’te fasse mal. Tu peux toujours te défiler, je ne t’en voudrai pas. » Puis j’entrai dans le ring et marchai à reculons pour ne pas le quitter des yeux. Je levai ma garde et gardai le sourire. Personne ne devait se douter de quelque chose. Je me devais de rester grise et neutre. Comme d’hab’.
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() message posté Dim 3 Mai 2015 - 14:06 par Jake O. Cavendish
Do you ever wonder whether people would like you more or less if they could see inside you? … but I always wonder about that. If people could see me the way I see myself - if they could live in my memories - would anyone, anyone, love me? ✻✻✻ Ce n’était pas par habitude ou contrainte que Jake se rendait au même endroit tous les mercredis. Ce n’était pas par nostalgie qu’il retournait dans son ancienne salle de boxe. C’était tout simplement pour retrouver une amie qui lui est chère. Alors qu’ils avaient commencé par seulement s’entraîner ensemble, ils avaient fini par créer des liens forts. Ils peuvent se parler de tout ou presque, sans jugements. Ils pourraient sans doute se retrouver dans un café ou autour d’un déjeuner maintenant qu’il a changé de salle de sport mais ils ont gardé cette tradition sans même se poser la question. Ainsi, ils peuvent continuer à s’entraîner ensemble, tout en parlant de leurs vies et de leurs travails respectifs. Techniquement dans la même branche mais totalement différents. Solveig, elle rêve de changer le monde, d’aider la cause féminine, depuis son blog et Jake fait de son mieux pour l’aider. Pas autant engagé qu’elle – il ne l’est vraiment dans aucune cause d’ailleurs – ça ne l’empêche pas d’avoir son opinion sur la question et d’espérer que les choses changent.
« Le pape ? J’ai un gros doute, là, tu vois. » Dit-elle avant de se dégager de son emprise. Pas de sourire, on dirait presque qu’elle fait la tête. A la connaissance de Jake, il n’y a pas de raison. « J’ai pas l’air si vieux que ça quand même, si ? » Il sourit, amusé. C’est sûr qu’il est plus âgé qu’elle mais encore loin du niveau du pape. Et pas aussi croyant aussi mais ça n’est qu’un détail. Qu’elle réponde simplement son prénom à sa devinette qui n’en était pas une, ç’aurait été trop facile. Moins drôle aussi. « Pas ma faute si t’es aveugle. » Elle sourit enfin et ça soulage un peu Jake. Contrairement à beaucoup de personnes, ses sourires sont rares. Rares mais précieux. « Vieux, aveugle, t’as autre chose à rajouter ? » Dit-il avec un air vexé. Il est conscient qu’elle plaisante, il peut le faire également. Après tout, certaines personnes ne comprennent pas l’humour et se vexent pour une plaisanterie mal comprise. Pas le genre de Jake. Surtout que ce genre de taquineries a toujours fait partie de leur relation. Il lui dit qu’elle frappe comme une fille. Elle lui dit que son âge impacte sur son endurance. « Bah comme d’hab’, on change le monde tous les jours. » Répond-t-elle à propos de la cause féministe. Malheureusement, le chemin est encore long vers une égalité totale et les actions, les lois et les manifestations semblent avoir trop peu d’impact. Pourtant, ça devrait être évident. Il n’y a aucune logique à être contre une égalité entre les hommes et les femmes. Mais les mentalités ont du mal à évoluer chez certaines personnes malheureusement.
« C’est super que tu sois là, je vais pouvoir te taper dessus. Je m’ennuyais toute seule. » Elle ne perd pas de temps aujourd’hui en tout cas. Peut-être qu’elle a une raison particulière de vouloir frapper. Il est vrai qu’elle semblait frapper fort sur son sac avant que Jake n’arrive. « Enfin sauf si t’as peur que j’te fasse mal. Tu peux toujours te défiler, je ne t’en voudrai pas. » Et elle entre sur le ring, sans le quitter du regard. Il ne tarde pas à faire de même, remettant son deuxième gant au passage. « T’es en forme dis donc. » Il s’approche d’elle pour se mettre en position de garde. D’habitude, il aurait été chercher d’autres gants pour qu’elle puisse frapper dedans mais elle semble pressée alors tant pis. Il sait qu’elle ne lui fera pas mal de toute façon. Tout comme il ne la frappera jamais. « Enfin peu importe, t’arriveras pas à me faire mal. » Un sourire taquin sur les lèvres. Ça ressemblerait presque à un défi. Elle commence à frapper et il esquive quelques mouvements pour se défendre. Ses coups sont puissants. Il a assez souvent fait la même chose pour savoir qu’elle est en colère. Contre quoi, il ne le sait pas. « Va pas me faire un cocard, j’ai besoin de mon visage pour mon boulot. » La plupart du temps, il ne passe pas à la télé mais ça peut arriver quand même alors un œil au beurre noir ne serait pas très bien vu. Enfin il espère que Solveig peut quand même se contrôler. Il l’a rarement vue autant en colère, ça l’inquiète même un peu. « T’es sûre que ça va ? » Si elle veut parler de ce qui ne va pas, elle peut. Et si elle veut se contenter de donner des coups pour se défouler, elle peut aussi. Jake est bien placé pour savoir que frapper peut parfois paraître une meilleure solution que de parler.

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() message posté Dim 10 Mai 2015 - 11:42 par Invité
Il y avait sûrement quelque chose qui me plaisait particulièrement dans cette salle de sport. Dans le fait que non, nous ne nous rencontrions que rarement en dehors. Comme si c’était un secret partagé par ceux qui y allaient et que l’on n’en parlait jamais autour. Hazel devait y venir. Il fallait que je lui apprenne à taper, un peu. Elle était toujours dans son monde, cette fille-là – et certes, c’était un beau monde, mais je n’avais pas envie qu’il lui arrive malheur à cause de sa naïveté. Elle ne le méritait pas, c’était une personne en or. Et c’était le cas de Jake aussi. Je pouvais bien être de mauvaise humeur aujourd’hui, je savais que ce n’était certainement pas à cause de lui. Tout le contraire d’ailleurs, il me faisait sourire si facilement que ça me surprenait presque. Et j’espérais qu’il le savait, qu’il le remarquait. « J’ai pas l’air si vieux que ça quand même, si ? » Non, il avait l’air très jeune, son beau sourire adroitement dessiné sur son visage et ses grands yeux sombres me scrutant attentivement, un peu rieurs, un peu détendus, et surtout très apaisants. « Reviens me dire ça quand t’auras passé la trentaine. » répondis-je en souriant. Il était plus vieux que moi mais je ne le remarquais pas. Enfin, si, il m’avait un peu guidée lorsque j’avais décidé de fuir le domicile familial pour me lancer seule dans le monde du travail, et en effet, j’avais pris compte de sa maturité et de son savoir-faire. Aujourd’hui, cette aide était devenue mutuelle. Je désirais le soutenir à mon tour, comme il l’avait si bien fait. Mais cela ne m’empêchait pas de me moquer de lui lorsque j’en avais l’occasion. Tournez vos aînés en dérision, ils vieilliront sûrement moins vite. « Vieux, aveugle, t’as autre chose à rajouter ? » Je ris. Si, j’avais toujours quelque chose à rajouter, il le savait bien. Je haussai les épaules. « On verra selon comment tu te débrouilles aujourd’hui. » Plaisanter avec Jake, c’était comme une seconde nature chez moi. Même s’il m’arrivait d’être sérieuse en sa compagnie. Même s’il était un ami cher et précieux. Il ne m’en voulait pas et il me le rendait bien. Nous avions comme un langage à nous tout seul. Le rire et la boxe. Il était différent des autres mais il m’était personnellement nécessaire. La boxe était un remède si subtil. Un exutoire connu de ceux qui la pratiquaient, mais qui fatiguait si vite les amateurs. Dommage pour eux. Cela nous faisait gagner de la place.

