she's my sister. break her heart, i'll break your face.

Elle avançait dans ses recherches. La nuit elle s'installait derrière son pc, entrait dans des bases de données qui lui étaient pourtant formellement interdites d'accès, les dossiers de la police n'avaient plus aucun secret pour elle, elle pouvait ressortir avec exactitude le dossier judiciaire de telle personne, faire disparaître telle plainte. Elle avait toutes les cartes en main pour louer ses services mais tout ce qui l'intéressait dans l'immédiat était sa famille, sa très chère famille. Ses dernières recherches lui avait permit de vérifier que ses parents étaient toujours à Belfast mais que sa sœur se trouvait dorénavant à Londres, elle n'avait pas encore découvert ce qu'elle pouvait bien y faire et était incapable de savoir si celle nouvelle la ravissait ou si elle lui sapait complètement le moral. Mais le soleil s'était levé haut dans le ciel et elle avait cessé ses activités pour redevenir la petite fille modèle. Vêtue d'une simple robe blanche qui lui donnait cet air innocent qui lui collait à la peau, elle laissait ses pas la guider vers son lieu de travail lorsqu'une voiture déboula au passage piéton, manquant de la faire tomber sur les fesses. « Oh. » une toute petite voix, parce qu'elle ne voulait pas se faire remarquer, elle baissa la tête, laissant ses cheveux retomber devant son visage « vous pourriez faire attention tout de même. »

@Maebh N. Malloy

Maebh, elle essaye de passer le temps chez elle, dans la coloc. Et parfois, ça l’emmerde.
Parce que quoi, ouais c’est chiant d’être la seule célibataire dans une colocation de cinq. Ouais, c’est chiant. Mais Maebh, elle passe à côté d’ça, elle dit bonjour, au revoir, parle de la bouffe, de la météo, et s’allonge sur son lit pour dormir.
Maebh, elle a une vie de merde un peu, en ce moment. Entre le job qu’est franchement pas son métier d’avenir, de base. Et le reste. Ses relations amoureuses durent une nuit. Pas qu’elle voudrait plus, et surtout pas avec certains d’ses clients, mais parfois, ouais, pourquoi pas. Au moins une amourette.
Allez, l’destin, soit pas pute, une amourette ? De deux jours. Juste, juste deux jours ?
Mais non, non. Non, parce que Maebh, elle fait confiance à personne maintenant. Elle prend sa vie, elle la gère. Si c’est pour que son futur mec l’aide à retrouver un rêve pour ensuite lui enlever à coup de poing, merci mais non. Elle s’en passera.
Alors les clients, c’est des clients. Et ses potes sont casés. Elle prend pas de risque, Maebh. Et les seuls amis qu’elle a, qui le sont pas, de casé. C’est Cole, donc. Non. Et certains autres qui sont pas son genre. Du tout.

Maebh, là, elle a décidé d’prendre un taxi pour aller à l’autre bout de la ville. Ce qu’elle va y faire, c’est pas décidé, pas encore. Là bas, y’a des trucs, des bars, et magasins de lingeries, ce genre de machin dont elle a besoin, pour son supeeeeer job.
Et l’taxi frêne. Brusquement. Et Maebh, elle regarde, par la fenêtre. Et elle regarde le conducteur. Continuez. Qu’elle dit. Bah ouais quoi ? Elle a l’air d’aller très bien, elle va pas faire chier la piétonne.

Mais le taxi, il repart pas. Et l’conducteur, il sort du véhicule. Maebh, elle réagit pas. Elle sort à son tour. Elle va aller trouver un autre taxi. Et elle passe là où y’a la fille. Et le conducteur. Elle l’ignore. La fille. Je vais chercher un autre taxi. Gardez la monnaie. Qu’elle lance, insensible à la possible frayeur d’la jeune femme.

