"Fermeture" de London Calling
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() message posté Dim 8 Fév 2015 - 23:38 par Invité
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Jules Abberline.




Planté devant le miroir des wc de la boite, Blake fixait son reflet, refaisant avec minutie sa coupe de cheveux, resserrant sa cravate noire, et balayant des poussières invisibles sur le dessus de sa veste pourpre.   Et quand tout fut absolument parfait, vérifiant même discrètement son odeur corporelle, le jeune homme d’affaire Londonien sortit des toilettes, marchant avec son habituel détermination dans les couloirs grisâtres de l’entreprise de son père.  Certains regards mornes se tournaient vers lui, tantôt admiratifs de son charisme à en faire tomber même les hommes les plus héteros, et tantôt haineux, de jaloux qui lui enviaient sa place, arrivé ici juste parce qu’il était et est toujours le fils à papa.

Mais très peu savaient les sacrifices qu’il avait dû faire pour devenir le bras droit de l’honorable Igor Powell.  Fils ou non, depuis qu’il était jeune, il se battait pour être bien vu par son père, il comblait le moindre de ses désirs, il avait renié sa mère, sa sœur, certaines de ses fréquentations, et tout ça juste pour son géniteur, il avait abandonné l’école, il était devenu à un homme froid et impassible, cruel, et manipulateur, à son image, et encore pour son géniteur.  Il avait mis sous clés ses désirs, ses passions et ses envies… Tant de sacrifices… Et son géniteur, son père, le savait. Il avait orchestré sa vie,  et Blake ne s’en rendait pratiquement pas compte, parfois, une lueur de discernement venait lui faire entendre raison, puis il l’éteignait aussi vite, trop suffisant et ravis d’être le fils rêvé de son père.
Et en ce lundi matin, ou les rayons du soleil peinaient à passer à travers les nuages de la capitale Anglaise, ou certains décuvaient encore de leur week-end de dépravation, ou d’autre étaient encore bloqués dans les bouchons, ou serrés dans le subway, le fils Powell, lui, se retrouvait droit comme un piquet dans le bureau de son père, qui sans un bonjour, ou un sourire, le chargeait déjà d’une tâche pour la matinée… Et des plus ingrate.

«  Feuillète en vitesse ce dossier, puis va à l’adresse indiquée sur la première page… » Dit-il en lançant le dossier à l’avant de son immense bureau en verre et chrome,  son regard indifférent concentré sur l’écran de son ordinateur.

Prenant le dossier entre ses mains, il dévala alors ses yeux verts sur la couverture, ou seulement deux initiales y trônaient. « J.A »  

« Habituellement, vous me chargez de présider les rendez-vous avec les clients plus ou moins influents… Vous ne m’aviez encore jamais demandé d’aller faire la morale à une personne qui ne paye pas ses factures. »  Aucune trace de familiarité dans sa voix, ce n’était plus un fils et un père, mais un chef et un employé.

«Les choses changent, tu ne vas pas commencer à faire des caprices, Blake, je te donne déjà beaucoup de responsabilités pour un jeune homme de vingt-quatre ans… »  Un ton sans appel, il relève son regard vers son fils, ou plutôt son employé, haussant un sourcil interrogateur, autoritaire.  « J’ai du travail, donc occupes toi bien de ce dossier, je n’aimerai pas que tu me déçoives comme ta sœur.  »

La chose à ne pas dire. Une claque en pleine face. Et son père le savait, aborder le sujet Angèle était délicat, et il suffisait de le comparer à elle, à celle qui réussissait tout, pour le mettre dans un état ravageur. Mais il était obligé de se contenir. Il ne pouvait pas défaillir, il n’avait pas le droit, pas vrai ? Mordillant alors sa lèvre inférieure en un tic nerveux, il finit par faire un léger signe de tête,  puis par faire volte-face, et quitter l’immense bureau du chef Igor Powell, tout aussi froid que la pièce. Mais alors qu’il dépassait l’encadrement de la porte, il s’arrêta le temps d’un instant, et murmura seulement trois mots, à peine perceptibles.

