La vie est une montagne, mais les étoiles sont si belles à regarder..- (Romie Kepner)

J’étais assise au fond du fauteuil du cabinet. Les jambes et les bras croisés.
- Et si on revenait un peu à votre enfance. Quel souvenir en gardez-vous?
- Que voulez-vous dire par souvenir?

Dr Hébert, mon psychothérapeute se gratta la joue avant de me répondre.

- Et bien, on a tous des souvenirs de notre enfance! Bon ou mauvais.

Je fie un roulement de yeux, en soupirant. Mon enfance a été une enfance bien normale. Une mère trop occupée pour prendre soin de sa fille, elle travaille à Montréal et dirige sa propre compagnie, et un père beaucoup plus attentionné sur les résultats sportifs de son fils. Ils sont évidemment divorcés lorsque j’avais 16 ans. J’ai eu la merveilleuse idée de suivre ma mère à Montréal, avant de venir travailler en Ontario en tant que pharmacienne. Mon grand frère est toujours resté en Ontario. Lors de ma graduation, il allait devenir un papa! C’était une bonne raison pour moi de revenir à mes sources. Il est le seul homme que je puisse supporter.

- Il n’y a rien vraiment à raconter là-dessus.

J’ai définitivement plus de talent à écouter les problèmes des gens qu’à raconter les miens à un inconnu. Comme s’il croyait qu’après 3 mois de suivi j’allais enfin tout lui déballer! Ce serait bien trop facile. S’il pouvait tout simplement signer mes prescriptions.

- Vous savez, Mme Kepner, je ne veux pas vous embêtez avec mes questions. Mais vous êtes ici pour une raison. Vous êtes venue à moi pour avoir de l’aide. Je ne vous ai pas forcé à venir ici.

1 point pour Dr Hébert, aucun pour moi. J’ai quelques problèmes de dépendance depuis un certain temps. Cela m’empêche de pratiquer mon métier. Une pharmacienne dépendante de médicament. On aura tout vue!

- J’ai besoin de temps, Dr Hébert. Je connais très bien votre rôle, et je connais bien le mien en tant que patiente. J’ai de la difficulté à m’ouvrir et à faire confiance aux gens. Et sans vous vexez, j’ai encore plus de difficulté à faire confiance aux hommes.

Ah, oui. Les hommes! Je sais très bien que je ne suis pas une Sainte, mais pour une fois que je faisais confiance à un homme sans le trahir moi-même, c’est lui qui le fait. J’étais la fiancé d’un beau et jeune gynécologue. Je vous laisse imaginer la suite. Depuis, je n’ai jamais le même homme dans mon lit le matin.

- Je comprends très bien. Arrêtons-nous ici pour aujourd’hui.

Enfin, une bonne idée! Je me lève de mon fauteuil pour quitter la pièce, sac à main à l’épaule.

- Ah, oui. J’ai oublié de vous dire. Je quitte Toronto.
- Vous quittez? Pour Montréal?
- Non, j’ai besoin de prendre de l’air. Je prends des vacances.

Drôles de vacances madame la pharmacienne. Je suis en arrêt de travail depuis presque une année. De-plus, j’ai un prétendant harcelant depuis quelques jours.. L’idée de voyager hante mon esprit depuis quelques temps. Je crois que changer d’air et d’environnement me fera le plus grand bien! Et je compte en profiter au maximum.

- C’est une merveilleuse idée! Avez-vous besoin de renouvellement pour vos médicaments avant votre départ?

Il doit lire dans mes pensées. J’acquiesce du visage, sourire en coin.

- J'attend votre appel pour la prochaine session quand?
- Je vous téléphone à mon retour.

Ce ne sera pas demain, c'est certain! J’attrape les papiers et quitte le bureau du Dr Hébert un peu fébrile. Quel sera ma destination? J’appuie sur le bouton de l’ascenseur, tout en prenant mes courriels via mon téléphone. Ah, encore 3 messages de mon dernier prétendant.. Il ne me lâche pas d’une semelle! Je déteste les hommes dépendants. C’est moi la dépendante dans l’histoire! De médicament, d’hommes, de plaisir..
Les portes de l’ascenseur s’ouvrent, et au fond de celle-ci il y a une toile typique de Londres. Je n’ai jamais visité Londres. Je crois que c’est un signe du ciel. Ciel, peut importe qui tu es, merci.
Londres, me voici!