"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (Eleah & Adrian) Let's travel in our minds 2979874845 (Eleah & Adrian) Let's travel in our minds 1973890357
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(Eleah & Adrian) Let's travel in our minds

 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
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() message posté Mar 3 Avr 2018 - 7:35 par Invité

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@Eleah O'Dalaigh  & Adrian Friday

Ça y est, il était encore en retard.
Ça devenait une habitude.  À Ipswich, il avait été toujours été ponctuel. Il n'avait jamais vraiment été au-delà de cette ville dans sa vie. Même son propre pays lui avait paru être une aventure. Adrian arrivait  peine à imaginer ce que le reste du monde lui réservait. Mais Londres était la ville des imprévus. Un bouchon de circulation par ci. Une panne de metro par là. Et des voyous en manque de sensations fortes. Il pesta pour une énième fois contre ceux qui lui avait démoli son précieux vélo. Il s’ennuyait atrocément de Rossinante.

La petite aiguille avait largement dépassé le VIII, sur sa vieille montre.  Il sortit en trombe de la station Mornington Crescent et s’élança sur Camden High St. pour rejoindre le coin de Delancey St. et Albert St. où était située la conférence.

Adrian avait été agréablement surpris d’apprendre qu’un de ses auteurs favoris, Rajnish Khan*, était revenu à Londres. Ce type maniait les mots comme un saltimbanque jonglait avec des sphères en verre. Avec un mélange de légereté, de douceur et de courage. Ses contes, alliant les traditions ancestrales britanniques et indiennes étaient d’une beauté exceptionnelle, créant un univers vibrant, à la fois intemporel et cruellement moderne où chaque syllable avait sa musique et son importance. Adrian avait meme entendu qu’un de ses textes avait été transformé en ballet dans une petite troupe, quelque part. Il n’en doutait pas. Il entendait encore ce conte, dans sa tête, où une jeune fille indienne se retrouvait seule à danser sur un fil de fer, à un millier de metres du sol, devant une foule qui la houspillait de tomber. Khan n’était pas connu. Vraiment pas. Mais il était un genie.

Ce type faisait enfin une conference à Londres, après avoir passé plus cinq ans sans écrire, en Inde.

Et Adrian était en retard.

Il se brûla les doigts lorsque son thé à emporter déborda du verre en carton. Les baristas du Starbucks n’avaient-ils pas encore compris qu’un thé digne de ce nom se servait avec du citron et juste sous le point d’ébullition? Il soupira et s’arrêta, essouflé devant la dite-adresse. La librairie avait beau être tout près de chez lui, il ne travaillait pas dans le quartier d’à côté et l’hôpital où sa mere était internee n’était pas à côté…

La façade, peinte dans des couleurs primaires et des motifs un peu psychédéliques le rendit un peu sceptique. Il avait parlé de cette conference à ses étudiants, au dernier cours. Viendraient-ils? Il ne voyait devant lui qu’une boutique new age avec des gris-gris et des livres de spiritualité. Il se mordit la lèvre. L’engouement religieux lui faisait un peu peur. Et à juste titre. Mais il s’agissait de Rajnish Khan, non? L’homme capable de transcender les plus contraires des cultures, de mélanger l’ordre et l’instinct pour montrer les splendeurs de la psyché humaine.

Adrian passa la porte.
Et les clochettes, à l’entrée, tintèrent.

Une vingtaines de têtes se tournèrent vers lui, en fronçant les sourcils. L’auteur s’éclaircit la gorge, profitant de son interruption pour boire une gorge d’eau. L’espace était exigu et on se marchait sur les pieds, dans cette librairie de quartier. Adrian baissa la tête, un peu humilié. Il ne restait plus qu’une place, à l’avant, à coté d’une frêle jeune femme aux cheveux bruns. Jamais Adrian ne s’était senti aussi grand et encombrant – comme l’échalas qu’il était - en passant entre les rangées de chaises. Quoiqu’il fut un peu déçu : aucun de ses étudiants n’était venu.

Il s’assit avec soulagement sur la chaise de plastique orange, avec les pommettes encore rouges de l’attention indésirée que son arrivée avait avivé. Il se brûla langue sur son thé et émit un juron. Embarrassé, il jeta un coup d’oeil à sa voisine et songea qu’il avait oublié de prendre le pamphlet, en arrivant. Il fit un sourire contrit à sa voisine pour s'excuser du dérangement, non sans essayer de suivre où on en était au programme, ajusta ses lunettes, se gratta compulsivement la tête, prêt à être, le temps d’un bref instant, émerveillé.


