"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Appel de Graham Sachs à Maggie Cartwright 2979874845 Appel de Graham Sachs à Maggie Cartwright 1973890357
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Appel de Graham Sachs à Maggie Cartwright

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() message posté Mar 21 Juil 2015 - 22:39 par Invité

he was broken from moment to moment, watching his world collide he felt lost inside himself. he fell apart for a passion that flamed beneath him. he waited and died a hundred times, it dripped from his pores. the moment he let go, he soared over the stillness like the star he was born to be. ✻ ✻ ✻ Il observa son cellulaire, le goût de la nicotine encore présent sur ses lèvres abîmées. Il esquissa un geste pour l’attraper avant de finalement se rétracter, ses doigts tremblant sous l’effet de l’alcool qui coulait dans ses veines. Le monde lui tournait et, même s’il désirait perdre pied, perdre face, perdre raison, il restait désespérément accroché à la réalité. Son propre esprit ne lui appartenait plus. Son propre esprit l’abandonnait, le contraignant à endurer ses craintes, l’obligeant à courber l’échine et se laisser faire. Se laisser faire et se rappeler. Se rappeler qu’il lui avait survécu. Se rappeler qu’il ne l’avait sans doute pas mérité mais que le destin l’avait épargné sans même, sans doute pour lui infliger cette culpabilité qui rongeait son coeur, son âme, son être.
Qui le rongeait, lui, tout entier.
Après quelques minutes d’hésitation supplémentaires, il finit par composer le numéro qu’il avait griffonné sur un bout de papier. Il peina à relire son écriture brouillonne ; finalement, quand la ligne sonna, les angoisses lui saisirent le ventre, lui arrachèrent les tripes, lui soulevèrent le coeur. Il compta les tonalités, s’amusa nerveusement de la musique de mise en attente. Le slogan était presque aussi risible que lorsqu’il était sobre, présentant brièvement la ligne directe de l’émission sexo d’une radio britannique. Il faillit raccrocher mais il était déjà trop tard ; on lui demanda son prénom et la raison de son appel, il articula quelques paroles incohérentes alors que l’émission, elle, grésillait en fond sonore. On le remit en attente. Il attendit de nouveau. Il ne savait pas pourquoi, d’ailleurs. L’alcool dictait ses gestes. L’alcool remplaçait ses pensées. Il n’avait même pas réalisé qu’il était là, sur son lit, la radio allumé, alors que la nuit était déjà tombée. Il n’avait même pas réalisé qu’il appelait le une émission à l’eau de rose tout simplement parce qu’une inconnue lui manquait.
Tout simplement parce qu’il n’arrivait plus à avancer, à avancer avec sa culpabilité.
Et, finalement, il entendit la voix de la jeune femme qui s’occupait d’animer l’émission, et son coeur rata un battement. « Une inconnue me manque, » annonça-t-il de but en blanc sans même se présenter. Parce qu’au fond, il avait simplement besoin d’en parler. Simplement besoin de se confier. Simplement besoin d’extérioriser. Peu importait avec qui. Peu importait comment. Il avait seulement besoin que ce soit maintenant.
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() message posté Mer 22 Juil 2015 - 0:57 par Invité
. I CAN TAKE THIS LIE, I CAN HIDE MY SOUL. WELL I'M LOST IN THE DARK, WITH NO LOVE IN MY HEART. I SHOULD LET GO  . Elle ne savait pas quelle force la poussait à mettre un pied devant l'autre. Elle ne savait pas quelle force la poussait à passer la porte de ce grand bâtiment. Elle ne savait pas qui pouvait bien l'avoir légitimé à traverser ces couloirs pour venir s'asseoir devant ce micro. Elle ne savait pas qui lui avait donné son droit de parole. Son droit de juger. Chaque jour, elle écoutait ces hommes, ces femmes. Chaque jour, elle donnait des conseils, prononçait des mots dont elle ne connaissait pas le sens. Faire ceci, tenter cela. Persévérer. Abandonner. Épier. Faire confiance. Tout ce vocabulaire qu'elle avait emmagasiné toutes ces années, et dont elle était incapable de donner une définition propre. Bien sûr, elle voyait le poids de ses mots, mais ne s'inquiétait pas de leur influence. Cette influence sur toutes ces vies, sur tous ces couples. Et elle leur donnait conseil. Elle, Maggie, celle au coeur toujours neuf d'amour. Elle qui n'avait jamais su faire confiance bien longtemps, elle qui ne voulait pas s'en donner la peine. Elle qui ne connaissait pas le sens des mots 'entraide' et 'soutient', elle qui les répétait tous les jours à bon entendeur. Elle était sûrement la plus grande farce de l'époque, un imposteur parmi tant d'autres, et pourtant personne encore ne l'avait démasqué. Personne encore ne lui avait jamais demandé, après tout. Personne n'osait demander au gourou amoureux de la radio si elle-même savait gérer sa vie amoureuse. Sûrement qu'on devait la penser mariée, heureuse, rangée dans une vie qu'elle conseillait à ses auditeurs. Mais la vérité était toute autre. La vérité était telle qu'elle était seule, malgré qu'elle soit parfois accompagnée. Des hommes étaient passés, d'autres viendraient, mais elle n'était jamais à deux. Elle était seule, toujours en grande conversation avec son coeur muet.