@Ashleigh Strugatsky-Joyce

C'était bien sa veine, de manquer de se faire écraser en pleine rue. Elle ne voulait que se rendre à son lieu de travail, pousser les rideaux rouges qui tombaient sur la scène du théâtre dans lequel sa petite troupe se produisait et reprendre la couture des costumes médiévaux. Mais ses plans tombaient maintenant à l'eau. À cause d'un conducteur qui semblait visiblement avoir eu son permis dans une pochette surprise. Ashleigh glissa sa main derrière sa nuque et leva les yeux aux ciel en voyant le conducteur sortir de son véhicule. Suivi rapidement par la jeune femme qu'il conduisait. Et le visage de cette dernière, ses traits, ne lui étaient pas inconnus. Presque pas, en tout cas. Elle déglutit avant de passer ses mains sur sa robe. « Je vais chercher un autre taxi. Gardez la monnaie. » elle fronça les sourcils, Ashleigh, parce qu'elle ne comprenait pas le comportement de celle qu'elle pensait être sa « sœur », elle semblait être dépourvue de tout sens moral. Et c'était peut-être sa sœur. La colère commençait à gronder en elle, parce que cette jeune femme qui était incapable de s'excuser, elle connaissait sa date de naissance elle, elle avait pas été abandonnée sur le perron d'une maison en ruine. Et soudainement Ashleigh elle était prise de courage. Elle se mordilla tout de même la lèvre.  « elle est pas éduquée la greluche ? » parce que fallait pas exagérer non plus, elle avait tout et elle était même pas fichue de lui demander comment ça allait, si elle avait pas eu peur, mal. Mais bien vite son courage s'éteint. Et elle baissa la tête en sentant le rouge lui monter aux joues.

Et Maebh, elle voulait juste pouvoir avoir une journée tranquille. Et y’a cette fille, pauvre fille, ok. Mais le mec du taxi l’aide, bah très bien. Elle, elle va en chercher un autre. Parce que voilà quoi. Parce que pas le temps, parce que pas l’envie, parce que rien à battre. Alors elle lui dit. Elle le paye. Allégrement. Et elle va pour repartir, à un autre endroit, pour un autre taxi, à un moment.
Mais non.
Non bien sûr. Parce qu’en plus d’être tombée sur une pas douée, il a fallu qu’elle tombe sur une chieuse, Maebh. Une chieuse qui la traite greluche.

Et Maebh voudrait ne pas réagir. Maebh voudrait passer sans rien faire, ni dire. Mais greluche quoi. Si y’a bien un truc qu’elle est pas, Maebh, c’est une greluche. Alors Maebh se recule un peu, et se place devant elle. Devant la chieuse. Et elle sourit pas, fait rien. Pas juste parce qu’elle montre rien, non. Parce qu’à ce moment précis, elle ressent rien. Juste, un peu, de la déception. Ou de la dérision. Ou du désintérêt. Mais Maebh, c’est un peu un chat. Alors elle joue. Quand on lui présente un jouet. Et particulièrement quand une personne devient jouet après l’avoir traité de greluche. Elle sait pas regarder où elle va, Samara ? Elle aime pas particulièrement les films d’horreurs, Maebh. Mais la ressemblance est bien trop frappante.

Parfois elle aimerait que ashowl prenne le dessus en pleine journée. Surtout que la ruelle était pas franchement bondée. En plus ça bouillonnait en elle, elle aimait pas les jeunes femmes impolies. Ashleigh c'était le genre de nana un peu trop serviable, celle qui aidait ses bourreaux à faire leurs devoirs à l'école. Puis c'est pas un trait de caractère qui l'a perdue, ça non. Pour aider une vieille dame à porter ses sacs de courses ou traverser au passage piéton, elle est toujours là Ashleigh. Alors non, le ton de son interlocutrice ne lui plaisait pas, pas plus que sa dégaine. Parce que cette fille elle dégageait rien de sympathique. Fille de mafieux. Pourris de mafieux. Des connards qui l'avaient abandonné sur le perron d'une vieille bicoque pourrie en espérant la voir crever. Manque de bol elle était toujours là, bien vivante, nourrie à la vengeance. Elle a envie de lui cracher au visage, mais non. Elle restait plantée dans le sol, les mèches de cheveux devant son visage. « Elle sait pas regarder où elle va, Samara ? » the ring. merde, elle avait de la culture cinématographique dans le genre horrifique cette greluche en plus. Elle fronça les sourcils, avant de pousser un soupir. Les moqueries elle en avait subit toute sa vie. Elle en subissait encore. Mais de sa sœur, hors de question. Parce qu'elle avait toujours tout eu elle, elle avait grandit avec leurs parents biologiques. Elle avait pas été laissé pour morte sur le seuil d'une maison abandonnée. Alors entre ses dents Ashleigh elle avait commencé à s'énerver sans le vouloir « t'as dis quoi, grognasse ? » elle écarta les mèches de cheveux de son visage. Samara elle était franchement pas sympa comme nana. Alors Ashleigh allait rester fidèle au rôle. Elle posa ses mains sur les épaules de son interlocutrice pour la pousser « répètes ce que t'as dis. »

