"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici I can't steel your kisses anymore. Your lips are mine. (Ginny) 2979874845 I can't steel your kisses anymore. Your lips are mine. (Ginny) 1973890357
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() message posté Mer 20 Mai 2015 - 21:07 par Invité

“Know your own happiness. You want nothing but patience- or give it a more fascinating name, call it hope.”   La pluie glissait mélancoliquement sur mes joues alors que je me faufilais entre les roseraies fleuries du parc. Je me baladais souvent seul dans la pénombre afin de me délecter de ces soirées sombres et humides de fin d’automne, comme si je voulais me soustraire aux conditions de l’existence et redonner un sens à mes réflexions devenues absurdes. J’observais les gens avec détachement alors que foule semblait acclamait mon intrusion parmi les vivants. Un sourire malicieux se traça sur mon visage alors que j’haussai les épaules avec allégresse. Les lumières des réverbères traversaient le crépuscule pluvieux, à la fois scintillantes et larmoyantes, avant de s’écraser sur le sol mouillé. Mes pas dessinaient des reflets inertes sur la boue avec une telle avidité qu’il me semblait que mon corps aspirait à marquer l’histoire d’une quelque manière qui soit, mais cet endroit resplendissait déjà d’une originalité surhumaine. Je relevais mon visage avant de secouer mes cheveux suintants. La fraicheur de l’air s’immisçait dans ma peau comme un regain de vie après un sommeil éternel. Je m’arrêtai devant la serpentine et je pu distinguer les légères fluctuations de la surface de l’eau sous les larmes du ciel. Ginny, nous devrions partager ce côté obscure de ma force. Le chaos emporte la beauté afin de la polir au gré des âges nouveaux. Il est temps que le monde tremble sous les bourrasques du vent. Il temps que tu découvres mon univers tout entier. Je me tenais silencieusement entre les buissons. J’avais souffert avec félicité et maintenant j’acceptais le bonheur sans opposer aucune résistance – mais mon quotidien était parfois terne et dénudé de saveur. Je n’avais pas fumé de la journée, probablement car la présence d’Eugenia sevrait mon cœur de tous ses pêchers. Ses sourires enlaçaient ma poitrine comme les nuances orangers d’un horizon lointain et je me transformais en poussière sous ses caresses innocentes. Comment retrouver ce que j’avais perdu ? Il n’y avait certainement aucune réponse ; le visage du désespoir se colorait de pâleur avant d’épancher les perles rosées. Mes philosophies se dissipaient peu à peu comme les cicatrices d’un ancien combattant. Je n’étais rien sans la douleur inhérente à mes angoisses. Je n’étais rien sans le vice, l’arrogance et la dépendance. Le secret du bonheur, la majesté de l’ennui et la froideur des ténèbres – toutes ses valeurs se confondaient dans mon esprit avant de prendre la forme unique de la conscience. Le destin était amer. Je l’étais aussi. Thomas m’avait apprit qu’il n’y avait aucune finalité en ce monde. Les sentiments étaient éphémères et je craignais redoutais que l’accomplissement de mon grand amour le soit aussi. Je fronçais les sourcils en courant à perte d’haleine vers  l’église Hyde Park Baptist. Je me laissais bercer par l’appel des cloches, lorsque les grincements du gravier sous mes pieds me sortirent de torpeur. J’étais une coquille vide sans les poisons du cannabis. J’étais démuni sans l’amour physique d’une femme qui avait juré m’appartenir pour l’éternité. Je crispai mes doigts sous la pluie battante en m’éloignant dans les longues rues pavées de honte. Mes sentiments se mélangeaient à une vitesse vertigineuse dans ma tête ; je songeais à toutes ces promesses déchues et aux actes qui avaient brisé notre histoire. Je pensais à Cardiff, à nos longues balades sur la plage, et à l’étreinte de l’abandon lorsque je l’avais laissé sur le rivage. Je revoyais l’expression maléfique de mon reflet, et l’envie irrépressible de l’annihiler par la simple force de mon poing devenait de plus en plus opressante. Je sais que je ne peux pas dépasser ce que je suis. Ce n’est pas un monstre maléfique – ce n’est pas une bête sauvage qui se cache sous mon regard affolé. C’est moi. Je suis en colère sans raison, sans restriction, juste pour le plaisir d’exister autrement que dans le silence. Je plongeais pieds joints dans une énorme flaque. Mes jambes humides tremblaient dans le froid. Mon cœur aussi. Aide-moi ; je me suis habitué à ce fléau. La violence est une vielle amie que je refuse d’oublier. Elle a rythmé mon enfance et ma relation avec mon père. J’ouvris la porte de l’apparemment d’un geste brusque. Ginny était assise sur le canapé, l’allure passive et les yeux dirigés vers la télévision. Je déglutis avant de m’approcher lentement de sa silhouette ombrageuse. Mes bras frigorifiés se tendirent vers son visage dans un désespoir infini, alors que je lui souriais à moitié emporté par l’ivresse. J’avais bu quelques verres avant de rentrer. Je la regardais d’un air meurtri avant de caresser son menton avec tendresse. Ma veste encore imbibée d’eau brillait sous l’éclairage de la pièce. Mon cœur était suspendu à ses lèvres, attendant un signe de clémence de sa part mais elle n’en fit rien. Elle n’esquissa pas le moindre mouvement en ma direction. Encore une fois, je me noyais dans les torrents d’un désir tourmenté et solitaire. J’étais pitoyable – Je me rétractai en frôlant furtivement son front du bout des lèvres. « Je vais me changer. » Murmurai-je en caressant ses cheveux. Je riais avec légèreté tout en sachant qu’il n’y avait plus rien à espérer de cette soirée. Je me dirigeais vers ma chambre en titubant afin de me sécher. Mes pensées cheminaient autour de ma tête avant de se muer en un sentiment de tristesse atroce, une détresse physique qui se condensait dans mon bas-ventre. Je soupirai en m’asseyant au bord de mon lit avec lenteur. Eugenia apparaissait et disparaissait dans mon imagination avant de se figer à quelques mètres de moi. « Viens-là. » Murmurai-je. Elle acquiesça d’un signe de la tête avant de rouler à ma rencontre d’un geste simple, précis et structuré. Ma bouche se tendit vers son visage presque machinalement et je l’embrassai avec une ferveur presque maladive. Mon souffle brûlant se versait sur sa peau alors que je frottai ma joue contre la sienne. « J’ai envie de toi. » Haletai-je au bord de la jouissance, mais elle ne bougea pas. Ginny restait immobile sous ma prise comme une vulgaire poupée de cire. Je fermai les yeux, humilié, profondément blessé dans mon amour propre, avant de me relever. Je me crispai dans mes vêtements suintants avant de sortir un joint de ma poche. J’avais toujours veillé à être discret, mais cette fois, je suçais mon fitre d’un air provocateur, laissant les vapeurs de fumée envahir le décor qui nous entourait.
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() message posté Sam 23 Mai 2015 - 19:44 par Invité

Julian & eugenia — i seem to have loved you in numberless forms, numberless times, in life after life, in age after age, forever. my spellbound heart has made and remade the necklace of songs, that you take as a gift, wear round your neck in your many forms, in life after life, in age after age, forever. whenever i hear old chronicles of love, it's age old pain, it's ancient tale of being apart or together. as i stare on and on into the past, in the end you emerge, clad in the light of a pole-star, piercing the darkness of time. you become an image of what is remembered forever. ✻ ✻ ✻ Je rongeais nerveusement les ongles de ma main gauche, encore tâchée d’encre à cause de l’examen que j’avais bien pu passer le matin même. Les mots que j’avais écrits sur ma copie raisonnaient encore dans mon esprit perdu ; mes yeux fixaient l’écran de la télévision mais les seuls sons qui parvenaient à mes oreilles étaient les différentes clauses des Droits de l’Homme que j’avais bien pu évoquées dans mon devoir. Mon cœur battait de manière irrégulière à mesure que je me rendais compte de certaines de mes erreurs et, comme à chaque fois, je me surpris à nourrir la conviction singulière d’avoir raté mon épreuve. D’avoir raté parce que je n’étais qu’une bonne à rien. D’avoir raté parce que c’était ainsi que le destin voulait que je vois mon avenir ; un champ d’incertitude, une route pavée d’échecs. Je clignais des paupières pour chasser mes inquiétudes, mais rien n’y faisait. J’étais piégée dans cette vision biaisée que j’avais de ma propre personne, dans cette vision dépréciative. Une foule d’arguments me venait à l’esprit, bien trop tard pour que je puisse les ajouter à mon travail ; mon esprit n’était pas encore tout à fait habitué à travailler, à se concentrer sur quelque chose, et depuis le début de mes épreuves, cela ne cessait de se produire. Tout me venait trop tard. Tout me venait quand j’avais déjà rendu ma feuille. Tout me venait alors que je n’avais plus aucune chance de m’en sortir. Plus aucune chance de réussir. Et cela me rendait malade. Malade parce que je savais au fond de moi que j’avais les connaissances pour mieux faire mais que j’étais tout simplement incapable d’être à la hauteur.
Je ne savais pas si cela était l’échec ou bien la crainte de décevoir Julian qui me pesait le plus.