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*Rajnish Khan est un personnage inventé, pour l'occasion.
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() message posté Jeu 5 Avr 2018 - 12:12 par Invité
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ADRIAN & ELEAH
Quelques jours plus tôt, installée sur le divan de sa véranda, Eleah avait passé de longues minutes à parcourir un magazine littéraire qu’elle se procurait avec régularité auprès du marchand de journaux, juste à deux pas de chez elle. L’esprit alors alangui par une soirée mouvementée, elle avait malgré tout entouré au crayon de papier le nom d’une conférence qui avait éveillé sa curiosité. C’est surtout le nom de Rajnish Khan qui avait attisé tout son intérêt, lui sautant aux yeux plus que tous les autres qui s’accumulaient au gré de la page. Elle possédait la plupart de ses livres, achetés la plupart du temps chez des bouquinistes, souvent sur un pur hasard. Khan était un auteur discret et méconnu qu’on lui avait fait découvrir lorsqu’elle était étudiante. Ses contes l’avaient tout de suite transportée par leur ésotérisme. Cela lui avait rappelé les Mille et Une Nuit, mais avec moins de fantaisie peut-être. Friande de toutes ces histoires éphémères que l’on raconte pour transporter son lecteur, ou son auditoire, le temps d’un récit illusoire, les ouvrages de Khan avaient rejoint les nombreux recueils de contes qu’elle possédait déjà, et qui ornait sa bibliothèque toute de guingois. La conférence entourée, elle avait délaissé l’annonce, trop exaltée par les projets éclectiques qui rythmaient son existence depuis que James avait décidé de traverser son univers tel un météore. Elle l’avait délaissé, oui, sur la pile des autres magazines, parfois trop anciens pour que les articles soient toujours d’actualité. Et puis elle était passée à autre chose, se déployant avec ferveur dans un quotidien dont elle refusait toutes les routines.

Dans la journée elle avait vu Charly, son partenaire, afin de s’entraîner. Rompue de fatigue, contrariée de constater en rentrant à son domicile que son frère avait décidé de déserter encore, elle s’était affalée sur son canapé, les muscles endoloris par tous les traitements qu’elle leur avait infligé. Peut-être même s’était-elle assoupie, car lorsqu’elle avait ouvert les yeux, elle s’était sentie quelque peu désorientée. Se hissant avec lenteur sur ses jambes, son regard s’était porté de nouveau sur le fameux magazine littéraire, l’idée lui traversant l’esprit avec fulgurance. Elle avait feuilleté les pages, jusqu’à retrouver l’adresse. Il n’était pas tard. 19h à peine. Elle avait le temps de prendre une douche, de se changer, pour y être même un peu en avance, et espérer échanger quelques mots avec l’auteur.

L’atmosphère du lieu était intime. Eleah n’avait pas eu de mal à trouver, connaissant déjà cette librairie atypique chargée d’un camaïeu de couleurs lui donnant des airs bohèmes, voire hippies. L’auteur était déjà là, discutant avec le personnel, le portrait affiché sur ses ouvrages ne rendant à son goût pas justice à son charme typé réel. Elle enviait sa peau hâlée, les stigmates d’un soleil trop cuisant ayant martelé l’épiderme jusqu’à l’éroder. Cela avait dû lui procurer une sensation étrange de revenir dans leur Londres pluvieuse et taciturne, après un tel périple à l’autre bout du monde. Saluant de sourires délicats les autres personnes présentes, Eleah s’installa tout devant, sur la gauche. Elle se savait petite, et ne gênerait pas ses congénères placés derrières. Déposant un regard sur le pamphlet distribué à l’entrée, accompagné du programme de la conférence, c’est avec curiosité et avidité qu’elle écouta l’homme lorsqu’il commença à prendre la parole. Il avait des airs bienveillants tout à fait charmants, avec cette diction unique qu’arborent tous les conteurs nés. Elle reconnaissait sans peine dans sa façon de s’exprimer à l’oral la patte qu’il avait aussi l’écrit. Son discours n’était pas ennuyeux. Sa passion se sentait dans sa tessiture. Et puis, alors qu’il terminait la première partie de sa présentation, il y eut une interruption. Un retardataire impromptu, qui avec une adresse discutable, rejoignit la place vacante à ses côtés. Sans animosité aucune, arborant un sourire engageant, elle se décala un peu pour lui laisser de la place. Il fallait souligner quand même que son gabarit était imposant. Elle n’avait pas bien regardé, mais debout, il devait faire un bon mètre quatre-vingt. L’homme semblait comme engoncé dans un habit trop étriqué pour lui. Cet habit étrange, parfois douloureux, que l’on nomme le malaise, ou bien la timidité. Se voulant rassurante, sans paraître intrusive, Eleah se pencha légèrement sur le côté, lui tendant le programme en constatant qu’il n’en avait aucun.