Mais elle conseillait. Et elle conseillerait encore ce soir. Une émission spéciale, une soirée complète avec Maggie la gourou de l'amour. Cela ne se refusait pas. Elle ne refusait jamais ce rôle. Peut-être par faiblesse, peut-être était-ce rassurant, au fond. Rassurant de voir qu'elle n'était pas la seule en mal d'amour. Alors elle prenait des appels, seule devant son micro. Il y avait cette femme qui doutait de l'honnêteté de son mari, et puis cet homme qui ne savait pas comment lui dire qu'il l'aime. Ce petit garçon triste de ne plus revoir cette fille si spéciale avant la rentrée, et ce vieil homme qui appelait simplement pour donner des nouvelles de son histoire avec sa belle Irène. Et puis, un nouveau nom s'ajouta sous ses grands yeux. Un certain Graham. Après une page de publicité, elle fit signe à son assistant de lancer l'appel, prête à réouvrir son manuel de bons conseils. « Chers auditeurs, chères auditrices, nous revoilà partis pour 40 minutes non-stop de Does Love Is At My Door ?. Graham nous a rejoint à l’instant, vous êtes là Graham ? » Elle récite son texte, avec le même entrain, la même joie lisible malgré l’aveuglement de son job. Un vrai travail de comédienne. Alors qu’elle attendait une réponse de son auditeur, ses yeux tiquaient sur ce prénom, sans qu’elle ne puisse savoir pourquoi. Et puis, elle entendit sa voix à nouveau. « Une inconnue me manque, » Un long silence traversa le plateau, alors que sa mémoire tentait de replacer ce timbre de voix familier. Elle savait que c’était lui. Elle le devinait, lui et ses yeux étonnement sombres pour un si joli bleu, lui et son ombre qui semblait trainer un poids sous ses pas. Elle resta un moment silencieuse, alors que ses collègues faisaient de larges signes à son encontre. Elle pouvait se tromper. Il pouvait ne pas être celui qu’elle pensait. Alors elle reprit conscience, chassant cette même gêne qu’elle avait ressentit en entendant son histoire, et reprenant le sourire qui traversait toujours ses paroles. « Une inconnue vous dites ? Parlez-nous d’elle, dites-m’en plus à son sujet. » Elle restait pendue à ses lèvres, attendant le prochain son qui s’échapperait de sa bouche. Elle attendait confirmation. Elle attendait de voir si elle se trompait. Alors, elle ajoutait une phrase qu’elle sortait souvent, mais qui cette fois avait un arrière goût amer. « Où est votre inconnue, à cet instant ? »

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() message posté Mer 22 Juil 2015 - 21:15 par Invité

he was broken from moment to moment, watching his world collide he felt lost inside himself. he fell apart for a passion that flamed beneath him. he waited and died a hundred times, it dripped from his pores. the moment he let go, he soared over the stillness like the star he was born to be. ✻ ✻ ✻ Cette émission, il l’écoutait régulièrement, presque malgré lui. Cette émission, il en avait ri, il s’en était moqué sans éprouver le moindre remord. Il n’avait pas compris toutes ces personnes qui avaient eu besoin d’étaler leurs histoires de coeur à l’antenne. Il n’avait pas compris tous ces romantiques si déterminés à trouver leur âme soeur. Tout lui avait paru étrange, insaisissable, hors de sa portée. Il avait été persuadé d’appartenir à une autre réalité, une réalité supérieure, sans jamais remettre en cause ses moqueries ou ses préjugés. Il avait été persuadé d’avoir raison. Il avait été convaincu de posséder la vérité absolue, le droit de juger. Puis, finalement, il avait ressenti ce besoin. Ce besoin de parler. Ce besoin d’exprimer tout ce qu’il pouvait bien contenir à l’intérieur de ce coeur sur le point d’exploser. Il avait passé des semaines à se moquer de personnes perdues avant de finalement se retrouver dans la même position qu’elles. Finalement, ce n’était pas de l’exhibitionnisme de sentiments, mais une simple question de survie, comme si se confier à quelqu’un permettait de vivre une journée de plus dans leur enfer personnel, avant de sombrer de nouveau.