« J’ai vingt-cinq ans… »

Et il partit alors, relevant son visage vide de toutes émotions, et revêtant son masque d’impassibilité, qui à chaque coups dures risquait de se briser.  Les débordements étaient prohibés, il avait déjà abimé le mur de son bureau la fois dernière, si la chose se renouvelait… Ses mains crispées autour du dossier le firent soudainement ramener à la réalité, le faisant ainsi soupiré au beau milieu des bureaux. Et de nouveau, alors qu’il effectuait le chemin inverse en direction de l’ascenseur, des têtes se retournaient sur son chemin, avec les mêmes sortes de lueurs dans le regard. Et si ça ne tenait qu’à son subconscient, il les aurait tous envoyés se faire foutre… Mais il ne pouvait pas, encore une fois. Des sourires hypocrites envoyés à la volé, il sortit alors des bureaux, quittant cette atmosphère pesante qui lui comprimait la cage thoracique… Il allait mourir étouffé…

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**  Dix heures vingt-cinq **


[size=13]Des lunettes de soleil posés sur son nez, bien que le temps soit toujours aussi couvert, Blake claqua la porte de sa voiture noire,  BMW qu’il n’utilisait presque jamais, ou à de rares occasions, préférant la facilité du taxi Londonien.  Garé juste en face d’un bar, il jeta un coup d’œil consterné face à l’Amat de bouteilles d’alcool et de mégots de cigarettes (et joints) étalés sur le sol. Si ce (ou cette) J.A vivait dans cet endroit, ce n’était pas étonnant que ses dépenses soient aussi hautes, que ce soit pour le loyer, ou pour les « divertissements » …  Laissant échapper un énième soupire, le brun chercha du regard le numéro quatorze, le dossier alors toujours en main.  Se posant alors diverses questions quant à la personne qu’il allait rencontrer quand il aurait fini de grimper les quatre étages. Il aurait pu prendre l’ascenseur, mais son instinct lui criait de retarder le temps où il rencontrerait cette personne… Mais le moment fatidique devait bien arriver à un moment ou à un autre, et alors qu’il rangeait ses lunettes dans une poche intérieur de sa veste, et qu’il repassait encore une fois sa main dans sa coupe de cheveux, il toqua à la porte orné du numéro six, sans même faire attention au nom et prénom de la personne indiqué à gauche de la porte…  

« Il y a quelqu’un ?  C’est plutôt imp… »

Et avant même qu’il ait finit sa phrase, une forme se découpe alors devant lui, le coupant en plein milieu de sa lancée… Il c’était attendu à tout, sauf à ça… La personne qu’il hait le plus au monde, en chair et en os, planté devant lui…





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() message posté Mer 11 Fév 2015 - 13:15 par Invité
Je suis une sale bête, une bouteille de gaz dans une cheminée et je vais finir par te sauter au visage si tu t'approches trop ☇ Jules était assis sur un vieux tabouret de bar bancal qu'il avait récupéré après avoir donné un concert. Cela meublait un peu son grand loft industriel. Maintenant, en plus de la table basse, du fauteuil, de la télé posée sur le sol et du lit en plein milieu de la pièce, on trouvait un tabouret de bar qui trônait près de la séparation entre le coin cuisine et le reste. Attention, on évoluait. Des mois qu'il vivait ici et il se décidait enfin à rajouter des meubles. Il avait même sortie ses vinyles des cartons, son présentoir à guitare était monté et une penderie sur pied étaient agrémenté de quelques fringues, quelques vestes, et un ou deux jeans. Oui, Jules s'installait. Avec le temps, ce beau loft qu'il avait pu se payer grâce à l'argent de l'assurance vie de son papa chéri, deviendrait peut-être un endroit accueillant. Un loft un peu grungy mais dans lequel Jules se sentirait chez lui. Fière de lui, il s'affala sur le fauteuil et prépara son bang tout en laissant tourner le 45 tours d'un vieux rockeur bourré. Et puis après ça il mangea à même le pot avec une petite cuillère du Nutella, il coupa la musique, commença à jouer. Mais franchement, l'inspiration venait mieux quand son cerveau marchait moins. Ou bien plus vite, ça dépendant des points de vues. Alors il fouilla dans ses affaires jusqu'à en ressortir un petit sachet de poudre blanche, sa meilleure copine. D'ailleurs, il sifflota "I'm in love with the coco, coco" Tel le camé qu'il était. Après ça, se sentant un peu mieux, il commençant à gratouiller quelques accords en chantant à moitié. Toujours avachi dans son unique fauteuil de cuir.