« Tenez, prenez le mien si vous voulez. Je le connais par cœur de toute façon. » chuchota-t-elle d’une voix douce, en lui tendant la feuille de papier. Puis elle se redressa, l’auteur ayant déjà repris la parole pour les entraîner au cœur de mœurs et de religions aux antipodes de toutes celles qu’ils connaissaient.

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() message posté Lun 9 Avr 2018 - 7:13 par Invité

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@Eleah O'Dalaigh  & Adrian Friday

Aussitôt assis, il sentit tout le ridicule de la situation.
La lourde odeur de l’encens commençait à lui chatouiller les narines et ses yeux picotaient déjà. Foutues allergies. Il pouvait entendre la personne derrière lui se plaindre de sa grande taille et de sa crinière bouclée qui lui cachait la vue.

Il arrivait de l’hôpital. Les nouvelles n’étaient pas bonnes. Sa mère s’était cassée une hanche. Elle avait voulu s’échapper pour aller on-ne-sait-où et s’était blessée dans l’escalier de secours. Le personnel s’était répandu en excuses. Adrian était resté immobile, dépassé, à les écouter. On l’avait transféré en unité de soins intensifs. Et lorsqu’il s’était assis à son chevet, la vieille femme n’avait fait que répéter les âneries racistes que son père leur hurlaient, quand il avait eu un verre de trop.

Il gigota de plus belle sur son siège de fortune et déserra un peu sa cravate rouge, en tentant de s’accroupir, les coudes sur les genoux et le visage entre les mains, comme un enfant sage.

Avait-il manqué l’explication de Khan sur son plus récent roman? Adrian espérait que non. Ce roman était un chef-d’œuvre et s’il s’était rendu jusqu’ici, c’était bien pour se laisser bercer par l’univers de cette prose féérique. Pas pour ruminer sur son quotidien.

Il se décida à jeter un coup d’œil discret sur le pamphlet que sa voisine tenait dans les mains. Un pamphlet tout simple, probablement fait sur un simple logiciel de traitement de texte, bien loin de ce que les grandes maisons d’édition distribuaient normalement. Adrian eut un petit pincement de cœur. Le monde avait besoin d’auteur comme Rajnish Khan. Ils avaient davantage besoin de rêver, tiens, de se laisser porter par des personnages plus grands que nature qui finissaient par montrer l’ombre et la lumière du genre humain. Les gens ne savaient plus lire. Ils sautaient sur le premier best-seller qu’on leur donnait en oubliant de réfléchir à ce qu’ils lisaient. Il s’apprêtait à pousser un lourd soupir lorsqu’un murmure chassa ses idées moroses.

« Tenez, prenez le mien si vous voulez. Je le connais par cœur de toute façon. »

Surpris, il se retourna vers la jeune femme, en haussant les sourcils et regarda incertain le pamphlet qu’on lui tendait. Depuis qu’il était arrivé à Londres, il avait remarqué à quel point les gens ne se souciaient pas d’autrui. Après avoir passé toute sa vie à Ipswich, où il avait été la risée des mieux nantis, un peu d’invisibilité ne lui faisait pas de tort. Mais le sourire réconfortant de sa voisine lui réchauffa un peu le cœur. Elle avait les mêmes yeux pétillants que son amie d’enfance, tiens. Il prit le programme avec hésitation et pencha la tête vers la jeune femme avec toute la reconnaissance du monde, en murmurant, le plus bas possible :  

« Vous me sauvez la vie, mademoiselle, merci. »

Il le parcouru avidement, pour voir où on en  et poussa un gros soupir, ce qui généra encore un ou deux murmures de désapprobation de la rangée de derrière. Mais cette fois, il ne les entendit pas, un peu trop enthousiasmé d’être arrivé à temps, malgré tout.

« Merci mon dieu, on n’a pas parlé de son dernier roman ni de son voyage encore !»