C’était une émission spéciale, se tenant le soir au lieu du matin, pour une raison qui lui avait échappée. Il l’avait oublié, avant de finalement rentrer chez lui et allumer sa radio, son sang intoxiqué par quelques verres de trop. Il les avait écouté pendant une dizaine de minutes, incapable de rire, incapable de se moquer, incapable d’en faire un spectacle risible. Il avait mélangé ses souvenirs aux sons qui étaient parvenus au creux de son oreille. Il s’était rappelé d’elle. De toutes les femmes qu’il avait bien pu voir passer dans son existence, elle était la seule à le hanter de cette manière, la seule à l’emplir de regrets. La seule à rester là, au creux dans son esprit, alors qu’elle n’avait même pas eu le temps d’avoir une quelconque importance. « Une inconnue vous dites ? Parlez-nous d’elle, dites-m’en plus à son sujet. » La voix de l’animatrice résonna dans ses oreilles et il resta silencieux, entendant les mots se répéter incessamment au creux de ses tympans. En dire plus. Parler d’elle. Mais il ne la connaissait pas. Il n’avait même pas l’impression d’avoir le droit de le faire. « Où est votre inconnue, à cet instant ? » reprit Maggie. Sous Terre. Elle est dix pieds sous Terre. Il secoua la tête, mettant l’ampli sur son téléphone avant de le poser sur son torse. Il était là, allongé sur son lit, plongé dans le noir, fixant les reflets qui marquaient le plafond. Il était là mais son esprit était ailleurs. Loin. Avec elle, sans doute. « Elle n’est plus là, »  répondit-il finalement. Non, elle n’était plus là. Elle ne serait jamais là. Quelque part, il se demandait pourquoi il s’attachait tant à son souvenir. Il ne la connaissait pas. Il ne l’avait jamais connu. Il ne la connaitrait jamais. « Blonde. Pas spécialement belle mais avec un charme qui me rappelait quelqu’un. Courageuse, plus qu’elle ne voulait l’admettre, sans doute. Fleuriste, ou peut-être avocate. Je n’en sais rien. »  Non, il n’en savait rien. Pourtant, elle lui manquait. Pourtant, elle avait emporté un morceau de son existence avec elle, sans prévenir, sans rien dire. Comme ça. En mourant. En mourant à côté de lui.