Le soleil s'était couché, la nuit avançait. Jules n'avait pas réfléchit outre mesure de la journée, il n'avait pas cherché à se torturer. Il se sentait enfin apaisé depuis longtemps. Enfin, apaisé, au moins il ne se sentait pas plus mal que d'habitude. Simplement heureux de n'avoir rien de mieux à faire que de traîner et de jouer de la musique. Il se filmait quelques secondes, envoyait le tout à Poppy pour avoir son avis. Et puis il y avait Curtis aussi, qui s'inquiétait pour Savannah, cette dernière venait de rompre avec un type, qui était vraiment, vraiment déprimé. Curtis craignait qu'il ne stalke la cadette. Jules avait tellement envie de répondre "ouais, comme t'as stalké Angie pendant qu'on était à Oxford ?" Mais il ravala sa rancoeur. Aujourd'hui, il n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête. Il avait un nouveau tabouret de bar, il voulait que cette journée se passe sous le signe du renouveau et de la tranquillité. Il rassura donc simplement son petit frère en disant que si jamais on entendait encore parler de ce garçon, les frères Abberline irait lui toucher deux mots. Comme d'habitude. Et puis il y avait Saphyr et son mari qui voulait inviter tout le monde à se réunir pour l'anniversaire de Johanna. Ca allait être beau. Enfin, une fois les obligations familiales mises de côté, Jules se contenta de se fumer le petit joint du soir, tranquillement. C'est là qu'il entendit toquer à la porte. Il soupira profondément. Il hésita à faire le mort et puis, prit d'un cas de conscience et se demandant si ce n'était pas cette fameuse commande de pizza qui n'était jamais arrivée il y a deux mois qui avait finalement retrouvé son chemin. Alors il prit son courage à deux mains et s'extirpa du fauteuil si confortable, toujours le joint entre les doigts.

Jules entrouvrit la porte et regarda le visiteur. Il mit quelques secondes à la replacer. Apparemment, son interlocuteur aussi. Et puis, ça fit tilt. Blake. Jules laissa échapper un petit rire entre le cynisme et l'amusement. Blake Powell, et bah, on allait bien se marrer. Sans chercher à se cacher il tira sur son joint, recracha même la fumée droit devant lui, dans la gueule de Powell fils. Avec un sourire de petit con, il l'accueillit comme il se doit, d'une voix un peu vague et moqueuse, sa même voix d'ado en crise qu'il avait à l'époque où Blake et Jules étaient dans la même classe : Igor Junior, trop d'honneur ! Igor Junior, ce n'était même plus un surnom, c'était devenu une appellation officielle. Ce type était une copie conforme de son père, tout aussi flippant. D'ailleurs, qui, à vingt-cinq ans et à dix heures et demi du soir porte un costard qui semble coûter un bras. Hein, qui? Jules l'observait de haut en bas. Putain la même tête d'abruti qu'auparavant. Cette petite tête de chouchou des profs, de balance, de cul-serré. Jules n'avait jamais pu le voir en peinture. Surtout parce qu'il menait la vie dure à Angèle à l'époque en faisant de la lèche à son padre et donc en traitant Angie comme une moins que rien, mais même. Même si Blake n'avait pas été le frère pourri d'Angie, Jules l'aurait haït. C'était viscéral entre ces deux garçons. Ils y avaient eu tellement d'altercations entre eux pendant l'année qu'ils avaient partagé au lycée privé où Jules avait atterrit à force d'être viré de tous les autres. Et puis Blake l'avait balancé l'ultime fois, Jules s'était encore fait viré et après ça il n'avait jamais cherché à reprendre les cours. Enfin bref, Powell fils semblait sous le choc d'atterrir devant Jules. Pourtant, c'était bien lui qui était venu non ? Parce que Blake n'était pas le genre de type qui trainait à Shoreditch, il dénotait avec son air d'aristo ou de mafieux, quelque chose entre les deux sûrement. Du coup, Jules, qui en avait déjà marre de le voir, haussa les sourcils en demandant, fatigué : J'peux savoir ce qui t'amène ? et puis, et parce que Jules ne pouvait clairement pas résister à une remarque de mauvais goût, il rajouta avec son sourire d'idiot : Si tu cherches Angèle, tu l'as loupé, elle est partie vers midi. Mais j'peux te passer sa pipe à eau, elle l'a oubliée chez moi. Tu la lui rendras ? Large sourire. Ah, Jules restait Jules. Et il savait pertinemment combien Blake détestait cette Angèle, je veux dire par là, La Angèle de Jules, celle qu'il avait formé, façonné, influencé.
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() message posté Ven 27 Fév 2015 - 17:00 par Invité
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Jules Abberline.