Il se tourna vers sa frêle voisine pour lui demander si elle avait lu ledit roman, dans un élan de passion littéraire mais un « chuuuuuutttt ! » bien sonore l’arrêta net. Il se tourna, honteux, les joues brûlantes de honte vers le conférencier qui le dévisageait, lui aussi. Mais Rajnish Khan lui fit un large sourire bienveillant et un clin d’oeil, avant de reprendre, comme si de rien n’était sur son dernier périple.

Adrian se laissa enfin emporter dans ces récits à la fois si durs et vivants sur cet Inde sans âge que Khan décrivait, de sa voix douce et paisible. Il se laissa émouvoir par cette orpheline, vendue trop jeune à un homme trop vieux, qui avait élue domicile sur un navire abandonné en plein milieu de ruines indiennes, avec un autre enfant-esclave. Il se laissa transporter dans le cocon des deux enfants, au gré des traditions réinventées.

Il oublia bientôt ses allergies, le chatouillement de son nez et ses yeux un peu embués. Il réussit à ne plus penser à sa mère, pendant un court moment et la mélancolie d’avoir perdu son amie d’enfance. Il se cala le visage en les mains, les yeux grands ouverts au travers de ses grosses lunettes, comme un enfant à l’heure du conte et laissa un sourire flotter sur ses lèvres.

Et puis l’auteur cessa de parler.  Adrian sortit à contrecoeur de sa rêverie. C’était l’interlude. Les gens se levèrent en masse pour profiter des rafraichissements offerts par la librairie et pour bourdonner autour de l’écrivain, fébriles d’en savoir davantage. Gêné, Adrian se leva également, se sentant trop grand et encombrant, et prit un des livres de l’auteur sur le présentoir. Ce fameux dernier roman qu’il adorait tant. Il aperçut sa voisine de fortune, dans la foule et lui fit un bref signe de tête, pour la remercier, une énième fois. Il ouvrit son gobelet de thé, le livre ouvert entre les mains, les yeux rivés sur les caractères noirs et souffla, instinctivement, sur le breuvage, pour ne pas se brûler. Il dut se retenir pour ne pas le recracher.

Son thé était maintenant froid.



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*Rajnish Khan est un personnage inventé, pour l'occasion.
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() message posté Dim 22 Avr 2018 - 12:06 par Invité
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ADRIAN & ELEAH
Un hochement de tête pour toute réponse, accompagné d’un sourire bienveillant face à cet enthousiasme contrit dont il semble faire preuve. Toute l’attention de la jeune femme se reporte sur le timbre envoûtant de l’auteur, qui ne semble pas plus perturbé que cela par les quelques murmures qui viennent se chevaucher sur sa voix sans pour autant l’interrompre. Sur son côté, Eleah sent son voisin gigoter, avec cette impatience quasi enfantine qui lui fait esquisser un sourire en demi-lune amusé. La chaise sur laquelle il est installé semble trop étroite pour sa haute stature. Et avec sa cravate rouge, et ses cheveux d’une épaisseur impressionnante, l’esquisse qu’il incarne est tout à fait singulière à distinguer.

« Non il allait y- » elle se tait brusquement, interrompue par un trio de vieilles dames, juste derrière eux, visiblement contrariées qu’ils puissent se permettre l’outrage d’échanger à voix basse sans écouter la sainte parole de l’auteur.

Eleah dissimule un rire derrière ses doigts, arbore alors un visage de petite fille en se redressant, le dos droit, l’air de rien. Ses lèvres se pincent, miment avec fantaisie les petits airs acariâtres de la génération suivante. L’auteur reprend la parole, les transporte au gré d’une explication plus poussée et intime de ses intentions littéraires. Elle la voit presque, cette Inde mythique dont il parle. Elle sait la misère qui existe là-bas, elle ignore la richesse spirituelle pour ne l’avoir entrevue que dans les livres. L’idée de s’y rendre la traverse de part en part. Et pourquoi pas ? Serait-ce si insensé de les abandonner tous à leur sort ? De laisser tous les projets en suspens pour aller sur les terres enfouies et dangereuses d’une Inde qui l’attire autant qu’elle la rebute. Peut-être un jour. Bientôt. Ce voyage-là la caresse, la happe, l’attire. Partir loin, si loin. Se perdre. Ne pas être retrouvée. Ne devoir penser à rien d’autre. Sur le coup l’envie est si brutale. Elle sent sa gorge devenir plus aride, imagine sans difficulté la chaleur cuisante dont l’auteur parle. Le sable brûlant sous les doigts, la caresse du soleil dont les rayons viennent mordre l’épiderme habitué aux climats maussades européens. Elle ira oui. Elle s’en fait la promesse. Mais pas tout de suite. Car il y a un projet qu’elle ne peut se résoudre à laisser en suspens. Quand ils auront fracassé les codes de l’Académie drastique dont ils sont issus, avec James, quand ils auront tout transcendé … Alors elle ira. Peut-être. Peut-être pas. L’envie est là, se réverbère sans doutes dans tous ceux qui écoutent avec attention l’auteur qui finit par s’interrompre. La conférence est terminée. Son discours touche à l’épilogue. Parle nous, parle nous encore aurait-elle voulut murmurer. Mais elle ne dit rien, d’autres histoires étant à créées, à découvrir, avant d’être racontées encore.