Et aujourd’hui, c’était de la boxe dont j’avais besoin. Pour penser à autre chose qu’à mes histoires de familles et mes nuits passées à traîner avec les mauvaises personnes. Pour oublier mes rêves angoissants et le son menaçant des bateaux dans le brouillard. Cette métaphore était si juste, si belle et pourtant si terrible. J’étais dans un brouillard si épais que je ne pouvais qu’entendre la menace, sans la voir. Et un jour elle allait apparaître en face de moi et ce serait trop tard pour l’éviter. Et l’alarme des bateaux était si sombre et si envoûtante que j’avais l’impression qu’elle résonnait dans mes oreilles la nuit. Lorsque je rêvais, elle me réveillait le plus souvent. Même si le rêve était calme et doux. Un brouillard finissait toujours par m’envelopper et je ne le remarquais qu’à partir du moment où les bateaux annonçaient leur proximité. Je sursautais à chaque fois et me retrouvais dans des draps que je ne reconnaissais qu’après avoir repris contrôle, qu’après m’être rendue compte que ce n’était qu’un rêve. La boxe, c’était ce bouclier. J’oubliais les menaces car je pouvais tout concentrer sur ma cible et la frapper, tout simplement. J’observai Jake s’approcher. Ma cible. Je ne devais pas lui faire trop mal non plus. Le masque de la joie soigneusement posé sur le visage, j’attendis patiemment qu’il enfile son second gant. « T’es en forme dis donc. » Je lui adressai un sourire un peu défiant. Non, je n’étais pas en forme, j’en avais simplement terriblement besoin. Ne plus penser à autre chose qu’aux mouvements de mon adversaire et à mes propres actions. Oublier. C’était le maître-mot de mon existence depuis quelques semaines. « Enfin peu importe, t’arriveras pas à me faire mal. » Il avait levé sa garde et je m’avançai immédiatement pour l’attaquer. Il esquivait très bien. Je restai concentrée. Très concentrée. Trop peut-être. Evacuer l’angoisse et la colère, c’était ça le but. Je n’aurais pas pu simplement rester chez moi à écouter un peu de musique. J’avais eu besoin de m’exprimer en cet autre langage. Et j’avais sûrement eu besoin de voir Jake. Il me rassurait quelque part. Imaginez : vous quittez votre famille pour respirer un air plus libre et vous tombez sur la réalité. Les visages qui se tournent vers vous et les mains que l’on vous tend deviennent forcément symboles d’espoir et d’avenir. Les traits familiers de Jake étaient de ceux-là. Les rares personnes qui réussissaient à me faire sourire si vite. Même s’il ne s’agissait qu’une ébauche de bonheur, qu’une esquisse de ce que je considérais comme une sérénité, c’était toujours mieux que rien. Jake savait en juger la valeur tout comme je parvenais à ne jamais oublier qu’il était un élément solide dans ma vie, presque indispensable.

Cela ne m’empêcha pas de tenter de le frapper. « Va pas me faire un cocard, j’ai besoin de mon visage pour mon boulot. » Il me sourit et cela me calma quelques secondes. Je m’essoufflai pour peu. Il savait que j’étais en colère. Cela se sentait dans la sueur qui perlait sur ma peau et dans les traits crispés de mon visage. Je l’attaquai, rapidement mais parfois trop maladroitement. Il m’évitait, ne faisant que se défendre car je ne lui laissai pas le temps de riposter. « T’es sûre que ça va ? » Ses mots me rappelèrent à la réalité. Non, je suis pas sûre, songeai-je, même pas sûre du tout. Oui, cela se voyait. C’était comme écrit sur mon front : la colère marquée au fer rouge. Je secouai la tête. Il fallait que je lui parle, peut-être. Je me faisais comprendre par mes coups, mais c’était bien trop brutal. Il n’avait pas mérité ma hargne ou mon dédain, il n’était pas l’un des visages visés. Je secouai la tête et baissai ma garde. « Désolée … » Je m’en voulais, un peu. Ce n’était certainement pas la première, ni la dernière fois que je lui faisais un numéro pareil. Je repris mon souffle, inspirant et expirant lentement, avant de lever les yeux vers lui. Je passe juste une mauvaise existence, Jake. C’était probablement la réponse la plus exacte et la plus précise que je pouvais prononcer. Elle résumait parfaitement mon état d’esprit. Mais je ne voulais pas me plaindre simplement pour me plaindre. Je voulais qu’il me redonne le sourire, comme lorsqu’il était apparu devant mes yeux. « Ça t’est déjà arrivé … d’abandonner ? » J’avais soufflé ces quelques mots en me disant qu’il pouvait me rassurer. Que si lui non, alors moi non plus, même si tout me forçait à le faire. Je finis par lui adresser un sourire discret en relevant le menton pour me donner un peu de contenance. « Si tu veux, va chercher les pattes d’ours, je toucherai pas à ton beau visage tout propre comme ça. » Puisqu’il y tenait tant.
