"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (james&eleah) Si tu devais un soir, est-ce que tu m'emmènerais ?  2979874845 (james&eleah) Si tu devais un soir, est-ce que tu m'emmènerais ?  1973890357
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(james&eleah) Si tu devais un soir, est-ce que tu m'emmènerais ?

 :: Zone 1-2-3 :: Central London :: Soho
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() message posté Mer 9 Jan 2019 - 17:24 par Invité
SI TU DEVAIS UN SOIR,
EST-CE QUE TU M'EMMENERAIS ?
james & eleah

« Laisse-moi être comme toi, laisse-moi plusieurs fois laisse-moi être tes yeux, laisse-moi faire l'amoureux. Mais si un jour tu devais t'en aller, est-ce que tu pourrais bien m'emporter ? Mais si un jour tu pouvais tout quitter, est-ce que tu pourrais garder notre secret ? Laisse-moi être ta croix, laisse-moi essayer. Laisse-moi être juste toi,laisse-moi être comme toi. Je te laisserai trouver la voie, et puis je penserai comme toi. Comme une fille qui voudra prendre son temps, comme si c'était la dernière fois »
Un quotidien qui reprend son cours. Qui essaie du moins, qui prend son temps, qui peine à s’enliser dans la turpitude des usages déjà oubliés, brouillés sur les peaux désolées, les certitudes enfuies. Les jours se sont écoulés, et avec eux, le rêve a pris une autre tournure, auréolé des lueurs françaises qu’ils avaient su tracer, sans l’avoir prévu, sans forcément s’en rendre compte. Le voir apparaître dans les sillages de son univers est vite devenu une habitude que l’on prend sans avoir besoin de se forcer. On finit par laisser la porte ouverte, par murmurer le secret de la cachette de la clef de l’entrée, derrière la brique légèrement descellée. Les manières se descellent elles-aussi. Leur sens se modifie, se sclérose. Elle aime cette façon dont ils ont su s’arroger une place dans leurs quotidiens respectifs, sans que l’intrusion ne soit une blessure trop rude, ou trop difficile à endurer. Tout au contraire il s’agissait d’une plaie plus malingre, dont l’infection se propage à travers les membres en vous laissant peu à peu tremblant de fièvre. Vous ignorez tout à fait d’où le mal provient, de quoi il se nourrit et jusqu’où il pourra vous corrompre. Mais vous l’acceptez, comparse familier que l’on tolère parce qu’on ne sait plus faire autrement. Tout a une saveur différente après cela. Les jours, les heures. Eleah s’est oubliée dans ces rencontres imprévues, où il apparaissait sur son seuil sans l’avoir prévenue, où elle déployait des airs frivoles dans la sphère du Viper pour le trouver et l’enfermer en elle. Des traques plurielles, aux issues toujours confuses et diffuses à la fois. L’expression tantôt timide, tantôt terrible, d’un amour difficile à concevoir quand on n’en a jamais tracé les limites. Des limites qu’ils se plaisent à narguer, cruelles créatures rendues libres dès lors qu’elles se tiennent par la main, que leurs doigts s’entremêlent, s’entrecroisent, s’interchangent.

Les premières dates des répétitions dans la salle majestueuse du Royal Opera sont tombées. Quelques-unes seulement, pour répondre à leurs exigences, pour asseoir un projet qui avait éclos dans sa tête bien avant qu’il ne fleurisse sous les courbes de son corps. La salle étant très prisée, très demandée pour des spectacles de plus grande envergure, leur fenêtre de répétition serait brève, à des intervalles aussi irréguliers que rigoureux. Il sera déjà parti en tournée, durant certaines dates. Elle n’a rien osé dire à ce sujet, soulignant simplement le fait qu’elle pourrait se débrouiller seule avec l’orchestre pour le tableau principal. Mais il sait comme elle que sans sa présence à ses côtés, pour lui donner la note, pour faire vibrer le mouvement sous ses doigts, ça ne sera pas tout à fait semblable. L’idéal serait qu’il revienne à Londres, s’il le peut, dans ces moments-là. Qu’il s’échappe d’une tournée lointaine pour lui revenir, le temps de quelques pas. Elle sait aussi qu’elle ne peut pas l’exiger, que c’est une contrainte supplémentaire à laquelle il lui serait rude de s’astreindre. Alors elle n’a rien dit, assurant juste que quoiqu’il arrive, elle serait là pour maintenir le projet bien en place, sans forcément savoir ce à quoi il fallait s’attendre. D’un autre côté, le projet a pris une envergure médiatique à laquelle elle ne s’attendait pas. Des questions sont apparues sur ses réseaux sociaux. Des questions qu’on ne lui posait pas auparavant, sa communauté initiale se souciant assez peu de qui pourrait faire partie ou non de sa vie privée. Sauf que d’autres abonnements sont apparus, en nombres incalculables, depuis leur retour de France. Depuis cette photo postée à escient sur son compte à elle. Des dizaines, parfois des centaines d’anonymes par jour, distribuant les interrogations comme des claques sur une intimité bafouée par leur outrecuidance. Une salve à laquelle elle ne s’attendait pas, venue de lui sans doute, sans même qu’il puisse avoir un quelconque pouvoir. Après chaque interview qu’il a réalisé dans une chaîne quelconque, après chaque évocation, même succincte, du projet qui les relie l’un à l’autre, il y a eu une autre vague déferlant sur ses habitudes, désarçonnant ses certitudes quant au fait qu’elle demeurerait inatteignable, quoiqu’il arrive. Elle s’est rassurée en réalisant qu’une fois le tumulte de la rue rejoint, on ne la reconnaissait pas. La seule assurance restante, alors même qu’elle contemplait l’image d’elle-même qu’elle avait bâti être mise à mal par des curiosités de plus en plus nombreuses, et incisives.

***

L’heure fatidique est dépassée depuis longtemps. Sur le petit carton d’invitation, 22h00 est noté en lettres capitales. Mais Eleah a toujours su prendre son temps lorsqu’il le faut, faire accroître l’impatience et l’incertitude. Viendra-t-elle ? Ne viendra-t-elle pas ? C’est une excuse qui pourrait fonctionner en d’autres temps, même si en réalité, elle a surtout été aux prises avec Arthur, dont la mauvaise humeur en ce jour de fête n’a d’égal que son manque d’entrain manifeste. Elle a passé une bonne heure à défaire l’ourlet du pantalon que Charly lui a prêté pour la soirée, afin qu’il soit à sa taille et s’ajuste sur ses longues jambes maigres. Tout cela pour qu’il lui annonce à la fin qu’il ne viendrait sans doute pas, ou alors seulement une heure, par principe, juste parce qu’il n’avait aucune envie de voir le « nabot rockeur avec toute sa cour ». Eleah n’a pas dit grand-chose pour prendre sa défense. Elle connaît Arthur, et ses humeurs indéchiffrables. Le contredire ne sert à rien lorsqu’il s’enlise dans une antipathie injustifiée. Cela ne fait que l’entêter davantage, et au fond, elle se fiche un peu de ses regards, et de la façon dont il perçoit ses relations. Elle n’a jamais eu besoin de son aval pour quoique ce soit, ce n’est pas aujourd’hui que cela allait changer. Ajustant une ceinture autour de sa taille, ainsi qu’un boléro sous la veste cintrée, en contemplant son « œuvre » terminée elle se dit que vraiment, si son frère n’était pas tant renfrogné, il pourrait sans doute avoir l’air très séduisant. Le lui dire à haute voix lui avait servi de prétexte pour s’éclipser, et déclarer qu’il la rejoindrait plus tard au Viper, après avoir rempli quelques obligations auprès de sa conquête du moment qui organisait elle-aussi une soirée privée dans son appartement.

Eleah se prépare ensuite avec une précaution toute minutieuse. Une connaissance travaillant dans un cabaret londonien lui a gracieusement prêté une jolie robe années 30, grise perlée, avec tout l’attirail nécessaire pour rentrer dans le thème imposé de la soirée. Elle a craqué pour une coiffe ornée de plumes de paons décolorées et de perles, juste assez excentrique pour ne pas l’être trop justement. La sobriété manifeste n’est pas entièrement son domaine, mais attirer tous les regards non plus. Et puis de toute façon, en réalité, il n’y a qu’un seul regard qui l’intéresse ce soir. Un regard qui lui a manqué, parce qu’avec tous les préparatifs pour le départ de la tournée, ils n’ont pas véritablement eu l’occasion de se voir, depuis plusieurs jours entiers. Ses doigts caressent un instant avec une sorte de fascination les perles brodées sur la soie de la robe. Elle en adore les motifs, et l’allure d’un autre temps qu’elle lui confère. Ses cheveux bouclés et arrangés en un chignon peu protocolaire s’accommodent bien avec la coiffe. Elle ajuste ses chaussures et enfile un manteau, avant de rejoindre le Viper à pieds, ce dernier ne se trouvant pas assez loin pour la pousser à prendre les transports. Ses pensées s’imprègnent de sensations confuses, entre l’excitation et une forme d’appréhension qui n’a jamais été si grande. Le froid de l’extérieur la saisit de part en part, raidissent ses membres qui se tendent, sous le tissu fin de la robe. Le videur la reconnaît et la laisse entrer sans discuter, en laissant d’autres patienter dehors. Une fois à ‘l’intérieur, une chaleur étouffante la saisit à la gorge. Il y a du monde, trop de monde. Une effervescence déjà installée depuis des heures, qui n’a pas attendu qu’elle daigne se montrer. Machinalement elle laisse sa veste au vestiaire, traque ses contours dans la foule dense, incapable de la distinguer, incapable de la voir. Elle songe à rejoindre le carré VIP tout de suite, l’imaginant perché dans ses hauteurs, à contempler la faune en bas, suintante et extatique. Elle fait un détour par le bar avant, où Kaitlyn s’affaire. Comme d’habitude, comme souvent. Elle l’interpelle de sa jovialité naturelle, en se hissant légèrement sur le comptoir.

« Coucou ma belle. Tu t’en sors ? C’est la folie ce soir ! Ils n’étaient pas censés trier les invités sur le volet ? »


(c) DΛNDELION
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James M. Wilde
James M. Wilde
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() message posté Dim 13 Jan 2019 - 19:13 par James M. Wilde


« Si tu devais un soir
Est-ce que tu m'emmènerais ?
Mais t'envoler sans moi
Est-ce que tu m'emmèneras ?
Mais si un jour
On pouvait s'en aller
On pourrait bien enfin s'emmener
Mais si un jour on pouvait
Se quitter
On pourrait bien enfin
Se retrouver »

Eleah
& James




À distance du monde dans lequel nous avions su nous replier, les silences sont devenus évanescents. La solitude exsangue quand il s'agissait de la retrouver, sans prévenir, sans même préméditer la rencontre. Juste une inflexion de l'être qui soudain ne peut plus. S'arroger une posture pour mieux se préserver, inutile cauchemar. J'ai vécu mes nuits à l'orée de sa peau, j'ai regardé mes insomnies s'enfuir dans les délicatesses de son souffle. Les répétitions se sont entremêlées, la tournée et la danse, deux évasions aux saveurs étranges, irréconciliables parfois, mais dans la clémence de jours heureux, il y avait comme la naissance d'une alliance. Gregory a abordé le sujet sans plus se dissimuler derrière ses craintes, il a accepté l'illusion de ce rêve dont il ne faisait pas partie, parce que j'étais heureux. Durant quelques semaines, nous nous sommes mis à croire, à deux comme autrefois, à ces lendemains bavards qui nous laisseraient euphoriques sur les routes. Nous avons oublié les peurs et les instincts de mort, les murs de l'asile se sont étiolés. Il y avait ces étincelles d'une jeunesse, des interviews plus tapageuses mais jamais virulentes, j'ai même aimé reprendre ma guitare, j'ai joué chez elle parfois, parce qu'il me suffisait de me rasséréner dans son univers pour me sentir entier. J'ai écrit aussi. Pas mal. Même abondamment. Appuyé sur le comptoir dans la cuisine. Puis… le rythme s'est accéléré et les temps de clémence se sont effondrés sans ne plus y songer. Il fallait tout prévoir, tout noter. Confirmer les lieux, les dates, surseoir à des obligations qu'on ne pourrait même pas remplir. Voir notre agent. Puis reparaître à la prod… Dans le sillage des garçons, j'ai planqué toute ma honte, je me suis présenté un matin comme si de rien n'était pour prendre des papiers. Les billets d'avion et les foutus coordonnées de nos hôtels. Parler logistique puis acheminement du matériel. Déménager le piano du studio pour l'emporter dans les entrailles du camion que les roadies nous avait fourni. La voir aussi. Voir Moira, faire semblant de ne rien distinguer derrière le regard brisé et placide. Et éviter toute conversation. Déposer l'invitation pour le Nouvel An comme une dernière injure. Un an… il y a un an nous l'avions passé tous ensemble, à imaginer l'absurdité d'un monde dont nous serions alors les maîtres absolus. Un an. Rien. Strictement rien. Une seconde éventrée par mes mains. Le regard s'est terni dans un dernier sursaut. Elle ne viendra pas ce soir. Elle ne viendra plus jamais ici. Et quelque part, mes élans lâches lui en savent gré, ils se rencognent tout au fond du personnage, parasité par l'euphorie malsaine qui ne cesse de croître, de s'enferrer dans des cheminements indistincts qui pourraient autant mener à la ruine qu'à la grandeur à laquelle j'ai un jour aspiré. Je songe à Eleah, son corps entre mes bras, ses rêves gravés sous les doigts. Et j'imagine… j'imagine que ça ne s'arrêtera pas. Jamais. Jamais.