On leur propose de quoi se restaurer un peu avant que les dédicaces de l’ouvrage ne commencent. La possibilité enfin d’échanger quelques mots avec l’auteur. Seulement quelques-uns, parce qu’il a ce devoir étrange à accomplir : accorder son attention à tous ses lecteurs, n’en négliger aucun d’entre eux, car c’est là le propre de la réussite dans ce milieu-là. Et Khan n’est pas de ceux qui comptent parmi les plus influents. Quel dommage. Eleah se promet de ne pas se laisser emporter, de ne pas l’accaparer de ses élans enflammés. Ou d’attendre un peu, que d’autres aillent le voir avant elle. Elle se lève alors, se fraye un chemin parmi la foule jusqu’à la petite table de fortune. Ils ont fait infuser du thé noir pour l’occasion. Un thé indien, traditionnel, aux arômes délicats, versé avec parcimonie dans des petits gobelets en papier. La jeune femme aperçoit son voisin au loin, répond à son signe élégant de tête par un sourire. Elle hésite. Juste une seconde. A-t-elle envie de parler à quelqu’un d’autre ce soir ? De tisser un lien quelconque, même éphémère ? Ses doigts se saisissent d’un premier gobelet, puis d’un autre. Elle se fraye un chemin dans le sens inverse, reparaît après de son voisin auquel elle trouve des airs charmants, quoique sclérosés par une timidité difficile à ne pas entrevoir. Elle prend le partit d’agir avec douceur alors, de maîtriser son enthousiasme débordant habituel, de brider toutes les frivolités de sa nature pour ne pas le brusquer. Debout, lui à l’évidence contrarié après une gorgée de thé froid trop infusé, elle finit par lui tendre le petit gobelet fumant :

« Tenez. Celui-ci sera sans doute meilleur. » Elle marque une pause, jette un coup d’œil vers l’auteur qui est déjà accaparé par leurs trois vieilles dames de tout à l’heure, à l’évidence passionnée par sa personne. « Cela fait partie du voyage, en quelque sorte. » ajoute-t-elle en humant les arômes de son propre thé, dont l’exotisme presque piquant vient lui chatouiller les narines. Un délice. Ils ont bien fait de proposer ces infusions au lieu de simples sodas bon marché.

Son petit nez se lève. Elle est obligée de pencher un peu la tête pour le regarder. Du haut de son mètre cinquante-cinq, à peine, elle fait pâle figure. Une petite poupée, à côté d’une grande silhouette longiligne. Elle aurait quelques conseils à lui donner pour détendre ses épaules, pour qu’il paraisse majestueux. La posture d’introversion le fait paraître peut-être plus petit qu’il ne pourrait être, si, impérieux, il osait se redresser pour les surplomber tous de sa haute taille. Eleah ne dit rien cependant, garde ce sourire bienveillant ineffaçable. Sa petite main se tend vers lui avec spontanéité.

« Je m’appelle Eleah. Vous êtes un lecteur assidu de monsieur Khan alors ? Vous avez lu son précédent ouvrage, son recueil de nouvelles ? Celui sur les enfants qui volent du cuivre, ou sur les dauphins du Gange ? » lui demande-t-elle, avec déjà une curiosité irrépressible dans le regard, témoignage d’une personnalité à l’enthousiasme débordant qu’elle parvient pour l’heure à maîtriser.