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() message posté Ven 15 Mai 2015 - 12:34 par Jake O. Cavendish
Do you ever wonder whether people would like you more or less if they could see inside you? … but I always wonder about that. If people could see me the way I see myself - if they could live in my memories - would anyone, anyone, love me? ✻✻✻ Beaucoup de personnes voient la boxe comme un sport de sauvage. Deux personnes qui se frappent jusqu’à ce qu’une ne soit plus capable de se relever. Sans doute que dans certains cas, c’est vrai. Que certaines personnes font de la boxe pour le plaisir de frapper sur quelqu’un. Ça n’a jamais été le cas de Jake. Sa seule raison d’en faire, c’était pour se défouler. Et ça l’est toujours aujourd’hui. Il ne regrette aucunement d’avoir commencé à boxer peu après le divorce de ses parents. Ça l’a aidé à traverser beaucoup de choses et, en plus de ça, ça lui a permis de rencontrer des personnes indispensables à sa vie désormais. « Reviens me dire ça quand t’auras passé la trentaine. » Certes, elle est plus jeune que lui mais la différence d’âge n’a jamais rien changé. Ils ont bien d’autres points communs qui compensent. Et qu’est-ce que quatre années peuvent bien faire ? « J’en suis encore loin, ça va. » Plus assez loin à son goût, à vrai dire. Il a tout sauf hâte de passer le cap de la trentaine. Déjà qu’il trouve que les années passent beaucoup trop vite. « On verra selon comment tu te débrouilles aujourd’hui. » Répond-t-elle quand il se plaint en plaisantant. Il ferait mieux de ne pas se laisser faire s’il ne veut pas qu’elle lui trouve un nouveau défaut. De toute façon, il se bat toujours. Enfin ils n’en sont jamais arrivé au point de se faire mal, il est rare qu’ils frappent réellement l’un sur l’autre. Ils sont là pour se défouler, pas pour se blesser.
Ils finissent par monter sur le ring, ne perdant pas de temps avant de passer à l’action. Enfin Jake n’en a pas vraiment l’occasion. Aussitôt qu’ils commencent, Solveig donne des coups sans cesse. Coups qu’il évite ou pare mais il n’a pas l’occasion de riposter. Il devine facilement qu’elle retient plus de colère que d’habitude. Qu’il y a quelque chose qui la dérange. Quelque chose qu’elle veut oublier en frappant de toutes ses forces. Il le sait parce qu’il l’a souvent fait également. Quand il a su pour l’enlèvement de Chase, il passait le plus clair de son temps libre à frapper un punching-ball. Frapper encore et encore, en espérant que ça fera disparaitre les problèmes. La culpabilité. L’inquiétude. Ça peut marcher pendant un temps, pendant quelques minutes. Mais les sentiments finissent toujours par reprendre le dessus. Ça reste un répit bienvenu. Un répit dont on a le plus grand besoin. Jake ne sait pas ce qui ne va pas dans la vie de Solveig mais il peut voir à quel point ça la touche. A quel point elle a besoin de penser à autre chose. C’est sûrement grave. Il connait Solveig, il sait qu’elle ne se laisse pas atteindre si facilement. Elle donne toujours l’impression d’être forte, de contrôler la situation. Ils continuent ainsi pendant une dizaine de minutes, Jake esquivant les coups de Solveig du mieux qu’il le peut. Il la laisse évacuer un peu, se défouler. Elle en ferait sans doute de même si les situations étaient inversées.
Finalement, il plaisante, essaye de détendre l’atmosphère. Se dit qu’elle va peut-être vouloir se confier. Il lui laisse le choix, bien entendu. Il sait que parfois, parler de ce qui ne va pas n’y change rien. Certaines personnes préfèrent ignorer leurs problèmes, pendant un temps. Il est bien placé pour le savoir, il a souvent fait la même chose. Il le fait parfois encore. Elle finit par baisser ses bras et le regarder. Son sourire est timide et ça inquiète Jake. Ce qui lui arrive doit être grave pour qu’elle ne se détende presque pas. « Désolée … » Jake lui sourit, il ne lui en veut pas du tout. Il voudrait juste qu’elle aille mieux, c’est tout. Qu’elle puisse rire et qu’ils puissent s’entraîner en plaisantant. Mais visiblement, ça n’arrivera pas aujourd’hui. Pas grave, il sera là pour elle quand même. Il sera là de la façon dont elle le souhaite. Il peut continuer de servir de punching-ball, tant qu’elle ne l’abîme pas trop. Il préférerait l’option où ils parlent bien sûr. Moins risqué. Même s’il est parvenu à esquiver les coups jusqu’ici, rien ne dit qu’il ne finira pas par être frappé. « Ça t’est déjà arrivé … d’abandonner ? » Il la regarde, un peu surpris. Pas certain de ce qu’elle sous-entend, il s’inquiète une seconde en pensant que, peut-être, elle parle de suicide. Il ne pense pas que ça soit dans son genre d’abandonner ainsi mais on ne sait jamais. On ne peut pas être dans la tête des gens, on ne peut pas savoir comment ils vont réellement. « Oui, ça m’est déjà arrivé… mais je l’ai regretté à chaque fois. » Parfois, ça semble plus simple de laisser tomber. De ne plus faire d’efforts pour quelque chose qui semble perdu. Il l’a déjà fait plusieurs fois. Il l’a fait en quittant l’Afghanistan. Il l’a fait quand sa première copine a refusé de croire la vérité. Il a abandonné plusieurs fois et maintenant, il le regrette. Alors maintenant, il essaye de son mieux de continuer de se battre. « Continuer de se battre, ça parait dur mais c’est toujours mieux. Ça finit toujours par s’arranger au bout d’un moment. » Philosophie pas toujours facile à appliquer. Quand tout va mal, on a du mal à imaginer la suite. A imaginer que ça finira par aller mieux. Pourtant, c’est toujours le cas. Ça peut prendre plusieurs jours, plusieurs mois, parfois même quelques années mais on finit par se relever de tout. Certaines personnes sont plus malchanceuses que d’autres mais il n’empêche que tout le monde a droit à un peu de bonheur.
« Si tu veux, va chercher les pattes d’ours, je toucherai pas à ton beau visage tout propre comme ça. » En vérité, c’est plus son patron qui refuserait qu’il passe à l’antenne s’il avait un œil au beurre noir. Lui, ça ne lui changerait pas grand-chose. Autant l’éviter malgré tout, c’est toujours douloureux. « Merci de confirmer que tu me trouves beau, j’suis touché. » Dit-il en mettant la main – ou le gant plutôt – sur le cœur, un sourire rieur sur les lèvres. Il repasse en dessous des cordes pour aller changer de gants. Au moins, avec des pattes d’ours, elle pourra taper aussi fort qu’elle le voudra sans lui faire mal. Il revient sur le ring, un léger sourire sur le visage. Il est toujours inquiet pour elle. « Allez, frappe un peu plus fort, une fourmi pourrait faire plus de dégâts que toi là. »

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() message posté Jeu 28 Mai 2015 - 13:45 par Invité
« J’en suis encore loin, ça va. » Je pinçai mes lèvres en un sourire amusé. On disait ça jusqu’à ce que l’on nous présente un gâteau d’anniversaire sur un plat argenté, et on ne pouvait s’empêcher de compter chaque bougie dans l’espoir de s’éveiller d’un mauvais rêve. Etrange, à quel point « vingt ans » sonnait comme une libération mais « trente ans » nous enchaînait à ce que l’on osait à peine appeler la vieillesse. Un terrible cap à passer. J’avais fui ma famille lorsque j’avais eu vingt ans, et c’était là la réelle libération. Que j’en aie eu dix-huit ou trente-cinq n’aurait rien changé, j’aurais toujours ressenti le parfum acide, attirant, presque terrifiant de l’indépendance et de l’émancipation. Du futur. Futur dans lequel je m’étais plongée sans regarder en arrière car je savais pertinemment qu’il serait meilleur que le passé. L’était-il vraiment ? Oui. Grâce à des gens comme Jake. Grâce au soutien que l’on m’avait offert, me montrant que la vie n’était pas simplement qu’un calvaire infini, que les hommes ne se résumaient pas qu’au visage émacié de mon père, à celui, tordu et étrange, de mon frère ou bien encore à celui de ma mère, figé et triste. Non, Jake souriait, Hazel souriant, Jacob souriait, ils souriaient tous et m’apprenaient à le faire. Peut-être que j’allais réussir à en afficher un correct sur mes lèvres avant mes trente ans. Peut-être qu’ainsi, je goûterais à une véritable libération. Pourtant, à ce jour, seule une angoisse amère faisait vibrer ma poitrine, et c’était celle-ci qui s’emparait de mes gestes, à présent que j’étais sur le ring, face à lui. Une peur qui m’énervait car elle était incompréhensible. Une peur que je liais indubitablement à ce passé froid et sombre, sans savoir à quel souvenir m’accrocher. Une menace invisible. Je détestais cette sensation, plus que tout.