Je suis dans le noir, les portes refermées sur ma silhouette entièrement parée de ce déguisement que j'apprécie car il me donne de ces allures que j'adopte d'habitude sur la scène. Je ne suis prêt à rien ce soir, la performance demeurera dans ma tête, les harmonies qui s'y entrechoquent, dessinant de nouvelles élégances que je peine encore à totalement distinguer. Alors que je réarrange la veste bicolore et asymétrique qui tombe parfaitement sur ma chemise noire qu'un mafioso n'aurait que peu reniée, je prends la peine de pianoter distraitement sur l'interrupteur de mon perchoir, tandis que des feuilles négligemment éparses accueillent des formes géométriques et très indéchiffrables, qui formalisent les compositions encore absconses. Des idées. D'autres encore. Nées entre ses reins. Façonnée par une envie débordante de ce qu'elle offrait dans l'indécence d'un seul regard. Et dans la candeur d'un rire. Je dépose ensuite le crayon et le regarde rouler sur la surface plane, avant que sa course ne soit arrêtée par la vitre teintée. Je me reflète dedans. Cette veste équivoque, un côté noir, un côté blanc. Comme si je m'apprêtais à basculer. Au dehors, la fête bat son plein et la musique hard-rock flirte avec le métal, pour décaler les codes vestimentaires que notre carton d'invitation suggérait. Une rave party en pleine prohibition, les serveurs naviguent au milieu d'une foule qui s'agite sur des rythmes qui font offense à l'époque qu'ils singent. Le Viper s'est paré de couleurs sombres dignes d'un cabaret déliquescent, les tentures rouges drapent les panneaux métalliques, le plafond s'est dissimulé sous un velours noir. Seul le bar revêt une sorte de classicisme désuet, les appareillages modernes troqués pour d'autres accessoires qui proviennent des années 30. J'ai exigé qu'on joue le jeu jusqu'au bout et nous avons envoyé Phil et Kait’ dans une aventure éreintante, à battre le pavé de Londres, les salles de vente et les brocantes. Le nightclub s'illumine de lourds plafonniers, le cristal réverbère les tonalités sourdes et les lumières tamisées, qui dansent sur les murs. Les serveurs dans leur livrée et les cheveux gominés distribuent des cocktails de l'époque, savamment maîtrisés par notre très jolie barmaid qui est tombée amoureuse de la thématique. Je réajuste mes bretelles blanches, qui apparaissent dès lors que les pans de la veste s'entrouvrent, étoffant légèrement ma maigreur. Je n'ai pas échappé à ce produit capillaire qui rabat mes cheveux, me donnant des allures peut-être plus inquiétantes quand j'ai l'habitude de me trimballer avec des coiffures toujours très improvisées. Mais Ellis et Greg me sont tombés dessus sans dissimuler un certain plaisir à s'arroger des droits sur ma tête dans l'après-midi. Maintenant j'ai l'impression d'être en charge d'une sorte de cartel, l'ombre d'une famille dysfonctionnelle, à l'écart d'une foule soumise à notre joug. Je termine mon verre de whisky et déjoue ma nervosité au fil de la lame de rasoir qui danse sur la surface en verre de la table basse. Une ligne parfaite qui disparaît bientôt en une inspiration satisfaite tandis que je laisse l'euphorie artificielle chasser les quelques idées noires qui se superposent au tableau mirifique que nous avons orchestré. Gregory m'a demandé de descendre je ne sais plus trop quand, et les garçons doivent désormais s'amuser au milieu de nos invités, quand nous avons entièrement condamné l'étage VIP. Pas de raison ce soir de nous la jouer en étant à l'écart de ceux qui nous ont fait la grâce de venir jusqu'à nous. Des amis. Des obligés. Aucun journaliste bien sûr. Quelques gens de la production. Puis des connaissances. Enfin des inconnus venus rendre l'atmosphère surchargée. Un caprice de dernière minute même si les gars ont trouvé l'idée recevable. Nous avons balancé l'opportunité de nous rejoindre à une cinquantaine de fans, si tant est qu'ils se pointent à l'heure dite dans un costume approprié. La joyeuse petite bande panachée tout en bas fraye donc avec des gens de notre milieu dans un ensemble presque harmonieux. L'alcool met presque tout le monde d'accord, et il coule à flots depuis quelques heures. Mes tempes battent agréablement d'une sensation exquise qui s'affadit quelque peu à force d'habitude, je m'étire et dispose mon borsalino sur ma tête, en l'ajustant savamment, mes airs de mauvais garçon se glissent dans mes iris qui brillent d'un éclat que la cocaïne rend plus instable. Je pousse le battant de la petite pièce qui garantit ma solitude, espérant descendre rapidement pour retrouver mon clan ou bien les cheveux noirs de celle qui m'obsède, mes lèvres sourient d'une soirée que j'ai envie de passer à ses côtés. Une expression qui contraste avec mes allures qui s'élancent, l'étage assombri permet un déplacement discret, du moins jusqu'à ce que cette fille se manifeste, m'obligeant à arrêter ma marche.
“J'ai toujours trouvé que les bretelles ça t'allait bien. Bonsoir, au fait.”
Je hausse un sourcil quelque peu arrogant, quoique flatté par son commentaire je n'aime pas particulièrement qu'elle traîne par ici quand j'estime qu'il s'agit d'un domaine très jalousement gardé. Je m'appuie sur le rambarde, les lueurs de la fête caressent mon visage. Elle a une robe qui met son corps très en valeur, sa haute taille qui se parfait dans l'échancrure que je devine dans son dos. Robe noire. Ses cheveux roux foncés qui cascadent sur ses épaules en des crans sans doute très longuement façonnés.
_ Je ne crois pas t'avoir invitée.
Ça n'est pas totalement froid, c'est un constat prudent, quand j'ai l'impression de la connaître mais que je ne la remets pas tout à fait. Elle s'avance plus encore et son visage me rappelle une époque qui me plombe l'estomac. Je parade cependant, dessinant un geste qui l'invite à répondre, m'égarant dans le noir tandis qu'elle me mange des yeux. J'ai un petit sourire satisfait parce qu'elle semble bien moins sûre d'elle :
“Non. C'est Greg. Heu, Gregory qui l'a fait, tu te souviens ? L'autre jour quand j'étais ici ?”
_ Tu sais, ma grande, l'autre jour c'est vague pour moi.
Et des filles comme toi… plus encore. Je ne le dis pas mais mon silence le signifie. Je cherche cependant. Je cherche et cherche encore, où je l'ai vue la dernière fois. On s'est parlé c'est sûr. Parce qu'elle… oui c'est l'une de celles qui traînent avec récurrence au Viper, comme s'il s'agissait là de leur résidence secondaire. Mon cerveau finit par vomir un souvenir récent. Je fronce des sourcils. Elle s'appelle…
“Brianna. Mais c'est normal que tu ne te souviennes pas, tu étais dans tes pensées ce jour-là.”
Brianna, oui c'est ça. Mes pensées diffuses dessinent des échos assez indéchiffrables. Mes soirées au Viper sont très rarement sobres.
_ Ouais, c'est ça, Brianna. Je me souviens maintenant. C'est toi qui viens d'Édimbourg non ?
Elle rougit de plaisir parce que je semble la situer quand j'ai dit ça un peu au pif en espérant que la passoire qui me sert de tête quant à ces matières-là ne me trahisse pas trop.
“Tu t'en rappelles alors.”
Elle me sourit, presque intimement, ces sourires que l'on offre quand on est proche de quelqu'un, ces sourires qui donnent envie… de détruire quelque chose, un sentiment usurpé, que l'on placarde à ma personne quand l'on croit me deviner par mes textes ou ma musique. Par une conversation anodine. Détruire ce qu'elle croit détenir de moi. Détruire l'image. La défaire, la défigurer. Mon sourire est bien plus dangereux soudain et je penche la tête sur le côté :
_ Ça ne justifie pas que tu viennes traîner jusqu'à cet étage comme si tu en avais gagné le droit.
“Mais tu m'as déjà faite monter ici.”
Elle tente de recomposer une force qui je suis certain est bien plus fragile qu'elle ne l'imagine. Me tenir tête n'est pas donné à tout le monde. Mon sourire est plus appuyé et je l'approche avec lenteur avant de souffler :
_ Ce sont des invitations que je ne réitère pas en général. Je me trompe ?
Je ne sais pas si je l'ai sautée. Si c'est vrai que je l'ai attirée ici comme tant d'autres. Je ne sais pas, et je crois que je m'en tape un peu en vérité. Son visage se froisse et la sensation euphorique dans mon cœur est plus enivrante encore. Je joue de notre proximité et de mon avantage avant d'ajouter :
_ C'est bien ce que je pensais.
Elle regarde par terre à présent. Et mes phalanges viennent frôler sa joue pour qu'elle rétablisse le contact visuel, comme si j'effaçais la brûlure d'une gifle que je lui avais réservée :
_ T'en fais pas, je suis sûre que t'étais très bien.
Une brûlure de plus et son orgueil broyé donne un relief plus magnétique à ses yeux bleu-gris. Très bien. Potable. Banale. Pas à la hauteur. Quand j'ai quelqu'un à retrouver dans la foule qui vaut toute la grandeur dont je suis dépourvu dans la cruauté des ténèbres que je nourris souvent.
“Je vais descendre je crois.”
Elle prononce sa phrase avec un timbre plus tremblant et je joue de sa fragilité en prenant sa main, guidant ma créature le long de l'escalier. Elle m'abandonne ses doigts avec la faiblesse de ceux que l'on maltraite et qui en redemandent.
_ Viens. Je t'accompagne.
La grâce d'un dieu à l'inexistence. Le pouvoir… ce pouvoir. Que j'ai sur ces filles-là, qui attendent n'importe quelle attention pourvu qu'elle soit là, dans le sillage de ceux qu'elles adulent. Nous apparaissons l'un et l'autre et je la guide dans la foule, qui nous bouscule et nous rend à une sorte d'anonymat bien illusoire. Sa main tremble encore dans la mienne quand le contact se rompt, se rompt totalement. J'abandonne sa silhouette sans même un regard, quand toute mon attention vient de se resserrer sur Eleah qui traîne au bar de l'autre côté de la salle, dans des atours qui la magnifient, la rendant plus éblouissante que quiconque. A moins que ce ne soit elle, juste sa présence, qui estompe les autres. J'oublie… et Brianna et la conversation. Mes besoins de destruction qui s'éteignent tout à fait, se glissant dans les sursauts d'un désir presque venimeux. Je prends mon temps, fait un signe, mes doigts sur le bord de mon chapeau, à Ellis qui domine la foule de sa haute taille. Son costume gris et sa chemise noire lui vont comme un gant.

Au bar, Kaitlyn entretient la conversation, délégant ses devoirs à son staff. Elle a choisi de porter un costume d'homme, bien que ses cheveux blonds soient sculptés dans un chignon banane très élégant. Un costume entièrement blanc qui la met au centre de l'attention. On la distingue à des mètres à la ronde, le bar tel son empire, que chacun cible avec avidité. Elle répond à sa question après lui avoir concocté un cocktail à base de champagne, quand toutes les boissons bizarroïdes et à base de fruits ont largement été écartées de la carte. Sans doute à cause de moi, je l'avoue sans honte aucune. Philip change de son, langoureux métal qui se fond dans une sorte de battement grégaire, fascinant. Kaitlyn balaye une mèche de cheveux de son visage :
“Nan mais je t'assure que c'est pas une sinécure ce genre de soirée. Ça va toi au fait ? J'ai l'impression que je ne t'ai pas vue depuis des lustres ma jolie. Il a fallu tellement batailler pour avoir tout ce qu'il fallait pour les boissons et la bouffe. Surtout que les trois zigotos, si tu veux, ils pondent une idée loufoque par minute. Bref, on a géré comme on a pu avec Phil. Oh tout ça ? M'en parle pas. Encore une lubie de notre tyran, qui a voulu à 3 heures de l'ouverture persécuter ses fans et voir combien sauraient rappliquer endimanchés à la dernière minute. On a dû refuser des gens, forcément…”
Elle roule des yeux, comme si cette petite démonstration de pouvoir ne l'impressionnait pas. J'arrive juste à ce moment là, Brianna dans mon sillage, suivant une mécanique qui lui échappe, éclipsée par une fascination qui dévale tout mon visage. Je prends un accent mafieux et aborde Eleah :
_ Buona sera, bella regazza. Qu'est-ce qu'une fille comme toi viens faire dans un bouge comme celui-là. C'est pas un endroit où se paumer tu sais.
J'entends Gregory saluer chaleureusement Brianna dans mon dos, et jouer de ses charmes avec la maladresse touchante dont il fait preuve, bien que magnétique dans son costume à fines rayures et ses pompes bicolores. J'ajoute suspicieusement envers ma barmaid dans mon timbre naturel :
_ Et qui est tyrannique d'abord ?!
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() message posté Mer 23 Jan 2019 - 10:12 par Invité
SI TU DEVAIS UN SOIR,
EST-CE QUE TU M'EMMENERAIS ?
james & eleah