J’avais l’impression d’avoir été vidée de tout mon courage ; à chaque fois que j’avais bien pu me rendre au King’s College, j’avais eu cette impression. J’étais épuisée mentalement et physiquement ; de par l’épreuve en elle-même mais par le regard que les autres pouvaient poser sur moi. J’avais été persuadée d’en avoir fini avec cette peur du jugement des étrangers mais je peinais à garder la tête haute quand je me retrouvais dans les mêmes salles d’examen que le reste des étudiants ; cela ne faisait que me rappeler pourquoi j’avais jugé bon d’arrêter les cours, pourquoi j’avais jugé bon de ne plus rien devoir au système éducatif. J’étais en dehors de la norme, après tout. J’étais une paria, une personne marginale, hors norme. Je n’étais pas faite pour me fondre dans la masse.
On finissait toujours par me voir, par me juger, par me lorgner. Et, ça, même si je faisais confiance à Julian de tout mon cœur, même si je savais que je pouvais tout lui dire, je le gardais pour moi. J’avais peur qu’il ne comprenne pas. J’avais peur qu’il me prenne pour une faible. J’avais peur qu’il soit lui-même dépassé par une chose que je ne parvenais pas à maîtriser.
Nous avions fait un marché. Nous avions passé un accord. Il était sans doute persuadé que j’allais m’en sortir, tout autant que moi je pouvais être persuadé qu’il allait mieux aller dans quelques mois, mais il ne se rendait pas compte. Il ne se rendait pas compte qu’au delà du fait de devoir réviser pendant des heures, qu’au delà du fait de passer des examens, cela me coutait psychologiquement d’aller à l’université. Cela me coutait mentalement de croiser le regard des gens. Cela me blessait au plus profond de mon cœur d’être constamment observée par les autres étudiants, par ces autres étudiants qui ne me connaissaient pas et qui n’avaient pas encore la décence de détourner le regard quand je passais à côté d’eux.
La porte d’entrée s’ouvrit sur Julian, et je tournai la tête vers lui quand il se dirigea vers moi. Ses mains froides encadrèrent mon visage et je lui adressai un sourire ; son haleine avait des enflures de tabac et d’alcool mais je ne lui fis aucun commentaire ; j’observai avec attention les gouttes de pluie logées dans ses cheveux, partagée entre le bonheur de le voir et la culpabilité grandissante qui prenait place dans ma poitrine. Julian, je crois que tu as placé trop d’espoirs en moi. Julian, tu ne vois pas que ça me ronge, tout ça ? Julian, quand-est ce que tu comprendras que je ne te mérite pas ? J’ai beau prétendre, j’ai beau faire des efforts. Tu as toujours été plus érudit, plus éloquent, plus fier, sans doute, que moi. Julian, je crois que tu as placé trop d’espoirs en moi parce que je suis incapable d’accomplir ce que tu as réussis, toi. « Je vais me changer, » me glissa-t-il après avoir embrassé mon front. J’hochai doucement la tête avant qu’il ne s’éloigne. Mon cœur battait trop fort dans ma poitrine. Il traduisait toute la détresse que je pouvais ressentir.
J’étais désolée, presque. Désolée de n’être qu’une bonne à rien.
J’arrachais anxieusement les peaux mortes autour de mes ongles quand sa voix s’éleva une nouvelle fois dans l’appartement.   « Viens-là, » me demanda-t-il. Je jetai un bref coup d’œil dans sa direction avant de m’extirper, non sans difficulté, du canapé, avant de m’installer dans mon fauteuil. Depuis l’opération, mes mouvements étaient plus aisés. Depuis l’opération, le peu de mobilité que j’avais retrouvé dans mes jambes me permettaient d’aller plus vite, mais aussi d’avoir besoin de moins d’équipement pour m’en sortir. Je posai mes mains sur mes roues pour m’avancer jusqu’à Julian, et m’arrêtait juste en face du bord du lit où il s’était installé. Je l’observai dans les yeux, détaillant son expression, ignorant mes angoisses. J’avais encore le temps, après tout. Le temps avant qu’il ne se rende compte que je ne valais pas la peine d’être encouragée.
Il se pencha vers moi pour m’embrasser, oublieux du monde. Ses lèvres attrapèrent les miennes et je lui rendis son baiser, plus timide, plus retenue par cette angoisse que je ressentais de mille-et-une façon. J’avais simplement besoin qu’il me tienne dans ses bras, après tout. Simplement besoin qu’il m’assure que tout irait bien. Simplement besoin de sa présence, de ses espoirs, même si la chute n’en serait que bien plus grande. « J’ai envie de toi, » me dit-il alors qu’il avait presque le souffle coupé, et ce fut quand il s’écarta que je me rendis compte que je n’avais pas réussi à interpréter tous ses signaux. Qu’il s’était attendu sans doute à plus, beaucoup plus de ma part.
Presque automatiquement, avec toute la pression que je pouvais bien ressentir depuis des semaines, je sentis mes yeux s’humidifier. Mon cœur me peser. Le peu de confiance en moi qu’il pouvait me rester se réduire en cendres. « Julian… » murmurai-je alors qu’il allumait un joint sous mes yeux. Je déglutis avant de prendre une profonde inspiration. « Eteins-moi ça, s’il te plait. » J’attendis. J’attendis qu’il réagisse à mes paroles et je tendis la main pour qu’il me le donne. Pour qu’il me le donne et que je m’en débarrasse.
Je n’étais pas prête pour cette conversation. Je n’étais pas prête, pas maintenant alors que j’avais l’impression de remettre toute mon existence en question en passant mes examens finaux. J’avais eu l’impression qu’il avait respecté cette distance de sécurité que j’avais instauré. J’avais même eu l’impression qu’il n’en avait pas souffert. Mais je m’étais trompée. J’avais sans doute été trop aveuglée par mes problèmes. Trop aveuglée par mes angoisses. Trop aveuglée par mon innocence, aussi, sans doute. « Moi aussi j’ai envie de toi, tu le sais, ça ? » lui demandai-je en posant mes mains sur ses cuisses. Je relevai la tête vers lui, les yeux toujours luisants à cause des larmes que je retenais. C’était sans doute trop. Trop pour mon cœur, trop pour moi. Je n’étais qu’une faible. Une putain de faible. « Mais avec… Mais avec mes jambes, je… Ca me… Je suis trop… » Je fus incapable de terminer ma phrase, incapable de mettre un mot, une expression, même, sur le sentiment de révolte que cela m’inspirait. Sur la haine envers ma paralysie que cela provoquait. J’avais l’impression d’être une poupée, une marionnette. J’avais l’impression de n’être qu’un fardeau, également.
Mais cela ne changeait pas réellement à ce que je ressentais d’ordinaire. J’étais sans cesse un fardeau, après tout.
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() message posté Sam 30 Mai 2015 - 10:48 par Invité

“Know your own happiness. You want nothing but patience- or give it a more fascinating name, call it hope.” Je me murais dans le silence. Mon cœur battait la chamade mais je refusais de me laisser perturber par les flux d’émotions qui se déversaient dans mon système. Je pensais savoir ce qu’était l’amour, mais en réalité, je l’ignorais totalement. Il m’arrivait parfois d’avoir l’intuition lorsque je regardais Eugenia, ou que je la touchais, mais au fond tout n’était que chimères. Elle me miroitait les éclats d’un bonheur dérisoire dont je ne voulais pas. Je n’avais pas peur de l’engagement, mais cette incapacité à dépasser les barrières du physique me pesait un peu plus chaque jour. Je voulais oublier mes pressentiments et me familiariser aux conditions particulières de notre couple. Je lui avais laissé le loisir de commander chacune de mes caresses afin de ne pas la brusquer. Elle choisissait le moment et la manière avec laquelle je déposais mes lèvres sur les siennes. Elle pouvait m’arrêter et m’abandonner aux tiraillements cruels du désir inassouvi. Je ne bronchais pas. Je m’accommodais dans l’espoir qu’elle puisse comprendre que j’avais des besoins. Ce n’était pas l’acte qui m’importait le plus, mais la création d’une fusion spirituelle, stable et durable au summum d’un plaisir partagée avec l’être chère. Je déglutis en haussant les épaules ; les murs de ma chambre me semblaient si froids et solitaires. Ma respiration saccadée bourdonnait dans ma poitrine avant de remonter dans ma gorge serrée. Je ne cherchais pas à me disputer, mais mon penchant pour la violence me poussait toujours au-delà de la raison. Je ployais sous la pression de mon existence angoissée afin d’effleurer mes instincts les plus brutaux. Mon joint se consumait entre mes doigts crispés sans que je n’accorde la moindre attention aux paroles de Ginny. « Julian… Eteins-moi ça, s’il te plait. » J’observais les mégots de cigarettes et les cadavres de bières accumulés entre les piles de livres et de journaux en silence. Les effluves parfumés du cannabis se versaient dans la pièce afin de marquer toute la détresse de cette pièce sale et torturée. J’en avais assez de vivre confiné dans la restriction totale. La thérapie m’empêchait de vivre avec ferveur et agressivité. La médication me rendait malade et complètement impuissant face aux dons de créativités qui me caractérisaient. Mais ça, Eugenia ne semblait pas le voir. Je … Je ne sais pas faire autrement. Je ne suis pas comme ça. Elle me tendit la main mais je refusais de plier. Je suçais mon filtre avec plus d’ardeur encore. Mes pensées s’embrouillaient dans ma tête à une vitesse vertigineuse alors que mes yeux vitreux glissaient sur le visage accablé de ma petite amie. Qu’est-ce que l’amour vraiment ? La confiance et la loyauté se muaient en colère, en un combat effroyable et sanguinaire de l’esprit. Mes gestes me semblaient pénibles et amères, et je finis