« Oui, ça m’est déjà arrivé … mais je l’ai regretté à chaque fois. » me répondit-il finalement. Je baissai les yeux. Avais-je réellement abandonné un jour ? Peut-être qu’avoir quitté ma famille si tôt en était une forme. Prendre la fuite, c’était abandonner, d’une certaine manière. Il fallait du courage pour le faire. Il fallait du courage pour affronter les obstacles qu’ils avaient mis en travers de mon chemin. Il fallait du courage pour être une femme, de toute évidence. Mais peut-être que je l’avais compris trop tard et que laisser mes parents dans leur ignorance, dans leur croyances stupides, baignées par leur infini mépris, peut-être que m’en aller à pas feutrés, comme une voleuse, sans rien leur dire et en priant pour qu’ils ne se lancent pas à ma recherche, peut-être que c’était ça, l’abandon que je craignais et dont je parlais aujourd’hui à Jake. Je ne voulais pas l’accabler de mes délires et de mes peurs, même si je savais qu’il était assez courtois et compréhensif pour les accepter et les supporter. Je ne voulais pas qu’il voit mes faiblesses, je n’avais jamais voulu que personne ne les voie et pourtant, tant de gens me considéraient comme telle. Comme une gamine frêle qui n’avait que les yeux pour pleurer tant ses mots étaient inutiles et vaseux. Je n’imaginais pas Jake comme un homme qui abandonnait. C’était peut-être idiot, puéril, mais je l’admirais pour cela. Cette force qui semblait couler dans ses veines, qui faisait briller son sourire et qui cherchait le mien derrière le rideau de mes cheveux ternes. Pourtant, il me l’avouait, simplement, comme une évidence sombre : ça lui était déjà arrivé. Il avait déjà baissé les bras dans des situations critiques, car malgré sa force, il restait un homme, rien de plus. La dure fatalité du monde : nous n’étions que des hommes et des femmes, parfois. Nous ne pouvions rien faire. Et pourtant, on nous rabâchait si souvent cette histoire de choix. Tu as le choix de t’arrêter ou de poursuivre, mais dans les deux cas tu subiras. Tu souffriras. Je me voilais la face, constamment. Je ne croyais pas aux choix. Je ne croyais qu’en l’ambiance tamisée d’une pièce aux murs rouges dans laquelle je m’étais cachée si souvent lors de mon enfance pour être seule. Pour fuir cette réalité que l’on m’imposait. Je ne croyais pas aux choix car on m’avait imposé les miens durant de si longues années. Aujourd’hui on tentait de m’ouvrir les yeux, mais je finissais toujours par les refermer, imaginant cette chambre rouge et me recroquevillant sur moi-même, dans un coin de celle-ci, empêchant les autres de m’atteindre. Voilà mon choix et il paraît égoïste et dur, mais il est le moins douloureux. Je restais piégée. J’avais appris à supporter cette peine, je la connaissais, je la comprenais et elle ne me faisait plus peur. Alors de quoi avais-je peur aujourd’hui ? Je l’ignorais parfaitement. « Continuer de se battre, ça paraît dur mais c’est toujours mieux. Ça finit toujours par s’arranger au bout d’un moment. » Voilà où était sa force : dans son absence de résignation. Il avait regretté à chaque fois. Jake devait avoir cette même chambre rouge, terrifiante car on n’avait jamais envie d’y retourner. Même si elle ne ressemblait pas à la mienne, même si elle luisait d’une autre teinte, elle existait aussi. Là où il allait lorsqu’il abandonnait, pour réfléchir sur son choix et se baigner dans tous les souvenirs tristes qu’il gardait scellés à l’intérieur. Tout le monde possédait la sienne. Tout le monde avait le choix de fuir et d’aller s’y réfugier. Mais moi, cette chambre était l’image même de mon esprit. Les parois sombres, la lumière à peine visible à travers les rideaux, les draps froids et l’odeur de refermé. Je n’avais pas d’autre échappatoire. On ne m’avait jamais montré d’autres portes. Ou bien, simplement, je me forçais à ne pas les voir. Je n’y croyais pas. « Tu as raison. Je le sais, au fond. » finis-je par lui souffler timidement. « Je ne connais même pas la nature de ce que je redoute. » Si je cherchais bien, je pourrais sûrement la découvrir, mais je n’en avais pas la force. On ne se battait pas contre des ennemis invisibles. Cela n’avait aucun sens, ils gagnaient toujours. Parfois même, ils n’étaient que le fruit de notre imagination. Nous ne faisions que résister à nos propres chimères. A nos propres troubles. A nous-mêmes, alors que nous ne recherchions que l’harmonie. C’était ainsi que je me détruisais, lentement mais sûrement, j’en étais persuadée. « On ne m’a pas appris à continuer de me battre, alors quand je dois le faire, mes efforts me paraissent dérisoires et vains. » On m’a appris à subir, et ça je savais bien le faire.

« Merci de me confirmer que tu me trouves beau, j’suis touché. » Il porta son gant à son cœur et je souris enfin, un peu moqueuse. Il ne fallait pas non plus qu’il prenne la grosse tête. « Ouais mais t’es toujours un peu vieux quand même, n’oublie pas. » raillai-je alors qu’il sortait du ring pour aller chercher les pattes d’ours. Il retourna vite en face de moi et me les présenta. Je commençai à frapper, un léger sourire toujours posé sur les lèvres. Je faisais attention, je me calmais progressivement. « Allez, frappe un peu plus fort, une fourmi pourrait faire plus de dégâts que toi là. » me dit-il, comme pour se venger de ma propre malice. Je baissai ma garde et relèvai le menton, feignant d’être vexée. Mes muscles se tendirent de nouveau et je fis glisser ma queue de cheval derrière ma nuque. « La fourmi t’emmerde, Cavendish. » m’enquis-je en riant avant de mettre un coup droit et sec dans l’une des pattes d’ours. « Je veux pas casser tes poignets de cristal, tu comprends. T’es si fragile. » Et s’il ne l’était pas physiquement, il l’était au fond de lui. Nous l’étions tous, au fond de nous.