« Laisse-moi être comme toi, laisse-moi plusieurs fois laisse-moi être tes yeux, laisse-moi faire l'amoureux. Mais si un jour tu devais t'en aller, est-ce que tu pourrais bien m'emporter ? Mais si un jour tu pouvais tout quitter, est-ce que tu pourrais garder notre secret ? Laisse-moi être ta croix, laisse-moi essayer. Laisse-moi être juste toi,laisse-moi être comme toi. Je te laisserai trouver la voie, et puis je penserai comme toi. Comme une fille qui voudra prendre son temps, comme si c'était la dernière fois »
A l’ombre des regards familiers, en lueurs évanescentes et mordorées, le scintillement de silhouettes qui dansent, déjà ivres, déjà grisées. Parures noires, parures sombres. Elle les détaille, tour à tour. Fascination de petite fille devant laquelle on ouvre la boîte de Pandore, d’un autre âge, d’un autre temps. Les détails affluent dans son esprit et l’emplissent d’une euphorie indistincte, qui enfle dans sa poitrine à l’unisson de l’impatience. Les merveilles aux atours de femmes parées d’une fausse élégance, des lignes bicolores masculines, des consciences charnelles troubles. Ses pas traversent le rêve aux allures vintage, s’arrêtent pour mieux prendre le temps d’en graver le souvenir. Des touches de lumières s’apposent sur les traits de son visage : passage éphémère de la rencontre des jets de lumière dans le miroitant tintement des grands lustres, hissés jusqu’au plafond qui garde ses allures émaciées, en toile de fond. L’ambiance n’est plus la même, cela n’a plus rien à voir. C’est un autre temps, un autre espace. Le Viper propulsé au temps jadis pour devenir autre. Un cloaque où les âmes s’agitent, vibrent dans un décalage extatique qui l’a inondée dès qu’elle en a foulé le sol. Jolis souliers, d’un pied sur l’autre, sur les dalles descellées d’une nuit importune, qui ne ressemble à aucune autre. Une dernière parenthèse peut-être, dans laquelle se lover avant que l’illusion ne se brise. Qu’il parte au loin. Qu’il parte. Le rêve enfui avec lui, greffé à sa silhouette moribonde. Moins depuis qu’elle a su trouver refuge dans les replis tortueux et éminemment vivant de son corps. Ses regards dévalent les tentures rouge sombre qui donnent aux murs des aspects de velours feutré qui déteignent sur son humeur. Rouge sombre elle aussi, sirupeuse sous les doigts qui glissent sur la surface du bar et s’arrogent une place qu’elle sait éphémère. Ses sourires enjôleurs, presque charmeurs, s’astreignent d’abord à la jolie silhouette de Kaitlyn, sur le front assailli du comptoir où elle règne en tant que Caporale. Une maîtrise qui n’a d’égale que la vindicte de ses directives, et le raffiné balancier de ses hanches à travers cet élégant costume blanc lui va à ravir. Ce style lui donne d’autres allures, la font dénoter dans le décor, et Eleah croit la remarquer autrement pour la première fois ce soir. Sa bienveillance se déploie dans un naturel confondant : Kaitlyn est peut-être la seule qui ne l’ait jamais observée avec cette forme d’appréhension dans le regard, qu’Eleah avait su interpréter dans le regard de ses comparses, chaque fois qu’elle venait se perdre à des heures importunes, jamais semblables. Elle ne saurait dire si ses facultés de femme lui permettent de cacher plus habilement certaines émotions indistinctes, mais elle les a en tout cas moins éprouvées chez elle que chez Gregory, ou bien Ellis. Phil, elle le connaît à peine. Ils n’ont échangé jusque-là que des banalités d’usage, alors même qu’ils se croisaient peu, ou pas du tout. Une sorte de clan hermétique dont elle n’a pas l’impression de pouvoir faire partie. Elle ignore aussi si elle en a réellement envie, si elle ne veut pas demeurer du bout des lèvres cet électron libre et va et vient à sa guise. La jeune femme lui sert un de ses cocktails à base de champagne qu’Eleah dénigre d’habitude au profit de mélanges excentriques de jus de fruits trop sucrés. Elle boude souvent l’alcool, quand elle se rappelle quels effets cela peut avoir sur elle. Garder le contrôle, toujours. Rester en équilibre. Mais ce soir elle se veut frivole, aussi ne bronche-t-elle pas lorsque le verre se retrouver entre ses doigts et que le breuvage vient lui chatouiller le palais en crépitant sur sa langue. Son coude s’appose sur le bord du comptoir. Elle cherche à distinguer dans l’épaisseur de la foule le magnétisme unique du seul regard qui ait de l’importance. En même temps elle continue de mener à bien une conversation sans but, sa bonne humeur excentrique trahissant sans doute, en filigrane de son excès, une inquiétude tapie au creux de son ventre, née de ses absences répétées depuis quelques jours, et d’un manque terrible cloîtré dans ses entrailles.
« Il fallait régler pas mal de détails avec le Royal Opera, pendant que vous vous affairiez ici. L’étau se resserre, il faudra bientôt partir, n’est-ce pas ? Tu es sublime en tout cas ce soir. S’il n’y avait pas ton patron tyrannique pour accaparer mes attentions, je te charmerais volontiers tu sais. »
Un sourire enjôleur s’épanouit sur ses lèvres à l’unisson d’un clin d’œil, laisse une ironie délicate poindre au fond de ses prunelles dont le noir est accentué par les couleurs légères dont elle a paré ses paupières. Elle rit un peu, le champagne divulguant lentement les secrets de sa magie pour délier ses pensées trop sinueuses. Elles échangent encore un peu après cela, avec cette entente qu’entretiennent les relations qui se connaissent, se devinent, sans pour autant se savoir. Cette simplicité lui plaît. Elle sait que Kaitlyn connaît James de façon intime. Jusqu’où, jusqu’à quel point, elle ne sait pas exactement, mais elle s’en doute. Parce que cette femme est belle, et qu’elle sait ce magnétisme débordant qu’il cherche à entretenir auprès de la gent féminine. Elle n’y voit pas une vision néfaste, qu’elle devrait vouloir défigurer pour étancher une jalousie malsaine. Au contraire, cela lui semble de bon augure, qu’elle soit demeurée là, toujours, depuis les débuts. Sans jamais faillir, sans jamais faiblir. Rempart statufié par une constance indissoluble. Ses épaules se détendent peu à peu, assouplissent sa silhouette jusqu’alors raidie par une tension imperceptible. Elle s’habitue à l’effervescence alentour, aux élans gutturaux d’un métal qui contraste avec l’ambiance feutrée et déliquescente de la boîte. Son verre est presque vide, la ligne de ses lèvres vermeilles s’imprime sur le rebord. C’est le moment qu’il choisit pour apparaître, alors qu’elles s’enlisent dans les frivolités d’une conversation sans filtre, ni sous-entendus. Son humeur est lumineuse lorsqu’il les rejoint, que ses regards détourent sa silhouette avec une voracité silencieuse, qu’elle ne cherche même pas à maquiller derrière des politesses courtoises devenues totalement exsangues dès lors qu’ils ont su s’arracher à la fadeur de leurs vies respectives pour se délier l’un contre l’autre. Un demi-sourire ravageur se nourrit de l’image qu’il détient, qu’il renvoie. Tous ceux qui l’entourent n’existent pas alors. Ils demeurent en dehors du cadre, entièrement brouillés, complètement flous. Cette fille, qu’il traîne dans son sillage, qui est loin d’être laide pourtant, elle ne la remarque même pas. Entité anonyme, rendue désuète dès lors que ses émotions viennent asseoir tous leurs ravages et rêvent déjà de les projeter contre lui. L’indécence de quelques images qu’ils partagent lui reviennent en mémoire. Pour dire bonjour, elle voudrait s’approcher tel un fauve et venir mordre sa peau, dans la courbure de sa nuque, juste pour y boire son odeur, comme elle le fait souvent. Mais elle se retient, la candeur cependant absente dès lors que le manque pulse à ses tempes. Elle remarque au passage le trouble dans ses regards, ces lueurs qui dansent, qui trahissent l’érosion d’un plaisir chimique. Cet effet qu’elle a sur lui aussi, magnifié par la drogue qu’il a dû consommer. Ses prunelles s’appuient dans les siennes, le traquent, l’inondent. Elle répond avec une désinvolture toute de maîtrise encore, parce qu’elle n’a pas assez bu pour perdre le contrôle de son impudeur souveraine :
« Figure-toi que je me suis laissée dévoyée par une sombre canaille. Il a su me convaincre. Difficile de contrarier un parrain de la pègre lorsqu’il avance des arguments indiscutables. »
Ses lèvres s’ourlent d’un rictus prédateur. Ses doigts flirtent, soulignent la ligne de l’encolure du costume, puis de l’une de ses bretelles qui transparaît, en filigrane. Son expression est très approbatrice, signe qu’elle valide totalement le style. Toute sa posture change, s’oriente dans un magnétisme résolu vers sa silhouette. Elle glisse le bout de son nez sur la ligne de sa mâchoire, fait murmurer le vermeil au coin de son oreille :
« Joli costume. Cette coiffure te donne des airs presque sages et disciplinés. » intime-t-elle, juste pour le contrarier.
Il a toujours ses airs de mauvais garçon bien entendu. Ils sont d’ailleurs mis en exergue par le costume. Alors à quoi bon le lui rappeler ? Il le sait déjà. Devenir joueuse est plus passionnant encore, à travers ces échanges qu’ils ont l’habitude de mener tous deux. Elle jette un regard par-dessus son épaule, distingue pour la première fois l’élégance d’une demoiselle dont le visage ne lui semble sur le coup pas totalement inconnu. Rêve familier. Silhouette indistincte. Des traits déjà vus, mais où ? Mais quand ? Elle ne saurait le dire.

« Jolie créature que tu traînes dans ton sillage. Je devrais m’en inquiéter tu penses ? Tu m’as manqué, tu sais. » murmure-t-elle, presque contre sa bouche, se fichant éperdument des regards alentours.
Elle a cessé de craindre ce qu’ils pourraient dire, ou même croire. Elle a cessé d’imaginer qu’ils pourraient les atteindre un jour. Elle a cessé d’avoir ces filtres que l’on appose pour se prémunir d’une vérité qui suinte. En dehors elle les maintient bien en place bien sûr, parce qu’il sait quelles conséquences cela pourrait avoir. Il sait mieux qu’elle. Elle en a déjà eu un arrière-goût après la publication de certaines images dans la sphère des journaux tapageurs. Mais pas au Viper. Pas dans cet antre qui est sienne, qui est leur. Cette intimité qui sait se déployer dans les limbes tapageuses d’un univers qu’ils dominent, qu’ils fascinent, paume contre paume.
(c) DΛNDELION
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James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
(james&eleah) Si tu devais un soir, est-ce que tu m'emmènerais ?  1542551230-4a9998b1-5fa5-40c1-8b4f-d1c7d8df2f56
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() message posté Dim 27 Jan 2019 - 17:47 par James M. Wilde


« Si tu devais un soir
Est-ce que tu m'emmènerais ?
Mais t'envoler sans moi
Est-ce que tu m'emmèneras ?
Mais si un jour
On pouvait s'en aller
On pourrait bien enfin s'emmener
Mais si un jour on pouvait
Se quitter
On pourrait bien enfin
Se retrouver »

Eleah
& James




Kaitlyn rougit de plaisir à ce compliment qui lui semble à la fois d'une pureté inégalable mais qui l'emmène sur des territoires tendancieux dont elle n'a que peu l'habitude. Territoires graciles qu'elle distingue dans ce sourire carmin qu'Eleah lui tend telle une invitation, territoires de dangers subtils où il faut se défendre autrement, car le charme féminin n'utilise pas les mêmes armes, celles qu'elle connaît, celles qu'elle a même appris à ignorer, à force de déceptions et d'inélégance avérée. Des hommes ici il en passe des centaines, et l'alcool leur donne de ces ailes sombres avec lesquelles ils finissent par quémander ou exiger ce qu'ils croient déjà acquis. Car après tout Kait’ n'est qu'une barmaid et si elle bosse pour James Wilde c'est qu'elle doit savoir louer ses cuisses à tous ceux qui se présentent. Ce genre de mépris graveleux, elle en est coutumière et lorsqu'il se déguise sous une drague lourde sans équivoque, elle le repousse d'un geste ou d'un mot. Car si James aurait pu lui enseigner comment ployer son corps avec docilité, ce n'est finalement pas le destin qu'il lui a réservé et auprès de lui elle a appris une repartie sans faille et des répliques torves qui servent à éloigner les plus imbéciles de ses soupirants. Il n'a pas su la garder de la candeur de celui qu'elle avait choisie malheureusement, une blessure qui saigne encore et qu'elle renferme, que le musicien lit parfois sur ses traits, elle en est persuadée. Une blessure dont il est la cause, même s'il serait tenté d'arguer qu'un type qui vous éconduit pour vos fréquentations sans même chercher à les comprendre ou les apprivoiser, ce n'est pas quelqu'un de bien. C'est ce que Greg et Ellis ont dit alors, et aujourd'hui elle sait qu'ils ont raison. Mais ça ne l'empêche pas de se protéger de quiconque pour éviter de prêter le flanc à une nouvelle expérience qui saurait peut-être la détruire. Elle préfère se nourrir de certains souvenirs charnels et de cette amitié bon enfant qui lui est désormais assurée au Viper. Alors d'imaginer qu'une aussi jolie femme qu'Eleah puisse la trouver désirable, et lire dans son sourire ces envies parfois si palpables dans les iris de son compagnon, elle se dit que ces deux là sont définitivement bien assortis. Ils sont faits de la même matière, éblouissante au point qu'elle devienne aveuglante, on ne saurait les regarder trop longtemps de peur d'y deviner le reflet déformé de sa propre existence, depuis longtemps consumée. En dehors du monde, à la marge, tout au bord du gouffre. Elle y est elle aussi Eleah, elle y danse avec lui et Kait’ note tout ce qui chez James apparaît sous un nouveau jour depuis quelques semaines, cette énergie qu'il déploie de nouveau à chaque fois qu'il s'agit de transfigurer le nightclub au gré de ses caprices visionnaires, ces sourires qui illuminent son visage quand Eleah apparaît dans son champ de vision, cette façon qu'il a de boire seul au bar et de tapoter au rythme de ses pensées puis de noter frénétiquement ce que cela lui inspire. Il apparaît justement, drapé de ses allures inaccessibles qui glissent avec subtilité dès lors qu'il l'aperçoit. Et James devient quelqu'un d'autre. Quelqu'un qu'elle a frôlé une nuit sans pouvoir le retenir. Quelqu'un qui ne lui était pas réservé, elle en est bien consciente. Quelqu'un qui appartient entièrement à la belle brune qui continue de converser avec elle. Kaitlyn sourit doucereusement, comme ces animaux qui pressentent les collisions avant qu'elles ne se produisent. Elle secoue la tête, assez perplexe :
“Partir ça oui. Ils ne parlent plus que de ça. Partir, partir. Comme si ici tout les enfermait. Il paraît que c'est toujours pareil avec les artistes qui savent qu'ils doivent s'absenter pendant de longues semaines. Je sais pas comment dire tu vois…”
Elle sert un énième cocktail d'un geste très automatique. Toutes les consommations sont gratuites ce soir, voilà pourquoi le Viper offre une soirée à guichets fermés. Elle claque des doigts, quasi excédée :
“Hmm… pour casser quelque chose ici et mieux pouvoir partir sans se retourner. James est assez… insupportable.”
Elle murmure le mot, elle craint qu'il ne puisse l'entende alors qu'il progresse au milieu de la foule, en saluant alentours comme s'il paradait en majesté. Gregory le rejoint pour jouer avec son chapeau et le lui subtiliser.