par plonger dans l’isolement. Je m’étais bâti un mode de vie empreint de spiritualité et de mépris après son départ – à présent, à chaque fois qu’elle me repoussait, je ressentais le besoin de retomber dans ces intellects abstraits et ascétiques. Nietzsche était le créateur du courant nihiliste et j’étais une âme blessée emportée par tout le dédain et cruauté de ce concept. Je déglutis en tirant une profonde latte. « Je ne peux pas. » Déclarai-je en relevant la tête vers le plafond afin que la fumée ne l’atteigne pas – mais ce n’était qu’un leurre. L’odeur nauséabonde du brûlé recouvrait déjà tous les meubles. « C’est la seule chose qui me calme, Ginny. Je ne prends pas mes cachets à la con. » Lui avouai-je en plissant le front. J’existais pour écrire. Abandonner ma vocation, c’était comme dénaturer le sens noble et sublime de mon imagination. Je n’étais pas prêt. Je ne le serais probablement jamais. J’humectai le bout de mes lèvres en me détournant. Je m’éloignais légèrement, c’était le mieux à faire pour lui épargner l’odeur. « Tu peux sortir le temps que je finisse si ça te dérange autant. On parlera après de … ça… » Elle était silencieuse, mais je ressentais tout son désarroi. Il était indéniable que mes affirmations la blessaient. Je comprenais que notre proximité était un bouleversement dans sa routine, mais combien encore fallait-il attendre ? Je n’étais pas habitué à ce genre de situation. Vraiment pas. Mes cuisses se frottaient frénétiquement contre le matelas alors que je m’enfonçais dans l’étourdissement. J’avais traversé l’enfer dépeuplé et sinistre pour réaliser que je n’étais jamais au bout de mes peines. Je me sentais étrangement las. Etait-il possible qu’un tel bonheur soit aussi fugace et fragile ? Mes doutes absorbaient tous les maux que je ressentais. Il n’y avait pas d’équilibre dans la souffrance. Il n’y avait que la souffrance pure et dure. Toutes ces années, Ginny, et j’ai encore l’impression de t’attendre. Je ne veux pas espérer l’extraordinaire miracle de la grâce. Je suis différent. Je suis une étoile filante qui ne brille que pendant une poignée de secondes avant de s’évanouir dans l’obscurité. Je sais que je devrais encore endurer beaucoup d’épreuves, mais avec ce sentiment croissant de solitude, de froideur et d’injustice je suis vouée à l’échec. Je sombrais dans les anciennes habitudes de mon cœur, lorsque sa voix tremblante flotta autour de ma tête. «Moi aussi j’ai envie de toi, tu le sais, ça ? Mais avec… Mais avec mes jambes, je… Ca me… Je suis trop…» Sa main se posa sur ma cuisse et j’esquissai un mouvement de recul réflexe afin de lui éviter de mes fumées empoisonnées. Je détestais qu’on me commande d’arrêter de fumer, spécialement dans une pareille situation. Je soufflai une dernière fois avant de secouer ma tige sur le sol. Les poussières de cendres ternes valsèrent dans l’ambiance lourde de la chambre avant de s’effondrer sur les papiers éparpillées en désordre sur le sol encombré. Le joint s’éteignit tout à coup et je ne le rallumais pas. J’avais eu ma dose, je suppose. C’était une sorte de compromis muet - ou plus simplement un geste désespéré qui prenait fin parce qu’il était temps pour moi d’agir en adulte. Je me relevai avec une extrême lenteur. Mon genou gauche craqua sous la pression de mes mouvements et je me contentai de tendre la jambe avec mélancolie afin de soulager la douleur. Je fis quelques pas vers le balcon. Non je ne le sais pas. Je ne pense pas que tu aies envie, Ginny. Je cherchais les mots afin de lui répondre sans la vexer. Je cherchais sans parvenir à trouver un juste milieu entre mes souffrances et les siennes. Peut-être étions-nous ainsi, elle vouée à me supporter et moi condamné à la blesser. J’ouvris la grande porte afin d’aérer l’espace mais les souffles de vent qui arrivaient en ma direction ne faisaient que me brûler le visage. Je me retournai lentement. J’avais envie de crier à plein poumons et de plonger dans les liqueurs de sang rouge et visqueux pour étancher ma soif. J’avais vie de tendre mes muscles et de cogner contre les murs jusqu’à ce que mes phalanges prennent la forme zigzagante de la douleur. Je ne peux pas toujours te blâmer. Je sentis mes yeux défaillir alors que mes émotions voilaient mes paupières. « Tes jambes … » Encore et toujours. Je fis la moue. Tes jambes auraient pu se courber sous mes mains. Je me demande ; as-tu le même gout suave que le désespoir où ta chair tiède était-elle différente de toutes les autres ? Je te veux en entier mais je n’ai que des fragments d’histoire. Tu sais, c’est dur de rivaliser contre la fatalité. Je soupirai en croisant les bras. « Ces choses là ne t’ont jamais freiné quand tu étais avec un autre. C’est moi, Ginny ? » M’enquis-je d’une voix étrangement rauque. J’étais calme pour l’instant, mais les cris déchirants de mon âme me menaient inéluctablement vers la folie. Je serrai ma prise sur mon torse en déglutissant. « Tu devrais me le dire si tu penses encore qu’on est simplement amis … » Une fois cette phrase achevée, je me souvins tout à coup de toutes nos promesses. Je me sentais prisonnier de mon propre corps alors que mon esprit aspirait à une autre forme de liberté, plus agressive et plus intense. Je ne pensais que ce serait aussi dur de t’aimer.

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() message posté Dim 31 Mai 2015 - 0:06 par Invité

Julian & eugenia — i seem to have loved you in numberless forms, numberless times, in life after life, in age after age, forever. my spellbound heart has made and remade the necklace of songs, that you take as a gift, wear round your neck in your many forms, in life after life, in age after age, forever. whenever i hear old chronicles of love, it's age old pain, it's ancient tale of being apart or together. as i stare on and on into the past, in the end you emerge, clad in the light of a pole-star, piercing the darkness of time. you become an image of what is remembered forever. ✻ ✻ ✻ J’avais l’impression qu’il me provoquait avec son joint, mais j’étais bien trop affligée pour lui faire de réelle remarque acide. Pour lui faire réellement comprendre que c’était soit moi, soit ses habitudes. Je l’observai d’un œil triste, espérant de tout mon être qu’il cesserait ses gamineries ; je ne supportais pas de le voir se défoncer, je ne supportais pas d’assister à toute l’application qu’il pouvait mettre en œuvre pour se ruiner la santé. J’avais passé de longues semaines à courir après la vie pour finalement me rendre compte qu’il n’y accordait absolument aucune importance.
J’avais presque l’impression que le destin se moquait de moi. Que la fatalité s’amusait avec nous. Que l’injustice ponctuait nos pas et notre démarche.
Notre situation était ironique, après tout. Il se défonçait à la marijuana et se carbonisait les poumons avec du goudron, réduisant de jour en jour la durée de son existence ; tandis que, moi, malgré l’existence saine que j’avais pu mener toutes ces années, je me retrouvais à moitié immobilisée. Je me retrouvais à moitié morte. On me l’avait dit que mon espérance de vie s’était réduite. On me l’avait dit que j’étais plus fragile. Pire encore, mon cœur s’était arrêté plusieurs fois depuis que j’avais vu le jour. J’avais failli mourir sur une table d’opération à quelques reprises. Je n’avais pas choisi tout cela ; je ne savais même pas si je l’avais mérité. Et, Julian, lui, s’amusait avec la mort comme s’il s’agissait d’une roulette russe. Comme s’il n’avait pas peur de se brûler. Je me demandai s’il se rendait compte de l’affront qu’il me faisait à chaque fois. Je me demandai s’il se rendait compte à quel point cela pouvait me blesser au plus profond de mon cœur, à chaque fois que mon regard se posait sur lui en train de se ruiner l’existence.
Non, sans doute pas. Parce que je le connaissais suffisamment pour savoir qu’il me respectait assez pour ne pas franchir les limites quand il les connaissait ; mais, en cet instant, il ne devait même pas être capable de réfléchir, bien trop aveuglé par une rage inconnue pour se rendre compte de la profonde peine et de la profonde lassitude qui avaient envahi mon regard. Ma gorge était serrée, alors que les odeurs brûlaient mes poumons ; pour ne pas tousser, j’arrêtai de respirer pendant quelques instants, déglutissant avec application. Mais, malgré mes efforts, j’avais quand même l’impression d’étouffer. « Je ne peux pas. C’est la seule chose qui me calme, Ginny. Je ne prends pas mes cachets à la con, » me lança-t-il et ses paroles furent comme une gifle. Je l’observai durant quelques instants, incapable de prononcer le moindre mot. « On avait un marché, » murmurai-je finalement. C’était presque injuste, quelque part, qu’il ne remplisse pas toutes les conditions. Il se permettait de le faire quand, moi, je ne pouvais même pas me défiler ; j’étais contrainte de me lever le matin pour réviser parce que je lui avais promis de réussir mes examens. Au final, peut-être aurais-je dû engager quelqu’un pour se faire passer pour moi lors des épreuves. Cela aurait été au même niveau que Julian. Et cela m’aurait épargné bien des peines. « Tu peux sortir le temps que je finisse si ça te dérange autant. On parlera après de… Ça… » J’haussai les épaules. Je jugeais que cela n’était pas à moi de sortir mais à lui. S’il respectait réellement mes principes, s’il accordait la moindre important à mes mots, il aurait été celui à s’avancer jusqu’au balcon pour terminer son joint.