«  Igor Junior, trop d'honneur ! » Tonna la voix, ô combien douce, et ô combien énervante de son ennemi d’enfance devant ses yeux ébahis.
« Putain… Abberline. » Laissa-il échappé, aussi froid qu’un bloc de glace.

Portant une main à sa tempe gauche, le brun la frotta, appuya dessus, fermant les yeux quelques secondes avec agacement, tout aussi sidéré que son interlocuteur, voir encore plus. Mais, au-delà du choque, Blake ressentait une véritable haine, que ce soit envers ce petit con blondinet, qui lui soufflait la fumée grisâtre de son joint en plein visage (qu’il allait d’ailleurs finir par lui enfoncer dans un de ses deux yeux rougis par les diverses substances illicites qu’il avait ingurgité), ou envers son père, son très chère père adoré qui savait pertinemment ou il l’emmenait, et surtout, vers qui. Pourtant, comme le bon toutou formaté qu’il était, il ne pouvait s’empêcher de se raisonner, après tout, son père n’était surement pas au courant de la haine qu’il ressentait envers le fils Abberline…  Ah ! Foutaises, comment aurait-il pu ne pas la remarquer ? Elle était tellement flagrante, tellement disproportionnée, tellement visible, pendant toutes ses années de Lycéen, personne n’avait pu manquer cette mythique joute verbale et physique perpétuelle entre les deux adolescents, son père le premier, étant aux premières loges. Alors, pourquoi ? Pourquoi l’envoyer pile, dans la gueule du loup ? Et c’est alors que au-delà du choque, ainsi que de la haine, l’incompréhension la plus totale l’envahissait…

« J’peux savoir ce qui t’amènes ? » Temps d’arrêt, le blondinet le regarde dans les yeux, son visage s’armant d’un joli (affreux) petit sourire taquin, alors que Blake se demandait encore lui-même ce qu’il pouvait bien faire ici. «  Si tu cherches Angèle,  tu l’as loupé, elle est partie vers midi. Mais j’peux te passer sa pipe à eau, elle l’a oublié chez moi, tu la lui rendras ? »

… Non, définitivement, l’incompréhension n’arrivait elle-même pas à surpasser toute la haine qu’il ressentait pour lui. Il était la définition même de la débauche et du dégoût, tout ce qu’haïssait Blake.  Un véritable déchet ambulant, et après toutes ces années, il n’avait pas changé d’un poil, le brun avait l’impression d’avoir une copie conforme de l’adolescent junkie qu’il avait fait virer du lycée, comme si il n’avait jamais évolué. Après tout, ça ne l’étonnait pas, un junkie, reste un junkie, il en avait la preuve avec sa sœur…  Et dire que tout ça était de la faute à ce connard d’Abberline…  Qui osait, en plus, après toutes ses années, lui renvoyer à la figure combien Blake avait échoué dans son rôle de frère, et combien, à l’inverse, lui, Jules, avait réussi dans son rôle d’emmerdeur.
Les mains crispées, le dossier entre, Blake lui envoya un regard dédaigneux, remplit de haine, alors qu’il scannait la pièce dans son dos. Déposant alors avec une mine dégoûtée la paume de sa main sur le torse du blond, il le poussa avec force, pénétrant avec une démarche Impérieuse  dans ce lieu qui devait lui servir d’appartement.  Mais aux yeux du fils Powell, cela ressemblait plutôt à un vieux squat d’sdf, qu’à une pièce à vivre. Des jeans au sol, quatre meubles, de la nourriture, de la drogue everywhere…  Le jeune homme dans son dos, surement déstabilisé par la violence de la bousculade du brun, resta quelques secondes silencieux. Puis, alors qu’il redéposait son regard verdâtre et mauvais sur Jules, un petit sourire taquin fleurissait lui aussi sur ses lèvres.

« Magnifique appartement… Enfin, si on aime les champignons de toutes sortes… Encore heureux que les MST ne s’attrapent que pendant les rapports sexuels, je ne crains rien à ce niveau-là, parce que vu le lieu, les personnes que tu ramènes ici, y compris toi, doivent en être bourrés… »  Un grand sourire hypocrite aux lèvres, (conscient qu’il insultait au passage indirectement sa sœur) et un ton ironique à souhait, le brun restait planté au milieu de l’appartement, tendant le dossier qu’il tenait entre ses mains vers le garçon, jetant au passage un regard dégouté au bang au sol. Qu’est ce qu’ils n’inventaient pas pour se défoncer… Ca en devenait bientôt ridicule.