Je la vois enfin, la détoure et la détaille avec une insistance presque maladive. Me priver d'elle ces derniers jours a été aussi douloureux que salutaire… l'avoir trop près de moi dans des moments où je commence à entrer de nouveau pleinement dans mon personnage détestable qui permet à tout ce que je protège encore de se planquer des feux dévorants de la scène, cela l'aurait exposée à certaines brûlures. De ces brûlures que je ne suis pas encore tout à fait prêt à partager ou à lui infliger. C'est trop tôt, l'animal n'est pas encore prêt, il vient de renaître avec la délicatesse des créatures qui auraient dû être morte-nées. Un être titubant qui apprend à occuper tout l'espace, à prolonger les cris, à entendre le hurlement se fêler dans sa tête au devant de la foule monstrueuse. Elle me regarde, me devine et me reçoit avec une avidité manifeste qui fait palpiter dans mes veines les éclats mensongers de la coke. Les pas sont quelques peu plus rapides, j'oublie la plaisanterie de Greg qui meurt dans le lointain, qu'il s'occupe de la grande gigue qui aimerait tant tomber à genoux devant moi. Elle aussi disparaît dans le marasme ambiant. Si je ne la touche pas de prime abord c'est pour enchaîner encore quelques secondes toutes les envies qui crépitent sous l'épiderme, les laisser rouler sur ma peau et sur ma langue, recouvrer un peu de cette extase qu'elle est la seule à savoir remuer dans mon ventre. Aussitôt, comme un réflexe ancré jusque dans les replis soyeux de la mémoire, j'effleure la naissance de ma nuque, un geste qu'elle pourra recueillir tel un hommage à ces habitudes férales qui nous caractérisent. Je la ressens, la sauvagerie contenue de la morsure et mon sourire se fait plus trouble. Nos iris se cherchent, traquent ces preuves que seuls les amants savent distinguer chez celui ou celle qu'ils ont élu pour partager l'âpreté de leurs secrets. Le jeu se poursuit sans aucun temps mort :
_ Alors je crois que tu es dans de sales draps ma mignonne. Ces gars-là en général ça plaisante pas.
Mon sourire en coin parce que des filles comme elle ne plaisantent pas non plus, et le rictus carnassier dont elle me gratifie en est la preuve. Je la laisse opérer une inspection du bout de ses doigts agiles tandis que les miens demeurent encore au repos, la brûlure de mes envies au creux de mes paumes, retenue. Je pense qu'elle apprécie ce style à l'élégance classique qui contraste tant avec mes allures négligées quotidiennes. Sa proximité brutale m'enivre tout à fait sans que je n'aie besoin d'un énième verre, la voracité se glisse dans tous mes muscles qui répondent à son emprise, mélange subtil de combativité et de plaisir, tandis que mes doigts viennent danser sur sa taille, jouant avec les perles qui décorent chaque centimètre de sa robe grise. Qu'importe les regards curieux, l'indiscrétion d'une foule métissée, où la frontière en le professionnel, le privé et les outsiders n'est plus véritablement claire. Les contours au Viper Room n'ont jamais été clairement posés. Nous avons débuté notre gérance avec la candeur de ceux qui n'avaient quasiment jamais travaillé dans un cadre tel que celui-ci, hormis lorsque notre peu de moyens nous y obligeait. Mes airs deviennent plus fourbes quand elle me targue de deux épithètes qu'elle sait très bien me tarauder. C'est comme verser de l'essence sur un incendie à peine contenu, mes mains étreignent sa taille avec plus de virulence, l'on devine dans l'orientation de mes gestes une indécence qui menace d'éclater, sous l'oeil curieux de tous ces autres qui n'existent pas, qui ne devraient pas exister. Mais je me retiens. Je me retiens encore.
_ La tromperie des apparences, tu sais tant ce que ça veut dire, petite fille.
Ma bouche qui se pose sur sa tempe, caresse délicate quand les mots sont d'une toute autre teneur. Combien ici te dévorent des yeux sans savoir appréhender ce que tu es. Ce que tu es, petite fille. Ils croient que tu es mon jouet, un amusement éphémère, la naïveté de tes pommettes et tes rires bientôt navrés. Ils croient que tu t'égares. Même Ellis et Greg le croient quand je sais pourtant que tu es exactement où tu dois être. Les doigts cherchent et enlassent. Les siens entre les miens. Serments muets. Je ne devine pas le regard appuyé que Brianna achoppe sur nos silhouettes ainsi réunies, elle ne voit même pas Greg qui déploie pourtant des trésors d'humour pour l'envouter. Je m'écarte quelque peu, juste pour apercevoir ses traits, les effleurer d'un geste avant que mon ton oscille entre la froideur de mon mépris et l'éclat de mes sentiments, dans un alliage dérangeant mais qui me représente pourtant :
_ Oh, ça ? Une petite chose égarée qui croit pouvoir survivre dans le noir. Je sais… Toi aussi tu m'as manquée.
Plus que je ne pourrais le dire tandis que mes lèvres trouvent les siennes, se fichant de l'indiscrétion et du maquillage, un baiser qui ne s'offre pas totalement mais qui ne se pare aucunement de cette timidité qui ne nous ressemble pas. Sous l'affront de ce que la bouche demande, elle m'a manqué. Sous mes mains qui froissent l'étoffe dans le creux de ses reins, la rapprochant de moi, elle m'a obnubilé dans les secondes éperdues qui me devinaient démuni. Mon nez frôle sa joue, j'embrasse la peau douce près de ses cheveux tirés en arrière, les plumes me chatouillent, je caresse sa nuque, le Viper nous enferme, offre l'ombrage au travers duquel nous saurons toujours nous dissimuler. La lourdeur d'une note où le serment se délie :
_ J'ai oublié de passer. Mais ce soir c'est terminé.
J'ai oublié de m'égarer le soir jusqu'à chez elle, j'ai oublié de vivre à deux ce que je me suis imposé seul. Je sais avoir commencé à dériver, sur le fil du départ, funambule éreinté par les obligations innombrables, la musique sourde dans mon appartement pour seule compagnie. C'est terminé. Je ne perdrai plus une seule heure avant de grimper dans ce foutu avion, pas une seule où je ne puisse l'imprégner jusque dans mes peurs les plus sourdes, dans mes envies de conquête les plus invétérées. Mes doigts l'emmènent, non pas à l'écart mais dans la foule, dans cette foule qui nous bouscule mais ne saurait nous séparer, pour laisser le rythme nous assaillir et dessiner des retrouvailles qui ne pourront se consumer que dans les heures les plus indues de l'aube. J'ouvre ma veste en cherchant une liberté qui m'échappe toujours quand je me sens enfermé, mais je l'enferme à mes côtés, dans mon sillage, devant moi, qu'importe. Jusqu'à ce que nous trouvions sous les lueurs dansantes d'un lustre l'espace pour onduler, l'un contre l'autre, comme autrefois.
_ Tu aimes l'aménagement ? J'ai presque envie de le laisser un peu comme ça, le Viper a l'air hors du temps et ça me plaît bien.
Le fait est que j'ai imaginé une ambiance où elle pourrait s'inscrire. Écrire l'atemporalité qui la caractérise parfois quand ces regards perdus s'égarent dans des horizons que je ne connais pas.
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Anonymous
Invité
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() message posté Lun 4 Fév 2019 - 18:25 par Invité
SI TU DEVAIS UN SOIR,
EST-CE QUE TU M'EMMENERAIS ?
james & eleah

« Laisse-moi être comme toi, laisse-moi plusieurs fois laisse-moi être tes yeux, laisse-moi faire l'amoureux. Mais si un jour tu devais t'en aller, est-ce que tu pourrais bien m'emporter ? Mais si un jour tu pouvais tout quitter, est-ce que tu pourrais garder notre secret ? Laisse-moi être ta croix, laisse-moi essayer. Laisse-moi être juste toi,laisse-moi être comme toi. Je te laisserai trouver la voie, et puis je penserai comme toi. Comme une fille qui voudra prendre son temps, comme si c'était la dernière fois »
Métissage d’émotions, de sensations. Elles la parcourent, dans l’intervalle irrégulier qui les sépare encore l’un de l’autre. Kaitlyn affairée à son comptoir, déployant des gestes graciles et automatiques. Eleah distribue des sourires empreints d’une jovialité coutumière, dont elle gracie son entourage sans même avoir conscience de qui la regarde ou non. Son œil est plus vif, moins hagard. Il le traque dans le noir, parce qu’évidemment, c’est pour lui, toujours, qu’elle vient se perdre dans les dédales du Viper. Ce n’est pas un établissement qu’elle a beaucoup fréquenté avant de le connaître. Elle lui préfère des pubs plus simples et plus intimistes, aux revers moins torves peut-être, plus prompts sans doute à répondre aux exigences d’une partie de son éducation. Une éducation qui s’érode peu à peu, dans cette quête de liberté qu’ils ont inaugurée ensemble. Les limites se brouillent, éminemment troubles. De ses principes d’autrefois, si galvaudés par les règles qu’elle se jurait de respecter, il ne demeure que l’ossature, fragile et tremblante. Griffé par ses ongles lorsqu’il la rejoint à l’orée de son corps. Frontières inaccessibles, aujourd’hui entièrement corrompues, par lui, par elle, par cette gangrène qu’ils savent être l’un pour l’autre. Elle qui ne boit jamais d’habitude éprouve ce soir une soif inextinguible. Elle a déjà vidé presque entièrement deux de ces délicieux cocktails que Kaitlyn a fait glisser savamment juste sous ses yeux. Son humeur en ressort peu à peu plus guillerette, plus impertinente aussi. Ses attentions se portent sur la jeune barmaid, quasi sulfureuses bien que prononcées avec une courtoisie élégante. Si ses désirs n’étaient pas entièrement ployés par quelqu’un d’autre, sans doute l’aurait-elle charmée éhontément, avec cette pudeur qui mène à gémir dans le noir en s’immolant aux parfums d’une compagne éphémère. Elle boit les mots prononcés à l’unisson des breuvages colorés, se fie à tous les verbes que la jeune femme sait employer. Partir … Partir. Le mot gronde au fond de sa tempe et retombe comme une chape de plomb au fond de son estomac vide. Partir. Non, elle ne veut pas. Elle ne veut pas le regarder partir sans avoir l’entière certitude de savoir qu’il reviendra. Et en même temps elle sait que la décision ne lui appartient pas, qu’elle ne peut que l’accompagner avec cette grâce qui intime que quoiqu’il décide, elle sera là. Là et c’est tout. Si simple, si complexe toutefois. Le laisser partir c’est accepter de tolérer ce qu’elle ignorera, tout ce qu’il taira pour la protéger un jour, la punir un autre, même malgré lui. Turpitudes d’un monde qui lui échappera tout à fait parce qu’elle n’en fera jamais partie. Mais elle saura être la parenthèse. Celle que l’on rejoint et ouvre lorsqu’on en a besoin, que l’on referme dès lors que la réalité ne peut plus être entièrement ignorée. Oui, elle sera là. Autant qu’elle le pourra.

« Partir est toujours plus simple quand on n’a personne pour nous retenir. Mais même avec cela, il ne faut pas renoncer. Certains départs sont nécessaires. »

La tonalité de sa phrase, assez solennelle, contraste largement avec la décontraction de ses airs. Elle trahit peut-être le trouble qui la nargue à l’intérieur, et qu’elle ne parvient pas à totalement maquiller. Une autre gorgée roule sur son palais. L’alcool étend son emprise sur ses sens, avec la paresse de ceux qui s’installent copieusement sans avoir l’envie de seulement se lever. L’épithète dont Kaitlyn gratifie James et les élans de ses humeurs la fait rire sur le coup. Elle imagine sans peine qu’il n’est pas le même avec qu’elle qu’avec son entourage professionnel. Elle n’a pas eu jusqu’alors à souffrir du lunatisme de ses humeurs incisives. Lorsqu’il se perd jusque chez elle, la tranquillité est plus épaisse. Il n’y a personne à convaincre, rien expliquer. Les exigences s’arrêtent là où celles de l’autre commencent. Rien de semblable avec un quotidien aux responsabilités variées, surtout à l’approche imminente d’une tournée d’une telle envergure. Ses doigts jouent avec le rebord du verre, font tournoyer négligemment le breuvage. Il les rejoint enfin, fier et impérieux dans son costume de plusieurs pièces. Un assemblage qu’elle prendra sans doute plaisir à effeuiller avec la plus grande attention, plus tard, dans la soirée. D’y songer ses pupilles s’agitent d’un air goguenard, alors que les prémices d’un échange s’installent, ponctué par la soie de leurs regards qui se traquent. Ses plaisirs ronronnent face à la voracité de ses regards, et ces désirs très contenus, très évanescents qu’il projette jusqu’à elle, avec cette retenir qui la fait frémir d’une impatience très crue à l’intérieur, savamment maîtrisée sous ses apparences, justement, qu’ils manipulent à leur guise. Poupées de cire, poupées de sang. Elle le caresse d’un regard et ajoute, en ponctuant sa phrase d’un clin d’œil très équivoque :
« Oh vraiment ? Mais tu sais bien que derrière ces gars qui ne plaisantent pas, il y a toujours une femme pour mieux les manipuler et influencer leur jugement. »

Son corps réagit à son contact, à ses doigts qui se pressent, encore dociles, sur sa taille fine. Les perles crissent sous la pulpe, semblent s’animer de lumières changeantes elles-aussi. Réfraction des clartés qui se perdent parfois jusqu’à eux, se réverbérant depuis les grands lustres de cristal. Elle tressaille sous la soie du tissu, ne brime même pas cette réaction devenue naturelle, chaque fois qu’il la touche. La dissimuler serait une injure à cette emprise qu’elle consent à lui accorder pour peu qu’il sache s’en saisir sans l’insulte. Et ses parades n’ont rien de l’insulte alors. Tout au contraire, elles sont des hommages qu’elle recueille, renvoie, caresse du bout des doigts. Le monde autour, rendu sourd et aveugle. Ces autres n’ont pas d’importances, présences parasitaires dans la sphère qui est leur. Elle oublie toujours de monter sa garde, d’être plus vigilante. Mais quel mal pourrait-il bien leur arriver ?