Mais il ne l’avait pas fait. Le message était bien trop clair.
Les reproches qu’il me faisait me brisaient le cœur et, le simple fait qu’il s’éloigne quand je posais les mains sur ses genoux, me fit encore plus de peine ; je n’avais encore jamais avoué mes pensées à propos de la vie sexuelle que nous pourrions avoir par fierté, mais aussi par crainte. Je ne m’étais pas rendue compte que mon silence lui avait pesé de cette manière. Je ne m’étais pas rendue compte qu’il avait eu tant de besoins. Je ne m’étais pas rendue compte qu’il ne se satisfaisait plus de mes limites. « Tes jambes… Ces choses-là ne t’ont jamais freiné quand tu étais avec un autre. C’est moi, Ginny ? » me demanda-t-il et j’ouvris la bouche sans pouvoir formuler de réponse. Il s’était levé pour ouvrir la baie vitrée, me dominant par sa taille, creusant l’espace entre nos deux corps. Le simple fait qu’il pense de cette manière me blessait encore plus mais je savais que cela était de ma faute, en partie ; je ne lui avais jamais rien dit à propos de mes rapports avec Lior. Je ne lui avais rien dit par crainte qu’il ne s’emporte. « Tu devrais me le dire si tu penses encore qu’on est simplement amis… » reprit-il et je secouai la tête. « Mais qu’est ce que tu racontes ? » Je ne comprenais pas comment il pouvait dénigrer à ce point mes envies. A quel point il pouvait être aveuglé par ses propres besoins pour ne pas se rendre compte que, moi aussi, j’avais envie et besoin de lui. Je me sentais insultée, presque. Humiliée, d’une certaine manière. Mes yeux se gorgèrent de larmes mais je refusais de pleurer, je refusais même si je me connaissais suffisamment pour savoir que je ne parviendrais pas à m’y tenir. « Je… Je suis… » commençai-je, presque hésitante. La vérité me faisait encore plus mal que les paroles que Julian. La vérité était si dévalorisante que j’étais incapable de l’admettre à voix haute. « Je ne ressens aucun plaisir, Julian, » finis-je par concéder. « Ils ne m’ont rien expliqué, après l’accident. Ils ne m’ont même pas dit si je pouvais avoir des relations sexuelles. Du coup… Quand j’ai… Quand on a… » Je m’interrompis pour passer une main sur les paupières. Mon cœur battait fort, si fort que j’entendais ses pulsations dans mes oreilles. « Je me suis rendue compte que c’était comme si j’étais insensible en partie. Et je… J’ai honte, aussi. Honte parce que je… Je suis incapable de… De bouger. D’avoir des initiatives. Je ne fais que… Que rester là et je… » Je n’arrivais pas à parler. Je n’arrivais pas à exprimer mes pensées. Je lui en voulais presque de me forcer à dire ces vérités. Je lui en voulais presque de me contraindre à lui exposer ma situation, à lui exposer ce que je ressentais. Il m’avait mis au pied du mur en rabaissant mes sentiments et mes émotions à son égard et, désormais, je me retrouvais presque à devoir justifier ce que j’étais. « J’ai envie de toi, réellement. Tu n’imagines même pas à quel point je peux avoir envie de toi, depuis des années, même. Mais je… Je suis incapable d’être à la hauteur ou même de valoir la peine. Puis quand je pense à toutes les Serena que tu as dû connaître, et toutes les expériences que tu as déjà eues, je me dis… Je me dis que je ne pourrais jamais te donner la même chose. C’est humiliant. » Oui, c’est humiliant, humiliant comme le simple fait que tu aies pu penser que je ne te désirais pas. Parce que, tu vois, Julian, c’est que je ne suis pas à la hauteur. J’aurais beau essayer. J’aurais beau tout te donner. Je n’y parviendrais pas. Je n’y parviendrais pas parce que j’ai un corps cassé.
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() message posté Ven 5 Juin 2015 - 17:00 par Invité

“Know your own happiness. You want nothing but patience- or give it a more fascinating name, call it hope.” Je soupirais en la transperçant du regard. J’étais un homme intellectuel, un homme qui pouvait comprendre Nietzsche, un homme qui entrevoyait les firmaments et les abîmes de l’humanité entre les lignes précieuses des livres de philosophie, et pourtant je restais interdit face à ses réactions. Je ne savais pas si c’était ma raison ou mon cœur qui me poussaient au-delà des limites de la courtoisie. Je fumais avec ferveur afin de détendre mes muscles, afin de plonger dans la douce léthargie du tabac et de la marijuana. Ce n’était en rien un acte de provocation, j’agissais pour moi – pour retenir mes pulsions malsaines et perverses envers Eugenia Lancaster. C’était la fille de mes rêves. C’était l’accomplissement de mon rêve de jeunesse. Je l’aimais de manière inconditionnelle, il ne fallait pas en douter, mais voilà qu’elle me brisait les ailes lorsque je tentais de caresser les vastes étendues du ciel. Je pouvais voler, mais je n’atteignais pas les hautes lumières et les arcs colorés. Notre proximité devenait parfois gênante. Je ne ressentais aucune réactivité, aucune passion dans ses baisers timides et anodins. Pourtant je la considérais comme l’être le plus désirable sur terre. Je m’étais languis de sa présence à mes côtés durant de longues années, uniquement animé par l’envie désespérée de l’embrasser, de la toucher et d’être en elle. Je me penchai lentement avant de finir écrasé par mes doutes fictifs. Elle avait des examens à passer. Elle n’avait pas de temps à consacrer à mes désillusions. «On avait un marché,» Murmura-t-elle avec délicatesse. Je fronçai les sourcils sans lui répondre. On avait un marché, et je m’y tenais comme je le pouvais. Je ne pouvais pas me permettre de perturber mon cycle de travail. Il y avait la promotion de mon livre, le combat acharné contre les avocats du Times afin de me soustraire à la clause de non concurrence et enfin mes projets de journal indépendant avec Rhys. La fatigue était dangereuse pour la créativité et j’avais aussi peur d’emprisonner mes pensées. J’étais incapable de quitter l’univers sombre, disgracieux et effrayant de l’écrivain. Je devais toutes mes belles proses au chagrin. Je me sentais si petit et ridicule sans la flamme éternelle de mon désespoir. La douleur représentait parfois la meilleure part de moi-même. Je baissais les yeux en écrasant mon mégot. Les volutes de fumée disparaissaient au gré de la brise légère, mais malgré l’air qui se clarifiait, je continuais à sombrer dans mes souffrances. Je continuais à penser qu’elle me rejetait lorsqu’elle m’interdisait la satisfaction d’être pleinement son petit ami. Je fis quelques pas sur le parquet grinçant. Je marchais en sa direction, mais le temps semblait nous séparer malgré la distance qui s’éclipsait. Ce n’était pas juste. Nous étions enfin ensemble. Nous étions enfin réunis après tant d’obstacles. Je soupirai en me plaçant devant son visage crispé. «Mais qu’est ce que tu racontes ?» Ses yeux luisants avaient la particularité de sonder mon esprit. Je me sentais à nu sous son regard furtif et humide. Je déglutis avant de me glisser sur le sol, à ses pieds. Mes mains tremblaient frénétiquement sur mes cuisses, alors que je tentais vainement de calmer mes ardeurs. La thérapeute avait dit que c’était mes émotions qui contrôlaient mon corps, que je ne parvenais pas à gérer l’intensité de mes sentiments lorsque j’étais en position indélicate mais c’était faux. Je n’étais pas une marionnette. Je n’étais pas faible et fragile. Je secouais la tête en rejetant ses diagnostiques bidons. Je voulais tout simplement éteindre les lumières et plonger dans mes réflexions. Je voulais aiguiser mes sens et annihiler les échos de la mer qui hantait mes souvenirs. «Je… Je suis… » Commença-t-elle d’une voix hésitante. Je ne comprenais pas sa retenue à ce sujet, je ne me rendais pas encore tout à fait compte de l’ampleur de son accident sur sa vie au quotidien. « Je ne ressens aucun plaisir, Julian. Ils ne m’ont rien expliqué, après l’accident. Ils ne m’ont même pas dit si je pouvais avoir des relations sexuelles. Du coup… Quand j’ai… Quand on a… » La sentence était tombée alors qu’elle passait une main sur ses paupières. Je ne me retournai pas, encaissant coup après coup toutes ses révélations. L’ambiance de la chambre était devenue tout à coup lourde et inquiétante. Je crispai mes doigts contre les plis de mon jeans afin de me raccrocher à la réalité. Mon Dieu, j’étais allé trop loin. Ginny était à mille lieux de correspondre au mode de vie commun. Elle était isolée et différente. Elle était blessée et handicapée . Ma gorge se serra brutalement alors que je refoulais toute ma rage. « Je me suis rendue compte que c’était comme si j’étais insensible en partie. Et je… J’ai honte, aussi. Honte parce que je… Je suis incapable de… De bouger. D’avoir des initiatives. Je ne fais que… Que rester là et je…» Je chancelais au fur et à mesure de ses explications. Sa voix m’atteignait au plus profond de mon âme. Elle plongeait dans mon abysse afin de m’extirper aux ombres qui tournoyaient autour de ma silhouette fugitive. Il n’y avait rien qu’elle puisse dire pour me conforter dans ma peine. Une chose me préoccupait encore plus profondément que la vérité. C’était le secret et son obstination à me préserver encore de la cruauté de notre relation. J’étais presque outré par son penchant à me réduire à l’image de l’orphelin battu et désabusé. Je souffrais encore des empreintes du passé sur ma peau. Je savais que les reliefs de la nuit n’étaient que des fantômes en perpétuel mouvement et non les bras musclés de mon père qui se dirigeait encore et toujours vers moi. Cependant, mes complexes étaient irrationnels- je continuais à le craindre pendant mes moments de faiblesse. Je me redressai avec nonchalance avant de relever mon visage vers elle. Mon expression biaisée par la solitude croisa son regard olive et je souris d’un air triste. Je souris parce que je ne savais plus pleurer. Mes larmes avaient taris après son départ. «J’ai envie de toi, réellement. Tu n’imagines même pas à quel point je peux avoir envie de toi, depuis des années, même. Mais je… Je suis incapable d’être à la hauteur ou même de valoir la peine. Puis quand je pense à toutes les Serena que tu as dû connaître, et toutes les expériences que tu as déjà eues, je me dis… Je me dis que je ne pourrais jamais te donner la même chose. C’est humiliant.» Je saisissais parfaitement son appel de détresse. J’avais connu bien plus de femmes que je ne pouvais en compter, noyant mon amour pour elle dans un premier temps, puis essayant de venger son absence et son abandon. Chacune de mes expériences était teintée par l’hallucination. Je la visionnais partout, mais je savais que lui confier cette vérité ne ferait que la rendre encore plus mélancolique. « Je suppose qu’on fait la paire. C’est assez humiliant de passer pour un obsédé devant sa petite amie. » Une tentative d’humeur. Je devais être complètement fou. J’agitai les épaules avec insouciance. « Tu sais, je n’ai jamais aimé toutes ces « Serena » … Mes petites amies, à part Sam, je ne me sens pas particulièrement attaché à ces histoires … Je suis parfois stressé de penser que c’est … Toi … Ce n’est pas ma première expérience mais … Je ne sais pas … C’est toi … » Je roulai des yeux, gêné. Je commençais à remonter sur le matelas. Mon souffle brûlant se consumer au fond de ma bouche alors que je me positionnais à sa droite, l’expression allongée et la mâchoire frémissante. « Tu ne me parles pas assez. J’ai l’air intelligent comme ça mais, quand tu es partie, j’ai vraiment compris à quel point je pouvais être stupide … Aujourd’hui encore il m’arrive de l’être. C’est tellement dur de te prendre pour acquise et d’arrêter d’être en manque de toi. Je suis habitué à avoir peur. » J’haussai les épaules en croisant mes mains. Les spasmes qui parcourraient mes membres n’avaient pas cessé. Je déglutis. « Je peux fumer maintenant ? » M’enquis-je d’un air innocent. Je voulais m’engourdir afin de fuir l’acharnement du destin. Je voulais courir à perte d’haleine et atteindre un autre univers, quelque part, loin de toutes mes incertitudes.

