Who run the world ? [Lexie]

Gia était perdue. Littéralement perdue. Elle ne savait pas comment réagir à ce qui lui était arrivé dernièrement. Tout était allé très vite. Elle avait deux ans de psychothérapie pour arriver face à son ex-mari. Et elle était complètement embrouillée. Plus presque qu’avant. Elle avait toujours pensé que la haine profonde qu’elle ressentait contre Jean ne s’estomperait jamais. Qu’elle le haïrait jusqu’à la fin de ses jours. Même si elle devait en souffrir elle-même. Mais il s’avère qu’elle se trompait et lourdement. Lorsqu’elle avait revu Jean, elle avait tout d’abord pêté un câble. Classique. La vue de son ancien mari avait ravivé la mort de son fils. Il était responsable, naturellement de toute cette merde qui leur était tombée sur le coin du nez. Ce n’était pas spécialement juste de croire cela. Jean avait souffert autant qu’elle de la mort de Tom. Plus même, puisqu’il avait dû affronter les reproches de Gia et sa haine dévorante.

Bref, c’était le bordel dans la tête de la jeune femme. Elle ne savait plus quoi penser et elle détestait cela. Gia était une femme carrée, chaque chose à sa place. Lorsqu’elle ne parvenait pas à faire le point, elle se sentait énervée et impuissante. Et pour une femme d’action comme elle, c’était tout bonnement insupportable.

La journée avait été très longue pour Gia. Elle avait beaucoup de dossiers à finaliser, notamment quelques-uns liés à la sécurité intérieure qu’elle ne pouvait reporter indéfiniment. Naturellement, avec plus d’un an d’hôpital psychiatrique, Gia avait laissé s’entasser deux trois bricoles. Mais aujourd’hui, elle n’avait clairement pas la tête à ça. Elle tentait de faire quand même son boulot mais c’était tout sauf aisé. Son regard s’attarda sur son téléphone portable. Elle savait qui lui ferait du bien. Elle devait en parler à Lexie. Lexie était ce qui se rapprochait le plus d’une amie pour Gia. Elle avait été le pédiatre de Tom pendant de nombreuses années. Elles avaient fini par nouer un lien assez proche et elle avait été un soutien indéfectible. S’il y a bien une seule personne qui pouvait lui remonter le moral, c’était elle.

Elle attrapa son portable et pianota sur le clavier : « Coucou. Ca va pas fort. Pas mal de choses à te raconter. Dispo ce soir pour un verre à la maison ? 20h30 ? Bisous ». Puis, elle reprit ses dossiers barbants. Elle préférait, et de loin, être sur le terrain car elle avait toujours été une femme d’action. Mais on était obligée de regravir les échelons quand on avait autant dégringolé qu’elle. Il était 19h30 lorsqu’elle quitta le bureau et rejoignit son chez elle. Un appart sans prétention qu’elle avait loué dès qu’elle avait quitté Jean. Elle poussa un soupir en rentrant et déposa les clefs sur le meuble de l’entrée. Elle fila rapidement se prendre une douche puis elle s’habilla. Elle venait tout juste de finir que la sonnerie se fit entendre.

Me voilà !

Gia se précipita pour ouvrir à son amie.           

Je venais de déposer ma fille à l'école et tout de suite après j'étais partis au boulot, en ce moment j'en avais bien besoin . Surtout pour m'occuper l'esprit. Depuis mon retour dans cette ville je devais me refaire une place à l'hôpital et en ce moment je faisais tout pour que ça se passe bien. Bon s'était peut-être une bonne raison pour moi de m'occuper l'esprit, en ce moment je dormais mal et je n'arrêtais pas de penser à Lucian, il me manquait, les retrouvaillent ce n'étaient pas si bien passés que ça. Entre le fait que je n'avais pas du tout envie de le voir et qu'il s'approche de moi, mais normal, mon coeur battait encore pour lui, je l'aimais toujours autant, je n'avais eu aucun autre homme dans ma vie, mais je lui en voulais plus que tout, il m'avait tellement déçu que je ne voulais pas craquer aussi facilement. Il avait perdu ma confiance et donc j'avais peur de lui redonner ma confiance pour ensuite être encore une fois deçu. Puis était venu l'histoire de ma fille, c'était encore plus dur autant pour moi que pour lui surtout. Il avait été déçu que je ne lui avais jamais rien dit pendant toutes ces années. Et depuis ce jour je me sentais coupable et tellement minable, comment j'avais pu lui faire ça, cacher sa fille. Je n'avais pas pour habitude d'en parler à qui ce soit, c'était ma vie privée et je n'avais pas envie qu'on vienne juger soit Lucian soit moi. Oui Lucian avait fait une erreur, celle qui avait eu beaucoup de conséquences, mais il n'avait pas prévu de finir en prison sinon je sais très bien qu'il n'aurait pas fait ça. Je lui en voulais et je l'aimais, c'était trop dur à surmonter ça.