« J’ai l’impression de l’avoir déjà vue plusieurs fois. » murmure-t-elle très au passage, une remarque vite oubliée, vite devenue confuse.
Juste une impression, alors qu’elle croise son minois du regard. Elle n’est pas vilaine, elle n’est pas sculpturale non plus. Elle trouve par exemple à Kaitlyn une beauté plus attirante, moins transparente. Invisible, c’est presque ainsi qu’elle lui apparaît, la petite chose qu’il dit avoir traîné dans son sillage. Parce qu’elle ne la connaît pas, même si à l’évidence elle a le souvenir de l’avoir déjà croisée à plusieurs reprises. Au Viper sans doute, pour peu qu’elle soit de ces fanatiques qui se trainent jusqu’ici pour le bon plaisir de leur idole. Elle regarde beaucoup James, la petite chose. Elle ne peut pas lui en vouloir, parce qu’elle le devine : ce n’est pas pour Gregory, qui plaisante beaucoup avec elle ce soir, qu’elle est là. Ni pour Ellis, dont le physique pourrait attirer bien des jeunes filles comme elle. Non, c’est pour lui qu’elle est venue. Lui, seulement lui. Et il n’en a sans doute pas conscience, cruel qu’il sait être lorsque le désintérêt le taraude. Lui. Le sait-il ? A quoi bon le lui dire ? cela n’a pas d’importance, et Eleah n’éprouve guère de jalousie. Pas d’une fille comme ça en tout cas, qui lui inspire une forme de sympathie curieuse où la pitié s’entremêle. Alors l’anecdote s’évanouit aussi vitre qu’elle est apparue. La petite chose disparaît, rejoint cet anonymat qui lui convient mieux sans doute. Ses doigts s’entremêlent à ceux de son amant, tracent un signe d’appartenance du pouce sur une phalange de l’index. Ses lèvres se donnent, accaparent. La lisière de la pudeur, pas encore franchie. L’un et l’autre ont beau être en terrain conquis, ça n’est pas comme se retrouver seuls, à l’abri des regards. Se donner n’a pas la même saveur alors. Elle semble satisfaite toutefois, les prémices d’une humeur irradiée par l’alcool pointant le bout de leur nez. Une impression de légèreté falsifiée, qui la laisse sans doute moins attentive que d’habitude aux points de détails, alors que sa langue se délie peu à peu.
« Oublié vraiment ? Allons bon. Peut-être devrai-je t’intimer l’idée de manière plus virulente la prochaine fois, pour que tu ne l’oublies pas trop vite. »
Elle plante ses ongles dans le creux de sa paume, avant de la gracier d’une caresse. Une menace qui n’en est pas vraiment une, puisqu’elle a toujours mis un point d’honneur à ce que venir la voir ne soit pas une contrainte, ni une obligation, mais bel et bien un choix de sa part. Elle sait la frénésie qui monde, à l’intérieur de lui, à l’unisson d’une crainte viscérale. Elle sait ce que cela lui coûte, de partir pour cette tournée, même si elle ignore certains détails. Elle sait, elle devine. Il n’y a pas forcément besoin de le dire pour qu’elle le comprenne et l’accepte peu à peu. Ils se frayent un chemin entre les corps, ondoient jusqu’à un espace où apposer leur sphère. Ses hanches vacillent sur la rythmique de la musique, imposent parfois une forme de contretemps empreint de langueur, pour lui laisser le temps de la rejoindre, et de s’habituer à son intrusion. Elle pivote gracieusement sur elle-même, glisse ses doigts autour de sa taille, en se faufilant parla brèche offerte par les pans de sa veste ouverte. La tête bascule, dodeline un peu dans un abandon à la rythmique alentour. Elle se perd dans la contemplation d’un lustre, en renversant tout à fait la tête, les plumes de sa coiffures dérangées par un souffle perdu. Elle lui revient, glissant un bras autour de se épaules pour l’entraîner dans ses mouvements éperdus.
« Oh oui laisse-le un peu. J’adore ces ambiances … Atemporelles. On dirait que le Viper est né de cet ailleurs qui nous échappe encore … Je pourrais m’y perdre plus souvent. »
Quand tu ne seras plus là … Quand tu seras loin, si loin. Ses doigts impriment une pression aux abords du col de sa chemise, accentuent la proximité qui les transfigure déjà, l’un contre l’autre. Son nez trace la ligne de sa mâchoire, dans une attention devenue coutumière.
« Tu n’as pas oublié la répétition, demain après-midi ? »
(c) DΛNDELION
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James M. Wilde
James M. Wilde
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(james&eleah) Si tu devais un soir, est-ce que tu m'emmènerais ?  1542551230-4a9998b1-5fa5-40c1-8b4f-d1c7d8df2f56
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() message posté Mer 6 Fév 2019 - 17:04 par James M. Wilde


« Si tu devais un soir
Est-ce que tu m'emmènerais ?
Mais t'envoler sans moi
Est-ce que tu m'emmèneras ?
Mais si un jour
On pouvait s'en aller
On pourrait bien enfin s'emmener
Mais si un jour on pouvait
Se quitter
On pourrait bien enfin
Se retrouver »

Eleah
& James




Devoir fendre ainsi la foule est toujours pour moi une sorte de violence, tout mon corps réagit aux menaces extérieures, à ceux qui pourraient entraver mes mouvements, ou encore compliquer mon passage en surgissant à la dernière seconde. La sensation de noyade tout contre les battements excédés du cœur, la main d'une étrangère comme seul ancrage avant que ne se dessine au loin l'essence chatoyante qui répond à l'appel. Un appel viscéral au milieu des corps et de leurs souffles lourds. J'évite toujours d'avoir à me mêler ainsi à la population du Viper, je préfère mes hauteurs, l'étage quasiment toujours interdit où seuls certains élus peuvent rejoindre ma solitude. Préservé de la torpeur du monde, de l'excitation d'une masse vibrante, je demeure pleinement maître de mes émotions. Mais pas ainsi, pas lorsqu'il s'agit de me savoir écartelé. Entre l'envie de fuir, et le besoin de la retrouver. Me mêler aux autres est un supplice, dominer mon public a toujours été mon choix de prédilection. Paré ainsi de ces atours festifs, je me désincarne dans un rôle, préférant protéger les peurs que de les laisser ainsi ressurgir sur mon visage souriant. Il n'y a pas que cela. Il n'y a pas que ce bain de foule qui ternisse les humeurs, les donnant à l'ignominie d'une trivialité presque palpable dans le ventre. Je n'ai de sobriété que mon apparence, le reste se débat dans les ténèbres qui s'étiolent, dans mes prunelles l'hérésie d'un amour combat l'envie de destruction. Abandonner l'étrangère sur laquelle j'aurais souhaité épancher mes instincts sadiques n'est pas difficile, recouvrer la simplicité de mes échanges avec Eleah est toutefois plus complexe. Sous le baiser que j'appose sur ses lèvres, la perdition se grave, l'euphorie de la came et de la fête se mélangent à cette dépression qui enfonce ses griffes dans mes esprits enfiévrés par l'attente. L'attente de ce qui fait mal, de ce qui me laissera exsangue, sur un chemin que je ne souhaite pas emprunter pour le connaître par cœur. En tournée elle ne sera pas là. Il ne me sera plus possible de me raccrocher à sa présence diaphane, les retrouvailles fiévreuses dans son appartement me seront un souvenir amer, l'idée de l'entendre par l'entremise d'un téléphone sonnera telle une trahison. Privé d'elle, je la peindrai ennemie pour mieux m'en départir. Incapable de le faire, je jurerai de lui faire mal pour qu'elle rompe les liens à ma place. Mes besoins insidieux deviendront des armes, et mon amour, mon amour te sera une charge, tu le détesteras pour sa difformité et ses exigences implacables. Ne reste que l'attente, l'entre deux inavouable qui m'a fait transiter dans des troubles reparus dans certaines nuits sans elle. Je sais que les temps de clémence sont désormais échus. Ma vision tourne au noir. La rejoindre et la frôler ainsi est une torture, une torture consentie. Kaitlyn nous observe de son œil clair, parce qu'elle distingue l'angoisse que nous maquillons l'un et l'autre. Elle a très bien noté le ton empreint de désespoir de la jolie brune qui se complaît entre mes bras. Elle me sert un autre verre vu que j'ai déposé le mien, désespérément vide sur le comptoir. Je lui fais subir un sort identique d'un trait, enserre les joies factices de la came avec l'alcool, le plaisir d'étreindre Eleah dans un état pareil irradie toutes mes chairs. Je me sens si prompt à basculer. Sur le fil. Sur le fil. Avec toi… Elle n'a jamais été là quand ça se produisait. Quand j'étais si proche de devenir autre, si prompt à haïr avec passion ce que j'avais su adorer. La musique, l'album, ma carrière, et elle certaines infâmes secondes, deviennent l'objet de ma détestation. La liberté gît quelque part sous mes pas, éventrée. Elle a raison, elle a terriblement raison. Derrière l’ire des hommes, il y a toujours une femme. Une femme. J'ai un sourire incisif tandis que je glisse une caresse fiévreuse sur sa taille. Une femme. Une seule. La sentir réagir à mon contact m'est une compromission supplémentaire. Une drogue plus absolue que celle qui s'enfonce dans les limbes de mon cerveau.

La phrase s’accroche quelques secondes aux irrégularités de la mémoire. Mémoire furieuse, mémoire paresseuse. Des images s’y transfèrent, je me souviens peut-être, je me souviens sûrement de son visage, de son corps, de l’entremise des sens qui exsudent une frénésie malade. Mais cela fait si longtemps, l’étrangère est ensevelie sous d’autres passions, et mes attentions entièrement captivées par Eleah demeurent inaccessibles pour elle. Ah bon, plusieurs fois, ah bon. Gregory pourrait le dire, il connaît ces choses-là, lui a sans doute l’écho de cette fille quelque part, il y a cinq ans, quand le Viper naissait de nos rêves, et se laissait peu à peu façonner par la hargne du retour. J’ai beaucoup laissé aller ma virulence alors, je me suis déchaîné sur autrui et sur moi-même pour oublier l’horreur que notre retour en Angleterre faisait ressurgir, imparable supplice. Elle a été la victime de ces mois que j’ai savamment éludés. Mes mécaniques sont simples, mes réarrangements sont torves.
_ Tu crois ?
La question ne s’appuie sur rien, j’oublie encore, j’oublie déjà qui elle concerne, l’impression se distance, le danger n’est plus là. Je ne reconnais ni les signes de l’obsession ni ceux de la déraison qui galope dans l’esprit de Brianna, si je crois jouer et déjouer à ma guise, c’est sans doute parce que je n’ai jamais confronté une appétence fanatique. Les garçons m’en ont peut-être toujours adroitement protégé. Ou bien ma froideur quotidienne a démuni ces filles qui croyaient m’approcher. Ça a suffi jusqu’alors, ça a toujours suffi. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ? Je me noie dans ses yeux noirs, l’étreins plus fortement, un sourire entendu se dessine, je l’ai rarement sentie à l’aube de l’ivresse. Mon nez frôle sa joue, attrait animal, je ris doucement contre sa peau en murmurant :
_ Je n’imaginais pas que le champagne serait ton poison. J’aurais pu le prévoir, ça l’a été la première fois.
Même si a priori j’ai bu bien plus qu’elle quand il a fallu convaincre Ava de notre future collaboration. Eleah s’était barrée avec la bouteille, nous avions couru dans la rue, c’était drôle, c’était simple. L’attachement pulsait déjà sa brûlure dans les veines, mais l’on savait l’ignorer l’un et l’autre. Le taire et le renier. Je détoure la courbe de ses hanches comme j’ai dû le faire ce soir-là, une première qui n’en était pas une, une intrusion qui portait les marques d’une étreinte passée. Il fallait la réapprendre, maintenant je la sais. Je la sais. La saurais-je encore quand des mois auront passé, à se retrouver à la dérobée de quelques pointillés ? Ma mâchoire se serre quelque peu, je conte l’oubli, la parade que j’utilise souvent ou plutôt que mon esprit monte soigneusement dès lors que je me sens paumé, au bord d’un précipice, et que j’ai la délicatesse de n’y entraîner personne. La légèreté est conjointe, et pourtant effroyablement fausse, la peur est dans la tête, l’euphorie grimpe dans le ventre. La douleur qu’elle inflige du bout des ongles me fait frissonner d’un plaisir embrumé par la came. Je la titille en faisant rouler ma langue sur les mots :
_ Pourquoi, tu as peur que je ne me rappelle plus, petite fille ?
Impossible, improbable. L’oubli n’est pas de cet ordre, il est pire. Si j’oublie de rentrer c’est parce que tous mes maux sont alors greffés à elle. J’aimerais te les infliger. J’y ai pensé. Pensé très longuement. Je suis perturbé… Je n’aurais pas dû retourner à la prod, je n’aurais pas dû charrier derrière moi les cris et le sang, d’autres cadavres dans mon sillage. Moira avait le regard si vide quand il tombait sur moi. Et je n’ai pas affronté le vide. Lâche. Lâche. Est-ce qu’Eleah me regardera ainsi, quand je lui aurai fait du mal, à elle aussi. Je laisse la musique balancer nos deux corps, le rythme nous emmener un peu plus loin, elle tournoie, je la retiens. Je la retiens encore. Peut-être un peu trop fort, avec le désespoir au coeur. J’aime quand elle s’approprie les pas pour les dessiner à sa guise, c’est la musique qui semble alors la suivre, comme quand je sais ployer tout un ensemble au gré de ma guitare. J’accepte la proximité de son corps au milieu de tous les autres, un mélange composite, avant qu’il ne devienne plus que nous, elle et moi, uniques, inaliénables. Inaccessibles. L’idée qu’elle puisse frayer plus volontiers ici parce que le décor se montre plus intimiste a quelque chose de séduisant, mais une mécanique mortifère me fait dire tout bas :
_ Je n’y serai plus, de toute façon.
Alors qu’est-ce que ça peut bien me foutre qu’elle s’y perde, qu’elle s’y noie ? L’amer sur la langue, il est là, et la coke, la coke ne le mate pas totalement, c’est un alliage impur, qui vacille, qui oscille, comme nos corps sur la musique, comme le noir, le blanc, de mon costume. Dichotomie, asymétrie. Je ne suis ni l’un ni l’autre cette nuit, je suis les deux ensemble. Sa main sur la chemise. J’aimerais qu’elle déchire tout. Et la peau au-dessous. Il y a le même désespoir sous ses doigts, je pourrais me raconter que ce n’est pas le cas. Je devrais. Je devrais. Mes sourcils se froncent une seule seconde, les lignes du visage se figent tandis que je la regarde avec une hauteur presque glaciale. Non je n’ai pas oublié. Non je n’oublie pas, les hasards de notre foutu calendrier qui m’impose une répétition, des heures à devoir paraître quand j’aurai le besoin de hurler. Je persifle :
_ Qu’est-ce que tu crois, que je ne sais pas parfaitement ce que j’ai à faire. J’oublie uniquement ce qui m’arrange.
C’est froid, trop froid. Mais pas mes mains, pas mes doigts. Dans ses cheveux, tandis qu’elle se love au fil acéré de mon visage. La fièvre de la drogue est dans les nerfs, je chasse l’impression qui tombe comme une pierre dans mon estomac. Je l’attire plus près, plus proche, si proche. Mes gestes suivent son corps, intimes, trop intimes pour une piste de danse, mais l’ivresse se fout de la décence. Des gestes qui tremblent un peu. Un peu trop. Excuse-moi. Excuse-moi. Mes iris l’implorent quand elles lui reviennent mais ma bouche n’y consent pas. Le mouvement est souple, parce que la danse reprend, mais nos corps ne se séparent pas, ils se suivent. Peut-être même qu’ils se traquent. Les mots conçoivent l’absence et la peine. La chair y renonce. L’un et l’autre. Toi et moi. J’ai le vertige, je me demande si elle suivra. Le chaud, le froid. Elle n’y a jamais eu droit pour ainsi dire.
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() message posté Mer 27 Fév 2019 - 9:15 par Invité
SI TU DEVAIS UN SOIR,
EST-CE QUE TU M'EMMENERAIS ?
james & eleah