« Je viens pour ça, parce que tu n’as pas payé tes factures… Et avec ce que je viens d’entendre, je viens aussi t’annoncer que tu peux faire une jolie grosse croix rouge sur l’argent que mon père envoie à ta famille tous les ans. Tu devais la quitter définitivement. Non partiellement. C'était les closes du contrat. »

Jetant alors le dossier sur le bar de la cuisine de l’appartement, gardant cependant une attitude étrangement professionnelle, il croisa ses bras contre son torse, arquant un sourcil, se disant intérieurement que de loin , la scène devait être plutôt comique, après tout,  deux opposés dans la même pièce, ça ne donnait jamais rien de bon.






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() message posté Jeu 5 Mar 2015 - 12:51 par Invité
Je suis une sale bête, une bouteille de gaz dans une cheminée et je vais finir par te sauter au visage si tu t'approches trop ☇ Blake se décomposait littéralement. Putain… Abberline. répondit-il après que Jules ne l'ai reconnu. Ce dernier fit un grand sourire et hocha la tête comme pour se saluer. In the flesh. C'était bien lui, toujours en vie, toujours là. Blake semblait au bout du rouleau. Les deux hommes n'avaient jamais pu se voir en peinture. C'était physique, chimique, viscéral. Comme des aimants qui s'opposent en fait. Si Jules et Angèle ne pouvaient se séparer, Jules et Blake, eux, ne pouvaient pas s'approcher du tout. L'énervement avait désormais élu domicile sur le visage tendu du mafieux qui se malaxait les tempes pour tenter de garder son sang froid. Jules, quant à lui, restait plutôt calme, la drogue aidant à voir le côté ironique de la chose. Dieu a un sens de l'humour particulier, ça c'est clair. Et parce qu'il restait Jules, il n'hésita pas à balancer quelques blagues de mauvais goût, jetant de l'huile se le feu, parlant d'Angèle part simple passion pour la provocation. Blake fit la grimace. Jules ne fit que sourire d'avantage. Les mains de Powell se resserrait sur un dossier qui allait froisser. Il semblait lutter contre une envie intense de gueuler et de vomir. Jules attendait simplement qu'il dise quelque chose. Au lieu de ça, il poussa le toxico en arrière pour entrée. Ni une, ni deux, Jules donna un coup ferme sur la main de Blake pour qu'il ne lâche immédiatement. Tout contact physique était proscrit. Jules ne supportait même pas que ce type ne l'effleure. Le visage du junky s'était fermé aussitôt tandis qu'il reculait d'un pas, laissant entrer le loup dans le bergerie. Magnifique appartement… Jules fit un petit sourire mauvais. Mais Blake ne s'arrêta évidemment pas là. Enfin, si on aime les champignons de toutes sortes… Encore heureux que les MST ne s’attrapent que pendant les rapports sexuels, je ne crains rien à ce niveau-là, parce que vu le lieu, les personnes que tu ramènes ici, y compris toi, doivent en être bourrés… Jules regarda Blake, blasé. Ha-ha-ha... C'était sensé être drôle ? Quel petit blagueur ce Blakounet ! Jules lui offrit un nouveau sourire, se voulant rassurant. Et puis, il n'oublia pas de confirmer les dires du jeune Igor. Ca c'est sûr, tu crains rien ! L'idée même de parler de MST, de rapports sexuels tout simplement et de Blake dans la même phrase dégoûtait Jules au plus haut point. Blake n'avait certainement pas à s'en faire là dessus, même une guenon en chaleur ne voudrait pas de lui. Ce type avait certes une bonne petite gueule de premier de la classe mais il était tellement psychorigide et énervant qu'on abandonnait vite toute tentative de rapprochement et optait pour la fuite pure et simple. Enfin, d'après Jules. Ce dernier, d'ailleurs, ajouta tout de même, histoire d'aller plus loin dans sa connerie : Mais si j'étais toi, je ferais attention où je mets les pieds. J'ai peut-être laissé traîner des seringues par terre. Bah quoi, le SIDA et les hépatites ce n'est pas forcément que sexuellement transmissible. Bon, Jules n'était pas malade et en plus de ça il ne se piquait pas à l'héro, ni à rien du tout. C'était pour le moment la seule limite qu'il ne franchissait pas. Mais bizarrement ça avait toujours amusé le drogué de se faire passer pour pire qu'il n'était devant Powell. C'était comme pour lui faire peur, vraiment le faire chier jusqu'au bout, lui faire ressentir jusqu'au plus profond de ses tripes que ouais, la petite Angie était en danger avec lui.