Maebh, si elle pouvait partir, elle le ferait. Mais il se trouve que la fille face à elle a un tempérament un peu trop chaud, et supporte pas de s’faire ignorer. Ni d’être comparée à une gamine qu’a finit ses jours dans un puits. Maebh, elle essaye même pas de se défendre, c’est juste qu’elle aime pas les gens qui surréagissent. Elle préfère les gens qui gardent pour eux, ou qui sont juste carrément désabusés. A la Cole. Genre. C’est un exemple, et elle aurait pu en trouver un autre. Maebh, elle regarde la jeune femme devant elle, et pour la première fois depuis le début de leur “conversation”, la regarde vraiment. L’observe. Elle doit avoir quelques années de plus que Maebh, cette fille. Et manifestement, aucun sang-froid.
Et c’est drôle, parce que Maebh reste immobile. Pas de gestes exprimant ses sentiments à la place de son visage, pas comme quand elle parle avec. Chut. Non, non, juste un regard posé sur une jeune femme. Jolie. Mais à la beauté presque gâchée par ce qui sort de sa bouche.
Grognasse maintenant. Et la femme lui touche les épaules, la pousse. Et Maebh recule d’un pas, peut-être deux. C’est qu’elle a de la force, Samara.
Alors Maebh, expire un bon coup, et la regarde, toujours rien sur le visage. C’est bon ? T’as épuisé tout ton vocabulaire de chartière ? Alors j’y vais. Et elle regarde le chauffeur Maebh. Emmenez là à l’hôpital, j’crois qu’elle est atteinte de mauvaise éducation. Aigüe. Et elle tourne le dos Maebh. Avec une pensée en tête, une seule. Ce que ce serait bien d’être sur scène, de pouvoir faire abstraction de toutes les nuisances de ce monde, de toutes les phrases en trop.

Maebh, elle est sur le point de partir. Parce que clairement, s’faire insulter par la première venue était pas dans son planning de la journée. Et surtout pas si la première venue ressemblait à un personnage tout droit sorti d’un film d’horreur. Et elle pense quelques secondes au pauvre chauffeur de taxi qui sait probablement pas où s’mettre. Il comprend peut-être pas pourquoi l’inconnue est en train de s’acharner Maebh qui, littéralement, lui a rien fait. Elle l’a ignoré, oui. Mais franchement, qui n’ignore pas les gens à Londres. A croire que c’est commun ici.
M’enfin.
C’est des Anglais.
A quoi on peut s’attendre de colonisateurs aussi ?

Mais Maebh, elle s’arrête net quand elle entend la réponse de l’inconnue. Et elle se retourne vers elle. Et c’est rare Maebh. Mais elle plisse les yeux. Amusée. Elle va pas aller sourire, ça reste Maebh, faut pas abuser. Mais ses yeux sont pétillants. Et malicieux un peu.

Alors Maebh, elle revient sur ses pas jusqu’à être proche de l’inconnue. Tu les connais ? Wow. Je pensais pas que leur incapacité à faire quelque chose de bien sans s’foirer était arrivé jusqu’à Londres. Maebh. Mon prénom.
Parce qu’elle aimerait bien que l’inconnue la connaisse sous un autre nom que la greluche. Et puis cette inconnue n’aimait pas ses parents, finalement, elle était peut-être pas si chiante que ça. Elle pourrait même s’avérer intéressante, Samara.