« Laisse-moi être comme toi, laisse-moi plusieurs fois laisse-moi être tes yeux, laisse-moi faire l'amoureux. Mais si un jour tu devais t'en aller, est-ce que tu pourrais bien m'emporter ? Mais si un jour tu pouvais tout quitter, est-ce que tu pourrais garder notre secret ? Laisse-moi être ta croix, laisse-moi essayer. Laisse-moi être juste toi,laisse-moi être comme toi. Je te laisserai trouver la voie, et puis je penserai comme toi. Comme une fille qui voudra prendre son temps, comme si c'était la dernière fois »
L’amertume glisse, s’infiltre, suit la courbure des reins, gangrène la soyeuse luxure. Elle transparaît dans ses traits, note en filigrane, déjà apprise par cœur, chantée depuis le fond des âges. Mais pas avec lui … Non, pas avec lui. Il l’a toujours préservée des élans mortifères de sa nature. Cette impitoyable destruction, choyée pour se protéger soi, pour condamner l’autre. La morsure de l’érosion chimique, qui pulse dans ses tempes, agrandit ses prunelles en clair-obscur. Elle se souvient de l’exécrabilité d’Arthur, les soirs où le désespoir était inconcevable, qu’il fallait le noyer dans la drogue pour le rendre supportable. La drogue et l’alcool, entremêlés. Cocktail molotov pour tout faire éclater. Son ventre s’échauffe de toutes les émotions sur le fil qu’il enferme. La peur de le voir partir. La crainte de le regarder rester. Il faut qu’il parte, affronter cette création qui entièrement reniée, saurait parachever de le briser. Il faut qu’il s’en aille, loin d’elle, subjuguer sa haine pour mieux lui revenir. C’est le seul moyen, la seule attitude à avoir. Il ne peut en être autrement. Elle pourrait le suivre là-bas. Assouvir un caprice. Mais que deviendrait-elle alors, hormis une ombre dans son sillage ? Une présence diaphane, bientôt encombrante, que l’on pose dans un coin pour aller les enflammer tous, avant de revenir, et de la trouver dans l’attente. Cette attente, dans le noir de ses excès, de ses succès aussi, ternirait les lueurs qu’elle cherche à déployer tout autour d’elle, en toutes circonstances. Elle l’enfermerait malgré elle, malgré lui, dans un écrin de solitude inaccessible, où tout ce qu’ils auraient su être pourrirait lentement avant de n’avoir plus lieu d’être. La musique alentour recèle de secrets indistincts. Elle l’entend à peine, se modèle contre elle malgré tout, contre lui aussi, comme si un instinct demeurait toujours vivace, quoiqu’il arrive. Les notes irréelles, immatérielles, abjurées par ses phrases vagabondes. Je n’y serai plus, de toute façon. Cela résonne dans sa tête, façonne d’autres images. Celles d’un Viper où il ne sera plus là pour qu’elle le rejoigne. Il ne restera de lui que l’empreinte, partout, sur la piste, dans le carré VIP, contre ces murs des recoins les plus torves où ils ont déjà su s’affranchir d’autrui. Elle brave alors la volonté destructrice de sa nature. Elle ne peut pas le laisser totalement faire : s’enferrer dans ces pensées mortifères qui le font réduire tout à néant pour que le départ soit plus simple. Alors elle retient son attention, tire sur elle en s’accaparant certains contours de sa silhouette, toujours dans des gestes diaphanes. Ses ongles enserrent le tissu de la chemise, appliquent sur elle une menace silencieuse. Ne fais pas cela mon amour, ne fais pas cela …
« Tu y seras malgré toi. Ton empreinte est partout ici … Ton empreinte, je la vois, je la sens, je l’éprouve. Tu ne peux rien contre cela. Et ce n’est pas la distance qui changera quoique ce soit. »
Ambivalence de ses humeurs, oscillation de ses aigreurs. Eleah relève un peu le menton pour mieux le voir, distingue de ces plissures qu’il arbore parfois, lorsque la frénésie devient trop grande, que les humeurs sont trop changeantes et impérieuses pour être totalement domptées. Les réflexes de défense sont abrupts, les barrières qu’il lèvent plus amères. Stratégie d’offense … De défense surtout. Elle n’est pas assez à fleur de peau ce soir pour oublier l’essentiel. L’alcool qui échauffe son sang n’y change rien. Elle sait, elle sait le mal qui le ronge et l’éprouve avec lui. Elle sait que derrière son hostilité de façade, il y a un mal-être qui geint. La complainte est terrible. Elle lui fait mal. Elle la tord, tout à l’intérieur. Il prend de la hauteur, impose une distance glaciale qui cavale le long de sa colonne vertébrale dans un frisson sourd. Elle tressaille sous la soie de sa robe. La cruauté d’une contradiction la saisit : elle la voit, la regarde, la distingue. Elle la reconnait comme une comparse familière. A l’instant où il la tance, où l’injure frappe comme le plat d’une lame, elle s’étonne de lui trouver une beauté nouvelle, presque spectrale. Un temps d’arrêt la fige : on pourrait croire qu’elle est blessée, qu’elle ne sait comment réagir. Ce n’est pas cela, non, ce n’est pas cela. Ses airs froids la fascinent sans commune mesure, la subjuguent dès lors que s’allient à eux des gestes plus sulfureux, qui irradient sur sa chair une brûlure peu coutumière.
« Parfait. »
La fierté brutale de sa nature s’éveille, le défi appuie la résonance du mot pour qu’il se grave et qu’il sache qu’elle n’est pas dupe, qu’elle ne se laisse pas faire. Elle n’entre pas dans le jeu trop facile qui consisterait à le contredire, à mettre en exergue toutes les facettes de son caractère qui pourraient l’effrayer quant à leur avenir professionnel. Elle sait qu’il viendra. Elle lui fait confiance. La question ne se pose même plus à présent. Son menton se relève, assoit la vindicte d’une réponse qui ne s’épanche pas plus que cela. Elle recueille l’imploration de ses regards sans pitié aucune, comprend la fêlure sans pourtant excuser ses travers. Ses gestes sont moins mesurés alors. Les doigts enserrent sa taille, froissent le tissu de sa veste pour apposer leur empreinte dans son dos. Une appartenance silencieuse, basculant dans un élan de possessivité impérieux, qui n’a rien de trouble, qui est au contraire d’une clarté de glace. La danse revêt des atours plus troubles. Elle est suave, elle est agile, brutale toutefois. Elle est à leur image, indissoluble et dérangeante. Les corps alentour disparaissent. Ils n’existent plus. Il n’y a plus que lui. Lui et ses intempérances. Lui et ses froideurs furibondes. Le chaud … Le froid. Elle attire son visage vers le sien, s’arrête à l’orée de sa bouche pour faire fondre la glace de ses brûlures.
« Tu as oublié de m’embrasser. Un vrai baiser, pas un baiser de mijaurée. Et ça, ça ne m’arrange pas du tout. Ça me contrarie vraiment. »

Un rictus carnassier s’éprend de ses lèvres carmins. Il y a dans ses regards le signe d’une acceptation, cette manière silencieuse de dire qu’elle sait … Qu’elle sait qu’il n’a pas oublié. Qu’il n’oubliera pas. Pas leur projet. Pas celui-là. C’est le reste qu’il faudrait pouvoir oublier. Tout ce qui est demeuré dans l’attente, dans une suspension ignoble, et qu’il ne peut plus ignorer désormais. Sauf cette nuit. Cette nuit qui leur appartient encore, sur laquelle ils règnent en maîtres impitoyables. Cette nuit qui est la leur, la leur, et personne d’autre.

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James M. Wilde
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() message posté Ven 8 Mar 2019 - 18:15 par James M. Wilde


« Si tu devais un soir
Est-ce que tu m'emmènerais ?
Mais t'envoler sans moi
Est-ce que tu m'emmèneras ?
Mais si un jour
On pouvait s'en aller
On pourrait bien enfin s'emmener
Mais si un jour on pouvait
Se quitter
On pourrait bien enfin
Se retrouver »