Blake s'arrêta au milieu de la pièce, il semblait se sentir mal à l'aise dans ce repère de toxicomane. Tout le dégoutait, il marchait sur des oeufs, faisait une sorte de petite grimace, comme s'il était dérangé par l'odeur ou le désordre. Jules le regardait, de plus en plus blasé, il avait l'impression de se retrouver au lycée, quand ils partageaient la même salle de classe et qu'ils étaient impossible d'envisager un seul cours sans qu'ils ne se foutent sur la gueule. Cependant, Blake tendit le dossier qu'il tenait vers Jules, comme pour se dépêcher de régler ce qu'il avait à régler pour décamper au plus vite. Jules regarda ledit dossier, sans le prendre, évidemment. Il croisa plutôt ses longs bras maigrichons sur son torse tatoué. Il attendait que Blake ne s'explique, ce qui ne tarda pas à arriver : Je viens pour ça, parce que tu n’as pas payé tes factures… Jules arqua un sourcil, ne comprenant pas grand chose à ce qui était entrain de se dérouler sous ses yeux rougies par la drogue. En parlant de ça, il tira une nouvelle latte sur son joint, comme si ça allait l'aider à y voir plus clair, et tout en recrachant la fumée, il fit remarquer : Quoi, t'es huissier maintenant ? cela dit, pourquoi pas ? Pour ce type, ça semblait être une vocation. Inspecteur des impots, huissier de justice, l'un ou l'autre temps qu'il pouvait faire chier les autres. Jules imaginait clairement Blake choisir cette voie, préparant en secret pendant tout ce temps sa vengeance, préparant ardemment le jour où il viendrait saisir les biens de Jules pour factures impayées. Si seulement. Jules aurait de loin préféré avoir des problèmes avec le fisc' qu'avec la dynastie Powell. Parce que la suite ne présageait rien de bon. Voyant que Jules n'attrapait pas le dossier qu'on lui tendait, Blake le balança nonchalamment sur le bar de la cuisine américaine. Jules suivit des yeux le dossier qui portait ses initiales, mais ne bougea pas d'un pouce. Cependant, Blake reprit la parole... Et avec ce que je viens d’entendre, je viens aussi t’annoncer que tu peux faire une jolie grosse croix rouge sur l’argent que mon père envoie à ta famille tous les ans. Tu devais la quitter définitivement. Non partiellement. C'était les closes du contrat. Jules fronça les sourcils illico, tirant à nouveau sur son joint avant de l'écraser dans un verre qui trainait pas loin. Il ne comprenait plus rien. De quoi tu causes Powell ? lâcha-t-il d'un coup, perdu. Quel argent ? Quelle facture ? Quel contrat ? Bien sûr, Jules se souvenait des raisons qui avaient poussé la famille Abberline à quitter Londres, quatre ans et demi plus tôt désormais. Il se souvenait très bien du marché. Igor fait un gros chèque, les Abberline disparaissent de la circulation. Mais ça faisait longtemps, Noah était mort maintenant, l'eau avait coulé sous les ponts. Jules attrapa avec hargne le dossier, l'ouvrit. Bon, il ne comprenait pas grand chose, il voyait simplement des numéros de comptes, son compte, celui de toute sa famille aussi. Des mouvements d'argent, des listes de dépenses... Il referma le dossier. C'est quoi ces conneries ? demanda-t-il, commençant lentement à perdre patience. Il tenait le dossir entre ses doigts tatoués, et puis le balança d'un coup sur Blake, n'hésitant pas à éparpiller sur le sol quelques feuilles volantes. Ton père a payé le mien pour partir il y a un million d'années, t'entends ? Maintenant, mon père est mort. J'ai plus d'ordre à recevoir d'un petit con comme toi. Il disait cela lentement, appuyant sur chacun des mots comme pour s'en convaincre. Il craignait en réalité trop de découvrir la vérité. Il martela d'avantage sa théorie, en ajoutant : Mon fric, je l'ai grâce à l'héritage de mon père, alors viens pas me faire chier, compris ? Oui, il fallait que ça soit ça. Ca devait être ça ! Sinon, ça voulait dire qu'il n'y avait pas d'assurance vie, pas d'héritage et que tout ce qui était ici avait en réalité été acheté avec l'argent des Powell. Ca voulait dire que le contrat était encore d'actualité. Ca voulait dire que Igor payait toujours les Abberline pour séparer sa fille de Jules. Et ça, ce n'était pas envisageable. C'était même impossible.
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