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() message posté Sam 25 Juil 2015 - 0:39 par Invité
. I CAN TAKE THIS LIE, I CAN HIDE MY SOUL. WELL I'M LOST IN THE DARK, WITH NO LOVE IN MY HEART. I SHOULD LET GO  . Elle entendait toute sorte d'histoires. Des histoires d'amour, des histoires naissantes, d'autres vieilles comme le monde. Il y avait des histoires joyeuses, des histoires tristes. Elle les écoutait tous, tous ces gens dont elle ne connaissait rien, toutes ces personnes qui l'appelait en pensant qu'elle les aiderait à avancer, à faire un choix, ou à s'abstenir. Toutes ces personnes comptaient sur elle, la petite Maggie, la curieuse Maggie. Ils avaient tous ris en la voyant arriver. Du haut de ses talons rose, de sa robe à fleurs et de ses collants rayés, elle faisait rire. Elle semblait si frêle, si fragile. On l'avait toujours vu ainsi, du plus loin qu'elle s'en souvienne. Mais sa force était bien là; elle savait en rire elle aussi. Rire de ce job, de ce qui occupait toutes ses journées alors que son rêve s'était toujours trouvé ailleurs. Elle avait toujours rêvé de sauver des vies, et au lieu de le faire activement, elle pouvait toujours se dire qu'elle le faisait peut-être à travers ses appels. À travers ses conseils creux, ses paroles vide de sens qui pourtant passaient aux oreilles de ses auditeurs comme parole divine. Parfois ça marchait, et parfois on la rappelait. On l'insultait. Il fallait alors couper, lancer la pub, mettre le numéro sur liste noire, sourire, et poursuivre. Toujours sourire. Faire comme si tout allait bien. Tout n'allait pas bien. Pourtant, elle tenait le rôle de cette présentatrice à la voix enfantine et si joyeuse qu'elle en devenait agaçante. Elle souriait peut-être trop, certains avaient fini par voir que c'était faux. Elle ne pouvait leur en vouloir. Elle se réjouissait que quelqu'un ait percé son mensonge. Un mensonge si bien emballé qu'il trompait tout son petit monde.
On n'y voyait que du feu. Il lui suffisait de sourire. Alors elle prenait le prochain appel, un sourire aux lèvres. Et puis il y eut ce prénom, cette voix. Son cerveau mit un temps à replacer les pièces du puzzle, avant que la mémoire ne lui revienne. Elle avait un don pour se souvenir des voix, cela faisait quelque peu parti de son métier, et celle-ci l'avait marqué. Il lui était seulement difficile de replacer un visage. Elle avait seulement le nom, la voix, et une histoire. Une histoire peu commune, qu'elle avait pris le temps d'écouter, sans se soucier des détails dont raffolaient ses collègues. Non, elle ne se souciait pas de la peur qu'il avait eu, ou de savoir si oui ou non son expérience resterait un traumatisme. Il était aisé de répondre à ce genre de question. Non, c'était autre chose qui l'intriguait. Cette tristesse au creux de ses mots, au fond de sa gorge. Et personne ne la discutait. Elle retrouvait cette même tristesse une nouvelle fois. « Elle n’est plus là, » Une boule se formait à mesure qu'elle pesait les mots qui lui parvenaient. Elle aurait pu demander où elle était partie, si elle l'avait quitté, si elle avait décidé de partir, ailleurs. Mais elle savait au fond qu'elle n'avait jamais décidé de ne plus être là. Elle se doutait qu'il ne s'agissait pas d'une vulgaire rupture. Elle savait qu'il y avait un rapport avec la tristesse qu'elle lisait dans sa voix. « Blonde. Pas spécialement belle mais avec un charme qui me rappelait quelqu’un. Courageuse, plus qu’elle ne voulait l’admettre, sans doute. Fleuriste, ou peut-être avocate. Je n’en sais rien. » Sans mettre un mot sur le pourquoi, une gêne s'installa dans sa poitrine. Elle était gênée car ce n'était pas habituel. Elle était gênée parce que c'était nouveau. Il ne s'agissait pas d'un adolescent posant des questions sur sa meilleure amie qu'il pensait aimer. Non, c'était plus que ça. Pas forcément mieux, ou plus important, c'était autre chose. Quelque chose qui la gênait. Elle sentait le regard de ses supérieurs dans son dos, la fusillant pour ne pas poser les bonnes questions, celles qui fâchent, celles qui font le buzz. Mais elle n’en avait pas envie. « Mais vous, vous êtes toujours là, Graham. » Elle se remémorait son histoire, le tsunami, les heures de détresse, les corps qui flottaient encore des jours plus tard. « Peut-être faudrait-il penser à laisser votre inconnue s'en aller, maintenant. » Elle ne souriait plus. Elle n’avait plus son sourire qui dépassait les limites du micro et qui s’entendait même à la radio. « Vous vous en sentez capable ? »