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() message posté Ven 29 Mai 2015 - 11:24 par Jake O. Cavendish
Do you ever wonder whether people would like you more or less if they could see inside you? … but I always wonder about that. If people could see me the way I see myself - if they could live in my memories - would anyone, anyone, love me? ✻✻✻ Jake ne sait pas exactement de quoi elle parle. Il ne sait que peu de choses de choses sur sa vie personnelle au fond. Et il ne sait pas s’il peut demander. Il suppose que si elle veut en parler, elle le fera. Et si elle ne le veut pas, il peut tout simplement servir de punchingball. Il répond à ses questions, sans être trop précis. Il ne sait pas ce qu’elle veut abandonner. Certainement pas son combat féministe, ça serait surprenant. Son blog ou la boxe non plus. Ça concerne certainement quelque chose dont Jake n’a pas connaissance. Des problèmes dont il ne sait rien. C’est souvent ainsi. Beaucoup de personnes gardent les choses pour elles. Préfèrent ne pas en parler et enferment tout ça à l’intérieur. En espérant que ça ne finisse pas par déborder. Jake sait bien que cette technique ne fonctionne pas toujours. Presque jamais en fait. Peut-être que certaines personnes y parviennent, ne parlent jamais de ce qui ne va pas et arrivent à sauver les apparences. Mais ça n’est pas sain. Il faut trouver quelqu’un pour en parler. Une personne peut suffire. Une personne compatissante et à l’écoute. Qui ne jugera pas, quoi qu’on dise. Heureusement, Jake avait trouvé cette confidente en la personne d’Olivia. Parler permet de se délester d’un poids qui peut peser parfois très lourd. Trop lourd. Trop lourd pour des épaules trop frêles.
Malgré tout, Jake respecte le choix de Solveig de ne pas en parler pour le moment. On ne peut pas forcer quelqu’un à se confier, il faut que le choix vienne d’elle. « Tu as raison. Je le sais, au fond. » Répond-t-elle quand il lui dit qu’il ne faut pas abandonner. Il le sait, il l’a fait à plusieurs reprises et l’a regretté. Même s’il ne sait pas si des efforts supplémentaires auraient pu aider la situation, il regrette de ne pas les avoir faits. Il regrette de ne pas être resté avec Chase en Afghanistan. Il regrette de ne pas avoir insisté pour qu’elle rentre avec lui. Il regrette de ne pas avoir pu faire plus pour elle. Mais c’est trop tard maintenant et peut-être qu’il n’aurait rien pu changer. Il n’était pas dans son élément au milieu des combats alors qu’elle, elle adorait ça. Elle suivait son rêve, marchait sur les traces de son père et il s’en serait voulu de gâcher ça. Sauf qu’il aurait préféré que tout ça finisse ça mieux. Mais ce qui est fait est fait. Et d’autres choix comme celui-ci le poussent à avoir du mal à abandonner. Il est encore plus têtu et déterminé qu’il pouvait l’être avant tout ça. « Je ne connais même pas la nature de ce que je redoute. » Un peu intrigué, il ne pose pourtant pas de question. Il a toujours vu Solveig comme une battante. Une fille qui sait ce qu’elle veut et qui se bat pour l’obtenir. Peut-être pas dès le début mais dès qu’il avait appris à la connaître, c’était ainsi qu’il l’avait perçue. Que ça soit en boxe ou dans son combat contre les inégalités hommes/femmes. « On ne m’a pas appris à continuer de me battre, alors quand je dois le faire, mes efforts me paraissent dérisoires et vains. » C’est étrange qu’elle se voie ainsi. Peut-être se bat-elle moins sur d’autres plans, Jake ne pourrait le savoir. « Essaye de faire comme sur un ring. Tu frappes et tu frappes encore, tu te relèves si tu tombes et tu continues jusqu’à gagner ou être K.O. Et si tu finis au tapis, tu peux toujours commencer un nouveau combat. » Quelle jolie métaphore et tellement appropriée. Il devrait la noter quelque part pour la ressortir tiens. Il ne sait pas qui est l’adversaire de Solveig, elle n’a pas l’air d’en être sûre non plus, mais si elle y met tout son cœur, elle peut sans doute le vaincre. Ou l’assommer assez longtemps pour prendre de l’avance.
« Ouais mais t’es toujours un peu vieux quand même, n’oublie pas. » Il lui tire la langue avec un air vexé avant d’aller récupérer les pattes d’ours. Elle a l’air d’avoir plus besoin de frapper quelque chose que lui. Il ignore ce qui se passe dans la vie de Solveig mais ça doit être plus important  et grave que ses petits problèmes quotidiens. Elle commence à frapper, un petit sourire éclairant son visage. Elle a l’air d’aller déjà un peu mieux, même si ce n’est pas encore parfait. Pour plaisanter et peut-être un peu se venger de sa dernière pique sur son âge, il lui fait une remarque sur sa force pas si forte. Ça ne rate pas, elle fait la moue. Il sait que ça va la motiver à frapper plus fort. Et que ça lui permettra d’évacuer tout ce qui ne va pas. Pas aussi efficace que la parole selon Jake mais ça peut parfois suffire. « La fourmi t’emmerde, Cavendish. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle donne un coup bien plus fort dans l’une des pattes d’ours, faisant reculer Jake d’un pas. Il n’était pas sur ses appuis, pas vraiment prêt à un coup pareil. « Je veux pas casser tes poignets de cristal, tu comprends. T’es si fragile. » L’excuse la plus facile qui soit. Prétendre ne pas vouloir faire mal quand on ne frappe pas assez fort. Pas étonnant que Solveig l’utilise. Sans doute l’aurait-il fait aussi si les positions avaient été inversées. « T’as de la marge, tu peux frapper comme tu veux ! T’inquiète pas pour moi, je sais me défendre. » Il sait très bien qu’elle ne lui fera pas mal, qu’elle n’essayera même pas. Ils ne sont pas là pour ça. Et même si elle lui faisait mal sans le vouloir, il ne lui en voudrait pas. Ce sont les risques du métier après tout. « Allez, Solveig Dragansson, montre-moi ce que t’as dans le ventre ! Montre-moi comment tu fais pour ne pas abandonner ! » Maintenant, il faut mettre la théorie en pratique. Déjà sur le ring et peut-être qu’après, il y parviendra en dehors. Dans la vie de tous les jours.

