London girl in a London Life - Isidora

De plus loin que je me souvienne je n’ai jamais eu ma place dans cette famille.
Je ne veux pas me plaindre alors que j’ai eu tant de chances dans ma vie. Mais comme Spider-man l’a dit un jour (vous avez vu mes références de malade?!) « un grand pouvoir vient avec de grandes responsabilités ». Il m’a fallu du temps pour comprendre ça. Voyez-vous je suis née dans une famille, avec ce que l’on peut appeler un grand « pouvoir », surtout à Londres. Notre pouvoir se nomme influence et de nos jours, il régit la société.
Petite je trouvais ça cool et pour moi, cela voulait dire que les autres m’étaient inférieurs (on peut carrément dire que j’étais une vraie petite peste à cette époque). Heureusement, j’ai changé d’avis en grandissant.

Durant mon adolescence j’ai contesté ce pouvoir et cette place. Sans doute parce que je comprenais, pour la première fois, ce que cette influence impliquait. Vous savez, j’ai toujours été un esprit libre. Bien trop sauvage pour être gardée dans une cage, aussi dorée soit-elle, et bien trop forte pour ne pas me battre pour mes convictions. Au grand désarroi de mes parents je dois dire. Durant ma jeunesse mon nom de famille m’a permis de faire ce que je voulais et vivre ma sauvagerie comme je l’entendais. Tout le monde n’a pas cette chance et je le conçois. Mais tout ça a changé vers mes seize ans, quand mon père a commencé à me parler de mes responsabilités.
Cette famille et ce nom qui m’avaient offert tellement de liberté, me contraignaient dorénavant à faire et devenir ce que l’on attendait de moi. Chose à laquelle je ne suis vraiment pas douée (il faut bien une première à tout). Je devais, en tant qu’Ainsworth, continuer le business familial, avoir les meilleurs notes possibles et faire de l’équitation (j’adore l’équitation ne vous méprenez pas mais quelle idée !!). Pour tout vous dire ça ne m’allait pas du tout. Le mot "devoir" faisait désormais partie de mon quotidien et je pouvais compter sur mes parents et ma fratrie pour me le rappeler. Le problème c’est que je n’aimais pas, alors comme vous pouvez vous en douter, moi et mon magnifique caractère nous nous somme rebellés.
C’est ainsi que, de mes dix-sept ans à mes vingt-et-un ans je suis restée dans une phase de rébellion totale. Je ne voulais plus être associée à mon nom de famille, si bien que je faisais un maximum de bêtises. Je ne suis pas rentrée dans l’université que mes parents avaient choisie pour moi et je n’ai pas fait les études qu'ils m’avaient prédestiné à faire. Je n’ai jamais arrêté de manifester pour ce que je croyais juste, même si cela devait attirer l’attention sur moi. En fait, surtout si cela attirait l’attention. Serena Van der Woodsen était mon idole (aujourd'hui je préfèrerais resembler à Ghandi, Martin Luther King, Marie Curie ou la Reine Elizabeth. Et non je ne compte pas revoir mes inspirations à la baisse). C’est durant cette période que je me suis retrouvée à la une des journaux people après avoir trop bu ou après avoir essayé de libérer des animaux dans le zoo ou dans des laboratoires privés. Une fois j’ai même décidé de déambuler en sous-vêtement dans les rues de Londres clamant que mon corps n’appartenait qu’à moi. C’était ma petite amie de l’époque qui m’avait convaincue, je ne sais comment..
On peut dire que j’avais le feu en moi et que je savais comment attirer l’attention.

Et puis à mes vingt-et-un ans j’ai échappé de peu à la prison et je peux vous dire que ça m’a calmée directement. Les raisons de mon emprisonnements n’étaient pas si graves que ça (je vous le raconterais peut-être un jour, mais pour le moment je le garde pour moi). Cependant, c’était assez grave pour que mon père ait besoin d'utiliser son influence et ses relations pour me faire sortir de là, sans casier judiciaire (les joies d’avoir vingt-et-un ans). Le lendemain de mon arrestation, mon père était remonté contre moi et les journaux ne faisaient que parler de moi. J'y ai presque perdu ma place à l’université. Heureusement je faisais de la sociologie et ce département est un peu plus open que les autres. J’ai alors compris que ma haine concernant ma famille ne servait à rien et que ce nom que je détestais venait de me sauver. C’est ce jour là que je me suis rendue compte que j'avais un pouvoir particulier et qu’il valait mieux que je m’en serve plutôt que de le détester. Après tout, à chaque fois que je manifestais cela finissait dans les journaux et la cause à laquelle je tenais gagnée en popularité. Je n’avais jamais compris que mon image et mon influence avait pu aider, pourtant c’était là, devant moi. J’étais capable de faire bien plus que je croyais.
J’ai alors décidé de rentrer dans un double cursus communication et marketing international en plus de mon cursus de sociologie. Je voulais pouvoir être la voix et la force d’une cause à laquelle je tenais. J’ai eu du mal à être accepté mais j’ai réussit.
À 22 ans j’ai créé ma première association « Empowered Women », pour les femmes fortes et qui réussissent dans la vie. Je voulais devenir la porte-parole du féminisme et de l’engagement.

Aujourd’hui à 23 ans, je suis en stage chez UNESCO pour gérer leur communication, j’ai bientôt fini mes études et je me consacre à mon association. Mais je n’ai pas pour autant réparé tous mes liens avec ma famille. Mon père et moi ne sommes pas en bons termes, parce que je reste cette féministe engagée et que je refuse de faire un métier correcte. Ma mère essaye tant bien que mal de gérer tout ça, mais ça ne marche pas. Je n’ai pas non plus une très bonne relation avec ma grande sœur, qui représente l'archétype de la fille modèle. Un peu de rébellion est bon pour la santé j’en suis certaine. Ma petite sœur Nova est sans doute la personne que j’aime le plus dans cette famille. J’ai bien peur que cela ne plaise pas à mon père qui a peur que la rébellion la gagne à son tour. En vérité elle l’est déjà et j’en suis fière.
Ma vie se résume à travailler, manifester et sortir le soir avec mes amis ou petites amies occasionnelles ou petits-amis occasionnels. Encore une chose que mon père me reproche, je refuse de me poser. Bien trop volage j’affiche ouvertement ma bisexualité et mes changements de relation. Je n'ai que 23 ans après tout.

Voilà ma vie et elle ne fait que commencer.