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() message posté Dim 29 Avr 2018 - 7:53 par Invité
« Tenez. Celui-ci sera sans doute meilleur. Je m’appelle Eleah. Vous êtes un lecteur assidu de monsieur Khan alors ? Vous avez lu son précédent ouvrage, son recueil de nouvelles ? Celui sur les enfants qui volent du cuivre, ou sur les dauphins du Gange ? »

Adrian hausse un sourcil et puis deux en restant immobile devant la jeune femme. Puis un coin de ses lèvres se soulève. Il pose délicatement le livre sur son présentoir et prit le gobelet de papier que lui tendait la jeune femme en face de lui.

« J’avoue les avoir tous dévorés. Je… Il.. écrit vraiment bien, non?»

L’homme rougit et ré-ajusta ses lunettes d’un geste peut-être un peu trop minutieux. La solitude lui pesait atrocement, depuis que Lydia n’était plus là. Mais chaque nouvel échange l’épuisait et lui laissait l’impression d’être un désadapté social. Les mots se bousculaient, comme une prose infinie, dans sa tête à un rythme effervescent. Mais lorsqu’il croisait le regard d’un inconnu, ils se mélangeaient pour devenir un amalgame de syllabes qui lui semblaient incompréhensibles. Adrian était tout simplement terriblement pour s’exprimer avec des mots. C’était la piteuse excuse qu’il s’était trouvé pour se fondre dans l’ombre. Mais Eleah – elle s’appelait Eleah – était toujours devant lui, tout sourire. Il lui jeta un coup d’œil et leva la tête vers le plafond pour y détailler l’arabesque peinte de couleurs vives qui les surplombaient. Il observa les courbes sinueuses et les détails fins pendant quelques secondes en prenant le temps de calmer son esprit et d’apprécier la patience de la main amateure qui les avaient peintes. Le regard toujours rivé en l’air, il articula lentement.

« Je préfère Les Voleurs de cuivre. Il y a… il y a toute cette dichtomie sociale qui s’enfonce en nous, quand on lit cette nouvelle. Ces hordes de gamins qui écument les dépotoirs que le monde entier déverse autour de cette ville imaginaire. Ces enfants-là vivent comme des hyènes, se battant entre pour survivre et vendre ces bouts de métaux verdâtres pour manger. Et pourtant, lorsqu’ils trouvent le chérubin de cuivre, robot brisé et abandonné là, immobile au travers des immondices, ils s’agenouillent tous, pour le bercer et lui chanter des berceuses en le prenant pour l’un des leurs. C’est magnifique, vraiment. Je ne comprends pas pourquoi Khan n’est pas davntage connu… Je… j’y ai invité mes étudiants, ce soir. Mais… mais ils préfèrent lire The Hunger Games ou 50 shades of Grey ou… ou un autre truc du genre, je suppose. Quel dommage… »

Il grimaça et réalisa qu’il tenait encore le gobelet fûmant dans la main. Avec précautions, il huma son contenu et y sirota une petite gorgée. Les saveurs, à la fois épicées et florales envahirent son palais et ses sens et il resta un moment silencieux. C’était presque meilleur que du thé noir au citron. Presque. Puis, il réalisa que, dans sa gêne et son monologue, il ne s’était pas présenté. Mais quel impoli! Il baissa la tête vers la jeune femme, avec un air gêné.

- Je… Adrian. Adrian Friday. Ce thé est un baume au cœur, mademoiselle, comme l’écrivain.
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() message posté Lun 30 Avr 2018 - 22:41 par Invité
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ADRIAN & ELEAH
Vraiment bien … C’est un euphémisme. A ses yeux en tout cas. Eleah est loin d’être une référence en matière d’œuvres littéraires. Elle lit souvent pourtant, autant qu’elle le peut dans les recoins sinueux de journées qui n’ont que peu d’essoufflements. Surtout la nuit, dans ces heures obscures où elle ne parvient pas à trouver le sommeil, où ses muscles sont trop rompus par les affronts de ses rêves pour la laisser totalement sereine. Lire est un réconfort alors, un moyen de l’apaiser, d’orienter ses pensées ailleurs quand elles sont toutes tournées vers des abjects dont elle a parfois du mal à détourner le regard. Mais elle ne lit pas assez pour prétendre s’y connaître, pour pouvoir dire que oui, elle possède suffisamment de références. Non, elle en est si loin encore. Mais elle sait faire la différence entre une écriture capable de l’émouvoir, et une autre, trop surchargée pour être totalement comprise, trop absconse pour être entendue. Khan est de ces auteurs qu’elle aime parce qu’il sait s’adresser à tout le monde, sans différenciation, sans préjugés de castes. Elle aime cette ouverture-là.