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() message posté Ven 12 Juin 2015 - 19:39 par Invité
« Essaye de faire comme sur un ring. Tu frappes et tu frappes encore, tu te relèves si tu tombes et tu continues jusqu’à gagner ou être K.O. Et si tu finis au tapis, tu peux toujours commencer un nouveau combat. » Je pinçai mes lèvres en un sourire amusé. Une image plutôt appropriée, en effet. Je sentais la sueur due à l’effort couler le long de mon dos et j’en appréciai le contact, étrangement. Ce n’était pas de la peur, pas de l’étouffement ou de la fatigue, c’était le sport, tout simplement. Le moment où je m’oubliais pendant quelques minutes, ou bien une heure, voire deux. C’était pour cela que j’avais commencé la boxe, d’ailleurs. Je me souvins de la réaction de mes parents lorsque je leur avais demandé de me payer quelques cours. Mon père avait haussé les sourcils et m’avait regardé de haut en bas, presque gêné d’avance de devoir présenter une gamine pareille sur un ring. Ma mère les avait froncés, perplexe. Tu es sûre, Solveig ? C’est un sport dangereux. J’avais mordu ma lèvre inférieure avec désinvolture et je les avais toisés de mon regard d’adolescente rebelle. Je venais de me couper les cheveux courts et ils pensaient à l’époque que, voilà, je voulais devenir un garçon. C’est pour ça que je veux apprendre. Je m’ennuie, leur avais-je rétorqué, exaspérée. Je m’étais ennuyé de leur dédain pendant bien trop longtemps. Mon frère était rentré dans la pièce à cet instant et avait écouté attentivement la suite du dialogue. Vous devriez laisser Solvie boxer un peu. Ça lui fera des muscles, ça lui forgera le caractère. Et il avait dit ça avec sa fausse bienveillance alors que je m’étais retournée pour le fusiller du regard. Mon père avait analysé la situation, puis il avait finalement accepté. Je refoulais toujours au fond de moi que j’avais pu commencer la boxe grâce à l’intervention mesquine de mon frère, diverti par une situation qui, comme d’habitude, n’avait pas tourné à mon avantage. Et puis il en avait peut-être eu assez que je ne sache pas me défendre, qu’à chaque fois qu’il me saisissait le poignet, il avait l’impression qu’il aurait pu casser en deux. En boxe, c’était comme dans la vraie vie : si le punching-ball se vide à l’instant même où vous donnez le premier coup, retombant mollement sur le sol, aplati et crevé, ce n’était pas drôle. Voilà que je me mettais aux métaphores, moi aussi. « J’aime les réponses imagées, comme ça. Tout paraît beaucoup plus simple. » plaisantai-je alors. Mais il avait raison. Ce n’était pas plus compliqué que cela. Pas plus compliqué que de se relever lorsque l’on nous poussait, lorsque l’on se retrouvait cloué au sol. Peut-être que mon frère quitterait mon esprit pour de bon, un jour. Peut-être que je ne me réveillerais plus en sursaut en sentant l’odeur de la chair brûlée partout autour de moi. Peut-être que c’était ainsi, que j'allais finir par me rendormir après un cauchemar sans en avoir peur. Sans le confondre avec la réalité. « Merci. » Ces mots me semblaient évidents, voire nécessaires. Il n’était pas obligé d’être ainsi et pourtant il n’hésitait pas. C’était Jake : sa bienveillance me surprenait toujours. J’avais rarement rencontré des gens tels que lui.

Il recula d’un pas suite à mon coup et j’affichai une mine satisfaite. Voilà, semblai-je lui signifier, faut pas m’embêter, je suis coriace. Il me regardait avec un air vaguement navré suite à mes répliques. Je ne frappais pas assez fort ? En vérité je ne voulais pas frapper fort, il l’avait vu. Je ne voulais pas laisser une colère inutile m’emporter de nouveau. Parce qu’avec la boxe, malgré le fait que ce sport soit incroyablement libérateur et bénéfique, on y retrouvait toujours nos vieux démons, peints sur les cibles qui subissaient notre acharnement. Jake supportait sans rien dire et je le remerciais aussi pour cela. Pour me laisser m’ouvrir, respirer, vivre de nouveau sans poser de questions, sans me trouver ennuyeuse. Certes, je n’en savais rien, mais la lueur amicale qui siégeait dans ses prunelles me le faisait croire. Un instant je suspendis mes gestes, me sentant coupable de l’avoir forcé à assister à ma petite crise, mais finalement il renchérit : « T’as de la marge, tu peux frapper comme tu veux ! T’inquiète pas pour moi, je sais me défendre. » Je haussai les sourcils, amusée, puis repris le fameux combat de plus bel. « Allez Solveig Dragansson, montre-moi ce que t’as dans le ventre ! Montre-moi comment tu fais pour ne pas abandonner ! » Nouveau sourire de ma part et mes gestes se firent plus fins, plus précis, plus contrôlés. C’est ainsi que l’on se bat et que l’on réussit, j’imagine. J’oubliai Julius alors que mon esprit se concentrait sur le centre des pattes d’ours. J’oubliai mon lit plein de la sueur nocturne, les murs de ma chambre qui m’étouffaient parfois, j’oubliai la lumière lugubre du feu qui avait ravagé le corps de mon frère, j’oubliai mon envie de fumer et celle de crier, aussi, j’oubliai et je ne voyais plus que Jake. Mes coups ne le déstabilisèrent pas. Ils étaient mesurés, calmes mais puissants. Je finis par baisser ma garde, épuisée. Je repris calmement mon souffle, inspirant profondément. « Faut que j’arrête de fumer, t’as les mots justes pour me convaincre là aussi ? » m’enquis-je entre deux respirations saccadées. « Attention, c’est un défi. Et de taille. » J’avais réussi à ralentir ma consommation, faisant attention à ne pas trop fumer chez moi pour laisser Hazel et Jacob vivre en paix, sans l’odeur de tabac froid partout dans le salon, mais depuis peu j’avais repris. Beaucoup trop. Je secouai la tête. « Tu veux échanger les rôles ? Ça se fait pas si y’a que moi qui me vide la tête. » Je ponctuai mes paroles d’un léger rire, presque espiègle. Les gens simplement bienveillants, je ne pouvais pas y croire. Je ne croyais qu’aux troubles et qu’aux menaces. Je croyais que c’était vers ceux-ci que se dirigeait ma destinée.