Eleah
& James




L'animalité se fige, dans les traits, dans les mouvements, elle se fait parjure des douceurs éthérées. Les instincts prêts à bondir se distinguent au fond des prunelles qui s'assombrissent, au rythme de la danse. Un entre-deux indocile, une dichotomie impossible à maquiller, parce que mes mains la cajolent, ma langue la malmène. À chaque pas, à chaque mot, c'est l'étreinte renouvelée d'une colère ancestrale, qui m'habite depuis l'aube de mes premières extases, de mes premières déceptions. Elle devient le mal et son remède, l'apathie et la frénésie conjointes. Jusqu'ici, préservée de mes humeurs, elle en devient l'objet mais aussi le juge. Épanouir ainsi le dernier pan de ma personnalité devant ses deux yeux noirs est pour moi un abandon supplémentaire, une complétion imparfaite et trompeuse. Un abandon qui gangrène des envies du bout de mes doigts sur sa peau nue. Je furète à l'orée de la robe, là où le tissu rencontre l'épiderme. Éclipse d'une sensation à l'autre. D'une douceur à une damnation. Je me suis ouvert le majeur sur les cordes de ma guitare, à force de répétitions, alors la caresse crisse un peu. Tout comme mes esprits lunatiques. Dans les écueils destructeurs, j’aimerais me précipiter, à bout de souffle, à force de respirations saccadées, mais elle me retient, elle m’empêche. Elle me garde de moi, ses mains sur les contours diffus, prompts à dessiner d’autres outrages. Elle demande également, dans le silence de ses regards, elle demande que j’intercède, que je stoppe là l’élan d’une mécanique brutale qui nous ferait nous noyer dans l’amertume et l’opprobre. Elle sait. Elle sait tant qui je suis que je ne puis que me taire, me taire et ravaler avec une expression excédée ce que j’aurais pu dire et prétendre. Mon empreinte… Mon empreinte sur toi, partout autour, partout à l’intérieur aussi. Je n’y peux rien, c’est vrai, mais toi, tu peux tout. Choisir de ne plus la voir, choisir de la gommer. C’est bien ce qu’elle a fait un jour, c’est bien ce qu’elle a essayé de me dérober. Mon corps dans le sien remplacé par un autre. Remplacé par l’absence aussi. Cette absence comme une perpétuelle condamnation, à me maudire, à me détester. Nous détester, moi et mes hérésies qui me portent sur scène, au loin. Si loin parfois. Si loin. Elle en souffrait terriblement. Rebecca. Elle en est morte. Mon amour… Sauras-tu me détester à ton tour, m’oublier en cherchant à me faire mal ? Les mots sont rétrécis, durs comme la pierre, acérés comme des armes :
_ Je ne parle pas de cette distance-là.
Les miles, les heures passées au fil complexe du décalage horaire, le jour et la nuit qui se mélangent, des heures pleines de monstruosité, impalpables, improbables. Une seconde parfois si intense qu’elle ravage toute une nuit, qu’elle rend hagard dans la journée. Non il ne s’agit pas d’une distance propre aux villes où je me perdrai… Ce sont ces hauteurs, ce sont ces chutes libres dans lesquelles j’ai l’envie de me fracasser. C’est devenir autre au gré des cris, c’est apprendre un langage primal qui résonne dans le sang, parcouru par la came car je ne sais pas tenir sans ce secours-là. Je ne sais pas devenir celui qu’ils veulent sans manipuler le pire, les hurlements et la violence, qu’il faut épanouir sur les planches, oublier dans les coulisses. Cette oscillation me rend fou. M’a rendu fou. Ou peut-être que c'est parce que je l’étais déjà qu’il aura fallu se perdre sur ces chemins indistincts, inégaux. Je ne sais pas. Et Eleah est le seul guide que j’ai su conserver ces derniers temps pour ne pas destiner mes cheminements au gouffre. Elle est ce qui nourrit la frénésie au dedans et au dehors, la rendant plus créatrice que destructrice. Elle est celle que j’adule ici, que je haïrais sans doute s’il lui prenait l’envie de me suivre et de se dissoudre dans les ombres que je saurai profaner là-bas. C’est un voyage où elle n’a pas sa place comme ça, c’est un voyage solitaire où il faudra embrasser la putréfaction des chairs pour songer en revenir. Ou y rester. Je le sais, je l’ai toujours su. Je le sais depuis que j’ai failli tuer Welsh, et que je me suis vengé sur Moira. Je sais que cet album et ce qu’il a fallu construire comme hérésie pour en accoucher menace de m’achever ou de me révéler. La mue pourrait faire de moi une créature qui s’assume enfin, ou rien que ce monstre qu’il faudra mettre à mort. Elle tremble sous mes doigts, j’enfonce mes attentions dans le tissu, malmène les perles, joue sur la peau nue de mes attentions où la bestialité se fait langage. Nos corps se rencontrent, joutent plus qu’ils ne dansent désormais. Elle est statufiée un instant par l’acidité de ma phrase, j’accentue la froideur de mon regard par ce sourire qui me caractérise, une menace très lisible, indistincte pourtant quand il s’agit pour elle de la broyer dans la virulence d’une réponse pleine de défiance. J’appuie plus fort, sur les chairs, sur la peau, son mot s’invite dans mes songes compliqués. Il aurait sans doute été plus simple de céder à mon besoin de friction, à mes envies d’opposition frontale qui dansent dans mes prunelles. Des cris pour faire taire tous les autres à l’intérieur. Et l’angoisse. Relancer le débat et mentir avec outrance ne me tente cependant pas, ce serait presque d’une bassesse trop exécrable pour la tonalité coutumière de nos échanges. Elle connaît parfaitement mes intentions quant à notre rencontre sur scène le lendemain. Rien au monde ne pourrait me détourner de notre projet. J’ai une remarque pleine de fatuité, qui correspond presque trop bien à mon costume :
_ Si tu le dis. On verra ton sentiment demain, quand nous nous retrouverons face à face.
Mes libertés quant à mes accents menaçants me valent bon nombre d’attentions brutales, la possessivité qu’elle impose me fait frémir à la fois d’un plaisir sourd et d’une colère qui ne se silence plus. Elle est partout dans nos pas, dans ce jeu plein d’une sensualité brûlante. Surtout quand la proximité s’opère, quand mes distances de façade s’écroulent face à sa bouche tentatrice. Mes regards dérivent sur ses lèvres maquillées, reviennent à l’intempérance de ses prunelles. Le duel s’opère sourdement. J’approche, je joue, je tente également tout en refusant ce qu’elle exige ainsi. Je susurre :
_ Pour qui tu me prends ? Pour un larbin à ta disposition ?
Mon pouce suit la courbe de sa joue, vient frôler l’appétit de sa bouche. Ma cruauté devient joueuse, elle n’est plus uniquement aveuglée par la peur, elle se fond dans les désirs qu’elle déclenche, qu’elle est la seule à déclencher véritablement. Je pousse l’outrecuidance à poser mes lèvres sur sa joue, sans véritablement l’embrasser pour autant, y couchant des mots plus enflammés :
_ Je n’ai rien oublié du tout. Je n’ai fait qu’y penser depuis que j’ai su que tu serais là ce soir. Là au milieu de tous ces corps morts, qui ne connaissent rien de ce qui devrait les ravager en permanence. Ça fait 108 heures que nous sommes séparés et tu ne peux pas savoir tout ce qui m'est passé dans la tête depuis. Oh non, je n'ai rien oublié du tout.
Malheureusement mon amour. Malheureusement. Ma main suit la ligne de son échine. Une caresse d'amant qui s'épanouit dans la chute de ses reins pour l'approcher de moi, l'indécence de l'étreinte sur la piste de danse, au milieu de tous ces gens dont je n'ai rien à foutre. Je pourrais la prendre ici, devant eux, exhiber la bestialité pour qu'ils s'y brûlent les yeux, mais j'offrirais aussi ce qui tient de plus intime et de plus secret dans ces appétits qu'elle façonne. Je n'ai rien oublié. Rien. Ni de ce qui fait mal. Ni de ce qui me plaît. Ni de ce qui me rend sourd à trop y penser. Ni de ce tumulte que je compose quand elle s'improvise mon sujet. Mes lèvres embrassent sa joue désormais, suivent vers la commissure de sa bouche, mes doigts fichent un besoin viscéral sur sa peau.
_ Tu sais très bien ce qu'il en coûte. Tu as été aussi timide que moi.
Ce qu'il en coûte, ce qu'ils vont dépecer de nous, de toi surtout, quand ils comprendront, quand ils verront ce qu'il en est. Car c'est ce que ma présence fait, elle marque les chairs et l'existence. Mon empreinte.
_ Mon empreinte. Celle que tu adules. Celle que tu implores en me dépeignant mon royaume. Mon empreinte dévoie tout. Tout ce qu'elle touche.
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Anonymous
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() message posté Sam 23 Mar 2019 - 12:12 par Invité
SI TU DEVAIS UN SOIR,
EST-CE QUE TU M'EMMENERAIS ?
james & eleah

« Laisse-moi être comme toi, laisse-moi plusieurs fois laisse-moi être tes yeux, laisse-moi faire l'amoureux. Mais si un jour tu devais t'en aller, est-ce que tu pourrais bien m'emporter ? Mais si un jour tu pouvais tout quitter, est-ce que tu pourrais garder notre secret ? Laisse-moi être ta croix, laisse-moi essayer. Laisse-moi être juste toi,laisse-moi être comme toi. Je te laisserai trouver la voie, et puis je penserai comme toi. Comme une fille qui voudra prendre son temps, comme si c'était la dernière fois »
La sauvagerie se recroqueville, conçoit d’être apprivoisée, autrement qu’indocile, sous ses doigts qui traquent les ravages les plus crus. Mais la peau résiste, la peau se tend. Elle ploie mais devient plus rude pour rappeler une individualité qui grogne, prête à mordre, à signifier qu’elle existe toujours. Son dédain la cueille, l’angoisse de ses assertions aussi. Celle qui se planque, à l’intérieur de son ventre. Celle qu’elle entend sans avoir besoin de la détourer, parce qu’elle suppure. Seconde peau, ombre projetée d’un faciès appris par cœur, méconnaissable toutefois à l’orée de la nuit qui les enserre, les enferre peut-être, allez savoir. Elle refuse de céder à ses appels destructeurs, de courber l’échine pour laisser l’amertume la blesser. L’animalité se range mais l’orgueil rugit à l’intérieur, il ne peut supporter ses tentatives abruptes de tout broyer, de tout consumer. Alors qu’il y aurait tant à construire, tant à profaner. Il est trop tôt pour regarder l’épilogue s’avancer alors qu’ils n’ont pas encore connu la joute. Elle veut le voir revenir, devenir celui qu’il aurait dû être. Créer autrement, sans les filtres du temps jadis qui retenaient encore les élans que l’on cherche après coup à punir. Elle veut entrevoir l’essence de ce qu’il saura parachever. L’œuvre d’après, l’œuvre d’ensuite. L’œuvre prodige, Phoenix renaissant de ses cendres. Celle qu’il aura le droit de transcender quand il aura assumé la précédente. Celle composée dans le sang, dans les larmes. Celle sacrifiée sur l’autel d’amitiés et d’amours déchus.  Elle veut être là quand il sera autre, si semblable à la fois mais entier, enfin, pour pouvoir l’être à ses côtés, dans un prolongement imparfait. Alors elle refuse de le laisser tout broyer. Elle consent à ployer le dos, mais refuse de baisser les yeux face à des exigences trop lourdes. La défiance devient incisive, de la même matière que la fatuité dont il su faire preuve à son égard. Elle n’est pas plus grande mais elle prend de la hauteur pourtant, et répond avec un aplomb dérangeant :
« Mon sentiment ? … Je sais ce que je vaux, ce dont je suis capable. A toi de prouver que tu seras à la hauteur de cela. »
La possessivité enfonce ses griffes dans la chair dissimulée sous le costume. Elle l’apprivoise encore mal, ne la connaît que du bout des lèvres. Comme une enfant face à la nouveauté, l’avidité grandit, devient plus absolue parce qu’il la nourrit sans forcément s’en rendre compte. Par ses rejets, par ses bravades. L’indifférence aurait sans doute su la tuer dans l’œuf. Mais il n’est pas capable de cela. Il n’est pas de ces être tempérés, toujours calmes, qui ne recherchent jamais la confrontation. S’il avait voulu la repousser, l’ignorer ostensiblement aurait été l’arme la plus efficace. La défier ne fait que nourrir au contraire, et la fascination, et le lien qui se tisse entre leurs côtes. Les distances s’effacent sous les appels primaux, ceux qui tiennent de la chair, du sang, de la fièvre des nerfs qui se rencontrent et vibrent les uns contre les autres. Un pouvoir qu’elle sait pouvoir asseoir sur lui autant qu’il l’étend sur elle. Principale faiblesse, unique force. Ether indestructible qui a su les réunir tous deux quand ils auraient pu demeurer autres, imparfaits, incomplets. Monstres de solitude amère. Un rictus moqueur s’éprend de ses lèvres mutines, bientôt serpentines. Un larbin quelle idée. Et lui … Et lui … Pour qui croit-il la prendre lorsqu’il glisse des épithètes indécentes au creux de son oreille ? Il rêve sans doute qu’elle s’offusque. Plus encore qu’elle réponde. C’est ce que font les autres sans doute, faussement indignées. Sur leurs entrefaites, à rougir, à pincer les lèvres, à se trouver toutes confuses. A consentir après à toutes ses exigences, pour se faire pardonner l’offense. Mais Eleah, l’offense, elle l’assume. Pire elle la nourrit, et le désir qu’elle éprouve à son égard s’en trouve décuplé, ravageur parce qu’il se dissimule à peine, malgré les regards étrangers qui les traque et les malmène.
« A toi de me dire trésor … La servilité te siérait-elle, à ton avis ? »
Elle mord sa lèvre avec espièglerie, ignore ostensiblement les menaces en en faisant des armes à retourner contre lui. Jeu impropre et maladif, qui trahit une forme d’inconscience de sa part. Elle qui a peur de tant de choses, de tant d’êtres, de tant d’attitudes. Elle n’a pas peur de lui.  Elle n’a jamais eu peur, même dans l’écrin de la nuit. Les peurs sont ailleurs, se nourrissent d’autres substances. De l’absence par exemple. De la distance. Elle est plus effrayée de devoir le regarder partir que d’avoir à affronter les élans les plus torves de son caractère. Cette réalité-là la frappe, pose les jalons d’une assurance nouvelle. Elle frémit lorsque ses lèvres ont l’outrecuidance de se dérober, de dériver sur sa joue plutôt que de céder à toutes ses exigences. Une sorte de râle de mécontentement résonne au fond de sa cage thoracique, se transforme en un ronronnement sournois. Ses ongles font payer ses affronts au tissu de sa veste qu’elle rêve de lui arracher, là, devant tout le monde. Mais elle se contient bien sûr, s’acharne à dérober chaque mot dont il saura abreuver son oreille.
« Tu te trompes sur une chose … » Elle s’approche de son oreille avec lenteur, comme pour lui divulguer le plus trouble de ses secrets. « Je veux tout savoir. Tout ce qui t’est passé par la tête … Tout. » Le bout de son nez trace un hommage contre sa joue lisse, imberbe, moins sauvageonne et rugueuse qu’elle a su l’être.
Sa cambrure s’accentue à outrance, s’épanouit dans une sensualité qui tient de l’essence, au-delà de la simple façade. Elle danse, apprivoise les notes confuses en fond sonore pour les plonger à l’intérieur de lui. Devenir une sorte de liquide, sirupeux et sinueux, qui se love contre lui et s’improvise contour, intrusif, tiède et acide à la fois. L’attente la torture, la démunie er l’oppresse. Mais sa remarque lui fait un temps d’arrêt. Elle entrevoit une évidence, un fait qu’elle pensait aussi acquis pour elle que pour lui. Une tendresse s’installe au fond de son regard, choyée par une tristesse indistincte, témoignant de tous les ravages déjà reçu en offrande. Mais pas par lui, non … Pas par lui. Elle tourne un peu la tête pour le regarder, s’arrête sur un cil tombé au creux de sa paupière. Temps d’arrêt d’une réalité qui flanche, qui se rappelle à son bon souvenir. Le secret d’une existence indocile, confiée à la frénésie de ses paumes.
« Une chance qu’il n’y ait plus rien de candide … Plus rien à dévoyer qui ne l’ait déjà été avant toi. »
L’innocence d’une entité, déjà ravagée par quelqu’un d’autre. Offerte en pâture, scarifiée par la haine, le désespoir, et le détestable amour. La timidité virginale, déjà détenue par quelqu’un d’autre. Il ne pourra jamais rien contre cela. Il ne pourra jamais régner sur cet empire-là. C’est sans doute pour cela que son empreinte ne l’effraie pas, et qu’au contraire, elle l’attire. Pourvu qu’elle perdure. Pourvu qu’elle arrache, griffe et abhorre, celle qui existe déjà, celle qui a toujours été là, sous ses doigts. Elle rêve de le regarder apposer son empreinte pour broyer l’autre. C’est tout ce qu’elle demande. C’est tout ce à quoi elle aspire. Elle pensait qu’il l’avait déjà compris, qu’il saisissait déjà l’absolu de sa demande.  
« Ton empreinte est-elle assez puissante, assez destructrice pour savoir dévoyer celle qui est déjà ancrée, à l’intérieur ? Si c’est le cas … Alors oui je la veux. Oui je l’adule. Oui je l’implore. Et je n’ai ni honte … Ni peur de cela. »
Affirmation d’un besoin impérieux qui rugit, l’hommage s’étire et s’appose sur l’ourlet de ses lèvres, la timidité absente. Elle ne joue pas, elle ne joue plus. Devant les regards éperdus elle assume, elle brave. La fougue se déploie en corole, glisse une langueur insolite sur la soie de sa bouche pour outrer les mijaurées qui observent avec une curiosité maladive, alentour. Elle ne les voit plus. Ils n’existent plus, tous autant qu’ils sont. Ce n’est pas à eux qu’elle s’offre. Ce n’est pas à eux qu’elles se donne. Ils croiront les connaître, ils prétendront les savoir. Mais ils ne sauront jamais, non, jamais. Le plus beau, le plus laid. Cela est le secret qu’ils partagent, et dont nul anonyme de passage ne saurait ternir l’image.


