Ophelia Heathcliff

Mon grand-père était un paysan, parti pour la guerre. Il n'en est jamais revenu. Ma grand-mère a apprit à conduire durant la Seconde Guerre Mondiale, et est devenue infirmière pour soigner les blessés de guerre. Elle est morte dans un raid aérien qui fit exploser un tunnel de métro londonien. Mes parents me rappelaient sans cesses à quel point ils avaient été courageux, qu'il fallait en parler, ne jamais oublier les épisodes sombres de l'Humanité et de notre Histoire. C'est eux qui devaient nous aider à ne pas reproduire les erreurs du passé, de nos ancêtres. Mes autres grands-parents, paternels, avaient survécu mais avaient aussi vécu la guerre, évidemment. Ils me la racontaient souvent, toujours bourrés d'anecdotes sur celle-ci.

Je dois beaucoup à la mémoire de mes ancêtres, de ma famille. C'est eux qui m'ont donné le goût de l'Histoire. Le goût du passé, des films et séries d'époque, de l'intérêt porté pour la guerre. Pas par envie ou amour, mais par intérêt informatif, faire mieux comprendre aux gens ce que ça signifiait, ce que les gens vivaient ou avaient vécu. C'est important, et j'ai grandi bercée par tout ça.

Je n'ai jamais été de celles qui rêvaient d'être connues, et pourtant je suis devenue comédienne au Prince Edward Theatre. C'est en voyant une audition pour une pièce sur la Seconde Guerre Mondiale que j'ai tenté ma chance, et que j'ai été prise pour jouer l'un des rôles principaux. A partir de là, tout est devenu rapide. Les autres propositions du même metteur en scène, j'ai rejoins la troupe de théâtre. Lorsque je ne joue pas, je travaille à l'Imperial War Museum. Je suis guide là-bas. Vous savez, les gens ne se rendent pas compte qu'être acteur, ce n'est pas un métier à plein temps, 7 jours sur 7, 24h sur 24. On est presque obligés de faire un second travail pour vivre.

Néanmoins, je ne me plains pas. Jamais. A savoir sur moi : je suis quelqu'un de très optimiste, toujours là pour afficher ma bonne humeur à tout va, essayant de répandre celle-ci sur tous les gens que je rencontre. Un sourire n'a jamais fait de mal à personne après tout. La gentillesse non plus. C'est assez rare à voir dans les transports en commun notamment de Londres, mais il y aura toujours cette tête blonde avec de grands et beaux sourires, adressés à tout un chacun. La vie n'est pas si belle et facile tous les jours, alors y apporter un peu de joie et de douceur est comme un devoir pour moi. Mais j'ai aussi mes moments de faiblesse, comme tout le monde. Vous ne me verrez cependant jamais fondre en larmes devant vous, ou me mettre en colère. Tout ce qui est "laid" je le garde pour moi, pas besoin d'afficher toute cette négativité aux yeux des gens. Il ya déjà suffisamment d'horreur dans le monde, et de problèmes dans nos vies pour que j'en rajoute à quiconque.