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() message posté Sam 13 Juin 2015 - 15:38 par Jake O. Cavendish
Do you ever wonder whether people would like you more or less if they could see inside you? … but I always wonder about that. If people could see me the way I see myself - if they could live in my memories - would anyone, anyone, love me? ✻✻✻ « J’aime les réponses imagées, comme ça. Tout paraît beaucoup plus simple. » Le problème, c’est que ça ne fait que paraître. Expliquer les choses avec des jolies images, ça ne signifie pas forcément que tout fonctionne ainsi. On le voudrait bien sûr. Ça serait plus simple si la vie, c’était comme la boxe. Se battre encore et encore. Au fond, c’est ça. Sauf que ça parait toujours moins facile. On finit toujours par baisser les bras, pour une raison ou pour une autre. Un obstacle trop haut ou trop difficile à franchir. Un moment de découragement, de pessimisme. Tout le monde abandonne un jour. Même les plus forts ont leurs moments de faiblesse. Et même si Jake et Solveig ne font pas partie de ces plus forts, ils essayent. Ils essayent de l’être au maximum. « Merci. » Il n’est pas certain que ses conseils soient réellement utiles. Sans savoir le fond du problème, c’est compliqué. Il reste général mais il essaye. Il ne sait même pas si ses propres conseils pourraient lui être utiles, à lui. Bien sûr, il voudrait penser qu’il peut continuer de se battre jusqu’au bout. Mais la vérité, c’est que, jusqu’à maintenant, lors de situations compliquées, il a toujours fini par abandonner. Par choisir la solution la plus facile. Pas forcément la meilleure. Juste celle qui lui faisait arrêter ses efforts. Surtout quand les efforts paraissaient vains. « Je t’en prie, c’est tout à fait normal de faire partager mon immense savoir. » Dit-il en riant. Il voudrait faire partie de ceux qui savent se battre jusqu’au bout. Encore faudrait-il savoir quel est ce bout. On a beau réussir à résoudre des problèmes, il en vient toujours d’autres. Et ça semble infini.
Quand Jake avait commencé la boxe, c’était principalement par besoin de s’échapper de son quotidien. Tout comme Elliana avait été son échappatoire aux problèmes qu’il y avait chez lui. Il aurait pu choisir n’importe quel sport, il en faisait déjà d’autres pour son plaisir personnel. Mais aucun n’avait le même effet. Se défouler, c’était le but premier. Evacuer toute cette colère qu’il gardait en lui. Faire parler cette rage dont il ne pouvait pas parler chez lui. Chacun à la maison avait géré le divorce de ses parents à sa façon. Et ils n’en avaient jamais réellement parlé. Jake savait que sa mère voulait juste oublier tout ça, penser à autre chose de plus réjouissant. Et ses sœurs, il n’avait jamais trop su. Il n’avait jamais cherché à savoir non plus. Pour lui, le sentiment qui l’avait emporté avait été la déception. Déception qui s’était transformée en colère. Il avait fini par réussir à la contrôler, à se calmer, même s’il n’avait jamais pardonné. Malgré tout, il lui arrivait encore d’avoir un besoin particulier de frapper dans un punchingball quand quelque chose ne se passait pas bien dans sa vie.
Aujourd’hui, c’était Solveig qui avait besoin de frapper dans quelque chose. De laisser sortir sa colère, même si Jake n’en connait pas la raison. Il ne veut la forcer à rien. Elle lui en parlera si elle le souhaite. S’il est déstabilisé par le premier coup auquel il ne s’attend pas, il prend rapidement ses marques et reste immobile. Ses mains encaissent les coups facilement et il encourage même Solveig à frapper plus fort. Il sait qu’elle en a envie. Besoin même. Peut-être souhaiterait-elle frapper quelqu’un ou quelque chose. Il ne sait pas mais elle y met toute son âme. Comme si elle se battait pour défendre sa propre vie. Pour vaincre ses démons. Jake voudrait bien l’aider plus que ça, s’il le peut du moins. Mais pour le moment, il la laisser frapper dans les pattes d’ours. Aussi longtemps qu’elle le souhaite. Il ne sait pas vraiment combien de temps ils continuent comme ça mais elle finit par arrêter, transpirante et essoufflée. « Faut que j’arrête de fumer, t’as les mots justes pour me convaincre là aussi ? » Ah la cigarette, l’une des pires mauvaises habitudes qui existent. « Attention, c’est un défi. Et de taille. » Jake avait essayé, à l’époque du lycée. Il avait dû en fumer deux ou trois, espérant trouver ça bon. Mais il n’avait jamais aimé le goût et avait donc laissé tomber, heureusement. Il n’a jamais compris pourquoi tant de gens peuvent fumer. Mais une fois qu’on a vraiment commencé, il est difficile de s’arrêter. C’est là tout le problème. Il n’en a jamais fait l’expérience mais il sait qu’il faut une sacrée volonté pour arrêter. Ou une motivation particulière. Un événement qui change tout. « Si la solution miracle existait, ça se saurait, malheureusement. » Il sait qu’elle a déjà beaucoup réduit sa consommation depuis quelques temps. Sans doute est-ce le début de la fin. Elle doit déjà être moins dépendante, peut-être est-ce l’occasion. « Tu peux toujours essayer de remplacer une addiction par une autre. Plus saine bien sûr. Deviens accro à ton boulot, comme moi. » Sauf que lui, ça a toujours été sa seule addiction. Et qu’il n’a pas envie de s’en débarrasser pour le moment. Pas de raison suffisante. Bien sûr, c’est plus soin que le tabac mais sa vie amoureuse en a plusieurs fois pâti.
« Tu veux échanger les rôles ? Ça se fait pas si y’a que moi qui me vide la tête. » Elle sourit. Visiblement, frapper ainsi lui a fait du bien. Il a beau ne pas la connaître intimement, il sait comment elle agit. Comment elle fait pour aller mieux. Parce qu’ils sont pareils sur ce point. Sauf qu’il n’a pas tant de choses que ça à évacuer de son système aujourd’hui. Moins qu’elle en tout cas. Toujours les mêmes problèmes ou à peu près. Sa relation avec Chase qui s’effrite. Les problèmes d’Olivia, pour laquelle il s’inquiète. Peut-être que ses problèmes paraissent stupides à côté de ceux de Solveig. Il n’en sait rien mais il le pense malgré tout. « J’voudrais pas te faire mal, tu serais quand même moins jolie avec un œil au beurre noir. » Simple plaisanterie. Même si elle ne parvenait pas à se défendre correctement – ce qui est loin d’être le cas – il ne la frapperait jamais réellement. « Comme tu préfères. T’as l’air d’en avoir plus besoin que moi. » Ils peuvent aussi faire une pause. Elle est déjà en sueurs et il ne voudrait pas l’épuiser complètement. Même si elle semble avoir encore de la colère en elle. Elle ne s’en va jamais réellement. « D’ailleurs, tu commences un peu à m’inquiéter, il doit y avoir un truc qui tourne pas rond chez toi. » Déclare-t-il en riant. Même s’il plaisante, il est vrai qu’il s’inquiète pour elle. Il ne se souvient pas de la dernière fois qu’il l’a vue autant en colère.