Voilà maintenant quelques semaines qu'on ne s'était pas vues et pourtant il était courant qu'il eût une fille. Il ne pouvait pas disparaitre de notre vie comme ça, enfin c'était à moi de le faire revenir dans notre vie et surtout dans celle de notre fille. Elle avait besoin de connaitre son père. Depuis le début j'avais dit à ma fille que son père n'avait pas pu venir avec nous, je ne voulais surtout pas lui dire qu'il était en prison. Enfin une situation vraiment compliquée qui me fatiguait. Je passais beaucoup d'heures au boulot sans m'en rendre compte. J'allais ensuite chercher ma fille pour qu'on rentre toutes les deux dans notre appartement. J'allais prendre une douche et je pensais encore et encore à Lucian, j'avais besoin de lui parler, de savoir ce qu'il pensait de moi. Et en même temps j'avais peur de ses mots qui pourraient avoir plus de conséquences qu'il n'en faut. Il avait un tel impacte sur moi. Est-ce que je devrais lui pardonner? Lui redonner ma confiance? Comment me faire pardonner auprès de lui? Enfin beaucoup trop de questions même. J'étais dans le canapé quand je recevais un message de Gia. Depuis que j'étais revenu j'avais repris contact avec elle, surtout après avoir retrouvé Jean dans un bar, mais ça je ne lui en n'avais pas parlé. Je voulais essayer de les aider tous les deux, mais chacun dans leur coin. " Coucou. Ça va pas fort pour moi non plus. 20h30 chez toi. Bisous" C'est vrai que j'avais besoin de lui parler, me confier à elle. Et j'avais envie de savoir ce qui n'allait pas, même si je me doutais bien de la raison. Je faisais manger ma fille en appelant la nounou pour lui laisser ma fille pendant que j'allais passer cette soirée entre filles. Je prenais les cookies que j'avais faits. J'arrivais chez elle assez vite. Une fois qu'elle m'ouvrait je lui faisais un petit sourire en venant déposer un baiser sur sa joue. " Gia je suis contente de te voir." Je rentrais chez elle en lui donnant les cookies. " Alors je suis toute à toi ce soir, je crois qu'on a besoin de parler."           

Gia était ravie de voir son amie. Elle savait que la vie n’était pas toujours simple non plus pour Lexie. Son histoire avec Lucian était particulièrement difficile et Gia avait souvent été à l’écoute de son amie. Cela faisait des années qu’elle élevait sa fille en dissimulant son existence à son père. Chose difficile à porter, Gia en avait conscience. Mais elle souffrait également lorsqu’elle voyait la fille de son amie qu’elle connaissait depuis sa naissance. Elle lui rappelait douloureusement la perte de son enfant. D’autant qu’elle était assez proche de la fille de Lexie, qui la considérait presque comme une sorte de tante. Gia adorait la couvrir de cadeaux. Elle avait reporté depuis deux ans l’affection qu’elle avait eu pour son fils sur la fille de son amie. Ce n’était pas forcément très sain mais si ça pouvait lui éviter de sombrer définitivement dans la folie…

Ainsi, Gia avait naturellement pensé à Lexie pour lui remonter le moral à présent qu’elles étaient dans le même bateau. Elle savait que tout n’était pas rose pour son amie non plus mais elle comptait bien l’inviter pour échanger. Cela faisait un moment qu’elle ne l’avait pas vu et peut-être Lexie avait-elle également besoin de parler. Lorsque son portable vibra et qu’elle vit s’afficher la réponse de son amie, un sourire éclaira le visage de la jeune femme. Elle se sentait déjà mieux. Elle se dépêcha de se préparer pour la recevoir. Elle en avait profité pour s’arrêter chez le traiteur chinois du coin de la rue et prendre les plats préférés de son amie. Une bonne petite soirée pour papoter, elle en avait bien besoin !

Ainsi, elle fut fin prête lorsque Lexie sonna chez elle. Se dépêchant d’aller ouvrir, elle sourit à son amie en la saluant. Lexie l’embrassa et lui présenta les cookies qu’elle avait préparé. Gia eut un sourire et répondit :

Oh, il ne fallait pas, ma belle ! Ils sont magnifiques !! Rentre, vas-y, installe-toi !

Gia s’écarta pour la laisser passer et l’accompagna au salon après avoir déposé les cookies dans la cuisine.

Je nous ai pris du chinois pour ce soir, j’espère que ça t’ira ?

Elle s’installa sur le canapé, à côté de Lexie, repliant ses jambes pour placer ses pieds sur le siège. Elle servit un verre à Lexie et le lui tendit avant de trinquer avec elle.

Je te dis pas combien ça me fait plaisir que tu sois là… Bon…. Qui commence ?

Gia eut un sourire amusé. Elle préférait laisser son amie commencer. Après tout, elle l’avait dérangé pour la soirée, c’était bien le moins qu’elle puisse faire que de l’écouter lui compter ses malheurs.