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() message posté Dim 7 Juin 2015 - 0:09 par Invité

Julian & eugenia — i seem to have loved you in numberless forms, numberless times, in life after life, in age after age, forever. my spellbound heart has made and remade the necklace of songs, that you take as a gift, wear round your neck in your many forms, in life after life, in age after age, forever. whenever i hear old chronicles of love, it's age old pain, it's ancient tale of being apart or together. as i stare on and on into the past, in the end you emerge, clad in the light of a pole-star, piercing the darkness of time. you become an image of what is remembered forever. ✻ ✻ ✻ C’était difficile. Difficile de l’admettre. Difficile de le dire à voix haute en sa présence. Difficile parce que je ne l’assimilais pas encore complètement. Il y avait certaines vérités que j’avais fini par admettre. Certaines vérités qui faisaient partie de ce que j’étais. J’avais accepté l’idée de ne plus pouvoir marcher. De ne plus pouvoir courir. De ne plus pouvoir faire certaines choses. D’avoir besoin de quelqu’un pour d’autres. J’avais accepté l’idée de ne plus être indépendante. L’idée que ma condition était permanente, malgré le succès de l’opération, malgré les prothèses qui m’attendaient patiemment, entreposées dans le placard. Puis, il y avait ces autres vérités. Ces vérités que je refusais. Ces vérités qui me blessaient. Ces vérités qui se manifestaient au cours de mon existence, ces vérités qui apparaissaient sans prévenir.
Ma vie sexuelle avait toujours été un vide, un néant. Je n’avais jamais eu l’occasion de franchir le pas avant mon accident et je m’étais rendue compte que cela était trop tard, désormais. Trop tard pour apprécier. Trop tard pour connaître ce que tous les autres éprouvaient. Trop tard pour moi. Trop tard pour nous.
J’étais partagée entre les envies de mon corps et ma conscience, cette conscience qui savait que je n’avais pas suffisamment d’estime de moi pour parvenir à supporter le désastre qu’était ma vie sexuelle en compagnie de Julian. J’avais tout fait pour qu’il ne sache pas que mon accident avait un réel impact sur cela mais je me rendais compte, à mesure que je lui expliquais ce que je ressentais, que, malgré tous mes efforts, cela n’aurait jamais été suffisant pour l’éloigner de ça. Je n’avais fait que repousser l’échéance. Je n’avais fait que le blesser dans son estime. Je n’avais fait que lui donner des raisons de m’humilier. De m’humilier et de me faire du mal, encore un peu plus. Je me sentais mal à l’aise et gênée, mal à l’aise et désespérée. Julian demeurait incroyablement silencieux et cela ne faisait qu’accroitre la foule de pensées qui s’entrechoquait dans mon esprit torturé.
J’avais peur de sa réponse. Peur de ce qu’il pouvait bien penser. Peur, peur, peur. Peur parce que, depuis l’instant où nous nous étions mis ensemble, c’était la première fois que j’avais l’impression que je pouvais le perdre. « Je suppose qu’on fait la paire. C’est assez humiliant de passer pour un obsédé devant sa petite amie, » déclara-t-il finalement et j’esquissai un vague sourire, reniflant doucement, les yeux fixés sur mes mains. Il esquivait le problème. Et mon anxiété, elle, rongeait ma peau, rongeait mes pensées, rongeait mon être. « Tu sais, je n’ai jamais aimé toutes ces “Serena”… Mes petites amies, à part Sam, je ne me sens pas particulièrement attaché à ces histoires… Je suis parfois stressé de penser que c’est… Toi… Ce n’est pas ma première expérience mais… Je ne sais pas… C’est toi… » Ses explications étaient confuses. Je l’observai s’installer sur le lit, avant de doucement hocher la tête. je voulais le croire. Je désirais réellement que ça soit le cas. Cependant, à chaque fois, c’était plus fort que moi ; j’étais jalouse de toutes ces filles qu’il avait pu fréquenter et j’avais trouvé une centaine de raisons pour qu’il puisse les préférer à moi. Elles avaient toutes été, successivement, plus belle, plus intelligente, plus aguicheuses que moi ; je n’étais qu’une marginale perdue dans l’aura de perfection qu’elles avaient toutes dégagé.
C’était difficile, au fond. Difficile de vivre avec elles comme concurrentes. Difficile de passer après ces déesses en étant moi-même qu’une poupée de porcelaine cassée. « Tu ne me parles pas assez. J’ai l’air intelligent comme ça mais, quand tu es partie, j’ai vraiment compris à quel point je pouvais être stupide… Aujourd’hui encore il m’arrive de l’être. C’est tellement dur de te prendre pour acquise et d’arrêter d’être en manque de toi. Je suis habitué à avoir peur, » poursuivit-il. J’esquissai un vague sourire, le coeur si lourd dans ma poitrine que je n’avais absolument aucune idée de la manière grâce à laquelle j’allais bien pouvoir m’en sortir. « S’il y a… S’il y a certaines choses que je ne te dis pas… » commençai-je avant de déglutir. « C’est parce que j’ai peur que ça soit les détails de trop. Les détails qui te feront fuir. J’avais peur qu’en t’expliquant tu… Tu finirais par te rendre compte que je ne serais jamais à la hauteur. » Je passais une mèche de cheveux derrière mes oreilles, prenant une profonde inspiration. C’était la première fois que je l’admettais réellement à voix haute ; j’avais peur qu’il l’interprète mal mais, maintenant que j’avais prononcé ces mots, je me sentais mieux. Mieux et plus sereine. Du moins, aussi sereine que je pouvais l’être en cet instant. « Ce n’est pas du tout parce que je n’ai pas confiance en toi, au contraire… C’est parce que je n’ai pas confiance en moi, » repris-je pour éclaircir certains points. Je me tus, esquissant un sourire désolé en sa direction. Un sourire presque aussi désolé que moi.
J’aurais aimé être dans sa tête. J’aurais aimé savoir ce qu’il pensait de tout cela, ce qu’il ressentait au fond de lui. J’avais peur de découvrir qu’ils s’agissaient de choses qui ne me conviendraient pas mais je me disais, au fond de moi, que c’tait un risque qui en valait la peine. Mais, malheureuse, c’était impossible, et j’étais contrainte de vivre dans le flou, contrainte de vivre dans le silence de ses pensées muettes. « Je peux fumer maintenant ? » me demanda-t-il et je posai mes yeux sur lui, l’expression insondable. « Non, j’ai une meilleure idée, »  répliquai-je en me penchant vers lui. Mes lèvres capturèrent les siennes et je passai doucement mes bras autour de son cou pour le serrer contre moi. Sa langue avait un goût de tabac mais je ne m’écartai pas, tentant de combler le peu d’espace qui pouvait encore se trouver entre nos deux corps. Doucement, ma main glissa sur son torse et je passai mes doigts sous sa chemise, effleurant doucement sa peau chaude dans une caresse. « Si tu peux encore attendre… » murmurai-je doucement. « Je te promets qu’on pourra essayer bientôt. Dès que j’aurais terminé mes examens. » Ma main dans son dos, mon bras autour de son cou, mes lèvres sur les siennes. Il était à moi, tout contre moi, et pourtant il y avait encore cette distance entre nous. Cette distance générée par le fauteuil dans lequel j’étais installée. Cette distance imposée par mon handicap. Cet handicap qui faisait partie de moi, quoi que j’en dise, quoi que j’en fasse.