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() message posté Dim 26 Juil 2015 - 21:25 par Invité

he was broken from moment to moment, watching his world collide he felt lost inside himself. he fell apart for a passion that flamed beneath him. he waited and died a hundred times, it dripped from his pores. the moment he let go, he soared over the stillness like the star he was born to be. ✻ ✻ ✻ Parfois, il avait encore l’impression d’avoir de l’eau dans ses poumons. Parfois, il avait encore l’impression d’avoir les mains mouillées, si bien qu’il prenait une serviette pour se les essuyer, encore et encore, frottant sa peau sèche et abimée, encore et encore, frottant cet épiderme irritée et pourtant désespérément humide dans son esprit. Il avait beau savoir. Savoir qu’il avait sortie la tête de l’eau. Savoir qu’il n’aurait sans doute plus à attendre dans un espace inondé. Savoir qu’il avait fini de batailler pour avoir la vie sauve. Il était encore là-bas. Il était encore sous les décombres, menacé par l’effondrement, menacé par la crue, menacé par son environnement. Il était encore piégé dans un pays qu’il ne connaissait pas, pas réellement. Il était encore coincé dans ces soixante-trois heures d’enfer. Il ne savait pas si l’attente avait été pire que toute cette eau qu’il avait bien pu avaler en tentant de rester à la surface. Il ne savait pas si la douleur de sa jambe cassée avait été ce qui l’avait maintenu en vie ou si l’adrénaline avait fait tout le travail. La plupart du temps, il refusait de se poser des questions. Il refusait d’y penser. Quand les souvenirs étaient trop forts, trop puissants, il buvait. Il buvait plus que raison mais cela les effaçait.
Il n’y avait qu’une chose qu’il ne parvenait pas à oublier.
Qu’une personne.
Qu’une fille.
Elle.
Celle qui était morte.
Celle qui n’avait pas survécu.
Celle qui avait sombré, sombré avec son morceau d’âme, sombré avec sa conscience.
Sa gorge était serrée malgré lui. Il s’était arrêté de parler et pouvait presque entendre sa respiration sifflante. L’autre bout du fil semblait bien silencieux. Pourtant, Graham n’avait pas souvenir que l’animatrice de cette émission se taisait. Il n’avait pas souvenir de l’avoir entendu ne serait-ce qu’une seule fois silencieuse. Pendant quelques instants, il se maudit intérieurement d’avoir composé ce numéro, mais, finalement, il l’entendit. « Mais vous, vous êtes toujours là, Graham, » déclara-t-elle. La plupart du temps, ses remarques l’agaçaient. Son entrain et sa voix presque chantante avaient le don de l’exaspérer. Là, elle avait l’air plus calme. Plus humaine. Plus accessible. Même si elle ne pouvait pas le voir, il hocha la tête. Il hocha la tête parce qu’elle comprenait à la perfection les ravages de son être. « Peut-être faudrait-il penser à laisser votre inconnue s'en aller, maintenant, » reprit-elle. « Vous vous en sentez capable ? » Il ferma les paupières pendant quelques instants. Il n’avait pas l’impression de passer à la radio, non. Il n’avait pas l’impression que d’autres pouvaient entendre ses mots. C’était comme s’il s’agissait d’une conversation entre elle et lui. Comme s’ils n’étaient que tous les deux. Comme s’il n’y avait plus qu’eux, et que le reste du monde n’avait plus d’importance. « Je ne peux pas, »  répondit-il finalement. « Je n’arrive pas à oublier. J’ai l’impression qu’elle est partout comme si je n’avais pas le droit de passer à autre chose. »  Je fus parcouru d’un rire sans joie. D’un rire vide. Fatigué. « Vous l’avez dit vous-même. Je suis encore là. Peut-être n’était-ce pas à moi de rester. »  Il n’était pas sûr de mériter sa place. Pas sûr d’avoir mieux valu qu’elle. Il avait simplement eu la chance d’être plus résistant. De vivre deux heures de plus, le temps que les secours arrivent. Le temps qu’on le sorte de là à temps.