« Oh oui moi aussi … » soupire-t-elle, presque d’aise, tout le ravissement se lisant dans ses prunelles devenues plus lumineuses, tandis qu’elle hausse légèrement les épaules, arborant sa franchise habituelle, quitte à ce qu’il la juge un peu trop sévèrement : « Vous savez je ne suis pas une très grande littéraire … Mais je dirais que son style est suffisamment subtile pour s’adresser à tous … Sans avoir la prétention de rejeter quiconque. » Un sourire se dessine sur ses traits enfantins, ne s’épuise pas au gré d’une conversation qu’elle apprécie, et dont elle finit rapidement par oublier les maladresses.

Tous les stigmates de la timidité arrimés à sa silhouette, Eleah refuse cependant d’éprouver de la gêne, ou bien de marcher sur des œufs pour ne pas le heurter. Elle estime que s’il ne l’a pas encore fui, c’est qu’il est soit trop bien élevé et poli pour le faire sans avoir honte, ou bien que la conversation ne lui déplaît pas tant que ça. Dans tous les cas, elle le laisse à ce choix qu’elle estime sien, profitant d’un échange, et d’un contact humain impromptu pour égayer cette soirée pleine de promesses. Ses regards traçant des lignes invisibles jusqu’aux traits de son visage, elle suit la courbure de ses prunelles lorsqu’il les oriente vers le plafond, regarde à son tour avec curiosité la fresque qui s’y déploie, et se dit qu’elle ne l’avait jamais vue auparavant. L’étrange finesse de ses paroles la prend un peu au dépourvu. Comme si elle ne s’attendait pas à une telle analyse, à une telle prise de parole venant d’une personnalité comme la sienne. Agréablement surprise qu’il ose se déparer de sa timidité pour lui donner un avis aussi poussé, Eleah se tranquillise.

« Magnifique oui … Et dangereux aussi. Tout ce danger qui les guette en permanence, cette peur de la mort qu’ils n’ont plus vraiment malgré leur jeune âge à force de l’avoir côtoyée, ou frôlée depuis l’aube de leur vie … Vous allez vous moquez de moi mais … » Elle se penche légèrement dans sa direction, murmure sur le ton de la confidence : « Je pleure à chaque fois que je lis le passage de la berceuse. » avoue-t-elle, avec un léger sourire complice, avant de se reculer, de mettre en exergue des indices qu’il a glissé au fil de son monologue. « Vous êtes professeur à l’université alors ? » s’enquit-elle, portant en même temps le gobelet fumant à ses lèvres. « Je ne sais pas s’il gagnerait à faire partie des best-sellers … Pour contenter le plus grand nombre, il serait obligé de changer l’essence de ses écrits, d’avoir un style qui plait à tous … Peut-être qu’une plus grande notoriété lui ferait perdre de cette authenticité qui le rend si proche de son cercle intime de lecteurs assidus … S’il était connu de tous, nous ne serions pas là aujourd’hui, à discuter de ses écrits en sirotant une décoction merveilleuse. On serait entassés, parqués dans une file d’attente d’un salon littéraire, on s’impatienterait pendant des heures juste pour un échange privilégié avec lui, qui n’aurait sans doute rien à voir avec la conférence unique qu’il nous a fait ce soir … » Son regard se porte d’abord vers Khan, plus loin, en train de rire tout en signant l’ouvrage d’un lecteur passionné, avant de se reporter vers Adrian auquel elle sourit avec bienveillance. « Un baume au cœur oui … Enchantée … Adrian. » dit-elle, mots suspendus, soufflés sur son gobelet devenu plus tiède. « Vous écrivez vous-même ? » La question, comme une évidence. Malgré sa timidité, il semble avoir de cette aisance des mots, que l’on emploie comme des notes sur une partition de musique. Alors pourquoi pas, après tout ? Pourquoi pas oui …



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() message posté Mar 15 Mai 2018 - 6:45 par Invité
« Pour contenter le plus grand nombre, il serait obligé de changer l’essence de ses écrits, d’avoir un style qui plait à tous … Peut-être qu’une plus grande notoriété lui ferait perdre de cette authenticité qui le rend si proche de son cercle intime de lecteurs assidus … S’il était connu de tous, nous ne serions pas là aujourd’hui, à discuter de ses écrits en sirotant une décoction merveilleuse. On serait entassés, parqués dans une file d’attente d’un salon littéraire, on s’impatienterait pendant des heures juste pour un échange privilégié avec lui, qui n’aurait sans doute rien à voir avec la conférence unique qu’il nous a fait ce soir … »