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() message posté Dim 14 Juin 2015 - 2:27 par Invité

“Know your own happiness. You want nothing but patience- or give it a more fascinating name, call it hope.” Je ne savais pas comment lui expliquer. Je pinçai les lèvres en me redressant avec lenteur. La lâcheté triomphait aujourd’hui encore dans cette lutte qui m’opposait au désespoir. Je croisai mes bras sur mon torse sans la quitter des yeux. Je l’entendais parler, mais le son de sa voix ne faisait qu’effleurer mon esprit. J’étais assailli par ce sentiment d’effroi et d’angoisse absolu. Je redoutais la confrontation sur un sujet aussi délicat. Je comprends pour ta première expérience, je suppose que je comprends que tu es handicapée et peu confiante, mais cela ne m’empêche pas d’être égal à moi-même. Je suis égoïste et superficiel. Peut-être que je ne te mérite pas en fin de compte. J’éprouvais une peur indicible à la perspective de la blesser ou d’ébranler sa fierté. La journée qui s’était écoulé avait été si éprouvante et voilà qu’elle devenait humiliante. Je soupirai en comprimant les muscles de ma mâchoire. Je ne voulais pas être furieux. Je ne voulais pas me laisser aller à la colère et lui prouver encore une fois à quel point je pouvais être faible face à la tentation de la violence. Je pouvais résister aux appels du vice mais tous mes efforts se transformaient en douleur. La paix de l’âme représentait pour moi une déroute, une rupture définitive avec l’essence de la vie et de la frénésie. J’avais peur de m’ennuyer si je venais à guérir mes blessures. J’avais peur de n’être qu’un écrivain sans attaches et sans inspiration. J’enfonçai mes doigts dans ma chair. Je renonçais à mon identité par amour, mais j’avais une impression atroce de vide et de banalité. Eugenia ne réalisait que le mode de vie que j’avais mené par le passé était empreint de débauche et de luxure. Je fumais du cannabis, je buvais de l’alcool fort et je veillais jusqu’à ce que mon corps s’effondre sur le sol, exténué par toutes mes aventures excentriques. Il m’arrivait de ne plus me souvenir de mes longues soirées ni de mes parties de jambes en l’air. J’avais connu des femmes de joie et d’autres plus conventionnelles. Il ne s’agissait pas toujours de ces femmes sublimes, intelligentes et imposantes qu’elle s’imaginait mais plus simplement de conquêtes dérisoires. Je m’étais engrené dans une routine malsaine sans raison particulière et aussi pour oublier son absence. Je faisais vœu de ma propre faillite chaque soir pour détourner mon corps de ses souffrances habituelles. «S’il y a… S’il y a certaines choses que je ne te dis pas… C’est parce que j’ai peur que ça soit les détails de trop. Les détails qui te feront fuir. J’avais peur qu’en t’expliquant tu… Tu finirais par te rendre compte que je ne serais jamais à la hauteur.» Murmura-t-elle avec tristesse. Je plissai le front sans réagir, toujours avide d’en entendre plus. Comment pouvait-elle penser qu’après tout ce que nous avions traversé ensemble, je pouvais encore me dérober de sa prise ? Dans ma tête, mon esprit poussait de grands hurlements, laissant ainsi éclater son profond désarroi. Elle marqua un silence en plaçant une mèche de cheveux derrière son oreille et j’hochai la tête, comme pour l’inciter à me confier ses doutes et ses incertitudes à propos de notre couple, ou plutôt à propos de mon degré d’investissement. «Ce n’est pas du tout parce que je n’ai pas confiance en toi, au contraire… C’est parce que je n’ai pas confiance en moi,» Nous étions côte à côte, rêvant de rejoindre les mêmes infinités, et pourtant je ne m’étais jamais senti aussi seul en sa présence. Je suppose, son cœur était aussi abîmé que le mien. A quoi bon endurer tout ça ? Pourquoi supporter plus longtemps de telles épreuves ? Je fronçai les sourcils. Les effluves du tabac commençaient à se raréfier dans la pièce. Mon cœur battait la chamade, tourmenté par un désir inassouvi de sexe et de cigarette. «Non, j’ai une meilleure idée,» Elle se pencha suavement vers moi afin de capturer mes lèvres sèches. Ses baisers furtifs berçaient mes pensées profondes alors qu’elle glissait sa main dans mon cou afin de m’étreindre avec douceur. Je ne savais pas s’il était permit que je réagisse à ses caresses, alors je demeurais statique lorsqu’elle glissa ses doigts sous ma chemise. J’avais perdu tous mes sens. Elle caressa ma peau brûlante mais je n’osais pas respirer. «Si tu peux encore attendre… Je te promets qu’on pourra essayer bientôt. Dès que j’aurais terminé mes examens.» Elle se pressait tout contre moi avec chaleur mais dans l’état pitoyable où je me trouvais, je n’étais que moyennement réceptif à ses gestes et à ses paroles. J’haussai les épaules puis je ris jaune en posant ma main sur la sienne pour la stopper dans ses tentatives si pénibles, et si peu spontanées, de satisfaire mes lubies. « Eugenia … » Commençai-je avec gravité. Mon visage était crispé par la gêne. Je pouvais deviner les palpitations de mes veines sous ma peau fragile. Je déglutis difficilement avant de presser mes doigts contre les siens. Je fermais les yeux en me concentrant sur certains détails de nos conversations passées ; le fait qu’elle n’ait jamais connu le plaisir, son inconfort face à l’intimité, sa sexualité, ses jambes, sa voix, son souffle … Ma poitrine trembla subitement alors que je m’exprimais avec agitation. « Ne le prend pas mal, mais je ne veux pas que tu t’obliges pour moi. Ça ne sert à rien. Je ne cherche pas à coucher avec quelqu’un pour l’acte. Je veux coucher avec toi. Ce n’est pas la peine d’essayer si … Tu te sens mal. » Je m’éloignai, assurant une distance de bienséance entre nous. « Ce n’est pas une très bonne idée non plus de commencer … C’est dur pour moi de résister à chaque fois … On attendra et c’est tout … » Je sentais l’odeur putride d’un sentiment de défaite cuisant. Mes pensées vacillaient au creux de ma conscience avant de disparaitre dans le vide qui auréolait ma tête. J’étais apathique, complètement stone. Je me laissai tomber sur le matelas, les bras croisés sur mon visage. J’étais effectivement déçu mais je refoulais mes inquiétudes car je pensais réellement toute les choses que je lui avais dites. J’honorais mes promesses à son égard malgré mon penchant tragique pour les conflits. « Tu vas bientôt te coucher ? » Murmurai-je en lui faisant de la place à côté de moi. Ce n’était pas une dispute et pourtant j’avais un affreux gout d’amertume dans la bouche. Je refusais d’être un simple jouet sexuel. Je refusais de soigner mon manque en ayant recours à des compromis qui ne bénéficiaient qu’un seul parti. Je pouvais éjaculer tout seul. Je ne suis pas encore tombé aussi bas. Je peux exister sans sexe.

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() message posté Lun 15 Juin 2015 - 21:39 par Invité

Julian & eugenia — i seem to have loved you in numberless forms, numberless times, in life after life, in age after age, forever. my spellbound heart has made and remade the necklace of songs, that you take as a gift, wear round your neck in your many forms, in life after life, in age after age, forever. whenever i hear old chronicles of love, it's age old pain, it's ancient tale of being apart or together. as i stare on and on into the past, in the end you emerge, clad in the light of a pole-star, piercing the darkness of time. you become an image of what is remembered forever. ✻ ✻ ✻ Ne pas être à la hauteur. Je ne connaissais que trop bien ce concept. Il faisait partie intégrante de ma vie, partie intégrante de ce que j’étais. Ne pas être à la hauteur. Je n’avais pas été à la hauteur pour ma mère, cette mère qui aurait voulu me voir heureuse, cette mère qui aurait voulu me voir évoluer. Je n’avais été qu’une déception dans le conte de fée de son existence ; j’avais été cette ombre dans son coeur, cette anxiété qui ne l’avait jamais quitté. Elle aurait aimé me savoir confiante et sereine. Elle aurait aimé me voir enjouée et pleine de vie. Mais, la vérité, c’était que je n’avais jamais réussi à correspondre aux idées qu’elle s’était faites. Je n’avais pas été à la hauteur pour mon père non plus, ce père qui, pourtant, avait été mon modèle durant des années. Je n’avais pas su briller de la même façon dont il avait bien pu briller au King’s College. Je n’avais pas réussi à marcher dans ses pas et à accomplir le quart de ce qu’il avait pu faire à l’université. Il aurait aimé me voir finir major de ma promotion et écrire une thèse. Il aurait aimé me savoir épanouie dans mes études et avide de connaissance. Mais, la vérité, c’était que je n’avais même pas eu le courage de poursuivre sans mes rêves. Je n’avais pas été à la hauteur pour ma soeur, aussi, cette soeur si fière qu’elle avait réussi à écraser tous les autres sur son passage. Je n’avais pas su être là pour elle dans ses pires instants ; je n’avais pas réussi à me rendre compte du combat intérieur qu’elle menait jusqu’à l’instant où elle avait fini par m’énoncer à voix haute ses secrets, ses désillusions. Elle aurait aimé me voir l’épauler et l’aider à avancer. Elle aurait aimé me savoir avec elle et capable de gérer ses vérités. Mais, la vérité, c’était que je ne m’étais même pas rendue compte de son homosexualité avant qu’elle ne me l’admette en face.