(c) DΛNDELION
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James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
(james&eleah) Si tu devais un soir, est-ce que tu m'emmènerais ?  1542551230-4a9998b1-5fa5-40c1-8b4f-d1c7d8df2f56
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() message posté Lun 1 Avr 2019 - 11:34 par James M. Wilde


« Si tu devais un soir
Est-ce que tu m'emmènerais ?
Mais t'envoler sans moi
Est-ce que tu m'emmèneras ?
Mais si un jour
On pouvait s'en aller
On pourrait bien enfin s'emmener
Mais si un jour on pouvait
Se quitter
On pourrait bien enfin
Se retrouver »

Eleah
& James




Le défi reste entier, la seule fêlure qui puisse encore insinuer la splendeur de ces exigences que ni l'un ni l'autre ne saurait taire. Ni moi ni elle ne pouvons oublier, malgré la peur, malgré l'ombre portée par cette absence qui se fait antichambre d'un après très incertain. Nous ne pouvons oublier, ni l'harmonie ni les pas qui ont tracé les prémices de la délivrance. Cette liberté conjointe qui se vit autrement, sans juge et sans honte, elle doit encore dessiner son envol délicat sous nos doigts reliés. Ferrures de chair à travers lesquelles on entrevoit l'essence de ce qui saurait relier deux êtres au-delà du temps. Au delà de cette nuit qui prolonge nos angoisses. Le faciès grimaçant de la cruauté se façonne devant elle, à ce qu'elle promet, à ce qu'elle insulte, il répond d'un pincement des lèvres et d'un regard appuyé. À la hauteur ? Comment ose-t-elle même questionner ce qui n'est plus à prouver ? Mes épaules se redressent, la danse se poursuit, reflet de l'un et de l'autre, de l'impression qui nargue ces certitudes que l'on abandonne au fourreau. Il sera toujours temps de les brandir comme des armes le lendemain, lorsque l'affrontement se jouera sur la scène. Notre scène. Mon souffle feule de la colère sourde qu'elle repousse dans les limbes de mon corps, à chaque fois qu'elle me touche, qu'elle me frôle ou me malmène. La renier est alors impossible à envisager, car ses divers affronts élancent une vindicte névrosée qui se traduit en une prégnance plus palpable de mes attentions. Mes mains la maintiennent dans cette sphère brûlante qui nous enferme, mes yeux la menacent de ces appétits instables, plus animaux désormais que les jours qui passèrent nous tinrent éloignés, étrangers l'un à l'autre. Le lien vibre d'une avidité trop contenue pour se laisser ignorer, il y a l'hommage tordu de ma nature qui ploie vers elle, se précipite à chaque regard et à chaque geste. Le désir qui se déploie jusqu'aux notes les plus crues de l'appartenance. La marque qu'elle a abandonnée en France dans mes chairs se remet à suppurer de ce mal idolâtre qui me transfigure, déjoue l'agressivité pour acérer d'autres sentiments plus absolus. Son pouvoir est entier, le mien se distille autour d'elle depuis les ombres où mes esprits se sont retranchés dans l'attente de cette soirée. L'aube d'un départ vécu comme une trahison de notre destinée, je l'accuse de m'improviser éphèbe à sa merci, petit soldat docile si prompt à lui plaire, elle se rit de cet orgueil qui vibre dans mon timbre, par jeu, par réflexe, impossible de le savoir vraiment. Même si mon sourire se fait plus appuyé lorsque je lui réponds doucement :
_ Je serais un élève des plus pitoyables. J’ai toujours eu du mal avec l’autorité.
Le côté affable, les élans serviables, tout ce que l'on n'a pas su m'inculquer dans une enfance désoeuvrée aux côtés de parents démissionnaires. Je me demande si c’est là l’exemple paternel qui entra insidieusement par mimétisme ou si c’est le travers d’un petit garçon trop gâté que l’on finit par négliger parce qu’il ne parvient pas à devenir ce que l’on a souhaité. Peut-être que je lui ressemble plus que je ne puis l'admettre en vérité. Cette même dureté et cette main de fer que j'appose sur mon monde, pour mieux le voir tourner au rythme de mes mélodies trop impérieuses. Le sourire continue de s'attarder sur mes lèvres qu'elle mordille pour jouer, pour affirmer une marque qu'elle ne dissimule pas tant qu'elle le devrait. Je me dérobe devant ses exigences, une pointe de cruauté qui fait briller mes prunelles. Une cruauté qui s'accentue quand ses murmures viennent caresser des fantasmes que je brasse depuis des jours à tenter de m'éloigner d'elle sans jamais y parvenir. Insérée comme une lame chauffée à blanc dans mon crâne, toutes mes pensées se conjuguent à l’image impérieuse que je lui donne parfois, étranglent la fragilité de sa silhouette souvent, qui s'évanouit dans les ténèbres dont je la nourris. Ses griffes sur les pans de ma veste, l'outrecuidance qui vrille dans ces blessures déposées par ses mots. Un hommage plein de ce danger qui me fascine toujours. Ma posture devient plus indocile, elle lutte contre ces envies qu'elle tente de m'arracher. Les muscles se statufient de ces besoins soudainement ressurgies sur la piste de danse. Il y a un temps d'arrêt, la ligne des pas qui se fêle. Une demande que l'on ne m'a jamais formulée ainsi, un affront auquel on a jamais pleinement consenti. Ma mâchoire accentue l'inflexion de la reconnaissance trouble qui m'envahit, les pas se rejoignent, se retrouvent, se poursuivent. Je la repousse pour l'emmener plus loin encore, à l'écart de ces intrus qui nous encerclent, je connais tous les recoins compliqués de mon nightclub, en sais les subtilités acoustiques qui permettent de se parler en secret sans que les mots ne soient assourdis par la musique. La foule devient paravant, et d'un regard je fais fuir deux égarés qui avaient précédemment choisi ce lieu d'élection pour se confier. Nous sommes dans une des alcôves du Viper, pas totalement à l'abri des regards mais le son agressif de la sono se voit atténué par l'aménagement architectural, atténué mais étonnamment clair. Ce sont souvent des lieux que j'apprécie quand je suis obligé d'apparaître parmi la foule. Ma main attrape la sienne, je recule jusqu'au mur, les aspérités du velours sous mon autre paume. Dos au mur, elle a l'avantage mais je ne la regarde pourtant pas comme si la confession allait m'être arrachée de force. Son corps me cherche, suit les notes qui nous rejoignent, je la libère entièrement et ne la contiens pas quand je réponds fiévreusement :
_ Alors je t'avouerai tout. Mais pas ici. Pas au milieu de tout ça. Demain.
Demain sur scène. Mon geste se déploie, mon regard se dévoie, je quitte ses allures somptueuses pour embrasser le théâtre des indiscrets, la fièvre bataille avec la dureté d'un jugement que je délie sous nos pieds. Envers moi et envers eux. Envers ce jeu de dupes que nous aménageons depuis si longtemps, une guerre sourde, entre la jouissance et le déplaisir. Le visage d'Eleah change alors, plus doux, moins présent toutefois, une impression du passé sur sa beauté d'enfant qui lui donne un air presque grave. Mon sérieux retombe sur mes épaules, le jeu s'arrête brusquement parce que ce n'en est pas vraiment un. Nos mains sont toujours l'une dans l'autre, mais les mots sont plus sobres, la douleur est plus nue. La tristesse se partage dans la brièveté d'une seconde qui s'allonge dans un souffle. Suspendue entre nos yeux qui se sondent. Ce qu'elle demande, ce qu'elle quémande, invite le passé entre nous, celui que nous ne cessons d'étrangler dans l'hérésie d'un présent aux allures de fuite en avant. L'agressivité est exsangue sur mes lèvres mais l'ombre passe dans mes iris changeants :
_ D'autres ont demandé la même chose que toi mais elles n'ont pas voulu en subir les conséquences. Jusqu'à ce que ce soit trop tard.
Les outrages de mon corps, les songes dans mes yeux. La sauvagerie et la folie. Et toute la virulence de mes mots destructeurs. Parfois même de mes gestes. Mon pouce frôle sa joue. Un hommage incertain. Tu lui ressembles parfois. Tu lui ressembles mais ça n'est pas toi. Tu n'es pas elle. Tu ne le seras jamais. Mon souffle oppressé se délivre, la caresse est plus appuyée.
_ Mais elles n'étaient pas à ma mesure. Toi, c'est différent.
Et tu n'as pas peur, si bien que je crains de me permettre pire que ce qui a déjà pu se produire. Mais tu sauras… tu sauras être plus forte que moi. Je le sais, j'en ai la certitude ce soir. Alors, ce qu'ils en retiendront quand il faudra brosser notre portrait, ce qu'ils chercheront à mettre en évidence quant à ses instincts de petite fille dévoyée, nous saurons le contrer. Quand ils déterreront la mère et le père pour la peindre malade. Ces deux personnages que nous évoquons sans cesse et dont nous ne parlons jamais. Parce qu'ils sont morts quelque part en chemin, ou emprisonnés. Les détails je ne les connais pas. Je ne suis pas allé les chercher moi-même car je les souhaite arrachés à sa bouche. Qu'importe la vérité, nous saurons, oui, nous saurons la braver. Ses lèvres coupent court à mes réticences, viennent puiser l'indécence que je suis si prompt à embrasser. La musique se distend, les indiscrets s'érodent, il n'y a plus qu'elle et ses exigences. Les quelques doutes qui vinrent percer tous mes enfermements disparaissent lorsque mes doigts étreignent sa taille, l'attirent à moi pour mieux la convoiter, abandonner l'empreinte dans le creux de ses hanches afin de l'exhiber aux yeux de tous. Elle a le goût de champagne et de fureur. Nos postures s'échangent quand dans un geste c'est elle que je destine à l'écueil du mur. L'ombre et la lumière nous dessinent, au dehors et au dedans, à l'orée de l'alcôve, toujours à proximité des convives toutefois. Mais je n'y songe plus, j'ai ma main possessive dans la chute de ses reins quand la danse reprend jouant les préambules d'une nuit que j'ai imaginée à ses côtés, balayant les souvenirs d'une année détestable pour en cueillir une nouvelle entre ses bras. Je me permets déjà ces gestes que l'on ne devrait pas exhiber en public et le sourire revient. La légèreté aussi. C'est peut-être l'alcool ou le fait d'enfin la garder contre moi. La cruauté devient une passade mensongère, je vois à peine comment j'aurais pu lui en vouloir de quoique ce soit. Mes humeurs sur le fil de la drogue et des insomnies. Indomptables ces derniers temps… Je les laisse me posséder. Qu'importe vu qu'elle les connaît presque toutes. J'ai ma main contre le mur, comme ces mecs en boîte de nuit qui cherchent plus, toujours plus, de ces filles qui ne savent pas vraiment ce qu'elles veulent. Une caricature quand nous savons l'un et l'autre. Nous savons. J'ai mon sourire de mauvais garçon, jusque dans mes prunelles, et je dis, pas vraiment bas :
_ Qu'est-ce que tu dirais qu’on se tire ? On pourrait monter et laisser ces cons décompter leur vie médiocre jusqu'à minuit. Aller profiter de la nôtre, tu crois p…
J'aurais dû me douter que ça m'arriverait un jour, qu'elle survienne avec la jovialité d'un farfadet dans mon dos, son verre à la main, son long sautoir en perles entre les doigts, sur sa robe jaune et noire, et sa voix de minette :
“Alors Jamie ? On joue encore au serial lover ?”
Quelque chose sur mes traits change avec la brutalité d'une douche froide. De canaille je deviens celui que j'ai toujours été pour elle, protecteur, sans retenue, sans faux semblant. Pour elle. Ma sœur. Ella apparaît à nos côtés comme un diablotin qu'on aurait convoqué. Elle sautille sur la musique mais surtout parce qu'elle m'a déniché et qu'elle voit bien qu'elle me dérange.
_ Tu sais ce qu'il te dit le serial lover ? T'avais pas une fête nulle chez les vieux où te planquer ? Ou bien un truc à la con dans une fraternité de gros lourdingues ?
Elle glisse un baiser sur ma joue, aussi rapide qu’affectueux :
“Non, tu m’avais dit que ce serait mieux ici, alors j’ai dit à maman que je serai pas disponible. Oh mais pardon, je t’avais pas reconnue. Avec lui si tu veux, on apprend vite à pas trop regarder qui il tripote dans le noir, sinon on perd le compte.”
Mon expression faussement outragée la fait rire et elle ajoute, un peu plus bas, comme si elle entrait en grand conspiration avec nous :
“Bah quoi ? C’est pas vrai peut-être ? Bref, où j’en étais : bonsoir, Eleah ! Vu qu’il ne faut pas compter sur ce machin-là pour nous présenter, je suis la petite soeur. Ella. Donc j’en déduis qu’au final, Paris ça s’est bien passé hein ?”
Ses yeux bruns et vifs passent de l’un à l’autre comme pour attendre une confirmation qui ne vient pas. Je hausse un sourcil avant de rétorquer :
_ Machin ?! Va lire le Sun pour le savoir, et disparais. Va emmerder Gregory, il aime ça.
“Non, j’irai tout à l’heure, après avoir fait connaissance. C’est ce que les gens normaux font avec la petite amie de leur frère. Mais j’oubliais que tu ne sais pas ces choses-là.”
_ Ca n’est pas ma…
Elle a un geste autoritaire pour m’intimer de me taire :
“Quand je pense qu’il m’a à peine touché deux mots de ce qui se tramait alors qu’il sait que je fouine, et qu’en plus j’adore tous tes clips. Il a même prétendu que je ne serai pas invitée à votre spectacle, mais là il rêve. Même s’il me faut descendre par le plafond, je viendrai voir ça. J’avais hâte de te rencontrer, parce que la Diva est toujours très secret sur ce qui est important dans son existence. Il m’a raconté pendant une heure ce qu’il avait bouffé dans un restaurant mais très étrangement il se casse à Paris pour te rejoindre et hop, plus de nouvelles, silence radio. C’était louche.”
_ Et on se demande encore pourquoi je ne te dis rien.
Je roule des yeux avant de rapprocher Eleah de moi, pour la brandir tel un bouclier :
_ Dis-lui bonsoir, par pitié, et demande-lui de se barrer, sinon elle va commencer à poser des questions.
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