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() message posté Lun 27 Juil 2015 - 0:21 par Invité
. I CAN TAKE THIS LIE, I CAN HIDE MY SOUL. WELL I'M LOST IN THE DARK, WITH NO LOVE IN MY HEART. I SHOULD LET GO  . Elle n'avait rien vécu, rien redouté. Elle vivait la vie banale qu'on lui avait déposé dans ses mains à sa naissance. Les événements phares qui avaient rythmés sa vie se résumaient à un déménagement, un divorce, et une nièce. Et même avec ces petites choses qui pouvaient paraitre infimes, elle n'y arrivait pas. Elle n'arrivait pas vivre, seulement à survivre. Elle menait un quotidien dont elle n'avait pas voulu, et ne pouvait se résoudre à l'accepter. Chaque jour, elle priait le retour de sa soeur, elle priait pour qu'elle revienne, sevrée, heureuse, capable de s'occuper de son enfant, capable de la soulager d'un fardeau qu'elle ne parvenait pas à voir comme un cadeau. C'était ce qu'un enfant était censé être. C'était ce que Mags n'arrivait pas à voir. Ce qu'elle ne voulait pas voir. Parce que Sara venait bouleversé sa vie, son quotidien, ce cocon dans lequel on l'avait mise il y avait bien longtemps. Ce cocon qui réglait sa vie tel du papier millimétré et dont elle s'était satisfait durant de longues années. Dont elle se satisfaisait toujours. Mais tout ça s'était envolé, et aujourd'hui elle était perdue. Perdue entre des parents déchirés, une soeur droguée, un enfant qui ne l'aimait, qui n'avait pas besoin d'elle, mais de sa véritable mère. Chose qu'elle n'était pas, et qu'elle n'avait pas prévu d'être, ou du moins pas tout de suite. Simplement parce qu'elle ne s'était encore jamais sentie femme, avant de pouvoir devenir mère. Il lui manquait une étape, et c'était cette étape à laquelle elle voulait revenir. Ainsi tout serait plus facile.
Rien n'avait été facile pour Graham. Au delà de ce qu'elle avait pu entendre, de ce qu'elle avait pu écouter de ses interviews, elle savait que rien n'était facile pour lui, et que plus grand chose ne le serait à présent. Au son de sa voix, elle savait que ce soir n'était pas un soir facile. Outre son don pour lire les émotions d'une personne à travers ses mots donné après plusieurs années de radio, la jeune femme savait reconnaitre un homme en détresse. Elle l'avait vu dès le premier jour. Elle le voyait encore. « Je ne peux pas, » Et soudain, toute la pièce lui semblait injuste. Toutes ces personnes qui écoutaient les mêmes mots qu'elle, qui entendaient la même histoire. Ce micro, ces auditeurs pendus à leur radio, rien n'était juste. Soudain, cette conversation ne semblait appartenir qu'à eux. Elle aurait aimé qu'elle n'appartienne qu'à elle. « Je n’arrive pas à oublier. J’ai l’impression qu’elle est partout comme si je n’avais pas le droit de passer à autre chose. » Les yeux clos, elle entend son rire, ce rire amer, ce rire vidé de sens. Elle voulait quitté cette pièce, sous leurs regards noirs, et pouvoir lui parler seule. L'aider. Elle voulait l'aider. Et pourtant, elle ne s'était jamais sentie aussi impuissante. « Vous l’avez dit vous-même. Je suis encore là. Peut-être n’était-ce pas à moi de rester. » Un long silence suivit, un silence qu'elle aurait voulu combler de beaucoup de mots. Seulement elle ne les trouvait pas. Elle ne trouvait plus ces précieux conseils qu'elle donnait d'habitude, ces mensonges. Parce qu'elle ne voulait pas lui en dire, pas à lui. Peut-être parce qu'il ne méritait pas qu'elle lui mente. Peut-être parce qu'elle ne voulait pas faire semblant. « Il n'est pas question de qui avait le droit de rester ou de partir. Le choix ne vous a jamais appartenu, ni à elle, ni à vous. Il n'appartient à personne, malheureusement. » Elle pesait ses mots comme si ils pouvaient changer quelque chose, avoir un quelconque poids, une quelconque ampleur dans le malheur qu’elle percevait dans sa voix. Mais ils n’en avaient aucun. Ils ne suffiraient pas. Rien ne pouvait suffire. Mais elle continuait, ignorant qu’ils n’étaient pas seuls, ignorant le rôle quotidien qu’elle se devait de jouer ce soir, et dont elle n’avait pas envie. « Vous avez le droit de passer à autre chose. Vous vous le devez autant que vous le lui devez à elle. Sinon, comment donner un sens à ce qui vous est arrivé ? » Les lèvres pincées, elle s’accroche au son de sa voix. « Pardonnez-vous, Graham. Vous n’y êtes pour rien. »
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() message posté Sam 12 Sep 2015 - 15:33 par Invité

he was broken from moment to moment, watching his world collide he felt lost inside himself. he fell apart for a passion that flamed beneath him. he waited and died a hundred times, it dripped from his pores. the moment he let go, he soared over the stillness like the star he was born to be. ✻ ✻ ✻ Il ne faisait pas attention à qui pouvait entendre leur conversation. A vrai dire, il n’était même pas sûr de s’en souvenir. Il avait tant été habitué à être seul, à vrai dire. Seul enfant de ses parents. Seul garçon à avoir deux pères. Seul gamin à avoir autant d’ennuis en cours. Seul à force de ne jamais s’être donné la peine d’avoir une fille permanente à son bras. Seul à attendre les secours. Seul à en être ressorti. Seul à avoir cette douleur, cette douleur constante, ces souvenirs venant hanter sa mémoire. On l’avait inscrit à des groupes de soutien. On l’avait incité à être suivi par un spécialiste. Il y était allé, parfois, dans l’unique objectif de faire plaisir à son entourage.