Ne pas être à la hauteur. Je n’avais jamais su l’être pour les membres de ma famille. Je les avais tous déçus, successivement. J’avais fini par me dire que cela était uniquement parce que je ne vivais pas dans le monde qu’eux. Parce que je n’habitais pas le même univers. Mais, en cet instant, alors que Julian s’éloignait doucement de moi, je me rendis compte que cela n’était pas cela le problème.
Mais moi. Moi, parce que je n’étais même pas à la hauteur pour lui, lui cet être si important que je ne parvenais même plus à contenir dans mon coeur toute l’affection que j’avais pour lui. « Eugenia… » murmura-t-il en attrapant mes doigts, mais ce ne fut pas son touché que je ressentis. Non. Ce fut la désillusion. L’horreur, aussi. L’horreur de me rendre compte que je n’étais pas suffisante. L’horreur de constater que je n’étais pas à la hauteur et que je ne le serais probablement jamais. Après tout, je ne pouvais pas changer celle que j’étais. « Ne le prend pas mal, mais je ne veux pas que tu t’obliges pour moi. Ça ne sert à rien. Je ne cherche pas à coucher avec quelqu’un pour l’acte. Je veux coucher avec toi. Ce n’est pas la peine d’essayer si… Tu te sens mal, » reprit-il en s’éloignant de moi. Mon coeur se pinça si fort que je battis plusieurs fois des paupières avant d’être capable d’hocher la tête. J’aurais aimé lui dire qu’il se trompait. J’aurais aimé lui dire qu’il ne comprenait pas tout le problème. J’aurais aimé lui dire que j’avais envie de lui, réellement, mais que c’était mon corps qui ne parvenait pas à suivre les désirs de mon coeur. « Ce n’est pas une très bonne idée non plus de commencer… C’est dur pour moi de résister à chaque fois… On attendra et c’est tout… » Il m’échappa définitivement quand il s’allongea sur le canapé, son visage disparaissant entre ses bras. Je pris une profonde inspiration, incapable de dire la moindre parole, luttant pour ne pas me sentir complètement démunie. « Tu vas bientôt te coucher ? » Sa question raisonna dans mon esprit avant que je ne revienne sur Terre. Je l’observai me faire de la place puis, au bout de quelques instants, je finis par doucement hocher la tête. « Oui, oui. Je… » Ma gorge était nouée. Nouée et fatiguée. « Je dois simplement me changer. » Je mis plusieurs secondes avant de finalement me décider à mettre mes mains sur mes roues et me diriger vers la salle de bain. Je fixai mon reflet dans le morceau de miroir que je pouvais atteindre, incapable de reconnaître mes traits, incapable de me trouver belle ou un tant soit peu jolie. Du bout des doigts, je traçai le contour de mes cernes avant de détourner le regard, le coeur gros, les dents serrées. Mon regard se posa sur le pyjama que je portai d’ordinaire chez lui, constitué d’un grand t-shirt à l’effigie des Beatles et d’un short en jogging ample, puis sur mon seul ensemble de lingerie fine, achetée avec ma soeur en ligne simplement pour que je me sente normale et comme les autres. Je restai là, silencieuse, à peser le pour et le contre. A me demander si, réellement, cela valait la peine.
Il me perdait, quelque part. Il me faisait des avances pour finalement se rétracter. Je l’approchais pour finalement me faire rejetée. Cela me blessait sans que je ne le veuille ; je ne cessais de me répéter, dans mon esprit, qu’il faisait cela par respect de mon malêtre, mais je voulais lui prouver que, moi aussi, j’avais envie de lui. Qu’il n’était pas le seul avec ses désirs. Qu’il n’était pas le seul à se faire consumer par tout ce qui l’habitait.
Je finis par le rejoindre dans le lit, simplement vêtue de ma lingerie en dentelle noire, tentant de m’installer avec grâce et assurance sur ses couvertures. Je ne parvins pas à l’effet escompté, bien entendu ; l’immobilité de mes jambes donna à voir un spectacle ridicule dans lequel je manquais de peu de tomber à terre. Une fois allongée, je me glissai vers lui pour poser ma tête sur son épaule. Je me blottis tout contre lui, du mieux que je pouvais avec ces jambes qui refusaient de suivre le reste de mon corps ; mes maigres efforts ne firent qu’achever le peu d’assurance que je pouvais bien avoir. « Je suis ridicule, » finis-je par marmonner. Doucement, je me détachai de lui, trop gênée pour oser continuer de rester dans la même position. Trop gênée d’être handicapée.
Je roulai sur le côté pour lui tourner le dos, mes cheveux tombant devant mes yeux pour cacher mon expression. J’avais beau avoir envie, j’avais beau mettre de la belle lingerie et prendre des initiatives. Je n’en demeurai pas moins risible. Risible et jamais à la hauteur.
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() message posté Lun 22 Juin 2015 - 5:23 par Invité

“Know your own happiness. You want nothing but patience- or give it a more fascinating name, call it hope.”   «Oui, oui. Je…  Je dois simplement me changer,» Ginny se redressa avant de quitter la chambre. Les notes de sa voix chevrotante raisonnaient en boucle dans mon esprit engourdi. Je lui adressai un vague signe de la tête avant de me laisser complètement submerger par la fatigue, mais lorsque je fermais les yeux, ses formes chétives se dessinaient sous mes paupières comme une rêverie lointaine. Elle m’apparaissait comme une poupée de cire rongée par le temps, tâchée par la poussière. Son expression était envahie par une profonde tristesse dans laquelle on pouvait imaginer mille et une fresques. Je ne voulais pas la brusquer. Je ne voulais pas la forcer à porter une petite tenue afin d’assouvir les besoins dérisoires d’un homme en proie au désir. C’était complètement stupide. Je secouai les épaules en humectant le bout de mes lèvres sèches. De là où j’étais, je pouvais entendre les fines gouttes de pluie qui léchaient les contours de ma fenêtre. La lumière enveloppait la pièce mais je me sentais captif de cette puissance obscure qui battait à l’unisson avec mon cœur. Je comprenais la détresse de ma petite amie. Elle était blessée, j’en avais parfaitement conscience même s’il m’arrivait de ne jamais m’apercevoir concrètement de cet aspect de sa vie. Son accident avait affecté ses capacités motrices et sensitives. Il avait ébranlé sa foi et son assurance, mais je me demandais encore comment une jeune femme aussi belle et attachante pouvait-elle souffrir d’un tel manque de confiance ? Eugenia avait souffert des conséquences de sa naïveté et de ses lacunes au lycée, et des années encore après son arrivée à Londres. Tu ne devrais plus craindre les jugements des autres maintenant. Je retins les plis de mon drap entre mes mains en soupirant. Mes pensées étaient décousues et désordonnées. Je crispai mes muscles en me retournant sur le côté. Je ne redoutais pas une confrontation avec Eugenia, mais la possibilité d’une crise de colère envers moi-même. Elle était l’incarnation de ce miroir de vérité dans lequel j’avais tellement besoin de me regarder, dans lequel j’avais si peur de me voir. Je connaissais les intonations de mon nom, la passion qui animait mon travail et mes ambitions. J’avais une histoire, une famille et un vécu que je trainais derrière moi comme un fardeau depuis des années. Cependant, je n’avais pas la réelle impression de me connaître. Je possédais deux natures opposées. Je pouvais être la surface calme et paisible de la rivière ou les torrents violents qui sévissaient au fond de la crevasse. Mon esprit voguait entre deux rives sans jamais trouver sa place dans un monde capitaliste et hypocrite. Je connaissais toutes les manœuvres nécessaires pour accéder au trône. J’étais habile de ma plume et de mes gestes, mais au fond de moi, quelque part entre les palpitations de ma chair et les crissements de mon ossature, je pouvais sentir la valeur de mes sentiments qui se mourrait dans l’incertitude de ma relation amoureuse avec Eugenia Lancaster. Je l’aimais – j’avais décidé de passer le reste de mes jours à ses côtés. Je savais que cela pouvait aboutir à un éclatement de ma personnalité, à une séparation de mes anciennes habitudes qui signifieraient la disparation totale de mes talents d’auteur et de journaliste. Il était probable que je me réveille un beau matin d’automne, dans dix ou vingt ans et que je me retrouve confronté à l’échec cuisant du passé, comme il était tout à fait probable que j’effleure le bonheur absolu du bout des doigts. C’était un risque que j’acceptais volontiers. Il me semblait que je devais sacrifier un peu de ma réussite afin de me prouver que je n’avais pas grandi en vain. Je déglutis en me redressant légèrement sur le matelas. Les grincements de ses roues se faisaient entendre à quelques mètres dans le couloir. Je tendis l’oreille sans me lever. Tu sais, je déforme parfois brutalement la réalité en faveur d’une explication plausible, mais erronée de ce qu’est vraiment l’amour. Je croyais que blesser une personne, l’éloigner ou la noyer dans une plage, était une preuve de bon sens. Puisque je ne te méritais pas, il fallait que tu t’en ailles. Il fallait que je te pousse vers tes limites pour tu me jettes à ton tour. Mais j’avais tort.  