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Anonymous
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() message posté Lun 22 Juin 2015 - 12:38 par Invité
« Je t’en prie, c’est tout à fait normal de faire partager mon immense savoir. » Je souris à sa fierté ironique. C’était normal, pour lui. Mais je n’étais pas habituée de mon côté à recevoir de l’aide lorsque je la demandais. Je n’étais pas habituée à ce que l’on remarque que j’en avais besoin, en réalité. Je n’étais pas habituée à ce que l’on s’en préoccupe. Il n’était pas le seul. Il y avait bien Hazel qui se levait la nuit pour venir me rassurer lorsque je me réveillais en sursaut et que j’allais fumer trois clopes à la minute sur le canapé pour me calmer. J’avais besoin de voir du monde. Je m’étais isolée trop longtemps et j’avais toujours eu l’impression que ce n’était pas de ma faute, que je n’y étais pour rien, que l’on m’avait forcée à l’être. Encore aujourd’hui, si j’avais tant de mal avec les autres, je ne me blâmais pas. Je les blâmais eux, les ombres de mon enfance, pour m’avoir haïe avant même que je sache ce qu’était la haine ou l’amour, avant même que je ne puisse prononcer le mot « pourquoi ». L’immense savoir de Jake était déjà bien plus grand que celui de mes parents et de mon frère. Et probablement plus grand que le mien, mais là encore je refusais d’admettre que j’y étais pour quelque chose. Ils avaient gâché ma vie et revenaient toujours me hanter, même aujourd’hui, même maintenant, alors que j’avais effacé les traces de mon passage dans leur existence. Eux avaient laissé leur empreinte indélébile sur mon cœur ainsi qu’un couteau invisible sur ma jugulaire, me menaçant à chaque seconde et m’incitant à rester prudente alors que le danger avait disparu. Il était censé avoir disparu depuis que j’avais claqué la porte de leur maison maudite. Et pourtant j’en avais toujours peur. J’entendais encore le grincement de cette fameuse porte, comme si à tout moment ils l’ouvraient pour venir me chercher.

« Si la solution miracle existait, ça se saurait, malheureusement. » Je soupirai. Oui, il avait raison à nouveau. Les miracles arrivaient d’eux-mêmes et on pouvait passer notre vie entière à les attendre. Mais j’avais lorgné sur de nombreux miracles dans mon existence, pensant que les fautifs payeraient pour leur injustice. Peut-être que c’était ça, la solution : me remettre en question. J’avais tant souffert que je ne voyais pas le problème ainsi. Si je suis comme ça, c’est à cause d’eux. Si je fume et si je pleure tant, c’est à cause d’eux. Mais peut-être que ça ne marchait pas comme ça. Peut-être que me dire cela ne ferait qu’empirer les choses, me rendant aigrie et rancunière jusqu’à la fin de mes jours. « Tu me toujours essayer de remplacer une addiction par une autre. Plus saine bien sûr. Deviens accro à ton boulot, comme moi. » Je haussai les sourcils et ris, amusée. Sérieusement, Jake ? Plus saine ? Mes sauts d’humeur ternissaient mon travail en ce moment, j’avais du mal à en trouver. J’avais quelques pistes, mais je restais pigiste pour l’instant. J’avais peut-être trop peur de me poser et je passais beaucoup de temps sur mon blog. Vendre mes articles n’étaient pas un problème, ils avaient généralement du succès. Peut-être que trouver une rédaction et me stabiliser pouvait m’aider, en effet, mais je prenais les mots de Jake au sérieux, sans le montrer : j’étais capable de me tuer à la tâche. De ne pas m’arrêter et d’en faire une véritable addiction. J’avais passé des nuits entières sur Internet à parler à des filles qui me racontaient des histoires horribles. J’avais dû en consoler plusieurs. J’avais dû les empêcher de se suicider, parfois. Peu de fois, mais c’était déjà trop. On ne laisserait jamais vivre les femmes. On ne les laisserait jamais prendre le métro sans qu’elles ne soient harcelées. On ne les laisserait jamais marcher seules la nuit sans les agresser. On ne les laisserait jamais respirer sans qu’elles ne sentent un jour l’odeur âpre du danger. Je regardai Jake, un sourire toujours posé sur les lèvres. « Non mais ça me stresserait trop et je me retrouverais avec deux addictions au lieu d’une. Je préfère flâner chez moi tranquille. » Il savait que c’était faux. Il m’avait beaucoup appris lorsqu’il m’avait pris sous son aile, notamment le fait d’être exigeante et perfectionniste. Mais il était également de ceux qui m’avaient aidée à avoir de l’humour et à rire un peu, alors je n’hésitais pas aujourd’hui à le faire.

« J’voudrais pas te faire mal, tu serais quand même moins jolie avec un œil au beurre noir. » Je me grattai tant bien que mal le crâne avec mon gant et fis une moue approbatrice. « Ah c’est moi qui suis jolie maintenant ? Merci Jake, tu me flattes. » J’étais un peu sarcastique. Je suais, mes cheveux, quoique fermement attachés en une longue queue de cheval, n’avaient pas hésité à s’échapper de celle-ci pour venir se coller à mes joues, envelopper mes oreilles et se broder à mon cou, et on pouvait discerner le trouble au fond de mon regard noisette. Je n’avais pas l’impression d’être jolie. J’avais le sentiment d’être une bête hirsute et aveugle s’acharnant sur un adversaire invisible et redevenant humaine deux minutes histoire de décocher quelques mots pour leurrer l’auditoire. Mais je souris tout de même et me moquai de moi avec liberté et franchise. Tu es humaine Solvie et tu l’as toujours été. La vérité était là, devant moi. Il s’agissait d’une évidence mais n’étais-je pas aveugle ? « Comme tu préfères. T’as l’air d’en avoir plus besoin que moi. » Oui, probablement, mais je ne voulais pas l’empêcher de s’entraîner non plus. Il voulait peut-être perdre quelques kilos, à défaut d’avoir une colère monstre à évacuer. « D’ailleurs, tu commences un peu à m’inquiéter, il doit y avoir un truc qui tourne pas rond chez toi. » Il riait mais je reconnaissais là une inquiétude certaine et le remerciait à nouveau silencieusement pour le remarquer. Je détendis finalement mes muscles. J’étais réellement fatiguée. « Ok mais on fait une pause. » J’enlevai un gant et pris ma bouteille d’eau que j’avais laissé au pied du ring puis m’assis sur le sol mou, le dos posé contre le coin. Je bus lentement, laissant la fraîcheur m’envahir la gorge de manière agréable, puis je levai les yeux vers Jake. Je voulais lui en parler. Vraiment. « Tu as raison, un truc ne tourne pas rond chez moi. » plaisantai-je, mais mes mots avaient une profondeur véritable, quelque part. Comme celle d’un aveu douloureux. « J’ai des problèmes de famille. Tu les règles comment, toi, tes problèmes de famille ? » Je restai évasive, encore. Comme si je ne voulais pas qu’il sache. Comme si je voulais qu’il devine sans que j’aie à lui dire quoi que ce soit. Mais il n’est pas dans ta tête, Solveig. C’était vrai. Heureusement pour lui.
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