Mais, la vérité, c’était que personne ne pouvait le comprendre. Personne ne savait ce que cela faisait de rester soixante-trois heures coincés dans les décombres d’un restaurant, à moitié inondé, à crever de froid dans l’eau de mer sans savoir ce qu’il s’était passé à l’extérieur. Personne ne savait ce que cela faisait de voir sa seule compagnie doucement fermer les yeux pour ne plus les rouvrir. Personne ne savait ce qu’il avait vécu. Personne ne pouvait le comprendre. Personne ne pouvait l’appréhender, parce que l’être humain avait été conçu pour se tenir loin de toute souffrance.
Il avait été seul. Toujours seul. Et, en cet instant, même si des personnes l’entendaient parler à cette jeune femme qui trouvait toujours des choses à dire, des conseils absurdes à donner, de la bonne humeur à revendre, il n’avait pas l’impression qu’elles existaient. Il n’y avait que lui. Lui et elle, perdus dans sa solitude. « Il n'est pas question de qui avait le droit de rester ou de partir. Le choix ne vous a jamais appartenu, ni à elle, ni à vous. Il n'appartient à personne, malheureusement, » reprit-elle. Il continua de fixer le plafond avec attention, remettant en question ses paroles silencieusement. Il en était même venu à douter de ces affirmations là. A se dire que cela n’était pas forcément vrai, qu’il existait une force au-dessus du reste pour déterminer qui restait, qui partait. Une force qui n’était pas forcément juste. Une force qui était fondamentalement mauvaise, même. « Vous avez le droit de passer à autre chose. Vous vous le devez autant que vous le lui devez à elle. Sinon, comment donner un sens à ce qui vous est arrivé ? » demanda l’animatrice. Il ferma les yeux. Elle. C’était toujours elle, au fond. Toujours. « Pardonnez-vous, Graham. Vous n’y êtes pour rien. » Il prit une profonde inspiration, passant une main sur ses paupières fermés, frottant, encore et encore, ses yeux fatigués. Il n’y était pour rien, non, pourtant, il avait l’impression que tout était de sa faute. Il aurait pu faire quelque chose, il aurait dû faire quelque chose. Il avait l’impression d’avoir trahi cette inconnue, de l’avoir laissé tomber dans sa détresse. Il se blâmait, oui. Il se blâmait depuis des années, maintenant. « Je ne peux pas donner de sens à ce qui est arrivé. Je refuse d’en donner un, »  finit-il par répondre. Elle trouvait les mots justes, oui, mais ils n’étaient pas suffisant. Ils ne le seraient jamais. Il était bien trop piégé dans ses émotions pour les accepter. Les accepter et ses pardonner. « J’aurais dû tenter quelque chose. N’importe quoi. J’aurais dû mais j’étais trop paralysé par cette putain de peur pour me bouger le cul et changer la donne. »  Ca le libérait presque, de parler ainsi, de parler à cette inconnue qui l’avait toujours agacé.
Parce que, contrairement aux autres, elle lui donnait l’impression de l’écouter.
De l’écouter pour lui et non pas parce qu’elle y était contrainte.
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