Elle apparut enfin, uniquement habillée de sous-vêtements en dentelles noire. Je l’observais pendant une bonne dizaine de secondes avant de réaliser que ma bouche était entrouverte. J’haussai les épaules en me glissant sur le côté, lui laissant ainsi, la place et le loisir de s’installer. Ses gestes me semblaient lents et précis. Elle s’affairait à la tâche avec application et je me surpris à penser au nombre de tentatives foireuses qu’il lui avait fallu endurer avant de réussir ses enchainements à la perfection. Je n’étais pas là lorsqu’elle s’était réveillée. Je ne connaissais que très peu de détails sur les conditions de sa rééducation, ou sur les concessions qu’il fallait faire afin de vivre avec une personne handicapée. Devais-je l’aider ou rester dans mon coin afin de ne pas perturber sa routine ? Je serrai la mâchoire alors qu’elle se glissait sous les couvertures. Elle logea sa tête contre mon torse avant de se blottir dans mes bras.   «Je suis ridicule.» Murmura-t-elle en se détachant subitement. Je n’avais pas eu le temps de l’étreindre ou de la serrer. Elle s’était déjà retournée afin de cacher toutes ses peurs ; mais il était déjà trop tard. Je la voyais telle qu’elle était réellement. Un petit oiseau sans ailes. Un elfe coloré qui avait perdu l’envie de danser et de courir. Je me redressai afin de quitter le lit. Je retirai soigneusement mes vêtements avant d’enfiler mon pantalon de pyjama. Mes yeux se posèrent furtivement sur le cendrier qui trainait sur le sol, mais je résistai à l’envie de fumer une dernière cigarette. J’étais encore étourdi par les vapeurs de mon joint de toute façon. Je me dirigeai vers la salle de bain afin de me rincer la bouche et le visage. « Eugenia …   » Lançai-je en revenant vers elle, comme pour m’assurer qu’elle ne s’était pas endormie. Je me lovai contre son dos en posant mes bras de part et d’autre sa poitrine. Je déposai mes lèvres sur son cou avec douceur.  « Tu n’es pas ridicule. Tu es parfaite. » Je sentais les saveurs sucrées qui se dégageaient de sa peau chaude. Elles berçaient le rythme de ma respiration lente. Je touchai à peine ses cheveux du bout du nez. « Je t’ai déjà dis de ne pas te forcer. » Répétai-je en me collant un peu plus contre elle. J’attendais qu’elle se retourne pour me faire face. J’attendais qu’elle accepte enfin de lever les voiles qui drapaient ses traits étirés par la faiblesse d’être tout simplement humaine. Moi, je l’aimais par instinct. Exactement, telle qu’elle se présentait à moi.
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() message posté Ven 26 Juin 2015 - 22:55 par Invité

Julian & eugenia — i seem to have loved you in numberless forms, numberless times, in life after life, in age after age, forever. my spellbound heart has made and remade the necklace of songs, that you take as a gift, wear round your neck in your many forms, in life after life, in age after age, forever. whenever i hear old chronicles of love, it's age old pain, it's ancient tale of being apart or together. as i stare on and on into the past, in the end you emerge, clad in the light of a pole-star, piercing the darkness of time. you become an image of what is remembered forever. ✻ ✻ ✻ J’avais vu sa bouche s’entrouvrir avant que je ne me glisse sous les draps. J’avais vu son air ébahi, légèrement choqué, peut-être. Une multitude d’hypothèses s’était échouée dans mon esprit décousu ; je m’étais surprise à me répéter que mon corps l’avait déplu, qu’il avait eu le loisir d’observer mes côtes saillantes et mes jambes maigres, qu’il n’avait pas apprécié toutes ces cicatrices qui s’étalaient sur ma peau et que je peinais encore à accepter comme morceau intégrant de ce que j’étais. Je m’étais intérieurement traitée d’idiote, également ; une partie de moi avait crié haut et fort que Julian ne pourrait jamais penser ce genre de choses et qu’il m’aimait moi, telle que j’étais. Qu’il m’aimait moi, avec mes ratures, avec mes défauts, avec ce corps brisé et cette peau marquée. Qu’il avait su à quoi s’attendre, qu’il m’avait accepté toute entière comme j’avais bien pu l’aimer lui malgré toutes les nuances sombres de sa personnalité.
Il y avait cette dualité qui me partageait. Qui me déchirait. Je voulais être fière et assurée mais ma personnalité ne parvenait pas à suivre ; mon caractère s’opposait sans cesse à mes résolutions et je me retrouvais à imaginer le pire comme le meilleur, sans arrêt, sans que mon esprit ne se mette d’accord sur une et une seule pensée.
Je ne parvins pas à tenir, cependant. A poursuivre le jeu dans lequel je m’étais plongée toute seule, à continuer de me perdre dans mon pseudo-courage. Je m’étais rétractée dès que je m’étais rendue compte que je ne serais pas à la hauteur ; j’avais ressenti la honte, cette honte qui me brûlait les veines, avant de finalement abandonner mes minces tentatives de séduction. Je ne savais pas être provocatrice. Je ne savais pas animer le désir. Je ne savais pas enfiler de la lingerie et me sentir à l’aise à l’intérieur. Je ne savais même pas marcher. La moitié de mon corps ne m’aidait pas dans mes gestes ; j’avais beau me glisser dans un rôle, entreprendre des gestes, je ne parviendrais jamais à remplir les attentes de Julian. Ou même de n’importe qui d’autre se trouvant sur cette planète. J’étais une poupée briser, un corps cassé, une marionnette sans fil. J’étais paralysée, piégée dans mon corps, piégée par mon corps, par mes peurs, par mes pensées dépréciatives.
Le pire fut sans doute quand Julian se releva et s’en alla de la chambre sans un mot. Sans une seule remarque. Sans aucune démonstration de réconfort. Cela ne fit qu’accroitre mon malaise et mon désespoir. Je fermai les paupières avec détermination, me focalisant sur les bruits qui me venaient. Finalement, Julian revint sous les couvertures pour se coller contre mon dos, m’enlaçant afin de me serrer contre lui. « Eugenia… » murmura-t-il. Mon dos nu touchait la peau brûlante de son torse et je me délectai de ce contact comme s’il était la seule chose à laquelle j’aurais droit dans ma vie. Je me rendis compte, en cet instant, qu’il me manquait. Qu’il avait beau être là, à mes côtés, et qu’il me manquait quand même. Lui. Sa présence. Son éloquence. Ses expressions. Ses sourires et ses fossettes. « Tu n’es pas ridicule. Tu es parfaite, » ajouta-t-il après qu’il m’ait embrassé au creux du cou. Je secouai la tête, la gorge serrée. Je refusai ses bonnes paroles. Je refusai sa charité. Je refusai sa pitié et pourquoi pas ses regrets. « Je t’ai déjà dis de ne pas te forcer. » J’esquissai un sourire sans bouger, me plaisant presque dans mon silence. Je passais mes mains sur ses bras, caressant doucement sa peau, appréciant la chaleur qui se dégageait de son corps et que je ne parvenais pas à ressentir au niveau de mes jambes. « Je ne me force pas, » répondis-je doucement, encore une fois. Je pris une profonde inspiration avant de me détacher de lui. J’avançai légèrement sur le matelas pour me laisser de la place pour rouler de son côté et lui faire face ; je plaçai mes mains sur le mur au dessus de ma tête pour m’aider à entrainer mes jambes dans le mouvement.
Je me retrouvai face à Julian. Face à lui. Je retirais mes cheveux de mon visage pour qu’il puisse observer mes traits tirés, ma mine soucieuse. « J’essaye simplement d’être comme les autres. D’avoir de la confiance. D’être désirable, » repris-je. J’avais l’impression que chaque mot me coutait. Qu’à chaque parole, l’estime que j’avais de moi en prenait un coup. « Mais, la vérité, Julian, c’est que j’ai beau tenter, je n’y arrive pas. Même si tu me dis le contraire… Je me sens ridicule. Et ça me tue, tu vois. Ca me tue parce que je veux vraiment te faire plaisir et te satisfaire, parce que j’en ai envie moi aussi, mais j’ai toutes ces pensées dans le crâne… » Je l’observai dans les yeux, en proie à ma propre détresse, cette détresse qui faisait partie de moi et dont je ne pouvais plus me défaire. J’avais l’impression que c’était injuste. Que nous ne méritions pas de continuer à être tourmentés de cette manière. Que Julian avait le droit d’être en manque, que j’avais le droit d’écouter mes envies. Mais, comme à chaque fois, mon corps n’était pas du même avis. Mais, comme à chaque fois, j’étais prise au piège par mes propres blessures, physiques et psychologiques. « Je suis tellement désolée, » murmurai-je avant de pencher la tête pour poser mes lèvres sur les siennes après une demi-seconde d’hésitation. J’attrapai ma jambe du dessus pour la passer au dessus de celles de Julian, l’enroulant autour de lui de manière illusoire. Du bout des doigts, je caressais la peau de son bras, déçue de ne lui offrir que cela, ne sachant même pas si je pouvais m’amuser avec les limites pour le simple bonheur éphémère d’un semblant de vie sexuelle.
Parfois, je me demandais. Je me demandais pourquoi il m’avait choisi parce que, même moi, j’aurais été bien incapable de me choisir moi.
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