Le trentenaire fronça les sourcils et observa davantage l’auteur au loin. La chaleur des échanges entre les lecteurs passionnés, disséminés en groupes de part et autre dans cette petite librairie un peu poussiéreuse de quartier. Il observa son idole rire et sourire à un autre lecteur assidu et ponctuer leur conversation de grands gestes et d’acclamations enchantées. Il sentit le gobelet de thé chaud, réconfortant et parfumé, dans sa main. Mais c’est qu’elle avait raison, cette charmante demoiselle! Le moment n’aurait été le même. Ils se seraient sans doute retrouvé dans un auditorium d’université bondé à regarder un auteur lui-même dépassé par un équipe marketing qui lui dictait quoi dire pour mieux vendre son livre. Adrian acquiesça énergiquement. Un peu trop, sans doute.

« Vous avez sans doute raison, Mademoiselle. Ce moment n’aurait pas été le même si le monde entier se serait arraché ses livres. Nous n’aurions été que des lecteurs anonymes et lui, le pantin de ses éditeurs. Ici, tout est tellement plus humain, plus sincère, plus authentique, plus…»

Un peu plus allergène aussi. Adrian ne put réprimer un éternuement qui retentit dans toute la boutique. Le thé qu’il tenait se répandit sur le livre neuf qu’il avait ouvert. La poussière et l’encens auraient raison de lui avant la fin de la soirée, il le savait… Les yeux remplis de larmes, il posa délicatement le gobelet et le bouquin et sortit un mouchoir de tissu pour s’essuyer les yeux, en lançant des regards gênés à l’assemblée. Il soupira, reprit le livre et le feuilleta pour constater les dégats. Ifit un sourire résigné à la jeune femme en agitant d’un air désolé sa toute dernière victime.

« Une chance que vous n’êtes pas une grande littéraire alors, vous m’auriez immoler sur le champs, pour teinter un livre de cette façon. Ça me fera un autre souvenir. J’ai toujours préféré le contenu au contenant, je vous avoue et je préfère les gens qui lisent par passion que par profession. J’ai vu des littéraires mettre tellement de hargne dans leurs propos qu’ils vous donnent envie de jeter tous les livres qu’ils ont le malheur de toucher par la fenêtre. Heureusement, il existe encore des gens passionnés qui ont gardé leur cœur d’enfant»

Il renifla encore une fois et regarda autour d’eux, les yeux encore tout embués et il pointa discrètement le lecteur en pleine conversation. Avait-il vu Khan leur sourire? Il lui fit un signe d’excuse discret.

« Professeur d’université est un grand mot… Je… je viens d’arriver à Londres… Je… J’ai été, ma foi, assez chanceux de trouver une place de remplaçant et de chargé de cours dans quelques lycées, collèges et universités. On pourrait dire que je suis un historien et un rat de bibliothèque vagabond. J’ai la chance de travailler dans mon domaine… mais pas assez pour que mes étudiants s’attachent à ce point à moi pour écouter mes suggestions d’auteurs, semble-t-il… Vous voulez que je vous dise? Moi aussi, je verse une larme à chaque fois que je lis ce passage. Même deux. J’aimerais écrire comme ça. Mais je n’y arrive plus. Allez savoir pourquoi.»

Il lui fit un sourire désolé et entreprit de nettoyer ses lunettes, le livre sous le bras pour passer à la caisse et l’acheter. Puis, il glissa un regard curieux vers Eleah et rougit un peu, sous son teint basané. Un souvenir de la dernière veille du jour de l’an lui revint où, seul dans sa chambre de pension, il n’avait eu que pour compagnie un minuscule téléviseur branché sur la BBC. Casse-Noisette. Comme toujours lorsque Jules était en famille et qu’il devait tromper l’ennui et la solitude. Le ballet féérique lui faisait oublier le temps qui passait.

« Je… Je sais que ce que je vais dire est cliché et qu’on a sans doute dit ça maintes et maintes fois pour vous amadouer, je veux dire… le… le fait de vous avoir vue quelque part mais…. »

Il rougit davantage.

« Casse-Noisette… ça… ça vous dit quelque chose?
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